Limitation des risques du transport grâce au conditionnement

Nature et sensibilité des pièces d’orfèvrerie prochainement exposées

Les pièces du Trésor en partance pour le Louvre ont été, durant leur vécu, confrontées à des facteurs d’altérations. Lors de leur prochain déplacement, elles seront potentiellement exposées à certains de ces risques ce qui pourrait avoir de graves conséquences. Les objets ont des sensibilités propres aux dégradations qui dépendent de leur matériau de constitution et de leur technique de fabrication.

Toutefois, certaines altérations sont générales et ne dépendent pas de la nature de l’objet. Ainsi, il n’est pas question ici de décrire toutes les sensibilités des matériaux, mais uniquement les facteurs d’altérations qui ont eut un réel impact sur les objets du Trésor. Dès lors, les risques qu’ils engendrent sur l’objet sont brièvement présentés et ses conséquences visibles sur des pièces du Trésor sont décrites. De cette manière nous connaissons des risques que le conditionnement doit limiter lors du transport afin d’en assurer la conservation de l’objet.

Polluants et hygrométrie inadaptée Les dix-neuf objets sont tous constitués de métaux, notamment d’or, d’argent, d’argent partiellement doré, de vermeil et d’alliages cuivreux. Des phénomènes de corrosion peuvent se produire sur les métaux en présence d’air et d’eau. Une hygrométrie élevée a plus de 65% encourage ce type de dégradation. L’or grâce à son haut potentiel de réduction y est très résistant. L’argent et les alliages cuivreux sont plus sensibles à ces phénomènes. En présence de composés organiques volatils comme l’acide acétique et formique, de chlorures présents dans la sueur, ainsi que de gaz sulfureux comme le sulfure d’hydrogène, le sulfure de carbonyle ou de soufre élémentaire, l’argent et les alliages cuivreux se ternissent. Des produits de corrosion recouvrent alors la surface du métal et engendrent une décoloration. Cette réaction d’oxydation est d’autant plus encouragée si le métal est exposé à de fort taux hygrométrique. Or, le Trésor a été confronté durant son existence à un environnement où l’hygrométrie était parfois trop élevée, comme le révèle une étude climatique menée en 2001-2002. Les principaux phénomènes de corrosion observés sur les objets du Trésor sont des ternissures des alliages d’argent . Une corrosion par piqûre est visible sur le reliquaire de la Sainte Epine. Des dépôts blanchâtres issus d’anciens produits de nettoyage sont attestés sur certains objets. Sur des assemblages, des clous en argent ont été remplacés par d’autres en alliage cuivreux où des produits de corrosion de couleur verte se sont développés. Ainsi, les principaux facteurs d’altérations du métal constituant les dix-neuf pièces du Trésor proviennent des polluants et du taux d’hygrométrie inadapté.

Evaluation du niveau de risque des différentes phases du transport

Selon Robert Waller, un risque est un événement qui implique des conséquences néfastes sur un bien culturel. Il est caractérisé par deux éléments soit : sa probabilité de survenance et ses conséquences néfastes sur l’objet. Les risques qui peuvent survenir lors d’un transport sont les suivants : les chocs et les vibrations, les variations hygrométriques, les polluants, le vol et l’accident. La conséquence d’un accident est le choc. Contrairement à une manipulation qui entraine généralement un choc vertical, les chocs qui surviennent suite à un accident peuvent aussi être horizontaux, à cause des virages. La température n’est pas considérée ici comme un facteur d’altération, car elle n’a pas d’effet propre sur les objets lorsqu’elle est comprise entre 0°C et 35°C. Toutefois, elle a un impact sur l’hygrométrie dans un milieu fermé, raison pour laquelle son influence est prise en compte dans le risque « variations hygrométriques ».

Des tableaux sont présentés dans le but d’évaluer le niveau de risque du transport, soit les chocs et les vibrations, les variations hygrométriques, les polluants et le vol. Il est tout d’abord nécessaire de rassembler les étapes de même ordre, comme celles du chargement et du déchargement. Les phases emballage et déballage ont été regroupées, car les risques qui leur sont associés sont identiques, même si une distinction intervient lors du déballage car à ce moment, l’objet n’est pas clairement visible. La probabilité de survenance de chacune de ces phases est ensuite évaluée ainsi que leurs conséquences sur l’objet.

Critères de choix des matériaux

En conservation, il est recommandé d’utiliser des matériaux de conditionnement qui soient compatibles avec les objets. Différents éléments sont pris en compte afin de juger correctement la compatibilité du matériau dans un contexte précis, comme la durée du transit du Trésor jusqu’au Louvre. Le temps de cohabitation des matériaux et des objets est très restreint et temporaire. On compte environ sept heures de trajet et vingt-quatre heures de temps d’acclimatation aux caisses avant leur ouverture. En comptant l’aller et le retour des objets, le temps total de contact avec les matériaux de conditionnement est de soixante-deux heures. Ce moment relativement court permet d’être plus souple dans le choix de certains matériaux, comme les matériaux de calage et les isolants. Les matériaux utilisés ne doivent pas émettre de polluants qui pourraient accélérer la dégradation des objets métalliques dans un milieu fermé, même si leur durée de cohabitation est courte. Toutefois, si une autre solution n’est pas envisageable, il est alors nécessaire d’utiliser des coupes-vapeur ou des matériaux absorbeurs de polluants qui protègent les objets. Dans le choix de matériaux de calage adaptés aux objets du Trésor, la Règle à calcul de l’Institut canadien de conservation (ICC) ainsi que le logiciel PadCAD se sont avérés utiles . Un autre facteur à prendre en compte pour établir les critères de choix des matériaux est leur niveau de proximité avec les objets. Il est impératif que les matériaux en contact direct avec le Trésor soient propres, chimiquement et physiquement stables, neutres et non abrasifs.

