Lien entre conflits et motivation
Les liens qu’entretiennent les élèves avec une branche et l’enseignant de celle-ci conditionneraient fortement les résultats des apprenants. En effet, le rapport des élèves avec une branche peut être à l’origine de toute une palette de réactions, ressentis et préjugés. Pour qualifier le rapport entre les apprenants et une branche, les concepts de conflit et de motivation sont fondamentaux. Avant de se consacrer aux spécificités du lien qu’entretiennent les élèves romands avec l’allemand, il convient donc de s’intéresser à ces deux notions clés. Cette première partie de notre travail permet de mettre en évidence le lien entre conflit et motivation dans les divers rapports au savoir qu’ont les apprenants. Dans un premier temps, nous allons nous pencher sur les diverses origines des conflits en classe. Le deuxième point de ce chapitre met en lumière les divers aspects de la motivation des élèves et leur importance dans l’apprentissage des savoirs.
Il convient ici de différencier deux types de motivation, d’une part la motivation intrinsèque, et d’autre part, la motivation extrinsèque, deux types de motivation qui caractérisent deux types de rapport au savoir très différent. Bien souvent dans les ouvrages pédagogiques, il est question de motiver les élèves, un aspect parfois négligé, mais tout aussi important à nos yeux, est la motivation des enseignants. Une motivation qui, à notre avis, est une nécessité qui pourtant est bien loin de la réalité de nos salles des maîtres. Le dernier point de cette première partie cherche à mettre en lien conflits en classe, motivation des élèves et des enseignants par rapport à une branche spécifique. Ceci afin d’analyser l’influence que peut avoir la branche sur le comportement des apprenants. Une matière scolaire véhiculant toujours une image, se pose alors la question de l’impact de cette dernière sur les apprentissages des élèves. Une question qu’il s’agira de traiter de manière générale afin de poser le cadre pour la deuxième partie de ce travail dans laquelle nous allons nous consacrer à l’analyse des spécificités de la branche allemand qui, en Suisse romande, possède une place et une réputation particulière.
Quelles sont les origines des conflits?
Les conflits peuvent être de nature très différentes, nous avons retenu pour ce travail, la définition qui nous semblait la plus pertinente concernant notre problématique, celle de Buchs & Butera (2004:239) «les conflits peuvent être définis comme l’existence d’activités incompatibles». Cette définition semble assez large au premier abord, mais contrairement à d’autres auteurs, ils n’évoquent pas l’opposition entre deux personnes physiques, mais parlent d’une incompatibilité entre deux activités. Dans notre travail, nous cherchons à analyser la réticence à l’apprentissage que peut provoquer une branche chez un élève. Une réticence qui est ressentie par l’élève comme une incompatibilité avec les contenus d’une discipline scolaire qui peut être à l’origine de conflits. Quels types de conflits peuvent émerger d’une telle situation? Pour répondre à cette question, il convient de rapidement décrire les divers types de conflits que l’on rencontre dans nos salles de classe.
Selon Buchs & Butera, il existe quatre grandes catégories de conflits que l’on peut identifier dans les classes. La première catégorie est composée des conflits développementaux. Il s’agit de conflits liés au développement cognitif de l’adolescent (ou de l’enfant). Lors de son développement, l’adolescent subit un bouleversement de son équilibre psycho-social par la naissance de nouveaux désirs et besoins auxquels son environnement actuel ne permet pas de répondre. Il en résulte des conflits qui vont permettre à l’adolescent de se développer et de devenir plus autonome grâce à ses confrontations avec une personne ou son environnement.
Le deuxième type de conflits concerne les conflits conceptuels. Ces derniers désignent «Une incompatibilité entre différentes idées simultanées qu’une personne a en tête, ou une opposition entre de nouvelles informations et les anciennes» (Buchs & Butera 2004:239). Il s’agit de conflits qui peuvent apparaître lorsque les élèves sont amenés à abandonner leurs anciens concepts pour en intégrer de nouveaux. Ou lorsque certaines idées transmises par l’enseignant créent chez l’élève une opposition avec d’autres idées déjà ancrées dans son esprit.
Cette catégorie de conflits est très proche du troisième type de conflits, la controverse intellectuelle. Concernant cette dernière, il s’agit des situations conflictuelles qui naissent lorsqu’il y a divergence des idées entre deux personnes. Lorsque deux personnes avec des idées incompatibles sont amenées à travailler ensemble ou doivent trouver un accord, d’importants conflits peuvent apparaître (Johnson & Johnson 1995). La dernière catégorie de conflits qu’il convient de décrire ici est celle des conflits d’intérêts. Ce type de conflit apparaît dans des situations ou les intérêts de deux personnes se croisent. Lorsque dans une situation «les tentatives d’une personne pour maximiser ses désirs et ses bénéfices gênent, bloquent ou interfèrent avec les tentatives d’une autre […]» (Buchs & Butera 2004:239). Ceci peut se produire quand un élève monopolise l’attention de l’enseignant par une grande quantité de questions au dépend des autres élèves qui se sentent lésés car ils n’ont pas la possibilité d’interroger l’enseignant.
