L’étude de l’image en mots

L’étude de l’image en mots

Ethnotype et représentation

En prétendant à l’étude de la représentation de l’ethnotype français, notre travail se trouve en relation directe avec l’analyse de Mr Paul Siblot dans son article intitulé « Représentations de langue et production d’ethnotype » paru in Cahier de praxématique, 1991. Dans son introduction, il écrit : « nous tenons à signaler que notre propos ne concernera pas la réalité de langues […] mais celle de leur mise en scène scripturale »5. Cette mise en scène est pour lui, une réalité métalinguistique. Elle est constituée des images que les usagers se forment des langues. De fait, quoique son étude ressortisse d’ordinaire à la sociolinguistique, il tente au-delà de comprendre la façon dont les représentations de langue peuvent s’investir d’idéologie pour participer au processus d’ethnotypisation. Selon lui, ce dernier est : « processus à travers lequel, se construisent les images collectives et convenues de soi et des autres. »6 Pour notre part, l’ethnotype serait une image que nous nous faisant de l’Autre, de sa langue et plus loin une image que laisse transparaître un auteur dans son oeuvre. Cette image dans le cas d’un texte littéraire peut se manifester de diverses manières à savoir : en mots, en thèmes et en scénario (mythe). Dans notre étude, l’image et ses manifestations seront prises en charge par l’imagologie littéraire. Cette dernière est une discipline qui regroupe l’ensemble des travaux de littérature comparée, consacrés à la représentation de l’étranger. Elle s’intéresse au domaine des relations entre écrivains et pays étrangers, telle qu’elles se traduisent dans les œuvres littéraires. Or, pour élaborer l’image de soi et de l’Autre, l’auteur ne reproduit pas le réel -souvent- mais opère une sélection d’un certain nombre de traits, pour sa représentation de cette altérité (D-H Pageaux). Cette image en texte programmé dans un autre texte, traduit en somme, le projet idéologique de l’auteur.

Par ailleurs, si Paul Siblot a conduit son étude sur les mixages de langues qu’on appelle « Sabir », nous allons pour notre part étudier cette image qui traverse toute la trame de notre texte. Il s’agira de voir en quoi est-ce que cette image est révélatrice des opinions de la culture regardante (Je) sur celle regardée (l’Autre). Or, dès lors qu’il s’agit de la représentation de l’Autre, l’altérité semble au centre de notre intérêt. Son expression, son mouvement et ses diverses formes dans la trame romanesque seront notre principal objet d’analyse. Siblot insiste également sur : « la dialectique du même et de l’Autre qui régit les représentations des langues et des identités collectives »7. Ainsi nous serons amenés à voir comment d’un retour à l’histoire, l’auteur réinvestit l’altérité historiquement déterminée entre l’Algérie et la France. Une image en mouvement que le scénario de l’histoire et le parcours singulier de l’auteur, nourrissent tout au long du récit. Voir également comment la fiction transmute l’imaginaire en écriture, et par là, l’altérité en équilibre et compensation, pour revenir à L. Goldmann, cité par Siblot : « on écrit des romans par compensation, pour assouvir au plan de l’imaginaire les frustrations de la vie réelle »8. Enfin, au-delà des séquences descriptives et narratives nous virons à quel point est-ce que l’idéologie opère dans l’écriture de cette image. Cette dernière selon R. BARTHES cité par PAGEAUX dans son article, n’échappe assurément pas aux pressions socioculturelles et aux rapports de forces entre les deux cultures en question. Il ajoute : « l’oeuvre littéraire est à la fois signe d’une histoire et résistance à cette histoire ».

L’ethnotypisation

Dans le même article, Siblot démontre qu’au-delà des formations discursives, coloniale et exotique, l’Algérianisme comme expression du moi algérien à partir des 1920 continue, paradoxalement à son projet initial, à cultiver l’efficace de l’idéologie coloniale, révélant l’ethnotypisation à l’oeuvre. A ce propos Siblot ajoute : « la représentation linguistique n’est dès lors qu’une composante d’une figuration identitaire […] on relève une expansion de l’Ethnotype. »10. Il montre dans son article, qu’à la représentation exotico-coloniale s’ajoute une autre formulée par le colonisé. Etant donnée que son analyse est ramenée aux deux pôles algérien et français. Le premier est celui du (Même), et le second celui de l’ (Autre). L’ethnotypisation se trouve ici placée sous le signe du racisme et de la domination du Même sur l’Autre. A ce propos Siblot cite A. Memmi selon qui : « la différence est toujours à l’avantage du sujet raciste »

