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LA REVUE DE LA LITTERATURE
LES CONCEPTS ET LES DEFINITIONS
Avant de se pencher directement au vif de notre sujet, il est important de définir les différentes notions suivantes :
L’agriculture :
Varron, un agriculteur romain, aurait affirmé un siècle AÈC (avant l’ère chrétienne) : L’agriculture est une science qui nous enseigne quelles plantes semer dans chaque type de sol, et quelles méthodes appliquer pour que la terre produise le plus possible jusqu’à la fin des temps. Au 4e siècle de l’ère chrétienne, l’évêque Ambroise de Milan écrivait dans « De Officiis » que l’agriculture constituait la seule manière non offensante de gagner de l’argent. Au sens littéral, l’agriculture désigne le fait de travailler la terre et de la gérer.
L’agriculture familiale :
L’agriculture familiale est une forme d’organisation de la production agricole caractérisée par le lien entre famille et unité de production avec une pluralité des activités ; à Madagascar, la très grande majorité des exploitations agricoles sont familiales (près de 99% selon le recensement agricole de 2004/2005), (Source : Les agricultures familiales à Madagascar : Un atout pour le développement durable par FOFIFA ; édition 2014.)
La pauvreté :
La pauvreté se définit comme l’état de qui ne possède ni fortune ni bien matériel ; l’absence de ressources et de revenus suffisants pour maintenir des conditions de vie saines ; l’insatisfaction d’un ou plusieurs besoins humains de base – nourriture, vêtements, logement, eau potable, services de santé, accès à des installations sanitaires adéquates.
Ces paramètres définissent l’indigence, la pauvreté absolue ou quasi absolue. (Source :
Revenu :
En économie, un revenu est l’ensemble des ressources ou droits qu’un individu, une entreprise ou une collectivité publique, perçoit sur une période donnée, en nature ou en monnaie, sans prélever sur son patrimoine. (Source : Madagascar, Bilan du pays 2012)
LES APPROCHES THEORIQUES
Théorie Malthusienne :
L’ouvrage de Malthus, « Essai sur le principe de population », (1798), dont la première édition était anonyme, est d’abord un pamphlet contre les partisans de la loi sur les pauvres. Selon Malthus, la population croît selon une progression géométrique (double tous les vingt-cinq ans) tandis que les subsistances croissent selon une progression arithmétique. Dès lors, soit la population accepte volontairement de limiter sa croissance (c’est la moral restreinte ou abstention du mariage), soit la population sera détruite par la guerre, la famine, la peste. Aider les pauvres revient à encourager la croissance démographique et à terme sa destruction.
Théorie de Gunnar Myrdal :
« C’est dans le secteur agricole que la bataille pour le développement agricole sera gagnée ou perdue ».
L’auteur explique dans sa théorie que le secteur agricole peut contribuer au développement que ce soit en dégageant un surplus nécessaire à la croissance, soit en libérant plus de Main d’œuvre utile au secteur mondiale.
Théorie de ROSTOW et de MARX :
« L’accumulation primitive du capital met en exergue la capacité de secteur primaire à dégager un surplus essentiel à la croissance. »
Dans cette théorie ces deux auteurs célèbres ont pour objets de dégager une idée commune, l’agriculture, qui joue un moteur de croissance pour le développement.
LA PRODUCTION RIZICOLE
L’HISTORIQUE DE LA RIZICULTURE MALAGASY
Madagascar semble avoir été touchée très tôt par certains groupes humains. Et ils portent à croire que les tous premiers immigrants ont abordé la côte Nord-Ouest dès le milieu du premier millénaire. Il apparait en effet plus probable que le riz, poussant dans l’île à l’état naturel, ait été découvert puis cultivé dès cette époque.
Les origines de la culture du riz :
Il semble que l’origine du mot Malagasy « vary » vienne du terme Indien « Vari » car beaucoup des migrants et aussi des navigateurs Indiens ont pu réussir à traverser la côte de l’île.
L’immensité du territoire Malgache, avec les variations climatiques régionales, les contrastes orographiques et pédologiques la diversité des possibilités hydrauliques, ont sans doute, dès les débuts de la mise en œuvre, introduit des nuances dans la répartition cultures. Le riz, dès l’époque la plus ancienne, présentait certainement plusieurs variétés, de même, des méthodes différentes étaient utilisées, plus ou moins adaptées à leur milieu géographique.
L’origine de la riziculture apparaît peut-être moins mystérieuse. Elle s’est vraisemblablement développée dans les premières régions habitées, c’est à dire dans les secteurs nord-ouest et nord Est de l’île Maisau milieu du XIIème au XVIème siècle la colonisation s’est effectuée progressivement au fur et à mesure de la pénétration vers l’intérieur, dans deux directions : celle de l’Ouest et celle du Centre Sud. Mais, on peut en déduire quand même dans différentes régions qui ont pratiqué énormément les techniques rizicoles à Madagascar comme la région des Hautes Terres (Alaotra), la région de Vakinankaratra (Antsirabe), et région de Boeny (Mahabo).
Les techniques traditionnelles de culture de riz :
Auparavant, Les paysans ont l’habitude de travailler nombreux en appliquant comme notion « la division du travail ; l’occupation des hommes est de chasser, de tirer de l’arc, de pêcher et de nourrir le bétail. Ce sont les femmes qui plantent et moissonnent les grains. Ils ont utilisé différentes méthodes à part la culture sur brûlis qui est joue un rôle essentiel à la récolte agricole. Il y a aussi la culture inondée qui consiste directement dans les marais dont le terme malagasy « horaka, la terre se laboure par les pieds des bœufs : ces bœufs enfoncent jusqu’au ventre pour renverser les herbes, et quand elles sont pourries, on sème sur la bourbe le riz qui y vient à merveille.
Les formes de riziculture étaient rudimentaires et basées sur le semis direct : riz sec ou riz de montagne (tavy) et riz de marais ou riz inondé (horaka). Le tavy impliquait un défrichement forestier sur terrain ou sur verant tandis que la culture sur horaka, localisée dans les bas-fonds, ne pouvait s’étendre que sur les zones périphériques des marécages encore peu défrichés.
Il nous faut souligner que les paysans ont utilisés des simples outils pour l’élaboration de son travail agricole. Dans les zones de forêts, les outils se réduisaient à peu des choses : une hache pour abattre les arbres, une sorte de serpe et une petite bêche pour peler la terre, et enfin un simple bâton à fouir les semailles.
Dans les endroits marécageux, les pieds de bœufs représentaient la source d’énergie essentielle à la préparation du sol. Durant cette période, la riziculture Malagasy n’a pas cessé de se progresser au fur et à mesure que la population augmente. Il est permis de croire en effet que l’intensification que système traditionnel s’est réalisée pour répondre à des besoins résultant d’un fort accroissement démographique.
LA POLITIQUE RIZICOLE
Les technologies de la révolution verte :
L’extension de la culture du riz à Madagascar s’est faite par étapes successives. L’occupation progressive des terres s’est faite de façon diffuse et ainsi le développement de la riziculture a pris une forme organisée.
La culture du riz joue un rôle primordial dans la vie Malagasy. Le riz représente l’aliment de base de la population et constitue plus de la moitié de la ration alimentaire.
Jusqu’à maintenant, plusieurs agriculteurs optent encore pour les techniques traditionnelles comme nous l’avons expliqué ci-dessous y compris le repiquage en foot. Pourtant, grâce à la nouvelle technologie, en adoptant des nouvelles stratégies celles-ci permettent de bénéficier d’une production de riz assez conséquente.
Système de Riziculture Améliorée (SRA) qui est une technique moderne (repiquage en ligne, utilisation des semences améliorées, adoption des jeunes plantes, sarclage
mécanisé…). Les systèmes de SRA ont un plus grand rendement de riz par unité de terre mais nécessitent un accès aux intrants externes, en particulier aux engrais chimiques, aux herbicides chimiques et à la traction mécanique ou animale.
Système de Riziculture Intensive (SRI) qui dépend directement d’une suite agronomique : une transplantation très précoce et un large espacement entre les plants, un désherbage fréquent, et le contrôle du niveau de l’eau pour permettre une aération des racines pendant la période de croissance de la plante, c’est à dire pas d’eau stagnante dans le champ de riz.
SRI a démontré une forte augmentation des rendements, d’une moyenne de 2 tonnes/ha à 6 ou plus. Comme il ne requiert pas l’achat d’intrants et comme son développement est indigène à Madagascar, beaucoup d’observateurs ont supposé que le SRI serait disséminé rapidement et serait particulièrement bénéfique aux petits exploitants pauvres. Cependant, alors qu’il était très prometteur, les taux d’adoption sont restés très bas.
Semence : La dissémination des variétés de semences modernes représente une des plus prometteuses sources de “gains rapides ” pour l’agriculture malagasy. Ces variétés modernes possèdent le potentiel d’accroître les rendements de pratiquement tous les principaux produits cultivés à Madagascar. La production et la commercialisation des semences sont, par nature, des activités commerciales, ce qui suggère que les efforts de renforcement des systèmes de distribution de semence devraient être menés par le secteur privé. En même temps, celui-ci peut avoir besoin de l’appui des autorités, notamment dans la phase initiale de ses activités.
Engrais : Le développement d’une filière engrais efficiente, rentable et compétitive nécessite un renforcement de la demande d’engrais et des circuits d’approvisionnement. La demande d’engrais demeure actuellement très faible à Madagascar, c’est pourquoi les actions entreprises pour améliorer l’approvisionnement n’aboutiront pas, à moins qu’elles ne soient accompagnées d’activités qui peuvent accroître la demande effective. Les interventions possibles comprennent des mesures qui peuvent améliorer la capacité des agriculteurs à accéder au crédit nécessaire pour acheter l’engrais, ainsi que l’utilisation de bons (vouchers) pour engrais, afin de rendre ce dernier accessible aux agriculteurs les plus pauvres.
En bref, l’adoption d’intrants et de technologies agricoles améliorées est en retard à Madagascar, ce qui a pour conséquence que les rendements de riz restent bien en dessous de la production potentielle. (Source : Le système de riziculture intensive malgache, 1993)
LE LIEN ENTRE LA PAUVRETE ET L’AGRICULTURE FAMILIALE
Le revenu des paysans par habitant :
Une personne pauvre est définie comme étant une personne qui n’a pas les moyens de consommer un ensemble de biens alimentaires et non-alimentaires considérés comme essentiels pour mener une vie active et sociale. Selon AMARTYA SEN : « La vraie question n’est pas la disponibilité totale de la nourriture mais son accès pour les individus et les familles si une personne manque de moyen pour acquérir la nourriture, la présence de nourriture sur le marché n’est pas une grande consolation. » La capacité de répondre à ses besoins de base est liée aux activités qui sont alors converties en besoins caloriques puis convertis en quantités de nourriture. De telles quantités de nourriture sont alors évaluées selon leurs prix, obtenant ainsi une ligne monétaire de la pauvreté.
Concernant le revenu agricole, ce dernier représente 57% du revenu total des ménages. Les revenus des cultures varient de 260 Milles Ariary pour le quintile le plus pauvre à environ 400 Milles Ariary pour le quintile le plus élevé. En général, les ménages les plus riches choisissent de moins s’impliquer que les ménages les plus pauvres dans la production agricole : le revenu agricole ne représente que 34% du revenu total des riches par rapport à 64% pour les pauvres. (Source : Riz et pauvreté à Madagascar, 2006)
La dynamique de la pauvreté :
La pauvreté dans le secteur primaire a augmenté de 2,2% en 2016 à Madagascar (Source : Madagascar 2017). La pauvreté a augmenté de 8% sur une période de huit ans. En 2004, la pauvreté a encore augmenté dans les secteurs secondaire et tertiaire alors que la pauvreté agricole a baissé mais est restée tout de même supérieure à n’importe quel niveau des années 90. Alors que les niveaux de pauvreté dans les zones urbaines ont traversé des variations significatives avec le temps, le niveau de pauvreté a peu changé dans les zones rurales et est resté à un pic de 77% pendant plus d’une décennie. Etant donné cette absence de changement, environ trois millions de pauvres se sont donc ajoutés aux pauvres ruraux sur une période de 10 ans.
Le travail de main d’œuvre agricole salariée est surtout fait par le groupe le plus pauvre de la population rurale. L’évolution des salaires ruraux est une indication de sa situation. (Riz et pauvreté à Madagascar, 2006)
La performance rizicole :
Madagascar est une économie rizicole par excellence. Le riz représente environ 50% de la valeur ajoutée dans l’agriculture et représente 45% des calories consommées pour un Malgache moyen (Riz et Pauvreté à Madagascar, 2006). L’évolution de la production rizicole à Madagascar est en contraste net avec le développement dans d’autres pays pendant la période de 2015 à 2016. La productivité rizicole est basse et stagnante avec des rendements d’environ deux tonnes par hectare pendant les quarante dernières années. En 1960, avant la Révolution Verte, le rendement moyen de paddy était légèrement plus élevé à Madagascar qu’en Indonésie et nettement plus élevé qu’au Mali, ce qui indique que les conditions de la riziculture sont favorables à Madagascar de manière inhérente (Banque Mondiale, 2003). Actuellement, la production est de 3.4 millions de tonnes de paddy par an. Cette production reste faible par rapport à la croissance démographique. La production ne cesse de diminuer alors que la demande ne cesse d’augmenter.
Concernant le prix du paddy, en 2017, le prix du paddy observé au niveau national a enregistré une hausse de 3% selon les informations émanant de l’observatoire de riz. Actuellement, les prix moyens pour le paddy sont de 1075 Ariary le kilo.
La mauvaise performance de l’agriculture a amené Madagascar à moins exporter et à devenir de plus en plus un importateur de produits agricoles.
Mais tout ceci ne peuvent pas s’échapper aux variations du prix sur le marché.
En somme, l’importance des exportations agricoles en provenance de Madagascar a baissé de manière significative depuis la libéralisation du commerce à la fois en termes absolus et relatifs. Etant donné que la majorité des populations rurales dépend de l’agriculture pour gagner sa vie, il semble qu’elle a de ce fait été contournée par le processus de libéralisation du commerce agricole et qu’elle a raté le treadmill international d’adoption d’une technologie améliorée, d’une plus grande productivité et de prix plus bas.
Madagascar exporte moins de produits agricoles et en importe plus, la productivité des cultures principales est restée à des niveaux bas et la disponibilité de l’infrastructure et des services agricoles s’est légèrement améliorée mais demeure à un niveau insuffisant.
LE RIZ ET LA PAUVRETE : CAS DE LA REGION VAKINANKARATRA
LA PRODUCTIVITE DU RIZ A MADAGASCAR
Le rendement médian du paddy de toutes les communes de Madagascar tourne autour de 3.4 tonnes à l’hectare (FAO, 2017). Il y a toutefois des différences énormes entre les régions agro-écologiques, différences qui pourraient s’expliquer par divers facteurs comme la maîtrise d’eau, les technologies dominantes, l’accès aux intrants et aux informations, l’efficacité des institutions et les conditions naturelles de production. On peut identifier les régions ou en général la productivité rizicole est relativement satisfaisante avec un rendement médian de l’ordre de 2,5 à 3 tonnes à l’hectare. (FAO, 2017)
Ce sont des régions plus nanties en infrastructures (intra ou inter-régionales) et où l’accès aux institutions est relativement meilleur par rapport au reste du pays (crédit agricole, vulgarisation, circulation de l’information, etc.). A l’opposé se trouvent les régions difficiles d’accès, presque isolées comme la Sava, le Melaky, le Sud-Ouest, Toamasina, toutes dépourvues d’infrastructures et institutions. Ces régions accusent une valeur médiane du rendement de 1,3 à 1,7 tonnes de paddy à l’hectare. Sept régions agro-écologiques parmi les vingt ont un rendement médian supérieur à la médiane nationale de 2 tonnes à l’hectare (Vakinankaratra, Itasy, Marovoay, Lac Alaotra, Haute-Matsiatra, Imerina centrale et Taolagnaro). Ce sont celles avec le moins des rizières dont l’irrigation dépend entièrement des eaux de pluie. (Tableau de Bord Economique de l’INSTAT 2015)
L’EVOLUTION DE LA CULTURE DE RIZ
La production rizicole et, de manière générale, les productions agricoles présentent une saisonnalité très forte. Dans une année, le riz est ainsi abondant et peu coûteux sur les marchés en période de récolte puis se raréfie et se renchérit en période de soudure.
La conduite de la riziculture (irriguée et/ou pluviale) est systématiquement priorisée par rapport aux autres productions et le riz reste de loin la première production agricole du pays. Si sur les Hautes-Terres, la pratique du repiquage est observée au niveau de presque la totalité des ménages, d’autres techniques plus rudimentaires consistant à semer directement le riz après piétinement du champ sans labour ni entretien, sont encore très fréquentes sur les zones côtières de l’Est. Ces techniques à elles seules contribuent d’une manière significative à la différence de rendement entre régions.
Le riz est récolté dans un laps de temps très court. Il y a peu de parcelles avec une double récolte. D’après les données issues d’une enquête faites par le PAM, autour de 70% de la production de paddy sont récoltés entre avril et juin. Seuls 12% de la production sont récoltés de janvier à mars. Cependant dans certaines régions, la production de juillet à septembre dépasse de loin celle de la saison sèche d’avril à juin.
En outre, près de 70% de la production de paddy de Madagascar sont récoltés entre avril et juin (moyenne simple au niveau des communes sans prise en compte de l’importance de la commune ou de la production de riz). Cette production correspond à la récolte de la grande saison de riziculture dans la plupart des régions. Autour de 12% de la production totale sont récoltés de janvier à mars. Ce sont les paddy issus de la saison vary aloha ou vary asara ou vary ririnina.
Les habitudes alimentaires des malagasy sont rigides et l’évolution vers la diversification alimentaire est très lente. Le riz reste l’alimentation de base Malagasy suivis, de loin, par le manioc et le maïs. La riziculture malagasy s’est majoritairement développée autour de la riziculture irriguée et inondée. Elle représente les quatre cinquièmes de la surface en riz du pays. Dans une moindre mesure, la production rizicole est également effectuée sur brûlis (Tavy) et sur tanety (riz pluvial). La production rizicole est majoritairement assurée dans la saison humide. La riziculture de contre-saison connaît un développement récent et encore timide (300000 T en 2008) en regard de 3,5 millions de tonnes produits à Madagascar. (Evaluation des Récoltes Agricoles PAM et FAO en 2014-2015)
L’EVOLUTION GLOBALE DE LA PRODUCTION DE RIZ
Pour mieux comprendre cette évolution globale de la production de riz, nous allons se pencher spécifiquement sur le cas de la région de Vakinankaratra qui est l’une des régions la plus productrice de Madagascar car elle est située dans une zone volcanique.
Région Vakinankaratra :
La région Vakinankaratra qui constitue le périmètre géographique de l’étude d’impact est située sur les Hautes Terres de Madagascar. Elle est densément peuplée et ses agriculteurs cultivent traditionnellement du riz irrigué. La pression foncière est forte et les possibilités d’aménagement de nouvelles rizières sont faibles. Les rizières héritées et partagées depuis des générations deviennent de plus en plus exigües. La raréfaction des ressources productives et l’insécurité alimentaire entrainent une emprise de plus en plus forte de l’agriculture sur les terres de Tanety (terres de montagne non inondées). Dans ce contexte d’agriculture de subsistance, le riz est au centre des objectifs de production. La pratique de la culture de riz pluvial d’altitude ou RPA joue un rôle très important à la croissance de la production.
La culture du riz pluvial d’altitude (RPA) concernait déjà 36% des exploitations en 2005 puis 71% en 2011.
Evolution de la riziculture irriguée dans le temps
Nous nous intéresserons dans un premier temps à l’évolution générale de la riziculture irriguée. Nous nous demanderons si elle a connu des évolutions et si ces évolutions sont liées à la culture du riz pluvial d’altitude.
Parmi les agriculteurs interrogés 36, soit 32% des personnes interrogées, ont déclaré avoir connu une évolution de leur production de riz irrigué depuis le début de leur activité, soit positive pour 61% (22 personnes), soit négative pour 39% (14 personnes).
Au total, sur les 112 agriculteurs interrogés, seuls 2 ont connu une évolution de la production de RI liée au RPA. L’explication de l’évolution de la riziculture irriguée réside donc sûrement davantage dans des facteurs structurels de l’évolution des exploitations agricoles au cours du temps (achat de terre, dons en héritage, etc.) que dans un mécanisme de substitution.
Parmi tous les agriculteurs interrogés, seuls 13 (11,6%) ont déclarés avoir intensifié (techniques et/ou fertilisation) leur production de riz irrigué. Les agriculteurs affirment que l’importance c’est de maîtriser l’eau et que ça ne servait à rien d’améliorer la fertilisation ou les techniques si on ne maîtrise pas l’eau. Pour eux avec les risques d’inondation c’est trop risqué d’investir au-delà d’un certain seuil dans la riziculture irriguée. On peut donc émettre l’hypothèse que “sans le RPA” la riziculture irriguée serait probablement dans le même état chez les producteurs interrogés. On considère donc que l’augmentation de la production rizicole par rapport à une situation “sans RPA” résulte essentiellement d’une augmentation des surfaces ou de la production de riz pluvial d’altitude.
La riziculture pluviale a largement progressé dans les exploitations agricoles puisque 85% (95 personnes) des agriculteurs interrogés ont réalisé une extension des surfaces et 87% (97 personnes) ont connu un accroissement de la production. (Enquête FOFIFA et CIRAD, 2016). L’analyse avait pour objectif d’expliquer qu’il y a une compensation entre le RI et le RPA, c’est – à – dire que sans RPA il n’y a pas de production abondante de riz pour la région.
Pour résumer, on peut en déduire cette section en différents points ci-dessous :
Sans le RPA la riziculture irriguée serait vraisemblablement dans le même état qu’actuellement ;
Les surfaces en RPA ont progressé dans les exploitations agricoles depuis le début de l’innovation ;
Le RPA a permis d’augmenter la production de riz des exploitations agricoles des hautes terres du Vakinankaratra ;
Les personnes ayant connu la plus forte augmentation de la production sont celles qui avaient déjà une production importante de RI ;
LA VARIATION DU PRIX DE RIZ A MADAGASCAR
Le secteur agricole est aussi caractérisé par une importante variabilité des prix de ces cultures qui sont vendues sur le marché international. Les grandes cultures à l’exportation de Madagascar tel que le café, la vanille, les clous de girofle et le letchi ont montré une grande variabilité des prix ces dernières années, ce qui a fait que les investissements ont été difficiles et imprévisibles. La stabilité des prix, particulièrement des cultures d’exportation, est difficile à gérer, étant donné que Madagascar est un preneur de prix sur ces marchés (sauf, sans doute, dans le cas de la vanille. Les producteurs s’assurent souvent eux-mêmes contrent cette variabilité en cultivant un portefeuille de produits et nous voyons peu de cultivateurs se spécialisant dans une culture de rente précise.
Le riz a une importance économique et politique à Madagascar. C’est le principal produit cultivé par la vaste majorité des ménages ruraux, et le principal aliment de base, comptant pour 48% de la consommation totale en calories. En outre, c’est un important produit de vente dont le prix influence indirectement les revenus réels de la plupart des ménages.
Malgré les efforts des gouvernements successifs pour augmenter la productivité et la production agricole, le secteur rizicole à Madagascar est resté statique pendant assez longtemps.
Le riz est généralement cultivé selon des techniques traditionnelles. L’adoption de variétés modernes a été négligeable et l’utilisation d’engrais est restée à environ 10Kg/ha, bien en dessous de la plupart des autres pays où le riz est la principale culture. Le rendement moyen du paddy reste faible, soit à 2,6T/ha. Ces 35 dernières années, la production rizicole n’a augmenté que de 1,2% par an, ce qui reflète les effets combinés relatifs à la lente progression de ce domaine (0,4% par an) et une croissance molle de la productivité (0,7% par an). La plupart du riz produit à Madagascar est destinée à la consommation domestique. Sur toute la production de paddy d’environ 4 millions de tonne, seul le quart ou le tiers est écoulé sur le marché.
Madagascar se trouve actuellement en 19ème position en terme de production, mais il lui faut encore en importer pour satisfaire les besoins de la consommation nationale (FAO,2017). En 2017, la consommation moyenne annuelle de riz a augmenté, d’où 500 000 tonnes de riz était du riz importé. La quantité de riz importé a augmenté de presque le double par rapport à l’année précédente qui était de 300 000 tonnes.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE GENERAL D’ETUDE ET REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE I : LE CADRE GENERAL
SECTION 1 : La problématique
SECTION 2 : L’objectif de l’étude
SECTION 3 : L’hypothèse de l’étude
CHAPITRE II : LA REVUE DE LA LITTERATURE
SECTION 1 : Les concepts et les définitions
SECTION 2 : Les Approches théoriques
CHAPITRE III : LA PRODUCTION RIZICOLE..
SECTION 1 : L’historique de la riziculture Malagasy
SECTION 2 : Les politiques rizicoles
SECTION 3 : Le lien entre la pauvreté et l’agriculture familiale
PARTIE II : LE RIZ ET LA PAUVRETE A MADAGASCAR : CAS DE LA REGION VAKINANKARATRA
CHAPITRE I : LA PRODUCTIVITE DU RIZ A MADAGASCAR
SECTION 1 – L’évolution de la culture de riz
SECTION 2 – L’évolution globale de la production de riz
SECTION 3 – La variation du prix de riz à Madagascar
CHAPITRE II : L’EVOLUTION DE LA PERIODE DE SOUDURE
SECTION 1 – L’évolution de la vente de riz
SECTION 2 – L’évolution de l’achat de riz
CHAPITRE III : LES LIMITES ET LES SOLUTIONS A ADAPTES POUR AMELIORER LA PRODUCTION
SECTION 1 – L’Analyse des contraintes de la filière rizicole
SECTION 2 – Les actions politiques requises à court et long terme
CONCLUSION
Bibliographie
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