L’image et la ressemblance : interprétations

L’image et la ressemblance : interprétations

LA PÉRIODE DE CONSULTATION

Durant la période de consultation (Pentecôte 1959 – Pentecôte 1960), la commission anté-préparatoire, composée de dix membres provenant de tous les dicastères de la Curie et ayant débuté son travail lors de sa première réunion à la fin du mois de mai 1959, lança trois consultations : une consultation de tous les futurs pères conciliaires (tous les évêques et supérieurs religieux), une consultation des préfets des Congrégations romaines et une consultation des universités et facultés catholiques de théologie. Parmi les réponses données dans ce cadre très large, d’Ornellas indique deux prises de position concernant la doctrine de l’imago Dei, toutes les deux mentionnant ce thème dans le contexte de la dignité de l’être humain : d’une part celle du cardinal Julius Döpfner, archevêque de Munich et de Freising, avec trente évêques allemands, d’autre part celle de Karol Wojtyła, alors évêque auxiliaire de Cracovie ; les deux proposent d’intégrer explicitement, en le citant, le texte de la Genèse concernant la création de l’homme à l’image de Dieu

LA PÉRIODE PRÉPARATOIRE

À la fin de la période de consultation, la commission anté-préparatoire fut remplacée par douze commissions préparatoires. La période préparatoire (novembre 1960 – juin 1962) se divise en deux parties. Durant la première partie (novembre 1960 – juin 1961), les commissions spécialisées élaborèrent plusieurs textes. Durant la deuxième partie (juin 1961 –juin 1962), la commission centrale examina ces textes et les approuva après corrections
De ordine morali
La sous-commission de la commission de théologie élabora un premier projet intitulé De ordine morali individuali en sept chapitres. La dignité humaine y est mise en relation avec la création de l’homme à l’image de Dieu. Divers aspects de la dignité humaine sont évoqués, mais sans être encore liés entre eux. Et d’Ornellas de conclure : « L’avant-projet […] utilise l’affirmation biblique de l’homme créé à l’image et la ressemblance de Dieu et lie ensemble liberté et dignité de la personne humaine »
De ordine sociali et De communitate gentium
Le De ordine sociali et le De communitate gentium, élaborés par la commission théologique préparatoire, sont deux textes que l’on peut considérer comme des annexes du De ordine morali. La commission centrale ne les a pas traités. Le De ordine sociali mentionne dans les premières lignes la doctrine de l’imago Dei. D’Ornellas a trouvé dans les archives de Ph. Delhaye que c’est à Y. Congar que l’on doit cette affirmation anthropologique initiale. Selon cette source, Y. Congar avait déjà posé en 1960, lors d’une intervention à un congrès, la théologie de l’imago Dei comme fondement anthropologique de toute la morale.
Au début de ce schéma, le thème de l’imago Dei est mentionné pour souligner que c’est la personne humaine qui est la fin de toute vie sociale.

LA PÉRIODE CONCILIAIRE

La période conciliaire s’étend sur un peu plus de trois ans, depuis l’ouverture du Concile le 11 octobre 1962 jusqu’à sa clôture le 8 décembre 1965. Concernant « l’Église [considérée] sous le rapport de sa vitalité ad extra », la commission théologique prépara divers schémas (De ordine morali ; De castitate, virginitate, matrimonio, familia ; De ordine sociali ; De communitate gentium) et les transmit à la commission centrale préparatoire qui les examina (sauf le De ordine sociali et le De communitate gentium) et les amenda. C’est ainsi que ces schémas furent envoyés aux pères conciliaires au mois de juillet 1962, avec tous les autres schémas issus de la période préparatoire. Aucun de ces textes ne fut traité durant la première session du Concile. En effet, c’est seulement à partir de la troisième session conciliaire que le schéma de la future constitution pastorale fut discuté en aula conciliaire. De là provient aussi la difficulté de suivre les traces du développement de la doctrine de l’imago Dei dans les travaux des commissions conciliaires effectués entre les diverses sessions conciliaires.

