L’évaluation et le rôle social de l’archiviste
Introduction
Les 7, 8 et 9 janvier 2015 des terroristes revendiqués djihadistes de l’État islamique prennent pour cible la rédaction du journal Charlie Hebdo, des policiers et une supérette cacher, tuant ainsi dix-sept personnes à Paris.
Malgré la violence de l’attaque et la mise en place du plus haut niveau d’alerte du plan Vigipirate, des milliers de citoyens ont ressenti le besoin de venir se rassembler silencieusement dans les rues et sur les lieux des drames dès le soir du 7 janvier. Une marche officielle de soutien aux victimes est alors organisée par les autorités le 11 janvier suivant, invitant tout le pays à se joindre à ce rassemblement républicain.
Ces événements de janvier 2015 sont aujourd’hui comparés au 11 septembre 2001 qui résonne encore dans les esprits. À présent, les élans de solidarité se multiplient en même temps que les attaques terroristes et constituent une nouvelle forme d’expression collective représentative de notre société actuelle.
Découlant des marches républicaines, les dépôts d’hommages sur la voie publique sont un phénomène récent mais pas tout à fait nouveau. La commémoration des défunts a toujours été publique mais l’édification de mémoriaux éphémères post-attentats est exceptionnelle dans son ampleur.
Face à l’accumulation des messages, et autres objets déposés, certaines communes ont pris conscience de leur importance historique pour la société du XXIème siècle. Ainsi, les archivistes municipaux de Toulouse, Rennes et Saint-Étienne ont procédé à des collectes partielles de ces documents dans leur commune respective afin de garder une trace de cet élan de solidarité inédit.
La particularité de ces collectes est qu’elles concernent des documents dont la nature et la provenance n’ont jamais fait l’objet d’un traitement archivistique en France. Ailleurs dans le monde, le mémorial de Ground Zero en 2001 et celui de Madrid en 2004 ont déjà fait l’objet d’une conservation des hommages mais avec toutes les particularités qui leur incombent.
C’est alors une collecte et un traitement inédit qui sont opérés sur ces fonds particuliers. Les archivistes ont tenté de répondre à des problématiques archivistiques auxquelles ils n’avaient jamais été confrontés auparavant.
Les villes de Toulouse, Rennes et Saint-Étienne sont les seules à avoir conservé les hommages aux victimes dans leur service d’archives municipales.
À travers une étude comparative de ces trois services nous voudrions étudier pourquoi différentes pratiques archivistiques ont été appliquées sur des documents pourtant issus d’un même contexte de production, et comment les archivistes ont réussi à rendre pérenne ce mouvement social éphémère.
La réaction nationale et le rôle de l’archiviste face à l’attaque
Tous les services d’archives qui ont fait la collecte des hommages ont été confrontés à une première et même réflexion : comment collecter ces hommages menacés par les intempéries, sans perturber le processus de deuil ? En effet les documents ont été déposés peu de temps avant la collecte et leur présence était nécessaire à l’existence d’un lieu de recueillement.
Toute la réflexion des autorités municipales et des services d’archives a consisté à réduire progressivement l’emprise des mémoriaux sur l’espace publique en prenant soin d’éviter les réactions négatives des usagers.
Nous voudrions ici présenter le processus d’élévation des mémoriaux éphémères qui constituent le contexte de création des documents, donner une approche sociologique des messages à travers l’étude des documents concernés, et enfin comprendre les enjeux de l’évaluation à travers un historique de la réflexion archivistique.
Les mémoriaux éphémères
En janvier 2015 la constitution de mémoriaux éphémères s’observe à travers la France devant les mairies, les préfectures, sur les places publiques, sur les lieux du drame, etc. À travers les quelques études sociologiques disponibles, nous examinerons ces lieux, puis l’élan de solidarité des français caractérisé par les rassemblements, et enfin la symbolique des écritures exposées. Cette mise en lumière du contexte de création des documents nous permettra de comprendre pourquoi la collecte des hommages a été si délicate.
