Un des problèmes fondamentaux des pays en développement est la persistance de la pauvreté. Cette pauvreté est due notamment à l’incapacité à générer de l’épargne nationale qui est préalable à l’investissement. Cette pénurie d’épargne est un des facteurs explicatifs cruciaux au blocage du développement. Après une longue période qui s’est avérée néfaste pour l’économie, Madagascar a décidé depuis la fin des années 80 d’opter pour la stratégie d’ouverture à l’extérieur. Cela se traduit par la décision incontestable d’instaurer un régime spécifique de zone franche pour attirer les capitaux étrangers. La venue des institutions financières est donc très appréciable. Un pays comme Madagascar qui ne parvient pas à s’autofinancer nécessairement et à constituer suffisamment d’épargne doit recourir à des capitaux provenant de l’extérieur. De plus, la libre circulation sur le marché mondial offre diverses opportunités à tous pays intéressés de profiter et d’exploiter ses avantages comparatifs.
Plusieurs débats tournent autour de la performance des zones franches actuellement et il a même bien souvent pris un tour polémique sur leurs bienfaits ou au contraire ses effets néfastes pour l’économie malagasy. Il s’avère indispensable alors de faire le poids réel des zones franches. C’est pourquoi nous avons choisi le thème suivant : « L’impact de la mise en place des zones franches à Madagascar ». Il importe donc de se poser la question : « Est-ce que l’implantation des zones franches à Madagascar est-elle vraiment incontournable pour l’attraction des IDE ?
Analyse globale de quelques notions importantes
Les zones franches
Généralités
Le terme « zone franche » peut être défini comme un périmètre de taille variable, dans lequel les entreprises agréées sont soustraites au régime commun en vigueur dans le pays d’accueil, principalement dans les domaines douanier et fiscal . En contrepartie de ce manque à gagner, les Etats attendent de ces entreprises qu’elles élèvent les niveaux d’exportations nationales, qu’elles créent de nombreux emplois et qu’elles contribuent à la diversification de l’économie par l’avènement de nouvelles filières d’activités.
Apparues notamment après la Seconde Guerre mondiale, les zones franche se sont multipliées depuis les années 1980, au point que la question n’est plus tant de savoir dans quels pays on les trouve, mais plutôt de chercher ceux n’ayant pas encore légiféré en la matière.
L’Atlas mondial des zones franches, paru en Septembre 2010, en a ainsi recensé 1735 dans 133 pays pour l’année 2009. Dans ce panorama, les émergents sont tous représentés. A elle seule, la Chine en possède notamment 213, répondant à neuf statuts juridiques différents et ayant réalisé environ 47% du total des exportations du pays en 2008. Les zones franches ont accompagné le mouvement de libéralisation des échanges et l’ouverture de la quasi-totalité des pays de la planète à l’économie du marché ; elles ont aussi contribué à l’envolée du commerce international et des investissements directs étrangers (IDE), principalement dans les pays en développement et en Europe orientale. A ce titre, les zones franches sont volontiers présentées comme des outils importants -voire décisifs- pour entrer dans la spirale du développement, et ce en raison de leurs multiples effets d’entraînement s’appliquant à différentes échelles sur les économies locales et nationales. Il demeure que ces effets s’exercent à des degrés très divers selon les pays et les zones géographiques.
Les différents types de zones franches
On va voir successivement les différents types de zones franches ainsi que leurs particularités.
◊ Les zones franches commerciales (free trade zones) est le plus courant comme type de zones franches. Plaques tournantes du commerce international de par la nature de leurs activités (transbordements, éclatements des marchandises, réexportations, négoce international,…), celles-ci sont logiquement situées en position d’interface : périmètres portuaires (ports francs) et aéroportuaires ; grandes axes de communication (maritimes, ferroviaires et routiers) ; corridors de développement ; régions transfrontalières. Les sociétés d’import-export et les transitaires y déchargent sans droits de douane ni taxes, et avec des formalités réduites, toutes sortes de marchandises importées, dans l’attente de leur réexportation vers un pays tiers (après un temps plus ou moins long de stockage), ou de leur vente sur le marché national (mais après paiement des droits de douane).
◊ Les zones franches d’exportation ( Export Processing Zones), appelées aussi zones franches industrielles et de services, constituent le second type de zone franche. Celles-ci sont spécialisées dans la production manufacturière (textile-habillement, chaussures, articles de sport, électronique grand public, composants industriels,…) et, de plus en plus, grâce à l’essor des réseaux numériques dans la fourniture de services compatibles avec l’éloignement géographique (saisie et traitement de données informatiques, centres d’appels téléphoniques,…). A côté des zones franches d’exportation délimitées, certains pays ont développé une seconde modalité d’implantation possible pour les entreprises, celle des points francs (Free points). Celle-ci ne renvoie pas à un type d’espace en particulier, mais à un statut juridique attribué à des entreprises agréées selon les mêmes critères que dans les zones franches. Ces entreprises industrielles et de services sont libres de s’implanter où elles le souhaitent dans le pays d’accueil, mais elles se localisent généralement à proximité de certaines matières premières, sur les bassins de main-d’œuvre, à proximité d’infrastructures particulières, ou encore dans les régions transfrontalières.
L’Investissement
Généralités
La base de toutes les activités économiques est l’accumulation de capital. Ce dernier est utilisé conjointement avec la main d’œuvre pour mettre en œuvre certaines techniques de production. Dans sa conception générale, un investissement est considéré comme une transformation des ressources financières en biens et des services. Tout investissement est un sacrifice de ressources financières aujourd’hui dans l’espoir d’obtenir des recettes étalées dans le futur et dont le montant est supérieur aux dépenses occasionnées par la réalisation de cet investissement.
