Lien entre développement financier et réduction de la pauvreté

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LES PRODUITS FINANCIERS DE LA MICROFINANCE

La microfinance, de manière générale, est une aide destinée aux personnes en situation de marginalisation financière, ou encore d’exclusion financière, c’est-à-dire tout individu qui « ne peut plus normalement vivre dans la société qui est la sienne parce qu’il subit un fort handicap de l’accès à l’usage de certains moyens de paiement ou règlement, à certaines formes de prêts et de financement, aux moyens de préserver son épargne et de répartir dans le temps ses revenus et ses dépenses comme dans la possibilité de s’assurer contre les risques touchant sa propre existence et ses biens ou dans celle de transférer des fonds ou revenus » (Centre Walras, 2011). Différentes sortes de produits financiers adaptés à ces personnes ont alors vu le jour.

LE MICRO CREDIT

C’est le plus important des produits financiers proposés par la microfinance. Il s’agit d’un système d’aide sociale qui consiste à attribuer des prêts de très faibles montants à des entrepreneurs ou des artisans considérés comme insolvables par le système bancaire formel, ne pouvant donc pas avoir accès à des prêts bancaires classiques. Il a essentiellement tendance à se développer dans des pays pauvres afin de favoriser leur économie par la concrétisation de microprojets.

Le micro crédit solidaire

Il consiste à s’appuyer sur un mécanisme de groupe composé généralement de cinq emprunteurs afin de compenser l’absence de garanties matérielles de ces individus. Chacun se porte « caution solidaire » pour les autres dans le sens où si l’un des membres ne rembourse pas son prêt, les autres doivent le faire pour lui. C’est donc au groupe lui même qu’est transféré le risque de non remboursement.
Bien que les prêts soient accordés personnellement, les sanctions en cas de non remboursement, quant à elles, concernent le groupe. Elles sont bien souvent sous forme de suspension de nouveaux prêts. La pression sociale fait donc que chacun rem bourse car aucun ne veut être celui qui pénalise les autres, et ils ont alors tout intérêt à surveil ler et écarter eux-mêmes ceux qui sont susceptibles de ne pas pouvoir rembourser : les emprunteurs à hauts risques.
Ce principe de responsabilité collective du groupe et cette sélection des membres par le groupe lui-même résolvent le problème d’asymétrie d’information de la banque ; c’est-à-dire son manque de renseignements sur les emprunteurs, et diminuent les risques de sélection adverse, d’aléa moral, le coût de l’audit, et permet un meilleur respect des contrats (voir section 1 de la partie 1).
Ce mécanisme de caution solidaire permet un très fort taux de remboursement (proche de 100%) et une baisse des coûts de transaction connus pour être importants. En effet, le fait que ce soi t les membres du groupe qui sélectionnent les emprunteurs, évite à l’établissement de crédit toutes recherches et analyses coûteuses pour connaitre des informations sur ses clients et ainsi lui permet d’économiser les coûts d’instruction d’un dossier. L’autre avantage du micro crédit solidaire est son rôle positif sur la société avec ce mécanisme de solidarité qui permet de créer et développer des liens voir des amitiés au sein du groupe de caution solidaire.
Ce produit financier a vu le jour à la fin des années 1970 et au début des 1980. Il s’est notamment développé dans la Grameen Bank (jusqu’en 2001). Cette dernière a été créée en 1976 au Bangladesh, l’un des pays les plus pauvres au monde, par le docteur et professeur en économie Muhammad Yunus. Il en eut l’idée en 1974, alors que la famine ravage le Bangladesh. En effet, d’après ses dires : « Une terrible famine frappait le pays, et j’ai été saisi d’un vertige, voyant que toutes les théories que j’enseignais n’empêchaient pas les gens de mourir autour de moi » ( Yunus, 1997).
Le professeur a donc commencé à observer les villageois qui vivaient à proximité de l’université de Chittagong (Bangladesh), où il enseignait depuis de ux ans, et à s’intéresser plus particulièrement à leur mode de vie. Lors de l’un de ses cours d’investissement, il demande à ses étudiants d’interroger les fabricants de tabourets en bambou des villages avoisinants. Il s’agissait de 42 femmes artisanes. Elles avaient seulement besoin de 27 dollars pour pouvoir développer leur activité mais ce montant était trop faible pour que les banques acceptent de le financer, en raison des coûts de transaction tr op élevés.
Le professeur a donc décidé de prêter lui-même cett e somme, de sa propre poche. Cet argent leur permettait d’acheter en avance le bambou nécessaire à la fabrication des tabourets, sans avoir à subir les variations de prix. Ces femmes ont alors réussi à créer des emplois et même à rembourser intégralement le professeur.
Pour lui, si on leur accorde des crédits adaptés, les « pauvres » sont capables de les rembourser, et même mieux que les riches car ils ne peuvent pas se permettre de ne pas rembourser, la sanction est trop grande. L’accès à de nouveaux crédits leur est vital, et ne pas rembourser ceux qui leur sont attribués serait y renoncer. De plus, il part de l’idée que si le taux de remboursement est proche de 100% et les taux d’intérêts supérieurs à ceux des banques, alors les forts coûts de transaction que le s prêts engendrent seront compensés. Ce fort taux de remboursement est rendu possible grâce au système de caution solidaire. C’est donc ainsi qu’est née de ses expérimentations la Grameen Bank, littéralement « Banque des villages ».
Encadré 2 : La Grameen Bank.
Cette institution financière est très souvent considérée comme l’acte fondateur de la microfinance moderne de par son impact médiatique, car Muhammad Yunus a su révolutionner l’idée qu’il est possible et rentable d’octroyer des crédits aux pauvres. Grâce à cela, il a d’ailleurs décro ché le Prix Nobel de la paix en 2006.
La Grameen Bank fonctionne donc selon des caractéristiques très spécifiques et adaptées :
Elle s’adresse aux personnes pauvres se trouvant dans les zones rurales à forte densité de population du Bangladesh, essentiellement des femmes.
Les prêts sont accordés sur une période d’un an, avec une échéance hebdomadaire fixe incluant un intérêt hebdomadaire et une part du cap ital.
Le renouvellement de prêt est possible à chacune d e leur échéance, sur la base d’un montant croissant. Et la croissance de ce montant octroyé dépend de l’historique de paiement de l’emprunteur et du groupe auquel il appartient. Plus ce dernier sera bon, plus la croissance du montant du prêt sera rapide.
Il y a une condition d’épargne.
En effet, chaque emprunteur doit verser 5% du montant de son crédit en épargne obligatoire, et ce pour chaque crédit accordé. Cette épargne se cumuleet n’est restitué, en partie, que lorsque le client quitte la banque et ne fait plus appel à ses services financiers. Il faut également adhérer à une charte.
Elle est composée de 16 points d’engagement comme celui de la caution solidaire, mais aussi certains concernant leur mode de vie. Les femmes doivent limiter leur nombre d’enfants et les pères refuser de verser une dot pour le mariage de l’une de leurs filles, et ce dans un unique but d’émancipation des femmes.
Malgré toutes ses conditions et ses spécificités, al Grameen Bank a été un grand succès. A tel point que le 2 Octobre 1983, elle a été transformée en une banque indépendante par le gouvernement du Bangladesh.
Nous pouvons donc constater que lors de sa création, en 1976, il y avait seulement 10 membres, dont 2 femmes. En 2009, ils étaient plus de 7 millions (très exactement 7 670 616) avec 97% de femmes ; un pourcentage satisfaisant étant donné l’objectifd’aide à la population féminine.
La Grameen Bank s’est élargie : ne couvrant qu’un seul village avec une seule agence en 1976, en 2009, elle couvrait 83 458 villages avec 2562 agences. Soit une agence pour un peu de plus de 32 villages, ou encore une agence pour plus de 3 111 membres. D’où une densité bancaire comparable à celle des pays développés, puisqu’en effet en France nous comptons 4000 habitants pour une agence (Gansinhoundé, 2008).
Suite à l’énorme succès de la Grameen Bank, le principe du micro crédit solidaire a été repris, mais de différentes façons, tout en gardant les idées principales. Parmi elles, la courte durée des crédits (inférieure à un an), le renouvellement des crédits avec des montants croissants, les taux d’intérêts élevés (supérieurs à 3% par mois), la fréquence etle suivi des remboursements (hebdomadaires ou mensuels), le choix de l’usage du crédit laissé à ’emprunteur,l la limitation des montants des prêts octroyés (inférieur au PIB par habitant du pays)…
Il est donc évident que ce système de crédit solidaire, popularisé par la Grameen Bank, a de nombreux avantages.
Cependant, il connait également plusieurs risques et limites (Boyé et al.,2009) :
L’instrumentalisation de la caution solidaire.
Bien souvent, la réalisation d’économies d’échelleet d’objectifs de productivité, pour les agents de crédit d’une IMF, devient le plus important. Ils vont donc avoir tendance à s’adresser exclusivement à un chef de groupe et à peu s’inquiéter de la réelleexistence de la solidarité exigée au sein du groupe. Or, sans véritable solidarité entre les membres, le système de caution solidaire fonctionne mal. Effectivement, les taux de remboursement, censés êt re proches de 100%, vont alors dégringoler dès les premières difficultés.
Le manque d’adaptation des IMF aux besoins du client.
Le système de groupe fausse les vrais besoins de chacun, et pousse l’institution à proposer un produit financier standard au lieu qu’il soit spécifique à chacun.
L’accroissement du coût de transaction dans le cas de l’emprunteur.
Et ce, en raison du temps que le client se doit de consacrer à la banque et à la gestion du groupe de caution solidaire auquel il appartient. Il se voit donc augmenter le coût réel de son produit, de façon non monétaire. Il est donc clair que ce sont les clients qui subissent la baisse des coûts de transact ion et des coûts de suivi de l’IMF.
Le risque d’exclusion des individus les plus vulnérables.
Cela est causé par le système d’auto-sélection desemprunteurs.
La limitation du développement de l’activité des clients, dans le sens où les montants des crédits sont eux-mêmes limités.
Ces risques ont vu le jour car le micro crédit solidaire a été conçu, réalisé et développé par la Grameen Bank dans le cadre particulier du Bangladesh qui a des caractéristiques bien à lui.
Appliqué dans des régions différentes de celle-ci,le résultat n’a pas été le même ; il n’a pas été aussi efficace. Il est donc important que le crédit solidaire soit adapté à l’environnement dans lequel il est octroyé, en l’occurrence une adaptation de la solidarité entre emprunteurs est essentielle.
Pour contrer ces divers risques, et les problèmes de remboursement engendrés, la Grameen a mis en place un assouplissement du crédit solidaire en 2002 visant une plus grande flexibilité. Pour cela, il était évident que les conditions générales d’octroides crédits se devaient d’être atténuées : une plus grande flexibilité des durées de prêts a été mise en place, allant dorénavant de trois mois à plus d’un an, ainsi que celle du mode de remboursement permettant désormais de varier les échéances. La flexibilité a également été modifiée et augmentée ansd le cas de l’évolution des montants des crédits. Quant aux conditions d’épargne obligatoire, difficiles à réaliser pour certains, elles ont été adoucies afin qu’elles ne constituent pas un frein à l’accès au microcrédit solidaire. Ce changement important au sein de la banque lui a valu le renom de « Grame en II ».
Dans certains contextes, les risques et limites sont beaucoup trop importants. Les IMF ont donc jugé préférable de décliner une autre sorte de microcrédit.

