L’IMPACT DE LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Situation démographique et économique des différents pays

Dans les théories précédentes, très générales, les relations entre l’économie et la démographie ont été présentées elles aussi de manière générale. Après avoir précisébrièvement certains de ces mécanismes démo-économiques, nous confronterons les théories avec la pratique en examinant les corrélations, ou leur absence, mises en exergue par de nombreux auteurs qui ont comparé les croissances économique et démographique des pays en développement depuis les années 1960. Ensuite, deux pays, Maurice, et un continent, l’Amérique latine, seront étudiés à titre illustratif dans leurs phases historiques de développement économique et de croissance démographique

Une transition démographique avec un développement économique rapide Maurice

Maurice, situé dans l’océan Indien non loin de la Réunion et de Madagascar, est composé de plusieurs îles, dont la principale, l’île Maurice. Nanti d’une population de 1,1 million d’habitants, le pays connaît actuellement une dynamique démographique naturelle qui assure une croissance faible puisque de 1 % par an. Au tournant du xxi » siècle, le renouvellement des générations n’est plus assuré, l’indice synthétique de fécondité étant de 1,9 enfant par femme. La population devrait se stabiliser autour de 1,2 million d’habitants vers 2025. Pourtant, la croissance démographique de Maurice était l’une des plus fortes du monde voici cinquante ans ; la baisse rapide de la mortalité associée à la hausse non moins rapide de la natalité vers 1947 a entraîné des taux de croissance annuels supérieurs à 3 % durant la période 1950-1964, avec un seuil maximum de 3,6 % en 1950, taux parmi les plus élevés enregistrés. Si la fécondité avait déjà légèrement baissé avant l’indépendance de l’île en 1968, c’est véritablement à partir de cette date que l’indice synthétique de fécondité décroît de manière importante. Il se situe en dessous de quatre enfants par femme pendant la décennie 1970, en dessous de trois pendant les années 1980 et aux alentours de deux enfants par femme durant la décennie 1990. Cette réduction de la fécondité a été largement appuyée dès 1963 par une politique de planification familiale, dont la double caractéristique est, d’une part, d’avoir été initiée pour pallier les capacités limitées d’emploi dans le secteur primaire et, d’autre part, d’avoir reçu un accueil très favorable de la majeure partie de la population. Aujourd’hui, ce sont les trois quarts des femmes en union qui utilisent une méthode contraceptive. Cette transition de la fécondité s’est aussi déroulée dans un contexte économique très dynamique qui classe Maurice aujourd’hui dans la fourchette haute des pays dits « à revenus intermédiaires », puisque le produit national par tête y atteint 3 730 dollars en 1998 et qu’il a connu une croissance moyenne annuelle de 4,3 % sur la période 1975-1990 et de 4,0 % sur la période 1990-1998. Ce résultat est celui d’un développement qui a su tirer parti d’avantages nationaux et d’une large ouverture internationale. Une première phase de croissance économique dans les années 1970 est liée à l’exportation. Pour un panorama plus complet sur la théorie de la modernisation et sur la transition démographique, voir Charbit, « La croissance de la population et la transition démographique », in Charbit (Y.) (dir.), La population des pays en développement, coll. Les études, La Documentation française, Paris, 2000, p. 11-31.
La manière dont s’est déroulée la transition démographique de Maurice semble bien correspondre au schéma explicatif de la modernisation qui est celui des pays développés. Parmi les facteurs de la modernisation, l’éducation et l’activité des femmes sont essentielles comme déterminants à l’accès à la contraception. Or, on peut noter la forte proportion de femmes employées dans l’industrie manufacturière de la zone franche mauricienne puisqu’en 1987, sur les quelque 90 000 salariés dans ce secteur, 60 000 sont des femmes. Ce dernier chiffre, ramené à l’effectif de la population, est important si l’on considère que ce sont surtout des jeunes femmes qui sont employées. Et ceci est une nouveauté dans la société mauricienne, composée pour les deux tiers par une population indienne, car le statut de la femme la cantonne traditionnellement dans l’espace privé, en opposition avec l’espace public réservé à l’homme. Le fait que les jeunes femmes travaillent, et soient donc absentes du marché matrimonial, a donc d’abord un effet mécanique sur le recul de la fécondité par un retard de l’âge au mariage, mais surtout par une certaine forme d’émancipation à laquelle elles accèdent à travers la scolarisation et l’activité professionnelle .Si la qualité de la politique de planification familiale de la République de Maurice est un fait marquant, le rôle du développement économique dans la baisse de la fécondité est incontestable. Mais il faut souligner qu’il n’a été rendu possible que par l’existence de facteurs socioculturels et politiques.
Et ceci, même si la forte proportion de femmes cache en fait une discrimination sur les salaires et le traitement des employés. Il est significatif que cette proportion baisse au fur et à mesure que l’écart entre les salaires féminins et masculins se réduit.

