L’evaluation du carbone stocké
Durabilité de la ressource arborée
La ressource arborée est utilisée pour différents usages tels que les productions ligneuses (bois de feu, bois d’œuvre) et non ligneuses (fruits, fourrages, pharmacopée). Différents groupes d’usagers peuvent être distingués pour une même ressource : les Peul qui prélèvent essentiellement des fourrages, les Mafa qui utilisent et commercialisent le bois et les Laka qui prélèvent principalement les fruits du karité pour la transformation en beurre. D’après les inventaires réalisés en 2000 par l’E.N.G.R.E.F. sur l’ensemble du territoire villageois, les espèces qui ont été émondées pour une raison ou une autre sont les suivantes : Burkea africana, Daniellia oliveri, Vitellaria paradoxa, Afrormosia laxiflora et Terminalia glaucescens. Sur les terres des Peul, l’importance du piétinement occasionné par les troupeaux empêche la régénération des arbres. Chez les autres ethnies, elle est limitée par le labour attelé et le sarclage. Ainsi, les classes d’arbres de petits diamètres sont absentes à l’exception des bandes anti-érosives où les arbres sont relativement protégés. D’autre part, le prélèvement excessif des différents produits issus des parcs arborés conduit à une constante diminution de la ressource arborée. La durabilité des parcs arborés est donc remise en question par l’augmentation de la pression démographique et par une mauvaise gestion.
L’arbre au centre de négociations entre groupes d’intérêts
Différents intérêts et modes de gestion propres à chaque ethnie gravitent donc autour de la ressource arborée. A l’occasion de précédents voyages d’étude de l’E.N.G.R.E.F., en particulier en 2002, des négociations ont eu lieu entre les différents groupes concernés (éleveurs, agriculteurs, récolteurs) pour la mise en place d’une gestion communautaire durable des brousses et des parcs à karité.Une des issues négociées était un émondage des karités tous les huit ans afin de satisfaire les différents usagers (Peltier, communication personnelle). Cependant, il est important de noter que la pratique de l’émondage, en particulier des espèces protégées, est interdite par la loi. Des contrôles sont réalisés par des agents des Eaux et Forêts pendant la saison sèche et ceux-ci verbalisent parfois les contrevenants. Seule la mise en place effective d’une forêt communautaire pourrait légaliser ce type de gestion.Dans cette situation de ressource limitée, la valorisation de l’arbre paraît indispensable pour l’avenir des parcs arborés.
M.D.P. : un mécanisme de promotion de l’arbre ?
Dans le cadre de la coopération internationale de lutte contre le changement climatique (convention cadre de Washington), et suite au protocole de Kyoto (1997), trois mécanismes de lutte contre le réchauffement climatique ont vu le jour.Tout d’abord, les permis d’émission négociables (P.E.N.) correspondent à un programme qui permet de vendre ou d’acheter des droits à émettre entre pays industrialisés. Puis, la mise en œuvre conjointe (M.O.C.) qui permet aux pays développés de procéder à des investissements visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de leur territoire national et de bénéficier des crédits d’émission générés par les réductions ainsi obtenues. Enfin, le mécanisme de développement propre (M.D.P.), proche du dispositif précédent, à la différence que les investissements sont effectués par un pays développé, dans un pays en développement.Dans le cadre des projets M.D.P., trois volets devraient permettre de réaliser des investissements dans les pays dits de l’annexe B (pays en développement ayant ratifié le protocole de Kyoto) pour la première période d’engagement qui s’effectue de 2008 à 2012.
En ce qui concerne le M.D.P., seules les actions de substitution d’énergies fossiles par de la biomasse et les actions de séquestration par boisement et par reboisement sont éligibles pour la première période d’engagement. Les activités de conservation des massifs forestiers, les plantations à usages multiples, l’agroforesterie et les reboisements sur terrains dégradés ne sont notamment pas éligibles pour la première période d’engagement mais pourraient l’être, lors de la seconde période qui débutera en 2012.Les M.D.P. constituent donc une source de financement pour des actions de promotion de l’arbre dans les systèmes agraires dégradés en zone soudanienne et peuvent participer à la lutte contre la désertification. Ainsi, pour la seconde période d’engagement, il s’agirait d’un mécanisme intéressant, éventuellement mobilisable.
METHODE : PROTOCOLE DE MESURE DU CARBONE CONTENU DANS LA BIOMASSE AERIENNE DES ARBRES
LES OBJECTIFS
Les deux objectifs de l’étude sont la conception et le test d’une méthodologie pour un projet M.D.P., et l’estimation de la durabilité d’un parc à karité.La réalisation d’une méthodologie pour un projet M.D.P., passe d’une part, par la mise en place d’équations allométriques permettant d’évaluer la biomasse stockée dans les troncs et le houppier d’un parc arboré à karité à partir de paramètres simples, tels que le diamètre à hauteur de poitrine ou la surface du houppier et, d’autre part, par le calcul de la production annuelle de biomasse récoltable par émondage (donc sans destruction du tronc et de la majeure partie du houppier), de façon à ne pas avoir à utiliser de l’énergie fossile.Pour cela, notre étude s’attache à la vérification et à l’élaboration de tarifs de biomasse aisément utilisables. Il serait alors possible d’étendre ces calculs à de grandes surfaces grâce à des outils du type système d’information géographique, télédétection et inventaires avec mesures rapides de diamètres d’arbres sur le terrain. L’utilisation de ces équations permettra d’obtenir rapidement et facilement la quantité de biomasse des arbres, soit à partir de leur diamètre à hauteur de poitrine, soit par calcul de leurs surfaces de houppier sur photos aériennes ou images satellites.Tout en réalisant ce travail de mesures purement biométrique, l’équipe s’attache à aider les agriculteurs, les éleveurs et les cueilleurs à trouver une méthode de récolte du bois et du fourrage qui soit productive sur le long terme, ce qui encouragerait tous ces usagers à protéger les arbres existants, voire à en conserver ou à en planter d’autres, au lieu de les détruire progressivement comme cela est encore le cas.
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Table des matières
SOMMAIRE Introduction
1 Contexte
1.1 Le village de Mafa Kilda
1.1.1 Situation géographique et administrative
1.1.2 Milieu naturel
1.1.3 Milieu humain
1.1.4 Contexte socio-économique
1.2 La problématique
1.2.1 Durabilité de la ressource arborée
1.2.2 L’arbre au centre de négociations entre groupes d’intérêts
1.2.3 M.D.P. : un mécanisme de promotion de l’arbre ?
2 Méthode : protocole de mesure du carbone contenu dans la biomasse aérienne des arbres
2.1 Les objectifs
2.2 Choix du matériel végétal émondable
2.3 La pratique d’émondage
2.4 Estimation de tarifs de biomasse
2.4.1 La biomasse humide émondée (Mh E)
2.4.2 La biomasse humide non émondée (Mh non E)
2.5 Le stock de carbone contenu dans le compartiment aérien non émondé
2.6 La productivité en bois émondable
2.7 Estimation de tarifs de biomasse
2.8 Estimation de la biomasse totale moyenne
2.9 Analyse des traitements de données
3. Résultats
3.1 Élaboration d’un tarif de biomasse pour les compartiments branches
3.2 Estimation de tarif de biomasse
4 Analyse
4.1 Les mesures de poids
4.2 L’estimation de la masse volumique
4.3 Recherche d’un model plus ajusté pour le tarif des branches
4.4 La productivité raméale
4.5 L’evaluation du carbone stocké
5. Discussion
5.1 Élaboration d’un tarif de biomasse pour la mise en place de MDP : Une nécessité d’affiner les tarifs de biomasse présents dans la littérature
5.2 Entre M.D.P. et pratiques paysannes
Conclusion
Annexes
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