L’identité de la personne âgée résidant en EHPAD et la place de la psychomotricité

Le vieillissement d’un point de vue social

L’évolution des représentations du vieillissement dans la société

Aujourd’hui, nous assistons à une « révolution anthropologique » : l’identité personnelle, le rapport au corps, aux autres et notre inscription dans la société changent rapidement. Tous ces changements nous amènent à construire notre vie différemment. Cette vision différente de la vie change les rapports sociaux. Les rapports aux autres, entre les sexes, et l’identification de chacun évoluent beaucoup. Par exemple, au siècle dernier, la personne se définissait par l’extérieur : sa famille, son pays… Maintenant, la personne se définit par-rapport à elle-même, c’est un nouveau type d’affirmation de soi. (« De la difficulté d’être soi-même », 2016)
Alors que, pendant très longtemps, notre société a évolué plutôt lentement, depuis l’industrialisation, le mouvement s’accélère. Le troisième âge fait maintenant référence à une période active, où les personnes sont en forme, elles ont des projets, elles réalisent leurs désirs. Le quatrième âge nouvellement créé correspond, lui, à l’arrivée des premières diminutions des capacités dues au vieillissement. (Vinsonneau, 2016)
Aujourd’hui, la vieillesse est vue comme repoussante par la société, elle est donc en quelques sortes stigmatisée. Le corps a une place fondamentale, et le « paraître jeune » est perçu comme une nécessité. La vieillesse est associée à l’image d’un naufrage, de la faiblesse et de l’inutilité. (Joulain, 2011)On peut parler d’une « presque mort ».

L’impact des normes sociétales sur la place de la personne âgée dans la société

Les normes ont une forte importance dans la société : elles ont un aspect fonctionnel car elles permettent une régulation sociale. Ces normes sont des règles, des exigences, des droits, des devoirs et des sanctions qui sont accordés en fonction de l’âge, du statut et de la place de chacun dans la société. Elles définissent ce qui est bien et ce qu’il ne faut pas faire. Cependant, elles sont principalement basées sur des informations extérieures comme l’aspect physique : cela peut donc enfermer une personne dans un rôle inadapté, délétère pour son image de soi.
Le rôle social dicte donc la conduite que chacun doit adopter en société. Cependant, il existe peu de normes sociétales explicites propres à l’âge de la retraite. La représentation générale reste cependant assez négative. Si les personnes retraitées ne suivent pas ces règles, elles peuvent être considérées comme inadaptées, et donc écartées de la société.
Dans notre société, il existe aussi des catégorisations sociales qui permettent de classer les personnes à partir de caractéristiques communes. Cela permet de structurer et de contrôler son environnement, et donc de se situer et de se différencier par rapport aux autres. Ces catégorisations permettent de soutenir la fonction identitaire. On peut dégager deux processus différents :
-Le processus inductif consiste à classer une personne dans une catégorie à partir d’un ou deux indices récoltés au cours de la relation.
-Le processus déductif consiste, lui, à appliquer à une personne toutes les caractéristiques de sa classe. C’est la base des stéréotypes qui peuvent mener à des quiproquos, des conduites inappropriées qui ne sont pas adaptées à la pluralité des façons de vieillir. Ce processus peut engendrer un manque de reconnaissance de l’identité.(Joulain, 2011) À l’inverse, ces catégorisations permettent donc de soutenir la fonction identitaire si elles sont en adéquation avec la réalité de la personne.
Par leur rôle de régulatrices des conduites, les normes sociales ont donc une grande place dans la construction identitaire, le maintien et l’évolution de l’identité à tous les âges de la vie. Cependant, les représentations négatives du vieillissement peuvent changer en proposant des activités intergénérationnelles (par exemple, les partenariats entre les écoles et les EHPAD, les habitats partagés entre étudiants et personnes âgées… ). Ces actions peuvent être entreprises par les professionnels de l’animation et les professionnels de santé, car leur rôle consiste aussi à améliorer la considération sociale du vieillissement pour renforcer l’estime de soi des personnes âgées.