Une transition démographique à deux vitesses : l’Amérique latine

Si l’on relève ici ou là quelques exceptions, on peut néanmoins parler d’un modèle spécifique de transition démographique latino-américain. Celui-ci se fonde sur une croissance économique importante entre les années 1930 et 1960, un développement sanitaire et médical surpassant parfois celui des pays européens et un système éducatif performant. Mais il faut préciser que ces progrès sont concentrés dans les zones urbaines, laissant en dehors du développement la population rurale.
Durant cette période de croissance économique intense, pendant laquelle on a même pu parler de « miracle économique » pour le Brésil ou le Mexique par exemple, la mortalité chutait fortement tandis que la fécondité augmentait, sous l’effet de la diminution de la morbidité, de la moindre mortalité des mères et de la réduction de la stérilité permise par l’amélioration des conditions sanitaires. C’est vers les années 1965 que commence la baisse de la fécondité parmi les classes sociales favorisées, essentiellement en milieu urbain, à la suite de l’adoption de nouveaux modèles socioculturels que ce soit en matière de travail, de statut de la femme ou de nuptialité. La réduction de la fécondité issue des nouvelles attitudes des couples a pu être grandement relayée par des politiques volontaires d’offre de moyens contraceptifs. On peut considérer que cette transition démographique a suivi dans ses grandes lignes, tout au moins dans ses motivations, celle des pays européens au siècle passé. D’ailleurs, en Argentine, en Uruguay ou au Chili, les immigrants européens du début du xx siècle ont conservé leur modèle de faible fécondité, ce qui s’est ressenti sur la fécondité générale de ces pays dès les années 1930. En marge de ce développement économique, il existe en Amérique latine une autre transition démographique qui s’est déroulée, et se déroule encore, dans un contexte de pauvreté, de non-accès au progrès social, sanitaire, médical et éducatif. Elle a commencé plus tardivement que la première, vers les années 1980, dans les couches de la population les plus pauvres et en milieu rural, selon le schéma du « malthusianisme de pauvreté ». La combinaison de ces deux modèles transitionnels débouche sur un indice synthétique de fécondité de 2,7 enfants par femme pour l’ensemble de Voir l’article dont nous nous inspirons ici « Singularités et modalités des transitions de la fécondité en Amérique latine », in Pilon, Guillaume, Maîtrise de la fécondité et planification familiale au sud, IRD Editions, Paris, 2000, p. 21-33. Dans ce schéma, la limitation des naissances se fait pour assurer la survie du reste de la famille. Dans un tel contexte de pauvreté, la demande de contraception ne peut être satisfaite que si l’offre est effective et peu coûteuse.
L’Amérique latine et les Caraïbes pendant la période 1995-2000. Mais la relative faiblesse de la fécondité générale et de la croissance démographique de la population ne doit pas occulter les disparités existantes entre le milieu urbain et le milieu rural et aussi entre les classes sociales. Cette moyenne cache en fait une transition achevée et une encore en cours.
On peut tirer deux enseignements principaux du cas de l’Amérique latine, relaté à très grands traits. Le premier concerne la connaissance des relations entre la démographie et l’économie : ici, la croissance économique et donc l’augmentation du niveau de vie pour une part de la population a été un élément moteur dans la baisse de la fécondité de ceux qui en ont tiré les fruits.
En revanche, la pauvreté dans laquelle reste cantonnée une autre partie de la population, rurale la plupart du temps, a aussi été un facteur explicatif de la baisse de la fécondité. Le corollaire de ceci, et ce sera le deuxième enseignement, est la nécessité de bien distinguer les sous-populations pertinentes lorsqu’on veut étudier le sens de la relation entre développement économique et croissance démographique car les mécanismes ne sont pas univoques. Les très fortes inégalités de revenu caractéristiques du continent sud-américain et ses deux transitions démographiques nous le rappellent avec force

