L’évolution du public universitaire

L’évolution du public universitaire

Les universités sont de plus en plus des investissements sur l’avenir, avec une perspective de s’intégrer à l’économie mondiale et se voient surtout prendre appui sur l’essor d’internet (Chaintreau 2012). Nous savons que notre civilisation actuelle demande d’être compétitif, ce qui sous-entend de s’adapter toujours plus rapidement. Le premier lien avec cette notion d’adéquation avec l’époque est le savoir en ligne. Dans son enquête Benett (2011) démontre cependant que les étudiants mettent en avant la plus-value des bibliothèques pour stimuler l’acquisition de connaissances. Ils stipulent que c’est l’espace de la bibliothèque qui motive ce dernier point. Dans son article Renoult (2006) développe l’idée que l’enseignement supérieur s’est fortement développé ces dernières années. Ce phénomène a vu l’accroissement du nombre d’étudiants mais également un élargissement des origines sociales, amenant un public peu préparé selon l’auteur à l’organisation intellectuelle des bibliothèques. Même s’il apparaît que l’amoindrissement du nombre de livres en possession des étudiants ne témoigne pas d’une baisse de l’héritage culturel mais plutôt d’une différence intergénérationnelle accrue des comportements (Vourc’h 2010).

Depuis quelques années la baisse de la lecture est donc flagrante même si les enfants de parents diplômés du supérieur et cadres sont malgré tout mieux pourvus en matière de livres. Nombre d’étudiants manquent de repères et ont de la difficulté à suivre les cours et surtout à exercer envers l’information un esprit critique nécessaire à son bon usage. Cette génération pourrait se satisfaire de Wikipédia (Rindzunski 2011). Nous partons ainsi sur l’aspect social qui suggère de profonds changements dans les bibliothèques universitaires (Jantz 2011). Renoult (2006) évoque le fait qu’il y a chez les jeunes de moins en moins de pratiques héritées, au sens de Pierre Bourdieu. Ce constat est intéressant car ils n’abordent plus une bibliothèque universitaire comme un lieu sacré, mais ils se comportent comme bon leur semble. Les étudiants de premières années ont un rapport utilitaire à l’Université et progressivement au savoir : « L’important est de franchir le cap […] des examens avec le moins de perte de temps possible. La facilité apparente de l’usage d’Internet accroît ce goût de l’immédiateté et la perte de l’intérêt et de l’aptitude au recul critique. Dans ce contexte la bibliothèque peine à jouer son rôle de lieu d’appropriation du savoir. » (Rindzunski 2011, p. 14)

L’étudiant d’aujourd’hui veut réussir avant de s’instruire et souhaite de l’information rapidement accessible. Il s’avère que la majorité des utilisateurs se situent dans les premiers cycles (Bachelor) et que de ce fait ce sont ceux qui maîtrisent le moins la recherche documentaire (Pellerin de la Vergne 2009, p.68). Nous avons abordé la connaissance et l’attitude en bibliothèque, il reste à cerner les nécessités. Pour l’essentiel, les enquêtes soulignent en général que les bibliothèques universitaires restent liées à des fonctions de base pour les usagers. Nous retrouvons les salles de lecture fournissant de bonnes conditions de travail pour l’étude, proches des lieux de cours avec des collections pertinentes en nombre suffisant, des espaces de travail en groupe, des horaires larges, du libre accès aux rayons et de la gratuité pour le plus grand nombre de prestations. (Renoult 2006). Les besoins premiers sont de connaître les lieux, les espaces, les documents et les services à disposition (Thaler 2007). Nous sommes ici dans le tangible où l’usager doit percevoir physiquement l’existant pour se l’approprier. Nous retrouvons presque la théorie de Jean Piaget où dans le développement, conceptualiser nécessite un rapport direct avec le concret. Les espaces des bibliothèques académiques continuent d’être remplis d’un grand nombre d’usagers affairés à étudier et à solliciter de l’assistance (Goulet 2014). Les étudiants considèrent la bibliothèque comme un lieu de travail et d’accès à des ressources physiques. Même s’ils savent que les ressources en ligne sélectionnées par les bibliothécaires sont de qualité, ils considèrent que cette qualité n’est pas toujours perceptible via les moteurs de recherches (OCLC 2005). La bibliothèque virtuelle n’est peut-être pas encore suffisamment implantée sur le campus.

