VOYELLES DU MALGACHE
Nous présentons les seules voyelles simples du malgache. La raison en est que les diphtongues malgaches s’assimilent le plus souvent aux voyelles simples de la langue ; de plus, ces diphtongues sont composées des voyelles simples. L’indonésien présente le même inventaire que le malgache. Du point de vue de l’aperture, les voyelles possèdent les propriétés [+fermé], [+ouvert] et [-fermé, -ouvert]. On peut appeler celles qui ont cette dernière propriété voyelles d’aperture moyenne. Du point de vue du point d’articulation, les voyelles [i, e] sont des voyelles d’avant ou voyelles antérieures parce qu’elles se réalisent avec la partie antérieure de la langue ; en tout cas, la langue se porte en avant au cours de leur réalisation. Les voyelles [o, u] sont des voyelles d’arrière ou voyelles postérieures parce qu’elles se réalisent avec soulèvement de la partie arrière de la langue ; la langue se porte en arrière lors de leur réalisation. La voyelle [a] n’est ni antérieure ni postérieure. Elle est appelée voyelle centrale. La langue reste à plat au cours de sa réalisation.
DES ALTERNANCES DES VOYELLES
Dans cet inventaire des alternances des voyelles, nous donnons d’abord celles des voyelles simples, puis celles des diphtongues. La raison en est qu’en règle générale, les deux ordres des voyelles n’ont pas le même comportement : les simples varient en voyelles simples, les diphtongues alternent le plus souvent avec des monophtongues, bien qu’elles puissent également varier avec des diphtongues. Nous donnons les positions où ont lieu les alternances Nous précisons que nous ne cherchons pas à définir les diphtongues de façon très précise ; elles peuvent se définir soit fonctionnement comme une paire de sons vocaliques qui se comporte comme un phonème, soit phonétiquement comme une voyelle qui change de timbre en cours d’émission et se transforme en autre voyelle. Chaque voyelle se rencontre dans les variantes lexicales du malgache et de l’indonésien comme le montre le tableau suivant : l’initiale, la médiale et la finale. Nous n’avons d’exemple pour la correspondance o ~ o parce que nous opérons dans le cadre de la comparaison entre le malgache classique et l’indonésien. En effet, dans la première langue, le son [o] provient de la contraction de la diphtongue [ua]. C’est ainsi que le mot loatra [luatra] « extraction, trop] se réalise normalement [lotra]. Avec d’autres parlers malgaches, on a des mots contenant le son pur [o] ; ces parlers possèdent des mots où l’on l’observe la correspondance o ~ o, comme par exemple de l’antakarana gôny [goni] « sac » et l’indonésien goni, même sens.
LES MODES DE FORMATION DES COMPOSES
Les modes de formation des composés doivent être examinés en détail. Il nous semble que le mode de formation des mots composés ou composition peut mettre à profit toute concaténation licite d’éléments autonomes de la langue pour générer des mots. Dans les exemples ci-dessus, les composés sont de structure nom + adjectif. C’est l’ordre classique de détermination en malgache, répondant à formule générale selon laquelle le déterminé précède le déterminant. Mais on peut avoir des composés de structure nom + nom comme dans reniala « baobab ». Peut-être qu’on sent l’idée d’arbre dominant dans le terme, mais qu’il s’agisse d’un baobab nain ou géant, le nom générique de l’espèce végétale est bien celui de reniala. Les mots composés peuvent résulter d’une longue suite de mots qui ressemble à une phrase. Une variété de piment est appelée tsilanindimilahy, terme, formé sut le négateur tsy, l’adjectif ou verbe lany « qui peut être consommé » le relateur –n-, l’adjectif numéral dimy « cinq » et l’adjectif ou nom lahy « de sexe masculin ». Il y a lieu de rapprocher les modes de formation des composés en malgache et en indonésien. La même structure déterminé + déterminant est largement employée en indonésien. Elle y engendre aussi des mots composés. Pour certains cas, on est en droit de supposer une sorte de filiation entre des formes composées de l’indonésien et du malgache. Il s’agit peut-être d’une filiation plus ancienne, remontant aux formes de l’austronésien ancien. Tel est le cas de renivohitra « capitale », formé, sur reny « mère » et vohitra « localité » qui a son correspondant terme à terme avec le nom composé indonésien ibu kota « capitale », formé sur le nom ibu « mère » et kota « ville, localité ». Le deuxième cas est constitué par le terme malgache masoandro « soleil », formé sur le nom maso « œil, yeux » et andro « jour » ; sa variante indonésienne mata hari « soleil » est formé sur mata « œil, yeux » et hari « jour ». Ce dernier exemple est d’autant plus remarquable que le terme malgache maso ne vient pas de l’austronésien mais du bantou. C’est donc l’idée que l’un des éléments est un élément de l’autre qui a été appliquée dans la langue malgache sur le modèle de la forme indonésienne ou austronésienne.
CONCLUSION GENERALE
Notre projet de thèse reflète la structure de notre thèse de doctorat. Celle devra comprendre la même compartimentation que la deuxième partie du projet ; mais dans la thèse, les chapitres du projet seront placés au rang de parties. Nous avons posé dans le projet un certain nombre d’interrogations auxquelles nous tâcherons de répondre dans la thèse ; nous avons également avancé des orientations que nous nous efforcerons d’analyser dans la thèse. Ainsi, la thèse contiendra beaucoup plus de détails que le projet, et nous pensons pouvoir des positions bien plus fermes que dans le projet. Nous avons essayé d’avoir des informations précises sur les similitudes et les divergences dans le vocabulaire de la langue malgache et celui de la langue l’indonésienne. Ces précisions touchent les différents domaines de la linguistique : phonique, sémantique et syntaxe. Les précisions seront renforcées dans la thèse. Dans la thèse, nous nous efforcerons de répondre à la question de savoir si les phonèmes du malgache sont de simples variantes de l’indonésien ou ont hérité des sons issus d’autres groupes de langues. On sait que dans la syntagmatisation des mots, des propriétés de la langue malgache sont issues du groupe de langues bantou, comme la nécessité pour les mots malgache de se terminer par une voyelle. Au cas où tous les phonèmes du malgache sont de simples variantes de l’indonésien, cela signifierait que tous les phonèmes de la langue proviendraient de la seule famille de langue austronésienne. Dans le cas contraire, il faudrait savoir de quels groupes de langues le malgache a hérité lesdits phonèmes. On peut supposer que les mi-occlusives ou affriquées comme /ts, dz, tr, dr/ viennent des langues de l’Est africain où ce type de phonèmes abonde alors que les éléments qu’on transcriptions par les mêmes digraphes que ceux qui servent à les rendre en malgache paraissent plutôt être des consonnes à mouillures. Par ailleurs, les combinaisons de mêmes morphèmes qui donnent des phonèmes différents en malgache et indonésiens doivent être imputées à des héritages de groupes de langues différents. Il en serait ainsi des combinaisons du préfixe malgache man- et du préfixe indonésien équivalent meng- avec les mots à initiales /l, r, s/ ; ces combinaisons donnent en malgache respectivement /nd, ndr, n/ alors qu’elles donnent /l, r, ny/ en indonésien.
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIÈRE PARTIE DU VOCABULAIRE COMPARÉ DU MALGACHE ET DE L’INDONÉSIEN
I.0 Généralités
I.1 Étude du vocabulaire sur le plan phonétique
I.1.1 Voyelles du malgache
I.1.2 Les consonnes du malgache
I.1.3 Les consonnes de l’indonésien
I.1.4 Des correspondances de phonèmes
I.1.5 Variations de phonèmes
I.1.5 .1 Des alternances des voyelles
I.1.5 2 Des alternances des consonnes
I.1.5 .2.1 Alternances différenciées des consonnes
I.2- Étude du vocabulaire sur le plan sémantique
I.3 Étude du vocabulaire sur le plan syntaxique
I.3.1 Étude du vocabulaire sur le plan de la morphologie
1.3.2 Des bases
I.3.3 Les mots dérivés
I.3.4 Les mots redoublés
I.3.5 Les mots composés
I.3.6 Les modes de formation des composés
DEUXIÈME PARTIE BIBLIOGRAPHIE COMMENTÉE
II.0 Généralités
II.1 RAJAONA, Siméon
II.2 RABENILAINA Roger Bruno
II.3 DAHL, Otto Christian
II.4 TROUBETZKOY, Nicolaï Serguieievitch
TROISIÈME PARTIE
PLAN DÉTAILLÉ DE LA THÈSE
INTRODUCTION
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
CARTE
LISTE DES TABLEAUX
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