L’évolution des théories sur le perfectionnisme

L’évolution des théories sur le perfectionnisme

L’évolution des théories sur le perfectionnisme

Lorsque l’on analyse l’ évolution des théories sur le perfectionnisme, on observe que les premières définitions comportaient davantage des modèles unidimensionnels décrivant principalement des manifestations négatives de cette problématique (Ashby & Kottman, 1996; Todorov & Bazinet, 1996). Les premières définitions du terme « perfectionnisme» remontent au début du 20e siècle et demeurent depuis une source de débat. Un des premiers chercheurs ayant ciblé le perfectionnisme fut Adler en 1931. Il suggérait que le sentiment d’ infériorité provenait de l’ incapacité à atteindre ses propres standards de perfection. Chez le perfectionniste, ces standards sont des idéaux de perfection inatteignables qui créent un sentiment d’ infériorité, mais qui motivent de surcroit son atteinte (Ashby & Kottman, 1996). Adler a également mentionné que la recherche de perfection est normale et que la personne qui présente un perfectionnisme sain recherchait des buts atteignables (cité dans Rice & Preusser, 2002). Hamachek (1978) définit quant à lui les perfectionnistes comme des individus qui exigent d’euxmêmes un niveau de performance plus élevé que ce qui est possible d’obtenir. De plus, les perfectionnistes établissent des standards personnels irréalisables et surévaluent leur potentiel de performance. Hamachek (1978) propose de distinguer deux formes de perfectionnisme: la forme normale et névrotique. C’ est seulement en 1977 que la notion de perfectionnisme fut intégrée dans le vocabulaire psychiatrique.

En fait, le perfectionnisme fait partie des critères diagnostiques pour le trouble de personnalité obsessive-compulsive du DSM-III. Dans le même sens, Hollender (1978) est le premier à considérer le perfectionnisme comme étant un trait de personnalité qu’il définit comme le fait de se demander, ainsi qu’aux autres, un niveau supérieur de qualité et de performance que ne l’ exigerait la situation (cité dans Shafran & Mansell, 2001). Burns (1980) pour sa part, décrit le perfectionnisme comme un réseau de cognitions qui inclut les attentes personnelles, l’ interprétation individuelle des évènements et l’évaluation de ses propres comportements et celui des autres. Il décrit l’ individu perfectionniste comme une personne ayant de hauts standards irréalistes et une opinion rigide d’ elle-même. Le perfectionniste a tendance à établir des standards élevés irréalistes auxquels il adhérera de façon stricte et par lesquels il se définira (Burns, 1980).

En considérant ces différentes définitions, quelques points communs se présentent: 1) une obligation personnelle de standards élevés et 2) une attention importante sur la possibilité d’échec faisant entrave à la réussite (Shafran, Cooper, & Fairburn, 2002). Par ailleurs, des auteurs ont proposé que la peur de l’échec soit associée à cette recherche de hauts standards. Cette peur de l’échec serait donc motivée par des comportements perfectionnistes (vérification minutieuse, recherche de réconfort, tendance à corriger les autres et analyse excessive avant la prise de décision) qui auraient pour but d’ aider l’individu à atteindre ses standards élevés (Frost, Marten, Lahart, & Rosenblate, 1990; Shafran & Mansell, 2001). Toutefois, selon Lundh (2004), la recherche de perfection est vouée à l’échec puisqu’ il est impossible de l’ atteindre. L’acceptation de l’ imperfection serait une forme de protection pour les individus qui considèrent que la perfection est inatteignable.

La flexibilité cognitive selon différentes approches psychologiques

La flexibilité cognitive peut être définie comme la capacité à s’adapter au changement dans des situations nouvelles où les stratégies et procédures disponibles ne sont pas suffisantes pour une réponse adaptée déjà apprise. La flexibilité cognitive peut être vue comme un changement de point de vue d’un individu face à une situation et permet d’élaborer de nouvelles procédures qui ne font pas déjà partie du répertoire (Clément, 2006). Cette capacité à changer sa perspective est différente pour tous. Des différences peuvent être observées au niveau de la manière qu’ont les individus à encoder les différentes propriétés d’une situation ou dans leur sensibilité et leur adaptabilité aux changements. La flexibilité psychologique peut également être décrite comme l’habileté à prendre entièrement conscience du moment présent et changer ou poursuivre un comportement émis afin d’ atteindre un but précis (Hayes, Luoma, Bond, Masuda & Lillis (2006). Cet aspect est traité sous différentes approches théoriques.

La théorie gestaltiste. Selon la théorie gestaltiste, la restructuration d’un problème est déterminante pour la résolution de problème par « insight» impliquant une pensée créative contrairement à une pensée reproductive, qui consiste à répéter un comportement ou une stratégie déjà apprise sans que cela soit nécessairement adéquat (Wertheimer, 1959). La restructuration d’ un problème peut être considérée comme étant un changement de point de vue. Ainsi, pour résoudre un problème, ce changement de point de vue de la situation est essentiel afin de pouvoir réorienter sa perception et ajuster l’analyse de nouvelles informations sur la situation menant à l’ insight (Ansburg, 2000). L’ insight se produit lorsqu ‘une personne figure une nouvelle compréhension de ce qui doit être fait face à une situation problématique sans issue (Ansburg, 2000).