Le microcrédit individuel

Ici, le prêt est accordé à une personne, et non plu s à un groupe, en se basant sur sa capacité à présenter des garanties de remboursement et un certain degré de sécurité de l’institution lui octroyant le crédit. Ce type de crédit a un but précis, il n’est pas possible d’en faire un usage libre comme le crédit solidaire. Il sert à financer un projet en particulier. C’est pourquoi, contrairement au crédit solidaire, l’analyse des dossiers de crédit et les garanties présentées par le client relève dela plus haute importance dans le cas du crédit individuel. L’IMF est alors directement en charge de la sélection de ses emprunteurs, elle ne repose plus sur un mécanisme d’auto-sélection. L’octroi de ce crédit dépend donc deux choses : la capacité de remboursement du client et ses garanties. Concernant la capacité de remboursement, elle dépend de la pertinence de son projet d’investissement. Il est nécessaire que ce projet soit rentable, en d’autres mots que son taux de rentabilité soit supérieur au taux d’intérêt du prê t. Mais aussi que le rythme de remboursement du crédit soit adapté aux flux de revenus du client. Ensuite, les IMF pratiquent les mêmes analyses que tout banquier réalise avant d’accorder un prêt : des analyses générales du budget familial afin de connaitre les dépenses (récurrentes ou exceptionneles), les autres revenus du foyer…
Mais pour les institutions de micro finance, ces procédures sont beaucoup plus difficiles à exécuter en raison des différences d’outils et d’informations car la plupart des clients de la micro finance ne tiennent pas de comptabilité ; elles ont tout de mê me réussi à les adapter. Ce sont alors aux agents de crédit de devoir reconstituer ces éléments financiers grâce à un questionnaire posé directement aux clients.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I- LA MICROFINANCE
Section 1 : POURQUOI LA MICROFINANCE?
Section 2 : LES PRODUITS FINANCIERS DE LA MICROFINANCE
A- LE MICRO CREDIT
1- Le micro crédit solidaire
2 / Le microcrédit individuel
B / L’EPARGNE
1- L’épargne obligatoire
2- L’épargne volontaire bloquée
3 / Les dépôts à vue et les comptes semi-liquides
C / LES NOUVEAUX PRODUITS FINANCIERS
1- La micro assurance
2 / Le crédit habitat
PARTIE II – ET SON IMPACT SUR LA PAUVRETE
Section 1 : Définitions et indicateurs de la pauvreté
A- LA PAUVRETE MONETAIRE
1- La pauvreté monétaire relative
2 / La pauvreté monétaire absolue
B- La pauvreté non monétaire
1 -La pauvreté des conditions de vie
2- La pauvreté humaine
C- Les indicateurs
Section 2 : Comment un système financier développé permet de lutter contre la pauvreté ?
A- Les explications théoriques
1- Le lien entre développement financier et croissance économique
2 / Lien entre croissance économique et baisse de la pauvreté
3- Lien entre croissance économique et baisse des inégalités
4 / Lien entre développement financier et réduction de la pauvreté
B / Les résultats empiriques
1 / Au Mali
2 – Au Bangladesh
3 / Dans les autres PED
C / Les limites de la microfinance et de son impact sur la pauvreté
1- Les limites de son action positive
2- Ses effets négatifs potentiels
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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