L’élan de solidarité
Les rassemblements du 11 janvier 2015 sont considérés comme la plus grande manifestation de l’histoire sociale de France avec près de quatre millions de personnes recensés dans les rues1. On peut donc se demander pourquoi les Français ressentent le besoin de se rassembler après un tel événement. Selon Gérôme Truc, les rassemblements témoignent de l’appartenance des manifestants à sentiment commun, celui du deuil et de l’indignation.
Les esprits retiennent aujourd’hui la date du 11 janvier 2015 car elle est celle d’un rassemblement organisé par les partis politiques et quelques associations appelant à une « marche républicaine ». Mais des rassemblements moins formels se sont formés dès le soir des attentats et plusieurs jours après et c’est peut-être un des aspects les plus importants de l’élan social post-attentat.
En effet, les rassemblements sont avant tout des actes improvisés résultant de l’initiative d’individus ressentant le besoin de rendre hommage.
De plus, ils paraissent dépourvus d’un caractère politique qui en font moins des manifestations que des « rituels de deuil collectif »2. Le sentiment d’indignation s’exprime en sortant sur la voie publique avec d’autres personnes qui partagent la même émotion.L’ampleur du rassemblement renvoie une image positive forte qui renforce le sentiment d’intégration sociale et permet de faire face à la catastrophe.
L’étude du contenu des messages montrera que le sentiment d’appartenir à un même groupe social ne se limite pas à celui des Français, cela peut être aussi celui des policiers, des journalistes, des Parisiens, etc. Gérôme Truc souligne que la « conscience de groupe » ne va pas de soi3. Le sentiment d’appartenance au groupe tient dans le fait de se sentir concernés mais c’est un sentiment qui ne dure pas, qui n’est pas stable ; le sociologue préfère donc parler de « public » plutôt que de « communauté ».
La formule « Je suis Charlie » est en elle-même la preuve que le public est constitué d’individus singuliers se sentant concernés à titre personnel. Les différents dérivés du slogan sont en revanche plus significatifs de l’appartenance à un groupe identifiable et montrent que les réactions se font à plusieurs échelles : « Je suis policier », « Je suis journaliste », etc. Un autre message que celui du partage de la douleur se fait sentir à travers ces rassemblements, c’est celui de l’attachement à la liberté d’expression. Même si certains n’approuvent pas la politique éditoriale de Charlie Hebdo et se manifestent par « Je ne suis pas Charlie », la liberté d’expression est une « valeur cardinale de la République, constitutive de la culture et de l’histoire de la France »1, ce qui donne aux attentats une dimension à la fois politique et idéologique.
L’objet en question
Une étude de la collecte des hommages ne pouvait se faire sans une présentation des documents eux-mêmes, avant qu’ils ne deviennent archives. Notre étude se fonde essentiellement sur les travaux réalisés par le groupe de chercheurs du projet REAT2, notamment autour de la production des hommages, de leur signification et de leur prolifération sur internet.
Entre conformisme et diversité
La participation aux marches républicaines n’implique pas forcément un dépôt d’hommages alors les sociologues se sont intéressés à cet acte constitutif des mémoriaux éphémères. La méthode de « l’observation participative »1 consiste en une observation des pratiques et en un dialogue avec les acteurs du mémorial de la Place de la République. Ils ont cherché à comprendre pourquoi et comment les gens venaient se recueillir et déposer parfois des hommages. Les résultats de leur étude montrent que l’action de déposer fait plus sens que le message lui-même et qu’à cet instant l’aspect collectif prend le pas sur l’individu.
Ce dernier se sent en effet associé à l’événement historique par son geste mais a conscience de se placer dans un processus collectif plus vaste. C’est la masse des hommages qui attire l’oeil du passant et donne aux messages leur raison d’être vu et lu, tel que le souligne Béatrice Fraenkel. Le message est alors une production sociale puisque même si les réactions face aux attentats sont différentes (soutiens aux terroristes, indignation face à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo, etc.)
les hommages répondent à un certain conformisme social (soutiens aux familles des victimes, défense de la liberté d’expression et messages de paix), ce qui n’est pas le cas sur internet par exemple. La question reste alors de savoir de quoi ces messages sont-ils le reflet s’ils ne rendent pas compte des différentes réactions2. Avec toutes nos précautions nous pourrions suggérer qu’un premier élément de réponse réside dans la composition même des rassemblements qui ont conduit à ces dépôts.
