L’hétérolinguisme dans l’écriture africaine francophone

L’écrivain africain et le problème de la langue d’écriture

    Pour étudier l’hétérolinguisme dans l’écriture africaine francophone et son impact scolaire, il est impératif de nous interroger sur la question de l’écrivain africain face à la langue d’écriture. D’abord, tout le monde s’accorde sur le fait que l’école et l’écriture alphabétique par la même occasion sont entrées en Afrique par le biais de la colonisation européenne. L’Afrique connaissait avant la colonisation que l’écriture en caractères arabes, les hiéroglyphes égyptiens et l’écriture traditionnelle d’une langue éthiopienne. En ce qui concerne l’Afrique francophone qui nous intéresse, des normes scolaires ont été instaurées et il fallait un respect scrupuleux de la langue française. Faut dire que les mêmes normes scolaires de l’époque devaient aussi être appliquées par l’académie littéraire. Le problème était que les écrivains se voyaient dans l’obligation d’écrire en la langue du colon. Les normes scolaires et donc littéraires étaient strictes, tant l’idéologie du blanc aspirait à la déculturation ; car son objectif en instaurant l’école n’était pas seulement d’alphabétiser mais aussi d’imposer sa culture et sa civilisation à travers la langue française. Ainsi, les premiers écrivains se sont trouvés dans une situation dans laquelle le choix n’était pas possible concernant la langue d’écriture. Grâce à l’école française coloniale, la possibilité d’écrire est donnée aux africains. Cependant, transcrire les réalités d’une culture donnée par une langue autre que celle dans laquelle elle a pris forme n’est jamais évident même si la langue est assez maîtrisée. Amadou Koné (1992 :75), parlant du genre roman constate que l’obstacle concernant l’écriture africaine francophone était « … l’impossibilité pour les romanciers africains d’écrire dans les langues maternelles et donc l’obligation d’écrire dans les langues des colonisateurs. » Et pour Rainier Grutman (2003 :3)20, la langue d’écriture c’est « … l’outil que l’écrivain s’est choisi (ou que les circonstances lui ont imposé) pour écrire ses œuvres de création et s’inscrire dans une tradition littéraire ». Les écrivains africains sont le plus souvent soumis à la seconde condition qui est l’imposition de la langue d’écriture en défaveur de la liberté de création linguistique et du choix des langues nationales des écrivains. Et pourtant, selon Mwatha Musanji Ngalasso, Il est important d’affirmer, d’entrée de jeu, que l’écriture étant un exercice solitaire, en sa genèse comme en son accomplissement au moment de la lecture, c’est le droit de chacun de choisir la (ou les) langue(s) par lesquelles il veut s’exprimer. Ce n’est ni au critique littéraire ni, encore moins, au linguiste, observateurs de la langue et du travail sur la langue, de dicter à l’écrivain les choix à faire. (Ngalasso, 2007, P118) L’obligation de l’écrivain d’écrire dans la langue seconde ne va pas sans conséquences. Car même pour les écrivains qui faisaient leur possible pour écrire en « bon français », il y a eu des difficultés. En effet, les notions africaines n’ont pas toujours de signifiant en français et c’est souvent le problème de la traduction qui se pose. C’est dans ce cadre donc qu’Amadou Koné (1992 :80) ajoute : S’il n’y a pas – ou s’il y a peu – de réactions et de réflexions conscientes sur la langue d’écriture de la part des premiers romanciers africains, on peut néanmoins constater que leurs rapports à cette langue occidentale fort éloignée de l’imaginaire africain transparaît clairement dans les romans. La volonté de ces premiers romanciers africains d’écrire la belle langue française se trouve comme contrariée par une résurgence – jugée alors comme malheureuse par les maîtres occidentaux – de structures linguistiques inhabituelles en français car venant des langues africaines. Le problème de l’imaginaire africain par rapport à la langue française est récurrent dans la littérature africaine d’expression française ; et même si tous les écrivains ne l’avouent pas, il y a toujours des difficultés à respecter les normes françaises en rapportant des réalités africaines. Amadou Kourouma (1997)22 relate deux grandes difficultés de l’écrivain. Premièrement, le problème culturel (il confronte la culture malinké et la culture française), et deuxièmement le problème linguistique (en révélant un grand manque dans le rapport entre concept africain et terme français). C’est dans ce sens qu’il affirme : Je me heurte à des difficultés. La langue française m’apparaît linéaire. Je m’y sens à l’étroit. Il me manque le lexique, la grammaticalisation, les nuances et même les procédés littéraires pour lesquels la fiction avait été préparée. La langue française est planifiée, agencée. Les personnages, les scènes cessent d’avoir le relief qu’ils avaient dans la parole africaine. Leurs interventions ne produisent plus les échos qui les suivaient dans la langue originelle. (Kourouma, 1997. P 117) Ahmadou Kourouma, dans cet article, décrit le manque qu’il ressent par rapport à la langue d’écriture. C’est dire que le français, quelles que soient ses normes et sa richesse, ne peut prendre en charge toutes les notions des langues africaines, car chaque langue définit une culture ; et aussi, chaque culture s’exprime dans une langue propre qui la dépeint. Donc, la littérature écrite, au-delà de son sens physique, est la création, l’expression de la pensée, des sentiments, de la culture et bien sûr de la vision de la beauté par un auteur. Aussi, ce n’est pas exagéré d’affirmer que la culture et la langue première d’un auteur sont d’une influence remarquable pour son esthétique littéraire puisque l’acte d’écrire suppose une extériorisation de la vision du monde et de la conscience d’un écrivain. Mwatha Musanji Ngalasso (2007 :112), en dehors du « sens physique de l’écriture », de la « transcription » et de la « scription », définit l’écriture (littérature) comme suit : Quant à l’écriture proprement dite, elle se définit comme une formulation totalement personnelle d’un message qui suppose élaboration de la parole, travail sur la langue, créativité avec les mots. C’est le travail de l’écrivain aboutissant à la production d’une œuvre littéraire. Celle-ci implique polysémie des formes et pluralité des lectures : le texte d’un roman est compris et interprété par chaque lecteur à sa manière, en fonction de son histoire personnelle, de son vécu et de sa sensibilité. Toutefois, le choix de la langue d’écriture pose aussi le problème de la maîtrise d’une langue. Autant l’unilinguisme dans la littérature n’est qu’illusoire, autant une langue n’est jamais parfaitement maîtrisée surtout si elle est seconde. Ngalasso dans le même article (P117), corrobore cette idée en affirmant : « l’écriture en tant que travail sur la langue suppose maîtrise de celle-ci. Cette maîtrise optimale dans la langue maternelle, n’est que rarement achevée dans une langue étrangère ». Dans le cas de l’Afrique francophone, le français est une langue seconde qui occupe un statut officiel et donc prioritaire pour la plupart des Etats colonisés par la France et la Belgique. Dans la quasi-totalité de ces Etats, le français est la langue de scolarisation, de la littérature écrite, langue d’administration, langue de travail et de promotion sociale, langue de communication internationale etc. Malgré le statut de la langue, elle ne cesse d’affronter l’appropriation, la subversion en tant qu’outil de création littéraire. En réalité, l’écrivain africain francophone, confronté à un réel problème de non-coïncidence hétérolinguistique, a besoin de travailler la langue française dans le but de l’ajuster à son goût. Or, l’hétérolinguisme ainsi que le bilinguisme littéraire ne sont pas exclusivement des produits de la pratique de la tropicalisation de la littérature africaine. Une langue d’arrière-plan apparaît très souvent dans l’écriture que ce soit dans les œuvres contemporaines, des classiques français ou de la première génération des écrivains africains. A l’égard des grands classiques européens, Rainier Grutman note : … la cohabitation des langues semble bien être une constante en littérature […] Ainsi le penchant des écrivains classiques et réalistes pour l’unilinguisme alterne-t-il avec le bilinguisme fondamental des époques médiévale, renaissante et baroque, sans compter les expériences joyeusement polyglottes qui ont marqué les différentes avant-gardes du XXème siècle. (Grutman, 2002. P330) L’hétérolinguisme donc a toujours été présente dans les littératures puisque l’unilinguisme parfait n’est pas envisageable. En ce qui concerne l’écriture africaine francophone qui nous intéresse, la présence de langues ou traces de langues africaines dans les œuvres littéraires est bien une constante quelles que soient les époques ou les pratiques d’écriture. En effet, cette présence peut se manifester par les emprunts, les xénismes, les images, les calques et d’autres modifications d’ordre grammatical, que ce soit idéologique ou non pour l’auteur.

L’écriture du dépaysement ou l’appropriation du français

    Les écrivains de la tropicalisation26 voulant marquer une rupture par rapport à la langue d’écriture qui est le français, ont opté pour une écriture qui pourrait allier langue et société et donc culture. Selon Faye (2010 : 42), « … il ne s’agit pas d’une juxtaposition de langues mais d’une véritable imbrication où des éléments lexicaux et discursifs entrent dans la langue non anarchiquement mais en fonctionnant avec la langue d’écriture comme un tout. » C’est donc la présence fonctionnelle des langues ou des traces de langues africaines dans la langue d’écriture. Ce phénomène de plurilinguisme dans l’écriture renvoie au terme d’hétérolinguisme. L’hétérolinguisme, terme employé pour qualifier l’appropriation textuelle, caractérise un texte unilingue d’un bilingue où les canons de la langue d’écriture sont bousculés par l’environnement de la langue première pour exprimer un « moi » spécifique sans que la communication ne soit entamée. (Faye, 2010. P 42) Cette situation d’hétérolinguisme est due au fait que les écrivains observent un manque par rapport à la langue d’écriture. La langue étant liée à la culture, les histoires narrées étant puisées dans les sociétés africaines, dans leur actualité ou dans leur passé, ou encore dans l’historicité propre à l’auteur, les notions propres à cette culture ne peuvent toujours être transcrites en français. Car comme le souligne Makhily Gassama (1978 : 226)27 « Il y a, en effet, dans nos langues, des termes intraduisibles en français ; les termes français correspondants ne satisfont pas toujours le romancier… » Ce sentiment d’insatisfaction par rapport à la langue française découle de l’inadéquation de la réalité perçue par l’auteur au mot pour le dire en français que Faye (2011) appelle « non-coïncidence hétérolinguistique » à la suite d’Authier-Revuz (1995), théoricienne de la notion de « non coïncidence du dire ». Cette dernière a distingué quatre non-coïncidences liées au dire : la non-coïncidence interlocutive entre l’énonciateur et le destinataire ; la non-coïncidence du discours à lui-même ; la noncoïncidence entre les mots et les choses et enfin la non-coïncidence des mots à eux mêmes. Pour l’écrivain africain francophone dont la langue d’écriture est sa langue seconde, donc qui doit émettre un discours théoriquement unilingue étant bilingue, le sentiment de noncoïncidence hétérolinguistique est le plus attendu. C’est dans cette perspective que certains écrivains africains comme Amadou Kourouma, Ousmane Sembène, Sony Labou Tansi etc., ont voulu accorder langue et société en choisissant l’appropriation de la langue française. Ce courant d’écriture était pour eux une forme de revendication de l’identité africaine en appropriant et en s’appropriant la langue française. Cependant, certains écrivains n’étant pas dans cette lancée car ne voulant pas une écriture africanisée, ni localisée encore moins nationalisée, prônent l’universalisation de la langue française.

Les xénismes

    Selon le Larousse 2002 (dictionnaire de linguistique), « un xénisme est une unité lexicale constituée par un mot d’une langue étrangère et désignant une réalité propre à la culture des locuteurs de cette langue. » le mot est intégré dans le texte tel qu’il est prononcé dans sa langue de départ et est inconnu par le système de la langue d’arrivée c’est-à-dire, dans laquelle le locuteur ou l’écrivain s’exprime. Sa compréhension est plutôt localisée. A titre d’exemple en gras, nous relèverons quelques extraits tirés des œuvres citées ci-dessus.
– « – Menterie ! Menterie ! contesta Balla. Un grand chasseur, connaisseurs des animaux, des choses, des médicaments et des paroles incantatoires, adorateur des fétiches et des génies, ne crève pas comme un poussin. La colonisation, les maladies, les famines, même les indépendances, ne tombent que ceux qui ont leur ni (l’âme), leur dja (le double) vidés et affaiblis par les ruptures d’interdits et de totem. » (Les soleils des indépendances, p. 113)
– « Cette distance se réduisait pour lui à une seule étape : chez Mami Titi, cette femme venue des bords de la mer et dont la renommée pour distiller l’arki2 36 était sans précédent. » (Le vieux nègre et la médaille, p 11)
– Un génie est comme un homme et il existe pour tout individu un objet avec lequel on éteint la vie dans le corps, comme l’eau refroidit la braise ; cet objet met fin à notre destin : c’est notre kala. (Les soleils, p. 125)
– Ah, c’est à devenir folle, une situation pareille : plus d’eau, plus de malo(1) 37 ! (Les bouts de bois de Dieu, p. 84)

Les ressassements

   Le phénomène de ressassement fait appel à des procédés considérés comme redondantes mais qui ont une valeur dans le discours. Il s’agit souvent d’une transposition de la langue d’arrière-plan vers le français parfois pour accentuer l’intensité, la durée ou la continuité etc.
– Fama ne voyait et n’entendait rien et il parla, parla avec force et abondance en agitant des bras de branches de fromager, … (Les soleils, p. 15)
– Nous sommes parents. Dans la tribu des Yemvams, il est mon beau-frère par mon beau-frère. (Le vieux nègre, p. 27)
– A moins ! à moins ! à moins ! que tu n’acceptes de demeurer au village… (Les soleils, p. 93)
– Pour nous il n’y a rien, pour nous il n’y a rien, mais pour Mabigué, oui ! (Les bouts de bois, p. 81)

