L’hypersexualisation : réalité observée par les éducateurs

L’hypersexualisation : réalité observée par les éducateurs

Synthèse et analyse de l’objectif 1 : L’image de l’hypersexualisation dans le discours des travailleurs sociaux

À l’issue de ces premières réflexions nous pouvons constater que tous les professionnels savent mettre des mots sur le phénomène de l’hypersexualisation. La vision qu’ils en ont peut se définir selon un axe : celui de l’exagération. Cet excès se retrouverait dans l’apparence, l’attitude et la parole. Tous les éducateurs ont d’emblée nommé des termes se rapportant à l’habillement des filles. Certains ont surtout insisté sur les caractéristiquesde ces tenues jugées trop évocatrices et trop moulantes. Si l’habillement rejoint l’ensemble des répondants lorsqu’il est question de l’hypersexualisation, L’Educ.2 parle également du maquillage qu’il trouve trop visible et plus élaboré qu’au début de sa carrière professionnelle. L’attitude liée à l’hypersexualisation est également évoquée chez les participants et serait liée à une idée de représentation de soi, de recherche du regard de l’autre. Cette attitude serait à mettre en lien avec l’habillement qui influence la manière qu’ont les jeunes filles de se montrer. Tous les éducateurs expriment que cela les préoccupe et les questionne. Ils ne sont toutefois pas tous d’accord sur l’idée de séduction conscientisée. Si pour deux éducateurs interrogés, cette mise en avant du corps représente avant tout une manière de se conformer aux modèles sociaux afin de se sentir acceptéeset aimées, pour l’Educ. 4, les jeunes filles sentiraient ce qui est séducteur ou non :« Alors chez les jeunes filles, les vêtements et la posture c’est clair mais je diraila façon de parler aussi ! Elles sentent ce qui est séducteur ou pas. Ou alors dessituations de séduction comme l’exemple d’une jeune fille qui dit depuis sachambre à un collègue homme quand on l’appelle  » Écoute je suis toute nue, je ne peux pas venir maintenant » et qui peut rendre mal à l’aise. Et ça devient une excuse aussi, elles utilisent cela » (Educ.4). Après l’apparence et la séduction, c’est par rapport au langage que deux éducateurs associent le terme « hypersexualisation ». Le vocabulaire utilisé soit dans la manière de se parler soit dans les musiques écoutées sont considérées comme étant sexualisées et crues. Pourtant cela n’avait pas été mentionné dans les définitions mais ils ont jugé utile de le rajouter. En plus de cette vision de l’hypersexualisation, il est intéressant de constater que toutes les personnes interrogées se retrouvent dans plusieurs éléments de définition. Si certaines thématiques telles que le phénomène des «fuckfriends » ou le clavardage sexuel n’ont été ni reprises ni commentées par les travailleurs sociaux, il n’en demeure pas moins que les définitions se rapportant à l’hypersexualisation trouvent une résonance dans la réalité des professionnels et des jeunes qu’ils accompagnent. Les thèmes de l’habillement sexualisé, de la séduction, de la consommation de pornographie, de la banalisation de certaines pratiques sexuelles ou encore la problématique des stéréotypes sexuels sont bel et bien des réalités vécues au quotidien et qui participent à la vision que se font les professionnels du phénomène. L’analyse du discours révèle qu’il n’y a pas de définition claire et précise de l’hypersexualisation. L’image est centrée sur plusieurs dimensions : l’apparence en termes de tenues vestimentaires, l’attitude par rapport aux comportements axés sur la sexualité et les pratiques sexuelles avec la consommation de pornographie et la banalisation de certaines pratiques sexuelles. Nous voyons donc que l’image qu’ils s’en font se rapproche de l’image de l’opinion publique et de la plupart des professionnels ayant écrit sur la question bien que certaines thématiques ne soient pas abordées par les professionnels. Cependant, les personnes interrogées ne font pas de décryptage simpliste de l’habillement ou de certains comportements comme le laissait supposer Carron (2012). Ils lient ces manifestations aux enjeux de l’adolescence avec notamment la recherche de valorisation par les pairs et en particuliers par le sexe masculin et la quête identitaire qui peut passer par des comportements ou gestes d’hypersexualisation.

Un problème nécessitant une prise en charge particulière ?

Nous avons vu dans la littérature qu’il est souvent fait mention de l’hypersexualisation en y associant des risques, des craintes, des conséquences. Caron (2012) mentionnait que la panique autour de ce phénomène avait eu pour conséquence de neutraliser les points de vue discordants et aurait créé l’illusion d’un consensus social quant à l’existence d’un problème social nommé « hypersexualisation (Caron, 2012). Il m’intéressait dès lors de voir si les éducateurs partagent ce point de vue alarmiste en rattachant l’hypersexualisation à un problème, et s’ils envisagent des solutions pour l’endiguer. Sur les quatre personnes interrogées, les Educs 1, 3 et 4 envisagent l’hypersexualisation comme un problème, bien que les raisons évoquées soient différentes. Le problème peut se situer dans le fait que le phénomène ait une influence sur l’agir sexuel des jeunes : « Alors le plus gros problème que je vois, et si on fait attention et si on sensibilise à tous ces comportements d’hypersexualisation, c’est pour éviter des actes sexuels désirés ou non mais en tout cas pas permis déjà au niveau de l’âge étant donné que la majorité sexuelle est à 16 ans et pas avant. Et le plus gros risque c’est que tous ces comportements exagérés au niveau de la sexualisation découlent sur des actes sexuels désirés ou non. Et s’ils ne sont pas désirés on parle de contrainte sexuelle de mineurs à mineurs et là ça devient absolument sérieux et ça devient vraiment des grosses histoires » (Educ.3). Le problème relevé ici réside dans le fait que certains comportements hypersexualisés puissent déboucher sur des actes sexuels dans un cadre éducatif qui n’autorise pas les relationssexuelles. Mais au-delà de l’aspect institutionnel, la loi peut être enfreinte lorsque les adolescentes n’ont pas l’âge de la majorité sexuelle ou lorsqu’il y a contrainte sexuelle. Cet éducateur semble aller dans le sens de Pommereau (2006), qui explique que l’interdiction de l’acte sexuel au sein de l’institution permet entre autres d’éviter des situations de contraintes sexuelles et de protéger les éducateurs. La raison d’une prise en charge se situe donc dans la prévention et l’évitement de comportements allant à l’encontre du cadre institutionnel et de la loi mais aussi pour ne pas arriver dans des situations qui pourraient remettre en cause la prise en charge éducative. Pour l’Educ.1 le problème se situe plutôt dans le message donné par la société : « Je trouve que le message de la société et la norme est tellement forte que ça ne prépare pas les jeunes à une vie adulte épanouie et responsable alors oui, je pense que ça nécessiterait une prise en charge » (Educ.  Pour l’Educ. 3, si l’hypersexualisation demeure une difficulté qui entraîne des responsabilités de la part de l’éducateur, c’est à cause du message que peuvent véhiculer les jeunes filles en adoptant des attitudes ou tenues sexualisées

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Table des matières

Résumé
1. Partie introductive
1.1 Choix de la thématique
1.2 Question de départ
1.3 Objectifs de recherche
1.3.1 Objectifs théoriques
1.3.2 Objectifs professionnels
1.3.3 Objectifs personnels
2. Cadre théorique
2.1 Hypersexualisation
2.1.1 De la sexualisation à l’hypersexualisation : définition des concepts
2.1.2 Enjeux liés à l’hypersexualisation
2.1.3 Nécessité d’une prise en charge
2.2 Représentations sociales
2.2.1 Théorie des représentations sociales
2.2.2 Représentations du phénomène chez les travailleurs sociaux
3. Problématique
3.1 Problématisation
3.2 Question de recherche
3.3 Objectifs empiriques
4. Démarche méthodologie
4.1 Terrain d’enquête
4.2 Échantillon de recherche
4.3 Technique de récolte de données
4.4 Risques et enjeux éthiques
5. Analyse des données récoltées
5.1 Objectif 1 : L’hypersexualisation : réalité observée par les éducateurs
5.1.1 Conception du phénomène de l’hypersexualisation : une idée d’exagération..
5.1.2 Eléments observés dans la pratique éducative
5.1.3 Synthèse et analyse de l’objectif
1 : L’image de l’hypersexualisation dans le
discours des travailleurs sociaux
5.2 Objectif 2 : Des réponses éducatives au phénomène de l’hypersexualisation
HES-SO// Valais-Wallis Bachelor of Arts in Travail social
5.2.1 Un problème nécessitant une prise en charge particulière
5.2.2 Quand l’action éducative se heurte à l’incompréhension des filles
5.2.3 Synthèse et analyse de l’objectif 2 : L’attitude des répondants révélée par des
exemples de situations concrètes
5.3 Objectif 3 : Des ressources théoriques, institutionnelles et personnelles auxquelles
se référer
5.3.1 Connaissances théoriques sur le sujet
5.3.2 Ressources institutionnelles
5.3.3 Ressources personnelles
5.3.4 Synthèse et analyse de l’objectif 3 : Des pistes d’action relevées par le discours
des éducateurs sur les ressources à disposition
6. Synthèse de l’analyse et réponse à la question de recherche
7. Quelles pistes pour l’intervention
7.1 Mettre en place des lieux d’échange en équipe
7.2 Poser un cadre cohérent
7.3 Favoriser le dialogue
8. Partie Conclusive
8.1 Limites et biais
8.2 Apprentissages professionnels et personnels
8.3 Perspectives de la recherche
8.4 Conclusion
Bibliographie
Annexes

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