Différents auteurs ont tenté de mettre à jour les processus sous-jacents à l’ insight et à la résolution de problèmes afin de comprendr~ les différences individuelles lors de situations de résolution de problèmes (Ansburg, 2000; Schooler & Melcber, 1995). Les chercheurs ont pu démontrer que les personnes qui étaient capables d’appréhender les relations entre divers éléments dans les problèmes sans issue étaient généralement capables de résoudre d’ autres problèmes par insight. De plus, une autre habileté reliée positivement à la résolution de problème par insight est la capacité à générer et tester plusieurs solutions face à un problème (Ansburg, 2000). Cela s’ applique au perfectionniste qui s’ impose habituellement des objectifs précis et élevés sans être capables de prendre du recul. Son incapacité à changer de point de vue limite sa capacité de résolution de problème (Ansburg, 2000). Un individu qui présente une plus grande flexibilité cognitive reconnait plus facilement que ses stratégies de résolution de problèmes ne sont pas adéquates et sera capable de prendre un nouvel angle d’observation pour essayer une stratégie plus adaptée. C’ est à ce moment que l’insight se produit: une nouvelle compréhension de la situation se produit.

Pour pouvoir modifier sa perspective, faut-il déjà reconnaître que la façon de gérer un problème n’est pas optimale. Pour les gestaltistes, l’insight a longtemps été un concept unidimensionnel qui était défini comme la conscience d’avoir des difficultés et la capacité de reconnaitre la nécessité d’obtenir un traitement quand les problématiques sont de sévérité clinique (Amador et al., 1993). Plus récemment, ce concept a été étendu afin d’englober trois catégories d’insight: clinique, cognitif et neurocognitif. Néanmoins, elles reflètent toutes les habiletés métacognitives soit la réflexion sur une pensée (Burton, Vella, & Twamley, 2011; Lysaker et al., 2010). Ces trois catégories font référence à des processus différents tout en utilisant le même sens commun du terme insight. L’insight clinique ferait référence à la capacité d’une personne souffrant de troubles mentaux de reconnaître son trouble (Amador et al., 1993). Cette catégorie permet d’obtenir un niveau de conscience des patients concernant leurs symptômes et leurs problématiques, ce qui est très utile lors des traitements psychologiques ou médicaux (Amador et al., 1993).

L’insight cognitif quant à lui réfère davantage à la métacognition. Il impliquerait les capacités individuelles d’une personne à évaluer une expérience inhabituelle et à questionner les conclusions imparfaites tout en éloignant les croyances et les interprétations erronées pour faire cette nouvelle évaluation (Beck, Baruch, Balter, Steer, & Warman, 2004). Cette capacité de réfléchir sur ses expériences et à prendre conscience des conclusions erronées peu être réduite par la présence de distorsions cognitives, une perte de capacité à prendre du recul face à un problème ou une trop grande confiance en ses propres conclusions. Une dernière catégorie d’insight, l’insight neurocognitif, serait liée de près à l’ insight cognitif.

Il fait référence à la capacité d’une personne à être conscient de ses limites au niveau de ses fonctions cognitives lorsque cette dernière souffre d’un trouble comme la schizophrénie. Ces dysfonctions peuvent être liées à l’ attention, la mémoire ou la résolution de problème (Medalia & Thysen, 2008). Divers instruments ont été développés afin de mesurer l’ insight neurocognitif, cognitif et clinique permettant d’objectiver les déficits cognitifs d’un individu (Medalia & Thysen, 2010). Une étude neuropsychologique a démontré que les patients ayant un bon insight clinique et cognitif avaient de meilleures fonctions exécutives et moins de symptômes négatifs. Ainsi, l’ insight pourrait être associé au fonctionnement exécutif et donc à la résolution de problèmes et à la flexibilité cognitive (Burton et al., 2011). En effet, la capacité à percevoir ses propres limites facilite la mise à distance face à une situation problématique. Cette mise à distance est donc directement liée à la capacité individuelle de flexibilité cognitive puisque pour décider de changer de point de vue, il faut être capable de voir ses échecs précédents pour adapter ses nouveaux comportements.

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Table des matières

Sommaire
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Le perfectionnisme
L’évolution des théories sur le perfectionnisme
Évolution des appuis empiriques à la notion de perfectionnisme sain/malsain
Différents types d’approches
De la perspective multidimensionnelle à la perspective bidimensionnelle
Un débat toujours actuel.
La flexibilité cognitive
La flexibilité cognitive selon différentes approches psychologiques
La théorie gestaltiste
La thérapie d’acceptation et d’engagement
La flexibilité cognitive selon l’approche neuropsychologique
L’étude de la flexibilité cognitive comme fonction exécutive
Évaluation de la flexibilité cognitive
Wisconsin Card Sorting Test (WCST)
Fluence verbale
Le Stroop Color Word Interference Test (Stroop)
L’étude de la flexibilité par des mesures auto-rapportées
L’étude de la relation entre le perfectionnisme et la flexibilité cognitive
Une avenue prometteuse
Retombées cliniques proximales et distales
Conclusion
Références

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