Conclusion partielle de la première partie

Plusieurs courants de pensées ont pris naissance pour mettre en cause l’impact de la population sur la croissance. Citons, d’un côté, les alarmistes qui dénoncent ses méfaits ; d’un autre, les positivistes, qui vantent ses prouesses sur l’économie. Toutefois, les travaux de recherche relatifs à un tel sujet, quelle que soit leur nature ou leur préoccupation, doivent être faits au cas par cas, car l’expérience économique varie d’un pays à un autre, ou encore d’un groupe de pays à un autre. Par conséquent, nous présenterons une analyse sur l’influence de l’évolution démographique sur la croissance économique précisément dans le cadre des pays sous-développés

CAS DE MADAGASCAR

La croissance démographique est très souvent, à Madagascar comme ailleurs, considérée par les analystes comme un facteur essentiel de la croissance économique. Pourtant, à des niveaux d’échelle fins, des recherches menées dans de nombreux pays du Sud mettent l’accent sur la multiplicité des interactions entre la croissance démographie et l’impact sur la croissance économique. L’objet de cet article est de faire le point sur les relations entre la question la croissance démographique et la question de la croissance économique à Madagascar en examinant d’abord cette thématique au niveau national puis en recentrant le propos sur une recherche menée dans les Hautes Terres. Les options méthodologiques ainsi que des résultats sont présentés

La croissance démographique Madagascar

La croissance démographique a son objet d’étude : les populations humaines. Mais présenté de cette manière, le champ est plutôt vaste et englobe l’ensemble des sciences sociales. L’objet de ce chapitre est de retracer le parcours des études et recherches démographiques réalisées à Madagascar mais aussi de montrer comment certaines recherches menées dans le pays ont participé de fait à la progression des savoirs et des techniques démographiques en général. Dans cette optique, une première section fera un la croissance démographique qui se divise en deux section, l’évolution de la croissance démographique et la situation de la croissance démographique à Madagascar

