Liens entre la pensée rationnelle et l’égocentrisme adolescent
Introduction
L’adolescence est une période de la vie qui commence vers 11 ou 12 ans avec la puberté et se termine vers 20 ans dans notre société moderne occidentale, mais ces âges peuvent varier en fonction des cultures. Ainsi, dans plusieurs cultures, la fin de l’adolescence est marquée par le mariage (Schlegel & Barry III, 1991). De ce fait l’adolescence est une période de la vie où l’individu va passer d’enfant à adulte. Ceci correspond à des changements physiques que l’on observe à la puberté, mais pas seulement. Les comportements changent, et certains vont être caractéristiques des adolescents, par exemple la rébellion, les actes antisociaux et une plus grande prise de risques. Même s’ils ne sont pas l’apanage des adolescents, ces actes sont considérés comme dus pour une part importante aux adolescents dans de nombreuses civilisations (Schlegel & Barry III, 1991). L’adolescence est aussi une période où l’individu développe son identité.
Cette identité est construite par rapport aux autres, aux groupes auxquels le jeune appartient, à la société dans laquelle l’adolescent évolue. Or, l’univers social de l’adolescent va connaître des changements. En effet, les différentes orientations scolaires ainsi que le milieu social dans lequel il évolue vont pousser l’adolescent à faire des choix, notamment d’amis, mais aussi d’activités extrascolaires. Par exemple, un adolescent peut choisir de faire du football plutôt que du rugby parce que ses amis sont dans un club de football. Certains de ces choix vont avoir des conséquences durant toute leur vie, comme le choix du travail par exemple. Ainsi, face aux enjeux auxquels ils sont confrontés, les adolescents devraient avoir a priori une attitude rationnelle, c’est-à-dire logique, car un mauvais choix durant cette période peut se payer très cher. En effet, quand nous regardons le parcours de certains adolescents, nous sommes parfois dé- contenancés.
Le développement cognitif de Piaget
Piaget a développé, dans sa théorie du développement cognitif chez l’enfant et l’adolescent, le concept de l’égocentrisme comme une indifférenciation sur les interactions entre le sujet et un objet (Elkind, 1967; Inhelder & Piaget, 1955; Piaget, 1970). La théorie de Piaget distingue plusieurs stades dans le développement de l’enfant et à différents moments ; il explique le déficit de différenciation observé chez l’enfant par une forme d’égocentrisme. Dans son commentaire sur l’ouvrage de Vygostky (1934/1997), il explicite l’usage qu’il fait de l’égocentrisme (Piaget, 1962). L’égocentrisme cognitif y est défini comme provenant d’une incapacité de différenciation ou de décentration par le sujet entre son propre point de vue et les autres points de vue possibles. Le sujet n’est pas en mesure d’utiliser sa capacité cognitive pour accepter un autre point de vue que le sien. Les stades de développement cognitif de la théorie de Piaget sont le stade sensori-moteur, le stade préopératoire, le stade des opérations concrètes et le stade de opérations formelles (Piaget, 1970).
Le stade sensori-moteur s’étend de la naissance à l’acquisition du langage, vers l’âge de deux ans. Durant ce stade, l’enfant construit son savoir par une exploration physique de son environnement à travers ses interactions physiques avec les objets qu’il perçoit par ses sens. L’enfant ne perçoit la présence d’objets que par ses sens : la vue, le toucher, le gout, l’odorat et l’ouïe, ainsi que par les interactions physiques, grâce à son système moteur. Par ces actions coordonnées entre sens et interactions, l’enfant construit peu-à-peu son expérience. Du début où les objets n’existent pour lui que lorsqu’ils sont perçus, il arrive à construire des représentations mentales de ces objets. Cette permanence des objets constitue la première décentration de l’enfant ; d’objets n’existant que lorsque perçus par lui et donc n’existant que par lui, il construit une représentation d’objets existant par eux-mêmes, en dehors de lui. Il y a au début de ce stade un égocentrisme lié à cette relation entre l’objet et le corps du nourrisson. À ce moment, il n’a aucune décentration ; tout n’existe que par lui-même. N’ayant pas conscience d’existences hors de lui, il ne fait pas de différenciation entre lui et l’autre, par conséquent il ne peut avoir conscience de son moi, de sa subjectivité et donc ne peut pas se décentrer. Ce n’est que par une série de décentrations ayant lieu avec la coordination entre ses perceptions et ses actions moteur que le nourrisson parvient à différencier son moi et à se situer dans un univers spatial occupé par des objets permanents.
L’égocentrisme des stades cognitifs selon Elkind
En se basant sur les travaux de Piaget sur le développement cognitif et le concept d’égocentrisme qui y est décrit, Elkind (1967) a développé de manière plus précise et complète l’égocentrisme. Il précise que, bien que Piaget ait porté son attention plutôt sur les aspects positifs des productions des structures mentales, l’égocentrisme est un point d’intérêt en raison de ses liens avec les pensées et le comportement des enfants. Il pense que l’égocentrisme peut éclairer les liens entre le raisonnement et la dynamique de la personnalité. En reprenant le principe d’égocentrisme de Piaget qui le pose comme un manque de différenciation entre les préoccupations cognitives du sujet avec celles des autres, Elkind précise pour chaque stade de développement l’objet de cette indifférenciation.
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Table des matières
1 INTRODUCTION
1.1 ÉGOCENTRISME
1.2 RATIONALITE
2 METHODOLOGIE
2.1 PARTICIPANTS
2.2 MESURES
2.3 PROCEDURE
3 RESULTATS
3.1 COHERENCES DES MESURES DE LA FABLE PERSONNELLE
3.2 FABLE PERSONNELLE
3.3 RATIONALITE
3.4 CORRELATIONS
4 DISCUSSIONS
5 CONCLUSION
6 REFERENCES
ANNEXE A
ANNEXE B
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