L’immatériel, élément clef de l’économie contemporaine

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La diversité nationale du capitalisme

Parvenu à son hégémonie, le capitalisme s’est diversifié. Dans cette même perspective, Albert (1991) souligne la non homogénéité du capitalisme. Il opposa le capitalisme rhénan (pratiqué en Allemagne, en Suisse, au Benelux,…) au capitalisme anglo-saxon. Afin de départager ces deux grands modèles, il a retenu dix points de divergence fondamentaux.
Le premier point s’articule autour de la question de l’immigration. Cette question intéresse la majeure partie des pays capitalistes dans la mesure où la main d’œuvre immigrée revient généralement moins chère, à rendement égal, que la main d’œuvre locale. Considérée comme un des plus grands débats du XXIe siècle, l’immigration n’est pas toujours appréciée. Dans certains cas, comme aux Etats-Unis, l’immigration, a entraîné la détribalisation de groupes allogènes. Celle-ci a pour but de conserver leur identité culturelle malgré les mécanismes intégrateurs du melting pot14 (Albert, 1991). En effet, le mythe du melting pot couvre l’incapacité du creuset, résultant de multiples vagues d’immigration, à en fusionner tous les éléments, laissant toujours un à l’écart. Pour d’autres, l’unité doit permettre la diversité. Ces propos furent toutefois rejetés par plusieurs pays notamment le Japon et l’Allemagne. En effet, le Japon, avec sa forte densité démographique, demeure fermé aux immigrés. Il en est de même en Allemagne où le sang détermine l’appartenance à une nation. L’homogénéité culturelle et le devoir de solidarité envers tous les peuples de la même langue ont amené les allemands et les japonais à ne pas envisager la cohabitation avec les immigrés turcs, coréens ou philippins,….
Ensuite, la conception de la pauvreté influence généralement l’organisation de la société, notamment sur la question du système de protection sociale. La définition de la pauvreté fut l’objet de diverses interprétations au cours du temps. Albert définit la pauvreté comme la résultante du problème d’adaptation aux conditions du marché du travail. Ce problème d’adaptabilité au marché du travail aboutit au chômage, quelques fois chronique. Le chômeur rencontre d’une part un problème de revenu, de subsistance, et d’autre part un problème lié à l’éducation et à la formation tant pour le sujet que pour les générations futures. Cette situation aboutit à un cercle vicieux de la pauvreté au sens de Nurkse (1953). La question est de savoir si cette inadaptabilité est volontaire ou non. En effet, dans la plupart des sociétés, le pauvre est considéré comme un fainéant. Le chômeur, lui est perçu comme un paresseux n’ayant fait aucun effort pour s’adapter aux conditions du marché du travail.
C’est pourquoi, les États-Unis et le Japon ne sont pas dotés d’un système de sécurité sociale comparable à celui établit en Europe. En effet, en Europe, les pauvres sont plus considérés comme des victimes que des coupables. Néanmoins, le problème qui se pose dans ces pays est le même : l’État est-il à même d’assurer indéfiniment cette protection sociale ? La sécurité sociale est-elle favorable au développement ? En effet, si dans la zone alpine15, au Benelux et en Scandinavie la sécurité sociale est considérée comme une juste conséquence du progrès économique, ce n’est guère le cas pour les capitalistes reaganiens et thatchériens. Pour les japonais, la sécurité sociale favorise les comportements opportunistes, la paresse et l‘irresponsabilité. De plus, la sécurité sociale alourdit les dépenses de l’Etat et pèse sur la compétitivité nationale. Ils suggèrent alors une privatisation de la sécurité sociale à condition que l’entreprise soit assez riche pour l’offrir à ses employés (n’inclut donc pas les PME16). Cependant, l’absence de ce dernier devient insupportable pour une fraction croissante de la population notamment aux Etats-Unis (Albert, 1991). Cet impératif de sécurité sociale résulte de l’irréversibilité de la pauvreté arrivée à son seuil critique. Le troisième point concerne la hiérarchie des salaires. La hiérarchisation des salaires est considérée comme un levier de croissance, irremplaçable, dans la logique du capitalisme. Le principe en est simple : payer les travailleurs selon leur rendement individuel afin de les motiver à produire plus. En effet, les écarts de revenu par l’élargissement de la hiérarchie des revenus renforcent la compétitivité. Dans d’autres pays, comme le Japon, le patriotisme d’entreprise est un facteur de mobilisation plus puissant que le salaire. Les rémunérations résultent d’une décision collective. Il en est de même pour les pays alpins. Néanmoins, dans ces pays, la tradition est remise en cause par les conflits interprofessionnels opposant les jeunes talents (désireux de faire leurs preuves et de s’affirmer sur le marché du travail) aux vieux chefs (Albert, 1991).
