L’extra-banalité dans le quotidien

L’extra-banalité dans le quotidien

Limite : De l’autoreprésentation à l’autodestrucion

On transpose, on dispose, on pose. Dans le désarroi absolu, dans le désordre total, on range, on arrange. Parmi le pêle-mêle hideux du malheur, on trie, on triche. Tout l’être crie une atroce vérité. On écrit du faux.
Le sujet de ma recherche autour du projet Les longs Jeux est le résultat d’une pratique narrative visuelle authentique en constante évolution. Un tournant spontané s’est produit suite à quelques expérimentations artistiques où j’ai tenté d’abolir la frontière entre art et vie. Considérant d’abord l’œuvre d’art comme une réalité vécue, qui se devait d’être vécue, à la manière de l’artiste française Sophie Calle, je prenais plaisir à jouer de cette mince limite entre fiction et réalité. L’exemple de mon projet de fin d’étude au baccalauréat traduit bien cette idée. H se résumait en une œuvre à caractère relationnel (Bouniaud, 1998), intitulée Comment rencontrer un garçon en 12 étapes faciles . Comme son titre l’indique, il s’agissait d’une quête obsessionnelle à rencontrer le grand amour. Chacune des douze étapes du projet était élaborée et vécue avec conviction. Ce récit interactif sur support photovidéographique était présenté en deux parties : d’une part, le volet présentation et descriptif de ma démarche, et d’autre part, se trouvait parallèlement les constatations et résultats . Ces étapes de présentation se rassemblaient en diverses actions traversant le souci de l’apparence esthétique à la diffusion de cette quête sous une forme médiatique. Chaque rencontre, chaque geste était vécu pour l’art, et l’art devenait prétexte à vivre chaque situation. Évidemment, je me suis fait prendre au jeu. Je me suis investie dans un jeu qui a été le résultat d’un échec. En réalité, les hasards et les rencontres m’ont poussé à censurer une partie de cette expérience, par respect du sujet masculin. J’ai cru qu’intégrer de près l’art à ma vie privée allégerait mes préoccupations obsédantes : dans ce cas, une quête amoureuse. J’étais hors champs.

L’urgence de l’image

En art, je suis boulimique. Je photographie, je filme, j’achète, je scanne, je télécharge, je note, je conserve tout ce que je vois. En somme, je gobe tout pour me faire vomir une œuvre par la suite. Je deviens excitée. La création m’anime. Mon rapport à l’art est passionnel, il est vital. Cette urgence se manifeste par deux supports de captation : la photographie et la vidéo.

Art vidéo et photographie numérique

Mon rapport à la vidéo se caractérise d’abord par l’altération de l’image. Le résultat de la séquence filmée ne semble jamais me satisfaire. Elle est trop clean, trop près de la réalité. Comme je l’ai énoncé plus haut, il m’est nécessaire d’entamer un processus de distanciation de mon image, dû à un trop plein d’autoreprésentation. Ma manière de me filmer s’est traduite par l’utilisation de méthodes de captation de basse qualité, étant : le caméscope VHS, le téléphone portable, la caméra virtuelle, etc.
C’est ce qui me permettait d’arriver à voir disparaître sous des couches, des écrans, des pixels et des filtres, le mouvement trop représentatif de la réalité .
Dans une approche se caractérisant par la répétition, j’importe, j’exporte, je manipule l’image filmée. Je compare la vidéo à mon état de création en peinture : user du repentir, du collage, des couches, des vides, des espaces blancs, des silences.
L’épuration que je cherche ensuite à réaliser dans la séquence vidéo, se forme par l’utilisation du montage, soit dans la découpe des plans en chapitres, comme besoin de redéfinir l’image par des titres et des sous-titres . De plus, l’utilisation de la couleur est quasi inexistante. J’emploie principalement une esthétique du noir et blanc très contrastée comme autre manière de distanciation du réel. Tout cela rappelle légèrement l’esthétique des vidéos d’art conceptuel des années 80, dont je cherche également à me rapprocher. Dans le même esprit, j’affectionne le travail des artistes et des collectifs qui ont transgressé les règles du cinéma pour arriver à des créations vidéographiques originales .

