Lien entre motivation intrinsèque et extrinsèque

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Lien entre motivation extrinsèque et intrinsèque.

Bien que la définition de ces deux catégories de motivation se distinguent clairement, ces dernières sont interdépendantes car il a été démontré qu’une sorte de motivation peut en influencer une autre.
En effet, le psychologue Fabien Fenouillet relate dans son ouvrage « La motivation » des expériences dirigées en 1950 par le psychologue américain Harlow.
L’équipe d’Harlow a observé des singes qui devaient résoudre des puzzles. Dans un premier temps, aucune récompense n’est donnée à l’animal lorsque ce dernier réussit l’objectif. Il a été constaté que la répétition quotidienne de ces puzzles a fait progresser les primates dans la réalisation de cette activité.
Dans un second temps, on a récompensé la moitié de ces animaux par de la nourriture en cas de succès de l’activité. Le principal effet de la récompense est que les primates sont devenus par la suite moins performants par rapport à l’autre moitié des singes non récompensés pour résoudre les puzzles et démontraient moins d’intérêt pour effectuer cette tâche.
Ainsi, sans entrer dans les détails de l’expérience, l’analyse du comportement de ces singes a mis en évidence que leur motivation intrinsèque avait largement diminué au profit de la motivation extrinsèque dès lors qu’une récompense intervient. La conclusion donnée par Harlow est donc que la récompense réduit et limite la motivation intrinsèque chez les singes.1
Deci s’est inspiré en 1970 de l’expérience réalisée par Harlow en substituant le singe par deux groupes d’humains et la nourriture par de l’argent.
La conclusion de cette expérience analogue à celle dirigée par Harlow est identique.
En effet, les deux groupes devaient résoudre obligatoirement des puzzles sur des intervalles de temps spécifiques. Durant cette période, la moitié était récompensée en cas de succès des puzzles tandis que l’autre moitié ne l’était pas.
Par ailleurs, il existait des moments de pause appelés « phase libre ».
Dans cette expérience, la motivation intrinsèque reflète, d’après les expérimentateurs, le temps passé à résoudre les puzzles en période dite de « phase libre ». Pendant cet intervalle de temps spécifique où toute récompense était impossible, les individus pouvaient continuer à résoudre des puzzles ou s’occuper autrement. Les sujets qui ont été récompensés dans le groupe concerné ont passé moins de temps que les membres non récompensés à résoudre des puzzles pendant cette phase libre.
La motivation extrinsèque semble donc dominer la motivation intrinsèque chez un humain lorsque ce dernier est récompensé. En fait, l’individu finit donc par agir pour obtenir une récompense.
Pour citer Fenouillet, qui exprime son analyse des expériences énoncées ci-dessus, « Toutes les pressions externes qui peuvent contribuer à diminuer le sentiment d’autodétermination ou le libre choix d’une activité, vont de manière générale, diminuer la motivation intrinsèque. »2
Il est facile de comprendre la subtilité entre ces deux motivations au sein d’une classe, dans le cadre scolaire.
Les causes qui incitent les élèves à apprendre peuvent être associées exclusivement à l’attente d’une bonne note. Dans ce cas, si la note est perçue comme une récompense, alors le jeune agit extrinsèquement. En revanche si ce dernier s’implique dans une tâche par pur plaisir, pour satisfaire une curiosité, alors l’élève agit de manière intrinsèque. Ainsi par transposition des conclusions des expériences réalisées par Harlow et Deci, on peut se demander si les notes, à conditions qu’elles soient considérées comme une récompense, ne contribuent-elles pas à diminuer la motivation intrinsèque des apprenants et donc diminuer l’intérêt spontané que ces derniers peuvent avoir pour l’école ?

Origine et évolution de la motivation chez un individu.

Dans la suite de notre cadre théorique, nous allons montrer que le degré de motivation intrinsèque et extrinsèque chez un individu varie en fonction de l’environnement dans lequel il évolue. L’interprétation de certaines théories permettra d’expliquer quelques comportements d’élèves en classe et permettra de comprendre pourquoi certains s’investissent à l’école plus que d’autres. Ainsi, il est donc important de s’intéresser à comment se construit la motivation intrinsèque et extrinsèque chez un individu. Pour cela, nous utiliserons principalement l’ouvrage de Cécile Delannoy « La motivation, désir de savoir et décision d’apprendre » qui réunit et confronte des points de vue et des théories portant sur les origines et la construction de la motivation d’un sujet depuis l’enfance.

Les motivations intrinsèques sont associées à des besoins à assouvir.

Conséquences.

En amont de la motivation scolaire, la question à soulever est de diagnostiquer si l’élève est en position d’apprendre, c’est-à-dire vérifier si ce dernier est disponible pour mobiliser son attention en vue d’un apprentissage.
La soif de connaissances naissante chez un élève peut être interprétée par la théorie mise en place en 1943 par le psychologue humaniste Maslow qui classe les besoins à assouvir chez les humains. Celui-ci présente une hiérarchisation des besoins qui sont communs à tous les hommes sous forme d’un système pyramidale regroupant par ordre prioritaire cinq grandes catégories, à savoir :
– les besoins physiologiques (manger, boire, se reproduire).
– les besoins de sécurité (se protéger physiquement et psychiquement). -les besoins d’appartenance à un groupe.
– les besoins d’estime et de reconnaissance.
– les besoins d’accomplissement et de réalisation de soi.
Ce classement traduit le fait qu’un besoin supérieur ne s’exprime uniquement lorsque les besoins du niveau inférieur sont satisfaits.
Par exemple, comme le souligne le psychologue Alain Lieury dans son « manuel de psychologie générale », si les besoins physiologiques ne sont pas assouvis comme le soulagement de la faim ou de la soif a un instant donné, alors le sujet aura pour préoccupation dominante de trouver un moyen pour apaiser ses nécessités.
Cette théorie, qui paraît efficace pour répertorier l’ordre de priorité des besoins chez un individu, a cependant été remise en question plus d’une fois par divers psychologues et sociologues.
Selon Alain Lieury, les frontières entre les différentes catégories de besoins ne sont pas fermées et peuvent dans certains cas être poreuses et ouvertes. Par exemple, des études réalisées en milieu hospitalier mettent en défaut la primauté de certains besoins sur d’autres. Effectivement, il a été démontré qu’un nouveau-né qui ne bénéficie pas d’affection a une probabilité de décès plus importante qu’un autre recevant ce maternage. Ces faits illustrent bien que pour un nourrisson, le besoin d’appartenance et de relations (câliner le bébé, lui parler) est aussi important que les besoins physiologiques ou de sécurité.
Il faut aussi ajouter une nuance à la pyramide de Maslow dans la mesure où nous devons être conscient qu’il peut exister une autre hiérarchisation des besoins en fonction de la population et des cultures.
Nous considérerons cependant pour la suite de notre raisonnement que la théorie de Maslow traduit de manière assez fidèle le classement des besoins à partir de l’enfance dans notre société occidentale.
Ainsi, la motivation intrinsèque peut être assimilée aux besoins que doit satisfaire l’individu car certains d’entre eux sont innés et engendrent naturellement l’action. La réalisation de cet acte est faite sans rien attendre du milieu extérieur. La cause est intrinsèque. Nous sommes génétiquement déterminés à vouloir assouvir ces besoins.
Par exemple, un homme qui ressent une sensation de soif va très probablement interrompre son activité en cours pour aller se servir un verre d’eau.
En fait, nous pouvons nous rendre compte que la classification des besoins proposé par ce psychologue est une mise en ordre des sources de motivation intrinsèque.
L’analyse brève de la conception de Maslow suffit à comprendre dans un premier temps que le niveau social d’un élève va avoir une influence sur son implication en classe ainsi que sur sa motivation intrinsèque dans les activités proposées dans les différents domaines d’enseignement.
Effectivement, dès que les premiers besoins de la pyramide seront satisfaits (qui est la conséquence d’un niveau de vie respectable), d’autres émergeront comme ceux liés à l’identité personnel et aux besoins de s’accomplir.
Ces nouveaux besoins pourront être une cause intrinsèque pour actualiser des connaissances, que le milieu scolaire permet de réaliser. Dans ce cas, l’apprentissage devient une fin en soi, sans l’attente d’aucune récompense extérieure.
Cependant, qu’en est-il pour des élèves qui grandissent dans un milieu social défavorisé ? L’enfant accueilli en classe est-il suffisamment nourri ? Se sent -il en sécurité dans son foyer ? Se sent il aimé pour ce qu’il est ?3 Si les réponses à ces questions évaluant la précarité de l’élève ne sont pas positives, on peut en déduire que ce dernier ne sera pas en état de mobiliser toute son attention pour se concentrer dans un apprentissage, car il n’en ressentira pas le besoin intrinsèque de le faire.
En théorie, les élèves concernés devront donc être animés par une source extrinsèque pour apprendre et progresser, et les pressions exercées par le milieu scolaire peuvent être un moyen pour les motiver.
A ce stade de notre cadre théorique, on peut affirmer que la motivation intrinsèque des élèves dans une classe pour faire face à des activités d’apprentissage peut donc être très hétérogène selon la condition sociale de ces derniers.