En effet, les personnes qui ont manifesté se sentaient indignées et concernées, donc représentaient déjà une catégorie de population particulière et cohérente dans sa volonté de soutenir les victimes. Sur les réseaux sociaux la prise de parole est par exemple beaucoup plus large, n’hésitant pas parfois à féliciter les terroristes. Les messages ne seraient alors que le reflet d’une partie de la société, la plus grande certes mais pas la seule.
L’individualisation du message dans l’acte collectif
Même si la formule « Je suis Charlie » est redondante, notamment l’image de Joachim Rocin imprimée en blanc sur fond noir, le message qu’il véhicule reste propre à chacun, il reste individuel et est parfois accompagné de messages personnels. C’est d’ailleurs cette notion d’individualisation qu’étudie Gérôme Truc.
Il constate que puisque notre société est individualiste le « je » a prit le pas sur le « nous » 1. Quelques minutes après l’attaque contre Charlie Hebdo Joachim Rocin, directeur artistique du magazine Stylist, publie sur Twitter cette image en noir et blanc qui va envahir la toile et les rassemblements. Cette diffusion fulgurante s’explique peut-être par son caractère sobre et solennel qui correspond aux normes du deuil et de la commémoration en occident.
De plus, la signification de ces trois mots est très complexe à saisir mais l’auteur explique qu’elle sert à exprimer ses sentiments, ainsi chacun peut se l’approprier. Maëlle Bazin explique que le verbe « être » conjugué à la première personne du singulier témoigne d’une réalité et d’une subjectivité assumée.
Le verbe « être » rend la formule encore plus lourde d’empathie1 car il est associé au prénom « Charlie » qui fait référence à la fois aux victimes, au monde journalistique, et à la société personnifiée. L’individualisation du message passe également par sa réappropriation matérielle et graphique d’où la grande diversité des messages : « […] l’autographie suffit à faire de son message un texte individuel […] »2.
Le web : un autre objet d’étude
En novembre 2015 le CNRS a lancé un appel à projets de recherche sur les « questions posées à nos sociétés par les attentats et leurs conséquences, et ouvrant la voie à des solutions nouvelles »1. À la suite de quoi de nombreux projets dans différents domaines ont vu le jour. Le premier qui a retenu notre attention est le projet REAT (La réaction sociale aux attentats : sociographie, archives et mémoires) mené par Gérôme Truc et rattaché à l’Institut des Sciences sociales du Politique2.
Ce projet est à l’origine des réflexions sur les mémoriaux éphémères et de la journée d’étude du 18 janvier 2017, « De la rue aux archives : les hommages aux victimes des attentats ». Un des trois axes de recherche du projet est d’ailleurs consacré à l’étude des hommages aux victimes déposés sur la voie publique grâce aux travaux de Maëlle Bazin. Le second, le projet ASAP (Archives Sauvegardes Attentats Paris), s’est quant à lui donné pour objectif de collecter les réactions sociales sur le web en partenariat avec les équipes de la BNF et de l’INA dépositaires du dépôt légal du web3.
Internet est un outil à part entière pour s’exprimer. Par exemple, le réseau social Twitter a enregistré trois-millions-cinq-cent-mille fois l’hashtag « jesuischarlie » en deux jours. Le web est en effet une opportunité d’expression pour les populations généralement peu visibles dans l’espace public que couvrent les médias traditionnels et on assiste à une pluralité des formes d’expression4.
Contrairement aux messages déposés sur les mémoriaux urbains les opinions sont plus variées sur les réseaux sociaux tels que les trending topics5 #jenesuispascharlie, #jesuiskouachi, etc., alors qu’aucun message de haine et de soutien aux terroristes n’a été déposé dans les mémoriaux étudiés précédemment. Si la formule « Je ne suis pas Charlie » est présente sur les mémoriaux elle s’accompagne d’un message de soutien aux victimes tel que « [..] mais je suis son ami » par exemple.
Dans ce cas précis la prise de parole condamne bien les attentats et assure le soutien aux victimes mais exprime son opposition à la ligne éditoriale du journal. Internet est donc le lieu d’une expression décomplexée, qui s’expose sans tabou voire sans limite, et qui ne correspond pas au consensus social que l’on retrouve lors des marches républicaines et sur les mémoriaux.
