Limitations et apports possibles d’une participation coproductive des habitants en matière de sécurité publique

Une expérience de participation s’inscrivant dans une réorganisation locale de la régulation sociale

Un contexte et historique local contribuant à l’émergence du collectif du 29 Juin

Villiers-le-Bel est une commune de 27 000 habitants, située dans la banlieue Nord de Paris, au sein du département du Val d’Oise et à proximité de celui de la Seine Saint-Denis. Elle fait aussi partie de la communauté d’agglomération du Val de France, ses communes limitrophes étant notamment Sarcelles, Arnouville et Gonesse. Elle partage d’ailleurs sa gare, connectée à la ligne D du Réseau Express Régional, avec ces deux dernières communes. En outre, si des zones d’activités économiques et d’emplois se trouvent à proximité, telles que la plateforme aéroportuaire de Roissy Charles-De-Gaulle ou encore la zone d’activité commerciale O’PARINOR, celles-ci ne sont accessibles en transports en commun qu’en passant par Paris . Cela témoigne de l’enclavement économique relatif que connaît cette ville.
Ce découpage territorial est renforcé par des identités de quartiers plus ou moins fortes, Villiers leBel concentrant des quartiers d’habitat social mais aussi des quartiers plus résidentiels. Au demeurant, 56% de la population beauvillésoise habite en Zone Urbaine Sensible (ZUS) et près de la moitié des beauvillésois vivent en logement social . La commune regroupe notamment deux ZUS que sont respectivement les « Puits La Marlière » (dit PLM) et « Derrière-les-Murs de Monseigneur » mais aussi le quartier des « Carreaux ». Le premier quartier, qui compte plus de 10 000 habitants à l’ouest de la ville, forme un ensemble assez hétéroclite tandis que le quartier des Carreaux, à l’est, regroupe plus de 4 000 habitants où la part de ménages locataires en Habitation à Loyer Modéré était en 2009 de près de 90%.
L’histoire récente de la commune de Villiers-le-Bel est émaillée de fortes violences urbaines. Villiers-le-Bel connaît une triste renommée médiatique depuis les violentes échauffourées qui ont marqué la ville et ses alentours du 25 au 27 novembre 2007, suite à la mort de deux adolescents renversés en mini-moto par une voiture de police.
Mais au quotidien et notamment depuis 2008, les violences prennent surtout la forme de conflits inter-quartiers. Comme nous avons pu le voir, la commune est marquée par un fort découpage territorial.
En outre, une collaboratrice du Maire de Villiers-le-Bel assure que « la ville est très marquée par des identités de quartiers qui sont fortes. Les différents quartiers ont chacun leur spécificité en terme de peuplement, ou de pratiques artistiques…et il y a toujours des rivalités importantes ». Au demeurant, c’est donc bien une logique territoriale qui est au cœur des conflits et non des logiques racistes ou religieuses, comme le souligne cette collaboratrice disant qu’ « on n’a jamais eu trop de soucis de problèmes racistes ni de religions. On a trois communautés religieuses qui cohabitent vraiment très bien, qui sont dans un dialogue apaisé ».
Au reste, la volonté de participation des habitants en matière de sécurité publique et de prévention de la délinquance est née de ce climat conflictuel entre quartiers.
Ainsi, en 2008, des actions informelles à l’initiative de parents d’élèves ont vu le jour aux abords et dans un collège de la ville réunissant des jeunes de deux quartiers différents, certains étant auteurs et victimes de violences et notamment de règlements de compte perpétuels.
Ces parents d’élèves, qui avaient des pratiques associatives ou de culte communes, se sont donc réunis à plusieurs reprises les samedis matins dans l’enceinte du collège et en présence du proviseur, et se sont chargés à tour de rôle de « sécuriser » les sorties de collège et de raccompagner les élèves turbulents dans les différents quartiers. La collaboratrice du Maire note par ailleurs que « là où ils ont été plutôt fins et forts c’est que c’était quand même des parents d’enfants tantôt agresseurs tantôt agressés et qu’ils ont réussi à dialoguer tout de même ».
De plus, elle signale aussi que ces parents d’élèves ont aussi organisé une rencontre, « dans un lieu neutre » au regard des conflits de quartiers, après avoir « réussi à identifier les protagonistes, ceux qui attisaient la violence des deux côtés ». Puis, la collaboratrice raconte qu’à la demande des parents « on a – j’aime pas trop utiliser cette expression – mais on a pris des « grands référents » qui ont essayé de pacifier les rapports » entre ces jeunes ». Elle entend par grands référents des jeunes de 20 à 25 ans identifiés comme des figures autoritaires.
À la suite de cette rencontre, certains parents sont alors allés « très loin dans l’apprentissage de la légalité, c’est à dire que les enfants qui étaient coupables, ils les emmenaient au commissariat : « Bonjour monsieur le commissaire, je dénonce mon môme! » – rire – et ça nous a valu certaines discussions entre parents ». Suite à ces actions informelles, et alors que les tensions entre élèves s’étaient apaisées, des professionnels du service jeunesse de la ville, des animateurs socio-culturels et des médiateurs du club de prévention spécialisée ont souhaité participer aux réunions des parents d’élèves, qui se sont alors retirés. La collaboratrice du Maire témoigne ainsi que « les professionnels se sont dit : oh ils arrivent à faire un boulot que nous on n’arrive plus à faire quoi », tandis que la réaction des parents fut de dire: « non, là ce n’est plus notre espace, ça ne nous appartient plus ».
Puis, les années 2009 et 2010 ont été le théâtre d’une aggravation des conflits inter-quartiers, impliquant surtout de jeunes garçons plus âgés, entre 18 et 25 ans, auteurs et victimes d’actions très violentes, telles que des expéditions punitives.
En parallèle à ce climat de violences inter-quartiers, les forces de police locales se sont retrouvées dans un contexte institutionnel compliqué. Il est d’abord à remarquer le manque initial d’effectifs sur le secteur, et donc le manque de réactivité des forces de police, des renforts devant souvent être appelés, parfois même depuis Cergy-Pointoise, ne connaissant forcément pas au mieux les caractéristiques du secteur. Il faut noter qu’un bureau de police avait été incendié lors des violentes échauffourées de 2007 et qu’un commissariat, dont la construction avait débuté en 2006, a ouvert ses portes en Juin 2008. Au demeurant, ces problèmes initiaux ont été relativement résorbés par l’arrivée au printemps 2009 d’une Unité Territoriale de Quartier (UteQ) et son remplacement fin 2010 par une Brigade Spéciale de Terrain (BST). Cependant, l’implantation de cette UteQ fut elle aussi difficile, comme le rappèle la collaboratrice du Maire, renforçant l’hostilité à l’égard des forces de l’ordre « d’un certain nombre de jeunes qui occupent l’espace public de manière ostentatoire et bruyante », et notamment suite à l’utilisation par un policier de son « flashball », entraînant la perte d’un œil pour deux jeunes habitants.

