Depuis les années 1970, la surpopulation du Bassin arachidier s’évoluait dans un contexte de sécheresse, d’épuisement des sols, et d’une chute du pouvoir d’achat des populations. Face à cette situation lamentable, l’unique remède des habitants était l’exode rural ou l’émigration. Conscient de ce phénomène social, Léopold Sédar Senghor, alors Président de la République du Sénégal avait pris l’initiative de désengorger le Bassin arachidier en ouvrant d’autres espaces jusque là sous exploités dans le cadre d’une politique de l’aménagement du territoire. Ainsi, soutenues matériellement et techniquement, les populations pourraient refaire leur vie et préserver leur dignité. Le Sénégal Oriental, de par ses potentialités agricoles et pastorales en raison de l’aptitude de ses sols, et de sa pluviométrie qui avoisine celle de la région sud du pays, constitue un choix avéré. En 1972, le projet des terres neuves vit le jour. Dès lors, administration et société techniques furent mises en place pour l’exécution du projet. La STN (société des terres neuves), chargée de gérer le déplacement et l’installation des populations a été créée par la loi du 30 novembre 1971. Cet établissement public sénégalais agit dans la préparation du terrain, à l’équipement des colons et à la création d’infrastructures de base (routes, écoles, forages…). Le projet dit des terres neuves au sud de Koumpentoum s’est déroulé en deux phases : un projet pilote de 1972 à 1974, qui a consisté à fonder six villages avec une infrastructure de communication et d’équipement minimale, et à y installer 300 familles originaires du département de Fatick. Et une deuxième étape de 1976 à 1979, qui a consisté à créer dix autres villages au sud et à l’ouest de la première zone. Cette dernière phase correspond à l’installation de 500 familles, ainsi qu’à l’implantation de 200 autres dans les villages existants dits « autochtones ». (Garenne, Lombard ; 1988). En 1982, le projet des terres neuves qui portait sur le transfert de familles originaires des terres surpeuplées et surexploitées du Sine et leur installation dans un périmètre situé entre Koumpentoum et Makacoulibantan, arrive à son terme. Dès lors la mise en valeur des ressources naturelles disponibles dans cette zone demeure le seul moyen pour les colons d’améliorer leurs revenus familiaux. Cependant, l’exploitation des ressources écologiques représente également un enjeu d’aménagement du territoire et un défi en termes de préservation de ces ressources. C’est cela qui explique le choix du thème de notre mémoire d’étude intitulé : Exploitation des ressources naturelles dans la zone des Terres Neuves du Sénégal Oriental. Il se veut une modeste contribution au développement rural. Développement qui impose la gestion prudente des ressources naturelles et la réhabilitation de l’environnement dégradé à cause de la surexploitation. Toutefois peu d’études ont été effectuées dans cette zone qui après le départ de la STN, se retrouve dans l’administration générale du Sénégal. Située dans la partie ouest de la région de Tambacounda, entre les latitudes 13°40 et 14°10 nord et les longitudes 14°10 et 14°40 ouest, le territoire des Terres Neuves couvre une superficie de 250 km2 .Cette zone s’inscrit administrativement dans le département de Koumpentoum particulièrement dans les arrondissements de Koumpentoum et de Makacoulibantan. Composée de 79 villages dont 16 villages créés par la STN et les autres villages existants dits « autochtones », cette entité géographique couvre les communautés rurales de Kahène, de Bamba Ndiayène, de Méréto et une partie de la communauté rurale de Malème Niani.
Synthèse bibliographique
Les ressources naturelles sont au cœur des débats depuis plusieurs millénaires. Cependant, nous retrouvons dans la littérature plusieurs auteurs qui se sont penchés sur les ressources écologiques en particulier les ressources pédologiques. A cet effet, nous avons aussi consulté plusieurs ouvrages d’auteurs qui ont fait des études dans la zone des Terres Neuves du Sénégal Oriental mais dans d’autres domaines. Du point de vue historique, Diaouné, A (1982) en citant un auteur classique soutient l’idée que la Zone des Terres Neuves (ZTN) s’intégrait dans l’ancienne entité du Niani Wouli, une des provinces de l’empire du Mali. Raison, J. (1972) a donné les caractéristiques des Terres Neuves d’une manière générale. Sur le plan pédologique Dubois (1975) en citant Dieng (1965) affirme que la région des Terres Neuves du Sénégal Oriental repose sur les formations gréseuses du Continental Terminal.
Sur le plan humain, Dubois, J. et al (1975) ont fait une étude démographique des six premiers villages de colonisation qui ont commencé l’opération du projet des Terres Neuves du Sénégal Oriental qui était géré par la société des Terres Neuves. En 1975, le même auteur a bien explicité dans un autre ouvrage les rapports entre les sérères et la question des Terres Neuves du Sénégal Oriental. Sur la même optique que ce dernier, Garenne, M. et al (1988) ont montré dans leurs écrits la croissance de la population des villages de la zone pilote c’està-dire les premiers villages de colonisation du projet.
Parmi les auteurs qui ont parlé des ressources naturelles mais dans d’autres zones, nous pouvons citer Pélissier, P. (1966), Kayser, B. (1969), Meynier,A. (1970). Ces derniers ont étudié les systèmes de production agricoles en milieu rural. Dupriez et al (1983), à leur tour, ont montré les interactions du milieu écologique, le terroir dans sa diversité ainsi que les systèmes culturaux qui s’y rattachent. Kuypers et al (1985) ont porté leur étude sur la défense des ressources pédologiques contre le facteur de dégradation des sols que constitue l’érosion particulièrement dans les pays tropicaux. Nolle, J. (1986) a fait un inventaire sur le machinisme agricole à traction animale en précisant tous les outils que le paysan peut utiliser pour mieux exploiter la terre mais aussi pour diminuer ses efforts et la pénibilité des tâches à accomplir.
Quant à Bâ, M. (1994) en citant Bèye (1977) dit que la production agricole provient essentiellement des sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés, des sols ferrugineux lessivés sans tâches et concrétions et des sols faiblement ferralitiques. Alors que les vertisols, les sols bruns calcaires, les mangroves, malgré leur fertilité sont encore relativement peu cultivés. Floret, Ch. et al (2001) ont abordé les fonctions de la jachère dans la fertilité des sols en Afrique de l’Ouest. Toujours sur le volet pédologique les facteurs de la dégradation des sols ont été étudiés par Robert, M. (1996) et le Centre de Suivi Ecologique (2005). Pour eux, il existe dans les zones intertropicales une dégradation physique et chimique naturelle, lente des sols sous l’influence du climat. Mais aussi une dégradation rapide de la structure des sols due à l’action anthropique, à travers les pratiques culturales et la déforestation.
Difficultés rencontrées
La réalisation de cette étude n’a pas été une tâche facile. D’abord la documentation n’était pas facile du fait que la zone n’a pas fait l’objet de beaucoup de recherches. En sus, les documents disponibles sont de très longues dates. La confection des cartes n’était pas, en outre, aisée. La zone, dont les limites ne sont pas précises, n’a pas fait l’objet d’un découpage administratif. Ainsi, nous sommes confrontés à un problème d’acquisition de base de données pour la réalisation des cartes. Les Terres Neuves sont distantes de Koungheul de 30km et de Tambacounda de 100km. Le traitement des données climatiques de la station de Koungheul serait beaucoup plus intéressant que celles de Tambacounda. Mais le manque de données noté dans cette station nous a contraints à travailler avec celles de Tambacounda. Par conséquent, malgré la disponibilité de ces données, nous avons parfois peiné à obtenir la moyenne de certains paramètres climatiques.
En ce qui concerne les enquêtes, le travail était pénible. La période de notre enquête a coïncidé avec la campagne des législatives. La population nous envahissait, souvent, par des sollicitations, des discours politiques et dans certains cas elle nous montrait de l’indifférence. En plus de cela, le manque de moyens financier et de déplacement a constitué un obstacle pour notre étude étant donné que la zone est distante de Dakar de plus de 400km. Enfin, il était difficile de rencontrer les chefs de ménages pour les enquêtes mais aussi de pouvoir disposer de charrettes en location pour les nombreux déplacements, car la période de notre enquête a aussi coïncidé avec le début de l’hivernage.
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Table des matières
Introduction
Synthèse bibliographique
Problématique
Conclusion Générale
Bibliographie
Liste des cartes
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des photos
ANNEXES
Table des matières