Alors que sur les lieux de recueillement les débats n’ont pas lieu d’être en raison de leur caractère sacré, nous pouvons assister sur le web à de véritables débats politiques et idéologiques qui donnent aux messages virtuels une dimension différente de celle des hommages étudiés ici, et en font des objets d’étude à part entière.
L’évaluation et le rôle social de l’archiviste
La collecte de ces objets et documents a soulevé de nombreuses questions archivistiques que nous étudierons dans la deuxième partie. Il semble pourtant nécessaire d’aborder ici l’une d’entre elles, l’évaluation, qui questionne le rôle social de l’archiviste depuis la naissance de la discipline.
Face aux revendications des historiens voulant un plus large accès aux documents malgré l’espace de conservation disponible trop étroit pour y répondre, les théoriciens de la discipline débâtent sur les méthodes d’évaluation depuis les années 1920. La réflexion autour de l’évaluation doit aboutir à la définition des besoins de la société et à la théorisation de méthodes pour y parvenir.
La théorie de Hans Booms sur l’ordre social est sans doute la plus significative car les recherches actuelles s’en inspirent toujours1. C’est pourquoi nous l’expliquerons après avoir présenté la réflexion allemande du XXème siècle.
Pour finir, nous dresserons le tableau de la pratique canadienne qui nous aidera à comprendre celui de la France aujourd’hui.
Cet état des lieux de la réflexion et de la pratique archivistique ne se veut en rien exhaustif car nous avons, par exemple, occulté les réflexions américaines et britanniques qui ont également participé à l’élaboration des pratiques contemporaines.
La théorie de l’ordre social
Hans Booms, président des Archives Fédérales d’Allemagne en RFA, s’oppose vivement à la vision socialiste et marxiste de ses collègues de la RDA en réfutant toutes les propositions et théories énoncées jusque dans les années 1970, moment où il écrit l’article intitulé « Gesellschaftsordnung und Überlieferungsbildung. Zur Problematik archivalischer Quellenbewertung », traduit par Barbara Roth en 20011.
Cet article s’attache à démontrer pourquoi les théories socialistes ne peuvent répondre aux besoins de la société, et à proposer sa propre théorie qu’il appelle « l’ordre social ». Cette vision est essentielle à la compréhension des différentes approches actuelles que nous présenterons plus loin, au Canada notamment.
Cette théorie s’oppose à la méthode fonctionnelle car elle met en doute évaluation en fonction des missions et de la place hiérarchique des administrations productrices, et elle se fonde sur la pertinence du contenu des documents.
L’archiviste doit se préoccuper de l’ensemble des intérêts de la société car les archives doivent en être le reflet. Puisqu’elle ne cesse d’évoluer elle doit être le fondement de l’évaluation et c’est à partir du processus social que doivent être définis les critères de valeur. La théorie de Hans Booms formule trois grands principes : une connaissance approfondie de l’archiviste sur l’organisme producteur, la concentration d’un maximum d’information dans un minimum de documents, et l’établissement d’une échelle de valeur contemporaine à la période de création du document. Pour élaborer cette échelle de valeur l’archiviste doit échelonner les événements historiques en fonction de leur signification sociale.
En effet, avec le recul et son regard d’historien il peut déterminer quels sont les événements qui ont eu plus ou moins d’impact sur la société et donc distinguer les documents qui font le plus état de ses phénomènes pour les conserver. Hans Booms appelle l’échelonnement des événements « le plan de documentation ».
Ce dernier n’est autre que l’analyse historico-politique de la société contemporaine aux documents alors que l’archiviste vit lui-même dans un contexte socio-politique différent dont il se fait ses propres représentations et opinions.
Ce plan lui permet donc de réduire au maximum sa subjectivité. L’intérêt est aussi de pouvoir le présenter à la société qui y exerce un droit de contrôle pour le discuter et le publier.
Le mémorial éphémère devient permanent
Les services d’archives municipales de Rennes, Toulouse et Saint-Étienne ont tous collecté les hommages déposés sur les mémoriaux éphémères de leur commune avant même de réfléchir à leur traitement archivistique.
Cette étude comparative a pour objectif de dresser dans un premier temps l’état d’esprit des archivistes et des élus municipaux face à ces interventions délicates et urgentes, puis d’étudier les réponses apportées par chaque service aux questionnements archivistiques, enfin de présenter les différentes politiques de valorisation des fonds constitués.
Communiquer avant d’agir
La médiation autour de la collecte met en scène trois acteurs distincts : la mairie, le service d’archives et le public. Les mairies communiquent aussi bien avec les services d’archives qu’avec le public et se positionnent comme les intermédiaires entre les deux. Puisque la décision peut venir du service d’archives ou de la mairie, les dialogues entre les deux institutions ne se sont pas opérés de la même manière dans chacune des trois communes. Les différents entretiens menés ont mis à jour la responsabilité importante des élus municipaux et nous donnent l’occasion de nous pencher sur la communication entre ces deux acteurs qui constitue la première étape de la collecte.
En effet, la mairie de Rennes a lancé les discussions avec le service des archives par l’intermédiaire de Romain Joulia qui a reçu la demande officielle de prendre en charge les documents par le directeur de cabinet de la maire3. Quant à Cyril Longin à Saint-Étienne, il a lui-même contacté le service communication de la mairie puis le cabinet du maire pour prévenir de l’intervention du service des archives.
Lors de l’entretien qu’il nous a consacré il a rappelé le rôle essentiel des élus pour donner leur accord puis pour mettre en place la collecte en raison de sa dimension symbolique et politique1. Dans les trois villes c’est en effet la mairie qui a donné son autorisation et défini la date de la collecte, faisant des archivistes des exécutants de la décision municipale. Le processus de dialogue entre les deux institutions s’est fait plus ou moins rapidement dans les trois villes, ce qui explique que les collectes ne se soient pas faites le même jour.
Conclusion
La collecte des hommages aux victimes des attentats a été l’occasion de remettre en cause les pratiques professionnelles des archivistes. C’est un exemple du dynamisme de la réflexion archivistique au sein des services.
À travers l’étude des mémoriaux nous avons compris qu’ils n’étaient pas nouveaux dans le paysage urbain mais que les circonstances de leur édification et la teneur des messages déposés étaient inédites en France.
Malgré la grande diversité des supports et des contenus visant à personnaliser chaque message, l’ensemble documentaire témoigne d’un mouvement commun de solidarité face à la douleur des événements. C’est dans ce contexte de production particulier que les archivistes ont procédé à des collectes inédites. L’urgence de la collecte face aux risques de détérioration est ordinaire pour les professionnels des archives, mais l’évaluation qui a été faite sur ces ensembles documentaires n’avait jamais été observée auparavant. Dans la mesure où seulement trois villes ont lancé un tel processus de conservation, nous pouvons comprendre que l’identification des enjeux mémoriels et historiques des documents n’a pas été évidente dans tous les services d’archives.
Il en va de même pour la réflexion archivistique et l’usage potentiel de ces documents. À Toulouse, Rennes et Saint-Etienne, le statut juridique attribué à chacun de ces ensembles montre que le processus de traitement n’a pas été abordé de la même manière par les trois services. Depuis l’identification de l’entité versante jusqu’à la mise en ligne des numérisations, chaque service a mûrement réfléchi au traitement archivistique le plus approprié en fonction de ses objectifs de valorisation. Par exemple, la réflexion est plus aboutie à Toulouse qu’à Saint-Etienne car le service s’est donné pour objectif de rendre pérenne le mémorial du Capitole sur le site internet des archives municipales, alors qu’à Saint-Étienne l’intérêt de la communication était moindre.
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Table des matières
INTRODUCTION
LA REACTION NATIONALE ET LE ROLE DE L’ARCHIVISTE FACE A L’ATTAQUE
1. Les mémoriaux éphémères
2. L’objet en question
3. L’évaluation et le rôle social de l’archiviste
BIBLIOGRAPHIE
ÉTAT DES SOURCES
LE MEMORIAL EPHEMERE DEVIENT PERMANENT
1. Des interventions délicates, inédites et urgentes
2. La pratique archivistique
3. Valoriser les fonds et la pratique archivistique
CONCLUSION
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