L’iconicité dans le langage

Historique des dictionnaires

Pendant des années, et encore de nos jours, la communauté sourde a été et est en nombre réduit. A l’époque, chaque sourd inventait de nouveaux signes, qui ne pouvaient se transmettre aux autres générations que si d’autres sourds naissaient dans leur entourage. Depuis l’abbé de l’Epée, tout cela a changé. En effet, la création et l’ouverture d’institutions où l’on pratique la langue des signes permettra une certaine collectivité de cette langue. Se pose alors un problème : l’écriture de ces langues gestuelles. Il est difficile de décrire une langue gestuelle, aussi, seront publiés des dictionnaires ou encore des lexiques.

La transcription de la langue des signes

Françoise Bonnal en 2004 décrit très bien les différents procédés de transcription de la langue des signes dans l’ouvrage Regards sur l’histoire de la linguistique de la Langue des Signes Française. Nous reprendrons ses titres.

Ecriture des signes

En 1825, dans son ouvrage Mimographie ou essai d’écriture propre à régulariser le langage des sourds-muets, Auguste Bébian tente de mettre en place un système de transcription de la langue de signes par écrit (c’est la première tentative d’écriture de la langue des signes). Il invente donc un système compliqué constitué de 187 caractères et autres ponctuations. Ce travail reste de plus un travail purement théorique, et les exemples sont minimes. Ce système ne sera pas utilisé au XIX° siècle mais inspirera Strokoe en 1960. Piroux propose également une transcription de la langue des signes en 1828 dans Méthode de dactylologie, de lecture et d’écriture à l’usage des sourds-muets.

Français Equivalent Mimographie (FEM)

En 1850 le Dr Blanchet publie un ouvrage présentant un dictionnaire très détaillé et précis permettant la transcription des signes de la langue des signes. L’auteur nomme ce procédé FEM qui signifie Français Equivalent Mimographie. Françoise Bonnal précise que « le français est utilisé ici non pas pour lui même, mais comme un équivalent du langage mimique écrit » (BONNAL, 2004 : 19).

Le dessin

Valade en 1854 publie Etudes sur la lexicologie et la grammaire du langage naturel des signes, ouvrage dans lequel il se pose la question de comment mettre les signes sur papier. Il est donc le premier à proposer la solution du dessin, qui est de nos jours celle qui est utilisée de façon majoritaire dans la transcription de la langue des signes. Un des points négatifs de Valade : il reste dans la théorie et n’entre pas dans la pratique. D’autres auteurs ont également publiés des livres concernant le dessin en langue des signes, par exemple, Joséphine Brouland en 1855 et 1856 spécimens d’un dictionnaire des signes. Celle ci décrit le mouvement par des flèches, tout comme chez Pierre Pélissier en 1856, en plus grand nombre et avec des formes plus variées (circulaire, zigzag…) dans Iconographie des signes faisant partis de l’enseignement primaire des sourds muets.
Cet auteur introduit aussi les pointillés traduisant la forme initiale du signe ou le premier élément du signe. Chez L’abbé Lambert en 1865 dans Le langage de la physionomie et du geste mis à la portée de tous, nous ne retrouvons pas des dessins aussi clairs que chez les deux autres auteurs Brouland et Pélissier .

L’abbé P.A Jamet

Il existe trois versions de Dictionnaires des signes rédigé par Jamet. Incomplet et inachevé, il utilise la même démarche que l’abbé de l’Epée, c’est-à-dire « une démarche de type étymologique, de ‘régularisation ‘ des signes, à partir des racines latines, et de type grammatical, avec un travail sur les affixes et sur l’identité grammaticale des mots qu’il traduit » (BONNAL, 2004 : 31). Dans ce dictionnaire, la langue des signes n’est pas transcrite entièrement. En effet, ici, un signe = un mot français. Ce dictionnaire contient des « signes attestés » mais aussi d’autres signes dont « il est difficile d’évaluer la validité » (BONNAL, 2004 : 31). La plupart des signes sont décrits à la manière du FEM lors de la description du dessin qui correspond.

L’abbé Jean Ferrand

L’abbé Jean Ferrand publie un ouvrage contenant 4087 entrées destiné aux enseignants, ce qui a un effet sur les explications des signes donnés dans ce dictionnaire : elles « permettent de faire comprendre le concept et (le dictionnaire) présente parfois des sortes de mises en scène de l’enseignement du signe » (BONNAL, 2004 : 34). Nous pouvons noter quelques ressemblances avec le travail de l’abbé de l’Epée. Certaines descriptions présentes dans ce dictionnaire tiennent plus du mime que de la langue des signes mais il comporte également de vrais signes. Ce dictionnaire sera très utile pour l’histoire de la langue des signes.