Selon les termes de cette conception, on relève que l’accent est mis sur :
◊ La durée de vie de l’investissement
◊ Le caractère productif de cet investissement (rentabilité, efficacité de l’utilisation des ressources)
◊ L’introduction de risque .
Les effets de l’investissement se prolongent donc sur plusieurs années visant aussi bien le renforcement de la capacité de production que l’efficacité des moyens de production.
L’importance de l’investissement dans la conception et la mise en œuvre des politiques économiques fondées sur une croissance forte, saine et durable est à l’origine des nombreux travaux réalisés dans la littérature économique sur la fonction de l’investissement. En effet, la théorie économique nous renseigne à travers le très populaire modèle de Harrod-Domar, que l’accumulation du stock de capital physique est indispensable à la dynamique de la croissance économique. Aussi, ce modèle nous montre-t-il en effet que la croissance de la population et du stock de connaissances étant exogènes, l’investissement net devient alors le seul facteur sur lequel les autorités de la politique économique peuvent agir.
L’investissement est un moteur d’une croissance à long terme. Il est nécessaire pour renforcer les capacités, transformer la structure de l’économie, créer des emplois et réduire la pauvreté.
Le lien théorique entre l’Investissement et la croissance
Les économistes sont tous d’accord sur le fait que l’investissement constitue un facteur principal de la croissance, quelle que soit leur tendance théorique. En effet, la croissance se définit comme étant une augmentation soutenue pendant une longue période de la production en volume. L’explication de l’impact de l’investissement sur la croissance dépend principalement de la théorie du mécanisme du système économique.
Pour bien cerner cette relation entre l’investissement et la croissance on va essayer de voir les analyses des libéraux et les keynésiens.
Selon les classiques :
Pour eux, la croissance est expliquée par les facteurs de production. Pour pouvoir augmenter la quantité de capital, on a besoin d’un investissement c’est-à-dire qu’il existe une corrélation de réciprocité positive entre l’importance de l’investissement et l’augmentation du capital. En augmentant le capital, la production s’accroit qui à son tour entraine la croissance. En d’autres termes, investir se traduit par la mise en place d’un surplus de facteur de production prenant en compte le progrès technologique. Ce qui permet de produire davantage et engendre la croissance .
Si James Gobb et Paul Douglas n’ont pas pris en compte la variable temps dans leur fonction de production, Robert M. Solow a tenu cette variable pour bien expliquer l’ampleur de la croissance.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Partie I : Analyse globale de quelques notions importantes
Chapitre 1 : Considérations théoriques sur les Zones Franches et l’Investissement
Section 1 : Les Zones Franches
A- Généralités
B- Les différents types de Zones Franches
Section 2 : l’investissement
A- Généralités
B- Le lien entre l’investissement et la croissance
Chapitre 2 : Les déterminants des investissements dans les zones franches
Section 1 : Généralités sur les IDE
A- Les fondements théoriques sur les IDE
1] Le concept d’Investissement Direct Etranger dans la littérature économique
2] Les différentes théories sur l’Investissement Direct Etranger
B- Les motifs d’implantation des IDE dans un pays d’accueil
1] O (Organisation) : Les avantages spécifiques d’une firme
2] L (Localisation) : Les avantages spécifiques des pays d’accueil
3] I (Internalisation) : Les avantages à l’internalisation
Section 2 : Les principales stratégies des investisseurs étrangers
1] Stratégie d’accès aux ressources naturelles
2] Stratégie d’accès au marché : stratégie horizontale
3] Stratégie de minimisation des coûts : stratégie verticale
4] Stratégie de partenariat
Chapitre 3 : Etude de cas représentatif : Les Zones Economiques Spéciales de Chine
A- L’évolution du commerce extérieur de la Chine
B- Les ZES de Chine
1] Généralités
2] Les avantages des ZES
C- Les IDE en Chine
D- Analyse concernant l’implantation des ZES en Chine
1] La Chine : l’atelier du monde
2] Les résultats obtenus par les ZES en Chine
Partie II : Analyse de corrélation qui existe entre les Zones Franches et les IDE
Chapitre 1 : Quelques notions sur le régime des ZF à Madagascar
Section 1 : Une description des Zones Franches à Madagascar
A- Les lois et les conditions d’existence des ZF à Madagascar
B- L’environnement des affaires des entreprises d’IDE
C- Les caractéristiques des ZF à Madagascar
Section 2 : Les impacts des activités des Zones Franches pour l’économie de Madagascar
A- Au niveau de l’emploi
B- Au niveau de la production
C- Au niveau du commerce extérieur et articulation à l’économie locale
D- Effets externes
Section 3 : Constatation
A- Situation actuelle des Zones Franches à Madagascar
B- Analyse des principales contraintes
Chapitre 2 : Les politiques d’incitation des IDE
Section 1 : Les moyens mis en œuvre pour inciter les IDE
A- L’ouverture et la création d’infrastructures pour le secteur privé
B- Une attaque sur le plan marketing
Section 2 : La mise en place des principes et de climat favorable à leur venue
A- Les exonérations
B- L’amélioration des infrastructures liées aux ZF
Chapitre 3 : Les perspectives d’avenir
Section 1 : Comment relancer les Zones Franches à Madagascar ?
A- La maximisation des moyens pour relancer les activités des ZF
B- Les actions prioritaires pour la relance des ZF
Section 2 : Les recommandations
A- L’élargissement des activités des ZF
B- La recherche d’autres investisseurs
C- Les facteurs clés de réussite des ZF à Madagascar
D- La mise en relief des atouts de Madagascar
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE