L’homme et la nature

L’HOMME ET LA NATURE 

Etymologiquement, la nature est l’ensemble des êtres physiques, c’est-à-dire une réflexion basée sur les êtres qui ont eux-mêmes le principe de leur changement. Ce dernier peut ici affecter la qualité, la quantité, le lieu, voire l’être lui-même, d’où la génération et la corruption de l’être naturel. La philosophie de la nature se développe en philosophie de l’homme. L’homme est nature dans la grande nature, le « microcosme » dans le « macrocosme ». Par opposition à l’homme, l’univers humain est considéré comme un monde en raccourci. Il y a beaucoup d’observations à faire au sujet de l’homme et de la nature. Nous avons constaté que la nature fait de l’homme un être distinct des autres, un être situé ontologiquement à la jonction de deux horizons : une jonction de l’horizon corporel et spirituel. Ce que l’on peut dire encore, c’est qu’à partir de son espèce, l’homme est intrinsèquement un esprit et une matière. Par sa dimension rationnelle ou selon le mot d’Aristote : « l’homme est un animal raisonnable », l’homme est un être doué d’intelligence, capable de s’interroger sur son devenir, sur son destin. Mais il a aussi une nature commune aux différents êtres naturels :

« Il est appelé à vivre selon saint Thomas, dans le monde d’ici-bas parmi les créatures corporelles » .

Ce qui fait de lui, d’un côté, un être différent des autres êtres, et de l’autre, une entité qui a un même élément commun avec tous les êtres physiques. Il représente alors, en quelque sorte, toutes les créatures de l’univers . Cela veut dire que l’homme,de par sa forme qui marque sa grandeur, sa matière qui est l’élément susceptible de changement et sa substance qui lui assure sa raison d’être, doit donc nécessairement subir toutes les relativités d’un être naturel. En effet, si cela est vrai, quel est cet élément commun de tous les êtres naturels qui fait encore de l’homme une entité naturelle ?

L’homme est un être naturel 

Le mouvement et le repos

Le mouvement est un des traits caractéristiques de tous les êtres naturels, surtout les êtres vivants. Mais chez l’homme en particulier, ce mouvement est nécessairement l’expression de sa vie biologique, mais aussi fondamentalement celle de sa vie de liberté. Le mouvement ici, étant une loi de la nature, assume nécessairement, selon saint Thomas, la capacité ou le moyen pour atteindre notre liberté. Cette liberté qui est fin de l’univers humain, est le principe stable duquel part le mouvement et auquel il se termine .

Alors que dans la vie quotidienne, le mot « mouvement » est une activité ou un exercice physique , sur le plan philosophique, il traduit une impulsion ou un sentiment intérieur que l’homme peut avoir lorsqu’il agit. Sur le plan artistique ou littéraire, le mouvement peut aussi prendre le sens de vivacité d’esprit. Au XVIIIe siècle, par exemple, il désigne le courant d’idées affirmant que seules les lumières de la raison naturelle sont capables de conduire les hommes à la perfection de la science et de la philosophie. Ces acceptions conduisent au sens philosophique du terme qui, chez Aristote, se définit en terme d’acte et de puissance :

« Le mouvement est acte de ce qui est en puissance » . 

En fait, puissance signifie d’abord, selon le terme aristotélicien, le principe du mouvement ou changement quelconque, dans un autre être, en tant qu’il est autre. Elle peut être aussi pour lui-même, la puissance qui fait qu’un être qui souffre, souffre une certaine action. Par acte, on entend une production de l’homme à partir de ses propres facultés, où on déploie une force capable de produire un certain effet ; j’agis selon ma propre pensée, ma propre volonté, mon propre amour. L’acte est ici considéré comme une réalité effective qui permet à l’homme d’agir suivant son propre pouvoir.

Au contraire, si l’acte dépend d’une réalité extérieure ou d’une puissance passive, il perd sa valeur puisqu’il ne doit être ni limité, ni dépendre d’aucun pouvoir, d’aucun agent ou d’aucune intervention extérieure. L’acte est perfection de tout homme qui veut accéder au plan de sa réalisation. Voici ce que dit saint Thomas à propos de l’acte par rapport à une possibilité extérieure, dans le livre de Grenet intitulé Les 24 thèses thomistes :

« L’acte, du fait qu’il est perfection, n’est pas limité, sauf par la puissance passive qui est capacité de perfection. Par conséquent, si dans un domaine déterminé, l’acte est fini et multiple, c’est qu’il entre en composition réelle avec une puissance passive réceptive » .

Grâce à la connaissance, nous constatons que le mouvement est l’acte par lequel l’homme se détermine. L’homme n’est homme que par ses propres actes : acte de penser, acte de vouloir et acte d’aimer qui sont l’apanage de l’être libre. L’acte, à travers cette affirmation, n’est pas limité dans la mesure où il est « perfection absolue » de tout être ; tandis que si l’acte est limité, c’est parce qu’il est entraîné par un commencement et une fin. Or l’acte n’a ni commencement ni fin. Il est donc illimité, infini. A présent, intéressons-nous à un autre élément commun des êtres physiques, le contraire du mouvement.

En fait, après le mouvement, vient le repos, un des principes également majeur de l’être naturel. Il est synonyme de cessation ou d’absence de mouvement. Par opposition au mouvement, nous le constatons, tout corps physique d’un être animé ou inanimé cesse de se mouvoir. Cela est incontestable dans la mesure où tout être contingent, c’est-à-dire un être qui peut être ou ne pas être, ou bien un être qui n’est pas nécessaire est toujours invité nécessairement au repos. Dans l’analyse thomiste, le repos est jouissance de la perfection réalisée, c’est-à-dire le moment où l’homme est satisfait, il cesse de se mouvoir, c’est le sens véridique du mot « repos ». Mais il faut quand même expliquer leurs principes majeurs du mouvement et du repos.

Les principes de l’être naturel 

Le principe d’identité

Le principe d’identité est le ce par quoi un être est connu comme tel et non pas ceci ou cela : c’est la forme qui demeure identique, c’està-dire qu’elle est toujours la même, immuable. Elle est le sens du mouvement et assure toute réalisation du devenir humain.

Ce principe se présente plus à l’extérieur du monde sensible, mais il reste intrinsèque au monde sensible. Il est en puissance dans tous les êtres naturels. Mais il est en acte lorsque l’intellect le saisit, il représente chez l’homme, bien sûr, l’intelligibilité et l’universalité.

La forme humaine est la seule et l’unique forme substantielle, parce qu’elle crée d’autres formes nouvelles. A titre d’exemple, prenons le cas de l’ordinateur, du robot et d’autres appareils qui circulent partout dans le monde. Ne sont-ils pas les signes des formes nouvelles que l’individu crée dans ces artifices ?

Pour terminer, ajoutons que la forme substantielle fait de l’homme le point de départ et le point d’arrivée du mouvement. L’homme,par sa forme qui est à la fois principe et fin de la vie humaine, n’est-il pas sa liberté ?

Le principe intrinsèque

Le monde physique, parce qu’il est en mouvement, doit avoir une signification à l’intérieur de lui-même, par le principe de mouvement. Cette signification représente, aux yeux d’Aristote, le principe intrinsèque du mouvement de l’être naturel. Tout être naturel doit avoir une loi permettant à tout être l’orientation du changement de l’être en devenir. Cette loi est donc le commencement et la fin de chaque mouvement. Toute chose connaît un changement grâce au « sujet » du mouvement. Ce sujet n’est autre que ce qu’on nomme « substrat » ou « matière » qui sous-tend tout le changement : « Le monde d’ici-bas ou sublunaire, est composé d’êtres éphémères qui sont à la fois matière et forme ; il est changeant et les phénomènes s’y succèdent, […] selon une contingence telle que nous ne pouvons connaître que ce qui se passe le plus souvent » .

De ce fait, la matière est un élément indéterminable : elle n’est pas le changement, mais c’est elle qui permet tout le changement. Cela nous permet de dire, d’après la citation précédente, que la matière est ce que nous pouvons connaître, ce qui se passe, ou se transforme, ou change. Elle n’est ni un ceci, ni un cela, ni quelque chose qui soit de la quantité ou de la qualité. De toute façon, la matière est un élément ou un principe d’indétermination et de particularité.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES MULTIPLES ATTRIBUTS DE LA VERITE
CHAPITRE I : L’HOMME ET LA NATURE
I.- L’homme est un être naturel
1.- Le mouvement et le repos
2.- Les principes de l’être naturel
A.- Le principe d’identité
B.- Le principe intrinsèque
C.- Les principes d’existence
II.- L’étude de l’homme du point de vue moral et métaphysique
1.- Le principe moral de l’homme
A.- Définition et autres suggestions
2.- Le principe métaphysique de l’homme
A.- Définition et moyen d’acquisition
B.- La réalisation est une valeur ontologique transcendante
CHAPITRE II : LA CONCEPTION DE DIEU
I.- Dieu, sa grandeur et ses attributs
1.- La réflexion humaine à l’égard de Dieu
2.- La nature de Dieu
A.- Les diverses caractéristiques pour saisir cette nature divine
B.- Des preuves de l’existence de Dieu par démonstration
II.- Les problèmes posés pour toute démonstration rationnelle de l’existence de Dieu
1.- Dieu pour la philosophie et Dieu pour la religion
2.- Absurdité de la vérité entre philosophe et croyant
DEUXIEME PARTIE : LA DECOUVERTE DE LA VERITE PAR LE REVELABLE
CHAPITRE I : SENS ET FONDEMENT DU REVELABLE
I.- Sens du révélable
II.- Objet et fondement du révélable
1.- Philosophie et théologie
2.- La primauté de la vérité de la révélation
A.- Valeur de la foi et supériorité de la révélation
B.- La foi comme guide de la raison
C.- La raison aide la foi
CHAPITRE II : VERITE PHILOSOPHIQUE ET VERITE THEOLOGIQUE
I.- Dichotomie entre théologie et philosophie
1.- Distinction formelle
2.- Distinction morale
II.- Positivité entre théologie et philosophie
1.- Existe-il une sagesse autre que celle de Dieu ?
2.- Certains points entre vérité de la foi et vérité de la raison
TROISIEME PARTIE : LES CONSEQUENCES CRITIQUES DE TOUTE REVELATION
CHAPITRE I : LES MYSTERES DE LA FOI
I.- La foi, la confiance totale en Dieu
1.- Connaissance et croyance en Dieu
A.- Est-il nécessaire de connaître Dieu pour l’homme ?
B.- Qu’est-ce que croire ?
C.- Les différents paramètres de la croyance
II.- Religion, médiateur entre l’homme et Dieu
1.- Sens et origine
2.- Pourquoi l’homme adhère-t-il à une religion ?
A.- Le recours à la soif de sa réalisation
B.- La prière comme acte de salut
CHAPITRE II : CRITIQUE DE TOUTE REVELATION
I.- L’homme a besoin d’un absolu pour vivre
1.- La théologie seule est insuffisante pour l’épanouissement de l’homme
A.- La foi et la raison
B.- La foi et la science
2.- Le déclin de la religion
II.- Les traits caractéristiques d’une vraie religion
1.- Unicité, transcendance, immanence et historicité totale
2.- La vérité religieuse est à la fois objective et subjective
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
I.- OUVRAGES DE SAINT THOMAS
II.- OUVRAGES SUR SAINT THOMAS
III.- OUVRAGES PHILOSOPHIQUES
IV.- DICTIONNAIRES
V.- SITES INTERNET
INDEX

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