La reproduction photographique et ses enjeux dans le milieu de XIXème au début XXème siècle
Ce chapitre donnera une introduction générale de la reproduction, son essor et la mise en place d’un commerce de l’image avec la naissance de maison d’édition photographique.
D’abord, nous souhaiterions revenir sur les procédés avant la photographie. Afin de mieux comprendre l’apparition et l’intégration de la photographie dans l’économie de la reproduction, il nous faut revenir sur les moyens de la reproduction précèdent la photographie : la gravure, la lithographie et le moulage. C’est dans leur contexte artistique et dans l’histoire de l’art illustré qu’il faut situer ces différentes modes de reproduction. Les différents processus de la reproduction ont coexisté, voire même rivaliser entre eux. La multiplication et la diffusion de l’oeuvre d’art par ces moyens sont des modèles essentiels de l’expression du visuel du XIXème siècle qu’ils n’ont pas été sans conséquence sur la critique d’art et sur le marché de l’art. Les nouvelles méthodes d’impressions photographiques, soulèvent dès son invention des questions sur l’exactitude et l’authenticité. Ensuite, nous expliquerons la naissance des maisons d’édition en tant qu’entreprise. Cela inclut, de regarder le développement d’une nouvelle marche d’art ainsi que l’évolution des lois de la reproduction et du droit d’auteur. De plus, nous aborderons le contexte historique de cette époque, dans laquelle la photographie se développe.
Longtemps le sujet de la reproduction d’oeuvre d’art a été négligé par l’historien de la photographie, c’est notamment dans la dernière décennie que ce domaine de recherche a été découvert, notamment par Dominique de Font-Réaulx, Stephan Bann, Ann McCauley et Laure Boyer, qui ont contribuer à l’approfondissement et l’éclaircissement de ce sujet.
Les procédures de reproduction de l’oeuvre d’art au XIX siècle: gravure, lithographie, moulage
La reproduction d’une oeuvre d’art est un phénomène aussi ancien que l’acte de la création artistique. D’une certain manière la reproduction est une constante dans la création artistique comme aussi un des grand paradigmes dans l’histoire de l’art. Dans toutes les époques et toutes les civilisations nous trouvons l’acte de reproduction afin de copier un maître, diffuser, et faire connaitre des oeuvres d’art. Commençant dans l’antiquité grecque puis romaine, la copie d’après des sculptures originales est une histoire de plusieurs siècles, au 1er siècle avant JC, époque durant laquelle les conquérants romains ont imité et copié en masse les statues grecques. Cependant, nous ne parlerons pas de reproduction ou de contrefaçon durant les siècles. La notion de la reproduction est plus récente. C’est avec l’essor au XIXème siècle lié à l’appariation de nouveaux procédés, tel que la lithographie et la photographie, mais aussi à la révolution industrielle qu’elles deviennent indispensable.
La définition du terme de la reproduction a une double signification dans les domaines des arts graphiques : d’une part elle signifie le fait de reproduire (représenter) une vue, un personnage ou un objet et de l’autre le fait de prouver à partir d’une matrice (planche gravée, cliché photographique, moule) le plus grand possible d’épreuves, de copies. C’est dans ce double sens que le mot revient sans cesse dans le texte sur la photographie qui englobe les deux sens et à qui l’on accorde un statut plus ou moins élevé, oscillant entre des considérations mécaniciste et artistique.
La gravure et la lithographie
La gravure et la lithographie instrumentent de reproduction manuels des oeuvres d’art ont joué au XIXème siècle un rôle considérable dans l’évolution du marché de l’art et pour la diffusion des formes artistique. Constitutives de l’économie du visuel, elles préfigurent la place que la photographie va prendre à partir du milieu de XIXème siècle.
A l’origine la gravure était destinée à multiplier les compostions de tableaux, notamment utilisée pour reproduire un dessin.13 Elle se vulgarise à partir de 1430, notamment par le succès d’oeuvres gravées d‘Albrecht Dürer (1471 – 1528). A cette époque la notion de droit d’auteur ou la contrefaçon d’un orignal n’existe pas encore. Au XVIIIème siècle, un goût pour l’image se répand dans toutes les classes de la société. Les gravures ne sont plus uniquement des objets de collection, mais de plus en plus un élément de décoration. La gravure de reproduction s’adopte, suit les époques et les styles, des modes de transpositions variées, jusqu’au la gravure d’interprétation où l’auteur peut transposer librement le sujet proposé. La transformation de genre traditionnel dans la gravure d’interprétation a évolué considérablement au XIXème siècle. Elle a connu son véritable essor dans les années 1830. Au moment ou apparaissent les revues d’art et que les livres d’art illustrés de gravures se multiplient, l’estames de reproduction, à l’instar de critique, à pour mission de rendre compte et d’éclairer le sens de l’oeuvre. Elle constitue un marché structuré au sein duquel s’associent artistes, graveurs, éditeurs- imprimeurs. Souvent l’artiste gagne plus avec la reproduction qu’avec le tableau.
Tout comme la gravure et plus tard la photographie, la lithogravure devient un intermédiaire entre l’artiste. Inventée par l’allemand Aloys Senefelder (1771-1834) en 1796.15 La lithographie d’interprétation a été longtemps bannie de l’histoire de la lithographie. Elle a été considère comme produit de l’industrie, une simple copie, ce n’est qu’à partir de 1824, doncpresque 20 ans après son invention qu’elle est reconnue comme un art, tout comme le sera la photographie en 1859.16 La lithographie envahit la presse et devient indisponible car la technique est plus rapide à exécuter et moins cher, elle connaît son apogée entre les années 1830-1860. L’essor de la lithographie s’explique par l’intérêt commercial et artistique, introduit dans les années 1820 grâces à des initiatives privées, et de publications renommées telles que celui de Mme Duchesse de Berry. Par conséquence, elle rivalise avec les gravures durant cette période. Cependant, la France en particulier, du fait que la gravure occupe une position hégémonique liée au système des Beaux-Arts hostile à la lithographie. Bien que les imprimeurs, les éditeurs, les artistes commandent les lithographies d’après les artistes contemporaines, la gravure domine largement la marche des reproductions d’art.
Avec l’invention de la photographie, à la deuxième moite du XIXème siècle, la photogravure et procédés photomécanique, coexistent avec la gravure et la lithographie, du fait qu’elles présentent les mêmes caractéristiques, rivalisent entre elles. Soit manuel ou mécanique elles élargissent et accélèrent la diffusion des reproductions. Les graveurs défendent leur métier et leur valeur artistique pour se distinguer de la photographie.19 La spécificité de la gravure et lithographie d’interprétation est de proposer une traduction de l’oeuvre, c’est à dire, d’en faire une critique, un commentaire visuel. L’estampe de reproduction devient une valeur esthétique et commerciale que l’on oppose à la syntaxe froide et objective de la photographie de reproduction. La lithographie et la gravure de reproduction connaît une période de crises, due à la rivalité avec la photographie et subit un déclin progressivement dans les années 1860- 70, époque durant laquelle la photographie occupe une place de plus en plus importante sur le marché de la reproduction d’art. La qualité des gravures et leur facilité d’impression dans les livres et les revues permettent cependant à l’estampe de reproduction de subsister bien après l’apparition de la photographie. L’amélioration de la photographie à partir des années 1880, va mettre successivement fin à toute concurrence, laissant comme seul recours à l’estampe celui de se consacrer à la création artistique.Les précèdent techniques ont eu une influence certaine sur le développement et la diffusion la photographie.
Le moulage
Le moulage, souvent oublié dans l’étude sur la reproduction des oeuvres d’art consiste au XIXème siècle à un moyen de reproduction très courant, générant une économie, au même titre que la gravure, la lithographie et la photographie. Un grand nombre de photographies de sculptures ont été réalisé après des moulages et non d’après des orignaux. La photographie et moulages, et dans un champ plus large, photographie et sculpture sont très tôt intiment liées.
Le moulage d’après sculptures originales est une histoire de plusieurs siècles, commençant dans l’antiquité, mais on ne parle pas de moulage mais de copies. Bien que les créations de premiers musée de moulage se date au XVIIème siècle,21 qui prennent un essor sans précèdent dans l’Europe, c’est au XIXème siècle que le moulage a son âge d’or. Dans un siècle forgé par l’historicisme et la naissance de musées, ils répondent aux désirs de la société bourgeoise qui acquiert une culture artistique. La photographie de moulage apparaît avec les premiers inventeurs, Talbot, Bayard, Daguerre qui cherchent à expérimenter la fiabilité et les capacités artistiques de leurs procèdes. Les similitudes des deux mediums résident dans une même syntaxe d’isolation et de fragmentation de l’oeuvre. Jusqu’à la fin du XXème siècle, la photographie de moulage facilite la circulation des oeuvres ; reproduction d’une reproduction, multiple d’un multiple, elle est une mise en abyme de l’original et un relais supplémentaire entre le spectateur et l’histoire de l’art. Elle sont destinées à l’enseignement, académique pour lequel l’antiquité reste jusqu’aux années 1880 le modèle absolue. Les institutions éducatives créées durant cette période se dotent ainsi simultanément d’une collection de moulage et photographie.
Les buts et les choix de ces instituions dépendent de politique divers, mais leur intérêt pour le moulage et la photographie de reproduction témoigne d’une nécessité commune d’éducation par l’image.
La photographie de reproduction, naissance d’un genre
Pour finir l’histoire de la reproduction, nous voudrions aborder, plus précisément, le développement de la photographie et de la reproduction, lequel est sujet un primordial pour la photographie. Divers textes sont publiés autour de la photographie par les membres de la profession dès son invention jusqu’au début XXème siècle, dans des ouvrages générales ainsi que des ouvrages spécialisés dans les enjeux de la reproduction photographique.Elle est étroitement reliée avec des premières expériences photographiques, telles que dans les travaux de Niepce, Daguerre, Talbot et Bayard. Nous pouvons constater la place importante qu‘elle occupe dans leur production, place qui est non seulement liée à des préoccupations d’ordre technique, mais aussi aux possibilités nouvelles d’enregistrement du patrimoine artistique qu‘elle permet d’envisager et au rôle du photographe de cette entreprise. Néanmoins, les reproductions photographiques ont toujours été déterminées et limitées par le développement de la technologie.
Les premiers essais de la reproduction d’oeuvre d’art (1816 – 1850)
La copie des oeuvres d’art constitue pour les premiers grands photographes un enjeu artistique majeur.Depuis 1816, Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833) qui présentera sa découverte « Héliographie » en 1827, fait plusieurs tentatives de reproduction de gravures. La plus ancienne gravure héliographique, date de 1825. La vente de la collection Marie-Thérèse et André Jammes en Mars 2002 à Paris, a relevé la reproduction de gravure effectuée par Niepce, il s’agit d’une héliogravure sur papier d’après une plaque en cuivre représentant Un cheval et son conducteur, datée en juillet-aout 1825.25 Les deux pionniers de la photographie Niépce et Daguerre collabore à partir de 1829 afin de mettre au point le procédé. Après la mort de son associé en 1833, Daguerre poursuivit des recherches photochimiques et élabore le procédé qu’il va appeler « Daguerréotype », sans que le nom de Niépce y soit associé. Daguerre fait la démonstration de son invention à François Arago (1786-1853), physicien et homme politique, qui présente la découverte à l’Académie des sciences le 9 janvier 1839.26 Le potentiel documentaire de la photographie dans l’art a été rapidement reconnu : lors de la présentation d’Arago mentionne la fonctionnalité riche du nouveau médium de la photographie pour les reproductions d’oeuvres d’art et des monuments.27 Durant les années suivantes, la reproduction d’oeuvre d’art est un objet d’expérience daguerriennes pour les besoins privées et commerciaux, bien que l’échelle exacte de sa diffusion ne se sera sans doute jamais connue.
Déjà en 1837, Daguerre réalise un daguerréotype d’après gravure Nature morte dans son studio et le critique d’art Jules Janin (1804-1874) prévoir aisément cette application pour le daguerréotype et l’ampleur de l’image photographique pour l’histoire de l’art dans son article publié en 1838. En dépit de ses limites techniques et de sa reproductibilité réduite, le daguerréotype ne cherche pas à multiplier les images mais à obtenir un résultat plus net, elle est utilisée durant les années 1840 pour reproduire une grande variété d’oeuvres d’art.
Apparue au même moment que le daguerréotype, le procède papier (calotype), inventé et exploré par l’anglais William Henry Fox Talbot (1800 – 1877), ouvre dans ce domaine de nouvelles perspective artistique et commerciales. Au contraire du daguerréotype, elle est reproductible et en plus elle peut-être facilement agrandie et réduite. Dans l’ouvrage « Some Account of the Art of Photogenic Drawing » de Talbot, il précise qu’il a l’intention d’appliquer son invention « à la copie des statues et des bas-reliefs » aussi que la copie des dessins, des gravures et des « fac-similés de manuscrit».La preuve de la réalisation de cette pensée, sont les 18 calotypes de Talbot représentant des oeuvres conservées à la BNF et les épreuves d’après moulages tel que Trois Grâces de Canova. La reproduction est pour Talbot une des applications les plus passionnantes et, d’après une phase d’expérimentation, Talbot va chercher à intégrer ses reproductions dans des livres et fonder la première imprimerie photographique.
Le procédé de positif direct de Hippolyte Bayard (1801 – 1887), artiste et également pionnier de la photographie, reste une expérience isolée qu’il fut seul à pratiquer.31 Il exécute avec son procédé aussi des reproductions telle que la Nature morte avec moulages, daté de 1839 et 1840.32 Pour autant qu’elle soit innovante, l’invention du français ne reçoit que peu d’échos des pouvoirs publics, alors largement impliqués dans la promotion du procédé de Niépce et Daguerre. Cela aboutit à sa fameuse photographie Noyade de 1840, la première mise en scène photographique.33 Par ce geste, l’inventeur se transforme en artiste et révèle la photographie comme une possibilité fiction. Bayard est aussi le premier à avoir eu l’idée de combiner deux négatifs séparés, l’un pour le ciel et les nuages, l’autre pour le paysage, afin de composer une épreuve positive bien exposée avec un ciel moutonné de nuages. Cherchant à faire reconnaitre leurs procédés, tous les quatre pionniers élaborent les principes fondamentaux de la photographie. Cependant c’est à partir des années 1850 que la photographie de reproduction acquiert une véritable valeur utilitaire et documentaire.
L’amélioration de techniques et procédures photographiques (1850-1880)
L’année 1851 marque un tournant majeur avec l’invention du négatif verre au collodion humide attribué à l’anglais Frederick Scott Archer qui ont remplacé le daguerréotype. Les procédés photographiques obtiennent des résultats satisfaisants, des reproductions photographiques de qualité exploitables. Cela a permis d’améliorer la qualité des images tout en augmentant leur multiplication sur papier. Les initiatives des projets photographiques sont lancées telles que les campagnes de conservation « Mission héliographique » en 1851 par la Commission de monuments historiques, dirigée par Prosper Mérimée.34 Dès le début, la photographie est liée à l’activité de la restauration et de la prévention des oeuvres d’art .Cependant, les problèmes techniques et mécaniques soulèves par la reproduction d’oeuvre d’art, l’ont déterminé. Une mauvaise traduction des couleurs par des valeurs de gris ainsi que par l’imperfection initiale des premiers temps la photographie. En conséquence la photographie se spécialise notamment dans la reproduction de gravure, de l’architecture et de la sculpture.
Un peu plus tard, le développement du papier industriel, le papier albumine, a permis des impressions détaillées et brillantes ainsi que rapide et fidèle. Ce développement a renforcé la place de la photographie comme outil nécessaire à la reproduction d’oeuvres d’art.La reproduction photographique a finalement aussi conduit à augmenter progressivement le matériel d’étude des historiens de l’art, laquelle nous verrons dans le chapitre III. A partir des années 1880, grâce à l’amélioration des procédés photomécaniques industriels, elle commence à dépasser de manière univoque les autres techniques de reproduction.
Si dans le domaine de la reproduction des oeuvres d’art la photographie n’est pas tout de suite acceptée, du fait de ses limites techniques et du bouleversement qu’elle introduit dans les normes de la représentation établis, elle finira cependant par s’imposer et devenir elle même une norme. Le succès de la photographie est certainement fondée sur le fait qu’elle étend la circulation de reproduction d’oeuvre d’art, favorisé par l’amélioration des procédées.
Par conséquent, les images peuvent être manufacturées tout en répondant à un besoin croissant d’images, et la photographie de reproduction s’est banalisée aussi bien à travers la sphère académique que commerciale. Néanmoins, les autres mediums (gravure et lithographie) n’ont pas disparu, mais au fur à mesure l’accent se met sur l’activité artistique et elles sont forgées par des normes par lesquelles photographie a été évaluée, comparée et par conséquence catégorisée.
La photographie de la reproduction et la séduction de l’exactitude
La photographie constitue une nouvelle norme et introduit les notions d’exactitude, qui soulèvent aussi la question d’authenticité. Les enjeux de l’exactitude seront court examiner dans ce partie. Sous le seconde Empire la photographie a un statut ambigu : si elle est considérée par certains comme un art, elle est, pour la majorité, un document froid, une image « mécanique », dénuée d’imagination accompagnées par les idées philosophiques du rationalisme, du positivisme et de l’optimise.Dès le début, la photographie est soumise à une fonction documentaire, favorisée par le mouvement postkantien. Cette vocation documentaire a été très tôt exprimer, entre autres, par Talbot pour qui la photographie est un processus autopoïétique, lequel il est considéré comme « the picture which makes itself ». La photographie est considérée comme une représentation neutre et objective de la réalité qui permet à distance une observation plus scientifique. La capacité de l’exactitude de la photographie dans l’art a été rapidement reconnu. Dans les années 1850, les critiques reconnaissent la fidélité exemplaire de la photographie lorsqu’il s’agit de la reproduire, mais il souligne son incapacité à interpréter un dessin ou statut.41 L’exactitude est pour la photographie de reproduction un facteur essentiel d’améliorations techniques et un puissant facteur d’intégration dans l’économie du visuel de l’époque.
La mise en place d’un commerce d’image
Conditions de marché de l’art et contexte historique
Le terme « marché » possède selon Bernard Guerrien plusieurs significations, elle qualifie non seulement l’endroit où ont lieu des échanges et un rapport contractuel entre individuels, mais aussi une forme d’organisation des échanges.49 L’analyse du marché de l’art a fait l’objet de nombreuses recherches tel que l’ouvrage de Laurence Bernarand-Dorléac Le Commerce de l’art : de la Renaissance à nos jours (1992). L’histoire de la maison d’édition de Mercier se déroule durant une période décisive de changement politique et de l’évolution de marché de l’art en France au cours de laquelle la bourgeoisie supplante progressivement le mécénat traditionnel de l’Etat.50 Le XIXème siècle a mis une nouvelle définition de la création artistique, à la fois comme un élément ostentatoire de richesse et comme un investissement.
Dans un nouveau contexte de marché, l’art fait passer de la sphère institutionnelle à la sphère privée.
Sous le Seconde Empire, la collection d’art commence à devenir un phénomène de mode. Le collectionneur appartient souvent à la grande bourgeoisie d’affaires, il possède un goût éclectique mêlant l’art ancien à l’art des artistes vivants et il achète pour le plaisir et pour la réussite sociale. Le nouveau type de marché dans lequel les artistes, de plus en plus autonome, ne dépendant plus des commandes et se situant en rupture avec la tradition. Les principaux lieux du marché de l’art sont les salons d’exposition, les ventes aux enchères ainsi que des intermédiaires modernes apparaissent afin de promouvoir des artistes. Ces intermédiaires prennent différentes formes, du marchand de tableaux au commerce de l’estampe de reproduction.
A partir des années 1860, les oeuvres d’art voient leur valeur marchande augmenter considérablement et tendent à devenir des objets de spéculation commerciale et prestige. La photographie arrive au moment de la naissance d’un marché international de l’art et devient un nouvel intermédiaire entre le public et les artistes. Une forte demande d’images émanant du public, des institutions et des artistes. Un commerce suscite une vogue sans précédent pour les reproductions qui font la fortune des périodiques et des marchands de l’époque tel Goupil et plus tard Eugene Duret et Durand-Ruel.