Autour de l’hétérolinguisme africain

   Chaque individu évolue dans une communauté linguistique qui a en commun une culture et des valeurs à défendre, et appartient à une société humaine. Dans le rapport entre langue, culture et société, trois notions indissociables en sociolinguistique, l’unilinguisme est souvent mis en question du fait du contact des langues et des cultures. Transposé dans le rapport entre langue et littérature, littérature écrite dans un contexte plurilingue, faut-il se demander si une écriture unilingue existe. Dans le contexte africain francophone, la langue d’écriture (le français) est en conflit avec les langues de cultures qui ne peuvent être exclues de la création littéraire. Il s’agit de la relation entre l’écrivain et son environnement sociolinguistique. En effet, les langues premières ou de culture apparaissent souvent en arrière-plan dans l’écriture en français. Dans cette visée, Laté Lawson-Hellu (2004 : 96)39 soutient : « … il devient évident que les structures normatives qui déterminent la pertinence socio-sémiotique, esthétique et discursive des écritures africaines, interpellent également les propres systèmes de valeur des cultures d’origine des auteurs. » Ces substrats linguistiques sont des agents d’une revalorisation et d’une revendication identitaire des auteurs, consciemment ou inconsciemment. C’est dans ce contexte que nous allons analyser l’hétérolinguisme ou disons l’appropriation de la langue française dans l’écriture africaine, en insistant sur les notions de styles et de norme. La notion d’écart et de faute dans la littérature africaine francophone a longtemps été source de polémique de la part de la critique. Cependant, à notre époque, nombreux sont les chercheurs qui défendent la théorie selon laquelle, la littérature africaine francophone trouve l’originalité de son style dans l’écart par rapport à la norme française. « Le rapport des écrivains à leurs langues maternelles participe étroitement de cette pertinence alors même qu’il s’agit de littératures produites pour l’essentiel dans des langues étrangères. » (Ibid. 95) Il ne s’agit pas dans la littérature Africaine, ou plus exactement dans la pratique de la tropicalisation, de combattre la langue française, bien au contraire – puisqu’elle en constitue l’outil d’écriture -, mais d’opérer une rupture avec la norme du « bon usage » français trop figée au gout des auteurs africains. Cette norme longtemps considérée comme référence « toute puissante » du « bien écrire », les écrivains africains de la première génération ou disons de la pratique du « bon usage » lui ont témoigné un respect scrupuleux. La norme littéraire se référant à la norme standard, il était surtout question de maîtrise ; ce que Xavier Garnier (2003 : 237) considérait comme un « devoir de bon élève ». Il écrit en ce sens : « Les mots sont là, le sens est respecté, l’histoire est bien construite, le message passe et pourtant on ne sait jamais trop comment il faut comprendre le livre. On attend des œuvres qui nous révèlent « l’âme nègre » et elles nous convainquent par les qualités de maîtrise. » Notons toutefois que ces auteurs ont essayé dans leurs œuvres de dépeindre les réalités africaines mais en dissociant langue et culture dans la mesure où ils ont eu recourt à l’autotraduction tout en restant presque fidèle au français standard. Quant aux écrivains de la pratique de la tropicalisation, ils ont choisi de subvertir la langue française en installant une norme endogène, c’est-à-dire qui prend ses racines dans les cultures et langues africaines autochtones. Dans le cadre de la littérature, cette norme interagit avec le français langue d’écriture et ils fonctionnent en un ensemble indivisible même si l’hégémonie du français reste inévitable. Le traitement que certains écrivains africains infligent à la langue française, dans le souci de rester le plus proche possible des compétences linguistiques vraisemblables de leurs compatriotes, tout en étant le réservoir où puise la norme endogène, en est le support le plus précieux pour une normalisation future. C’est également cette littérature, de plus en plus abondante et largement enseignée dans les établissements scolaires et universitaires à la suite de l’africanisation des programmes dans les années soixante-dix, qui draine sur les rives de la norme exogène quantité de particularités souvent très vite analysées comme « impropriétés », « incorrections », « interférences », « mélange de registres » et qui atteste l’impropriété de l’épithète « francophone » qui lui est souvent accolée. Moussa Daff (2004 : 94) Bon nombre de néologismes ont été considérés comme fautifs par la critique exogène avant d’être progressivement, notons-le, vus sous l’angle de création littéraire ou de style. Mais, selon Daff, l’appellation même de littérature francophone est «… gênant parce que présentant la langue française comme langue homogène. » Selon lui, le français parlé en Afrique et représenté dans l’écriture est un « usage régional » membrane de la langue française. Cette pensée s’apparente à celle de Kossi A. Afeli (1989 : 06)41 qui, s’appuyant sur l’étude de Suzane Lafage, déclare : Si l’emprunt est un phénomène normal, il n’y a donc pas lieu de parler d’un français particulier à l’Afrique sous prétexte que l’Africain y introduit des mots de sa langue qui expriment des réalités inconnues de la langue française… En effet, l’idée même de français d’Afrique semble bien avoir quelque chose de vicieux : le français reste français quand l’emprunt à d’autre langue est fait par le Français natif, mais il devient particulier dès que l’auteur de l’emprunt est un locuteur non natif, africain en particulier. Parallèlement, lorsqu’on parle de norme endogène dans la littérature africaine, il est difficile d’effacer la manifestation de la diglossie (français / langues africaines) au sein même de l’énonciation. C’est dire que norme endogène n’est pas égale à registre linguistique africain mais écriture du français africanisé. En effet, la question qui s’est posé et se pose encore est : pourquoi les auteurs africains n’écrivent-ils pas dans leurs langues nationales ? Si nous devions répondre à cette interrogation, nous pouvons aborder le problème de l’enseignement des langues nationales dans les écoles africaines. Le français étant la langue officielle dans presque toutes les anciennes colonies françaises, sa norme communément admise, elle fait aussi office de langue d’enseignement. Pendant longtemps, l’enseignement des langues africaines a été interdit dans les établissements scolaires ; et même si plusieurs d’entre elles sont maintenant écrites, peu sont les locuteurs africains qui lisent et écrivent leur langue. De plus, qui va lire ces œuvres si elles sont écrites en langues africaines, sachant que ceux qui lisent les œuvres littéraires d’Afrique francophone sont les étrangers (francophones d’ailleurs) et les africains lettrés. Ainsi, le moyen que les écrivains ont trouvé pour revendiquer leur identité africaine et revaloriser les langues africaines est d’opter pour un style linguistique hybride, en se basant sur un imaginaire hétérolingue. Selon Ahmadou Kourouma (1997 : 118)42 « …il permet de réaliser une francophonie ouverte, une francophonie multiculturelle qui peut rassembler des peuples égaux qui considèreront en définitive le français comme un bien commun. » Néanmoins, la problématique que posent aussi les écritures hétérolingues est le défi du lecteur. Sera-t-il en mesure de comprendre le récit ? Existe-t-il des stratégies mises à sa disposition pour minimiser la non-coïncidence hétérolinguistique ?