Le prochain point traite de l’importance de la réglementation dans l’administration publique. L’histoire a montré que les seuls gagnants de la vague de déréglementation en Angleterre et aux États-Unis sont les avocats. La raison réside dans les désorganisations dans le secteur du transport et dans la faillite des caisses d’épargne. Ainsi, le nombre d’avocats croît dans des proportions considérables, jusqu’à devenir plus important que le nombre même des fermiers. Ce qui n’est pas le cas au Japon où le procès est considéré comme une infamie. Il en est de même pour les allemands qui eux-aussi préfèrent les règles bien précises.
Pourtant, la Communauté Economique Européenne17 (CEE) s’est inspirée de l’idéologie de la déréglementation pour ériger le droit communautaire. Cette initiative entraînera le mécontentement des parlementaires quant à la perte de leurs prérogatives.
Vient ensuite, la répartition du pouvoir dans une entreprise. Cette question pose l’enjeu de la nature même de l’entreprise : comme une simple marchandise à la disposition de l’actionnaire (selon la conception anglo-saxon) ou comme une communauté complexe où se contrebalancent les pouvoirs de l’actionnaire et ceux du management (d’après le modèle germano-nippon).
Le point suivant porte sur le rôle de l’entreprise dans l’éducation et la formation professionnelles. L’instabilité de la main d’œuvre, garant du bon fonctionnement du marché, a amené les anglo-saxons à réduire le plus possible la contribution d’une entreprise dans ce domaine. A cet effet, ils assignent à l’entreprise la fonction de dégager un maximum de profit. Cette vision est contraire à celle des japonais et des européens. Ils lui assignent une fonction élargie dans la création d’emplois, la compétitivité et l’harmonie sociale (Albert, 1991).
Puis, côté bancaire, il est important de souligner l’importance de la concurrence et du libre mouvement des capitaux. Ils assurent le développement des entreprises conformément à la théorie libérale. En effet, si le taux d’intermédiation américain était de 80% en 1970, en 1990, la banque se substitua à la bourse. Cette substitution fut marquée par l’expansion des marchés de créance et la faillite du système bancaire, considérée comme un frein à l’enrichissement national (Albert, 1991).
Pour le rôle de la fiscalité, il y a les pays fourmis comme le Japon, l’Allemagne et les pays cigales comme les États-Unis. La question est de savoir si la fiscalité doit favoriser l’épargne ou l’endettement. Les pays fourmis optent généralement pour l’épargne, contrairement aux pays cigales qui montrent leur préférence à l’endettement. Le principe des pays cigales est simple : plus vous vous endettez, moins vous payez d’impôts. Le défi principal de ces derniers est de convaincre les électeurs de ré épargner comme au temps du puritanisme compte tenu de l’écart intenable à long terme entre les deux parties (Albert, 1991).
Enfin, nous arrivons au secteur type du débat : l’assurance. Ce problème gravite autour de la valeur accordée respectivement au présent et à l’avenir. L’assureur tend généralement à valoriser l’avenir. Mais la question porte sur la considération même de l’assurance. Elle est considérée soit comme une simple activité de marché basée sur le risque individuel, soit comme un cadre institutionnel garant de la sécurité communautaire (Albert, 1991).
Bref, il est important dans un premier temps de distinguer le capitalisme anglo-saxon du capitalisme rhénan. Dans la conception anglo-saxonne du capitalisme, le rôle du marché est de privilégier les rentes à court terme. Le capitalisme rhénan se penche plutôt sur une perspective à long terme en mettant l’accent sur un Etat plus actif, ainsi que le rôle des banque tout en valorisant la réussite collective. Le modèle néo-américain oppose l’Europe aux Etats-Unis. Ce modèle est considéré comme le plus séduisant et le modèle rhénan comme le plus performant. C’est entre ces deux logiques antagoniques que se joue l’avenir du capitalisme.