Un collectif informel s’inscrivant dans la réorganisation locale de la régulation sociale

Le collectif du 29 Juin constitue comme nous allons le voir à présent, une instance de participation coproductive informelle. En effet, ce collectif d’habitants de Villiers-le-Bel n’est pas monté en association loi 1901, souhaitant ainsi garder une forte flexibilité de fonctionnement. Une membre du collectif signale ainsi que l’ « on ne se prend pas la tête avec des obligations administratives, financières ou autres » tandis que la collaboratrice du Maire témoigne que « cela permet aux gens de se dire : je suis libre, c’est pas trop institutionnalisé ». Ainsi, le collectif repose sur quelques leaders formant le « noyau dur » qui pense et organise les actions , auquel vient se greffer ponctuellement de nombreuses autres personnes lors des actions du collectif, qui se veut ouvert à tout le monde.
Pour autant, les membres fondateurs ont clairement défini dès la première réunion du 29 Juin 2010 leur mode d’organisation et notamment en terme de communication. L’idée initiale étant, comme le rappelle une membre fondatrice « de faire une action tous les 9 du mois, et les 29 on sort un communiqué de presse » et dans tous les cas « qu’il n’y a pas de communication entre temps, s’il y a des gens qui se revendiquent du collectif entre-temps, c’est pas de nous ». Les membres ne s’adressent ainsi aux médias, au nom du collectif, qu’après avoir consulté les autres membres. En outre, le collectif a tout d’abord voulu faire part de ses condoléances et de sa solidarité « aux familles dans lesquelles de jeunes hommes ont été blessés et pour l’un d’entre eux, tué » , la famille de la victime de l’assassinat du 26 Juin apportant par ailleurs son soutien aux actions du collectif.
Puis, les membres du collectif ont souhaité faire passer un message clair sur leurs intentions : « non à toutes les formes de violences » , dénonçant ainsi à la fois les violences urbaines et les violences institutionnelles et sociales.
De surcroit, ils ont aussi posé quatre axes initiaux de travail, de revendication et d’interpellation.
Il s’agit premièrement de promouvoir un meilleur partage de l’espace public et notamment de manière plus inter-générationnelle, par le biais d’actions occupant cet espace. Ensuite, le collectif se veut un lieu de réflexions entre habitants, notamment en matière d’éducation, et une force de propositions dans le cadre d’un partenariat avec les institutions. De plus, il se conçoit aussi comme une force d’interpellation de ces institutions, souhaitant particulièrement pouvoir saisir l’État sur ses responsabilités en matière de sécurité publique et de justice, et de rester informé du déroulement des enquêtes judiciaires.Enfin, les membres du collectif désirent surtout modifier l’image de dangerosité portée sur la jeunesse de la ville qui se sent et qui se met d’abord elle-même en danger, souhaitant « être attentif » à celle-ci et à leur « parents qui appellent au secours ».
D’autre part, l’objectif du collectif du 29 Juin est aussi de participer à une restauration d’un climat de confiance dans la ville, envers sa jeunesse premièrement, mais plus largement entre habitants et avec les institutions. En effet, tandis qu’une membre fondatrice assure que « c’était pas ça avant cette ville, on dialoguait avec les gens, on a toujours su comment communiquer », une autre raconte qu’« après la mort du jeune homme, on a eu je crois une trentaine de tirs sur la ville en deux mois. C’est énorme ! C’était très tendu, très dur, et bon bah c’était le moment où il fallait restaurer la confiance ».
Au demeurant, ce collectif s’inscrit bien comme un acteur de la réorganisation locale de la régulation sociale, cherchant comme nous allons le voir à présent, à promouvoir un contrôle social informel mais aussi une plus grande intégration sociale. Une membre fondateur assume ainsi qu’ «on ne veut pas se substituer aux institutions, mais quand on sent qu’il y a des choses qui de notre point de vue peuvent enrichir la cohésion sociale, alors on le signale ». Ainsi, la dimension de contrôle social est-elle présente dans les communiqués de presse du collectif, celui du 29 Juin 2010 affirmant que « l’acte qui a été commis est grave. Un de nos enfants s’en est allé trop tôt mais user de la violence n’engendrera que la violence. Tout citoyen a le pouvoir et le devoir de stopper ce déferlement de rumeurs, de haine et de criminalité en agissant de différentes manières ». En outre, un autre communiqué en date du 9 Juillet 2010 témoigne que « chaque citoyen doit prendre ses responsabilités pour désamorcer la violence et les clivages inter-quartiers », tandis qu’un autre daté de Septembre 2011 rappelle qu’une « vigilance citoyenne permanente est de rigueur. La paix sociale et le partage de l’espace public sont à conquérir puis à conserver ».