Critiques du De ordine morali

Avant de passer à l’analyse de la rédaction du schéma XVII, d’Ornellas propose d’examiner les critiques de plusieurs théologiens concernant le De ordine morali. Il est utile d’en relever trois qui abordent le thème de la présente recherche. D’abord est mentionné Bernhard Häring qui sera expert au Concile. Il souligna, dans son analyse de la fin du mois de mars 1963, la nécessité d’un fondement ontologique de l’ordre moral, en précisant que ce fondement ne doit pas être constitué uniquement par la volonté de Dieu. Dans cette optique ontologique, il mentionna le thème de l’imago Dei, sans détailler cependant en quoi celui-ci consiste précisément.
Parmi les critiques, d’Ornellas mentionne également celle de Marie-Joseph Le Guillou qui participera également au Concile en tant qu’expert. Celui-ci développa une « morale du bonheur et des vertus, basée, à la suite de s. Thomas d’Aquin, sur le thème de l’homme créé à l’image de Dieu ». Ce théologien proposa notamment de « partir […] de la notion de l’homme image de Dieu, appelé à reproduire l’Image du Fils (Rm 8), ce qui implique la loi nouvelle ».

La deuxième session du Concile

Lors de la deuxième session du Concile (29 septembre – 4 décembre 1963), on avait donc deux textes à disposition : le schéma XVII (mai 1963) ainsi que le texte de Malines (septembre 1963). Il semble bien que ces textes ne furent pas discutés directement en assemblée plénière des pères conciliaires, mais uniquement mentionnés à l’occasion de discussions sur d’autres textes. C’est seulement vers la fin de la deuxième session, durant la seconde moitié du mois de novembre 1963, que le texte de Malines fut envoyé « à toutes les personnes intéressées ». La commission mixte se réunit vers la fin du mois de novembre 1963, avec une cinquantaine d’experts afin de déterminer la suite des travaux après la deuxième session. Lors de cette réunion, « on reconnaissait qu’il [le texte de Malines]
marquait un progrès par rapport au chapitre doctrinal du schéma précédent, celui sur la vocation de l’homme, car il avait élargi son angle visuel théologique sur les rapports entre l’Église et le monde ». On décida d’élire une sous-commission centrale, composée de quelques membres de la commission doctrinale et de la commission de l’apostolat des laïcs.
Cette sous-commission fut chargée de rédiger un nouveau texte sur la base des deux textes existants et en intégrant les observations et suggestions de quelques Pères.

Le texte de Zurich

Du 30 décembre 1963 jusqu’à la mi-janvier 1964, un comité restreint de cette souscommission centrale rédigea une nouvelle ébauche du schéma. « L’une des idées maîtresses, mais pas la seule, de l’exposé destiné à présenter les principes qui devaient être en quelque sorte l’âme du dialogue de l’Église avec le monde, devait être la dignité de la personne humaine et sa promotion à tous les niveaux ». Pour le moment, on gardait le même titre : De praesentia activa Ecclesiae in mundo aedificando. Y étaient prévues aussi des annexes, dans lesquelles on pensait développer plus largement les divers problèmes actuels. Cette ébauche, de laquelle le thème de l’imago Dei avait quasiment disparu, fut discutée et modifiée lors de la réunion de la sous-commission centrale (avec quelques experts) à Zurich au début du mois de février 1964. Au cours du mois de mars 1964, le texte fut travaillé et amendé par la commission mixte, puis il passa par la sous-commission centrale à la fin du mois d’avril 1964 avant d’être à nouveau retravaillé par la commission mixte (début juin 1964). Durant cette séance de travail de la commission mixte, on a constaté que « le thème biblique de l’imago Dei n’est pas assez exploité ».

 

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Table des matières

Introduction.
Première partie : L’imago Dei dans l’évolution rédactionnelle de Gaudium et Spes
1. La période de consultation
2. La période préparatoire 
2.1. De ordine morali
2.2. De ordine sociali et De communitate gentium
3. La période conciliaire
3.1. Critiques du De ordine morali
3.2. Un premier texte : le schéma XVII
3.3. Le texte de Malines
3.4. La deuxième session du Concile
3.5. Le texte de Zurich
3.6. Discussions conciliaires, troisième session
3.7. Le texte d’Ariccia
3.8. Discussions conciliaires, quatrième session
3.8.1. Première discussion du schéma constitutionis pastoralis
3.8.2. Deuxième discussion du schéma constitutionis pastoralis
4. L’imago Dei dans le texte final de Gaudium et Spes
4.1. L’imago Dei dans Gaudium et Spes 12
4.2. Les autres mentions de l’imago Dei dans Gaudium et Spes
Deuxième partie : Questions d’interprétation et de réception
1. L’image et la ressemblance : interprétations
2. Différents aspects de l’imago Dei et leur ordre
2.1. Trois aspects majeurs de l’imago Dei
2.1.1. Capacité de connaître et d’aimer Dieu
2.1.2. L’intendance responsable du monde créé
2.1.3. La communion interpersonnelle humaine
2.2. L’ordre de ces trois dimensions
Conclusion

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