La thèse de l’instabilité du capitalisme

La thèse de l’instabilité du capitalisme n’est pas un fait nouveau. Plusieurs auteurs ont appuyé cette thèse. D’une part, il y a les partisans du communisme tels que Marx et Schumpeter (1928). Pour la théorie de la régulation (TR), Aglietta (1999) soutient la thèse d’une crise inhérente ou résultante du système en question. D’autre part, il y a les partisans du capitalisme libéral qui dénoncent les impacts négatifs de l’interventionnisme étatique comme origine des crises.
Le capitalisme, d’après Marx, comporte des contradictions internes provoquant de perpétuelles crises économiques le menant inévitablement à son autodestruction. Il est intéressant de savoir alors comment le capitalisme a réussi à traverser l’histoire malgré les contradictions auxquelles il doit faire face.
La destruction créatrice18 de Schumpeter (1942) est une analogie parfaite à cette survie du capitalisme. En effet, la destruction créatrice constitue le processus normal du capitalisme. De ce fait, le déséquilibre est inhérent à la société capitaliste. La question qui se pose est de savoir s’il s’agit de l’instabilité de l’ordre capitaliste ou celle du système capitaliste.
Par ordre, Schumpeter (1928) soulève la question de la survie des institutions propres au capitalisme. Le système capitaliste, quant à lui, fait généralement référence au climat des affaires (Schumpeter, 1928). La plupart des économistes soutient la thèse de l’instabilité chronique du système capitaliste. Cette instabilité peut être tempérée par l’Etat par l’injection de fonds publics, créés par la Banque Centrale, dans l’économie pour la relancer après une crise. Dans la thèse de Schumpeter (1928), la cause de l’effondrement du système capitaliste ne réside pas seulement dans son échec économique. En effet, l’intensité des inégalités sociales inhérentes au système est un des facteurs les plus importants de la chute du capitalisme, selon les théoriciens du communisme. Nous y ajoutons la course sans fin après les profits à court terme, comme motif pour perpétrer les actions les plus incongrues, qui s’accompagne d’une société de consommation de masse. Selon la thèse schumpeterienne, la crise du capitalisme est un fait incontournable. Elle traduit la première étape de la transition inévitable vers le socialisme, et, à terme, vers le communisme.
D’une certaine façon, Aglietta (1999) soutient cette thèse de l’instabilité du capitalisme sans toutefois prendre partie sur la question de l’avènement du communisme. En effet, la dynamique du capitalisme est non auto régulatrice. Son évolution se caractérise généralement par une phase de croissance stable, entrecoupée par de perpétuelles crises. Ces crises se manifestent généralement par un ralentissement de la croissance et une difficulté dans l’assimilation du progrès technique. Elles aboutissent généralement à un changement d’orientation du progrès technique vers d’autres secteurs considérés alors comme plus productifs. Cette situation suppose une destruction massive d’emplois dans le secteur délaissé et une création d’emplois dans le nouveau secteur. Le problème qui se pose est de savoir si ce nouveau secteur sera à même de couvrir les frais sociaux et économiques liés à la destruction du précédent.
Pour les partisans du capitalisme libéral, la crise actuelle, comme toutes les précédentes, n’a rien à voir avec le capitalisme. Elle a été provoquée par l’intervention de l’État dans l’économie. En effet, selon Masse (2009), le capitalisme, loin d’être un système instable et sujet à des crises cycliques, se définit au contraire par un ensemble de mécanismes autorégulateurs qui assurent sa stabilité. Le retour aux principes du capitalisme paraît inévitable pour la prospérité de la civilisation. Cette perspective est semblable à celle de l’école autrichienne. En effet, pour Rothbard (1991), opposé à l’étatisme, le terme capitalisme est interchangeable avec celui d’économie de marché. Selon ces derniers, la crise actuelle résulterait de l’intervention intensive de la banque centrale dans le système monétaire.
Cette intervention favoriserait les facilités de crédit par l’établissement des taux d’intérêt maintenus artificiellement bas faussant les signaux du marché perçus par les consommateurs et les investisseurs, exacerbant ainsi les cycles économiques. Les traits les plus marquants du système capitaliste (notamment le capitalisme libéral) demeurent la propriété privée des moyens de production, la liberté d’entreprendre et de commercer, et un État gendarme.