De surcroît, les membres fondateurs estiment que les actions du collectif sont aussi un moyen pour les adultes de retrouver leur place dans la ville. Une membre considère effectivement que « le problème qu’il y a dans nos banlieues c’est que, nous adultes, notre place est là, mais on a peur de nos jeunes. Comment on peut avancer si on a peur de notre jeunesse ? Et cette jeunesse -là elle attend quoi ? Elle attend juste qu’on vienne lui parler, qu’on vienne vers elle, même si…même si délinquance il y a ! ». De plus, une autre membre explique son engagement dans le collectif en disant qu’« en tant qu’adulte, je devais voir qu’ils se mettaient en danger, et que nous les laissions en danger ».
Par ailleurs, cette dimension de contrôle social informel des jeunes hommes et garçons va de pair avec une volonté de promouvoir leur intégration sociale, et ce en appelant donc à « lutter contre toutes les formes de violences ». Un communiqué de Septembre 2011 invite ainsi les habitants de Villiers-le-Bel a rejoindre le collectif, assurant que plus ceux-ci seront nombreux et unis, « plus les objectifs de lutte contre la violence physique, contre les discriminations territoriales et les injustices sociales pourront se voir réaliser ». Au reste, dans un contexte d’enclavement social, économique et territorial que nous avons déjà évoqué, une des membres du collectif assimile clairement les expériences de discriminations à l’embauche ou encore de contrôles de police trop fréquents, voire abusifs ou au faciès à des violences sociales et institutionnelles.
Elle dénonce ainsi que « quand t’envoies un CV, c’est pas évident, tu vois c’est encore une violence ça. On va te dire en voyant que tu habite à Villiers, « bah on va vous rappeler » et on te rappelle jamais, c’est violent aussi ! Ou quand tu as un contrôle de police, c’est quand même violent parfois.
Tu es policier, tu fais ton boulot, tu le respectes, tu demandes ses papiers avec respect et voilà ». Cette membre ajoute alors plus tard que : « c’est pour ça que la jeunesse, elle est révoltée. Moi, je ne cautionne pas leurs actes, mais je comprends. Je comprends. Mais comme on leur dit souvent dans les réunions quand ils viennent, c’est pas en étant violent qu’on va réussir ». Une autre membre fondateur revient quant à elle sur l’offre insuffisante de transports en commun dans la ville, la mobilité urbaine constituant pourtant un facteur important d’intégration sociale. Elle témoigne ainsi que le manque de transports peut favoriser les violences dans ceux-ci ou engendrer des situations dégradantes, en indiquant que :« quand tu rentres dans le bus et que tu ne peux jamais t’asseoir, c’est violent aussi quelque part…Le bus à 7 heures du matin, il est toujours plein, et dans les deux sens. Ça veut dire que quand certains partent travailler, d’autres en reviennent pour dormir…Et qui marche tout le temps le long des rues dès qu’il n’y a pas de bus ?…Et quand ils oublient d’éteindre le panneau « retour au dépôt » quand il y a encore plein de gens transportés, bon c’est sûr, c’est des petits détails, mais des petits détails de trop dans une ville qui peut vite être énervée ».
Afin de promouvoir cette intégration sociale par la lutte contre toutes les formes de violences, le collectif a mis en place plusieurs actions en lien avec différentes institutions, sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
À la présentation du fonctionnement et des objectifs principaux du collectif du 29 Juin, il semble là aussi que l’on retrouve certains points évoqués dans nos deux premiers constats de départs théoriques exposés en première partie.
En premier lieu, cette instance de participation reste donc relativement « ascendante », dans le sens où elle est née, gérée et composée d’habitants de Villiers-le-Bel. En outre, il s’agit bien d’une instance de niveau coproductif puisqu’elle souhaite porter une partie de ses actions en partenariat étroit avec les institutions, comme nous le verrons plus en détail . Au demeurant, ce niveau de partenariat correspond bien à celui présenté dans l’échelle de la participation de Sherry Arnstein, qui se rapporte à celui de « pouvoir effectif des citoyens » où ceux-ci peuvent négocier avec les institutions.