L’évolution de la croissance démographique

La population résidente de Madagascar a été évaluée à 12 239 000 habitants par le dernier recensement général de la population et de l’habitat, effectué en 1993 (tableau 1). Cette population est inégalement répartie sur une superficie totale de 587 000 km2. La densité nationale de 21 habitants au km2 cache, en effet, des diversités régionales assez importantes : des zones à forte occupation, telles que les Hautes Terres centrales (provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa) s’opposent aux zones faiblement peuplées de l’Ouest et du Sud-Ouest, tandis que dans le Nord et l’Extrême-Sud, la densité de population est moyenne. Sur les Hautes Terres, la capitale Antananarivo se distingue par son poids démographique. Après la capitale, qui compte probablement plus de 1,2 million d’habitants si les zones environnantes sont incluses pour constituer « le Grand Antananarivo », Toamasina (Tamatave) est la deuxième grande ville, suivie par Antsirabe, Fianarantsoa, Mahajanga, Toliary (Tuléar), Antsiranana (DiegoSuarez), Taolanaro (FortDauphin) et Morondava.
La démographie de Madagascar a fait l’objet de solides et bonnes études. Le travail pionnier de Louis Chevalier, Madagascar, populations et ressources (1952), constitue une riche source d’informations sur les débuts de la transition démographique après la deuxième guerre mondiale. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, des démographes français et malgaches ont étudié le commencement du déclin de la fécondité (Lacombe, 1973 et 1975 ; Gendreau, 1969 ; Andriamboahangy, 1973 ; Courbage et Fargues, 1979). L’état civil, remarquablement complet à cette époque en milieu urbain, a permis d’analyser la dynamique de la population. À la fin des années 1980, une série d’études effectuées par l’Unité de développement et population de la Direction régionale du Plan d’après les résultats du recensement de 1975 (Madagascar, 1988) a préparé le terrain pour la loi nationale sur la population et le développement de 1990. Mais mis à part le recensement de 1975, peu de données démographiques ont été collectées au cours de la Deuxième République (19751991). Le recensement de 1993 et diverses enquêtes réalisées au cours des années 1990 vont nous permettre d’analyser les tendances de la fécondité, de la mortalité et de la planification familiale au cours des dix dernières années.
Tableau 1: Evolution et densité de la population de Madagascar de 1975 – 1993
Une récente enquête nationale de suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (ENSOMD) a montré que le taux de fécondité des adolescents de 15 à 19 ans à Madagascar est de 163 %0 (pour mille). « C’est l’un des taux de fécondité des adolescents les plus élevés, comparé aux autres pays. Puis, faut-il rappeler que 20,4 % des ados sont entrés dans la fécondité avant l’âge de 15 ans ?», a confié Jean Christian Razafiarison, expert en Population et Développement. Ainsi, l’on est actuellement face à une forte croissance démographique à Madagascar. L’une des causes principales de ce problème est alors la pauvreté, selon cet expert. « Pas besoin de faire une analyse approfondie pour constater que ce sont les sans-abris qui mettent au monde le plus d’enfants. En outre, il y a également la recrudescence des films érotiques et pornographiques qui influence les jeunes à devenir sexuellement actifs. Surtout qu’ils manquent de connaissance en matière de reproduction, de contraception, et d’éducation sexuelle », explique ce démographe. Et oui, à cause de toutes ces raisons, beaucoup d’enfants malgaches naissent et grandissent dans les rues. Ils sont venus au monde sans l’avoir voulu. La plupart sont pourtant livrés à eux-mêmes, en grandissant dans des milieux très pauvres. Cela résulte de la détermination de leurs parents à faire des relations sexuelles, sans toutefois avoir pris la sagesse de procéder à des méthodes contraceptives. Le fait est que ce sont généralement les pauvres qui ont beaucoup d’enfants. Contrairement à la couche moyenne qui n’ont en général que 2 à 3 enfants par foyer 5 %. Seul 33 % de la population, de 15 à 49 ans, procèdent à l’utilisation des méthodes contraceptives à Madagascar. « C’est tout simplement causé par l’ignorance, principalement chez les jeunes », poursuit le démographe. Et justement à propos des jeunes, lui de confier que l’âge médian (âge moyen) d’entrée au premier rapport sexuel, au niveau national, est de 17 ans. « Ceux qui sont parvenus à atteindre le niveau secondaire ont en moyenne 18 ans lors de leur premier rapport sexuel. Mais ceux qui sont sans éducation ont généralement leur premier rapport sexuel à 16 ans », rajoute Jean Christian Razafiarison. Les Malgaches sont alors sexuellement actifs dès leur jeune âge. « C’est à Analamanga que l’on rencontre le taux le plus élevé de jeunes utilisant des moyens de contraception : 55 %. Par contre, à Androy, 5 % des populations seulement utilisent la contraception », dixit notre expert en Population et Développement.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I: L’IMPACT DE LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre I: Cas théorique
Section 1: Le courant orthodoxe ou courant Malthusien
Section 2: La transition démographique et l’optimisation historique
Chapitre II: Situation démographique et économique des différents pays
Section 1: Une transition démographique avec un développement économique rapide Maurice
Section 2: Une transition démographique à deux vitesses : l’Amérique latine
PARTIE II: CAS DE MADAGASCAR
Chapitre III: La croissance démographique Madagascar
Section 1: L’évolution de la croissance démographique
Section 2: Caractéristique de la croissance démographique
Chapitre IV: La croissance économique
Section 1: Situation de la croissance économique
Section 2: Les caractéristiques de la croissance économique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
RESUME

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *