L’histoire de l’alpinisme en bref
Dans le contexte général des progrès de l’humanité, l’histoire de l’alpinisme commence assez tardivement, notamment pour des raisons techniques, mais également à cause de certaines croyances qui craignaient l’existence de créatures mystérieuses, habitant les cols et le sommet. C’est seulement à partir du XVIe siècle que les premières ascensions commencèrent, sous l’impulsion du mouvement humaniste qui remontait au siècle précédent. L’histoire de l’alpinisme se découpe en quatre grandes périodes que nous allons synthétiser dans ce paragraphe. Les premières expéditions avaient pour but la découverte de la montagne, mais les ascensions n’entrainaient pas un très grand engouement. Au point de vue littéraire, les techniques d’imprimerie n’étaient pas encore très évoluées : ils contribuèrent toutefois, par des descriptions détaillées et par des gravures sur bois à diffuser une connaissance plus concrète de la montagne. Les ouvrages rédigés à cette époque sont appelés les « incunables de la montagne » et ils ont comme titre de référence première De Alpibus Commentarius de Josias Simler, publié en 1574. Il décrit de manière détaillée la chaine des Alpes.
C’est au milieu du XVIII siècle que l’attrait pour la découverte des sommets s’est agrandi, sous l’impulsion des Lumières et du Romantisme, notamment par leurs élites intellectuelles. Les Alpes, et plus précisément les glaciers, ont gagné l’intérêt des alpinistes-écrivains. Le premier ouvrage ayant atteint une renommée durable fut la « Description des glacières, glaciers et amas de glace du duché de Savoye », par Marc-Théodore Bourrit, en 1773. Une quinzaine d’années plus tard, c’est au célèbre naturaliste genevois Horace-Bénédicte de Saussure de publier le livre de montagne le plus important de l’histoire alpine : il relate l’ascension du Mont-Blanc ( Voyages dans les Alpes, 1779-1796) (Perret : 1997) La troisième période historique est surnommée l’âge d’or de l’alpinisme et ceci pour plusieurs raisons : au milieu du XIXe siècle vit le jour le premier guide de montagne (Peaks, Passes and Glaciers), donnant lieu à une nouvelle ère des activités et des descriptions des montagnes. Les comptes-rendus des ascensions se portaient sur des grimpées plus difficiles, situées également hors d’Europe (Les Andes, Le Caucase, les Rocheuses…). De plus, le milieu du siècle a été marqué par la création des Clubs Alpins, le premier étant fondé par les Anglais, en 1857. Quant au Club Alpin Suisse, il fut fondé en 1863, avec pour but de « promouvoir l’alpinisme et d’explorer l’espace alpin » (DHS 2012). Ces sociétés ont souvent créé et développé des bibliothèques alpines et ils ont encouragé la réalisation de cartes et de guides de montagne. À partir de 1900, l’approche de l’escalade devient plus sportive, donnant naissance à l’alpinisme compétitif et acrobatique. Grâce à l’amélioration du matériel, les alpinistes s’attaquent désormais aux parois, découvrant ainsi une nouvelle approche et de nouvelles vois d’ascension. En 1931, la face nord du Cervin fut finalement franchie et permit aux alpinistes de « vaincre » la grande montagne. Dans les années 50, les plus hauts sommets du monde furent franchis, dont l’Himalaya en 1953 par Edmund Hillary et Tensing Norgay. L’alpinisme est désormais une discipline sportive démocratisée, se pratiquant sur toutes les montagnes ; elle s’ouvre à un éventail d’activités telles les sports de glisse, les parapentes et le trekking… Quant à la littérature alpine, elle s’est modernisée, en se diversifiant dans la production de documentaires vidéo et de guides virtuelles.
Historique de la section genevoise
L’institution : La section genevoise du Club Alpin Suisse a été fondée le 21 février 1865 par quatorze personnalités éminentes de la ville de Genève. Sous la présidence d’honneur du général Guillaume-Henri Dufour qui venait juste d’achever le projet de cartographie de la Suisse, le premier président de la section François Thioly et ses amis, alpinistes chevronnés, se donnèrent pour mission d’approfondir les connaissances géographiques et scientifiques de la montagne, ainsi que de partager avec d’autres alpinistes leur amour de la patrie, en louant la beauté des montagnes suisses. Le mont Salève fut pour eux un premier terrain d’exercice. De nombreuses expéditions ont rapidement été organisées sur le canton du Valais poussant l’institution à installer un nombre significatif de cabanes en Valais, encore actives à l’heure actuelle. Au fil du temps, l’association s’est progressivement agrandie en accueillant de nouveaux membres, qui ont largement contribué par leurs courses, leurs expéditions, leurs écrits ou leurs conférences à la notoriété de l’alpinisme genevois. En 1980, le C.A.S. fusionne avec le Club Suisse des Femmes Alpinistes (CSFA), mettant fin à 117 années d’exclusivité masculine. À l’heure actuelle, la section genevoise comporte plus de 2500 membres. D’un point de vue social, culturel et sportif, le club a toujours joué un rôle prépondérant et occupe encore aujourd’hui une place importante dans l’alpinisme suisse. Également soucieuse de la protection de l’environnement et des changements notables que nous connaissons aujourd’hui, la section genevoise a créé en 2008 une Commission de l’Environnement. (Archives de la Ville, 2008 : 2-4) dont l’importance s’accroît avec le temps, et maintient une composante culturelle significative en complément de ses activités sportives.
La bibliothèque : L’histoire de la bibliothèque débute en même temps que la fondation du Club Alpin,en 1865. (C.A.S., 1915). Le premier bibliothécaire qui s’est chargé de la former et de la gérer fut Louis Maquelin (Porret, 1972 : 2). La constitution de la première collection libraire, s’est quant à elle dans un premier temps enrichie à travers les dons des membres du Club Alpin, principalement grâce à ceux du général Guillaume-Henri Dufour (ibid. : 6). En 1910, la bibliothèque contenait environ 3000 volumes et brochures liés à l’alpinisme et classés par matière, dans 14 vitrines : cela montre que le fonds a eu une croissance assez importante dans ses premières années de vie, puis son enrichissement s’est atténué au fil du temps. La valeur pécuniaire de la collection était déjà difficile à estimer puisque les comptes de l’époque ont disparu, mais elle tournait autour de « plusieurs milliers de francs » (C.A.S. 1915 : 141). Un seul conservateur se chargeait de l’intégralité de la bibliothèque. Puis, face à l’enrichissement croissant des collections, plusieurs volontaires s’y sont consacrés en s’occupant d’un domaine spécifique (lépidoptère, botanique, entomologie, minéralogie, paléontologie). Quant au taux de rotation, la bibliothèque effectuait en moyenne 600 prêts par année, ce qui était remarquable comparé au présent. Le système de recherche s’effectuait grâce à un catalogue sur fiches classées par auteur. À partir des années 20, la bibliothèque a connu un âge d’or, avec une fréquentation importante de lecteurs venant des différentes sections, voire de l’étranger.
À la fin de l’année 1924, 1130 livres ont été sortis : le record absolu. Les acquisitions étaient aussi bien portées sur des ouvrages anciens, qui étaient demandés par la Commission du fonds spécial de la bibliothèque, que sur des guides de montagne, réclamés par les jeunes. Au fil du temps, le nombre de prêts a progressivement diminué, pour atteindre en moyenne quelques centaines par année. Le budget dédié aux acquisitions a également connu une baisse remarquable. Ce fut le début d’une période transitoire dans laquelle l’intérêt porté aux livres scientifiques s’était atténué au profit de ces guides. En 1967, un étudiant de l’École de Bibliothécaires de Genève a évoqué les causes de cette baisse de fréquentation, dont notamment le développement des nouveaux loisirs, le délaissement de la bibliothèque ou l’absence d’outil de recherches qui forment un obstacle aux lecteurs. (Porret, 1972 :32). Une autre raison évoquée fut la décision du président à ce que les assemblées générales ne soient plus fixées au même soir que l’ouverture de la bibliothèque : cela a certainement découragé les membres intéressés à emprunter des livres, de ce fait, auraient été obligés de revenir à la bibliothèque durant les heures d’ouverture restreintes. En termes de chiffre, les prêts sont passés en moyenne de 400 à 200 sorties annuelles, de 1957 à 1967 : cette période correspond également au plus grand essor du livre de poche qui a rendu même les livres alpins plus accessibles au grand public. Aujourd’hui, une autre cause importante de la baisse de fréquentation de la bibliothèque est l’avènement du Net, puisque la consultation des guides se fait de plus en plus souvent en ligne. Cette baisse de fréquentation fut tellement importante que le service du prêt a été suspendu jusqu’en 2014, ce qui n’a tout de même pas empêché les lecteurs de consulter les livres sur place. Des procédures ont été mises en place afin de « réveiller » cette bibliothèque, dont un catalogage de la collection et la mise en place d’un système de recherche sur le site internet du C.A.S. Genève.
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Table des matières
1. Contexte
2. Problématique
3. Nature et buts du travail
4. Objectifs
4.1 Spécifiques
4.2 Secondaires
5. Moyens
6. L’histoire de l’alpinisme en bref
7. Historique de la section genevoise
7.1 L’institution
7.2 La bibliothèque
8. Analyse de l’existant
8.1 Les collections
8.2 Les espaces
8.3 Les collaborateurs
8.4 Les outils
9. L’évaluation des collections documentaires
9.1 Définition et périmètre
9.2 Les méthodes d’évaluation
9.2.1 Les méthodes quantitatives
9.2.2 Les méthodes qualitatives
9.3 Choix des méthodes et indicateurs
9.4 Résultats
9.5 Commentaires
10. Gestion des collections
10.1 Classement
10.2 Acquisitions
10.3 Désherbage
10.4 Signalétique
11. La préservation des collections : analyse et recommandations
12. Valoriser le patrimoine
12.1 Pourquoi valoriser
12.2 Connaître son public
12.3 Les outils et les événements à mettre en place
12.3.1 Les expositions physiques
12.3.2 Les expositions virtuelles
12.3.3 Les conférences
12.3.4 Les courts-métrages
12.3.5 Un catalogue relié
13. Conclusion
14. Bibliographie
15. Annexes
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