Ces quatre types de conflits se rencontrent, indépendamment des disciplines enseignées, et font partie d’un des aspects clés de l’enseignement, la gestion de classe. La majorité des auteurs proposent des pistes d’actions telles que la mediation (Buchs & Butera 20014) les cahiers de réconciliation ou des actions plus ciblées (Rey 2009) . Dans ce travail, nous ne nous consacrons pas aux diverses possibilités de résolution de ces types de conflits, mais nous avons pour objectif de mettre en évidence que les origines de ces conflits peuvent être une conséquence de la relation qu’entretiennent les élèves avec une discipline qui, en Suisse romande, possède un statut et une image particulière, l’allemand. Nous estimons que la motivation est un élément clé pour prévenir les conflits en classe et améliorer les résultats scolaires des apprenants principalement au secondaire II où les intérêts personnels des élèves se développent d’avantage.
La motivation des élèves: un élément complexe mais essentiel pour les apprentissages!
La motivation est intimement liée aux résultats scolaires des apprenants. Il s’agit là d’un phénomène sur lequel les professeurs, autant que les élèves, s’accordent. Tous deux perçoivent la motivation comme un élément fondamental de la réussite scolaire (Lieury & Fenouillet 2006). Il s’agit ici, dans un premier temps, de définir le sens de ce concept complexe qu’est la motivation. Ensuite, nous nous attarderons sur les différentes composantes de la motivation qui nous paraissent significatives pour ce travail.
Il existe une multitude de définitions de la motivation, en fonction du contexte dans laquelle ce concept est employé. Pour notre travail, nous avons retenu celle de Tardif (1992:91): «La motivation scolaire est essentiellement définie comme l’engagement, la participation et la persistance de l’élève dans une tâche». La motivation d’un apprenant peut donc être décrite comme une posture de la part de l’apprenant par rapport à une tâche qui lui a été attribuée. Une posture qui se caractérise par diverses façons de se comporter face à cette tâche. Ajoutons à cela que la tâche s’inscrit dans une discipline scolaire et qu’idéalement elle a pour but d’atteindre un objectif porteur de sens pour l’acquisition d’un savoir de cette discipline. L’engagement, la participation et la persistance dans l’accomplissement de la tâche sont les indicateurs qui permettent de mesurer la motivation. Cette dernière est constituée par une multitude de composantes et possède bien des facettes. Ainsi, la motivation peut se différencier en deux types distincts, la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. Le premier type correspond aux intérêts spontanés d’une personne pour une tâche: l’activité à elle seule apporte satisfaction sans besoin de récompense externe pour inciter à effectuer la tâche (Vianin 2006:29). Dans ce cas de figure, l’apprenant est motivé pour la tâche, celle-ci se suffit à elle-même en termes de motivation et de récompense. C’est le cas de figure idéal pour un enseignant, car dans ce cas de figure, il ne fait office que de coach qui a le rôle de soutenir l’apprenant dans la réalisation de l’activité, la source de motivation étant interne à l’élève. Le cas de figure plus fréquent est celui où l’enseignant a le rôle d’inciter les élèves à effectuer une tâche, dès lors il devient la source de motivation par ses interventions (renforcements, récompenses et feedbacks). Dans ce cas de figure la motivation est de type extrinsèque. Gagné & Deci (2005:334) en donnent la définition suivante: «When externally regulated, people act with the intention of obtaining a desired consequence or avoiding an undesired one, so they are energized into action only when the action is instrumental to those ends».
Le risque principal avec ce type de motivation est que les apprenants se trouvent facilement détournés de la tâche et se focalisent sur la récompense ou la punition ainsi l’objet d’apprentissage n’est plus signifiant à leurs yeux. Certains auteurs évoquent également un troisième type de «motivation»; l’amotivation qui se caractérise par une absence totale de motivation, car l’apprenant ne perçoit plus de lien entre ses actions et les résultats obtenus (Vianin 2006:31).
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Table des matières
1. Introduction
2. Lien entre conflits et motivation
2.1 Quelles sont les origines des conflits?
2.2 La motivation des élèves: un élément complexe mais essentiel pour les apprentissages!
2.3 La motivation des enseignants: une nécessité, mais pas une évidence!
2.4 Quels liens entre motivation et disciplines scolaires?
3. Les cours d’allemand, une situation conflictuelle, quels impacts sur la motivation?
3.1 L’enseignement de l’allemand: quelle image chez les élèves?
3.2 Comment faire pour éviter les conflits liés à l’allemand?
3.3 Redorer l’image de l’allemand: limites de l’enseignant.
4. Conclusion
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