Le lien entre le désir et motivation. Conséquences.

Pour le moment, nous avons extrait de l’ouvrage de Cécile Delannoy uniquement des théories et des points de vue qui avaient un rapport avec le besoin, sans exprimer explicitement la place du désir qui aura également un rôle déterminant pour le degré de motivation d’un sujet.
En effet, l’étude des besoins ne permet pas d’interpréter une différence de motivation intrinsèque d’un élève se montrant disponible pour tous les thèmes pouvant exister, comme la Science, la Littérature, l’Art, la Musique ou le Sport.
Par exemple, comment peut-on expliquer qu’un jeune adore lire mais déteste les mathématiques ?
Dans son ouvrage « Stimuler la mémoire et la motivation des élèves », Jean Philippe Abgrall soutient l’idée que le désir va orienter l’implication d’un sujet dans un domaine spécifique.
Afin de mieux cerner ce qui influe la motivation des élèves au sein d’une classe, il paraît donc indispensable d’analyser comment se construit le désir chez un individu de l’enfance jusqu’à l’âge adulte. En effet, les conditions nécessaires pour que la motivation face aux apprentissages se développe ne peuvent se limiter à l’étude de l’assouvissement des besoins.
Toujours dans son ouvrage sur l’étude de la motivation chez les élèves, Cécile Delannoy réunit des éléments de travaux de chercheurs en psychologie sur le thème du désir, dont ceux effectués par le philosophe René Girard. Ce dernier a réalisé une thèse pour étudier la corrélation entre la naissance du désir et le mimétisme.
L’expression de mimétisme, issue du grec mimésis et pouvant être définie par « l’action de reproduire »4, a été initialement employée par Aristote.
René Girard précise, que dans un premier temps, les enfants en bas âge reproduisent sans distinction les attitudes des adultes composant leur entourage, et vont de ce fait s’approprier ce dont ces derniers aiment et désirent.
Dans un second temps, lorsque la maturité affective de l’enfant est suffisamment avancée, celui-ci va limiter son imitation à des personnes qui lui paraîtront sympathiques, rejetant de ce fait tous les comportements des adultes lui paraissant antipathiques. Cécile Delannoy interprète dans ses recherches que « l’enfant se nourrit psychiquement des adultes aimant et protecteurs qui l’entourent, assimilant leurs gestes, leur langage, leurs valeurs, leurs goûts, leurs attitudes ainsi que leurs désirs ». 5
D’après cette théorie, les racines du désir se limitent donc à un processus d’identification à l’autre.
Il est d’ailleurs curieux mais amusant de remarquer la transmission d’une même passion de génération en génération au sein d’une même famille, comme la musique, la pratique d’un sport, ou la lecture… Ce constat peut donc s’expliquer par le comportement de mimétisme.
En premier lieu, et pour revenir dans un contexte scolaire, c’est donc dans la sphère familiale que l’enfant apprend à désirer ou non des savoirs et la maîtrise des compétences.6 En l’occurrence, si les adultes composant la famille de l’enfant ne démontrent pas une attitude curieuse, animée par une soif de connaissance et valorisant des activités intellectuelles, comment ce dernier, dans une action d’identification, pourrait- il apprendre à placer ce désir comme source de motivation intrinsèque ? Dans une telle situation, cet enfant qui deviendra par la suite un élève sera-t-il, de par son environnement quotidien, destiné à l’échec scolaire ?
Peut-être que non, dans la mesure où la sphère sociale de cet élève ne se limite pas à son environnement familial. Ce dernier pourra potentiellement s ‘identifier à une figure d’autorité scolaire, comme à un professeur des écoles qui lui donnera l’appétit d’apprendre, et donc le désir de connaissance impliquant une motivation nécessaire pour réaliser des activités scolaires.
De plus, le comportement d’imitation n’est pas exclusif à l’enfance et accompagne l’Homme tout au long de son existence. Il est facile d’admettre que nos actions, qui sont les reflets de nos motivations ou de nos absences de motivation, dépendent au quotidien de nos relations sociales. René Girard a toujours soutenu l’idée par ailleurs qu’à l’adolescence, un individu peut rejeter toute marque d’identification qu’il avait jusqu’à présent connu et renier son héritage familial pour s’assimiler à d’autres ensembles.
La motivation trouve donc ses sources dans les besoins à satisfaire et dans les désirs naissants au quotidien.

Le plaisir, la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque.

Si on adopte un point de vue pragmatique, on peut remarquer que tout ce que nous avons exposé et expliqué jusqu’à maintenant est implicitement lié à la prise de plaisir.
Un article extrait du magazine « cahiers pédagogiques » écrit par André Jacques en janvier 1992 met en valeur le lien entre la motivation et le plaisir. On apprend dans cet article que cette corrélation est démontrée d’un point de vue neurologique. En effet, Le cerveau humain est un organe qui est divisée en plusieurs zones distinctes.
Des expériences menées en laboratoire concluent que « l’activation des zones de plaisir du paléo cortex par des stimuli extérieurs est répercuté sur le cortex, sur le lobe antérieur du lobe frontal responsable de toute action »7. Pour simplifier, cela veut dire que le plaisir implique et provoque l’action.
De tels résultats définissent ce qu’on appelle le système de récompenses. Ce système montre le lien entre la motivation et la réalisation d’une action.
En effet, le plaisir ressenti par un individu lors d’un événement peut être une cause à adopter de nouveau le comportement ayant permis de ressentir ce plaisir. L’action de manger quand on a faim illustre par exemple ce schéma.
Sans expliquer les détails physiologiques et neurologiques, on peut affirmer que la motivation ne peut pas exister si l’aboutissement de l’action conséquente ne provoque pas un sentiment de plaisir.
Par ailleurs, cette conclusion n’est pas contemporaine. On peut ajouter que déjà au Troisième siècle avant Jésus Christ, Epicure exprimait l’idée que le plaisir est la cause centrale du comportement. L’Hédonisme rejoint cette pensée philosophique en affirmant que l’individu est à la recherche du plaisir et à l’évitement de la douleur.8
Par exemple, dans le cas de la motivation extrinsèque, si l’élève a besoin d’être estimé par son entourage qui valorise la réussite scolaire, ce dernier peut adopter un comportement adéquat qui lui permettra d’obtenir des bonnes notes. Des bons résultats feront plaisir à son entourage, et l’estime de ses proches lui procurera ensuite du plaisir. Encore une fois, le profil familial de l’élève aura donc une influence primordiale sur la motivation de ce dernier face aux apprentissages et influencera par conséquent ses résultats scolaires.
Dans le cas de la motivation intrinsèque, le fait d’assimiler des nouvelles connaissances permet d’assouvir un besoin d’accomplissement de soi, et cette assouvissement procure du plaisir.
Ainsi, pour qu’une motivation extrinsèque dans une activité soit entretenue, il faut qu’elle provoque un sentiment de plaisir chez l’élève ou alors qu’elle lui permette d’éviter un sentiment désagréable.

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Table des matières

Introduction
1. Cadre théorique
1.1. Conception de la motivation
1.1.a. Définition de la motivation extrinsèque et intrinsèque
1.1.b. Lien entre motivation intrinsèque et extrinsèque
1.2. Origine et évolution de la motivation chez un individu
1.2.a. Les motivations intrinsèques sont associées à des besoins. Conséquences
1.2.b Le lien entre désir et motivation. Conséquences
1.2.c. Le plaisir et la motivation extrinsèque et intrinsèque
1.3. L’influence de l’école et des enseignants sur la réussite des élèves
1.3.a. Les évaluations quantitatives
1.3.b. L’effet pygmalion
2. Cadre méthodologique
2.1. Hypothèses
2.2. Conception du corpus
2.2.a. Nature du corpus.
2.2.b. Présentation et choix des sondés pour l’enquête.
2.2.c. La forme des questionnaires diffusés
2.2.d. Le fond des sondages destinés aux élèves.
2.2.e. Le fond des sondages destinés aux enseignants.
2.3. Stratégie d’analyse, résultats et limites du corpus
3. Analyse du corpus
3.1. Traitement des hypothèses
3.1.a. Hypothèse 1 : les notes démotivent extrinsèquement les élèves
3.1.b. Hypothèse 2 : les notes diminuent la motivation intrinsèque des élèves
3.1.c. Hypothèse 3 : les notes induisent une représentation du potentiel de l’élève
3.2 Bilan de l’analyse, généralités
Conclusion 
Bibliographie 
Tables des annexes
4ème de couverture

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