Du point du vue historique, sous le règne de Napoléon III, la société française est dominée par l’idée de modernité qui s’incarne dans le mythe du progrès, fondée sur l’esprit d’entreprise (banque, commerce, chemin de fer et industrie) et il voit la photographie comme leitmotiv de la modernité. A partir des années 1880, est celle d’une césure majeure, celle du passage d’un système de la tradition monarchique à un système républicain dans les Beaux- Arts, dont la mise en oeuvre coïncide avec les nouvelles conditions économiques et sociales, qui confient la reconnaissance des formes artistiques au marché. Elle est également une période de nationalisme et de la tentions : ce nouveau pouvoir républicain ne subit pas de façon passive ces conditionnes nouvelles, tout au contraire. Le témoignage, la séparation 1880 de ses responsabilités traditionnelles dans l’organisation du Salon, pour la confier aux artistes.
Les expositions dans les Salons sont une référence incontournable de goût et du prestige, son influence diminue progressive des années 1880 jusqu’à ce qu’il perd complètent son influence dans les années 1920. Dans le contexte de l’autonomisation progressive du commerce de l’art, marquée par le déclin de l’autorité de l’Etat et l’essor des marchands d’art privés, la photographie contribue pour une large part au développement d’une configuration moderne du marché de l’art par une circulation de ces images de dehors du circuit officiel.
La mise en place d’un droit de la reproduction : Copyright
La notion de droit d’auteur ainsi que le droit d’image appliquée aux photographies marque un long chemin. Le droit de reproduction pour la photographie forme au cours du XIXème et XXème siècle une problématique compliquée et fragile. L’inflation de l’image, l’internationalisation des échanges et le développement de la compétition provoque la nécessité d’une législation sur le droit d’auteur et de l’image. Le piratage de photographie est fort courant, notamment dans les reproductions d’oeuvres d’art. Ce droit de reproduction demeure un souci permanant qui hante aussi bien les éditeurs que les artistes. Les musées sont également confrontés avec le problème de droit de reproduction et sont obligés de mettre une règlementation au sein des musées. C’est notamment grâce ou à cause d’elle que la législation de droit de reproduction et au droit de propriétaire artistique est mise en place.
De la fin du XVème siècle au début du XVIIIème, l’histoire de l’imprimerie a été marquée par la publication de divers décrets et ordonnances royaux. Le droit à l’image ne faisait pas encore l’objet d’une loi bien qu’en France, le droit d’auteur soit défendu déjà par un texte de loi datant du 19 Juillet 1793 pour protéger la peinture, les estampes, la sculptures, la littérature et la music. Les questions de droit de reproduction et d’auteur se posent à nouveau lors du débat d’une législation pour la gravure en 1841. La photographie ne fait qu’accentuer ce débat. 68 La première loi contraignante du droit de reproduction incluant la photographie est stipulée en 1852 pour la France, basé sur la loi de 1793 qui protège les éditeurs des reproduction mais ne mentionne pas de droit d’auteur.69 Malgré cela, la lois reste confuse, de nombreux règlement dans le musée voit le jour et des procès ont lieu, opposant des héritiers d’auteurs à des éditeurs. Les droits de reproduction des oeuvres des maitres anciens appartenant au domaine public ne posent apparemment pas de problèmes, mais celui des artistes contemporains est plus périlleux. A l’échelle internationale, le premier traité multilatéral (Convention de Berne) sur la protection du droit d’auteur a été signé en 1887 par dix Etats afin de protéger des oeuvres littéraires et artistiques et obtenir une harmonisation partielle des droits de reproduction et le droit d’auteur.70 Depuis, la Convention a été révisée à plusieurs reprises et une véritable Convention universelle sur le droit d’auteur a été stipulé en 1952 par l’UNESCO.
Aujourd’hui, l’ensemble des normes constituant le droit se codifie par la loi n° 92-597 du 1er juillet 1992 lorsqu’est créé le Code de la Propriété Intellectuelle (CPI). Néanmoins, il a fallu attendre jusqu’à l’arrêté de la Cour de Cassation du 7 mai 2004 pour clarifier les droits à l’image et la propriété intellectuelle appliquer à la photographie.72 Cela provient du statut de la photographie, qui ne devient que tardivement un statut d’oeuvre d’art.
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Table des matières
Avant- Propos
Introduction
Chapitre I : Les maisons d’éditons au XIX et début XX siècle – l’essor de la reproduction photographique
1. La reproduction photographique et ses enjeux dans le milieu de XIXème au début XXème siècle
a) Les procédures de reproduction de l’oeuvre d’art au XIX siècle gravure, lithographie, moulage
b) La photographie de reproduction, naissance d’un genre
c) La photographie de la reproduction et la séduction de l’exactitude
2. La mise en place d’un commerce d’image
a) Conditions de marché de l’art et contexte historique
b) Le début des maisons d’édition photographique et la mise en place d’un commerce de la reproduction photographique des oeuvres d’art
c) La mise en place d’un droit de la reproduction : Copyright
3. La photographie dans les musées, expositions et collections privées
a) La photographie dans les musées
b) Les Salons et les Expositions Universelles
c) Les collectionneurs et la photographie : le début des collections photographiques
Chapitre II : Analyse du fonds photographique de Mercier en tant que photographe et éditeur d’art
1. La maison Mercier – Le photographe et éditeur Léopold Louis Mercier
a) Biographie de Mercier : Formation et carrière
b) Les débuts du photographe et la création de sa maison d’édition
c) L’atelier de Mercier : une description et portrait de Mercier
d) Prospérité professionnelle et honneurs académiques
2. Informations générales du fonds Mercier au sein d’Agence Roger-Viollet
a) Le fonds photographique de Mercier et son histoire dans l’Agence de Roger-Viollet
b) Technique photographique, datation et structure du fonds
c) Etat de conservation et conservation preventive
d) Etat actuel du fonds : Numérisation et diffusion de l’image
3. Analyse d’images : la constituion d’une bibliothque d’images
a) Reproduction d’art : peinture, sculpture, arts graphiques, arts appliqués et architecture
b) Photographie dans la ville Paris
b) Exposions universelles (1889/1900) et Salons (1896-1903)
c) La photographie dans l’atelier d’artiste et portrait de l’artiste
d) Les portraits commandés dans le studio photographique et à l’extérieur
e) Études d’après nature
f) Photographies ethnographiques
g) Photojournalisme : Reportage sur le terrain
4. La maison d’édition Mercier : une analyse des aspects commerciaux
a) Facteurs économiques
b) Politique d’acquisition
c) Commande et distribution: satisfaire le goût du public
d) Stratégie commerciale
Chapitre III : L’Histoire de l’art et la photographie. L’utilisation des photographies de Mercier dans l’histoire de l’art
1. L’histoire de l’art : construction d’une discipline scientifique
2. Le rôle de Mercier en tant qu’éditeur des livres d’art
a) Collaboration avec un écrivain : l’exemple de Émile Bayard, « L’Histoire de l’art en images » (1909)
a) Collaboration avec d’autres des maison de l’édition et photographes: l’exemple de Garnier Frères, G. Daveau, Edouard Fiorillo et de J. Kühn
c) Collaboration avec l’Etat : Les albums photographiques: 1896 – 1901
3. La contribution au goût par la photographie
Conclusion
Bibliographie
Sources primaires
Bibliographie d’Emile Bayard (1868-1937)
Archives
Ouvrages imprimés et périodiques
Annexe
I) Tables des illustration
II) Planches
III) Les actes et manuscrits des archives
IV) Tabelles
1) Lieux de prise de vue de reproduction d’art en France
2) Lieu de prise de vue de reproduction d’art hors de France
3) Tableau de répartition de reproduction d’art divisé par genres
4) Tableau de répartition des genres de reproduction d’art dans le musées et châteaux
5) Tableau de la nationalité́ de peintre dans le fonds Mercier
6) Liste de vue d’architecture de Paris
7) Prise de lieu photographique à l’étranger hors reproduction d’art
V) Mercier en tant qu’éditeur des livres d’art
1) Collaboration de Mercier et l’écrivain Emile Bayard, 1909
Tables de Planches
Planches
2) Collaboration de Léopold Mercier et Editeur, 1902
3) Collaboration de Léopold Mercier et Editeur G. Daveau
4) Collaboration de Léopold Mercier et le photographe Edouard Fiorillo et Éditeur J. Kühn
5) Collaboration de Léopold Mercier avec l’Etat : Les albums photographiques: 1896 – 1901
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