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LA THEORIE DES REPRESENTATIONS SOCIALES :
Jodelet (1991, p. 668) définit la représentation sociale comme une forme de connaissance courante, de sens commun, caractérisée par les propriétés suivantes : « Elle est socialement élaborée et partagée ; elle a une visée pratique d’organisation, de maîtrise de l’environnement et d’orientation des conduites et communications ; elle concourt à la vision d’une réalité commune à un ensemble social (groupe, classe, etc.) ou culturel donné ».
Parmi les nombreuses définitions des représentations sociales proposées à partir du travail de Moscovici et de Jodelet, nous avons privilégié celles d’Abric et de Doise qui semblent les plus appropriées à notre recherche. Abric (2003) a établi le rôle déterminant du « noyau central » de la représentation qui lie entre eux les éléments de son champ et définit leur signification. Les travaux les plus récents de ce courant aixois ont apporté des éléments, à la fois pour la connaissance des représentations et pour comprendre la manière dont elles peuvent intervenir dans les pratiques sociales. Quant à Doise (1980) ses recherches ont démontré comment les représentations sociales des minorités, dont les immigrés, sont en grande partie structurées dans le cadre des relations intergroupes. S’inspirant de Moscovici et de Bourdieu, il considère les représentations sociales comme des « principes générateurs de prises de position, liées à des insertions spécifiques dans un ensemble de rapports sociaux et organisant les processus symboliques intervenant dans ces rapports »8.
– L’origine de ce mouvement est généralement associée à l’ouvrage de Berger P. et Luckmann T. : (1996)
– C’est en reprenant des concepts utilisés par Bourdieu, notamment la notion d’habitus que Doise a proposé une définition psychosociologique des représentations sociales. En quelque sorte, le concept tel que Moscovici
Par ailleurs, en distinguant les représentations sociales des autres systèmes de connaissances comme la science, l’idéologie, Moscovici a identifié certaines caractéristiques qu’il considère comme étant essentielles.
Les caractéristiques des représentations sociales
Parmi les spécificités des représentations, nous avons retenu quatre d’entre elles : le « sens commun », l’abandon de la coupure sujet-objet, la présence de deux logiques et enfin, l’existence d’un double système.
En observant les savoirs ordinaires, à travers le prisme des représentations sociales en jeu, Moscovici (1976) se propose d’aborder le registre des connaissances à l’aune du « sens commun ». Le « sens commun » est défini : « (…) indépendamment de la science ; comme la famille ou le marché, il existe et se transmet de manière collective, comme la langue, les savoir-faire et ne peut être changé par les individus. Cela ne veut pas dire que ces derniers n’exercent aucune influence sur lui, mais ils ne peuvent le faire arbitrairement ».
Depuis la seconde moitié du XXème siècle, le sens commun s’est vu attribuer une place importante, sous l’effet d’un faisceau convergent de courants de pensée en anthropologie, sociologie, histoire, psychologie, etc. Distincte des théories scientifiques, cette forme de connaissance, également désignée comme « savoir naturel », « savoir naïf », émerge à partir d’un mouvement interactif entre les concepts et les individus qui se les approprient, dans une démarche d’appréhension du monde environnant. L’étude du sens commun apparaît désormais essentielle : « Le repérage de la « vision du monde » que les individus ou les groupes portent en eux et utilisent pour agir ou prendre position est reconnu indispensable pour comprendre la dynamique des interactions sociales et donc éclairer les déterminants des pratiques sociales » (Abric, 2003, p. 11).
L’abandon de la coupure sujet-objet
Avec l’abandon de cette coupure, la réalité est désormais désignée comme « réalité objective
Or, s’il n’existe pas a priori de réalité objective, toute réalité est représentée, « c’est-à-dire appropriée par l’individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l’environne » (Abric, 2003, p. 12). Cette réalité appropriée, restructurée, constitue, pour l’individu, la réalité même, une forme de vision du monde qui est à la fois « le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une fonction spécifique » (Abric, 2003, p. 13).
Comme le souligne Abric, la représentation n’est pas un simple reflet de la réalité, elle est une organisation signifiante ; les significations attribuées résultent d’une activité mentale dépendant de l’inscription sociale du sujet et qui peut engager des mécanismes intrapsychiques (projections, investissements affectifs, identitaires…).
La co-existence de deux logiques : cognitive et sociale
La co-existence de deux logiques : cognitive et sociale, représente une caractéristique importante des représentations sociales qui ne reçoivent leur spécificité que par un ancrage dans les dynamiques de rapports symboliques entre acteurs sociaux (Clemence, Doise, & Lorenzi-Cioldi, 1994).
En effet, l’existence de cette double logique présente une caractéristique importante qui rend l’analyse difficile, comme le souligne Moscovici, (…) si la réalité des représentations sociales est facile à saisir, le concept ne l’est pas (Moscovici S. , 1976). D’une part, elles présentent une logique cognitive en raison de leur « texture psychologique » et, d’autre part, une logique sociale, dimension qui génère des règles différentes de la précédente. Selon Jodelet, la coexistence de ces deux logiques est illustrée par la présence simultanée d’éléments rationnels et irrationnels, ce qui conduit à étudier les représentations sociales « (…) en articulant éléments affectifs, mentaux et sociaux et en intégrant (…) la prise en compte des rapports sociaux qui affectent les représentations et la réalité matérielle, sociale et idéelle sur laquelle elles ont à intervenir » (Jodelet D. , 2003, p. 58).
En tolérant et en intégrant des contradictions apparentes, cette approche permet de comprendre pourquoi « (…) les raisonnements qu’elle engendre peuvent apparaître illogiques et incohérents » (Abric, 2003, p. 14).
Autrement dit, en raison de sa position mixte au carrefour d’une série de concepts sociologiques et de concepts psychologiques, le concept de représentation sociale est doté d’un statut transversal dans le domaine des sciences humaines. Nous observerons comment ces deux disciplines s’articulent au sein des pratiques professionnelles, notamment lors de l’évaluation des conflits familiaux en contexte interculturel.
L’existence d’un double système
L’existence d’un double système permet de comprendre pourquoi les représentations sociales peuvent apparaître comme contradictoires : elles sont à la fois stables et mouvantes, rigides et souples (Abric, 2003). D’une part, elles sont stables et rigides, du fait du noyau central profondément ancré dans le système de valeurs, commun à tous les membres du groupe et, d’autre part, elles sont mouvantes et souples, car elles sont nourries des expériences individuelles, en intégrant l’évolution des pratiques sociales dans lesquelles les individus ou les groupes sont intégrés. Autrement dit, leur flexibilité supporte l’hétérogénéité du groupe, permettant d’intégrer des informations, voire des pratiques différenciées. Comme le remarque Doise (1985, pp. 245-253), une multiplicité apparente de prises de positions peut être produite à partir de principes organisateurs communs. En présentant les représentations comme étant à la fois consensuelles et marquées par de fortes différences individuelles, cette conception permet ainsi de répondre à certaines critiques émises par des auteurs comme Bourdieu, Chamboredon et Passeron (1968), qui lui reprochent de relever des naïvetés des philosophies sociales du consensus.
Parmi les diverses représentations des conduites des immigrés, présentes du côté des professionnels, nous tenterons de distinguer celles qui reposent sur des divergences fondamentales concernant leur signification profonde, et celles qui manifestent une autre vision du monde, mais qui ne porte pas sur l’essentiel. Toutefois, cet aspect ne peut être appréhendé sans avoir analysé les processus de leur construction.
La construction des représentations sociales : un double processus
A travers ces deux mécanismes, Moscovici recherche comment l’individu et les groupes sociaux construisent, sélectionnent, trient, recomposent et renouvellent le stock de connaissances à leur disposition. Constituant la clé de la théorie des représentations sociales, ces deux processus comportent plusieurs phases ou aspects, analytiquement différenciés.
L’objectivation9 ou « la mise en image de la réalité »
Ce premier processus rend concret ce qui est abstrait et change le relationnel du savoir scientifique en « image d’une chose ». Selon Jodelet (1991), cette tendance à « chosifier », à mettre en images, répond au besoin de donner un statut de réalité aux idées que l’on énonce sur l’objet de la représentation ; elle facilite la communication par la dissociation d’une notion, avec le cadre conceptuel qui lui donne son sens scientifique. Tout se passe comme si le « sens commun » ne tolérait pas, ou mal, la liaison entre les savoirs qui deviennent propres et les savoirs d’un autre ordre. Cette opération marque la transformation des notions scientifiques vers un langage plus courant, par le biais d’une redéfinition de leur sens et d’une limitation de leurs significations ; elle permet une appropriation de l’objet dans une réduction de sa portée symbolique.
Autrement dit, selon Moscovici (1976), l’objectivation conduit à rendre réel un schéma conceptuel, à doubler une image d’une contrepartie matérielle. En faisant correspondre des choses aux mots, elle implique de la part du sujet, une sélection, une catégorisation de l’objet, sa saisie à travers un réseau de schèmes, d’éléments de qualification et description (normes, précisions, …) et leur naturalisation.
L’objectivation est décomposée en trois phases :
– La sélection des informations
Sorte de condensé théorique, ce processus permet au sujet de se dégager d’une confrontation inconfortable en raison, d’une part, de la quantité et de la diversité des informations disponibles et, d’autre part, d’un nombre important de mots dont beaucoup lui sont inconnus, notamment lorsqu’il s’agit de théories scientifiques complexes.
La mise en ordre de cette production anarchique, la sélection « d’images-guides qui se sont formées, fermées comme sous le verrou, à partir de perceptions, de souvenirs personnels » (Chombart de Lauwe, Chombart de Lauwe, Huguet, Perroy, & Bisseret, 1963, pp. 16-17) ne sont pas effectuées par hasard ; leur sélection dépend de nombreux facteurs, notamment ceux qui sont liés à la « socialisation initiale », décrite par Dubar (2000, pp. 238-239). Le tri effectué combine des mécanismes de construction de « règles, valeurs, signes », issus de la famille d’origine mais aussi de l’univers scolaire et des groupes d’âge dans lesquels les enfants font leurs premières expériences de coopération.
Après une sélection des mots et une refonte de ces derniers dans une redéfinition sémantique, les notions complexes sont appropriées et projetées dans l’univers propre à chaque personne qui, à travers un langage plus courant, plus familier, peut ainsi les maîtriser en les mettant en images. Moscovici a démontré l’importance de ces « idées-images », définies comme des sensations mentales, des impressions que les objets, les personnes laissent dans notre cerveau. Selon Martin et Royer-Rastoll, elles disent le réel à leur manière ou plus précisément à la manière qui séduit leur auteur ; il s’agit d’une image modelée par son désir, son histoire, son époque (Martin & Royer-Rastoll, 1990). De manière générale, le passage d’une culture à l’autre rend plus sensible encore la variabilité des modèles représentationnels dans les relations entre individus (Mannoni, 2010, p. 98).
La perception sélective et autres prismes de l’esprit suscitent de nombreux biais dans l’approche des populations immigrées par les travailleurs sociaux. A propos des conflits conjugaux, Vatz-Laaroussi (2001, pp. 56-59) constate que la représentation du changement et de ses modalités donne lieu à deux visions opposées de l’émancipation de la femme (hors de la famille/dans la famille), ce qui crée des malentendus entre les familles migrantes et les professionnelles. Ces dernières se réfèrent parfois à l’histoire occidentale des femmes, à un changement qu’on pourrait qualifier d’extra-familial visant, en cas de conflits dans le couple, à faire sortir les épouses de leur famille, pour mieux les intégrer à la société d’accueil. Or, les femmes immigrées connaissent de nombreux changements depuis leur immigration, mais pour certaines, c’est dans la famille qu’ils ont eu lieu (changement des rôles, modalités différentes de communication et de prises de décision. . .).
Les notions ainsi sélectionnées forment alors un ensemble imagé et cohérent : un « modèle figuratif », ou « noyau figuratif ».
Selon les termes de Moscovici, ce « noyau figuratif » représente la partie la plus stable de la représentation et correspond également au système de valeurs auquel se réfère la personne, c’est-à-dire qu’il porte la marque de la culture et des normes sociales ambiantes. En étant lié à la mémoire collective et l’histoire du groupe, ce système est cohérent, rigide, peu sensible au contexte immédiat et résiste au changement. Ses éléments ont une forte résonance existentielle, qui traduit et légitime à la fois l’identité des groupes et leur ordre social.
Les travaux d’Abric ont permis d’établir le rôle déterminant d’un noyau central, à forte valeur pour la personne, et d’éléments moins importants, dits périphériques. Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent comme une entité où chaque partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l’autre. Bien que les éléments centraux constituent la clé de voûte de la représentation, de leur côté, les éléments périphériques jouent un rôle essentiel, en constituant l’interface entre le cœur de la représentation et la réalité quotidienne. Ce système périphérique génère des représentations sociales individualisées, à travers une adaptation en fonction du vécu, une intégration des expériences quotidiennes. Plus souples que les éléments centraux, ils jouent un rôle essentiel dans l’adaptation aux évolutions du contexte, en intégrant des informations nouvelles.
Les jugements portés sur l’objet, les stéréotypes et les opinions s’intègrent dans ces éléments qui se placent plus ou moins proches du noyau central. La transformation d’une représentation (interprétations nouvelles, intégration d’éléments contradictoires, etc.) passe ainsi plus facilement par l’évolution de ces éléments périphériques, plus fragiles, plus instables, que le noyau. C’est dans ce système périphérique que les contradictions peuvent apparaître comme le souligne Flament (2003, p. 233), à propos du discours de jeunes maghrébines de la deuxième génération, vivant dans des espaces culturels différents : la famille et le lycée : « Je fume, mais ce n’est pas interdit par le Coran ». Or, la tradition islamique interdisant de fumer, la rationalisation s’appuie sur la culture qui est niée par les pratiques de ces jeunes filles.
Lors de la dernière phase, le noyau figuratif va cesser d’être une élaboration abstraite, en concrétisant tous les éléments en entités objectives.
REPRESENTATIONS et PRATIQUES PROFESSIONNELLES : plusieurs conceptions en débat
Jodelet et Moscovici constatent que, bien que théoriquement important, le domaine des pratiques reste largement sous-étudié dans les sciences sociales. Ils considèrent que les représentations sociales sont associées à des comportements atomisés, donnant sens à des actes indépendants, en négligeant le fait que les pratiques sont des systèmes d’action, socialement structurés et institués en relation avec des rôles (Jodelet & Moscovici, 1990, pp. 285-288).
Bien qu’il soit sous-étudié, ce domaine donne lieu à un débat et à des polémiques qui restent d’actualité et qui concernent la question des relations entre pratiques et représentations sociales. Les premières déterminent-elles les secondes ou l’inverse ? Ou bien, les deux sont-elles indissociables et interdépendantes ? Dans son ouvrage Pratiques sociales et représentations, Abric présente les arguments revendiqués par certains, en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux conceptions, puis il développe une troisième position, celle adoptée par le plus grand nombre, selon laquelle, représentations et pratiques s’engendrent mutuellement, en construisant un système interactif.
Cette interrogation étant au centre de notre recherche, nous allons étudier chacune de ces conceptions qui s’appuient sur des théories fondamentalement différentes.
Une première conception radicale : les pratiques déterminent les représentations
Jusqu’à une époque récente, la position de la sociologie marxiste, directement inspirée de la philosophie matérialiste, selon laquelle les idéologies sont déterminées par le mode de production d’une société, était souvent accompagnée d’une contestation de la psychologie sociale traditionnelle et, notamment, d’un rejet de la notion de représentation sociale. La conception d’un « sujet actif » est interprétée comme la conséquence d’un masquage idéologique, visant à occulter le rôle déterminant des rapports de production de la société. Toutefois, ce point de vue matérialiste ayant évolué et connu d’importantes variations, Abric choisit d’aborder plus longuement une autre approche, issue directement des travaux de psychologie sociale.
Défendue et illustrée par Beauvois et Joule, cette orientation, qui privilégie la base matérielle des représentations, trouve son origine dans un approfondissement de la théorie de la dissonance cognitive »13. Issue des travaux de la psychologie sociale américaine, cette théorie réintroduit l’activité du sujet, comme composante essentielle de son rapport à la réalité, et souligne l’effort constant que développent les individus, pour mettre en concordance leurs attitudes ou leurs opinions avec leurs comportements. Dans leur ouvrage, les deux auteurs proposent une relecture et une radicalisation de cette théorie qui débouche sur une certaine conception de l’homme : « l’homme soumis », notion qui s’oppose à celle du sujet actif », défini ainsi par la psychologie sociale. Pour les deux auteurs : L’homme n’est libre et responsable que pour mieux rationaliser des conduites de soumission qui échappent à sa liberté et à sa responsabilité. Ce sont les circonstances en tant que telles qui vont décider de la liberté et de la responsabilité de l’acteur social (Beauvois & Joule, 1981).
En d’autres termes, les représentations des individus sont déterminées par leurs conduites qui ne résultent pas de leurs représentations, ni même de leur système de valeurs, mais plutôt de l’environnement social et du cadre institutionnel, notamment du contexte de pouvoir qui leur impose des conduites. Face à cette conception, Abric ne conteste pas le rôle essentiel des conditions matérielles dans l’élaboration des représentations sociales, ni l’effet des pratiques sur leur évolution ; cependant, il procède à leur analyse critique.
L’analyse critique de cette conception radicale aborde certains facteurs déterminants qui ne sont pas pris en compte par cette théorie. Parmi ces facteurs, Abric en identifie trois qui lui paraissent essentiels.
D’une part, les facteurs culturels, liés à l’histoire du groupe et à sa mémoire collective, ne peuvent être occultés. En effet, on ne peut nier le fait que les représentations sociales s’inscrivent dans un contexte culturel et historique profondément ancré ; leur contenu social résulte notamment de « matrices culturelles d’interprétation » qui mettent en œuvre un cadre culturel de connaissances et de comportements. « Ancrées dans une mémoire collective transmise par tout un ensemble d’appareils (école, famille, église, mouvement associatif, etc.) visant à la recomposition sociale, (…) ces matrices deviennent pour un groupe social donné, un mode d’interprétation de sa pratique » (Grize, Vergès, & Silem, 1987, p. 29). Autrement dit, l’effet d’une pratique ne peut se comprendre que par rapport à cette dimension socioculturelle.
D’autre part, les facteurs liés au système de normes et de valeurs doivent être pris en compte, car ils représentent l’un des principaux constituants des représentations sociales. Si la théorie de Beauvois et Joule considère que l’action dépend des conditions matérielles et sociales, notamment des relations de pouvoir, elle résulte également « des systèmes de valeurs qui lui assignent une signification et un but, donc des représentations sociales » (Abric, 2003, p. 221). Comme le souligne Moscovici, ces dernières « tendent en dernière instance à une autorité » (1989), définissant ainsi ce qui est considéré comme admissible, au niveau des prises de position et de l’engagement dans certaines pratiques. Rappelons-le, pour que l’individu s’engage dans une pratique et se l’approprie, elle doit lui apparaître comme acceptable, par rapport aux valeurs qui sont les siennes.
Enfin, en troisième lieu, interviennent les facteurs liés à l’activité du sujet. Si le sujet soumis » de Beauvois et Joule rationalise ses pratiques dans des représentations, s’il réagit à la situation, dans le même temps, il la subit. Or, cette conception ne prend pas en compte les mécanismes qui permettent à l’individu d’organiser ses expériences subjectives qui structurent son action : le pré-décodage de la situation, le sens attribué, le système de catégorisation qui lui est associé, etc. , tous ces processus qui font que la représentation est une action sur la réalité. Autrement dit, en prenant conscience des contraintes qui pèsent sur lui et celles qui pèsent sur les conflits familiaux vécus par les migrants, le travailleur social peut se réserver la possibilité « d’élaborer des stratégies d’intervention qui n’obéissent pas toujours strictement aux injonctions de l’institution, là où celle-ci lui laisse le loisir de les interpréter » (Guélamine, 2006, p. 294).
Une seconde théorie : les représentations orientent et guident les pratiques
A la suite de la publication de l’ouvrage de Moscovici, une série de recherches expérimentales réalisées en utilisant les représentations comme variable indépendante, ont étudié comment cette variable détermine des comportements spécifiques. Ces recherches ont été réalisées dans des domaines différents, notamment les relations entre groupes et le travail en groupe.
En premier lieu, dans les relations intergroupes, les analyses les plus probantes ont été menées par Doise (1976) qui montre comment la détermination des comportements intergroupes par les représentations sociales est de même nature que ceux qui résultent des processus de catégorisation sociale. Comme nous l’avons déjà évoqué, avant même l’interaction, chaque groupe attribue à l’autre des représentations qui permettent d’adopter un comportement justifié par la représentation elle-même, et cela, indépendamment du comportement réel de l’autre groupe. En deuxième lieu, les travaux d’Abric (2003) ont démontré comment dans la résolution d’un problème, le comportement d’un groupe n’est pas déterminé par le type de tâche qu’il effectue, mais par la représentation qu’il se fait de cette tâche. Autrement dit, un même groupe utilisant deux représentations différentes d’une même tâche, adopte des comportements différents, donc indépendants de la réalité objective. Enfin, comme l’a observé Moscovici14, les représentations du partenaire déterminent la quête d’informations et la nature du questionnement. En relatant une série d’expériences, il montre comment la recherche d’informations, visant une meilleure connaissance d’un autre sujet, est prédéterminée et induite par la représentation déjà existante ; à travers toutes les questions posées, le sujet cherche à obtenir des informations qui confirment la représentation initiale.
Cet impact des représentations sur la pratique fait émerger un processus important, qui souligne la part importante que peut prendre le travailleur social dans la connaissance ou la méconnaissance des sujets qu’il est censé accompagner. Ainsi, nous serons attentifs à la façon dont le travailleur social interroge la famille, lors de l’évaluation de la situation de conflit, et comment elle conduit ce dernier à privilégier tel ou tel type d’action.
Une troisième voie : l’interaction représentations/pratiques
Nous avons pu constater comment le système de représentation détermine les comportements et permet d’expliquer les choix effectués par les individus dans leurs pratiques quotidiennes. Cependant, ce constat ne peut déboucher sur une exclusion du rôle des pratiques dans les représentations. En effet, cette représentation qui, pour chaque individu, définit la vision de la situation à un moment donné, « s’enracine dans un passé collectif, où des pratiques anciennes ont leur place, où l’expérience collective ou individuelle des rapports sociaux (…) joue un rôle essentiel » (Abric, 2003, p. 230). Autrement dit, selon Abric, les conditions de production de ces représentations sont probablement largement tributaires des pratiques sociales que le groupe a développées ou auxquelles il a été confronté. La relation dialectique entre représentations et pratiques est reconnue par la quasi-totalité des chercheurs qui considèrent qu’elles s’engendrent mutuellement comme l’indique Autès (1985, pp. 219-232) : « On ne peut pas dissocier la représentation, le discours et la pratique. Ils forment un tout (…) C’est un système. La représentation accompagne la stratégie, tantôt elle la précède et elle l’informe, elle la met en forme ; tantôt elle la justifie et la rationalise : elle la rend légitime ».
Toutefois, le fait de souligner cette relation dialectique, ne permet guère d’avancer dans la connaissance des processus et des conditions de mise en œuvre de cette relation représentations/pratiques. De nombreux travaux réalisés dans ce domaine permettent à Abric (2003, pp. 230-231) d’énoncer quelques hypothèses sur la nature des liens entre représentations et pratiques qui, selon lui, est déterminée par deux de ses caractéristiques.
La première concerne « la part d’autonomie de l’acteur dans la situation, c’est-à-dire sa place et les relations qu’il entretient dans le système de pouvoir ou de contraintes auquel il est confronté ». Quant à la seconde, elle est liée à « la présence dans la situation d’éléments fortement reliés à des affects ou à la mémoire collective ».
Abric a pu vérifier ces hypothèses au travers d’exemples concernant trois types de pratiques : les premières sont des pratiques signifiantes : parmi les caractéristiques dans lesquelles émergent les représentations, deux points sont déterminants, avec, d’une part, la présence d’une forte charge affective et, d’autre part, lorsque le fonds de croyances archaïques, fortement enracinées dans la mémoire collective, imprègne la représentation. Dans cette situation, ce sont bien les représentations sociales qui vont déterminer les pratiques sociales.
les secondes pratiques sont dites non contraignantes, lorsque « l’acteur est confronté à un ensemble de choix possibles, sans que certains de ces choix apparaissent comme incontournables » (Abric, 2003, p. 232). Dans ce cas, ni le pouvoir d’une autorité ou d’une institution, ni une norme sociale ne rendent obligatoire une conduite ; ou plutôt, ces différentes contraintes admettent des choix ou des pratiques différenciées. Les conduites adoptées par les acteurs sociaux seront largement déterminées par leur propre système d’appréhension de la situation et non pas par ses caractéristiques objectives. Lorsque les contraintes sont faibles, alors les représentations jouent à fond leur rôle d’incitation, « les représentations jouent un rôle d’autant plus important que les acteurs sont confrontés à des situations complexes ou ambiguës » (Abric, 2003, p. 233).
Face à un tel dilemme, Flament (2003, pp. 37-58) distingue deux types de situations. La première est réversible, c’est-à-dire, la situation actuelle n’étant que temporaire et exceptionnelle, un retour aux pratiques anciennes est perçu comme possible, contrairement au second cas, qualifié d’irréversible. En effet, en situation réversible, bien qu’il y ait interaction représentation-pratiques, les conduites n’auront pas d’effets profonds sur la transformation de la représentation ; seuls les éléments périphériques sont modifiés et le noyau central reste stable. Il en est tout autrement dans les situations perçues comme définitives. A l’inverse de la précédente, la situation irréversible réduit considérablement l’autonomie de l’acteur et génère une transformation de la représentation, qui s’effectue de manière différente selon la nature des nouvelles pratiques.
Dans ce processus, Flament distingue trois catégories : d’abord la transformation progressive qui s’effectue sans rupture, sans éclatement du noyau central. Quant à la seconde, qualifiée de transformation résistante, elle intervient lorsque les différents processus de défense de la représentation (justification des nouvelles contraintes, rationalisations, etc.) ne peuvent résister à la permanence de ces conduites contradictoires. A terme, il y a transformation du noyau central, donc de la représentation dans son ensemble. Enfin, il y a transformation brutale lorsque, sans recours possible aux mécanismes de défense que nous venons de citer, les nouvelles pratiques entraînent une transformation directe et complète du noyau central, donc de toute la représentation. Toutefois, en analysant un exemple de ce type de transformation, Flament indique que les éléments de l’ancien noyau central peuvent jouer un rôle non négligeable dans la formation de la nouvelle représentation (Abric, 2003, p. 236).
En d’autres termes, toute contradiction entre les représentations sociales et des pratiques, amène nécessairement la transformation de l’une ou de l’autre et, quelles que soient les situations envisagées, l’existence d’une relation entre pratiques et représentations sociales ne peut être contestée. Pour qu’une pratique sociale, même imposée se maintienne, elle doit être intégrée dans le système de croyances, de valeurs et de normes, soit en s’y adaptant, soit en s’y transformant.
L’approche du cadre théorique des représentations sociales, leur insertion dans la société et les effets de la communication sur leur formation, nous permet d’aborder une analyse essentielle pour notre recherche : celle de leur interaction avec les pratiques professionnelles.
Selon Abric, l’étude de cette interaction suppose un double travail d’analyse de chacun des deux termes en présence. Tout d’abord, la connaissance des représentations sociales, nécessite de connaître « l’espace d’application de l’activité représentative pour en spécifier la nature (cognitive, idéologique, symbolique, prescriptive, etc.) » (Abric, 2003, p. 237). Elle repose donc obligatoirement sur la prise en compte des pratiques sociales. Menée en parallèle, l’analyse des pratiques doit s’effectuer en considérant, d’une part, les conditions sociales, historiques et matérielles, dans lesquelles elles se produisent, notamment le type d’engagement et de contraintes imposées ou non à l’acteur social. D’autre part, l’analyse doit prendre en compte leur intégration ou leur adéquation dans le système de valeurs, de croyances et de normes.
L’Identié pour soi : un acte d’appartenance
La revendication de l’identité individuelle, comme modalité d’identification, ne peut s’analyser en dehors des trajectoires sociales, par et dans lesquelles les individus se construisent des « identités pour soi », qui ne sont rien d’autre « que l’histoire qu’ils se racontent sur eux-mêmes » (Dubar, 2000, p. 111) et que Goffman appelle les identités sociales « réelles » construites pendant la socialisation.
D’un usage relativement récent, la notion de « socialisation » renvoie à la question fondamentale du « processus d’identification » de l’individu à une société donnée, par l’intériorisation des modes de penser, de sentir et d’agir. Elle est définie comme « un processus de construction, déconstruction et reconstruction d’identités liées aux diverses sphères d’activité (notamment professionnelle) que chacun rencontre au cours de sa vie et dont il doit apprendre à devenir acteur » (Dubar, 2000, p. 10). Berger et Luckman (1996) introduisent une distinction intéressante entre la « socialisation primaire », acquise au cours de l’enfance, et la « socialisation secondaire », celle à laquelle l’individu est exposé pendant sa vie adulte. Si, dans certains cas, la socialisation secondaire peut être le prolongement de la première socialisation, à l’inverse, peuvent surgir des phases de « désocialisation », en rupture avec la socialisation primaire. En n’étant pas déterminée une fois pour toutes par le modèle intériorisé pendant l’enfance, l’identité personnelle apparaît comme un processus sans fin dans la vie d’un individu.
Dubar distingue plusieurs types d’identité personnelle, plusieurs manières de construire des identifications de soi-même et des autres. Soit, une personne, au terme de sa socialisation primaire, se définit (ou est définie) d’abord par son groupe culturel, sa communauté d’origine elle est, alors, identifiée par des traits physiques ou linguistiques, des marques identitaires culturelles (stigmatisées ou stigmatisables). Soit, elle se définit (est définie) d’abord par son rôle professionnel, son statut social : dans ce cas, elle est identifiée par le type d’activité qu’elle remplit. Comme l’écrit Goffman l’identité personnelle n’est qu’un porte-identité sociale (Goffman, 1975), organisé à partir d’une identification principale. Ainsi conçue, elle n’est pas uniquement « déterminée » par ses conditions sociales, mais elle s’ébauche à partir des ressources de la trajectoire sociale, qui est aussi une histoire subjective. En se construisant durant toute la vie, elle ne se réduit pas à une intériorisation passive de rôles statutaires prédéfinis ou des identités héritées à la naissance, mais, au contraire, elle se conquiert souvent contre celles-ci, n’excluant ni les continuités, ni les héritages. Nier l’individualité revient à nier un des fondements éthiques du travail social, fondement qui reconnaît le droit pour chacun d’être considéré comme une personne pourvue de sa propre singularité23.
Comprendre quels sont les repères et les références symboliques (religieuses, politiques, éthiques, etc.) d’un individu doté d’une identité personnelle, c’est pouvoir recueillir des paroles sur ce qui justifie des « pratiques » (ou des refus de pratiques) et des « positions » nséparables d’engagements, décidées par soi-même24
L’identité pour autrui : une identité attribuée
L’attribution de l’identité par les institutions et leurs agents, ne peut s’analyser en dehors du contexte dans lequel l’individu est impliqué, et résulte, d’une part, des « rapports de force » entre les acteurs concernés et, d’autre part, de la légitimité des catégories utilisées. Comme l’explique Bourdieu (1980, pp. 63-72) : « seuls ceux qui disposent de l’autorité légitime, c’est-à-dire de l’autorité que confère le pouvoir, peuvent imposer leurs propres définitions d’eux-mêmes et des autres ». En ayant derrière eux la légitimité de l’Etat et de la Loi, les praticiens ont le pouvoir de classer et de désigner, cela revient à accepter que pouvoir et domination structurent le rapport social dans lequel ils sont impliqués, donc que leur position n’est pas neutre. Qu’elles soient d’origine étrangère ou française, les familles et les institutions ne sont pas à égalité. Par le pouvoir lié à leur statut institutionnel, les travailleurs sociaux sont amenés à influencer les décisions concernant le cours de la vie des usagers, notamment par leurs différents écrits lors des signalements au Juge des enfants, des placements des enfants et des adolescents dans les institutions, etc. Comme l’indique Riffault (2013, p. 49) cette « écriture sur autrui » dans lequel il s’agit, sous couvert d’objectivité, de réduire les personnes à des objets d’observation, de diagnostic, etc. va servir de support à une prise de décision majeure concernant une personne ou une famille.
Bien que le travail social se soit dégagé des pensées structuralistes, signifiant qu’il n’était en définitive que l’expression du pouvoir contre lequel il entendait lutter, Wieviorka (1997, pp. 37-46) constate qu’il n’en est pas moins confronté à de graves difficultés; les professionnels opèrent dans un champ marqué par un paradoxe (Autès, 2004) qui donne lieu à des contradictions permanentes. D’un côté, dans une logique émancipatrice, ils sont amenés à faire reconnaître et valoir la parole des usagers, leurs demandes auprès des institutions. D’un autre côté, la légitimité du travail social dépend étroitement du mandat que la société donne à la « main gauche » de l’Etat (Bourdieu, 1998), mandat qui présente des traits communs avec un travail de « contrôle social ». Malgré l’évolution de ses modes d’intervention, le travail social assure toujours une fonction de contrôle et de régulation sociale dans notre société, thèses qui se sont imposées en France dans les années soixante-dix et encore très prégnantes dans la façon d’appréhender ce champ (Eberhard & Guélamine, 2011, pp. 56-65).
Cependant, si les thèses du « contrôle social » ont eu le mérite de démontrer en quoi le travail social contribue à la reproduction des rapports sociaux, dans le même temps, elles ont fait l’objet de critiques significatives. Selon les deux auteures, ces thèses tendent notamment à nier le caractère non homogène du travail social, de même que les marges de manœuvre des usagers, tout en occultant les formes de résistance aux modes de traitement imposés par les institutions. Autrement dit, le mandat donné au travailleur social, ou la mission de service public qui lui est déléguée, fait de lui un des rouages et des acteurs d’une situation qu’il n’est pas le seul à produire.
Les assignations identitaires venues de la société dominante ont un pouvoir considérable : par exemple, dans le discours public, l’apparition d’une catégorie nouvelle, celle des « jeunes issus de l’immigration » témoigne d’une évolution majeure des représentations. Alors qu’ils ont grandi en France, les inégalités de traitement et leurs conditions de vie, les assimilent plus aux jeunes étrangers nés hors de France qu’à la moyenne de jeunes Français. « Perçue comme une « génération sacrifiée, sans racine » dans les années quatre-vingt, repliée sur les banlieues, cette catégorie est transformée en classe dangereuse un peu plus tard, aujourd’hui, elle est parfois représentée par la figure emblématique de « l’islamiste » (Guélamine, 2008, p. 175). Une fois la catégorisation établie, elle est ensuite utilisée pour expliquer leurs comportements, leurs échecs, leurs violences. Face à ces assignations, la personne immigrée peut se replier sur son « héritage » et son « milieu » pour le transformer en identité de rupture. Ce repli qui est compréhensif peut faire sombrer dans la nostalgie communautaire ou prendre la forme d’un effondrement psychique suivi de régressions. Timera observe à ce sujet comment les mutations profondes vécues par les familles, les mécanismes de ségrégation et de discrimination, fragilisent profondément certains migrants qui ne parviennent pas à faire face à cette désorganisation sociale. « Dans un tel contexte de déroute sociale, ils ne peuvent s’appuyer sur leurs références culturelles pour construire du nouveau et produire une acculturation comme réponse à la situation minoritaire migratoire de déracinement et de domination » (Timera & Blanchard, 2003, p. 12).
Il y a un rapport étroit entre la conception que l’on se fait de la culture et de l’identité culturelle. Dans le champ des sciences sociales, le concept d’identité culturelle se caractérise par sa polysémie et sa fluidité. Selon Cuche (2010), la question renvoie à la question plus large de l’identité sociale dont elle est une des composantes ; elle permet à l’individu de se repérer dans le système social et d’être lui-même repéré socialement.
Les identités sociales virtuelles
Comme pour les « identités revendiquées», les « identités attribuées » utilisent des catégories (groupes de référence) qui doivent être légitimes pour l’individu et pour le groupe auquel il se réfère.
La construction de ces catégories s’impose, pour un temps au moins, aux acteurs impliqués, notamment aux populations issues de l’immigration, assignées à une forme variable d’étiquetage », produisant ce que Goffman appelle les identités sociales virtuelles, définies et attribuées par les autres, toujours susceptibles de constituer un « stigmate » (Goffman, 1975).
Les travaux sur l’immigration sont traversés par des débats sur les catégories utilisées. Le terme « migrant » est très utilisé aux Etats-Unis, tandis qu’en Europe, le mot « immigré » est plus fréquent. Quant à l’usage de la notion de « minorité ethnique » qui fait débat, elle désigne un groupe de personnes discriminées dans l’accès à certaines ressources en raison de leur origine » (Rea & Tripier, 2008, p. 6). Les modalités d’entrée des migrants dans la société française déterminent leur définition en tant que groupe, dans un statut d’immigré ou d’étranger ; Noiriel comme Sayad rappellent à quel point, pour l’immigré, l’identité est d’abord une question de papiers25. Cette définition fait appel à des catégories d’origines diverses et prend également la forme d’arguments qui impliquent des valeurs, des positions, etc. Elles varient selon les périodes pendant lesquelles elles s’exercent, comme le montre l’exemple des Portugais, des Espagnols, des Italiens qui, dans les années 1960 étaient catégorisés différemment. De la même manière, on ne peut affirmer que les catégories servant à s’identifier soi-même pendant toute la vie, sont les mêmes.
Qu’il s’agisse des identités numériques (état-civil, codes d’identification, etc.) ou des identités génériques classant dans un groupe, une classe sociale, une profession, un groupe ethnique, etc. , les catégorisations servent à donner des repères stables et de la cohérence au monde complexe qui nous entoure. Les institutions et les groupes classent le sujet dans des catégories socialement disponibles (désignations professionnelles, ethniques, régionales.) qui ont à la fois une valeur cognitive et évaluatrice. Bien que la catégorisation représente une constante dans la vie sociale, dans le champ des pratiques professionnelles, la vigilance s’impose car de graves dérives sont possibles. C’est le cas, par exemple, lorsque l’on considère les migrants comme les membres d’une catégorie définie par une origine et une culture différente (de soi) et inférieure (l’ethnicisation implique toujours un jugement dévalorisant). Elle se manifeste en préjugés à l’encontre d’autrui à raison de sa culture supposée différente, et généralement en discriminations (Lorcerie, 2007, p. 51) ». L’appartenance ethnique constitue un élément retenu dans les pratiques des travailleurs sociaux, notamment par la production de grilles d’interprétation » où les catégories établies (femmes turques, pères africains, mineurs isolés, jeunes majeurs, etc.) servent de support à la définition de problématiques spécifiques à ces populations, en les dotant parfois d’un statut surdéterminant, en raison de leur culture supposée différente. Cependant, nous verrons que la Politique de la Ville produit elle aussi des catégories et nourrit une ethnicisation de la question sociale, dans la mesure où les Si le sujet est bien un « sujet social », en même temps que personnel, c’est qu’il doit toujours gérer cette dualité, toujours affronter la projection sur lui-même des catégories qui lui sont attribuées. C’est dans ce décalage, entre la définition dominante que la société leur donne et leur expérience particulière, qu’ils construisent leur subjectivité. Du désaccord entre ces deux définitions, résulte une dissonance cognitive que l’on appelle le « paradoxe de l’identité » (Garai, 1981, pp. 131-141). Néanmoins, le plus souvent, les immigrés mobilisent cet héritage » dans un processus dynamique de réinterprétation, de négociation et d’ajustements culturels qui leur permet d’affirmer et de préserver leur intégrité personnelle, en adoptant notamment des « stratégies identitaires ».
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Table des matières
Introduction
Plan de la thèse
Première partie CHAMP EPISTEMOLOGIQUE ET CONCEPTS
I – LES REPRESENTATIONS SOCIALES
I – 1 RETOUR SUR UN CONCEPT
I – 1. 1 La sociologie du début du XXème siècle : Durkheim et les représentations collectives
I – 1. 2 Les années 1980 : Moscovici et le renouveau du concept
I – 2 LA THEORIE DES REPRESENTATIONS SOCIALES :
I – 2. 1 Les caractéristiques des représentations sociales
– « Le sens commun » comme composante de la connaissance sociale
– L’abandon de la coupure sujet-objet
– La co-existence de deux logiques : cognitive et sociale
– L’existence d’un double système
I – 2. 2 La construction des représentations sociales : un double processus
– L’objectivation ou « la mise en image de la réalité »
– L’ancrage : un enracinement de la représentation dans un réseau de « significations » préexistant
I – 2. 3 Les fonctions des représentations sociales
– Les fonctions de savoir
– Les fonctions identitaires
– Les fonctions d’orientation
– Les fonctions justificatrices
I – 2. 4 Les représentations dans les rapports sociaux
– La position des individus dans la société
– L’appartenance à un groupe, à une classe sociale
– Les relations intergroupes
I – 2. 5 Communication et représentations : quelle influence ?
– Le langage
– La dispersion des informations
– La pression à l’inférence ou les contraintes de l’entourage
– La mise en acte de « l’imaginaire collectif » dans la communication médiatique
I – 3 REPRESENTATIONS et PRATIQUES PROFESSIONNELLES : plusieurs conceptions en débat représentations
I – 3. 2 Une seconde théorie : les représentations orientent et guident les pratiques
I – 3. 3 Une troisième voie : l’interaction représentations/pratiques
II – LE CONCEPT D’IDENTITE : la dialectique du même et de l’autre
II – 1 – L’IDENTITE EN SOCIOLOGIE
II – 1. 1 L’identité personnelle est-elle socialement définissable ?
II – 2 L’IDENTITE SOCIALE : UNE DOUBLE TRANSACTION
II – 2. 1 L’Identité pour soi : un acte d’appartenance
II – 2. 2 L’identité pour autrui : une identité attribuée
II – 2. 3 Les identités sociales virtuelles
II – 3 LES STRATEGIES IDENTITAIRES
II -3. 1 Des stratégies diversifiées
– Le conformisme
– La stratégie d’excellence
– La stratégie de « réparation »
II – 4 LES CRISES IDENTITAIRES : passage d’une « forme communautaire » à une « forme sociétaire »
II – 4. 1 Une fragilisation du statut et du rôle de l’homme
II – 4. 2 L’épreuve de la transmission entre générations
II – 4. 3 La confrontation de modèles matrimoniaux
III – CULTURE – ACCULTURATION
III – 1 LA NOTION de CULTURE
III – 1. 1 L’identité culturelle : une composante de l’identité sociale
III – 1. 2 Culture de l’immigration/ Culture d’origine
III – 1. 3 L’anthropologie symbolique et la culture
III – 1. 4 Les différents systèmes anthropologiques
III – 1. 5 L’articulation du social et de l’individu
III – 2 L’ACCULTURATION
III – 2. 1 Naissance et évolution du concept
III – 2. 2 Les « cadres sociaux » de l’acculturation
III – 2. 3 Les recompositions culturelles : déconstruction/reconstruction
III – 2. 4 Créativité et marginalité culturelle
III – 3 LA NOTION D’ETHNICITE
III – 3.1 Différentes approches du concept
– Une conception dynamique
– Une vision moins oppressive de l’ethnicité
IV – ASSIMILATION OU INTEGRATION ?
IV – 1 LE CONCEPT D’ASSIMILATION
IV – 1. 1 Retour sur le passé
IV – 1. 2 Les approches du concept en France et aux Etats-Unis
IV – 1. 3 L’Ecole de Chicago et la sociologie américaine
IV – 1. 4 La tradition sociologique française
IV – 2 LE CONCEPT D’INTEGRATION
II- 2. 1 Les critiques du concept d’intégration
II – 2. 2 La distinction de la sphère publique et privée
II – 2. 3 Les « droits culturels »
Deuxième partie L’IMMIGRATION EN FRANCE – METHODOLOGIE
I – L’IMMIGRATION EN FRANCE
I – 1 LE « MODELE REPUBLICAIN D’INTEGRATION »
I – 1. 1 Historique de la notion
I – 1. 2 Le contexte actuel
I – 1. 3 L’opposition entre « intégrationnistes » et « multiculturalistes »
I – 2 LES MODELES D’INTEGRATION
I – 2. 1 Les assimilationnistes
I – 2. 2 Les intégrationnistes
I – 2. 3 Les communautaristes
I – 2. 4 Les multiculturalistes
I – 2. 5 Les interculturalistes
II – TRAVAIL SOCIAL ET IMMIGRATION
II – 1 L’EVOLUTION DES CONCEPTIONS DU TRAVAIL SOCIAL SUR l’IMMIGRATION
II – 1. 1 Retour sur le passé
II. 1. 2- Le mandat institutionnel
II – 2 DEUX APPROCHES EN TENSION
II – 2. 1 L’approche interculturelle
II – 2. 2 Le travail social « communautaire »
III – METHODOLOGIE
III – 2 LA PHASE EXPLORATOIRE
III – 3 CHOIX DE L’ECHANTILLON DE TERRAIN
– Prise de contact avec les Unités territoriales – Déroulement des entretiens
III – 4 LE MODELE D’ANALYSE : L’APPROCHE COMPREHENSIVE
III – 5 LES FACTEURS INTELLIGIBLES
– Les facteurs liés à la trajectoire individuelle
– Les facteurs liés au système de normes et de valeurs des professionnels
– Les facteurs liés à la profession
III – 6 LES ENTRETIENS
III – 7 L’ANALYSE DE CONTENU
Troisième partie LA CONSTRUCTION DES REPRESENTATIONS
I – CULTURE(S) DES IMMIGRÉS Quelles représentations chez les assistantes sociales ?
I – 1 LA CULTURE GROUPALE
I – 1. 1 Une culture reçue en héritage
I – 1. 2 Cultures ″ traditionnelles / Cultures « mondialisées »
I- 2 L’DENTITE PERSONNELLE : une valeur sociale
I- 2. 1 L’identité «pour soi» : entre une identité «héritée» et une identité «visée»
– Une culture évolutive
– Des déchirements identitaires
I- 2. 2 L’identité « pour autrui » : identité revendiquée / identité reconnue par la société
I -3 – CULTURE ET SYMBOLE : des réseaux de signification
I -3. 1 L’anthropologie symbolique de la culture
I -3. 2 Des systèmes anthropologiques différents
I – 4 CULTURE(S) DE L’IMMIGRATION – CULTURE(S) D’ORIGINE
I – 4. 1 Une imbrication du culturel et du social
I – 4. 2 Des positions inégalitaires dans la société
II – CONFLITS FAMILIAUX – LES « IMAGES » DE L’ETRANGER
II -1. LA FIGURE DE L’ETRANGER
II -1. 1 Des immigrés fragilisés par l’exil
II -1. 2 Des familles ignorées par les institutions
II -1. 3 Une « image » de parents « qui n’en peuvent plus »
II – 2. HOMME/FEMME DE L’IMMIGRATION : une perception différente
II – 2. 1 Des hommes violents par « nature » ?
II – 2. 2 Des maris polygames
II – 2. 3 Des femmes opprimées/soumises…
II – 2. 4 La femme et la polygamie : entre ″répulsion″ et ″relativisme″
II – 2. 5 Des femmes dynamiques, des femmes d’avenir
III « UNE MISE EN IMAGE DE LA REALITE » par les assistantes sociales
III-1 – LA SELECTION DES MOTS ET DES IMAGES PAR LES ASSISTANTES SOCIALES
III -1. 1 Le choix des mots : nommer la réalité
– Des mots sujets à polémique : Ethnicité – « Double culture »
– Sous les mêmes mots, des sens différents
III -1. 2 Les mots mis en images et sélectionnés
– Le milieu familial
– Le monde scolaire
– La trajectoire individuelle – L’expérience de vie
– La proximité géographique, ethnolinguistique
– L’appartenance à une même classe sociale
– Les réseaux amicaux
III -1. 3 La communication – L’influence des médias
III – 2 – LES CATEGORISATIONS ET INTERPRETATIONS DES ASSISTANTES SOCIALES :
III -2. 1 La catégorisation entre les groupes
III -2. 2 Travail social et catégories : administratives, géographiques, ethniques
– Les catégories administratives
– Les catégories basées sur une appartenance commune
– Catégoriser les populations immigrées : pouvoir et enjeux
III – 2. 3 Les stéréotypes et les préjugés sur les immigrés
– Les stéréotypes :
– Les préjugés
– Quels stéréotypes des familles immigrées chez les assistantes sociales ?
III -3 – LES DISTORSIONS DES IMAGES : LA ″NATURALISATION″ DES DIFFERENCES
III -3. 1 Le déni de la différence : la réaction la plus facile
– L’ethnocentrisme : ″une myopie ethnologique″
– Ethnocentrisme et intervention sociale
III -3. 2 Une accentuation des différences
– L’exotisme : l’attrait pour ce qui est différent, l’inaccessible
– L’ethnicisation :
III -3. 3 La question de la différence : un véritable dilemme pour le travail social REPRESENTATIONS du SENS et des VALEURS du Travail social
IV -1 – LA PLACE DES VALEURS DANS LES REPRESENTATIONS DES ASSISTANTES SOCIALES ?
IV -1. 1 Des valeurs humanistes
– Solidarité – Fraternité – Justice
IV -1. 2 Les valeurs prônées dans la relation d’aide
– L’écoute
– L’empathie
– L’aide à l’autonomie
IV 1. 3 Les tensions entre valeurs personnelles et missions institutionnelles
– Groupe 1 : La seule référence au cadre de la loi
– Groupe 2 : Une imbrication du « personnel » et du « professionnel »
– Groupe 3 : Des valeurs personnelles très influentes
IV -2 – UN ANCRAGE DE VALEURS, CROYANCES, ELEMENTS CULTURELS… DÈS LA SOCIALISATION PRIMAIRE
IV -2. 1 La socialisation primaire
– La famille
– L’univers scolaire
– Origines étrangères dans la famille : facteur d’ouverture et de tolérance ?
– Croyances – Appartenance et pratique religieuse
– Le statut social : quel impact ?
IV -2. 2 La trajectoire individuelle : rupture ou continuité avec la socialisation première
– L’exemple d’une rupture biographique
– Immigration et socialisations venues « d’ailleurs »
– L’expérience – Le vécu
– Exposer ses valeurs personnelles – Les réticences
V – CONFLITS DE VALEURS ET CHOCS EMOTIONNELS
V -1 – CONSIDERATION DES DROITS DE LA FEMME PAR LES ASSISTANTES SOCIALES
V -1. 1 Le féminisme et ses valeurs chez les assistantes
– Un féminisme revendiqué
– Des sympathisantes féministes, mais pas engagées dans les mouvements actuels
– Le rejet d’un féminisme qui exclut les hommes
V -1. 2 Du foulard à la femme voilée : quelles représentations ?
– Le foulard : symbole de l’oppression de la femme
– Signe religieux – réflexe identitaire ou provocation ?
– Pour ou contre la loi ? Des positionnements différents
– Les assistantes sociales voilées à l’extérieur
V -1. 3 La polygamie et ses fantasmes
V -1. 4 Un abus de l’autorité : le mariage imposé ou « forcé »
V -2 L’INTERET DE L’ENFANT : UNE NOTION COMPREHENSIBLE ?
V -2. 1 Danger et maltraitance : des notions mal définies
– Les corrections corporelles : présence d’émotions puissantes
– La maltraitance : des perceptions différentes par les professionnelles
V -2. 2 Puissance paternelle ou autorité parentale ?
– Patriarcat et Autorité
V -2. 3 Les représentations de la famille
– De la famille nucléaire à la famille élargie
Quatrième partie PRATIQUES ET REPRESENTATIONS : quelles interactions
I – INTEGRATION : la Mission
I – 1 INTEGRATION : UN TERME MAL DEFINI
I-1. 1 Un processus de réciprocité
I-1. 2 L’intégration normative
I – 2 LES CRITERES DE L’INTEGRATION
I-2. 1 L’Intégration socio-économique : travail, logement, participation à la vie de la cit
I-2. 2 Etre accepté par la société
I – 3 L’INTEGRATION CULTURELLE – JUSQU’OÙ ?
I-3. 1 Entre la sphère privée et l’espace public
I-3. 2 Différence ou indifférence culturelle ?
I-3. 3 Les « droits culturels »
I – 4 LA MISSION D’INTEGRATION DES TRAVAILLEURS SOCIAUX – QUELLES REPRESENTATIONS ?
I-4. 1 Choix ou contrainte ?
I-4. 2 Une injonction faite aux populations immigrées
I-4. 3 L’ambivalence des discours institutionnels
I – 5 LA MISSION D’INTEGRATION – QUELLES PRATIQUES ?
I-5. 1 L’adaptation à la société française
I-5. 2 L’aide à l’autonomie
I-5. 3 Intégration culturelle ou normalisation ?
I-5. 4 Le fait religieux
II – LES « SAVOIRS PROFESSIONNELS SUR L’IMMIGRATION »
II – 1 L’IMPORTANCE DES « SAVOIRS » POUR UNE INTERVENTION AUPRES DES POPULATIONS ETRANGERES
II-1. 1 Théoriser « l’Agir » : une difficulté
II-1.2 Un apport tensionnel des disciplines
– La psychologie
II – 2 LES OUTILS : UN MOYEN CONCRET
II-2. 1 Des outils pour mettre des mots sur les choses
II-2. 2 « Employer des mots qui résonnent »
II-2. 3 « Mettre en avant ses différences »
II-2. 4 Pratiques et représentation du métier : « On est tout et on est rien » !
II – 3 L’EXPERIENCE : LA METTRE AU SERVICE DE L’IMMIGRATION
II-3. 1 Expérience et maturité
II-3. 2 Les atouts de l’expérience
II-3. 3 Les limites de l’expérience
II – 4 LES « SAVOIRS DE L’IMMIGRATION »
II-4. 1 La notion d’Interculturel
II-4. 2 Accéder au sens des conduites par le recours à l’anthropologie
II-4. 3 Connaître toutes les cultures ou les comprendre ?
II-4. 4 Reconnaître les processus discriminatoires
III LES CRISES DU COUPLE EN SITUATION INTERCULTURELLE
III – 1 LES CONFLITS LIÉS A L’ARGENT
III-1. 1 Les statuts dans le couple en situation migratoire : une redistribution des rôles et des pouvoirs
– Trois types d’intervention se distinguent :
III. 1. 2 Entendre les deux parties
III. 1. 3 Les pratiques de médiation
III. 1. 4 Le recours à la loi : les mesures judiciaires
– La mesure de tutelle : « une demande de dernier recours »
– La gestion des prestations familiales : enjeu de pouvoir au sein du couple
– La polygamie : partage de l’argent entre épouses
– L’argent expédié au pays par les familles
III – 2 LES VIOLENCES CONJUGALES
III. 2. 1 La parole des femmes est privilégiée
III. 2. 2. Eviter la rupture familiale
– Une tentative de médiation
– Les limites de l’intervention : l’appel à des spécialistes de l’interculturel
IV LES CONFLITS INTERGENERATIONNELS
IV – 1 QUELLE PRATIQUE DES DROITS DE L’ENFANT
IV. 1. 1 Qu’en est-il du droit des enfants dans les conflits parentaux ?
– Le placement comme seule réponse ?
IV – 2 LE MARIAGE FORCÉ : ENTRE CONSENTEMENT ET IMPOSITION
V – 2. 1. La référence stricte à la loi : une réponse institutionnelle
IV – 2. 2 Recherche de compromis : des approches différentes
– L’appel à des partenaires non institutionnels
– Le discernement entre mariage consenti et mariage imposé
– Une approche collective à envisager
V – LES DIFFERENTS TYPES DE PRATIQUES
V – 1 LES DIFFERENTS MODELES D’INTERVENTION
– Une Typologie significative (tableau des modes d’intervention)
V – 2 POSER L’ETHIQUE DE L’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL
V-2.1 Les trois éthiques
– L’éthique de conviction
– L’éthique de responsabilité
– L’éthique de discussion
V – 3 FAIRE FACE AUX SITUATIONS …
V-3.1 Rechercher des pratiques « non contraignantes » ?
V-3.2Valeurs personnelles et institutionnelles : la question de la légalité
V-3.3 Rappel des autres débats et positions entre assistantes sociales »
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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