LIENS ENTRE L’ELECTRICITE ET LES CONDITIONS DE VIE

La problématique de la pauvreté énergétique

                 La pauvreté énergétique est l’absence de choix suffisant permettant un accès à des services énergétiques adéquats, abordables, fiables, efficaces et durables en vue de soutenir le développement économique et humain. A Madagascar, une importante fraction de la population est entièrement privée d’accès aux services électriques modernes. Les pauvres ruraux qui en bénéficient doivent généralement payer relativement cher pour obtenir des services énergétiques de moindre qualité, irréguliers ou peu fiables. Les ménages les plus pauvres consacrent à l’énergie une part importante de leurs revenus et leur temps. Le coût de la non-électrification crée une situation d’inégalité inacceptable. Quand un ménage est sans électricité, et qu’il achète son pétrole, il paie en effet son kWh 200 à 500 plus cher que le ménage alimenté en électricité. En outre, même en cas d’électrification en zones rurales, le paradoxe n’est pas pour autant lever. En effet, le tracé des réseaux de distribution électrique est fait rationnellement, en fonction de l’existence des voies de communication et d’une demande solvable. Or, plus les ménages sont pauvres, plus ils résident à l’écart des routes et centres d’agglomérations, occupant les terrains moins coûteux et de ce fait éloignés des réseaux électriques. Ils doivent alors supporter, en plus des coûts de raccordement usuels, les coûts d’installation des poteaux et des lignes de raccordement depuis le réseau jusqu’à leur compteur. Considéré comme service public, l’accès à l’électricité doit, de ce fait, respecter les principes cardinaux de services publics : universalité (accès de tous au service), équité (pas de discrimination liée aux ressources, péréquation tarifaire) de continuité (pas d’interruption de fourniture) qui dessinent un paysage dans lequel le transfert social est redistribué en même temps que l’électricité elle-même.

Les systèmes de développement durable

              Le développement durable exige de concilier les différents objectifs économiques, environnementaux, sociaux, politiques, culturels lorsque cela est possible et de procéder à des arbitrages dans les autres cas. Il s’agit alors d’un développement équilibré assurant le bien-être de la génération actuelle et celui des générations futures.Les systèmes de développement durable tiennent compte de toutes les différentes composantes du bien-être. Celui-ci assure une situation optimale au sens de PARETO, non seulement entre les membres d’une même génération mais aussi entre les générations présentes et les générations futures. Il s’agit alors de satisfaire équitablement les besoins relatifs au développement et à l’environnement des différentes générations. Bien entendu, ceci n’est pas facile à réaliser parce que les objectifs de croissance économique ne se convergent pas toujours avec les objectifs environnementaux. Par exemple la promotion de l’industrialisation fournit des emplois mais elles sont causes de nombreuses pollutions. Plusieurs conditions sont à rassembler pour assurer un développement durable. Le processus de développement durable consiste à assurer un progrès économique, équitable sur le plan social, tout en préservant la base de ressources et l’environnement des générations futures. L’environnement est donc parti intégrante du processus général du développement. La durabilité de ce dernier dépend en une partie du mode de gestion de cet environnement. Le développement durable propose un modèle de croissance et d’activité humaine qui inclut explicitement les considérations environnementales et le principe d’une allocation et d’une utilisation optimale, progressive et donc durable des ressources. Pour maintenir ou plutôt accroître le bien être en songeant à celui des générations futures, plusieurs conditions existent. Ceci consiste à une relance économique, une augmentation du niveau de vie des personnes, une amélioration de leur pouvoir d’achat. Il faut noter quand même que la croissance économique ne peut être profitable si elle épuise partiellement ou totalement le capital naturel de la société ou si elle impose à d’autres membres de cette société le coût de réparations du capital naturel qu’elle ait exploité au delà de ses capacités limites.

Le prix de l’électricité

              Le paiement de l’électricité se fait par KWh consommé. Le prix de l’électricité est de 950 Ariary le KWh consommé en plus des redevances (5500 Ariary), et la location du compteur (1500 Ariary), la taxe communale (1000 Ariary), les autres29 taxes (23.75% des dépenses). C’est le plus bas prix de l’entreprise CASIELC dans la région Boeny, pourtant la plupart des abonnées, les personnes privées de dépenses électriques (groupe électrogène) auparavant se plaignent de sa cherté. En plus du prix concurrentiel de l’électricité à Anjiajia, son heure fonctionnement est le plus long. Si l’électricité de tous les autres communes rurales électrifiées par des centrales thermiques de CASIELEC dure 5 heures de temps, celui d’Anjiajia est de 14 heures, de 8 à 13 heure et de 15 heure à minuit. L’entreprise productrice d’électricité au village déclare chaque mois la facture, et jusqu’à maintenant aucun non paiement n’a encore nécessité une coupure de l’électricité.

RELATION ENTRE LA THEORIE DEBATTUE ET LES RESULTATS OBTENUS

                  Selon Sen, l’élaboration des institutions et des politiques sociales, ainsi que l’évaluation du bien-être, de l’inégalité, de la pauvreté et de la justice sociale, devraient se baser sur l’étendue des capabilités des personnes, c’est-à-dire l’étendue de leur liberté réelle d’accomplir certains fonctionnements. Dans ce cadre théorique, les ressources, biens et services, ou les droits formels accordés par les institutions sont à analyser au regard des réalisations que la personne peut accomplir grâce à eux. Les personnes n’ont pas toutes la même capacité de convertir un bien, par exemple une aide sociale, ou un droit formel, comme le droit à l’éducation supérieure, en réalisations comme être inséré professionnellement ou avoir une qualification reconnue. C’est pour cette raison que Sen propose de quitter la base informationnelle des biens, des ressources et des droits formels pour passer à une base plus complexe mais plus riche, qui considère en premier lieu les opportunités réelles des individus. Ces opportunités diffèrent d’une personne à l’autre, quand bien même les ressources sont identiques, en raison de plusieurs types de facteurs de conversion : des facteurs personnels de conversion (par exemple, le métabolisme, la condition physique, le sexe, l’aptitude intellectuelle, etc.), des facteurs sociaux de conversion (par exemple, les politiques publiques, les normes sociales ou religieuses, l’existence de rôles sexués, les hiérarchies sociétales, les relations de pouvoir, etc.) et des facteurs environnementaux de conversion (par exemple, l’influence du climat ou de la géographie). On voit que Sen ne se limite pas aux seules contraintes provenant du système de prix ou du budget. Il inclut dès le départ les structures de contraintes, les conventions en vigueur, les normes sociales, les idéologies dominantes pouvant toutes rétrécir l’espace des possibles des personnes, et généralement négligées de l’analyse économique. Il considère alors les ressources comme des « inputs » et ne leur accorde qu’une valeur instrumentale ; le véritable objet de l’évaluation, ce sont les réalisations que la personne peut choisir d’accomplir. L’utilisation de la biomasse s’inscrit dans une démarche de développement durable, elle concilie les trois piliers qui sont l’économique, le social et l’environnemental.
L’aspect économique Le prix de revient de la biomasse est très inférieur à celui des combustibles fossiles. Elle permet donc de réduire les coûts énergétiques. Il s’agit d’une énergie à moindre coût, par exemple dans les communes à source d’énergie thermique dans la région Boeny (obtenu par une descente sur le terrain), le prix du KWh est plus de 1650 Ariary, ce qui représente le double du prix en biomasse. Et contrairement aux prix des produits pétroliers qui sont soumis aux aléas des marchés internationaux, la biomasse a une grande stabilité de prix principalement car elle fait partie d’un marché local. La biomasse est aussi une énergie de proximité. Elle permet un système économique local direct, que ce soit au niveau de la collecte, de la transformation, de la distribution et de la consommation. Elle contribue ainsi au maintien des économies rurales. Et enfin, la biomasse nous permet d’éviter la fluctuation des prix des énergies fossiles
L’aspect social C’est une énergie dont la valorisation est créatrice d’emplois locaux et incite aussi les institutions sociales que financière à s’installer dans la commune. Comme le cas d’Anjiajia, l’institution de micro-finance OTIV projette d’ouvrir un bureau dans la commune. Actuellement, les responsables passent chaque jour du marché, le mardi, pour attirer la clientèle et faire des transactions. Et pour ceux qui ont besoin de recourir à leurs services hors de ce jour, ils doivent se déplacer dans la commune rurale d’Andranofasika qui se trouve à 26 km du village. Le service de microfinance y a débuté en mars 2012.
L’aspect environnemental L’utilisation de la biomasse permet de lutter contre l’effet de serre car elle émet moins de CO2 et c’est aussi une énergie renouvelable. Avec la biomasse agricole, l’aspect renouvelable est obligatoirement respecté d’autant plus que le cycle annuel des grandes cultures offre une ressource annuelle inépuisable.

CONCLUSION GENERALE

                  L’électrification est une bonne solution à la pauvreté car elle introduit le développement économique et social des communes rurales. D’après les travaux d’enquête et les observations sur le terrain, nous avons pu constater que l’absence de moyens financiers constitue un obstacle majeur pour la population des zones d’étude pour ce qui est d’investir dans des matériels électriques pour une amélioration des activités principales et même en usage domestique. C’est donc la pauvreté monétaire qui domine. Elle se manifeste par une insuffisance de revenu. Les trois hypothèses ont été vérifiées : l’absence de l’électricité aggrave la pauvreté, l’électricité apporte des changements dans les conditions de vie des populations rurales, et l’utilisation des énergies renouvelables est un facteur de développement durable. Le développement durable appelle encore d’autres modalités pour la prise de décision publique. Dans le cadre classique des démocraties représentatives, les choix publics relèvent des seuls élus, éclairés par la rationalité technique que les services administratifs sont censés leur procurer. Or cette approche de la décision est de plus en plus contestée, surtout lorsque celle-ci doit être arrêtée dans un contexte d’incertitude scientifique et à propos de projets affectant, via l’environnement, la vie quotidienne des gens. Est alors de plus en plus exigée la participation des citoyens à l’amont du processus décisionnel. Cette approche plus horizontale et « dialogale » de la décision s’impose aussi aux agents économiques : ceux-ci doivent alors composer avec les parties concernées par leurs activités (organisations non gouvernementales, associations, porteurs d’intérêts divers). L’encadrement juridique de l’essor technologique, par le principe de précaution, relève encore de cette nouvelle approche, concertée, de la prise de décision. Enfin, il y a désormais une contradiction patente entre l’organisation de nos sociétés et la préservation de l’habitabilité de la Terre. Héritiers que nous sommes de la philosophie contractualiste, nous pensons que ce qui fonde la légitimité de l’organisation politique du corps social est de garantir à chacun la possibilité de maximiser son avantage, à savoir de produire et consommer de plus en plus. Or force est de constater aujourd’hui quel’accumulation de ces productions-consommations dégrade de façon accélérée les bienscommuns qui conditionnent la viabilité de la planète, et, au premier chef, la stabilité du climat et les services écologiques.

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Table des matières

ACRONYMES
GLOSSAIRE DES MOTS MALGACHES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES SCHEMAS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE ET CADRAGE THEORIQUE
I. ELECTRIFICATION RURALE A MADAGASCAR
I.1. Contexte sur l’électrification rurale à Madagascar
I.1.1. Le programme d’électrification rurale et ses conséquences sur la vie en milieu rural
I.1.2. Etat des lieux du secteur de l’énergie
I.1.3. Production des opérateurs en électrification rurale
I.2. La problématique de la pauvreté énergétique
I.2.1. L’électrification et son impact sur le développement spatial
I.2.2 L’électrification dans le développement social
I.3.Le lien entre électrification rurale et réduction de la pauvreté
I.3.1. L’électrification rurale peut-elle réduire substantiellement la pauvreté à long terme ?
I.3.2. Forces et Faiblesse de l’électrification rurale
I.4. Justification du choix de la zone d’étude
I.4.1. La place de la biomasse à Madagascar
I.4.2. Analyse de la Biomasse pour la commune rurale d’Anjiajia
II. CADRAGE THEORIQUE
II.1. L’approche de capabilité de Sen ou la liberté d’agir et d’entreprendre
II.1.1. Fonctionnement et Capabilités
II.1.2. Processus de conversion
II.1.3. L’action des agents dans l’espace des capabilités
II.2. Notion de Développement Durable
II.2.1. Définition
II.2.2. Les systèmes de développement durable
II.2.3. Conservation et développement de la base des ressources
II.2.4. Alliance entre environnement et économie dans les prises de décisions
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
I. IMPACT DE L’ELECTRIFICATION SUR LE MILIEU RURAL
I.1. L’électrification et l’accroissement de l’économie agricole
I.2. Conservation et transformation des produits agricoles
I.3. Électrification et développement des activités de services
I.4. Régression de l’exode rural
II. LES RESULTATS OBTENUS SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES DANS LA ZONE D’ETUDE
II.1. Cas des ménages raccordés
II.1.1. Catégorie A
II.1.2. Catégorie B
II.1.3. Catégorie C
II.1.4. Discussion
II.2. Cas des ménages non raccordés
II.2.1. Exemples de ménages enquêtés
II.2.2. Discussion
II.3. Le prix de l’électricité
II.4. Conclusion
III. COMPARAISON DES REVENUS DES PERSONNES RACCORDEES AU RESEAU ET LES NON RACCORDEES
III.1. Comparaison des revenus moyens des ménages raccordés et non raccordés
III.2. Etude des types d’activités de la population dans la commune
III.2.1. AGRICULTURE
III.2.2. ELEVAGE
III.2.3. COMMERCE
III.3. Relation de causalité entre accès à l’électricité, revenu et condition de vie
IV. RELATION ENTRE L’UTILISATION DE L’ELECTRICITE PAR LES ETABLISSEMENTS PUBLICS ET PRIVES ET LES AMELIORATIONS APPORTES DANS LEURS SERVICES
IV.1. Les domaines d’étude
IV.1.1. SANTE
IV.1.2. EDUCATION
IV.1.3. SECURITE
IV.1.4. COLLECTIVITE
IV.2. Relation de causalité entre accès à l’électricité et amélioration des services offerts dans les établissements publics et privés
V. MISE EN PERSPECTIVE DES ASPIRATIONS DE LA POPULATION
V.1. Pour les ménages
V.1.1. Aspirations
V.1.2. Les freins qui empêchent les ménages de réaliser leurs souhaits
V.1.3. Conclusion
V.2. Pour les établissements publics et privé
V.2.1. Aspirations
V.2.2. Les freins qui empêchent les établissements à réaliser leur souhaits
VI. RELATION ENTRE LA THEORIE DEBATTUE ET LES RESULTATS OBTENUS 
VI.1. L’aspect économique
VI.2. L’aspect social
VI.3. L’aspect environnemental
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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