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L’IBA, l’appréciation de cet outil en France
Cependant, l’IBA va aussi attirer d’autres territoires tels que l’île-de-France.
En effet, dans le cadre de la consultation du Grand-Paris, une équipe de réflexion nommé LIN* a développé un principe de « Mini IBA » reprenant les avantages de cet outil comme la gouvernance indépendante, la temporalité limitée et le soutien économique et marketing aux projets. Ils souhaitent le développer sur une durée de 2 ans autour de plus petites interventions.
Cet intérêt de la région île-de-France pourrait, il me semble, s’élargir à d’autres métropoles françaises qui cherchent elle aussi, à agir sur un territoire plus vaste comprenant une agglomération de plus en plus éloignée, n’ayant pas forcément des limites administratives ou géographiques déjà tracées.
Afin d’agir à ces nouvelles échelles d’agglomérations, ces territoires peuvent actuellement utiliser le SCOT* pour planifier et trois autres outils opérationels qui sont les lotissements, les AFU et les ZAC* pour mener des projets urbains concrets. Néanmoins, comme le décrit, Jean-Michel Roux, les projets urbains en périphéries restent encore très difficiles à mettre en place comme l’illustre leur faible nombre ou leur lenteur de développement. Par conséquent, ce qui intéresse les territoires métropolitains dans l’outil IBA, c’est qu’il permet de sortir de l’outil traditionnel du SCOT, de la gouvernance, de la temporalité et de ces règles juridiques complexes afin d’agir plus facilement et rapidement. Les auteurs de la revue Urbanisme décrivent notamment l’IBA comme un nouvel outil pour construire les métropoles françaises car il leur permettrait une baisse des « pesanteurs administratives ».
C’est donc face à la montée en puissance de ce nouvel outil d’action territoriale en Europe et de sa vision idéalisée que s’est construit ma réflexion avec une volonté déceler les conditions de mise en place d’une IBA sur les grands territoires métropolitains européens et notamment français. Quels sont les intérêts positifs et négatifs de son utilisation ?
Pour répondre à cette question, je me suis intéressé en détail à l’IBA et notamment à une des expériences : l’IBA Hambourg. Sa mise en place de 2007 à 2013 sur les îles d’Elbes a illustré les difficultés d’utilisation d’un tel outil et c’est en cela que son analyse est intéressante.
L’IBA Hambourg, symbole des dysfonctionnements de l’IBA
Ce qui attire les territoires métropolitains français aujourd’hui, a attiré Hambourg il y a 10 ans. En 2007, Hambourg a vu en l’IBA un outil non négligeable pour faciliter l’action du land sur un de ces territoires périphériques à travers le projet « Le saut par-dessus d’Elbe». Plus précisement, l’IBA y a été utilisé afin de réintégrer les îles d’Elbes au dynamisme économique du reste du land.
Les îles d’Elbes font partie de la zone portuaire et ont été pendant longtemps laissées de coté par les pouvoirs publics, pourtant composées d’une population défavorisées, faiblement dotées de capital économique et connaissant de forts problèmes sociaux.
Néanmoins face à l’entrain de Hambourg pour l’IBA, certaines voix sont restées réticentes à l’utilisation politique de cet outil qualifié « d’extraterritorial*.
Son utilisation sur les îles d’Elbes a mis de coté, selon des militants, l’ensemble des acteurs sociaux et initiatives qui contribuaient à l’amélioration des conditions de vies des habitants au profit du land.
La critique de l’outil IBA
Il faut savoir, qu’historiquement, Hambourg à toujours été habité par des mouvements constestataires forts qui accusent aujourd’hui, non seulement l’outil IBA mais aussi la politique générale de Hambourg depuis les annees 1990. Une politique qui semble promouvoir la ville « entreprise » c’est-à-dire une ville qui se veut attractive pour les forces économiques et pour cela elle lance de grands projets urbains tel que le projet Hafencity et Le saut par-dessus l’Elbe (IBA). L’outil IBA chercherait donc, selon eux, à renforcer cette politique de promotion territoriale.
Plus précisément, les critiques faites aux projets de l’Hafencity et Le saut par-dessus l’Elbe (IBA) concernent la gentrification qu’ils ont provoqué.
À l’Hafencity, ce phénomène s’illustre par l’arrivée de nombreuses constructions résidentielles haut de gamme ainsi que par la construction de nombreux locaux de bureaux et de grandes infrastructures culturelles telle que la philarmonie des architectes suisses; Herzog et De Meuron. Sur les îles d’Elbes, ce phénomène est aussi caractérisé par des constructions résidentielles haut de gamme et énergétiquement propres, provoquant une augmentation des loyers ainsi que la privatisation de certains espaces publics.