Le Dr A. Blanchet

Son ouvrage Le petit dictionnaire usuel de mimique et de dactylologie contient environ 720 signes pour 1400 entrées. C’est un dictionnaire très précis, il ne contient aucun dessin (description uniquement) mais il a recours à des procédés visuels. Par exemple, il décrit l’orientation de la paume, critère dont l’importance ne sera découverte que plus tard. Il précise l’origine des signes quand il les connaît. « Il s’agit vraiment d’un ‘vocabulaire’ destiné à une traduction terme à terme » (BONNAL, 2004 : 42). « Le Dr Blanchet tient compte du caractère transcatégoriel des signes. On a le sentiment […] d’une authenticité du matériau linguistique présenté » (BONNAL, 2004 : 42).

L’abbé Lambert

Son dictionnaire Le langage de la physionomie et du geste mis à la portée de tous (1865) est « de tous les Dictionnaires des XVIII°-XIX° siècles, le plus complet et celui qui correspond le mieux à l’idée moderne que nous nous faisons d’un Dictionnaire bilingue » (BONNAL, 2004 : 42).
Il comporte trois parties : le dictionnaire en dessin, les signes simples, et le grand dictionnaire. Il prend en considération la langue des signes et non le français (par exemple pour la grammaire). Ce dictionnaire contient des informations fiables et utiles pour notre époque.

Degérando (ou de Gérando)

Les définitions données dans son ouvrage Langue dont le lexique est en gestation en 1825 sont « univoques » (BONNAL, 2004 : 51), ne contiennent aucun dessins et prennent en compte des expressions typiques de la langue des signes. Ce dictionnaire est réellement un « vocabulaire bilingue » (BONNAL, 2004 : 52) et il y a un « souci constant d’expliquer la genèse du signe » (BONNAL, 2004 : 52). Nous retrouvons une « similitude des signes décrits […] avec les signes actuellement utilisés » (BONNAL, 2004 : 53). Ses explications des signes sont très claires et c’est aussi le premier à traduire tout un texte (l’oraison dominicale).
Jusque là, nous avons donc vu l’aspect historique des deux langues des signes étudiées dans ce travail, puis celui des dictionnaires, étant le support de notre étude et l’élément essentiel de l’élaboration de notre corpus. Attardons nous maintenant sur la culture sourde en France et en Irlande afin de situer les Sourds et leur langue des signes à notre époque.

L’iconicité dans le langage

Dans son livre la production des signes, Umberto Eco (1992) énonce et critique plusieurs définitions de l’iconicité liées au langage. Tout d’abord, la définition selon laquelle le signe possède les propriétés de l’objet qu’il dénote. Afin de réfuter en partie cette définition, Umberto Eco fait une comparaison avec la peinture ou encore le cinéma. Ceux-ci seraient en effet bien plus iconiques qu’un signe écrit. Or, il affirme qu’une ressemblance parfaite avec l’objet peint est impossible, du fait que la matière sera toujours différente de la réalité et que le mouvement sera toujours absent.
Bien que le cinéma possède plus de propriétés liées à l’iconicité, il ne pourra jamais retranscrire quelque chose avec une parfaite ressemblance à l’objet réel. L’iconicité n’est dans ce cas que partielle et ne pourra en aucun cas et dans aucune situation être totale. Moris parle alors de « degrés » et cite comme exemple les onomatopées qui dépendent également de la perception d’une région ou d’un pays. Une définition plus modérée citée par Eco vient de Peirce qui affirme qu’un « signe est iconique quand il peut représenter son objet essentiellement par similarité » (ECO, 1992 : 40). La notion de similarité se rapproche effectivement de celle de propriétés identiques mais elle est tout de même nuancée dans le sens où elle est moins forte. Pour se justifier, Eco utilise un exemple de géométrie où deux formes peuvent être similaires sans avoir les mêmes dimensions.
Une troisième définition se rapporte à la notion d’analogie. Umberto Eco la rejette pour le simple fait qu’elle se confond avec la définition de similarité vue auparavant. De plus, grâce à son exemple sur les ordinateurs, il nous montre qu’une analogie est en fait une proportion lorsqu’il affirme qu’un ordinateur est appelé analogique « parce qu’il établit une proportionnalité constante entre deux séries d’entités » (ECO, 1992 : 48). Eco émet quelques doutes quant aux fonctions iconiques des « réflexions spéculaires, des doubles et des répliques basées sur la ratio facilis et des signes définis comme expressifs » (ECO, 1992 : 49). La notion d’iconicité dépend aussi de la représentation culturelle. En d’autres termes et afin d’expliquer ceci par des exemples, Eco nous précise qu’une peinture peut tout à fait être considérée comme non ressemblante à une époque puis comme une imitation presque parfaite à une autre. La perception de cette peinture a donc évolué en même temps que l’évolution culturelle de la population. Pour reprendre les dires de l’auteur, « cela signifie que l’artiste avait inventé un type de transformation selon des règles qui n’étaient pas encore acquises par la collectivité » (ECO, 1992 : 53). De plus, il définit « le code iconique comme un système qui fait correspondre à un système de moyens graphiques des unités perceptives et des unités culturelles codifiées, ou des unités pertinentes d’un système sémantique qui résulte d’une codification préalable de l’expérience perceptive » (ECO, 1992 : 56). Un objet peut être considéré comme iconique même s’il n’y a pas de ressemblance avec l’objet qu’il représente. En effet, il suffit que l’objet ait la même utilisation que l’autre objet qu’il représente pour le qualifier d’iconique. Eco nous met cependant en garde et affirme qu’il « ne faudrait pourtant pas en arriver à une conclusion toute aussi dogmatique que les partisans de l’iconisme, et affirmer que les signes iconiques sont totalement conventionnels » (ECO, 1992 : 61).
En ce qui concerne les langues signées, comme le souligne Millet dans son article La langue des signes française (LSF) : une langue iconique et spatiale méconnue, « au plan lexical, l’iconicité est au cœur de la création du vocabulaire » (MILLET, w3.u-grenoble3.fr/lidilem/labo/file/afliut : 2).
Dans son article Dynamiques iconiques en langue des signes française : aspects syntaxiques et discursifs, paru dans Surdité et société : Perspectives psychosociale, didactique et linguistique en 2006, Millet s’intéresse à la place de l’iconicité dans le discours en langue des signes. Nous reprendrons donc seulement quelques éléments propres à cette question sur l’iconicité, mais, notre mémoire étant centré sur le lexique, la totalité de son article ne correspond pas exactement à notre problématique, et ne sera donc pas détaillé. Millet nous précise donc qu’il existe deux formes d’iconicité concernant le plan syntaxique d’une langue des signes : « une présémantisation […] de l’espace du signeur et […] un procédé d’anaphorisation du lexique » (MILLET , 2006 : 131). Elle décrit donc six espaces répartis autour du corps du signeur qui sont appelés des « espaces présémantisés » (MILLET, 2006 : 131). L’iconicité syntaxique d’une langue signée va être assurée par l’utilisation de ces espaces, mis en rapport avec une « tenue des configurations manuelles » (MILLET , 2006 : 134).

Rapport signe/référent

Dans son œuvre le signe (1988), Umberto Eco nous propose 5 thèses auxquelles il consacrera tout un chapitre afin de les expliquer et de les discuter. Sans rentrer dans les détails, nous ne feront que nommer ces thèses qui pourront nous être utiles dans notre classement des signes de la langue des signes ainsi que pour notre volonté de mieux comprendre le rapport entre signe et signifié. Les thèses énoncées par Eco sont donc les suivantes : « il y a une relation entre ordre logique et ordre sémiotique; […] il y a un rapport sémiotique entre le signe et le concept, lequel est à son tour signe de la chose; […] il y a un rapport entre ordre sémiotique et ordre ontologique; […] il y a un rapport entre la forme du signe simple et la forme de l’objet à quoi il se réfère; […] il y a un rapport fonctionnel entre signe et objet à quoi il se réfère effectivement » (ECO, 1988).
En langue des signes, le fait d’associer un signe à un référent grâce à un rapport d’iconicité, est appelé transfert. Sallandre nous énonce les trois grands types de transferts que nous pouvons trouver dans les langues des signes : « Les transferts de forme et de taille : les lieux, objets ou personnes sont décrits par leur taille ou leur forme (pas de procès, pas d’actant). Ex : la forme d’un rocher, la taille d’une personne.
Les transferts de situation : c’est le déplacement d’un objet ou d’un personnage (procès, avec la main dominante) par rapport à un locatif stable (avec la main dominée). La scène est comme vue de loin. Le locuteur a du recul par rapport à ce qu’il dit. L’action est essentiellement marquée par les mains, il y a donc peu d’investissement corporel.
Les transferts de personne : parmi les opérations de transfert, on s’intéresse aux plus complexes d’entre elles, les transferts de personne, qui mettent en évidence la capacité du locuteur à entrer dans la peau des protagonistes de l’énoncé (personne, animal, objet).
C’est ce qu’on appelle aussi souvent la prise de rôle, avec actant, procès, locatif. Le locuteur devient l’entité dont il parle. Tout le corps du locuteur est occupé par le rôle (pas de recul, contrairement au cas du transfert de situation) : il y a incorporation. »

Méthodologie du recueil de données

Ayant eu l’occasion de valider cette première année de master à l’étranger, il m’a semblée intéressant d’utiliser cette opportunité dans le cadre de mon mémoire, c’est pourquoi le thème de ce dernier est la comparaison de la langue des signes française et irlandaise. Il m’a fallu ensuite préciser ce sujet, choisir une partie à comparer plus précise. Les procédés iconiques m’ont paru très intéressants et mon mémoire est donc basé sur la description et la comparaison des procédés iconiques mis en œuvre dans les signes des langues des signes irlandaise et française, à partir des signes tels qu’ils apparaissent dans les dictionnaires. Je me suis alors lancée dans des lectures, sous les conseils de mon directeur de mémoire, afin de trouver une problématique. Le corpus sera composé de pictogrammes tirés de deux dictionnaires de langues des signes française et irlandaise.
J’ai donc deux ouvrages de référence pour la rédaction de ce travail : le dictionnaire de langue des signes française dictionnaire 1200 signes la langue des signes française français → LSF, éditions Monica Companys, édition révisée 2008, Angers ; et le dictionnaire de langue des signes irlandaise Sign on, Sign language association of Ireland. Dans cette partie, nous essaierons donc d’expliquer les questions méthodologiques auxquelles nous confronte ce mémoire et plus précisément les questions de transcription et de choix méthodologiques opérés pour les résoudre.

Objectif d’analyse

Avant de commencer un travail de recherche, il est important de définir une problématique précise à laquelle répondra notre mémoire. Il faut donc être conscient de ce que nous voulons montrer en analysant telle ou telle donnée.
Pour moi, l’objectif premier était une comparaison entre deux langues des signes. En effet, beaucoup pensent que la langue des signes est une langue universelle puisque selon eux, celle-ci relève du mime. Or, celle ci fonctionne comme n’importe quelle autre langue orale et nous pouvons nous apercevoir qu’elle peut être complètement différente d’un pays à un autre. J’ai donc décidé de voir, en comparant des pictogrammes tirés de dictionnaires, si deux langues des signes peuvent avoir des procédés iconiques totalement différents d’un pays à un autre.
Afin de répondre à ma problématique, nous analyserons donc des pictogrammes. Je suis consciente du fait qu’il est difficile de parler d’une langue sans véritablement la connaître. C’est pourquoi, au préalable, j’ai assisté dans le cadre de ma formation de master 1 « langage et surdité » à des cours de langue des signes irlandaise à raison de 9h par semaine pendant un an ainsi que des cours de langue des signes française durant les deux dernières années de ma licence sciences du langage (2h par semaine). Cela m’a donc permis de me familiariser avec ces deux langues afin d’avoir une connaissance plus détaillée de mon sujet de mémoire.

Transcription

D’après Robert Pléty, dans son œuvre Ethologie des communications humaines : aide mémoire méthodologique (1993), il est préférable de « se mettre en situation de ‘celui qui ne sait pas’ » afin de transcrire des données sans les analyser directement. Afin d’expliquer toutes les difficultés et les questionnements concernant les langues signées, nous nous baserons sur le mémoire de Leïla Boutora (2003) concernant l’étude des systèmes d’écriture des langues vocales et des langues signées, description et analyse comparatives de deux systèmes « idéographiques » et de Sign Writing. Comme elle le précise, « les sourds […] utilisent généralement la forme écrite de la langue parlée officielle de leur pays » (BOUTORA, 2003 : 38).
En effet, il n’existe pas de langue écrite concernant la langue des signes, qui est pourtant reconnue comme étant une langue à part entière. Leïla Boutora nous décrit alors le « Sign Writing » qui est « le seul système d’écriture de langue signée » (BOUTORA, 2003 : 38) « créé par Valérie Sutton ».
Ce dernier présente trois « versions » présentées dans ce mémoire : Le « full-body Sign Writing » où « chaque configuration digitale possède sa propre représentation » (BOUTORA, 2003 : 72), le « Sign Writing Handwriting » qui utilise « une représentation où seuls les éléments pertinents phonétiquement sont conservés. […] Les éléments internes aux signes sont graphiquement indépendants (sans liens ou ligatures), alignés de gauche à droite » (BOUTORA, 2003 : 72) et le « Sign Writing Shorthand » qui « n’est ni plus ni moins qu’une notation sténographique, où seuls les éléments indispensables à un décodage ultérieur moyennant quelques règles, sont notés » (BOUTORA, 2003 : 73). Le Sign Printing permettra ensuite de transcrire la « représentation de l’espace de signation et de spatialisation », « la prosodie », « les éléments manuels », ainsi que « les éléments non manuels ». Ce système s’inspire donc du système du hiéroglyphe ou encore des caractères chinois. Il me paraît bien compliqué de baser mon propre mémoire sur un corpus transcrivant les deux langues des signes à comparer grâce au système du sign writing. Bien qu’il transcrive tout ce qu’il faut pour une langue des signes, il me semble qu’il faudrait être expert en Sign Writing pour pouvoir comprendre totalement la transcription sans autre explication écrite. Or, selon Robert Pléty (1993), bien qu’il soit très difficile d’expliquer des signes de façon claire et simple, il faut aussi faire attention à ce que les données transcrites soit bien lisibles pour nos lecteurs. J’ai donc décidé d’utiliser un tableau de description du signe. Celui-ci me paraît complet et précis.

Description des signes

Comme nous l’avons déjà précisé auparavant dans la partie décrivant notre méthodologie de recueil de données, vous trouverez en annexe des tableaux décrivant chaque signe analysé dans ce mémoire. Sont donnés dans ces tableaux des renseignements sur la forme et l’orientation de la main, l’emplacement du signe ainsi que son mouvement. Toutes ces informations nous seront utiles afin de classer, interpréter et comparer les signes utilisés dans les langues des signes française (LSF) et irlandaise (ISL).
Nous commencerons par décrire les signes composants notre corpus puisqu’il est néanmoins difficile de rendre compte de la totalité d’un signe dans un tableau. Les descriptions données dans cette partie seront donc plus développées que celles que nous pourrons trouver dans les annexes.
Nous donnerons ensuite une interprétation des signes lorsque c’est possible. Pour la signification des termes employés pour décrire la forme des mains, l’emplacement du signe, l’orientation de la main et le mouvement, se reporter aux annexes 11 à 14.

Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « sentiments/feelings » (cf. annexe 1)

Description

Dans le champ sémantique des sentiments (c’est-à-dire concernant les signes de la LSF composant ce champ sémantique) nous retrouvons les signes correspondants au français écrit « amour », « aimer », « content », « déçu », « détester », « désolé », « en colère », « haïr », « malheureux », « ne pas aimer », et « triste ».
En ce qui concerne la forme de la main lors de la formation du signe, nous remarquons que ceux-ci sont assez hétérogènes. En effet, « amour » et « malheureux » utilisent la forme « bec de canard fermé », « aimer », « content » et « ne pas aimer » utilisent la forme de la main « main plate », « déçu » utilise l’index puis le « 5 » tout comme « détester » (qui utilise également le pouce), « en colère » et « triste » utilise le « 5 plié », et enfin « désolé » utilise la forme de la main dite « S ».
Pour l’emplacement du signe, nous pouvons noter que la plupart des signes se situent au niveau du cœur, de la poitrine ou du torse, comme le prouvent les signes « aimer », « ne pas aimer », « en colère » et « désolé ». Beaucoup se situent aussi à l’emplacement neutre « devant soi », comme les signes « amour », « déçu », « haïr », et « malheureux ». Les signes « déçu », «détester », et «triste » se situent quant à eux au niveau du visage (plus précisément au niveau de la bouche, du menton, et du visage).
Les signes « aimer », « content », « déçu », « ne pas aimer », « triste », « en colère », et « haïr » se font avec la paume de la main tournée vers soi. Nous observons donc que la plupart des signes composant le champ sémantique des sentiments sont formés avec cette orientation de la paume de la main. Concernant les autres signes, la paume de la main est orientée vers le bas pour « amour » et « désolé », vers le haut pour « malheureux », ou encore vers le profil droit pour « détester ».
Enfin, le mouvement des signes « amour », « content », « désolé », et « malheureux » est circulaire, le signe « détester » utilise un mouvement de fermeture (les doigts se referment), les signes « aimer » et « en colère » se dirigent plutôt vers le haut tandis ce que « déçu », « ne pas aimer », et « triste » sont dirigés vers le bas et que le signe « haïr » est dirigé vers l’avant.
Dans le champ sémantique du feeling (c’est-à-dire concernant les signes de la ISL composant ce champ sémantique) nous retrouvons les signes correspondants à l’anglais écrit « love », « like », « happy », « disppointed », « hate », « sorry », « angry », « unhappy », « don’t like », and « sad ».
La forme des mains composant le signe est assez différente d’un signe à un autre. En effet, les signes « love » et « sad » utilisent la forme de la main dite « main plate », les signes « like » et « sorry » utilisent la forme de la main « moufle », le signe « happy » la forme de la main « H », le signe « disappointed » utilise la forme « V », le signe « hate » la forme « 5 plié » et le signe « angry » se sert de la forme de la main « C ».
Encore une fois, nous remarquons que les signes composants le champ sémantique du feeling se situent principalement au niveau du cœur, du torse, ou de la poitrine. C’est le cas pour les signes « like », « hate », « sorry », « angry », « don’t like », « happy », « hate », ou encore « unhappy ». Les autres signes faisant partie de ce champ sémantique se situent au niveau de l’épaule, de la gorge et du visage (réciproquement pour les signes « love », « disappointed » et « sad »).
Concernant l’orientation de la paume de la main lors de la formation du signe, nous pouvons noter que la plupart des signes sont orientés vers soi, comme les signes « love », « like », « happy », « don’t like », « sad », « hate », « sorry », « angry », « happy », ou encore « unhappy ». Seul le signe « disappointed » est orienté vers le bas.
Pour finir, nous pouvons voir que les signes « like », « disappointed » et « don’t like » utilisent un mouvement que nous avons nommé « tape » (c’est-à-dire que le mouvement consiste à taper légèrement la partie du corps où le signe se situe), le signe « sorry » a un mouvement circulaire alors que le signe « love » a un mouvement nommé « touche » (les mains touchent l’emplacement où le signe s’effectue). Les signes « happy », « angry » et « unhappy » ont un mouvement vers le haut tandis ce que les signes « sad » et « hate » sont dirigés réciproquement vers le bas et l’avant.

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Table des matières
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
Première partie : Partie théorique et méthodologique
1. Aspects historiques de la LSF et de l’ISL
1.1. Langue des Signes Française (LSF)
1.2. Irish Sign Language (ISL)
1.3. Historique des dictionnaires
2. La culture sourde, en France et en Irlande
2.1. France
2.2. Irlande
3. Signe, motivation et iconicité
3.1. Définition du signe linguistique
3.2. L’iconicité dans le langage
3.3. Rapport signe/référent
4. Classement selon Danielle Bouvet
5. Méthodologie du recueil de données
5.1. Objectif d’analyse
5.2. Transcription
Deuxième partie : Analyse des données 
1. Champ lexical / Champ sémantique
2. Description des signes
2.1. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « sentiments/feelings » (cf. annexe 1)
2.2. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « esprit/mind » (cf. annexe 2)
2.3. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « physique/physical» (cf. annexe 3)
2.4. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « temps/time » (cf. annexe 4)
2.5. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « famille/family » (cf. annexe 5)
2.6. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « temps/weather» (cf. annexe 6)
2.7. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ
sémantique appelé « caractère/character» (cf. annexe 7)
2.8. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ
sémantique appelé « maison/home » (cf. annexe 8)
2.9. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « vision/view » (cf. annexe 9)
2.10. Récapitulatif des signes des langues des signes française et irlandaise composant le champ sémantique appelé « ouïe/hearing» (cf. annexe 10)
3. Classement des signes
3.1. Les signes abstraits
3.2. Les signes indicatifs figuratifs
3.3. Les signes indicatifs de désignation spatiale
3.4. Les signes descriptifs
3.5. Tableau récapitulatif
4. Comparaison entre les champs sémantiques
5. Comparaison LSF/ISL
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXES

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