Une instance de participation mobilisée par l’exécutif communal

Le collectif du 29 Juin est donc accompagné, et de ce fait forcément dépendant, de l’exécutif municipal, et premièrement à travers le rôle joué par la collaboratrice du Maire.
Ce poste pour le moins atypique témoigne de la volonté du Maire, suite notamment aux violentes échauffourées de 2007 de promouvoir un lien direct mais informel avec les habitants et le cas échéant d’accompagner des mouvements citoyens. La collaboratrice elle-même assure que « le poste n’était pas vraiment calibré, quelque chose qui ne renvoie pas au cadre rigide d’une institution » avant d’affirmer que « j’ai un rôle de veille sociale et puis très clairement de rapprochement entre institutions et citoyens, ça a été clair dès le départ ».
Concernant l’appui au collectif du 29 Juin, la collaboratrice du Maire rapproche son rôle de celui « d’organisateur de communauté » . Il s’agit ainsi d’aider les citoyens à s’organiser et à défendre leur objectifs communs, la collaboratrice insistant notamment sur son « médiatraining » des leaders du collectif : « voir avec elles comment on s’adresse à la presse, comment tu travailles ton message, quel canal de diffusion tu souhaites choisir : est-ce que tu es sur du local, du régional, du national… ». En outre, si les leaders du collectif sont déjà expérimentés , il s’agit aussi de leur apporter une aide logistique concrète pour les soulager de ces tâches.
De plus, il faut noter que le terme d’organisateur de communauté ressort aussi des lectures d’auteurs tels que Saul Alinsky, et de conversations avec des universitaires tels qu’Anne Wyvekens ou Jacques Donzelot, que la collaboratrice du Maire, originaire de Villiers-le-Bel a pu avoir. En outre, ce terme ressort encore de son expérience passée de directrice de centre social, qu’elle considère comme un très bon outil d’organisation des communautés, « pertinent pour porter les préoccupations, les revendications des habitants. Très clairement, je ne vivais pas le centre social autrement que comme un outil politique aux mains des habitants ».
Par ailleurs, une membre fondateur du collectif remarque que celui-ci est « peut être dépendant logistiquement envers la ville », une autre ajoutant « sur les réservations de salle ou de matériel par exemple » avant de rappeler que « nous n’avons pas besoin de tellement de moyens non plus de toute façon ». De plus, le collectif n’étant pas monté en association, il ne peut toucher de subventions, cependant une membre du collectif signale que « la mairie a prévu une ligne budgétaire pour des actions impromptues, pour qu’ils puissent avoir des moyens si les habitants en ont besoin pour financer un pot, ou la rémunération d’un intervenant ».

Des rapports sociaux de sexe locaux influant sur la composition du collectif du 29 Juin

Une présence quasi-exclusive de mères de famille

Il est donc constaté que les leaders du collectif du 29 Juin sont exclusivement des femmes et comme nous allons le voir à présent, il s’agit surtout de femmes ayant une activité professionnelle ou associative dans le champ du social, médical ou encore de l’éducation. Or, ces secteurs d’activité réunissent en France principalement des femmes. Cette sur-représentation de femmes, venant en outre de secteurs traditionnellement féminins, influe donc semble-t-il sur la décision des hommes de rejoindre ce collectif, ce d’autant plus dans le contexte spécifique des rapports sociaux de sexe que l’on retrouve dans les quartiers d’habitat social . Les hommes et notamment les pères de famille peuvent éventuellement penser que ce collectif serait implicitement réservé aux femmes et mères de famille notamment au vu des façons d’agir de ses membres, sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
De plus, les membres du collectif reconnaissent que le fait de rejoindre ce collectif « ne doit pas être évident, pas facile » pour un homme, pouvant même être « intimidant ».
Les deux leaders principales du collectif sont donc respectivement une présidente d’association œuvrant pour les femmes en grande difficulté et une directrice artistique de compagnie de théâtre locale.
L’association, implantée à Villiers-le-Bel depuis une trentaine d’années tente ainsi de favoriser l’insertion des femmes et de lutter contre les violences leurs étant faites, mais aussi, pour les primo arrivantes, de permettre l’apprentissage du français et des droits et devoirs de la République.
La compagnie de théâtre, elle-aussi implantée à Villiers-le-Bel depuis longtemps et en « résidence de création » depuis près de dix ans, réalise des créations artistiques et actions culturelles en lien étroit avec les habitants et notamment la jeunesse beauvillésoise. Ces deux membres fondateurs, aux caractères différents mais complémentaires, sont donc les grandes figures du collectif. Fortes d’une grande expérience professionnelle et associative, elles ont donc développé un capital social local important, notamment avec les institutions.

Une composition du collectif s’expliquant par la dépaternalisation relative des quartiers d’habitat social