Proposition et conception du conditionnement

Les décors, tels les crochets et les tours du pinacle dépassent de l’objet. Ceci entraine une certaine complexité car ces éléments peuvent facilement s’accrocher voire même s’arracher. Pour le transport, il est nécessaire que la crosse soit en position horizontale, à cause de la répartition de son poids. Celui-ci est concentré sur deux zones. La première se trouve au niveau de la douille et la seconde comprend toute la surface du crosseron jusqu’à la volute. Ainsi, lorsque l’objet est soulevé en position horizontale, la répartition du poids est bien équilibrée entre ces zones. De plus, le pinacle est léger, il n’est pas problématique de ne pas le faire entièrement reposer sur la mousse. L’objet est placé dans de la mousse de polyuréthane creusée à son profil et recouverte de Tyvek®.

Suffisamment d’espace est laissé entre l’objet et la caisse. La mousse est installée dans une caisse en contreplaqué d’épicéa de 12 mm d’épaisseur.

La Règle à calcul de l’ICC indique que 100 mm d’épaisseur de mousse de polyuréthane est nécessaire pour protéger efficacement l’objet des chocs durant le transport. Une deuxième plaque de mousse de 100 mm est ajoutée à cette première. Cette deuxième plaque est creusée à la contre-forme de l’objet et suffisamment excavée au niveau du pinacle pour qu’il n’y ait pas de contact. Ces points de contact se situent sous la douille et sous le crosseron. Il a été remarqué que la pression exercée par l’objet au niveau de la douille était trop forte, si bien que le polyuréthane ne la retient pas assez. Cette partie a été renforcée avec de la mousse de polyéthylène Ethafoam® qui est plus rigide que le polyuréthane.

De cette manière les parties de l’objet en contact avec le conditionnement sont suffisamment soutenues par les deux types de mousse et l’affaissement du calage est réduit.

Constat d’état ciblé pour le conditionnement

L’état de conservation général de la statue équestre est bon. L’objet a été dernièrement restauré par traitement électrolytique et consolidé. Toutefois, un affaissement du socle est notable au niveau des figurines car celles-ci doivent supporter les 3.882 kg de la statue. Elle a déjà fait l’objet de réparations. Des dégâts importants sont survenus à la suite d’une chute. Les pattes étaient assemblées par rivetage au socle et le choc a entrainé une modification de leur position. Afin de réparer l’objet, des soudures à l’étain ont été faites à plusieurs endroits. Les quatre pattes du cheval ont été soudées au niveau des articulations des épaules. Comme leur position n’était plus d’origine, il n’était peut-être plus possible de les replacer correctement sur le socle. Ainsi, les pattes ont été soudées dans une mauvaise position. Cela a comme conséquence que les sabots ne sont plus à leur place d’origine sur la base du socle. Ils ont également été refixés par des petites soudures.

Suite à ces anciennes réparations, la statique de l’objet est à présent discutable. Les différentes parties constituant l’objet ne s’emboitent plus correctement. Sans mouvement, toutes les parties de l’objet sont solidaires. Certains éléments ne doivent pas être trop sollicités comme le caparaçon car il n’épouse pas parfaitement le corps du cheval et la base du socle en argent car elle est très souple.

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Table des matières

Introduction générale 
Contexte
Contrat de prêt
1. Présentation des pièces du Trésor de l’Abbaye de Saint-Maurice exposées à Paris 
1.1 Identification des valeurs culturelles et financières des objets en partance
1.2 Nature et sensibilité des pièces d’orfèvrerie prochainement exposées
2. Présentation du transport
2.1 Réglementation et modalités douanières
2.2 Caractéristiques du transport
2.3 Parcours des objets et identification des phases du transport
2.4 Evaluation du niveau de risque des différentes phases du transport
2.5 Le transport
3. Conditionnement des pièces
3.1 Exigences du contrat de prêt
3.2 Le principe de la double caisse
3.3 Critères de choix des matériaux
3.4 Choix des matériaux
3.5 Limitation des risques du transport grâce au conditionnement
3.5.1 Les chocs et les vibrations
3.5.2 Les variations hygrométriques
3.5.3 Les polluants internes et externes
3.5.4 Les accidents
3.5.5 Les vols
3.6 Répartitions des objets dans les caisses internes
3.7 Propositions de caisse de transport
3.7.1 Quatre caisses de transport
3.7.2 Recommandations
3.7.3 La signalétique des caisses
3.7.4 Positionnement et arrimage des caisses
4. Deux cas précis de conditionnement spécifique
4.1 Crosse dite « de Félix V »
4.1.1 Présentation de l’objet
4.1.2 Constat d’état ciblé pour le conditionnement
4.1.3 Proposition et conception du conditionnement
4.2 Statue équestre de saint Maurice
4.2.1 Présentation de l’objet
4.2.2 Constat d’état ciblé pour le conditionnement
4.2.3 Proposition et conception du conditionnement
Synthèse / Discussion 
Conclusion générale

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