L’image de deux agences d’architecture 

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L’architecte «constructeur»

Ainsi, au XVIIIe siècle, le savoir-faire des artisans était l’intérêt direct que voulait l’Etat, c’est pour cela qu’il encourageait souvent les inventions des inventeurs. En effet, comme le disait Daniel Roche, «l’artisan inventif » est considéré comme un « héros social »8 pendant le siècle des Lumières.
Depuis, des écoles gratuites de dessins publiques ou intégrées à des manufactures ont été créés dans les années 1760. Ainsi, les élèves maçons et charpentiers avaient accès à l’enseignement de la géométrie et de l’architecture. A cette même période, avec l’insistance de Boullée d’exposer sa vision esthétisante de l’architecture, les peintres qui cherchent à imposer leur statut intellectuel puis d’artiste, et les architectes qui tiennent à se différencier des entrepreneurs, un mouvement se met en place. Un mouvement qui tient à décloisonner les arts libéraux et mécaniques.
C’est alors que le mot « constructeur » voit le jour, dans le dictionnaire de Quatremère de Quincy, ce nouveau mot désignant « un architecte savant dans la théorie et dans la pratique de l’art de bâtir, marque l’émergence d’une nouvelle catégorie d’artistes » 9. Ainsi ces « constructeurs » se confondent avec l’architecte, les experts, les inspecteurs et les contrôleurs. Une chose qui ne facilite encore moins, voire pas du tout la volonté des architectes de s’imposer en tant qu’architectes et rien d’autre.
Cependant, avec la montée de la construction, différents corps de métier voient le jour en termes d’organisation, de coordination et de contrôle de chantiers. En effet, « le monde du bâtiment était divisé en deux : d’un côté les théoriciens de la construction à l’origine de l’avènement de la technique moderne, mathématiciens, physiciens, ingénieurs et les savants architectes, de l’autre ceux qui conduisaient et surveillaient l’exécution des bâtiments, les entrepreneurs et les artisans ». Le statut de l’architecte reste « ambigu »10 puisque la différenciation entre entrepreneurs et praticiens ne reste toujours pas nette. Etant donné que la naissance de l’architecte libéral date de la Renaissance, les architectes ne sont plus associés à des communautés, mais par contre il reste toujours difficile de les différencier des entrepreneurs. D’ailleurs, à la fin du XVIIIe siècle, Pierre Jaubert écrit : « Quoiqu’il y ait beaucoup de différence entre l’architecte et le maître maçon, l’un exerçant un art libéral, et l’autre seulement un métier, on les confond cependant souvent ensemble, à cause que les uns et les autres peuvent être également reçus parmi les architectes-experts-jurés du roi, créés par les édits du mois de mai 1690 »11 .
Ce nouveau métier aussi des architectes-experts sont chargés du contrôle de la construction. Et c’est donc les maîtres artisans qui avaient seuls à l’époque le droit de signer un contrat de construction prendront le titre d’« architecte expert bourgeois », mais à condition de renoncer à l’entreprise. Ces maîtres artisans composaient la première classe de l’Académie d’architecture créée en 1671 par Colbert, et dans la seconde classe, les architectes « qui faisaient entreprise ». C’est ainsi qu’une première distinction entre architectes et entrepreneurs fut réalisée.
Par ailleurs, d’autres architectes « se posent en artistes, ils réclament le statut d’artiste pour se distinguer des entrepreneurs et des gens d’affaires », une solution que les architectes ont dû adopter jusqu’au XIXe siècle. Mais cela ne change pas le fait que la profession d’architecte démontre une duplicité dans sa pratique. On reconnaît le côté conceptuel et le côté exécutif du métier d’architecture. D’ailleurs, Quatremère de Quincy pointait le caractère hybride qui définit cet art : « deux natures en quelques sortes ennemies, ou du moins sans union, ni rapport direct qui les lient » et il cite d’un côté « la science de la construction », et de l’autre « la connaissance de belles proportions ».
Mais malgré cette dualité de la profession d’architectes, de nombreux personnages marquants ont revendiqué la difficulté des architectes dans les domaines de la construction. Rondelet qui se présentait comme un spécialiste de la construction, membre de la société des inventions. Dans ses lettres et écrits, il se montre revendicatif et critique par rapport à l’ « inexpérience des architectes » en matière de construction. Mais aussi « l’abus consistant à négliger la distribution et la construction pour se livrer exclusivement à la décoration »12 . Il rajoute que « la plupart des architectes modernes étant plus décorateurs que constructeurs», ici il remet en cause la véritable mission de l’architecte. Décrit comme un décorateur, une sous-estimation de son statut, et il affirme aussi que ce dernier « lorsqu’il se trouve chargé de l’exécution de quelques édifices importants, il [est] indécis sur les moyens ; il change et varie sans cesse, en faisant faire et refaire plusieurs fois un même ouvrage, sans parvenir à se satisfaire [lui]-même ». Voilà ici une caractéristique du métier d’architecte qui n’a sûrement pas été modifiée jusqu’à nos jours : la recherche de perfection, par la réitération, de faire et refaire la conception d’un ouvrage fait partie des rôles de l’architecte, jusqu’à trouver une solution adéquate à son problème. Or, dans ses textes Rondelet énonce que les architectes « finissent par se confier à des entrepreneurs qui ne cessent de leur tendre des pièges ». On retrouve une certaine incohérence dans l’évolution de la profession d’architecte ou du moins dans les nominations qu’il a pu porter, puisqu’au début il était considéré comme un constructeur, puis un entrepreneur, et au moment où il commence à admettre son réel statut d’architecte, il commence à se tourner et se diriger vers les entrepreneurs pour finaliser sa propre conception et trouver des solutions aux problèmes de son ouvrage.
Il ne faut pas oublier tout de même que Rondelet blâme le goût des artisans pour « la difficulté d’exécution»13. En effet, il défendait l’esthétique de l’ouvrage au détriment des difficultés qui peuvent être rencontré au moment de l’exécution, comme il dit « un constructeur qui a du goût doit toujours préférer la beauté de la forme à tout ce qui n’a de mérite que par la difficulté de l’exécution » .
Enfin, nous pouvons conclure que le débat de « l’hybridation des compétences » que Guy Tapie a cité concernant la profession d’architecte, est un débat qui a commencé il y a des siècles et ne cesse d’alimenter des débats récents du XXIe siècle. Les avis d’architectes de l’époque étaient tellement divers et unanimes à la fois, qu’on s’y perd facilement. D’ailleurs une des citations d’Abel Blouet, ne m’éclaircit certainement pas : « l’architecture, c’est la construction ; la construction, c’est l’architecture »14 .

