L’illusion duréelen35mn

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Modernisme

Les bâtiments créés sous les régimes totalitaires résultent, la plupart du temps, d’une influence moderne. Le courant moderniste est majeur dans l’histoire de l’architecture. Il est fortement responsable de l’aspect qu’ont les nouvelles constructions de nos jours. Ce style a marqué les architectes et conjointement les décorateurs pendant des décennies. Le cinéma s’est nécessairement inspiré de ce mouvement artistique majeur et il est intéressant de voir ce qu’il a pu produire dans les décors des films de science-fiction.
Ainsi, lors de la période moderne, certaines architectures emblématiques ont été utilisées par des productions contemporaines, car à l’époque, elles étaient extrêmement novatrices. Ce qu’il est important de comprendre ici c’est que l’innovation architecturale seule n’est pas le seul critère à remplir pour donner un décor futuriste crédible. Il convient également qu’un véritable travail esthétique ait été réalisé afin que le bâtiment ressorte, et ce même des décennies après son inauguration, par rapport aux autres constructions.
C’est notamment le cas de l’architecture de F. L. Wright, un des pères du modernisme, qui exerça de façon prolifique jusqu’à sa mort en 1959. Considéré par beaucoup comme le plus grand architecte américain de l’histoire, il a réalisé plus de 400 projets au cours de sa vie, dont de nombreuses oeuvres architecturalement novatrices, encore vues, à l’heure actuelle, comme de véritables chefs-d’oeuvre.
Ses créations furent utilisées dans de nombreux films et le sont encore actuellement. Pourquoi des bâtiments vieux de plus de 50 ans aujourd’hui encore tout droit sortis du futur ?
Un des exemples les plus marquants est l’utilisation du dernier bâtiment réalisé par F. L. Wright, le Marin County Civic Center, construit dans les années 60 dans le comté de San Rafael en Californie.
Ce bâtiment a été dessiné en 1957, soit seulement deux ans avant la mort de Wright. Il ne l’a donc jamais vu achevé. C’est également le seul bâtiment public qu’il ait réalisé.
Le bâtiment se compose de deux ailes reliées par une bibliothèque coiffée d’un dôme. Véritable articulation, elle sépare le bureau administratif du comté, construit en 1962, du palais de Justice, construit en 1970. Chaque aile est en réalité composée de deux bâtiments distincts se rejoignant par endroits. L’espace entre ces deux constructions est surplombé d’une verrière qui amène de la lumière grâce au puits séparateur.
Chaque aile est composée d’une succession de colonnes et d’arcades et relie, tel un aqueduc antique, deux collines. Le toit est entièrement couvert de panneaux de plastiques teintés, donnant cette teinte bleue si caractéristique du projet (bien que ce ne fût pas le premier choix de l’architecte). L’entièreté du projet semble être en béton, or, il s’avère que seul le rez-de-chaussée de la colonnade l’est réellement. Les autres niveaux sont en stuc, maintenu par une structure en acier. Les parois qui séparent les différents bureaux sont amovibles, de façon à anticiper les évolutions des différents départements. L’intérieur de l’édifice est élégant de par sa simplicité. Selon Wright, le but de ce bâtiment était de combattre les idées déshumanisantes de l’architecture de cette époque, ce qui est assez paradoxal quand on étudie les films l’ayant utilisé comme lieu de tournage.
Ce projet, notamment par son intégration au contexte, était déjà extrêmement novateur pour l’époque. Wright est parvenu à inscrire le bâtiment dans la théorie qu’il développait sur la planification urbaine et la ville du futur, notamment Broadacre City. Ce bâtiment symbolise sa vision pour la ville du futur, dans laquelle les habitants se déplacent grâce à des petites soucoupes volantes. Comme dans la plupart des projets de l’architecte, sa cité idéale porte une attention particulière à l’insertion des bâtiments au sein de leur environnement. C’est une problématique qui a toujours eu de l’importance pour Wright, comme on peut le voir sur le Marin Civic County Center ou encore sur la célèbre Fallingwater House. Il est intéressant de noter qu’il a un rapport particulier avec les moyens de transport. Les lignes de trains sont en retrait, privilégiant des mobilités autonomes. Pour autant, il ne va pas jusqu’à séparer les différents modes de transport à la manière du Corbusier. Dans tous les documents traitants de ce projet, à chaque fois les constructions sont noyées dans un océan de végétation. Par bien des aspects, Brodacre City est une vision avant-gardiste de l’écologie urbaine que l’on voit apparaître aujourd’hui. On comprend alors que l’oeuvre de Wright ait présenté un intérêt particulier pour les décorateurs apparentés à la science-fiction.
Cet édifice a été utilisé à plusieurs reprises, notamment dans le premier film de George Lucas : THX-1138 (1971). Dans un futur dystopique, daté du XXVe siècle, l’humanité ne connaît que les couloirs identiques du complexe souterrain dans lequel elle évolue, sans jamais voir la lumière du jour. Drogués par le régime totalitaire qui dirige la société, les humains n’ont quasiment aucun rapport entre eux, jusqu’à ce que le travailleur THX 1138, sous l’influence de sa compagne, décide d’arrêter les médicaments donnés par les robots, garants de l’autorité. Une prise de conscience s’installe peu à peu en lui. Il est par la suite condamné à une peine de prison, pour finalement parvenir à s’échapper et remonter à la surface de la Terre.
Tous les environnements dans lequel le héros évolue sont uniformément blancs, symbole de pureté, d’hygiénisme.
Les humains n’agissent plus comme des entités pensantes autonomes, mais comme des êtres vivants dénués d’initiative. L’autorité est représentée par des robots identiques, sans visages personnalisés, mais possédant quand même les capacités humaines d’interaction avec les humains et parfois même de bienveillance. Pour les besoins du film, le bâtiment fut épuré. Toutes les formes d’ornementations, de décoration ou même d’objets usuels furent ôtées. On ne parvient à distinguer que l’architecture vide, pure. Ainsi, ce décor met en exergue l’aspect inhumain des machines qui contrôlent ce monde. En faisant disparaître chaque détail qui fait d’une personne ce qu’il ou elle est (par exemple, tous les cheveux sont rasés de la même façon, sans distinction de genre, d’âge, ou encore de fonction au sein du complexe), le décor est déshumanisé et uniformisé, pour qu’il ne reste que l’espace seul. L’architecture de Wright est différente selon chaque projet. Elle peut parfois être forgée sur l’accumulation d’un motif particulier, ou, dans ce cas-ci, sur une forme de simplicité et de dénuement qui sied, sans trop de modifications, à l’univers de l’oeuvre de Lucas.
Mais la performance la plus marquante de ce bâtiment reste sans doute dans le classique Bienvenue à Gattacca sorti en 1997. L’histoire prend place dans un futur, encore une fois, dystopique, ou la population pratique une forme d’eugénisme via la sélection génétique des gamètes. La population tend vers un idéal humain. Pour autant, le héros est un enfant né naturellement, donc sans modification préalable de son génome. Il rêve de devenir astronaute, mais cette profession lui est inaccessible, car il ne remplit pas les critères. En effet, selon les codes sociaux, il est cantonné, de par sa non-perfection génétique, à un rôle de second plan. Il décide alors de se modifier, et entreprend plusieurs pratiques illégales dans le but de s’améliorer. S’en suivent plusieurs péripéties. À la fin, il parvient à s’enfuir, grâce à la complicité du docteur chargé de faire les contrôles génétiques. Ce film est une belle leçon d’humanisme dans un monde ou, bien que les gens semblent proches de la perfection, ils n’en ressortent pas plus humains.
Le tournage se déroule, entre autres, dans le Marin County Civic Center de Wright. Comment ce bâtiment, vieux de 40 ans lors de la production du film à pu être utilisé pour représenter l’architecture du milieu du XXIe siècle ?
On en revient au principe d’innovation inégalée. Ce bâtiment était, comme on l’a vu, extrêmement novateur à l’époque de sa construction. Pour autant, ces principes fondateurs n’ont pas été repris par la suite dans les architectures plus courantes. Cet édifice est resté comme un OVNI, un bâtiment spécial et singulier. Il n’a pas lancé un véritable mouvement architectural basé sur ses propres principes, il est toujours resté unique.
Afin de l’adapter à l’univers sobre et dépouillé propre au film, Bob Craft, le Location Manager, raconte qu’ils ont dû enlever tous les éléments susceptibles d’être anachroniques, comme les pancartes, les poubelles et même les portes. Chaque matin de tournage, le sol était poli afin d’amener encore plus ce sentiment d’épuration. Ce bâtiment étant à usage public, il a été impossible de le fermer durant le tournage, il a donc fallu que des assistants empêchent les usagers de se déplacer librement lors des captations. De plus, le bâtiment étant extrêmement bruyant, il fallait également que ces foules restent silencieuses.1 Ainsi, cette production s’est exposée à de véritables difficultés lors du tournage, principalement dues aux problèmes de tourner dans des bâtiments existants encore en fonctionnement.

Futurisme

Le modernisme est un courant qui s’est voulu l’expression d’une forme d’architecture particulière. Selon ces maîtres à penser, avec notamment Le Corbusier en chef de file, ce style devait illustrer la ville du futur. Lorsque l’on se penche sur certains plans et certains projets à grande échelle, comme le Plan Voisin (1922-1925) qui imagine une nouvelle vision de Paris, composée de grandes tours cruciformes permettant de loger des millions de personnes, on réalise que l’innovation qu’ils souhaitaient introduire n’est pas seulement repérable à la taille du bâtiment. La forme de ces architectures était novatrice, tout comme l’était leur implantation, qui suivait des principes très stricts. Mais ce courant possédait également une vision très particulière de bien des aspects ayant trait à la ville. Par exemple, l’idée de séparation des transports, avec des niveaux réservés à des voies automobiles et de grandes esplanades servant uniquement aux piétons. On peut apercevoir une certaine formalisation de ces principes à Bordeaux, au niveau de l’espace Mériadeck, véritable éloge urbain aux principes modernistes.
Cette vision de la ville particulièrement stricte à amené des architectes à réfléchir différemment aux cités du futur, notamment au travers de la science-fiction. Comme on l’a vu précédemment, ce genre reprend des principes issus d’un évènement, d’une époque ou d’une technologie tels que notre monde ne l’a pas encore connu. Ainsi, les oeuvres appartenant à ce registre sont particulièrement intéressantes quand il s’agit de mettre en relation notre société actuelle et d’en tirer une critique dans un univers d’anticipation.
Le futurisme est donc un genre à part dans la science-fiction, imaginant, à partir de notre époque, un moment qui n’est pas encore existant et qui ne le sera sans doute jamais. Ainsi, il permet de libérer complètement les esprits des décorateurs afin de partir d’un canevas, non pas complètement vierge, mais garant d’une certaine liberté créatrice. L’architecture utilisée est complètement fictive, mais elle n’en est pas moins tirée d’un certain imaginaire ou du moins de certaines sources d’inspirations spécifiques. La question se pose alors de trouver comment relier ces bâtiments et ces villes imaginaires à notre monde et comment faire en sorte qu’elles ne soient pas irréalistes. Il convient en effet de conserver une certaine crédibilité décorative au service du scénario et de ne pas perdre de vue que le travail effectué l’est au service du film et non de l’architecture en elle même.
Par exemple, un sujet fondamental de notre environnement bâti est la gravité. Elle détermine la forme architecturale et la structure d’une construction. Il n’existe aucune architecture, des premières voûtes romanes aux constructions modernes en acier, qui ne sont pas soumises aux effets de la gravité sur les structures et aux limites matérielles qui lui sont inhérentes. L’architecture réelle doit fonctionner dans le monde réel qui est gouverné par les lois de la science.
La gravité détermine également la façon dont nous occupons et nous déplaçons dans l’espace. Nous marchons sur le sol. Les murs et plafonds déterminent des limites, mais nous ne sommes pas obligés d’entrer en contact avec ces parois si l’on ne le souhaite pas.
Imaginer un monde sans gravité nous obligerait à interroger la logique derrière chaque chose que nous voyons. C’est un exemple de ce que le médium du film offre comme liberté pour les décorateurs.
Dans la plupart des films ayant des scènes se déroulant dans l’espace, les lieux sont pratiquement tous dérivés des traditions constructives terrestres. Un sol reste un sol, des murs restent des murs, le plafond reste le plafond. Mis à part quelques lignes courbes ou en biais, les espaces sont le plus souvent rectilignes et semblent familiers, car ils suivent une logique terrestre. De plus, la plupart du temps, les personnages continuent d’évoluer dans cet espace comme s’ils étaient encore sur terre, on marche sur le sol, on évite les parois verticales et l’on effleure le plafond…

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Avant propos
Introduction
Mise en concept
I Exotisme
II Archaïsme
III Modernisme
IV Futurisme
Conclusion
Remerciements
Annexes
Webographie
Filmographie
Bibliographie

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *