Les accords de coopérations franco- malgache
La première coopération est dictée par la loi N°60- 0092. L’article premier confirme l’intégration effective de Madagascar dans le cadre de la coopération franco-malgache. Les accords de coopération franco-malgache maintiennent des liens étroits avec la France dans divers domaines : défense, monnaie, économie, santé, enseignement. Dans le domaine de l’enseignement, l’accord précise l’intégrité de la langue française dans le cadre de la coopération culturelle. Il conditionne le maintien, l’expansion de la langue et de la culture française à Madagascar. L’exigence primordiale des accords de coopération culturelle est la valorisation de la langue française, l’importance de la solidarité morale, spirituelle de l’ensemble des nations d’expression française. Au niveau de l’enseignement supérieur ; les accords valorisent la qualité de la formation pour qu’elle détient la valeur internationale. La première action s’exerce dans le cadre de la fondation nationale de l’enseignement supérieur à Madagascar. D’où, la création de l’université d’Antananarivo le 14 juillet 1961 ; la première rentrée a eu lieu le mois de novembre 1961. C’est à la France de fournir aux établissements d’enseignement supérieur le personnel enseignant qui leur est nécessaire et contribue au financement. Elle assure également la charge exclusive des personnels, qui, selon les règles en vigueur dans l’enseignement supérieur, relevant de l’Etat. Ce personnel nommé par la France en accord avec la république malgache est soumis au statut du personnel de l’enseignement supérieur français. Les dispositions du droit français relatif à l’enseignement supérieur sont introduites, notamment en ce qui concerne le statut du personnel de l’université ; à la règlementation relative aux examens. Les diplômes et les certificats d’enseignement supérieur sont admis en France comme équivalents aux diplômes français. Par conséquent ; les modifications apportées en France à la règlementation des programmes, des examens sont introduites; sous réserve des adaptations reconnues nécessaires par accord entre gouvernements. Le personnel enseignant, les assistants techniques français, pris en charge par la France sont désignés d’un commun accord. Au cas où la France ne pourrait pourvoir aux vacances de postes du centre d’enseignement supérieur, il pourra être fait appel à des professeurs d’une autre nationalité. Une commission mixte suit dans chaque Etat l’exécution de l’accord. Son président étant désigné pour une année alternative par chacun des gouvernements contractants. Ainsi, les deux Etats peuvent librement entretenir et développer chacun sur le territoire de l’autre des établissements d’enseignement de tous degrés, des institutions de recherche, des bibliothèques et des centres culturels. En contre partie, le gouvernement malgache doit accepter la franchise et la libre circulation de tout matériel éducatif tel que les livres ou manuels scolaires édités par des français, les films non commerciaux plus d’autres matériels nécessaires à l’enseignement et à la recherche.
L’enseignement général
L’enseignement général est divisé en quatre niveaux : l’enseignement du premier degré, l’enseignement du second degré, les cours complémentaires, les lycées modernes et classiques. Au début de l’indépendance, l’enseignement du premier degré est constitué par l’école primaire et complémentaire. A partir de 1962, la réorganisation précise la subdivision en deux cycles. Le premier cycle de l’enseignement du premier degré est composé des cours préparatoires première et deuxième année (CP1 et CP2) et les cours élémentaires première année et deuxième année (CE1 et CE2). Ce niveau dure quatre ans. Le second cycle de l’enseignement du premier degré est constitué par les cours moyens première et deuxième année qui dure deux ans (CM1 et CM2). L’objectif est de mettre en place une formation de base pour éviter l’analphabétisme au cas où certains élèves n’ont pas pu terminer le premier cycle de l’enseignement du premier degré. L’enseignement secondaire comporte deux niveaux : les cours complémentaires et les lycées classiques et modernes. Les cours complémentaires ou collège d’enseignement général (CEG) sont localisés dans les préfectures et les sous préfectures. Le CEG comporte quatre années et la fin de ce niveau est sanctionné par l’examen officiel : le BEPC (Brevet d’Etude du Premier Cycle) ou le BE (Brevet Elémentaire) pour les élèves qui ont choisit la formation professionnelle. L’augmentation progressive du taux de scolarisation et la politique du gouvernement se soldent par le gonflement du niveau du premier degré, par conséquent, l’extension des infrastructures scolaires est prévue jusqu’au niveau du collège d’enseignement général. La progression rapide au niveau du CEG s’explique par la forte demande sociale, la politique de la démocratisation, de la décentralisation, les rôles tenus par les collectivités qui se chargent de la construction des infrastructures, la dotation des équipements locaux. Le recrutement des enseignants appartient à l’Etat. Le nombre des établissements et les effectifs des élèves doublent entre 1962 à 1970. L’augmentation du taux de scolarisation favorise l’ouverture des établissements d’enseignement privé. L’expansion du secteur privé s’explique par le rétrécissement de la capacité d’accueil et le système de sélection présenté par le concours d’entrée en classe de sixième pour les établissements publics. L’enseignement public n’accueille que 9,5% des élèves du CM2(Cours moyens deuxième année). Les établissements privés (confessionnels,…) occupent davantage la formation générale et l’enseignement est débuté par le niveau préscolaire, mais avec un taux infime de 2,1%8 . Ce sont surtout des établissements catholiques et protestants. L’enseignement commence par le niveau primaire pour les établissements publics. L’enseignement secondaire du cycle long s’est développé au niveau des lycées modernes et classiques dans des chefs- lieux de province. Ils comprennent deux options : l’option lettre et l’option science. Ce niveau prépare l’intégration au niveau de l’enseignement supérieur après l’obtention de diplôme de baccalauréat complet ou pré bac (bac première partie) de différentes séries. La progression de l’effectif à travers les cycles exige l’extension des infrastructures scolaires jusqu’au niveau secondaire. Madagascar n’a que trois lycées (établissement publique secondaire de cycle court), implantés dans la capitale à la fin de la période coloniale. L’organisation de l’Etat malgache à partir de l’indépendance a transformé les six collèges classiques et modernes localisés dans les provinces et à Antsirabe en annexes de lycées. La facilitation des accès des élèves à l’école, l’augmentation de l’effectif à travers les cycles jusqu’au niveau secondaire entrainent l’augmentation de l’effectif des élèves du niveau secondaire et l’extension des infrastructures correspondantes. Jusqu’en 1971, les six collèges classiques et modernes de la période coloniale sont transformés en lycées, plus l’ouverture des lycées à Morondava, Antalaha, à Mandritsara et à FortDauphin. Malgré tout, le nombre des établissements reste encore insuffisant par rapport à l’augmentation rapide de l’effectif des élèves admis au niveau secondaire. Ce cas oblige le gouvernement de la Première République d’introduire le système de sélection élitiste au niveau du lycée des établissements publics et offre la chance des établissements privés par le biais de la politique libérale. Des élèves non sélectionnés au niveau des établissements d’enseignement publiques peuvent poursuivre leurs études au niveau des établissements privées. Le système de sélection continue jusqu’au niveau supérieur.
L’enseignement supérieur
La politique éducative de l’enseignement supérieur est dictée davantage par l’accord de coopération avec la France. Madagascar ne possède pas encore une université lors de la première année de l’indépendance. Au niveau du continent africain, l’université de Dakar12 figure parmi les universités cibles dont l’accord de coopération avec la France renforce la mise en place d’un enseignement de qualité, pareil à celui des universités françaises et d’y faire un centre d’enseignement ouvert à tous les Etats africains. Il permettra d’assurer la formation et le perfectionnement des cadres supérieurs, scientifiques, techniques et administratifs nécessaires. Pour Madagascar, il est prévu que la coopération des deux Etats en matière d’enseignement supérieur s’exerce dans le cadre de la fondation nationale de l’enseignement supérieur. Son conseil d’administration est présidé par le président de la république malgache et comprenant des chefs d’établissements et des représentants du personnel enseignant. Ainsi, l’université de Tananarive a été créée le 14 juillet 1961, une application et sa première rentrée a eu lieu en novembre1961. Puis, les départements d’enseignement et des instituts ne cessent d’augmenter tout au long de la Première République ; pareille aux effectifs des étudiants de 723 en 1960 jusqu’à 3883 en 1969.
Les langues d’enseignement de la Première République
L’indépendance ne favorise pas la rupture effective de Madagascar avec la France. Renforcés par les accords de coopérations techniques, des liens persistent davantage. Dans le domaine culturel, l’utilisation du français comme langue d’enseignement est prioritaire. L’accord revêt une importance extrême dans le maintien et l’expansion de la langue française avec la culture française dans les pays d’Afrique dont Madagascar fait partie. La convention précise le maintien, l’expansion de la langue et de la culture française à Madagascar. Le français prédomine encore le système d’enseignement malgré les principes généraux qui précisent le changement radical de la langue d’enseignement. Dans les centres d’éducation de base, l’enseignement est donné principalement en langue malgache. Dans les écoles primaires élémentaires, l’enseignement est bilingue. Les connaissances instrumentales sont enseignées en langue malgache dont l’examen du certificat d’étude primaire (CEP) comporte obligatoirement une épreuve de langue malgache. A titre transitoire, cet examen pourra comporter deux options : l’option malgache et l’option française. L’organisation des études, des examens à partir de l’enseignement du second degré est fixée par la convention effectuée avec la république française en vue d’accorder aux diplômes une valeur reconnue dans tous les Etats de la communauté. Au niveau de l’enseignement supérieur, la revendication des pays africains s’est basée sur la mise en valeur de l’enseignement supérieur en développant sur leur territoire une formation de valeur internationale. Situation favorable pour la France d’imposer la langue française dans toutes les catégories d’enseignement en vue d’accorder des diplômes internationales. Le fonctionnement de l’enseignement est dicté par les accords de coopération, la langue française constitue l’élément clé de fonctionnement de l’enseignement. Elle s’est imposée prioritairement dans les différentes catégories d’enseignements. Les pays qui ont signé les accords de coopération considèrent la langue française comme « un instrument de leur développement ». Elle est également constituée « une langue officielle » de tous les Etats signataires. Au sein de l’organisation commune africaine et malgache (OCAM), Madagascar reçoit à Antananarivo la charte sur l’usage d’une même langue pour faciliter le rapprochement entre les pays membres. Cette décision renforce l’utilisation de la langue française. Les pays membres de l’OCAM et les Etats signataires des accords de coopération considèrent la langue française comme une langue officielle. A part les manuels ou des ouvrages scolaires importés en France, les pays africains d’expression française ont décidé de fournir et d’éditer des manuels dont le but d’uniformiser le système d’enseignement par l’intermédiaire de la collection IPAM, le centre africain de recherches et d’action pédagogiques (CARAP). A partir de 1968, Hachette commence également à publier ses manuels. La collaboration entre les deux professeurs d’histoire et de la géographie Labatut F. et Raharinarivonirina favorise la publication de manuel d’histoiregéographie, version française, édition Nathan Madagascar. Ce sont tous des documents français utilisés dans le fonctionnement de l’enseignement malgache. Malgré l’indépendance, la Première République malgache ne parvient pas à imposer la langue officielle dans le fonctionnement de son administration et plus particulièrement dans l’organisation et le développement de l’enseignement. Cette réalité procure à une conclusion sévère du système éducatif de la Première République. Le français restait la langue d’enseignement, dont les manuels scolaires sont tous, édités en français, les instructions sont en français et même, le personnel enseignant est formé à la française. L’initiative de fixer la langue française comme langue d’enseignement reproche la république malgache d’appliquer d’un système éducatif dicté de la France ». La pratique s’est référée à l’approche néo – colonialisme et l’enseignement dispensé a été au service de la métropole.
|
Table des matières
Introduction générale
Première partie : Le système éducatif de la première république : de l’indépendance (1960) jusqu’en 1974
Chapitre I : de 1960- 1972 : Le système éducatif sur le modèle français
1. Les différentes coopérations dans le système éducatif de la première république
1.1. Les accords de coopérations franco- malgache
1.2. L’amélioration du système éducatif malgache dans le cadre du panafricanisme
2. Les principes organisationnels du système éducatif de la première république malgache
3. Les organisations du système scolaire
3.1. L’enseignement général
3.2. L’enseignement technique et professionnel
3.3. L’enseignement supérieur
4- L’organisation du système éducatif
4.1. Les langues d’enseignement de la première république
4.2. Les programmes scolaires de la première république
4.3. L’approche pédagogique appliquée : l’approche thématique
4.4. La formation des enseignants
5. Les évènements de 1972 vers la fin de la première république
Chapitre II : La restructuration du système éducatif entre 1972-1975
1. La formation du personnel enseignant
1.1. Le système d’encadrement
2. La réorganisation de l’enseignement général secondaire
2.1. Les horaires par discipline de l’enseignement général secondaire
2.2. L’évolution du nombre de bacheliers de 1972- 1974
3. La restructuration de l’enseignement supérieur
3.1. Les principaux établissements supérieurs à Madagascar
3.2. L’évolution du nombre d’étudiants de 1972- 1974
3.3. Le cout de l’enseignement supérieur
4. Les personnels enseignants
5- Les faiblesses du système éducatif de la première république
Conclusion de la première partie
Deuxième partie : Le système éducatif de la deuxième république de 1975- 1991
Chapitre III. L’enseignement de la république démocratique de Madagascar de 1975 – 1986
1. Le cadre général du système éducatif de la république démocratique malgache de 1975 jusqu’en 1986
2. Les objectifs et les organisations scolaires
3. L’organisation du système éducatif de la république démocratique malgache
3.1. La langue d’enseignement
3. 2. Les programmes scolaires
3.3. L’approche pédagogique appliquée
3.4. Le système de formation des enseignants
4. Les conséquences
Chapitre IV. La nouvelle réorientation du système éducatif : de 1986- 1991 Vers une politique d’ouverture : le PAS ou programme d’ajustement structurel
1. La réhabilitation du système éducatif à partir de 1986
1.1. Les programmes nationaux pour l’amélioration de l’enseignement PNAE Phase I : 1989-1990
2. Les conséquences de la nouvelle réorientation du système éducatif
3. Les événements de 1991
Conclusion de la deuxième partie
Troisième partie : le système éducatif de la troisième république de 1993- 2010
Chapitre V. Le système éducatif à la suite de l’avènement de Zafy-Albert : 1993-1996
1. Les principes organisationnels du système éducatif malgache
2. L’organisation scolaire de la première période de la troisième république
3. Les organisations du système éducatif de la troisième république
3.1. La langue d’enseignement
3.2. Le programme scolaire
3.3. L’approche pédagogique : la PPO
3.4. Le système de formation des enseignants
4. L’initiation de l’approche contrat programme : 1994-1995
4.1. La naissance du CP dans le système éducatif
4.2. Les objectifs du CP dans le système éducatif malgache
5. La limite du régime de Zafy Albert
Chapitre VI. Le système éducatif du dernier mandat de Didier Ratsiraka : de 1997-2001
Contexte du système éducatif
1. L’amélioration qualitative de l’enseignement financée par les bailleurs de fonds
1.1. Les contrats – programmes : 1999
1.2. La spécificité de différentes activités à travers les différents projets
2. Les évènements de 2002
Chapitre VII. Les perspectives du millénaire
1. De 2002- 2007 : la phase d’initiation du système éducatif du millénaire
1.1. L’objectif du millénaire pour le développement : l’OMD et son influence dans le système éducatif Malgache
1.2. L’éducation pour tous
1.3. L’approche par compétence : l’APC
1.4. Le système 7-3-2
2. Les impacts des différentes réformes dans l’organisation du système éducatif malgache
2.1. Les organisations scolaires
2.2. Les organisations administratives
2.3. Les décisions politiques au niveau des objectifs stratégiques et les phases de la mise en œuvre de la reforme
2.4. L’amélioration du taux de scolarités et les indicateurs d’efficacité
2.5. Les difficultés rencontrées
3. Les conséquences des différentes réformes pédagogiques
3.1. Au niveau du programme scolaire
3.2. La langue d’enseignement
3. 3. La formation continue des enseignants
4. À partir de 2008 : la phase rectificatif du système éducatif de la troisième république
4.1. L’approche par situation : l’APS dans le système éducatif malgache
4.2. Le système de formation des enseignants dans le cadre de l’APS
4.3. La reforme LMD : Licence -Master -Doctorat dans le système éducatif malgache
5. Les évènements de 2009
Chapitre VIII. Les perspectives pour améliorer le système éducatif malgache
Conclusion générale
Télécharger le rapport complet