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Les définitions de la Pauvreté absolue et la Pauvreté relative
Dans cette section, on va définir la Pauvreté absolue et la pauvreté relative selon le PNUD et la Banque Mondiale, puis après, on ira connaitre la relation entre ces deux catégories de pauvreté.
La Pauvreté absolue et la Pauvreté relative selon le PNUD et la Banque mondiale
D’après la Banque Mondiale et le Programme de Nations Unies pour le Développement (PNUD) la pauvreté résulte « d’un manque d’(accès aux) actifs, d’une croissance économique insuffisante ou inappropriée, et d’une mauvaise gouvernance.» La Banque Mondiale et le PNUD qui (Programme des Nations Unies pour le Développement) restent les deux institutions phares dans la lutte contre la pauvreté, ces deux organisations s’accordent sur les causes de la pauvreté mais ont cependant des divergences quant à la définition de celle-ci et de son quantification.
L’approche monétaire de la Banque Mondiale consiste à « se baser sur un critère de revenu ou de consommation, puis combiner différents domaines qui se renforcent ou s’aggravent pour diminuer ou bien pour accroître le niveau d’indigence des populations pauvres. » .
Le PNUD définit spécifiquement deux notions :
La pauvreté extrême ou pauvreté absolue
une personne vit en condition d’extrême pauvreté si elle ne dispose pas des revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels définis sur la base de besoins caloriques minimaux (1800 calories par jour et par personne selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS))
La pauvreté générale ou pauvreté relative
L’approche relativiste de Peter Townsend (sociologue anglais ancien Professeur à la London School of Economics en « International Social Policy ») prend forme dans les années 1970. Pour lui, » les individus, familles ou groupes de la population peuvent être considérés en état de pauvreté quand ils manquent des ressources nécessaires pour obtenir l’alimentation type, la participation aux activités, et pour avoir les conditions de vie et les commodités qui sont habituellement ou sont au moins largement encouragées ou approuvées dans les sociétés auxquelles ils appartiennent. Leurs ressources sont si significativement inférieures à celles qui sont déterminées par la moyenne individuelle ou familiale qu’ils sont, de fait, exclus des modes de vie courants, des habitudes et des activités » d’après Townsend, 19799a. La nouveauté de cette définition tient alors à la référence qu’elle fait à un standard défini par rapport à la société dans laquelle vit l’individu. Donc, une personne vit en condition de pauvreté générale si elle ne dispose pas des revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels : habillement, énergie, logement, ainsi que des biens alimentaires. Quant à l’approche utilisée par la Banque Mondiale, il s’agit d’une approche monétaire de la pauvreté. Son raisonnement consiste à identifier deux sortes de pauvreté : la pauvreté absolue et la pauvreté relative qui ont été précédemment définies.
Relations entre la pauvreté absolue et relative
En fait, indicateur de la pauvreté relative souffre de plusieurs limitations, si l’on double le revenu de chacun à prix inchangés, il y a toujours autant de pauvres ; si les ressources des plus pauvres progressent, mais moins rapidement que le revenu médian, alors il est évident que le nombre de pauvres augmente automatiquement. Le taux de pauvreté est souvent plus élevé dans des pays comme par exemple la France que chez les nouveaux entrants d’Europe centrale ou orientale, simplement parce que la distribution du revenu y est plus inégalitaire.
Autre limitation partagée par l’approche absolue, le taux de pauvreté ne rend pas compte de la situation des plus pauvres d’entre les pauvres, même si d’autres indicateurs comme l’intensité de la pauvreté peuvent compléter la vision obtenue à partir des taux10.
Il existe quand même des seuils pour qu’on puisse mesurer le dégrée de pauvreté d’un pays ou d’un individu.
Détermination des seuils de pauvreté
La détermination de ce seuil fait appel à des techniques particulières comme la réalisation d’enquêtes sur le revenu ou sur la consommation des ménages (les enquêtes budget-consommation), la détermination d’un panier de biens de référence, le calcul des parts de consommation pour chaque catégorie de personnes (on établit ainsi une échelle d’équivalence octroyant des pondérations différentes aux enfants et adultes pour tenir compte des économies d’échelle au sein d’un même ménage), etc.
Différents seuils peuvent être envisagés selon la forme de pauvreté que l’on souhaite mesurer :
-Le seuil de pauvreté extrême correspond à la valeur du panier de biens alimentaires qui fournit le nombre minimum de calories nécessaires à la survie d’un individu ou d’un ménage. C’est pour un certain caractère objectif à ce seuil qui permet de délimiter les situations d’indigence.
-Le seuil de pauvreté absolue étale ce seuil extrême en rajoutant, au coût de ce minimum calorique, les dépenses liées aux besoins essentiels non alimentaires comme le logement, le transport et l’habillement. Ce seuil de pauvreté absolue est calculé dans la plupart des pays du monde et, notamment, dans les pays en situation d’insécurité alimentaire.