Le numérique

Nous lisons souvent que les enjeux futurs en bibliothéconomie découlent du numéri-que. Les pratiques en termes de recherche et d’accès à l’information évoluent et se déplacent vers une utilisation de masse des ressources électroniques (Poirot 2011). Jantz 2011). Dans le cadre universitaire c’est la mise à disposition des outils indispen-sables aux études, à l’enseignement et la recherche qui s’intègre dans cet impératif (Thaler 2007). Pour commencer il faut clarifier la notion de collection numérique qui englobe trois sous-ensembles : les périodiques électroniques souscrits par abonnement, les livres électroniques (e-book ci-après) et les documents numérisés comme les thèses en ligne (Poirot 2011). Ensuite nous pouvons cibler plus précisément trois pôles concernant une bibliothèque scientifique : un accès permanent, une documentation la plus vaste possible et surtout une mise à jour efficace. Nous avons ici les éléments majeurs pour les laboratoires et les collaborations scientifiques avec l’abolition de barrières phy-siques (Chaintreau 2012). Les bibliothèques ne sont plus des lieux cloisonnés numéri-quement parlant. Elles doivent de ce fait s’intégrer dans une large évolution au niveau de la recherche de l’information et sa mise à disposition (Taesch-Förste 2006, p. 54).

Il est nécessaire tout d’abord d’établir des collaborations pour supprimer les redondan-ces et de renforcer les capacités en s’appuyant sur d’autres bibliothèques (Brown et Swan 2007, p. 8). Il demeure paradoxal cependant que des chercheurs demandent une palette exhausti-ves de base de données mais interrogent souvent la même (Mahé 2012, p. 18). L’être humain a tendance à la facilité et s’attend à retrouver l’ergonomie des moteurs de re-cherche sur les interfaces des sites de bibliothèques. Cette sollicitation nécessite d’obtenir un accès simplifié et direct à l’information à partir d’une seule requête sur une interface unique qui interroge de son côté des sources diversifiées (Niu et al. 2010, Herrington 2013, Calenge 2008, p. 197). La dispersion et la prolifération des sources qui forcent le chercheur à multiplier les actions d’identification et d’interrogation ont tendance à pousser celui-ci vers la méta-recherche d’information. Ce qui permet de comprendre l’utilisation massive de Google (Niu et al. 2010). Les étudiants peinent à utiliser des outils requérant des techniques différentes de leur usage quotidien des moteurs de recherches (Souchon 2013).

Nous observons d’ailleurs une tendance qui prône : « L’effacement de la notion de type de document (revue, e-book, etc.) au profit d’une plateforme qui proposerait indifféremment tous ces documents. C’est ce que proposent de plus en plus de plateforme d’éditeurs (Willey, Elsevier, Springer), qui sont communes aux périodiques et aux livres. » (Bruley, Merrien 2012, p. 219) Afin d’être certain de ne pas perdre d’information importante, la démarche première est donc de passer par un moteur généraliste. Une majeure partie des visites aux plate-formes de revues mises à disposition provient directement de ce type de moteur, en particulier de Google. Les consultations sont souvent brèves et ignorent les fonctionna-lités de personnalisation ou de recherche avancée (Mahé 2012, p. 20). Il est relevé également que l’utilisation de Google Scholar pour la recherche scienti-fique commence à détrôner les bases de données spécialisées (Herrera 2011).

Mais le Web 2.0 a essuyé quelques dérives et les moteurs de recherches ont pris conscience de l’importance de l’information validée. Le Web 3.0 ou Web sémantique se développe avec l’optique de proposer des contenus pertinents, ce qui est bénéfique pour nos mé-tiers (Accart 2008, p.169). Les outils en ligne nécessitent des connaissances préalables non négligeables. Une personne qui ouvre un livre est censée savoir lire. Nous pouvons affirmer qu’il en va de même pour quelqu’un qui allume un ordinateur et qui doit connaître les procédés pour naviguer dans les fichiers, les catalogues ou internet. A l’instar du grand problème so-cial de l’analphabétisme, la fracture entre l’utilisateur averti et le novice en informatique est également une source d’inégalité face au savoir. Manipuler des ressources élec-troniques demande une dextérité intellectuelle (Calenge 2008, p. 17).

Nous pouvons maintenant faire le point sur l’offre. Actuellement nous avons certains acquis et d’autres point à améliorer. L’aspect du numérique est important pour les bi-bliothèques académiques au niveau des périodiques. Une part importante des produc-tions numériques, notamment celles académiques protégées par le droit d’auteur, n’est accessible au meilleur coût qu’avec le recours à l’expertise et à l’infrastructure des bi-bliothqèues (Chaintreau 2012). De plus, l’accès en ligne permet de consulter le pério-dique au moment de sa sortie alors que souvent en bibliothèque il n’est pas possible d’emprunter le mois en cours, sans oublier l’indisponibilité d’un numéro emprunté (Poi-rot 2011). Nous avons dans un deuxième temps l’e-book qui n’est pas encore un modèle de substitution et qui reste une acquisition parallèle au papier. C’est un produit émergent qui n’a pas encore trouvé une place importante dans les politiques documentaires et d’acquisitions des établissements. Cette politique peu définie freine ainsi toute promo-tion d’envergure (Bruley, Merrien 2012, p. 214-215). Pourtant, c’est tout de même une musique d’avenir, notamment en sciences qui regroupent les usagers les plus enclins à cette nouvelle forme de lecture. Il semble même que les utilisateurs principaux soient en premier cycle, contrairement aux périodiques électroniques que sollicitent les étu-diants avancés. L’utilisation demeure furtive car l’e-book est utilisé comme un outil de référence plus qu’il n’est lu (Bruley, Merrien 2012, p. 217). Les lecteurs s’appuient ainsi sur les fonctionnalités proposés : zoomer, chercher dans le texte, parfois annoter, insé-rer dans sa bibliographie, mémoriser la page où nous nous sommes arrêté, etc. (Bru-ley, Merrien 2012, p. 218). Certaines maison d’édition innovent et donnnent aux docu-ments numériques une valeur ajoutée par rapport aux documents imprimés (Poirot 2011).

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Table des matières
Liste des tableaux
Liste des figures
1. Introduction
1.1Définition du mandat
1.2Problématique
1.3Objectifs
2. Contexte
2.1Contexte général
2.1.1Historique
2.1.2Dernier réaménagement
2.2Contexte au sein de l’Université
2.2.1Situation
2.2.2Mission
2.2.3Politique
2.3La BELS en 2016
3. Revue de littérature
3.1La bibliothèque au 21siècle
3.2L’évolution du public universitaire
3.3Le numérique
3.4L’innovation
3.5Les limites à l’innovation
3.6L’étude des comportements
3.7L’avenir des bibliothèques
3.8Aménagement
3.9Collection
3.10Services
4. Analyse de l’existant
4.1Préparation des focus group
4.2Méthodologie employée
4.3Synthèse des focus group
4.3.1Général
4.3.2Aménagement
4.3.3Collection
4.3.3.1Collection papier
4.3.3.2Collection numérique
4.3.4Services
4.3.5Derniers éléments
4.4Eléments principaux des focus group
4.5Divergences au sein de l’équipe
4.5.1Implication dans l’enquête
4.5.2Dépasser les divergences
5. Eléments complémentaires
5.1Taux de rotation
5.2Gestion de la collection
5.3Incidents survenus en 2016
5.4Projet de l’association des étudiants
5.5Rapport sur l’enquête Libqual
5.6Analyse à l’infothèque de la HEG
6. Enquête menée auprès des usagers de la BELS
6.1Méthodologie employée
6.2Résultat de l’enquête
6.2.1Général
6.2.2Aménagement
6.3Réflexion sur l’enquête
7. Observations
7.1L’attitude envers le lieu
7.2Attitude envers la collection
8. Synthèse de toutes les données
9. Conclusion et recommandation
9.1Général
9.2Aménagement
9.3Collection
9.4Services
9.5Liste des recommandations
9.6Le mot de la fin
Bibliographie
Annexe 1: Liste des abréviations utilisées
Annexe 2: Questionnaire Focus groupe
Nouveaux usages en bibliothèques de sciences : impact sur les collections et les espaces. Le cas de la Bibliothèque Ernst et Lucie Schmidheiny COSANDEY, Philippe vi vi Annexe 3: Questionnaire enquête
Annexe 4: Résultats enquête
Annexe 5: La BELS en bref
Annexe 6: Questionnaire sur le dernier réaménagement
Annexe 7: Organigramme de la DIS
Annexe 8: Le CODIS et ses missions
Annexe 9: Mission de la bibliothèque de l’université

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