Le grand prix de Rome

Cependant avec la création de l’Ecole Nationale Supérieure de Beaux-Arts, les architectes se sont un peu plus retrouvés dans le domaine qui leur semble légitime, un domaine artistique qui les aident à se préparer pour le prix de Rome. Un enseignement critiqué par certains, puisqu’étant plus centralisé sur les activités artistiques et théoriques, il délaisse la pratique dont ont besoin les architectes pour être opérationnels sur le terrain.
Pour cela, grand nombre de professeurs ont voté pour l’imposition d’un décret retirant à l’Institut ses prérogatives sur l’organisation et le jugement du concours du prix de Rome.
Cette nouvelle réforme retirant la tutelle du grand prix à l’Académie prend effet en 1863.
Un siècle après avec la suppression du département Architecture de l’école NSBA, le prix de Rome a été définitivement supprimé en 1968 par André Malraux. Aucun lien n’existe entre l’Institut de France et l’Académie de France à Rome.
En effet, la suppression de ce département marque la fin d’une institution dont le dispositif pédagogique était copié dans de nombreux pays au XIXe et XXe siècle. Mais à la fois, il a donné forme à une tradition pédagogique de l’enseignement de l’architecture. Un enseignement doté de valeurs fondamentales qui n’ont pas été oublié, et qui restent incluses dans l’enseignement donné aujourd’hui même dans les écoles d’architecture.
Un enseignement basé sur la conception, « l’activité du projet traverse toute la scolarité depuis le concours d’admission jusqu’au grand prix de Rome »15 .
En effet, la suppression de ce département marque la fin d’une institution dont le dispositif pédagogique était copié dans de nombreux pays au XIXe et XXe siècle. Mais à la fois, il a donné forme à une tradition pédagogique de l’enseignement de l’architecture. Un enseignement doté de valeurs fondamentales qui n’ont pas été oublié, et qui restent incluses dans l’enseignement donné aujourd’hui même dans les écoles d’architecture.
Un enseignement basé sur la conception, « l’activité du projet traverse toute la scolarité depuis le concours d’admission jusqu’au grand prix de Rome » . Celui-ci représente le coeur du travail de l’architecte. D’ailleurs, au moins sur ce point, les architectes sont unanimes pour dire que le noyau de leur compétence professionnelle est la capacité « à faire projet »16 .
Après avoir survolé quelques évènements historiques qui ont marqué l’évolution de la profession et la pratique de l’architecture. Aussi, le regard de la société posé sur l’architecte a également connu une modification au fil du temps. Certains sociologues et historiens définissent cette « conception du rôle de l’architecte [comme étant] de plus en plus à mal par l’évolution socio-économique »17 , des paroles de Bernard Marrey, qui soulignent les nouvelles préoccupations de la profession d’architecte. En effet, de nos jours, le rôle de l’architecte devient « rassembler les compétences et les faire travailler ensemble, tout en gardant une vision synthétique du projet ». Une nouvelle définition du rôle de l’architecte qui nous confirme qu’il « ne produit pas seul » 18. Il s’agit ici d’un nouveau tournant dans la pratique de l’architecture.