-Face à ce seuil de pauvreté absolue, on oppose un seuil de pauvreté relative qui est fixé non pas sur une norme de consommation, notamment alimentaire, mais en fonction de la distribution du niveau de vie au sein d’une société donnée. Le seuil retrace alors le niveau de vie minimum qui est socialement toléré par cette société. Ainsi, au sein de l’Union Européenne, le seuil de « pauvreté relative » est fixé à 60 % du revenu équivalent médian de chacun des pays membres de l’Union. Dans d’autres pays, il est fixé comme un pourcentage de population, par exemple les 10 % les plus pauvres.
La conception absolue de la pauvreté permet une approche plus objective de la pauvreté et des études statistiques plus précises pour identifier les populations les plus démunies. Elle se base sur des besoins fondamentaux parfaitement déterminés. De son côté, la pauvreté relative exprime l’idée que la pauvreté est fonction de l’environnement dans lequel l’individu vit. Le pauvre est alors celui qui n’a pas les ressources pour vivre selon le mode de vie reconnu comme décent par la société à laquelle il appartient. Cependant, la fixation du seuil relatif est arbitraire et est souvent fonction des préoccupations politiques dans le pays considéré, si bien qu’elle rend difficile les comparaisons internationales.
-Face à ces seuils de pauvreté mesurés objectivement (dans les cas extrême et absolu) ou bien fixés arbitrairement (dans le cas relatif), on oppose le seuil de pauvreté subjective qui considère la perception subjective qu’ont les individus de leur propre situation au sein de la société. Ce seuil se détermine par un consensus social à l’issue d’une enquête qualitative effectuée auprès des membres de la société considérée. Dans les faits, de fortes disparités peuvent apparaître entre le niveau de pauvreté évalué de manière objective et celui qui est ressenti par les individus. Des disparités qui s’expliquent par deux phénomènes. D’une part, la perception n’est pas la même selon qu’on est en période de croissance ou en période de crise.
D’autre part, le niveau d’inégalité qui parcourt la société influe sur la perception de sa propre pauvreté, la pauvreté subjective s’accroissant relativement à l’augmentation des inégalités. En fait, la pauvreté subjective consiste donc à évaluer les perceptions des ménages qui ont été soumis à des enquêtes et qui répondent à des questions relatives à leur situation. Par exemple : le fait de pouvoir épargner, ou de devoir se servir de ces réserves, ou de disposer de la somme minimale nécessaire. Cette démarche permet de savoir quels sont les besoins que les ménages jugent nécessaires et quels sont ceux, qui à leur avis, sont un signe de pauvreté. C’est une approche qui comporte des inconvénients car les questions posées doivent être appropriées au contexte.
Sur la base de ces seuils, on élabore une série d’indicateurs de pauvreté qui indiquent l’incidence de la pauvreté (c’est-à-dire le nombre de pauvres et le taux de pauvreté), l’intensité de la pauvreté (somme des écarts au seuil de pauvreté), et l’inégalité parmi les pauvres. En s’appuyant sur ces indicateurs, on peut avoir une idée des montants qu’il conviendrait de dépenser pour permettre aux pauvres de se hisser au niveau du seuil de pauvreté.
En suivant l’évolution de ces indicateurs dans le temps, on peut déterminer les probabilités d’entrer dans la pauvreté ou d’en sortir, voire d’y retomber11.
Descriptions de la Pauvreté selon le PNUD et la Banque Mondiale
Le PNUD ne définit pas officiellement la pauvreté monétaire, mais l’évoque. C’est la pauvreté humaine qui est mise au coeur de l’analyse et celle-ci est liée à la notion de développement humain inspiré des travaux d’Amartya Sen (Prix Nobel d’Economie en 1998) : le développement humain représente l’élargissement des possibilités et des choix offerts aux individus.
Ainsi le PNUD privilégie une approche multidimensionnelle où la pauvreté humaine est définie comme étant « la négation des opportunités et des perspectives fondamentales sur lesquelles repose tout développement humain : vivre une vie longue, saine, constructive, et jouir d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du respect de soi-même et d’autrui. » 21 selon le PNUD.
La Banque Mondiale reconnait les différentes facettes de la pauvreté : sa dimension multiple n’est pas négligée. Elle explique que l’étude des domaines comme la santé, l’éducation, la vulnérabilité, le manque de pouvoir et le manque de parole sont particulièrement nécessaires pour appréhender la pauvreté dans toute sa complexité22.
Par ailleurs, on a à consulter plus de détails de la pauvreté dans la section suivante pour bien illustrer cette misère.
L’approche par les besoins de base
Cette approche met en avant l’identification des besoins communs à tous les êtres humains nécessaires pour atteindre une certaine qualité de vie. Ces besoins sont des besoins de base tels que l’éducation, la santé, l’hygiène, l’assainissement, l’eau potable et l’habitat. En effet une personne est considérée comme pauvre lorsqu’elle ne satisfait pas ses besoins de base par rapport à un certain standard de vie. Un des inconvénients de cette approche est la définition même des besoins de base qui comme la pauvreté reste assez relative.