Les stades de développement du capitalisme

Tout au long du processus de développement de l’économie marchande et de l’économie capitaliste, nous transcenderons plusieurs catégories de capitaux. Chaque catégorie coïncide à un stade déterminé du capitalisme. Faisant suite à l’accumulation primitive du capital, la transition vers une domination du capital commercial s’est amorcée. Plus tard, elle fit place à la domination du capital industriel. Nous assistons alors à l’émergence du capitalisme de la libre concurrence du XVIIIe au XIXe siècle : le capitalisme libéral.
C’est pendant cette période que le courant libéral imposa le concept de concurrence pure et parfaite comme garant d’une allocation optimale des ressources par le marché. Survient ensuite le capital financier propre au stade monopoliste du capitalisme du XXe siècle. A cet effet, Lénine (1916) a défini l’impérialisme comme le stade suprême du capitalisme. Il s’agit d’un stade où les traits fondamentaux du capitalisme se sont transformés en leurs contraires. En effet, au stade monopoliste, la concurrence fait place au monopole, le capital financier et les trusts renforcent les inégalités de développement,…
Selon Lénine (1916), les caractères de l’impérialisme se résument comme suit :
• le développement des monopoles qui provient de la concentration de la production et des capitaux. Les banques y jouent un rôle prépondérant;
• l’apparition du capital financier résultante de la fusion entre le capital industriel et le capital bancaire. Lénine (1916) parle alors d’oligarchie financière;
• la mobilité des capitaux vers les pays en développement;
• l’apparition des super monopoles ainsi que le nouveau partage du monde;
• la fin du partage entre les grandes puissances capitalistes qui se manifeste par la possession monopoliste des colonies.
Les monopoles coexistent avec la concurrence, entraînant des conflits. Il devient alors possible de freiner artificiellement le progrès technique. Lénine (1916) désigne ce stade comme le stade du parasitisme et de la putréfaction du capitalisme associé à un État-rentier. L’Etat rentier est trait propre au capitalisme parasitaire et pourrissant. Cette idée fut toutefois réfutée par Kautsky (1915). En effet, pour ce dernier, il est improbable d’identifier l’impérialisme au capitalisme. L’impérialisme est alors défini comme une politique du capitalisme, une phase de l’économie capitaliste, visant à promouvoir le capital financier. En d’autres termes, il s’agit d’une politique pour développer l’industrie par l’intermédiaire des financements bancaires.

De la conception mercantile à la conception physiocrate du capitalisme

Selon Smith (1776), l’économie politique est considérée comme une branche des connaissances du législateur et de l’homme d’État. L’objectif premier de l’économie politique est d’enrichir le peuple (par une subsistance abondante) et le souverain (pour assurer les services publics) en leur procurant un revenu abondant. Les différences de la marche progressive vers l’opulence ont donné naissance à deux systèmes différents d’économie politique. Le premier est le système mercantile, et le second, le système de l’agriculture.

Le capitalisme mercantiliste

Il n’existe pas de définition précise du mercantilisme. Il s’agit d’une notion abstraite construite dans le but d’unifier des faits et des idées développées durant plusieurs siècles (Thiveaud, 1993). Étymologiquement, le mot mercantilisme vient de l’italien mercante qui signifie marchand. Il s’agit d’un terme employé par Smith (1776) pour désigner les auteurs dont il combattait les idées notamment Ortiz (1558), Antoine de Montchrestien (1615),….
Le courant mercantiliste s’est étalé dans le temps entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Les caractéristiques de ce courant gravitent autour du métallisme, de l’interventionnisme, du protectionnisme, et du populationnisme justifié par le nationalisme de puissance.
La conception mercantiliste préconise la richesse matérielle par une accumulation du capital dans une forme purement monétaire. En effet, durant cette période, est considéré comme riche celui qui a en sa possession beaucoup d’or et d’argent. Cette conception est valable tant sur le plan microéconomique (ou individuel) que macroéconomique (ou national).
La possession de mines d’argent et d’or justifiait l’importance des conquêtes d’un pays.
L’argent influait sur le commerce pour les espagnols au même titre que les bétails chez les Tartares qui ne connaissaient pas encore l’usage de l’argent.
Ce principe se justifie par la double fonction de l’argent : comme instrument de commerce et comme mesure de valeurs19. Le caractère non périssable de l’argent faisait de lui l’objet par excellence de l’économie politique mercantile.
Ainsi, toujours selon Smith, dans une économie fermée, la richesse d’une nation dépend de l’abondance/rareté des biens consommables inter échangeables par l’intermédiaire de la monnaie. Dans une économie ouverte, il est nécessaire d’accumuler de l’or et de l’argent en temps de paix pour pouvoir financer les guerres. Cette politique fut adoptée dans la plupart des pays européens possédant d’importantes mines d’or et d’argent comme le Portugal et l’Espagne. En effet, les bullionistes (mercantilistes espagnols) ont concentré leurs efforts dans l’obtention d’une abondance métallique grâce à l’exploitation des mines. En ces temps anciens, la monnaie revêtait encore une forme purement métallique.
Pour garantir l’abondance métallique, une politique de prohibition sur l’importation d’or et d’argent fut mise en place. Le problème se posa lorsque ces pays devinrent marchands. L’interdiction d’importer l’or et l’argent s’avérait nuisible au commerce. En effet, les marchands ne pouvaient pas acheter des marchandises à l’étranger à leur guise malgré les prix attrayants et s’en trouvaient même pénalisés. Une vague de réclamation secoua cette politique. Les points stratégiques de cette réclamation portent sur les grands apports du commerce, l’importance des fraudes et de la balance commerciale. En effet, le commerce permet de créer un profit par la revente des marchandises à un prix plus élevé assurant une rentrée d’or supplémentaire au pays. Toutefois, l’exportation de l’or et de l’argent à des fins commerciales ne s’avérait avantageux pour les pays concernés qu’à condition de posséder un important stock de capital commercial. La possession de plusieurs bateaux était nécessaire au transport des marchandises à travers les océans et les mers. En d’autres termes, l’accumulation monétaire accrue conditionne le capital commercial pour favoriser la circulation. Toutefois, Bodin (1568) en démontra les impacts négatifs par la théorie quantitative de la monnaie. La quête directe de l’abondance métallique, associée à une thésaurisation sans une contrepartie productive entraînait une hausse généralisée des prix.
Cette tentative fut alors soldée par un échec. L’asphyxie économique de la péninsule Ibérique de l’Espagne en fut un des exemples les plus marquants.
En fait, la prohibition d’importation de l’or et de l’argent supposait aussi une prohibition sur l’importation des marchandises étrangères. Elle assurait ainsi le monopole du pays sur la marchandise et sur le marché intérieur. Cette situation est avantageuse pour l’industrie concernée. Elle est ainsi protégée de la concurrence et certaines branches furent même financées par les primes à l’exportation en Grande Bretagne. Sur ce point, il est essentiel de distinguer la restitution (ou drawback) et les primes. La restitution s’accorde à l’exportation des marchandises ayant conservé la même forme que lors de leurs importations. Les primes s’accordent pour les marchandises ayant subi une modification par la main d’œuvre avec un changement de dénomination. Autrement dit, les primes se rapportent aux marchandises ayant subi une transformation.
De plus, le phénomène de colonisation s’est répandu durant cette période. Le but étant d’acquérir le plus de colonies pour y trouver des matières premières et pour y écouler sa production. Ici aussi le capital commercial ainsi que la force militaire du pays jouent un rôle important dans le commerce, considéré comme la principale source de richesse.
Durant l’époque mercantiliste, l’instrumentalisation du brevet se traduit par une politique volontariste de l’État. Cette politique visait l’incitation à l’innovation, la captation des technologies, et la traque des ouvriers qualifiés par la promulgation des lois sur l’émigration. Le système mercantile, selon Thiveaud (1993), est l’ensemble des dispositions financières et monétaires se succédant pour aboutir à l’extension de la puissance de l’Etat par la force ou par l’argent.
Ainsi, dans le système mercantile, la souveraineté de la monnaie, bien que n’étant pas une fin en soi, conditionne la souveraineté de l’Etat dans les domaines de l’économie. Dans ce système formaliste et règlementaire, l’intérêt du consommateur a été sacrifié au profit de celui du producteur.