Caractère gras

Ma pratique visuelle ne se concentre pas uniquement sur le médium pictural et vidéographique. Évidemment, ce sont les outils centraux de ma production visuelle mais je considère l’écriture tout autant présente une fois associée aux différents supports utilisés afin d’exprimer un récit. Pour arriver à communiquer mon propos, ma recherche visuelle ne semble pas se suffire de l’image : la syntaxe devient imposante. Elle est déployée par certaines figures de style faisant toutes références à l’ironie.
Il est évident que mon travail, principalement en photographie, a des similitudes avec le photoroman . J’ai consacré plusieurs travaux sur ce phénomène littéraire « considéré comme un art mineur, bien que populaire (…) » (Chirollet, 1983, p. 5). En me penchant sur l’essai du docteur en philosophie de l’art Jean-Claude Chirollet, je me suis intéressée à tout ce qui entoure le romanphoto : les poses hyperréalistes des acteurs, les possibilités narratives infinies, mais je me suis principalement concentrée sur le rapport du texte à l’image . Consciente de l’atmosphère kitsch reliée à ce médium, c’est ici, avec le photoroman, que découle le point central de ce besoin d’ajouter d’abord des phylactères à l’image, pour ensuite arriver à la nécessité des sous-titres, des légendes, des indications, des slogans, etc.

Attitude : jeux constants de l’artiste

Je ne peux concevoir une recherche sans creuser dans le « Pourquoi ». Dans un esprit analytique sans fin, j’ai tenté de comprendre pourquoi ma pratique narrative artistique actuelle créait autant de parallèles avec les constructions de récits que je produisais étant enfant. Car l’essence même d’une recherche comme celle-ci n’est plus de se demander « qu’est-ce que c’est »? Mais plutôt, « pourquoi est-ce là »? Voire même, « pourquoi est-ce encore là » …! Je blague souvent en disant que mon travail n’a jamais subi d’évolution depuis mes premières années de création artistique. Dans le sens où j’ai l’impression d’user des mêmes stratégies de création depuis l’enfance, là où seule l’idée de rendre l’univers imaginaire au rang d’une construction réelle occupait le centre de mes préoccupations. Ce concept se produit autant dans un désir de raconter que dans la manière dont j’aborde mes récits en image/texte. D’où vient cette obsession de raconter, de tout prendre comme élément de récit ?
D’abord, je dois dire que l’influence de mon environnement et de mes referents culturels ont un rôle imposant dans la manière dont j’aborde les arts.
Puisque je suis le reflet d’une culture des années 80, j’ai évolué parmi les magnétocassettes géants, les Polaroids instantanés, les microphones jouets, les caméscopes VHS, etc. Ces éléments matériels et audio-visuels ont dessiné mes goûts pour le jeu.
Les jeux de captation, d’enregistrement, entourant un quotidien où toutes les possibilités d’archiver mon univers imaginaire et performatif était possible et ô combien divertissant. Cette voie d’expression fût, je crois, le point zéro de cette obsession de raconter, d’inventer, de se livrer, de capter des récits aux thèmes banals dont seul mon petit quotidien de proximité était l’inspiration

Observation : obsession-captation et photo-constat

Obsession-captation

Ces jeux se caractérisent également par une méthode liée à l’observation. Tout ce qui m’entoure me semble être de bons sujets à de futures créations. Je vis dans un constant état d’alerte face aux choses banales du quotidien. J’observe les comportements, les relations humaines, les moindres gestes de gens, les moindres transformations d’un objet, et ce, dans une agaçante analyse perpétuelle. J’observe ces dits sujets pour trouver le meilleur moment d’absurdité, voire les liens aberrants pouvant se créer entre les choses préalablement observées. Je parle de « tout » dans le sens de choses, de moments, de situations, de mœurs, de lieux, de dialogues anodins.
Le récit apparaît ensuite dans la transgression et la subversion de ces scénarios de proximité. Ce désir de raconter en image/texte est d’abord, comme il a été dit plus haut, abordé comme un jeu. Jeu qui implique autant le plaisir que l’échec, pratiquement toujours interprété en version catastrophique. Tout ce qui semble banal et léger est, selon ma perception, chargé d’un sens dramatique, affreux, lourd, mauvais, se devant d’être interprété dans le ridicule, le cynisme et l’ironie. Avoir cette vision subjective sur le monde peut devenir une obsession. Lorsque je côtoie les
marchés aux puces, par exemple, je vois un chemisier appartenant à l’ex mari d’une femme cocue frustrée qui l’a jetée à la friperie, un photo-roman dont les pages sont gondolés par une fille ayant trop pleuré sa solitude, un jeu dont il manque les pions car l’enfant, transporté d’urgence à l’hôpital, les a avalés, un livre d’éducation sexuelle, aux images subtiles et la traînée de sperme qu’un préadolescent y a laissée.

Photo-constat

Selon moi, la captation de l’image est dans le chaos comme le constat est dans la rationalité. Le terme photo-constat se veut donc chronologique dans le processus de création de captation. Il ferme l’œuvre. C’est dans un acte de constatation que se développent les textes accompagnant l’image. Souvent un sujet, un objet ou une situation m’inspirant un futur récit ironique est photographié pour ensuite être traité numériquement. J’ajoute donc des légendes, des textes expliquant directement le sens que je veux refléter. Le constat se joue dans l’ironie, dans la décontextualisation du sujet montré. J’analyse tout, j’interprète ce que les autres pensent, j’invente des histoires sur la nature d’un objet banal, j’organise ma réalité ou je laisse les autres me raconter. Je pourrais ainsi dire: photo-constant(e).
La manière de dévoiler le constat par l’ajout d’un texte sous forme de narration sur l’image se traduit par un geste automatiste, par une pensée spontanée sans fignolage. Le constat se rapporte presque au geste de la parole ou de la remarque gratuite. Je constate à partir de ce qui m’inspire une anecdote ironique. Je cherche à faire ressortir toute absurdité qui peut se développer dans tout ce qui concerne l’univers du quotidien. Je me garde la liberté d’exprimer un commentaire toujours dans ce même esprit d’instantanéité épileptique. Lorsque j’intègre du texte à mes images ou dans mes vidéos, je sens l’idée de parole sur la mélodie. Le rythme, la durée, les variations, je les transpose dans mes séries photos, comme elles prennent le rôle de chapitres entrecoupés ou de sous-titres dans mes vidéos, à la manière Godardienne.

Quête : l’extra-banalité dans le quotidien

Les actions ou activités qui composent mon quotidien sont restreintes, voire répétitives. Il suffit de piger dans ce qui compose mon mode de vie éclaté et particulier: la routine d’une vie domestique d’appartement, mes journées à flirter dans les friperies, les marchés aux puces du quartier, les soirées de karaoké du centre-ville, les concerts de la scène locale underground et ses fins de soirée arrosée dans des lieux crades, etc. Toutes ces activités routinières sont devenues fibres artistiques aux qualités esthétiques bourrées de textures et d’histoires. Ce fil conducteur se traçant dans chacune de mes productions ne mène-t-il pas toujours vers les mêmes sujets : la misère, l’ennui d’un quotidien, poussant à transformer le moindre détail incongru en point de départ d’une mini-fiction qui expose la véritable nature de cette vie modeste. Telle est ma quête à l’extra-banalité

Vision : L’univers domestique usagé

Mon environnement social me pousse à faire un constat sur le monde et les gens qui m’entourent, par le biais d’objets personnels ayant appartenus à d’autres et des lieux habités dont je rends parfois visitent. La trace des choses qu’ils ont maniées est témoin de leur comportement, de leur personnalité. Les objets, les lieux que je considère intéressants comme prétexte à la création d’une œuvre narrative ont tous une même dominante : ils ont d’abord des qualités esthétiques que je trouve particulièrement attirantes dans une optique vidéographique ou photographique.
De par l’aspect formel, je tente d’uniformiser, d’aplatir ces espaces, ces gens et ces objets que je côtoie. Son rendu est lisse, son sujet est crasseux, du moins il a du vécu. Son aura dégage quelque chose de narratif et d’insignifiant que mon propre esprit capte et rejette à son tour sous une forme dite artistique, teintée d’une forme d’ironie. L’aspect malsain, dégoûtant, sale, vieux, des lieux et des objets qui ont de l’histoire me fascine par leur véritable scénario attaché comme une pièce jointe qui s’ouvre lorsque l’on clique dessus. Si je ne connais pas le passé de cet objet, je construis son histoire et enfin la création devient excitante, existante.

Concept : le projet Les longs jeux

Close-up

Cette série de sept photographies numériques a enclenchée tout le reste de la production. C’est selon moi, l’œuvre clé, affirmant le concept de captationobsession et photo-constat. Tirée d’une observation très anecdotique d’une expérience vécue, il s’agit d’une étude sentimentale sur un couple à travers la disposition aléatoire de leurs brosses à dents dans leurs compartiments respectifs à mon appartement. Il faut dire que l’ensemble de cette analyse a été réalisé dans l’ignorance des personnes concernées. J’ai donc adopté l’espace privé de salle de bain comme un laboratoire d’observation de ce couple avec qui j’ai cohabité un an.
L’esthétique des photographies évoque du coup la dépersonnalisation d’un style Pop Art, dont l’ajout de constats renvoie à une certaine subjectivité. Les images prennent tout leur sens avec l’ajout de textes sentimentaux. L’épuration de chaque photographie cherchant à miser directement sur le sujet rappelle également une certaine esthétique publicitaire. Cet emprunt ironique de ce véhicule médiatique vient brouiller le sens de chaque image. On nous transmet évidemment un message, celui du couple en véritable séparation. Curieusement, la vérité cachée dans cette observation insignifiante de brosse à dents est devenue une transposition très juste des signes annonciateurs de rupture. Suite à cette vision préméditée, j’ai constaté un terrain valable à exploiter: celui des objets manipulés par l’humain et l’interprétation que je peux y faire. Tel un jeu aux possibilités infinies, j’ai axé ma recherche en ce sens. Le jeu de ma curiosité visuelle s’est donc trouvé stimulé par ce type de futilité qui m’a poussée à considérer ma vie quotidienne autrement

Astro-vaisselle

Ce projet se trouve dans le même esprit que la série d’œuvres réalisée précédemment. Cette fois, j’ai pris soin de m’attarder aux traces laissées dans la vaisselle souillée. Les photographies sont associées à une légende écrite à la manière d’une interprétation gratuite, parfois imagée, parfois véridique. Cette cueillette photographique de récipients laissés au hasard dans mon appartement a encore une fois été réalisée dans l’ignorance totale des protagonistes visés. L’observation et l’analyse accrue de leur vaisselle sale se sont matérialisées en images dégageant l’absence, le vide et la solitude. Contradictoirement, l’ajout de textes leur redonne une certaine personnalité et renvoie à une subjectivité enlevant toute approche distante et impersonnelle des images. Les traces laissées dans les objets du vaisselier prennent un sens intimiste rappelant l’approche divinatoire des liseuses de thé. Ce projet, à la limite voyeuriste, ouvre une fenêtre sur les comportements humains et leurs rapports à ce qui touche leur quotidienneté. Cela évoque également le portrait de ma vision cynique-fataliste

La visite à la friperie

Cette série de 10 photographies numériques est selon moi l’œuvre majeure de l’exposition. Suite à l’intérêt porté sur les objets domestiques de la maison, je me suis intéressée aux choses que l’on offre au bazar. L’objet retourné conserve une charge émotive, un trauma, une raison qui soutient pourquoi on le donne. C’est ce qui a inspiré la plupart des textes de chaque micro-récit photographique de cette série. En dramatisant le passé de l’objet, ils prennent vie à travers un passé connoté. Es sont associés à diverses époques, à un événement. Ils deviennent des objets historicotragiques que je rends complètement caricaturaux et humoristiques. De par mes manipulations, je tente d’interpréter le reflet de leur ex-propriétaire. C’est ce qui m’inspire à développer des récits interprétés selon ma vision « mortellement » catastrophique. Les objets familiers deviennent ainsi associés soit à des chansons de Gainsbourg, soit à d’autres références clichées d’une culture populaire. Populaire comme la friperie, comme les gens qui finissent par s’y retrouver. Ces objets portent malheur, ils sentent mauvais, mais se retrouvent tous dans ce jeu de subversion lors de cette visite à la friperie

Les Calcinées

Les Calcinées est une extension du projet La visite à la friperie. J’ai sorti les poupées de leur contexte initial pour les placer dans une mise en situation dès plus banale. Surprises en pleine conversation dans une séance de bronzage, les poupées dialoguent sur le sujet d’une insignifiance acceptable. La photographie investit ces poupées d’un potentiel imaginaire qui dépassent leur fonction habituelle. Éliminant le sens de l’action « vouloir jouer à la poupée », elles semblent vivre ici, sans personne, un quotidien ordinaire. Je les sauve de leur bazar, je leur donne un sens. On ne leur demande plus qu’elles soient décoratives sur une table de chevet ou épuisées à force de rejouer les mêmes mises en scène classiques entre les mains des petites filles qui veulent y projeter leur rêve américain. Désormais, c’est la retraite des poupées.
L’aspect édulcoré des photographies numériques fait clin d’oeil aux périodes 1980-90, le support laminé y de même. La lecture des images de cette série est construite à la manière classique du photo-roman commun. Le cadrage et les phylactères y sont également fidèles. Seul le sens et le décalage des dialogues viennent abrutir l’histoire. Inspirée de la télé-réalité, je considère que la conversation suscite l’intérêt du spectateur et alimente la personnification des petits êtres de plastique, qui ne se communiquent, à la fin, rien d’extraordinaire

Titanic-cake et Titanic-cake, la vidéo

Titanic-cake est une série de photographies laminées que j’ai réalisées lors de la résidence au centre d’artistes Le Lobe (Chicoutimi). Parmi toutes les photos présentées lors de l’exposition, j’ai choisi de conserver celles-ci pour le projet Les longs jeux. Dans le même esprit esthétique que Les Calcinées, les personnages nuptiaux se transmettent, entre les dents, leurs fantasmes au sommet d’un gâteau en ruine. Entre la légèreté et la petite vulgarité d’un « je t’aime, moi non plus », cette série photographique se complète avec une vidéo du même genre. La caméra est oubliée sur la table et débouche sur un long plan séquence affichant les métamorphoses subtiles du gâteau qui fond. Il s’agit d’une allégorie évidente sur le couple se transposant vers ces petits personnages. Cela devient une interprétation personnelle de ce que pourraient dire ces protagonistes synthétiques tout le long d’une cérémonie, rêvant déjà d’une nuit de noce, franchissant le stade de l’emmerdement au désir, reflétant ma vision du couple actuel .

Tide is high

Tide is high est d’abord une proposition esthétique, une étude accrue des altérations sur des T-shirts de secondes mains. Ce projet a été créé à partir de véritables T-shirts monochromes trouvés à la friperie qui ont ensuite été tendus sur des cadres. Les marques, les taches et les détériorations du vêtement deviennent des inspirations pour des slogans clichés transposés en lettrage sur le chandail même.
Senteur, insectes, vomi, résultat de sécheuse, javellisant, poils d’animaux, tache de pâte à dents, tout y est pour porter fièrement sa trace catastrophique quotidienne et l’afficher textuellement, grossièrement. Outre, les ready-mades, c’est une des seules séries d’œuvres de l’exposition qui affiche une certaine matérialité. Le rapport entre écriture et matériaux-tissus m’a semblé pertinent dans l’importance d’une recherche sur la relation image/texte. Les expressions en lettres thermo-transfert ont été réfléchies en de courtes locutions « coup-de-poing », rappelant la sonorité francoanglaise de certains titres d’albums ou de chansons à saveur électro-kitsch ou punkrock .

Le regard des caissières de pharmacie

D’une esthétique rappelant curieusement l’étrange noirceur des intermèdes Soupe-opéra (émission télé des années 90), le récit de cette petite série de six photographies laminées se résume en l’interprétation d’une phobie qui me hante face aux caissières de pharmacies. Ce récit découle d’une angoisse personnelle face aux caissières dont j’imagine porter un regard ironique sur la personnalité du client en fonction de ses achats. Le style photoromanesque est dû à la présence de phylactères exprimant les pensées de la caissière pointant l’espace extra-diégétique dans lequel elle se trouve. Le récit de personnalité est formé par une association d’objets domestiques qui prennent une signification comportementale, présentés de manière très froide et frontale, tel le tapis roulant noir où défilent habituellement ces articles

Laveuse pis sécheuse

Laveuse pis sécheuse est une courte œuvre vidéographique. C’est un plan fixe sur ces appareils ménagers qui angoissent sur leur avenir face à leur position côte à côte. Les textes prompts et le langage familier des deux électroménagers défilent en flash telles les conversations virtuelles d’une séance de messagerie instantanée. L’état de stress de la laveuse s’accroît avec les vibrations du cycle d’essorage sur un fond de surf musique. L’insignifiance de leurs obstinations et la neutralité de la séquence forme une allusion vers la non-communication dans l’absurdité des mœurs actuelles

Tommy Jean : True Story

Tommy Jean est le dernier projet réalisé dans le cadre de l’exposition Les longs jeux. Il exploite, selon moi, les potentialités narratives de distanciation que je cherche à créer avec le concept d’art-vie. En fait, l’élément déclencheur de cette histoire provient d’un objet trouvé, un sac à dos rouge dont le nom Tommy Jean y est brodé. Pour ma part, la nature de l’objet et la sonorité du nom à la manière d’un titre de film américain m’inspirent toutes sortes d’histoires des plus tragiques aux plus dérisoires reliées au passé de ce garçon. Suite à l’acquisition de cet objet, j’entremêle mes interprétations personnelles sur ce jeune protagoniste avec des faits réels sur des gens que je côtoie, des recherches véridiques sur ce Tommy Jean ainsi que mon sentiment personnel face à la perte. Le sac devient donc sujet à diverses histoires absurdes et plausibles. Tommy Jean devient moi, lui et les autres, de manière à jouer de cette frontière entre canular et faits réels sans jamais spécifier la nature des propos.
Ces propos sont illustrés par des photographies, des preuves et des textes composant un récit s’inscrivant sous forme d’une petite publication, dotée d’une esthétique rappelant celle des famines. L’action de cueillette de preuves ainsi que les possibilités narratives et esthétiques infinies qui animent le projet font en sorte que je perçois ce livre comme un essai, une maquette, ayant tout de même une finalité

 

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : MES DISTANCES
1.1. Limite : De l’autoreprésentation à l’autodestraction
1.2. L’urgence de l’image
1.2.1 Art vidéo et photographie numérique
1.2.2. Caractère gras
CHAPITRE II : MY WAY
2.1. Attitude : Jeux constants de l’artiste
2.2. Observation : obsession-captation et photo-constat
2.2.1 Obsession-captation
2.2.2 Photo-constat
2.3. Quête : L’extra-banalité dans le quotidien
2.3.1 Vision : L’univers domestique usagé
CHAPITRE III : MES LONGS JEUX
3.1. Concept : Le projet
3.1.1 Close-up
3.1.2 .Astro~YaisseIle
3.1.3 La visite à la friperie
3.1 .4 Les Calcinées
3.1.5 Titanic-Cake (et Titanic-Cake, îa vidéo)
3.1.6 Tide is high
3.1.7 Le regard des caissières de pharmacie
3.1.8 Laveuse pis sécheuse
3.1.9 Tommy Jean: true story
CONCLUSION

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