Mais selon les dirigeants de l’IBA, c’est aussi un projet qui tente de nuancer les effets gentrificateur en proposant une démarche participative et des projets sociaux dans le but d’améliorer les conditions de vies de la population existante. Selon le directeur, c’est d’ailleurs, un des aspects principaux qui le différencie du projet de l’Hafencity.
Néanmoins pour les militants et même certains chercheurs, cette tentative de nuance reste paradoxale face à la volonté du land de rendre attractif ce territoire. Les habitants craignent donc que l’IBA transforme jusqu’au travertissement, les îles d’Elbes, pour en faire une « vitrine politique ».
Les contestataires en action
En 2007, lors de l’ouverture de l’IBA, une manifestation a eu lieu sous le slogan « IBA ! Nigs Da ! »*, cette manifestation a eu un grand succès car elle a réussi à faire entendre le mécontentement des militants. Ces militants en nombre de 1500, souvent issus d’un milieu doté d’un for capital culturel et militant, ont commencé à ce faire entendre autour de la gentrification des quartiers du centre-ville comme St Pauli, Schanze, Altana ou St George et maintenant des îles d’Elbes. Plus localement, c’est l’AKU*, un groupe de travail sur la restructuration des îles d’Elbes et notamment de Wilhelmsburg qui conteste « la restructuration et les grands projets de l’IBA » et notamment sa non prise en compte des populations existantes.
Ainsi, sous le slogan : « La ville nous appartient à tous ! » emprunté aux idées d’Henri Lefebvre sur le droit à la ville, les militants ont donc commencé à attirer l’attention du public et des médias grâce à des actions diversifiées et même le milieu universitaire à partir de 2009.
Malgré ces revendications, c’est seulement en 2011 que les pouvoirs publics et l’IBA ont dû s’expliquer sur la hausse des loyers et le déplacement de certains habitants vers la périphérie les îles d’Elbes. Mais les réponses des responsables justifient cette hausse comme un phénomène de « réévaluation vers le haut » c’est-à-dire un rééquilibrage des îles d’Elbes dans le dynamisme immobilier du reste du land. Pour justifier ce développement, l’équipe de l’IBA publiera notamment un document intitulé « Gentrifizierung in Wilhelmsburg ? »*, en juin 2013, qui met l’accent sur le caractère abordable et exceptionnel du quartier en montrant l’évolution des loyers entre 2006 et 2012 comparé à des augmentations plus forte dans d’autres quartiers.
Parcours de l’étude
Finalement, l’arrivée de l’outil IBA sur un territoire métropolitain ne semble pas évidente à gérer car elle bouleverse les acteurs présents initialement sur un territoire péripherique et les moyens d’actions initiaux. Analyser l’IBA Hambourg et ses dysfonctionnements, nous permettra de comprendre en conclusion de ce mémoire, les conditions de mise en place de cet outil sur les grands territoires métropolitains français.
Par conséquent, dans une première partie, nous essayerons de comprendre les motifs de mise en place d’une IBA sur un territoire et comment elle transforme sa gestion. Ensuite, nous essayerons de comprendre dans les deux parties suivantes, les performances des projets de l’IBA sur un territoire et notamment comment ils répondent aux volontés des pouvoirs publics.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 l’outil iba, restructure la gouvernance territoriale
L’IBA Hambourg, un outil au service de la politique du land ?
La situation territoriale des îles d’Elbes
Le choix de l’outil IBA pour les îles d’Elbes
L’IBA bouleverse l’organisation des d’acteurs présents sur les îles d’Elbes
Partie 2 l’outil iba, des performances politiques L’IBA Hambourg, des projets créateurs d’une « Metrozones » : Densifier la périphérie
« Metrozones » : La concentration des investisseurs « Metrozones » : La construction d’un complexe
Partie 3 l’outil iba, des performances politiques et sociales a nuancer
L’IBA Hambourg, des projets créateurs d’une : « gentrification au nom de la mixité » ?
Cosmopolis » : La place de la mixité
« Cosmopolis » : La participation habitante limitée
La participation habitante dans le Weltquartier
« Cosmopolis » : L’éducation un système en cours d’ancrage
« Cosmopolis » : L’économie locale faiblement soutenue
Conclusion
Bibliographie
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