De fait, les membres du collectif du 29 Juin se posent souvent la question « mais ils sont où les papas ? », une membre fondatrice évoquant notamment « je me rapelle lors d’une marche, je me vois interpeler les papas en leur disant « mais vous êtes où ? Pourquoi y a que nous, les femmes, dans la rue ? » ». La plupart des membres ont d’ailleurs du mal à se l’expliquer ou ne se l’explique pas.
Toutefois, la collaboratrice du Maire note que des pères de famille se sont investis dans certaines actions du collectif, prenant le rôle de « petites mains » notamment à l’occasion d’une marche contre la violence organisée par le collectif « où ils prenaient les barrières, ils faisaient la sécurité, ils organisaient le point de ravitaillement, ils s’occupaient des petits jeunes qui ne voulaient pas rentrer dans la manifestation ». Selon elle, les pères investis préfèreraient donc « fonctionner sur un mode « on vous aide » plutôt que de se dire « nous aussi on intervient au premier plan, on a notre mot à dire ».
Il semble alors intéressant de rappeler le contexte local de Villiers-le-Bel, marqué comme nous l’avons vu par un fort taux de chômage et de précarité de l’emploi. Par ailleurs, on retrouve aussi dans cette ville une forte proportion de familles monoparentales, avec un taux de monoparentalité local de 22,5%, dont 19,6% de femmes seules avec enfant(s), soit des pourcentages près de trois fois supérieur au niveau national.
Il apparaît alors que cette quasi-absence des pères de famille au sein du collectif du 29 Juin puisse en partie s’expliquer par le phénomène de « dépaternalisation » relative dans les quartiers d’habitat social, que nous évoquions en première partie.

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Table des matières

Introduction
Partie I : La participation coproductive des habitants en matière de sécurité publique dans le cadre des rapports sociaux de sexe et de la réorganisation de la régulation sociale au sein des quartiers d’habitat social
Chapitre I : Définition des termes principaux
Chapitre II : Limitations et apports possibles d’une participation coproductive des habitants en matière de sécurité publique
Section 1 : Un contexte français défavorable à une participation coproductive
Section 2 : Les réticences et les risques liés à une participation coproductive en matière de sécurité publique
Section 3 : Les apports possibles d’une participation coproductive en matière de sécurité publique
Chapitre III : Une réorganisation de la régulation sociale au sein des quartiers d’habitat social mobilisable par les institutions publiques
Section 1 : Les analyses classiques d’explication de la délinquance par l’anomie urbaine et la baisse du contrôle social informel
Section 2 : Une réorganisation locale de la régulation sociale profitable aux institutions face aux insuffisances des mécanismes modernes d’intégration et de contrôle social
Chapitre IV : L’influence des rapports sociaux de sexe locaux sur les trajectoires délinquantes des jeunes hommes
Section 1 : Description des mécanismes et conséquences du contrôle social sexué au sein des quartiers d’habitat social
Section 2 : Un contrôle social sexué et une injonction à la virilité comme quête de reconnaissance des jeunes hommes en réponse à leur exclusion sociale
Section 3 :Un contrôle social sexué et des trajectoires délinquantes renforcées par la peur de l’émancipation féminine
Section 4 : Un rapport défaillant aux pères et grands-frères encourageant les trajectoires délinquantes des jeunes hommes
Partie II : L’influence de la réorganisation de la régulation sociale et des rapports sociaux de
sexe à Villiers-le-Bel dans l’émergence et la composition du collectif du 29 Juin
Chapitre I : Une expérience de participation s’inscrivant dans une réorganisation locale de la régulation sociale
Section 1 : Un contexte et historique local contribuant à l’émergence du collectif du 29 Juin
Section 2 : Un collectif informel s’inscrivant dans la réorganisation locale de la régulation sociale
Section 3 : Une instance de participation mobilisée par l’exécutif communal
Chapitre II : Des rapports sociaux de sexe locaux influant sur la composition du collectif du 29 Juin
Section 1 : Une présence quasi-exclusive de mères de famille
Section 2 : Une composition du collectif s’expliquant par la dépaternalisation relative des quartiers d’habitat social
Section 3 :Un statut maternel sur-valorisé comme conséquence de la dépaternalisation légitimant les membres du collectif
Partie III : L’influence du collectif du 29 Juin sur le développement de la cohésion sociale et sur les rapports sociaux de sexe à Villiers-le-Bel
Chapitre I : L’action du collectif du 29 Juin en faveur de la cohésion sociale à Villiers-le-Bel
Section 1 : Des partenariats et coproductions avec les institutions publiques locales
Section 2 : Les multiples apports des actions partenariales du collectif du 29 Juin
Section 3 : Le collectif du 29 Juin comme acteur de la réorganisation locale de la régulation sociale
Chapitre II : Les incidences de l’action du collectif du 29 Juin sur les rapports sociaux de sexe à Villiers-le-Bel
Section 1 : Une réappropriation de l’espace public et un symbole d’émancipation féminine
Section 2 : Un soutien au retour des pères et à l’intégration sociale des jeunes hommes
Conclusion
Bibliographie

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