Avoir le droit de construire

Tout d’abord, l’activité du projet se voit telle « une démarche d’actions » qui réclame une organisation spécifique d’acteurs. Cela veut bien évidemment dire qu’aujourd’hui l’architecte n’est plus le seul à produire un ouvrage, il travaille dans un cadre « pluridisciplinaire ou interprofessionnel ».
La profession d’architecture est en continuelle mutation et évolution, puisque celle-ci se voit modifiée tout au long des années. Une certaine adaptation de la part des architectes est requise, notamment de nouvelles compétences sont exigées.
Ici, on parle de nouvelles préoccupations du XXe et XXIe siècle apparaissent, et ne cesseront d’apparaître. Elles concernent les professionnels de l’aménagement :
– Haute qualité environnementale (HQE)
– Désamiantage
– Réhabilitation du bâtiment ancien
– Gestion de contraintes d’insertion
– Développement de la consultation des habitants.
Ces nouvelles préoccupations ouvrent de nouveaux champs de métiers pour les plus passionnés par l’art de la construction et de l’aménagement. Elles créent de nouvelles professions dans le processus de production des ouvrages.
Cependant, il ne faut pas oublier que seul l’architecte possède le total droit de construire, un droit qui lui est attribué grâce à ses longues années d’étude dans une école d’architecture. L’admission y est de plus en plus difficile, au point que les plus passionnés essaient de trouver des équivalences qui mènent au même grade. Mais le statut d’architecte n’est délivré que par une école nationale supérieure d’architecture. « les  architectes DPLG (diplômé par le gouvernement), DESA (diplômé de l’ESA, école spéciale d’architecture), seule formation privée habilitée à délivrer un titre d’architecte er DENSAIS (diplômé de l’ENS des arts et industries de Strasbourg) sont les seuls bénéficiaires d’un monopole partiel d’exercice instauré par la loi du 3 Janvier 1977 »19 .
Pour cela, les personnes qui n’arrivent pas à accéder à ces écoles pour pouvoir exercer en tant qu’architecte trouvent le moyen de s’assimiler à ce domaine, deux métiers proches de l’architecture apparaissent : l’urbanisme et le paysagisme. Or ces deux fonctions sont normalement intégrées à l’enseignement de l’architecture. D’ailleurs, même le Corbusier énonce « l’urbaniste n’est pas autre chose que l’architecte»20. Mais les plus malheureux insistent à intégrer ce milieu, en 1911, la société française des architectes et urbanistes est créée.
Mais en effet si ces deux corps de métier ont vu le jour, ce serait bien pour une bonne raison. Les architectes sont souvent débordés par la conception de l’objet même qu’ils procurent moins d’importance à des éléments fondamentaux de l’architecture tels que l’urbanisme et le paysage. On voit ici « le principal reproche fait aux architectes concerne leur concentrement sur l’objet et le formalisme de leur intervention». Florent Champy, à partir de ses écrits datant de 1999, a pu localiser l’élément qui peut former à la fois la force et la faiblesse des architectes. Mais par ailleurs, la pratique de l’architecture est encore trouble, puisque « la difficulté que la profession d’architecte […] a à se constituer en disciplines fondées sur des savoirs et des savoir-faire clairement identifiables »21 .
Il est clair que la profession d’architecte regroupe un grand nombre de spécialités que l’architecte ne maîtrise pas forcément toutes. Puisque celles-ci requièrent une certaine expérience, et ne sont pas toutes enseignées à l’école. C’est pour cela qu’au cours des années, la profession de l’architecte a été décrite et caractérisée péjorativement à plusieurs reprises : « profession menacée » selon Florent Champy, au vu des nouvelles compétences requises par le domaine de la construction et face aux nouveaux métiers qui surgissent, créant d’autant plus de la concurrence. Cette profession est incapable de faire valoir la singularité de son expertise. « Profession en