La physiocratie et le capitalisme agraire

Surviennent ensuite les physiocrates avec Quesnay comme chef de file, considérés comme les précurseurs de l’école classique. Dans sa représentation, le rôle du capital est beaucoup plus précis surtout dans les activités agricoles. Le capital s’accumule alors en termes d’avances considérées comme le moteur de la production et la source du progrès.
Le tableau économique de Quesnay (figure 1) est une représentation de l’économie agraire propre à l’ère physiocrate. Dans la conception physiocrate, la production est un processus de production et de reproduction du produit et du capital. Dans le tableau économique, la circulation est représentée par les lignes du tableau symbolisant les déplacements monétaires. Ces déplacements se font entre trois classes d’agents économiques bien distincts : la classe stérile, la classe des producteurs et celle des propriétaires fonciers. .

L’avènement du capitalisme industriel

Le capitalisme industriel émergea avec la première révolution industrielle. Elle débuta en Angleterre autour du XVIIIe siècle par l’invention de la machine à vapeur. La particularité de cette configuration (industrielle) porte sur l’étroite connexion entre le capital et la productivité, c’est-à-dire l’insertion du capital dans la sphère productive. Le capital est alors considéré comme un moyen de production, accumulé soit en forme de biens d’équipement ou capital fixe (pour les libéraux), soit en capital intangible (pour les théoriciens de la croissance endogène).