L’évolution des relations sociales de la personne âgée

Au troisième âge, le moment de la retraite est un grand remaniement. Tout d’abord, la personne âgée perd une part de son identité professionnelle. Cela modifie son statut social : la personne ne se définit plus par sa profession, mais par le terme générique « retraité ». Cela impacte l’image que la personne a d’elle-même, ainsi que celle qu’ont les autres sur elle. Tout cela peut mener à une première crise identitaire forte.
Après la retraite, il est donc important pour la personne de garder quelque chose de son identité professionnelle. Par exemple, elle peut maintenir une activité bénévole ou de loisir en lien avec ses compétences professionnelles. Cela offre à la personne une défense qui lui permet de conserver son identité, et de rendre la transition identitaire plus facile.
La vie psychique étant très liée à la vie physique, l’image de soi dépend d’un épanouissement personnel d’autant plus important que la personne bénéficie d’une vie relationnelle riche. (Liotard, 2006)

Le vieillissementpsychique

Le troisième et le quatrième âge sont des moments de grands bouleversements identitaires. Le passage à la retraite, les changements dans les capacités cognitives (pertes de mémoire et de la rapidité d’exécution des tâches cognitives, difficultés de concentration, manque du mot…) et le changement de statut social peuvent avoir un fort impact. En effet, l’image de soi peut se trouver déstabilisée, phénomène accentué, nous l’avons vu, par le changement de regard que pose la société sur ces personnes. (Marc, 2016)
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, les préoccupations qui sont propres aux personnes du troisième âge changent. Aujourd’hui, les adultes arrivant à l’âge de la retraite ont une vie psychique et imaginaire plus intense, les poussant vers un travail de ré-élaboration de leur identité. (Robichaud, 2009b).
Le « retraité » a beaucoup plus de temps libre, durant lequel il peut être seul face à lui-même. Alors, commencera un travail de réinvention identitaire, où la personne est amenée à se poser de nombreuses questions. « Qu’est-ce que je veux faire ou ne veux plus faire ? » « Qu’est-ce que je peux faire ? » L’adulte pourra s’investir dans une nouvelle carrière ou un nouveau hobby. Il n’a plus besoin de jouer un rôle pour plaire (il ne cours plus le risque, par exemple, de perdre son emploi en donnant une image de lui qui ne serait pas adaptée), et le temps de la retraite peut être consacré à réaliser un rêve que l’on aurait mis de côté durant sa vie active. Cela peut donc être un passage vers un nouvel avenir. L’énergie nécessaire à ces nouveaux investissements vient, selon Kaufmann, d’un besoin latent de rattrapage. Carl Rogers ajoute que le troisième et le quatrième âge sont marqués par une grande capacité à improviser et à trouver de nouvelles stratégies d’adaptation.Il appelle cela la « puissance de la vie ». (Robichaud, 2009b)
L’identité peut changer dans des situations difficiles, où il est alors indispensable de la reconstruire. (Personne, 2011)Le corps a une grande place dans cette reconstruction, et c’est là que le psychomotricien peut intervenir. Il propose des expériences corporelles qui permettent à l’adulte vieillissant de mieux se connaître, de redécouvrir ses capacités et donc de reconstruire son identité sur une base stable : son corps.
Cependant, avec l’arrivée dans le quatrième âge, peuvent venir des vécus corporels douloureux.
Ces vécus peuvent entraîner des troubles thymiques, une perte d’estime de soi, et parfois une perte du sentiment de continuité, qui tient un rôle important dans le maintien de l’identité (je le développerai dans la partie définissant l’identité). Si la personne est dotée d’une personnalité forte, elle pourra se porter garante de ce sentiment indispensable de continuité d’existence. Si la personne a une personnalité fragile, il y aura pour elle un réel risque de dépression, de mélancolie ou alors d’hypocondrie. (Liotard, 2006) Dans ce cas, la personne pourra réagir de manière globale, en prenant de nouvelles décisions pour maintenir l’intégrité de son identité et son sentiment de continuité. (Robichaud, 2009b).
Pour étayer ce sentiment, les aidants peuvent agir simplement. Le fait de proposer à l’adulte vieillissant de se focaliser sur sa continuité idéelle plutôt que sur la continuité biologique, qui peut être ébranlée, est un premier étayage. Cette focalisation peut déboucher sur une ouverture au plaisir et au présent, au travers de projets à court terme. (Liotard, 2006)
Plus spécifiquement, par les soins de relaxation, le psychomotricien offre un autre mode de relation au corps : de lieu de douleurs et d’incapacités, il devient vecteur de sensations plaisantes, apaisantes et de bien-être psychique.
Ce bien-être psychique permet à la personne âgée de s’engager plus facilement dans la relation aux autres, facilitant ainsi son intégration sociale.
En vieillissant, la motricité se modifie, le corps devient moins stable, plus lourd et maladroit. Alors, l’espace de déplacement diminue, privant la personne âgée de certaines sensations proprioceptives, kinesthésiques et tactiles importantes au maintien d’un schéma corporel solide. La diminution de l’investissement de l’espace par la personne âgée limite aussi l’accessibilité et l’entretien de ses liens sociaux, qui, comme nous l’avons vu, sont très impliqués dans la question identitaire.
L’évolution des capacités impose alors de mettre en place des ajustements pour maintenir l’autonomie.
Souvent, le corps devient tantôt chaud, tantôt froid, souvent douloureux. La psychomotricité a alors une place importante. Le psychomotricien, en proposant des expériences sécurisantes et enrichissantes, amène la personne âgée à ressentir de nouvelles sensations nourrissant ainsi son image corporelle et son schéma corporel. Par ces expériences, la personne âgée prend conscience des capacités qu’elle possède toujours, et cela participe à changer l’image qu’elle a d’elle-même, notamment dans le sens d’une réassurance et d’une revalorisation. Le corps devient lieu de possibles, de réussites et de fierté, mais il est également mieux perçu et accepté dans ses limites à respecter.
Les processus de vieillissement peuvent prendre une nature anormale, entraînant par exemple la destruction pathologique de certaines cellules.

L’emménagement en maison de retraite

« Moi qui ai tant travaillé, peiné, aimé, et devoir tout quitter ma maison, mon appartement, mes meubles, mes collections, mes amours, mon chat, mon chien, mon oiseau, enfin tout. Pour rentrer dans un lieu inconnu, dans une chambre qui ne ressemblera plus jamais à la mienne ; J’entendrai des bruits nouveaux, des voix nouvelles, les heures du réveil et du coucher ne seront plus les mêmes ; je mangerai non quand j’aurais faim mais quand sonnera l’heure du repas, et non plus selon mes préférences et mes goûts ; il y aura des visiteurs intéressants, et d’autres dont je ne désirerai pas la présence »(Robichaud, 2009e) (p 21).
Ces mots sont souvent ceux de la personne âgée s’apprêtant à emménager dans une maison de retraite. Ils reflètent tous les bouleversements qui peuvent avoir lieu dans la vie de la personne à ce moment. C’est un réel nouveau départ, mais pas de zéro, car elle arrive avec tous ses souvenirs, ses vécus, ses goûts et ses aversions, avec tout ce qu’elle est et ce qui fait d’elle la personne qu’elle est. On ne peut alors qu’imaginer l’impact que peut avoir l’emménagement dans une maison de retraite pour une personne âgée. De plus, ce changement a souvent lieu dans un moment de grande fragilité : à la suite d’une blessure, d’une diminution des capacités physiques ou même du décès d’un proche aidant. La personne âgée arrive souvent dans une situation difficile, qui peut même mener à une crise identitaire, comme nous avons pu en parler plus tôt.
L’équipe soignante de l’établissement d’accueil a une grande importance pour aider la personne à passer cette période de crise en étant accompagnée du mieux possible. Il est important de comprendre qui elle est, dans son identité la plus globale possible afin de mieux s’adapter à elle.
Pour cela, la création de liens relationnels solides et basés sur la confiance et le respect mutuel est indispensable.
C’est là que les capacités relationnelles et d’écoute du psychomotricien prendront toute leur valeur. Lors des visites de pré-rentrée et de l’accueil, le psychomotricien accorde un regard empathique, rassurant et contenant à la personne âgée.
Ce travail commence lors des rencontres de pré-rentrée au domicile de la personne. Là, le psychomotricien accordera de l’attention à l’environnement dans lequel l’adulte vieillissant vit : les meubles, leur disposition, la décoration… Mais aussi à la manière dont la personne investit cet espace et à sa manière d’être chez elle pour faire en sorte que l’agencement du mobilier de l’EHPAD soit fait en fonction des goûts et des besoins de la personne.
L’ergothérapeute et le psychomotricien peuvent aider au choix des meubles et des objets qui seront installés dans sa chambre. Le psychomotricien se basera sur ses observations cliniques ; lorsqu’il rencontre une personne, le psychomotricien utilise un double regard : un regard engagé dans une relation humaine et sincère, mais aussi un regard plus extérieur où il analyse ce qu’il observe et agit en conséquence. Le psychomotricien a aussi pour mission lors des visites à domicile de tisser un lien de confiance, qu’il pourra mettre à profit pour faciliter l’adaptation. Cette relation permet de faire le lien entre le domicile et la maison de retraite. Elle permet aussi de renforcer le sentiment de continuité, qui est incarné par la relation avec la personne qui s’est occupée de ces rencontres.
Dans la période de l’emménagement, il est aussi important que le psychomotricien, en collaboration avec l’animateur de la structure, aide à définir des activités occupationnelles plaisantes et adaptées à la personne. De plus, par ses qualités relationnelles, et ses attributions, le psychomotricien peut passer beaucoup de temps à discuter simplement avec la personne, lui permettant de reprendre sa place de personne et de maintenir un lien social et cognitif. C’est un espace de discussion autre que celui qui est offert lors des temps de toilette avec les aides-soignants. Cet espace a une valeur différente car il estentièrement dédié à l’échange, et non en parallèle d’un autre soin.
De plus,les qualités d’écoute, d’empathie et de communication verbale et non-verbale du psychomotricien sont développées par sa formation, ce qui lui permet une écoute plus profonde de la personne.
Le psychomotricien a un travail très important d’écoute et d’aide à la prise de conscience des émotions que suscite un tel déménagement. Cet évènement est souvent associé au deuil de la « vie d’avant », il marque également pour certain la réalité d’un vieillissement effrayant.
Dans une vue systémique, le psychomotricien s’intéresse aussi à la famille et à l’entourage social de la personne âgée. En effet, en plus de bouleverser la vie du nouveau résident, l’emménagement en maison de retraite peut changer les rapports et la vision qu’à son entourage sur l’adulte vieillissant. Valois Robichaud, dans son livre Accueillir les besoins psychiques de l’adulte vieillissant, imagine ce que pourrait ressentir une personne s’apprêtant à emménager en maison de retraite. « Enfin, tout mon quotidien va basculer ; j’entre dans une ère nouvelle qui me demanderai tant et tant de force pour m’adapter, mais mes forces diminuent et m’amènent doucement vers la fin de ma vie. C’est bizarre et paradoxal à la fois, c’est dans mon milieu où je serais le mieux pour vivre la fin de ma vie, et c’est alors que je dois le quitter et mobiliser d’autres énergies nécessaires à ma survie, à mon adaptation dans un autre ailleurs. » (Robichaud, 2009e)
En effet, la dépendance grandissante de la personne âgée va l’amener à quitter son domicile, qui avait une véritable fonction de cocon identitaire et de base de sécurité. Ce sera une difficulté supplémentaire à surmonter. La personne ayant récemment emménagé en maison de retraite devra s’adapter à un nouveau rythme de vie, marqué par des protocoles et des horaires qui peuvent être rigides. (Cerioli, 2011) De ce fait, il sera important que le personnel soignant essaye autant que possible de conserver les routines, les habitudes de vie, qu’avait la personne avant son déménagement. Celui-ci provoque des changements brutaux qui entraînent une perte des repères sécurisant. Ils peuvent générer une telle angoisse que certaines personnes peuvent présenter des idées délirantes, au moins durant la première journée. Le fait de respecter, autant que possible, les routines de la personne, lui apportera une nouvelle sécurité. Ainsi, elle pourra mieux vivre son déménagement. Les soignants devront aussi montrer une attention soutenue à toutes les formes d’expression du vécu de la personne âgée. Le fait de se sentir écoutée et prise en compte peut aider le nouveau résident à reconstruire un sentiment de sécurité au sein de la maison et auprès du personnel soignant. Une fois cette anxiété atténuée, le travail d’adaptation aux contraintes de l’institution pourra débuter. (Robichaud, 2009c)On estime d’ailleurs que la période d’adaptation est d’environ un trimestre entier, étant donné la difficulté que cela représente.
Or, dans cet environnement très régulé, il sera alors tentant, pour la personne âgée, de se fondre dans la masse du groupe. (Cerioli, 2011)

L’intégration au groupe

L’une des premières difficultés rencontrées par la personne emménageant dans une maison de retraite, c’est son intégration dans la communauté formée par les résidents et les soignants.
Dans un groupe, la majorité, par sa simple existence, pousse la personne à adhérer à ses valeurs.
Elle peut parfois créer du malaise pour la personne nouvellement arrivée, car ses convictions peuvent être ébranlées. Elle aura besoin de temps pour s’y adapter et créer sa place. Pour cela, elle a deux possibilités : soit se conformer à ces valeurs en cédant à la pression du groupe, soit aller contre la pression, aidée par ses proches. Cette résistance peut amener le groupe entier à se comporter différemment. Si elle est bien menée, elle peut être une réelle source d’innovation pour la société.
Si la personne adopte une position conformiste, elle adhérera aux idéaux du groupe. Il y a trois raisons à cette adhésion :
-Tout d’abord, la complaisance : il n’y a pas de réelle atteinte profonde aux convictions, la personne a pour but de ne pas se faire remarquer. Ce n’est donc pas une réelle adhésion, simplement une façade. Cette position peut être difficile à tenir pour une personne vivant au long terme en maison de retraite.
-L’identification peut être une autre raison : elle permet de garantir des relations positives, son moteur est la volonté de plaire pour s’intégrer au groupe. On appelle cela l’influence normative.
-Enfin, l’intériorisation est le niveau de conformisme le plus poussé. La personne est convaincue par les normes du groupe, et elle y adhère sincèrement.
Les normes partagées dans le groupe donnent un cadre aux relations sociales, les rendant plus simples pour chacun. Elles permettent aussi une réelle cohésion, rendant possible la mise en place de projets et d’actions importantes.
L’intégration dans un nouveau groupe influence les choix de la personne, mais la personne influence le groupe, ce n’est donc pas un processus de dépersonnalisation. Le groupe est un ensemble très dynamique qui est amené à se repenser à chaque fois qu’une personne l’intègre ou le quitte.
Enfin, l’appartenance à un groupe fait partie de l’identité : l’intégration au groupe social de la maison de retraite permet donc de solidifier et de dynamiser l’identité de la personne arrivant à la maison de retraite. (Oberlé, 2016)
L’identité est faite d’identités multiples, et si on ignore une de ces facettes, on peut mettre à mal toutes les autres. Il est donc important de connaître la personne nouvellement arrivée afin de l’aider à prendre sa place dans le groupe et à trouver ses nouveaux rôles, en tenant compte de ses capacités et de ses désirs.
Lorsqu’il s’agit d’accueillir une personne physiquement dépendante mais qui a conservé de bonnes capacités cognitives, un point est important à prendre en compte. Cette personne emménage dans une institution accueillant des résidents qui peuvent présenter des troubles du comportement. La personne nouvellement accueillie va donc, dans un certain sens, subir elle aussi ces troubles du comportement. Non seulement il faudra chercher à protéger au maximum cette personne des nuisances provoquées par ces troubles, mais en plus il faudra veiller à lui procurer une vie intellectuelle, psychologique et relationnelle riche, lui permettant de continuer à se vivre telle qu’elle est.
De plus, les soignants sont souvent, à juste titre, accaparés par les personnes fortement dépendantes psychiquement mais aussi par les résidents qui présentent des troubles du comportement. Il sera important d’accorder tout de même des temps de disponibilité aux personnes encore actives et de leur permettre de vivre des rôles valorisants et à la hauteur de leurs capacités dans la maison de retraite. Sans cela, la personne pourrait se replier sur elle-même, ce qui pourrait entraîner une chute brutale de ses capacités physiques et cognitives, en plus de la mettre en difficulté psychologique.

La mise en place du projet personnalisé et l’initiation des suivis médicaux et paramédicaux

Le projet personnalisé est établi en équipe pluridisciplinaire le plus rapidement possible après l’emménagement du nouveau résident. Il regroupe ses informations personnelles, comme ses antécédents médicaux, ses traitements et maladies en cours, ses besoins et son autonomie. Mais la partie physique et médicale n’est pas la seule prise en compte : une grande place est accordée à
l’histoire de vie de la personne. Cette histoire est recueillie auprès du nouveau résident et de son entourage, afin d’avoir une vision la plus précise de la personnalité du résident. On recueille aussi ses attentes par rapport à son séjour dans la maison de retraite et ce qu’elle aime faire.
Ces informations permettent de mettre au point des objectifs ciblés et adaptés aux besoins et à la demande du résident. Ce projet est mis à jour tous les ans en équipe pluridisciplinaire, afin de réactualiser les objectifs et de ré-ajuster le travail de chacun. Ces réunions sont de véritables moments d’échanges au sein de l’équipe pluridisciplinaire autour de la personne concernée, ce qui permet à tous les acteurs de la maison de retraite de mieux connaître les personnes qui y habitent.
Il y a cependant une limite à ces projets personnalisés : les actions entreprises sont soumises aux contraintes institutionnelles et à des protocoles souvent rigides. Souvent, le travail des soignants est planifié et minuté très précisément, en ne tenant pas compte de la temporalité personnelle de chaque résident. Les institutions, par ce minutage des actions, privilégient la quantité par rapport à la qualité, ce qui peut entraîner la personne dans une spirale négative d’échecs car les soignants n’ont pas les moyens physiques de lui donner le temps de réussir. (Cerioli, 2011)
Les différents actes médicaux et paramédicaux doivent également être réfléchis et décidés en équipe. Les suivis de psychomotricité, de kinésithérapie, d’orthophonie ou d’ergothérapie sont soumis à une prescription médicale.
Ces différents accompagnements peuvent être très nombreux et fréquents pour les adultes dépendants. Ils peuvent donc être amenés à rythmer la vie de ces personnes, constituant l’une de leurs principales activités.
La mise en place de tels suivis doit être réfléchie à partir d’une évaluation de la demande personnelle du nouveau résident. Il faudra bien entendu interroger la demande du médecin et de l’entourage, mais le résident reste la première personne concernée par ces suivis, il est donc indispensable d’évaluer sa demande et ses attentes vis-à-vis d’un éventuel accompagnement. (Liotard, 2006).
Les suivis en kinésithérapie et en psychomotricité ont pour but d’initier la personne à une nouvelle économie de mouvements et de relation au corps. Par les exercices et les expériences proposés, ils aident les patients à retrouver petit à petit confiance en eux, à surmonter leurs peurs et leurs hypertonies… Pour cela, on propose aux résidents de (re)découvrir la conscience du corps et des mouvements. En psychomotricité, ce travail peut, par exemple, se faire au travers d’activités de réappropriation comme la « gym douce », des activités ludiques ou de la relaxation. Cette technique a pour but, en plus de retrouver du plaisir et des capacités corporelles, d’exercer l’adulte à la maîtrise de ses réactions tonico-émotionnelles. Cette discipline, comme de nombreuses autres, permet aussi de renforcer la dimension spatiale du corps, consolidant et dynamisant l’image corporelle de la personne. (Dutems Carpentier, 2011)
Ce travail autour de la perception du corps peut amener à une sorte d’introspection sur le corps. Le sujet pourra alors consolider son rapport imaginaire à son corps, ce qui lui permettra de ré-investir son corps comme un espace qui lui est propre. En effet, la perception (qu’elle soit induite par la relaxation ou par toute autre activité), est déjà une forme de représentation. (André, et al., 2004).
Cette consolidation des représentations corporelles permet au nouveau résident de retrouver un socle stable et sécurisant afin de conserver son identité malgré les difficultés et les bouleversements qu’il peut traverser dans cette étape de sa vie.

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Table des matières
Introduction
I) Comment définir la « personne âgée » ?
I.1 Le vieillissement d’un point de vue social
I.2 Les processus de vieillissement
II) L’identité
II.1 Qu’est-ce que l’identité ?
II.2 La construction de l’identité
III) L’identité de la personne âgée résidant en EHPAD et la place de la psychomotricité
III.1 L’impact du vieillissement sur le vécu et l’expression identitaire
III.2 L’emménagement en maison de retraite
III.3 Les relations affectives en maison de retraite
III.4 La vie en maison de retraite et l’expression de soi
III.5 Les pathologies, la désorganisation spatio-temporelle et le vécu identitaire
IV) Présentations cliniques
IV.1 Présentation de la maison de retraite
IV.2 Mme H
IV.3 Un exemple de groupe : l’atelier « éveil corporel »
V) Conclusion
VI) Annexes
VI.1 Projet d’atelier d’éveil corporel
Bibliographie

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