mutation » d’après Guy Tapie, c’est-à-dire que des changements ne cessent de s’opérer dans le domaine de l’architecture de par son institution et sa réglementation. Et enfin « identité professionnelle ambivalente » selon Christian Sallenave, qui suggère l’appartenance identitaire des architectes qui change au fil du temps. Comme nous avons pu le voir précédemment, les différentes nominations que se procurait l’architecte, lui donnait une nouvelle identité professionnelle et donc une nouvelle appartenance à une communauté, que ce soit les constructeurs, les artistes, les entrepreneurs, les toiseurs…
Par ailleurs, restons sur le rôle principal de la profession d’architecte, selon le Code de déontologie des architectes (arcticle 2), elle se définit ainsi : « la vocation de l’architecte est de participer à tout ce qui concerne l’acte de bâtir et l’aménagement de l’espace, d’une manière générale, il exerce la fonction de maître d’oeuvre »22 . Cette définition me rappelle les propos d’un personnage emblématique, Fernand Pouillon, qui «n’a jamais connu de professeur de [sa] vie », et précise que si on lui chercher une filiation, « ce sera celle de Baudoin et de Perret »23 . Il est né en 1912, entre Paris et Marseille, il est connu pour ses habitats collectifs et ensembles à Pantin Montrouge, Meudon la forêt, Alger… Cet homme a toujours été convaincu que le rôle de l’architecte est « social, économique et humain », pour lui, « faire de l’architecture c’est aussi développer l’humanité des hommes ».
L’architecte prône un rôle social important, il doit répondre aux besoins des hommes. Justement, ce n’est point sa satisfaction personnelle de réaliser la plus belle oeuvre de sa carrière qui est en jeu, mais des vies humaines. Au moment où l’architecte est diplômé, il est de son devoir de subvenir aux manques des villes, «la vie d’un architecte, c’est d’être sur le chantier, c’est même d’être en rapport direct avec les ouvriers, c’est même d’être soi-même entrepreneur, c’est ça la vraie vie d’un architecte »24 . Le côté humain de la profession est un indispensable pour la réalisation d’un ouvrage utile à la ville.
Et en ce qui concerne la fierté personnelle de l’architecte, il l’acquiert lorsqu’il dispose de son diplôme, celui-ci « est l’occasion de réaffirmer une position sociale »25 , une honorabilité évaluée selon Guadet, mais aussi selon Isabelle Chesneau qui énonce que « le titre d’architecte[…] fonctionne autant comme garantie d’une compétence technique que comme garantie de dignité sociale ». En effet, ce titre représente un élément « charnière du fait professionnel » lui permettant aux seuls ressortissants des écoles d’architecture de bénéficier du droit de « pratiquer l’art de l’édification ». Ce titre peut être aussi vue comme une appartenance identitaire, du fait que seuls une minorité, ou un nombre limité peut l’obtenir. C’est donc « une sorte de garantie, un certificat qui permet d’assurer la collectivité de l’identité et de la confiance de ceux à qui elle a décidé de confier l’aménagement de l’espace », par là on entend « une attribution identitaire ». Comme cité en introduction, il existait une époque où le domaine de l’architecture était fermé qu’aux pratiquants, aux proches, au fils d’architectes. Une communauté plus ou moins discrète et en marge de la société. Pour cela, « être architecte, c’est appartenir à ce groupe »26 . Sans aucune volonté prédéfinie, le fonctionnement de cette profession fait qu’une nouvelle identité est proposée au moment où l’accès à une école d’architecture est possible, et donc l’obtention du titre d’architecte.

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Table des matières

Introduction 
Première Partie: La profession d’architecte
Deuxième Partie: L’image de deux agences d’architecture
Troisième Partie: Au sein d’une agence d’architecture
Conclusion 
Annexes
Sitographie
Bibliographie

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