Le capitalisme industriel propre à l’ère classique

L’avènement du capitalisme industriel est centré autour de la transition d’une société à dominante agricole et artisanale (capitalisme agricole) vers une société à dominante industrielle et commerciale. Ce passage marque celui d’une économie de subsistance vers une économie de marché. Cette transition résulte de la généralisation de la mécanisation de la production et du travail en manufacture.
Selon les théories de Bairoch (1963) et Rostow (1961), la révolution industrielle est conditionnée par une révolution agricole et par l’importance du progrès technique. De ce point de vue, les facteurs déterminants de l’industrialisation sont le progrès technique (application des découvertes scientifiques dans l’industrie), le commerce et les crises (elles favorisent les innovations techniques).
Les progrès techniques de l’ère industrielle se traduisent sous forme d’innovation technique. L’accroissement de la production se fait sans un changement de la quantité des facteurs de production. Le progrès technique suppose une amélioration des performances par la création de nouvelles machines ou outils. En Grande Bretagne, l’invention de la machine-outil, de la machine-vapeur, et du fer a contribué au développement du réseau ferroviaire par la généralisation des rails.
Bref, l’industrialisation de la Grande Bretagne s’est manifestée à travers les transformations des sources d’énergie, le développement des réseaux de transport notamment ferroviaires, le développement des machines et du textile. Ces innovations ont bouleversé les structures de l’industrie légère puis celles de la sidérurgie.
A partir du XIXe siècle, l’industrialisation de l’Europe débuta faisant suite à celle de l’Angleterre. L’Allemagne se pencha sur le développement de ses industries lourdes, accompagné de l’expansion des chemins de fer, du développement de la production houillère de Ruhr et des minerais de fer. Aux États-Unis, l’augmentation de la taille des entreprises et l’importance de la consommation se sont appuyées sur l’abondance des ressources minières et énergétiques du pays. Il en est de même pour la modernisation de l’économie japonaise. L’agriculture et l’étatisme visaient à promouvoir les industries de base. La rationalisation de l’industrie au Japon se manifeste par l’apparition et la concentration des nouveaux zaibatsu21. Nous assistons alors à l’avènement du capitalisme industriel.
Ainsi, l’industrie devient le moteur incontournable de la croissance visant à dépasser la division internationale du travail. Mais les rythmes de développement varient d’une nation à une autre aboutissant à une nouvelle répartition géographique et à un nouveau rapport de pouvoir. D’un côté il y a les pays industrialisés, et de l’autre, les pays en voie de développement (PED). Les pays industrialisés se concentrent autour des pays capitalistes (dont l’Angleterre, les États-Unis ainsi qu’une partie de l’Europe) et des pays anciennement socialistes. Entre ces deux catégories, il y a les nouveaux pays industrialisés (NPI22) caractérisés par un PIB très élevé et une part importante du secteur industriel dans ce PIB.
La seconde révolution industrielle débuta vers la fin du XXe siècle avec l’automation. C’est la résultante d’un développement technique et scientifique. Notons la découverte de nouvelles sources d’énergie notamment l’électricité, la création de nouvelles industries, des matières premières fondamentales ainsi que des matières synthétiques. L’industrie chimique naquit avec l’invention des colorants artificiels pour l’industrie textile, des engrais chimiques pour l’agriculture. La première forme d’organisation du travail industriel fut élaborée avec le Taylorisme23. Il s’agit d’un travail à la chaîne. C’est la base même de la division du travail. A sa suite, pour améliorer la productivité du travail et assurer une production de masse par la spécialisation des tâches, une autre organisation du travail émergea : le fordisme.
A ce stade, il est important de souligner l’apport de la doctrine libérale dans cette industrialisation. La doctrine libérale englobe les partisans du libéralisme et du caractère autorégulateur du marché. Il y a les classiques, apparus vers la fin du XVIIIe siècle, suivis des néoclassiques vers la fin du XIXe siècle.

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre 1. Du capitalisme mercantiliste au capitalisme industriel
Introduction au premier chapitre
Section 1. Capital et Capitalisme
I.1.1. La conception du capitalisme
I.1.2. L’émergence du capitalisme
Section 2. Les traits spatio-temporels du capitalisme
I.2.1. La diversité nationale du capitalisme
I.2.2. La thèse de l’instabilité du capitalisme
I.2.3. Les stades de développement du capitalisme
Section 3. De la conception mercantile à la conception physiocrate du capitalisme
I.3.1. Le capitalisme mercantiliste
I.3.2. La physiocratie et le capitalisme agraire
Section 4. L’avènement du capitalisme industriel
I.4.1. Le capitalisme industriel propre à l’ère classique
I.4.2. L’apport des nouvelles théories de la croissance
Conclusion du premier chapitre
Chapitre 2. Le capitalisme post industriel : le capitalisme cognitif
Introduction au second chapitre
Section 1. De la crise du fordisme à la crise du capitalisme industriel
II.1.1. La crise du fordisme
II.1.2. La nécessaire rupture paradigmatique
II.1.3. Vers l’immatériel et le paradigme transmoderne ?
Section 2. L’immatériel, élément clef de l’économie contemporaine
II.2.1. La montée en puissance de l’immatériel
II.2.2. La faillite du capitalisme financier
II.2.3. L’émergence du capitalisme cognitif
Section 3. Les enjeux de l’émergence du capitalisme cognitif
II.3.1. Les limites des théories libérales
II.3.2. Le capitalisme cognitif selon la théorie de la régulation (TR)
Section 4. Les retombées de la transition vers le capitalisme cognitif
II.4.1. La désindustrialisation
II.4.2. Le rapport mondial dans l’ère de l’immatériel
Section 5. La question du développement à l’âge du capitalisme cognitif
II.5.1. Le cadre conceptuel du développement dans la dynamique du capitalisme
II.5.2. Le modèle de développement dans l’ère cognitive
II.5.3. Le rattrapage technologique et l’émergence de l’Inde
Conclusion au second chapitre
Conclusion générale
Bibliographie

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