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Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Cadre théorique et méthodologique
Chapitre I : Cadre théorique
1. Objectifs
2. Question de recherche et hypothèses
Chapitre II : Cadre méthodologique
1. Méthode de collecte de données
2. Populations choisies
Deuxième partie : Mise en scène de l’hétérolinguisme dans l’écriture africaine francophone et interprétation scolaire
Chapitre III : Etude sociohistorique de la littérature africaine d’expression française
1. L’écrivain africain et le problème de la langue d’écriture
2. Les pratiques d’écriture
2.1. Le « bon usage » francophone
2.2. L’écriture du dépaysement ou l’appropriation du français
2.3. Nouvelle écriture francophone/ « l’écriture du divers »
Chapitre IV : Tropicalisation de la langue d’écriture : approprier et s’approprier la langue française
1. Stratégies d’appropriation de la langue française
1.1. Appropriation lexicale
1.1.1. Les xénismes
1.1.2. Les pérégrinismes
1.1.3. Les emprunts
1.2. La création morphosyntaxique
1.2.1. La dérivation
1.2.2. Changement de catégorie grammaticale
1.2.3. La composition
1.2.4. Changement de valence
1.3. La création sémantique
1.4. Appropriations énonciatives et discursives
1.4.1. Les ressassements
1.4.2. Calque de construction
2. Autour de l’hétérolinguisme africain
3. L’écrivain africain et son lecteur
3.1. Ecrire pour qui ?
3.2. Le défi du lecteur
3.3. Stratégies pour maintenir l’un
3.3.1. L’ajout hétérolingue
3.3.2. L’explication copulative et contextuelle
3.3.3. L’intégration phonétique
3.3.4. L’intégration morphosyntaxique
Chapitre V : Interprétation et potentiel impact scolaire de l’hétérolinguisme africain francophone
1. Evolution de l’enseignement de la langue française et de la littérature en Afrique francophone
2. Intérêt du fait linguistique dans les analyses littéraires au lycée
Troisième partie : Analyse et interprétation du corpus
Chapitre VI : Présentation du corpus
1. Le questionnaire
1.1. Questionnaire adressé aux formateurs en Français à la FASTEF
1.2. Questionnaire adressé aux professeurs de français de l’enseignement secondaire (P.E.S.)
1.3. Questionnaire adressé aux élèves du second cycle secondaire
2. L’exercice littéraire
3. Difficultés rencontrés
Chapitre VII : Analyse et interprétation du corpus
1. Le questionnaire
1.1. Questionnaire adressé aux formateurs
1.2. Questionnaire adressé aux professeurs de français de l’enseignement secondaire
1.3. Questionnaire adressé aux élèves du second cycle secondaire
2. L’exercice littéraire
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
1. Exemplaires de réponses aux questionnaires
1.1. Questionnaire adressé aux formateurs
1.2. Questionnaire adressé aux professeurs du second cycle secondaire
1.3. Questionnaire adressé aux élèves du secondaire
2. L’exercice littéraire
2.1. Le texte
2.2. Exemplaires de l’exercice littéraire

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