L’évolution théorique de l’intervention de l’Etat dans le développement

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Epargne des entreprises

L’épargne des entreprises est la fraction de la marge de bénéficiaire après impôt qui n’est pas distribuée aux apporteurs de capitaux. Les informations disponibles sur l’épargne des entreprises n’existent pas. En générale, l’épargne de l’entreprise est liée à sa rentabilité et la situation du marché de biens et services ainsi que le marché financier.
L’entreprise épargne tout comme le ménage, mais l’épargne des entreprises pour couvrir la dépense d’investissement est insuffisante. Or au niveau de l’entreprise il y a deux catégories de secteurs : le secteur formel et le secteur informel. Dans les pays africains, la part de secteur formel est moindre, alors que le secteur financier se focalise sur le financement des entreprises formelles. Les établissements financiers africains montrent plus d’attention aux grandes entreprises du secteur formel. Les grandes entreprises ont beaucoup plus de chances que les petites ou micro entreprises d’obtenir un crédit bancaire (Bigsten et al., 2003)12. L’accès au financement reste alors un problème pour les entreprises en Afrique, surtout les entreprises du secteur privés qui ne peuvent se contenter que de leur propre épargne pour financer le développement de son investissement. Et même pour les risques concernant la productivité, la baisse des recettes c’est-à-dire de son environnement opérationnel.
C’est l’épargne qui détermine les investissements productifs. On peut constater que pour que l’épargne soit orientée vers des investissements productifs, le secteur financier joue un rôle important que ce soit au niveau de l’épargne des ménages que l’épargne des entreprises. Il est nécessaire de voir la relation qui existe entre l’épargne, l’investissement et le système financier. L’épargne est une condition préalable à l’investissement productif. Un lien existe entre l’épargne, la croissance économique donc sur le développement selon l’analyse traditionnelle de la finance et le développement économique. Les auteurs marquant ce lien tels que Gurley et Shaw (1955)13, Goldsmith (1969)14 ont stipulées l’idée qu’un système financier efficient active la croissance économique. Pour ces auteurs, la principale contribution du système financier à la croissance économique repose sur le fait que ce dernier permet d’assurer le fonctionnement d’un système de paiement efficace et évolutif, qui mobilisent l’épargne et améliorent son affectation à l’investissement grâce aux taux d’intérêt réels positifs.
L’épargne, comme condition préalable à l’investissement productif, est formulée sous l’hypothèse d’épargne préalable. L’hypothèse de l’épargne préalable est également présente dans les modèles de la libéralisation financière développés par R. McKinnon (1973)15 et E. Shaw (1973). Ces modèles estiment qu’on peut accroître le niveau de l’investissement interne en stimulant l’accumulation de l’épargne interne, grâce aux taux d’intérêt réels positifs et une incitation à la concurrence entre les institutions de financement. 16
Dans les pays d’Afrique Subsaharienne, le problème reste sur l’accumulation préalable de l’épargne comme une source d’investissement productif. L’analyse économique récente sur le lien entre épargne et investissement prend une tournure importante. Selon l’analyse J. M. Keynes, le lien entre épargne et investissement se traduit par le fait qu’il suffit d’investir et l’épargne suivra, une conception inverse du fait que, traditionnellement c‘est l’épargne qui va vers l’investissement. La conception de Keynes a été repris par les Postkeynésiens. La thèse élaborée par les post keynésiennes nous permet de saisir le sens de la distinction clé entre le concept d’« épargne » et le concept de « finance ». Cette distinction est importante dans le cadre d’une approche alternative du rôle de l’épargne, et des institutions financières pour le développement économique en Afrique. Le rôle que joue le système financier dans l’épargne et l’investissement productif est expliqué par le modèle stock-flux exposé par Godley et Cripps (1985)17. Un modèle inspiré de l’analyse de Keynes, sur le circuit de la finance, de l’investissement et de l’épargne (FIE). La finance, grâce à son processus multiplicateur, contribue à l’investissement des secteurs productifs. Le processus de multiplication de la finance est expliqué par le modèle stock-flux. Ce modèle stipule qu’un investissement peut être financé par un prêt bancaire par une simple écriture comptable et n’affecte pas le revenu, l’épargne des ménages ou celle des entreprises. C’est la création de la « finance » au sens de Paul Davidson ou le financement initial. Et c‘est après que les agents économiques effectuent une épargne pour honorer leur dette. C’est le financement au sens de Paul Davidson ou le financement définitif ou encore la monnaie-stock au sens de Godley et Cripps.

Débat théorique sur l’épargne

Deux grands courants théoriques ont analysé la relation entre épargne et investissement : les classiques et les keynésiens. Les classiques considérées comme courants traditionnels stipulent que c’est le niveau de l’épargnequi détermine le niveau de l’investissement, contrairement aux keynésiens qui affirment la relation inverse.

L’épargne chez les classiques

Selon Adam Smith18, l’épargne se transforme toujours en investissement. Les individus épargnent pour faire croître son niveau de capital. Dans le cas contraire ils effectuent des placements au sein des établissements financiers, qui constituent un investissement pour d’autres agents. Cette opération se traduit comme une forme d’accumulation de capital. Ce dernier est un facteur déterminant de la croissance économique. Adam Smith affirme, dans son principal ouvrage, que : « Tout ce qu’une personne épargne sur son revenu, elle s’ajoute à son capital, alors, ou elle l`emploi elle-même, à entretenir un nombre additionnel de gens productif, ou elle le met quelque autre personne en état de le faire en lui prêtant ce capital moyennant un intérêt, c`est à dire une part sur les profits ». Donc, le niveau de l’épargne est égal au niveau d’investissement parce que la part de capital non investi par un individu est utilisée par d’autres individus.
Ce courant de pensée stipule que l’épargne résulte du niveau de revenu et de l’emploi, et l’épargne constitue un facteur clé dans la construction de capital. Dans ce cas une hausse du taux d’épargne incite les gens à effectuer un placement, et le taux d’intérêt sur le marché de fonds prêtable doit être en baisse pour stimuler l’investissement. Le niveau du taux d’intérêt joue un rôle important pour favoriser l’épargne. L’épargne est une condition préalable à l’investissement puisque c’est l’épargne qui serve de financement à l’investissement. Cet enchaînement ne s’éloigne pas du fonctionnement du marché où il y a offre et demande, et a pour prix le taux d’intérêt exercé. Ce prix permet d’atteindre l’équilibre et dans ce cas il y a égalité entre l’épargne et l’investissement. Les néoclassiques retenaient même la « loi des débouchés » de Jean Baptiste SAY19. Ce dernier explique que l’offre crée sa propre demande. L’épargne forme l’offre sur le marché de fonds prêtable. Ensuite elle sera demandée par des agents en déficit de ressources en capital destiné nouveaux investissements.
Les notes énoncées précédemment sont les hypothèses que les classiques démontrent. Le modèle de l’épargne classique se présente comme suit :
– A l’équilibre, l’offre globale est égale à la demande globale .
– L’épargne est fonction du revenu .
– L’offre s’appréhende comme Y= C+S .

Les défis pour les décideurs politiques

La mobilisation des ressources intérieures est un grand défi pour les décideurs politiques d’un pays, surtout dans les pays africains et malgache. La structure économique de ces pays est un empêchement :
– Le niveau élevé de l’informel, qui constitue une entrave à l’élargissement de l’assiette fiscale et du recouvrement des impôts directs, se présente comme un défi pour améliorer la situation économique et sociale .
– Les politiques fiscales très complexes et les administrations fiscales inefficaces, expliquées par la corruption et par le système bureaucratique moins adapté aux besoins de la collectivité, incitent les entreprises à rester informelles .
– La capacité limitée de l’administration fiscale .
– Dans l’assiette fiscale, la déduction fiscale sur les valeurs réalisées par le secteur formel est trop forte face aux activités extractives des firmes multinationales peu rentables .
– La structure fiscale déséquilibrée qu’il faut rééquilibrer pour échapper au risque de la diversité de la structure fiscale .
– La baisse de la recette sur les taxes commerciale face à la libéralisation de l’échange qui favorise les entreprises de la firme multinationale.

Les possibilités d’actions

Les possibilités d’actions pour mobiliser les ressources intérieures se font sur trois étapes :
o Les actions qu’il faut mener à court terme .
o Les actions à moyen terme .
o Et les actions à long terme.
L’ordre de présentation de ces possibilités d’action suit l’enchaînement logique d’un processus de réforme fiscale type.
La réforme fiscale est une solution de premier rang, comme une action à mener dans le processus de croissance économique et de développement, à condition qu’elle soit liée directement à la stratégie de croissance. Le gouvernement doit mettre au claire l’utilisation finale des ressources mobilisées ; renforcer la capacité administrative, qui constitue un choix préalable au choix de politiques fiscales ; et augmenter le responsable pour la prise en charge de l’opération de recouvrement.
La réforme est une action qui ne se réalise qu’à long terme. Une solution à court terme est nécessaire pour l’enchaînement de la réforme. Cela consiste à élargir l’assiette fiscale et à renforcer les recouvrements effectués au sein des entreprises et des firmes multinationales sur leur prix de transfert.
A moyen terme, il faut se focaliser sur les secteurs informels et les rendre formels et plus productive.
A long terme, le réaménagement fiscal ne suffit pas mais il y a des actions qui vont avec comme accroître les investissements du secteur public en termes d’infrastructure, pour réduire les dépenses de production et charges commerciaux. L’exonération des entreprises qualifiées fait partie de la réforme fiscale. C’est une solution en faveur de l’épargne interne et de l’investissement productif, mais cela demande de précautions telles les décisions liées à la transformation économique structurelle.
Comme le marché de capital est encore restreint au sein des pays de l’Afrique Subsaharienne tel que Madagascar, la politique fiscale doit favoriser la construction d’épargne interne et facilite son orientation à des investissements productifs au lieu de recourir à l’épargne extérieure par l’IDE qui est insuffisant pour soutenir la croissance et le développement, et pour montrer un minimum d’indépendance.
Dans les pays africains, l’équilibre entre les différents types d’impôt doit être amélioré. C’est-à-dire améliorer le mode de perception de l’impôt afin d’accroître la marge d’action. Tel est le cas de l’impôt foncier urbain, la décentralisation pourrait rapporter davantage car les administrations locales ont un accès direct aux informations.

Le courant libéral

Les principaux courants libéraux sont les classiques et les néoclassiques. Ces derniers stipulent une intervention minimale de l’Etat dans la vie économique. L’Etat doit assurer son rôle, la fonction régalienne qui assure : diplomatie, sécurité extérieure et intérieure, justice. C’est-à-dire il est le garant de l’ordre, de l’intérêt de la collectivité et est chargé de faire respecter les règles du marché.
Le courant libéral classique attribue au marché le rôle central dans l’économie. Ce courant prône la liberté économique en se basant sur l’expression « Laissez faire, laissez passer » et l’idéologie « l’individualisme » qui stipule que chaque individu est rationnel. C’est le marché qui assure l’allocation optimale des ressources. Et le marché s’autorégule automatiquement grâce à ses mécanismes.
Les néoclassiques avancent le rôle d’un Etat gendarme qui intervient et faire respecter les conditions de la concurrence pure et parfaite et fournir les informations nécessaires au fonctionnement du marché.
Le marché représente ses limites par l’apparition de la crise économique de 1929. Cette crise est une crise de surproduction liée à la défaillance du marché dans l’économie. D’où l’existence de nouveau courant de pensée le courant keynésien.

Le courant keynésien

Keynes, après la période de crise de 1929, a publié dans son ouvrage « La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » parue en 1936 que l’Etat joue un rôle central puisque que le marché ne s’autorégule pas en période de récession. L’Etat, contrairement au marché, peut intervenir dans l’économie par la mise en place de politique monétaire et la politique budgétaire afin de soutenir la croissance en situation de crise.
L’intervention de l’Etat stipulée par le courant keynésien est marquée par une longue période de stabilité économique qu’on entend par la période de « trente glorieuses » jusqu’à ce que les deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979 soient apparus. Ces crises ont remis en cause la limite de l’Etat dans l’économie. D’où une autre forme d’intervention de l’Etat. L’Etat doit intervenir directement dans l’économie. L’étude concernant sur la croissance endogène effectuée par Robert Barro montre le rôle de l’Etat dans la croissance et le développement économique.

La croissance endogène

La croissance endogène est un renouvellement de la théorie de la croissance. Elle est apparue depuis la fin des années 80 et le début des années 1990. Le premier modèle de croissance endogène a été avancé par Paul Romer22 en 1986, puis il y a Robert J. Barro23 ; Robert E. Lucas24. Cette théorie a été conçue pour contrer la croissance exogène développée par Robert M. Slow25. Le modèle de croissance de Slow est un modèle néoclassique qui s’appuie sur une fonction de production microéconomique. Dans le modèle, les rendements sont décroissants et seul le progrès technique permet d’inverser ces rendements décroissants. Et le progrès technique est considéré comme un facteur exogène à la croissance.
Les hypothèses dans le cadre de la croissance endogène sont :
– Le progrès technique est un facteur endogène puisqu’il est à la fois une cause et conséquence de la croissance .
– Les facteurs de croissances produisent des effets externes positifs .
– Le rendement constant.

Origine de l’Etat développementiste

Le concept d’« État développementiste » a été créé par Chalmers Johnson27 en 1982 qui l’a utilisé pour décrire la croissance phénoménale de l’économie japonaise et sa rapide industrialisation dans la période qui a suivi la seconde guerre mondiale. Caractériser par un « Etat rationnel planifié » où les objectifs de la croissance et du développement économique du Japon se déroule dans « un processus planifie ». L’État a également investi dans la technologie et l’innovation en tant qu’outils de progrès économique.
La notion d’Etat développementiste est aussi associée à la performance économique des pays d’Asie de l’Est notamment au premier rang et au deuxième rang des Nouveaux Pays Industrialisés. Selon la thèse classique, l’essor de la croissance économique de l’Asie de l’Est est le résultat du choix de stratégie de développement. La stratégie de développement est axée sur la libéralisation de l’économie orientée sur le marché, et la production liée à l’exportation. Mais au fond, l’intervention de l’Etat joue un rôle primordial.
La Banque Mondiale en 1993 a reconnu le rôle de l’action des pouvoirs publics s’agissant de l’acquisition des compétences, du progrès technologique, des marchés financiers et du marché de l’emploi. Selon le courant hétérodoxe, la performance de ces pays se traduit par une relation étroite entre les détenteurs de pouvoir politique et les entrepreneurs sur l’orientation des activités industrielles dans un cadre de développement durable.
L’Etat développementiste a été mis en vigueur, bien avant la croissance miraculeuse du Japon et la performance économique des NPI et aussi dans certains pays d’Amérique Latine tels que le Brésil et la Chili, et évolue dans la croissance des Pays-Bas au XVIe siècle, de l’Angleterre du XVIe jusqu’au XIXe siècle et de l’Allemagne du milieu du XIXe siècle jusqu’au XXe siècle.
C’est à travers l’analyse de la performance économique de pays de l’Asie de l’Est, inspiré du miracle japonais, avec son processus de développement que l’Etat développementiste apparait comme un outil d’analyse permettant d’expliquer le mode d’intervention de l’Etat dans l’évolution de la croissance économique de ces pays. Il existe trois caractéristiques principales liées aux succès des NPI et à l’analyse concernant l’Etat développementiste : Premièrement, les réformes institutionnelles et les politiques reposent sur le « lien entre profit et investissement », c’est-à-dire sur une dynamique de l’accumulation qui est vitale pour le processus de croissance. Deuxièmement, il existe des relations étroites et interdépendantes avec les exportations − c’est le « lien entre exportation et investissement ». Enfin, les « rentes économiques » doivent être gérées de manière à servir le développement.28 Ces caractéristiques sont liées à la stratégie de développement des NPI et même celle du Japon.

Les caractéristiques de l’Etat développementiste

La littérature sur les États développementistes a en gros répertorié deux grandes caractéristiques de cet État – une idéologie développementiste, et une structure30.

L’idéologie développementiste

L’idéologie « développementiste » qui est en même temps liée à ce qu’on appelle une idéologie « développementaliste ». Dans cette mode de pensée, la principale préoccupation est la croissance et le développement durable : en d’autres termes avoir le fort sentiment nationaliste de vouloir changer et résoudre la situation d’un pays dans un environnement plus favorable aux objectifs de développement.
Ces objectifs de développements sont liés au fait d’accumulation de capital pour promouvoir l’industrialisation accompagné d’un changement de structure de production et donne place à la capacité humaine. Ce n’est pas seulement la structure de production qu’il faut changer mais aussi et surtout la structure économique même de l’Etat. Dans l’idéologie développementiste la première préoccupation qui se pose est d’assurer la croissance économique et le développement.
Il y a alors un nouveau point de vue qui va vers un changement social et économique. Ce changement doit être issu de la capacité de l’Etat à mettre en œuvre les politiques économiques qui permettent d’atteindre les objectifs de développement et ceux accompagnés des combinaisons de facteurs tels que institutionnels, techniques, administratifs et politiques. Les facteurs cités ci-dessus forment le principe de structure d’un Etat développementiste.

Les structures d’un Etat développementiste

La structure est liée à l’idéologie développementiste. C’est à partir de ce point que le pouvoir public, à travers une administration compétente, construit l’Etat développementiste. La structure désigne la capacité de l’Etat developpementiste à mettre en place les moyens et 30Rapport économique sur l’Afrique 2011, « Gérer le développement : Le rôle de l’État dans la transformation économique ». p 108.A les mesures nécessaires pour désigner la démarche et les caractéristiques générales. Dans le rapport économique sur l’Afrique en 2011 concernant l’Etat développementiste, les caractéristiques principales, définies aussi comme démarche à suivre, sont les suivantes :
 Définir une vision développementiste et planifier les programmes économiques avec les stratégies à mettre en œuvre. Et comme première préoccupation l’industrialisation, l’accumulation de capital et l’amélioration de la production. Pour cela il faut mobiliser les organes compétentes, forces économiques et sociales (dirigeants, entrepreneurs …). Cette action est donc munie d’une transformation de la structure économique, d’une industrialisation et de la mise en place de la capacité humaine qui, selon l’ouvrage de la banque mondiale intitulé : Qualité de la croissance, est un facteur de croissance de base.
 Autonomie, autonomie intégrée et la bureaucratie.
Même si la coalition développementiste demande de collaboration (Banque Centrale, autorité judiciaire, …), il faut quand même une administration qui a de l’autonomie sur l’élaboration et la mise en œuvre de politique, une administration compétente. Autonomie qui signifie indépendance vis-à-vis des forces sociales dans la prise de décision, mais qui doit correspondre au Plan Nationale de Développement parce que l’Etat est un produit de la société. D’où le terme « autonomie intégrée » : indépendance relative et coordonnée avec des institutions privées et état civile. Autonomie que la bureaucratie31 est pris en charge en tant que décideur politique et exécuteur.
La bureaucratie définit un plan de développement avec les actions qui vont avec l’évaluation des priorités nationales, la fixation des objectifs, l’élaboration des stratégies pour coordonner avec les objectifs de développement et la réalisation d’une évaluation.
La planification du développement est un élément essentiel de l’État développementiste, comme le confirme l’expérience des pays de l’Asie de l’Est. Dans l’expérience des pays de l’Asie de l’Est, la bureaucratie était responsable de la « planification effective, de l’intervention et de l’orientation de l’économie » (Johnson, 1987 :152). Une bureaucratie qui se traduit comme une bureaucratie forte.  La planification de développement, dans son application, demande une coordination. Une coordination effective des activités économiques et des ressources. La coordination effective d’activités économiques comprendra l’instauration d’un environnement macroéconomique « favorable à l’investissement », la supervision et la surveillance efficace des institutions financières, l’adoption de politiques fiscales offrant des incitations au secteur privé, la mobilisation de ressources intérieures et un système de gestion efficace des finances publiques.
La mise en place d’une classe d’entrepreneurs ou capitalistes nationaux est essentiel pour faciliter l’industrialisation et pour promouvoir la croissance tirée par les secteurs privés. Mais dans le contexte africain, le lien existant entre l’État et la classe d’entrepreneurs nationaux est faible, l’État se soumettant souvent aux dictats d’intérêts commerciaux étrangers dans le souci d’attirer l’IED (Mkandawire, 2001)32. L’Etat développementiste doit penser à utiliser les ressources de manière efficiente pour éviter les gaspillages.
 Le développement de capital humain est un actif qu’il faut mobiliser dans le processus de la croissance et de développement. Le développement de capital humain se traduit par uninvestissement dans l’éducation, la santé, l’instauration de l’infrastructure adaptée à l’accumulation de capital humain.
Le capital humain est un facteur de croissance dans la mesure où sa force de travail soit accompagnée de connaissance et de savoir. « Si la qualité et la portée de l’instruction publique n’augmentent pas suffisamment vites, la croissance fondée sur le savoir risque de se briser, particulièrement dans les pays les plus pauvres où l’essentiel de la main-d’œuvre n’a pas terminé l’école primaire ».33
Donc, un État développementiste doit essentiellement accorder la priorité à la capacité humaine et à la protection sociale en tant que moyen d’assurer les connaissances, les compétences requises et l’environnement social harmonieux nécessaires pour que le développement ait lieu et se consolide.

La réalité économique et sociale de Madagascar

Cette section parle de la réalité socio-économique de Madagascar afin de donner les possibilités d’actions pour effectuer la mobilisation des ressources intérieures et adopter un Etat développementiste à Madagascar.

Réalité économique et sociale de Madagascar

La situation économique de Madagascar peut être interprétée par des indicateurs et des données chiffrées qui montre la réalité. La croissance économique du pays est en grande partie liée à la stabilité politique. En période normale la croissance (taux de croissance réel) semble évoluée de manière positive tandis qu’en période de crise (durant la crise de 1991, 2002, 2009) une forte récession frappait le pays (Graphique 1). Face à ses crises, les relations d’ouvertures économiques du pays ont été suspendue tel est le cas de l’AGOA, de la suspension des aides budgétaires. Ce qui explique l’instabilité de l’aide et de l’investissement venant de l’extérieur.

Réalité sociale de Madagascar 

Madagascar est classé parmi les pays le plus pauvre du Monde. L’Enquête Nationale sur le Suivi des OMD (ENSOMD), 2012 fait ressortir que par rapport au seuil de 535.603 Ar de consommation par personne, 71,5% de la population sont dans la pauvreté, selon la définition nationale. Madagascar se caractérise par une population très jeune. 25% de la population ont moins de 25 ans et presque la moitié de la population avec 47% ont moins de 15 ans. La population active est alors restreinte et doit prendre en charge des autres populations.
L’accès à l’éducation de la population et le niveau d’instruction à Madagascar sont fortement liés au niveau de revenu mais aussi de l’insuffisance des infrastructures scolaires, même si elle constitue un investissement futur pour le développement.
Le service de la santé n’est pas encore accessible dans le milieu rural, concernant l’accessibilité géographique, 60% de la population habitent à moins de 5 km d’un CSB, et 20% des zones à Madagascar sont très enclavées alors que la population ne dispose pas des moyens de transports adéquats38. L’accès au service de santé forme un besoin fondamental pour le bien-être de la population.
Ces deux axes ont un lien sur les moyens de communication. Concernant les routes, seulement 5 613 km de routes en pavées et 2 885 km de route non pavées sur 34 476 km39. L’insuffisance de l’infrastructure routière est un frein dans la compétitivité des entreprises alors qu’elle facilite la circulation des biens et des personnes.
L’insécurité et les catastrophes naturelles ne manquent pas de faire des dégâts à Madagascar. La position géographique de Madagascar le fait subir à un phénomène naturel qui a lieu chaque année tel le cyclone dans la partie Est et la sècheresse dans le Sud de la Grande Ile.

La situation au sein de l’administration publique

L’administration publique est un déterminant essentiel dans l’économie d’un pays. La situation politique de Madagascar influe le mode de gestion du secteur public. La mauvaise gouvernance en est le résultat et celle-ci à tous les niveaux et sous diverses formes et dimensions. L’inefficacité des administrations publiques face à la corruption sur l’application de lois est la preuve vivante qui favorise les actions de « tsy maty manota ».
La crise politique cyclique qui se succède influence l’économie de Madagascar. Au moment où Madagascar arrive à rebondir après une crise, une autre crise s’ajoute. L’instabilité politique aura des effets sur la structure du gouvernement puisque la crise est toujours liée au passage d’une nouvelle république. L’existence de crise marque la rupture des efforts que le gouvernement s’efforce à atteindre. Donc à chaque nouvelle crise, constitue un nouveau point de départ.
L’administration publique ne soucie pas du développement du secteur privé qui est le moteur de la croissance économique. Leur préoccupation est plutôt d’ordre budgétaire concernant les recettes et les dépenses de l’Etat. Surtout la couverture des dépenses publiques qui se présente comme le déficit budgétaire. Les ressources sont toujours inférieures aux besoins de financement de l’administration publique (Graphique 2). Dans ce souci, l’Etat cherche à accroître leur titre de perception par la création de nouvel impôt ou du recours à l’investissement extérieur pour couvrir le solde global. Or la création de nouvel impôt diminue l’effort du secteur privé.

Les nécessités d’un Etat développementiste pour la mobilisation des ressources intérieures

Dans la mesure que l’Etat développementiste met en place un environnement macroéconomique stable favorable à l’investissement et privilégie l’industrialisation, la croissance économique et le développement du capital humain, les activités économiques fleurissent et la productivité augmente.
Si la production augmente par le développement du capital humain et le progrès technique, le revenu augmente qui se traduit par une hausse de la demande. La hausse de la demande améliore la productivité qui mène encore à la hausse du revenu. L’Etat développementiste se traduit alors comme un effet multiplicateur au niveau de l’investissement. La hausse du revenu dégage aussi une marge de revenu non destiné à la consommation qui constitue une épargne. Et comme l’Etat développementiste favorise l’investissement, il met déjà en place les moyens d’attirer les investissements. En coordonnant avec la Banque Centrale, en tant que garant du système bancaire et en renforçant le contrôle sur les règlementations dans l’exercice effectué par le secteur financier, l’Etat met un système financier plus efficace et un taux plus attractif aux placements et investissements.
L’augmentation de la productivité se présente comme de nouvelle ressource pour l’Etat. Puisque chaque création de valeur se traduit par un nouvel impôt. La bonne gouvernance et l’instauration d’un Etat de droit par l’application des lois et des règlements constituent une nouvelle base de l’action de l’administration publique. Alors, la corruption et les actions informelles qui persistent beaucoup à Madagascar seront réduites. L’Etat ne serve que pour les intérêts du groupe. Donc l’Etat développementiste serait en mesure de rendre formelles les activités informelles pour qu’elles n’échappent pas à la fiscalité.
La légitimité et l’autonomie dans un Etat développementiste dans son action permettent de fonctionner de manière efficace et efficiente. Ce phénomène fait revenir la confiance des agents économiques en matière de gestion publique. C’est un moyen de réduire la corruption qui se présente sous diverses formes et aussi de faire revenir la paix et la sécurité pour plus de performance dans les actions à entretenir.
C’est à travers les actions d’un Etat développementiste pour Madagascar avec les nécessités de cet Etat pour la mobilisation des ressources intérieures et la réalité socio-économique du pays que les recommandations sont avancées.

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Table des matières

SOMMAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I : LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERIEURES
CHAPITRE I : LA NOTION DE LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERIEURES
Section 1 : Définition et causes de la mobilisation des ressources intérieures
1-1Définition
1-2 Causes de la mobilisation des ressources intérieures
Section 2 : Les intérêts de la mobilisation des ressources intérieures
CHAPITRE II: LES RESSOURCES QU’IL FAUT MOBILISER : DEFIS ET POSSIBILITES D’ACTIONS
Section 3 : Les ressources à mobiliser
3-1 L’épargne
a- L’épargne des ménages
b- Epargne des entreprises
c- Débat théorique sur l’épargne
c-1 L’épargne chez les classiques
c-2 L’épargne chez les keynésiens
3-2 La fiscalité
Section 4 : Les défis et les possibilités d’actions
4-1 Les défis pour les décideurs politiques
4-2 Les possibilités d’actions
PARTIE II : L’ETAT DEVELOPPEMENTISTE FAVORISE LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
CHAPITRE III : L’ETAT DEVELOPPEMENTISTE
Section 5 : L’évolution théorique de l’intervention de l’Etat dans le développement
5-1 L’évolution du rôle de l’Etat
a- Le courant libéral
b- Le courant keynésien
5-2 La croissance endogène
a- La croissance endogène
 Le capital humain
 L’innovation
b- Le rôle de l’Etat dans la croissance
Section 6 : La notion de l’Etat développementiste
6-1 Origine et définitions de l’Etat développementiste
a- Origine de l’Etat développementiste
b- Définitions
6-2 Les caractéristiques de l’Etat développementiste
a- L’idéologie développementiste
b- Les structures d’un Etat développementiste
CHAPITRE IV : REVUE DE LITTERATURE
PARTIE III : LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERIEURES ET L’ETAT DEVELOPPEMENTISTE CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE V : LES POSSIBILITES D’ACTION POUR LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERIEURES ET L’ETAT DEVELOPPEMENTISTE A MADAGASCAR
Section 7 : La réalité économique et sociale de Madagascar
7-1Réalité économique et sociale de Madagascar
a- Réalité économique de Madagascar
b-Réalité sociale de Madagascar :
7-2 La situation au sein de l’administration publique
Section 8 : Les possibilités d’action pour la mobilisation des ressources intérieures et l’Etat développementiste à Madagascar
8-1 Les actions d’un Etat développementiste pour Madagascar
8-2 Les nécessités d’un Etat développementiste pour la mobilisation des ressources intérieures
CHAPITRE VI : RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 

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