L’approche par le cumul de privations
C’est une méthode qui consiste à l’analyse d’une source homogène, par exemple : des enquêtes ponctuelles auprès des ménages, pour identifier les individus qui sont privés simultanément de certains biens et services nécessaires pour assurer un niveau de vie « normal ». Suite à ces enquêtes un « score » relatif est construit par rapport à ces privations pour chaque unité statistique. Les pauvres sont les personnes qui ont un nombre de privations récurrentes et fixes. L’inconvénient avec cette approche réside dans la définition de ces biens et services nécessaires et la fixation d’un score minimale23.
Dorénavant, l’approche monétaire de la pauvreté est loin d’être la seule envisageable. Le sociologue anglais Peter Townsend a développé une analyse de la pauvreté en termes de conditions d’existence, ou de privations. Une privation représente une exclusion par rapport au mode de vie dominant, tel qu’il ressort des pratiques sociales. Elle peut concerner le domaine alimentaire, l’habillement, l’habitat, l’environnement, ou plus généralement l’accès à une pratique habituelle et approuvée par la société environnante. La difficulté consiste à définir une liste d’items dont la privation peut représenter un symptôme de pauvreté. On peut néanmoins montrer qu’avec une liste suffisamment large, la frange de la population qui cumule un grand nombre de privations peut être considérée comme pauvre en termes d’existence, assez indépendamment du choix précis des items [Lollivier, Verger, 1997]. Il y a certes recouvrement, mais on est loin de l’identité entre la population pauvre monétairement et celle qui connaît les plus mauvaises conditions d’existence24.
En fait, la pauvreté de conditions de vie ou pauvreté d’existence permet d’ouvrir la pauvreté à d’autres dimensions que les seuls revenus et consommation monétaires. Elle permet de détailler les différentes caractéristiques des biens et services qui sont acquis et consommés, notamment la consommation alimentaire, les soins de santé, les modes d’éducation, les types de logement, etc., tout en se préoccupant de leur qualité. On est dans le cadre des conditions de vie. Si on y rajoute d’autres dimensions comme celles qui portent sur le lien social ou le relationnel, sur les aspirations, sur les croyances et les valeurs, on élargit alors l’analyse aux conditions d’existence. Cette approche multidimensionnelle fait de la pauvreté le résultat d’une accumulation de différents « manques » ou « privations ». Des manques qui sont d’ordre matériel car relatifs à des biens et services (concernant l’alimentation, la santé, l’éducation, le logement, etc.), mais aussi sociaux (à travers les formes d’isolement ou d’exclusion), voire culturels (avec la non-reconnaissance des identités) ou même éthiques (comme la non-reconnaissance de certaines valeurs). L’Union Européenne considère ainsi comme pauvres « les personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre où elles vivent » d’après le Rapport du Conseil des ministres du 19 décembre 1984. Cette vision de la pauvreté, en mettant l’accent sur la relation du pauvre au contexte social dans lequel il vit, encourage à considérer les facteurs sociaux qui déterminent la pauvreté.
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Table des matières
PARTIE I- CONCEPT THEORIQUE DE LA PAUVRETE
CHAPITRE I- La pauvreté économique et monétaire
Section I- Approche monétaire ou de revenu de la pauvreté
Section II-Les définitions de la Pauvreté absolue et la Pauvreté relative
2-1- La Pauvreté absolue et la Pauvreté relative selon le PNUD et la Banque mondiale
2-2- Relations entre la pauvreté absolue, relative et indicateurs de la pauvreté
Section III- Détermination du seuil de pauvreté
CHAPITRE II- Autres dimensions de la pauvreté
Section I- Approches par les « capabilities » d’Amartya Sen
Section II- Approches par les « biens premiers » de John Rawls
Section III- Description de la Pauvreté selon le PNUD et la Banque Mondiale
Section IV- Autres approches de la pauvreté
4-1- L’approche par les besoins de base
4-2- L’approche par le cumul de privations
PARTIE II- EVOLUTION DE LA PAUVRETE HUMAINE A MADAGASCAR
CHAPITRE III- Facettes de la pauvreté monétaire
Section I- L’évolution de la pauvreté humaine suivant les indices de pauvreté
1-1- Evolution de la pauvreté humaine à travers l’IPH à Madagascar
1-2- L’évolution de la pauvreté humaine suivant l’IDH de Madagascar
Section II- Intensité de la pauvreté à Madagascar
CHAPITRE IV- Autres dimensions de la pauvreté humaine à Madagascar
Section I- Madagascar selon les critères de la pauvreté humaine
Section II- Situation de Madagascar selon les organismes internationaux
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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