Cependant, dans le cas de notre étude, les rôles se trouvent renversés. Car nous serons ramenés à étudier la représentation de l’ethnotype français dans l’imaginaire algérien, tel qu’il est traduit par la littérature. D’autant plus que ce dernier (le même) écrit dans la langue de cet Autre (l’ex-colonisateur), ce qui rend la tâche plus complexe. Car exceptionnellement, l’ (Autre) dans le cas de notre corpus, se présente au préalable comme composante irréductible de l’expression du (Je) qui écrit en langue française. Plus loin, si l’auteur considère l’ethnotypisation comme simple production de sens, notre tâche serait de voir, selon quelles modalités est-ce que cette production opère dans le texte de Djebar. Donc exploiter l’image qu’en donne dans son texte comme une prise de conscience d’un Je par rapport à l’Autre, dans toute la dimension que la fiction et le fantasme de l’auteur lui en donnent. Enfin, si l’auteur affirme que l’ethnotypisation consiste en un Je qui parle de l’Autre tout en parlant de soi, un mouvement alternatif s’impose. Dès lors, nous étudierons cette image en langage second ou en un système programmé et don la fonction serait selon Pageaux : « dire les relations interethniques, interculturelles […] rêvées entre la société qui parle (et qui regarde) et la société regardée »

Entre territoires des uns et territoires des autres, l’espace du sens Dans cet article paru dans la revue Praxiling Montpellier III, Paul Siblot présente une analyse dans le cadre de la problématique de la production du sens. Cette analyse, se trouve inhérente à notre travail, quoiqu’elle s’élabore dans la conjonction des deus domaines de recherche, à savoir celui de la sémantique lexicale et de l’analyse du discours. Elle porte sur le processus de la production des prototypes, en l’occurrence celui du mot « Casbah ». L’auteur précise que selon les lexicographes, le terme Casbah est entré dans le lexique français, en même temps que l’introduction et la pénétration des troupes française de l’armée d’Afrique dans la ville d’Alger. Il affirme que l’intérêt de ces données historiques et linguistiques, tient au fait qu’elles offrent la possibilité d’une étude des représentations sous lesquelles une réalité étrangère, aux connaissances alors inscrites en langues française, a été discursivement et lexicalement prise en charge.

seconde observation s’affiche sur la définition exacte mais réductrice donnée au mot « Casbah » emprunté. Constat qui implicite, selon la chronologie qu’il propose, le choix d’un programme de sens parmi d’autres possibles. Autrement dit, il montre comment un territoire est lexicalement et discursivement perçu et catégorisé, à partir d’un autre territoire : « un territoire n’est perçu que depuis un autre territoire »15. Ce qui nous offre à lire des séries opposées comme l’exemple : Casbah Vs Ville Il ajoute : « on voit mal l’expansion coloniale reculer devant une extension de sens »16, pour affirmer que ces circonstances dans lesquelles le sens de l’histoire fixe la métonymie dans l’emprunt français, sont fondamentales. Par ailleurs l’emploi et le sens du mot Casbah change et se transforme. C’est alors que l’altérité du référent se voit aussi maintenue comme altérité du signe, lui conférant le sens réduit : d’une maison close, de marginalité, d’une construction biscornue et hors norme. Il montre par des illustrations qu’au-delà de l’élaboration lexicale, l’expression de l’altérité est mieux repérable et connaissable dans les formations discursives. Cette permanence de l’altérité sur les deux plans, il ajoute, indique que le terme ne désigne pas simplement un lieu , Forteresse ou ville fortifiée, mais plutôt un territoire vu depuis un autre territoire, lui conférant,encore une fois, toute son altérité.

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Table des matières

Introduction générale
Première partie : Littérature et représentation de l’altérité chez Assia Djebar
Introduction
Chapitre I : L’état de la question
1.Représentations de langue et production d’ethnotype
1.1. Ethnotype et représentation
1.2. L’Ethnotypisation
1.3. Processus de la catégorisation
2.Entre territoires des uns et territoires des autres, l’espace du sens
3.Des stéréotypes sociaux
3.1. Production et circulation du sens
La sociotypisation
La contre sociotypisation0
4.Ecrire dans la langue de l’autre
4.1. Langue autre ou langue de l’Autre
Le français langue de l’exil
Chapitre II : Théorie et démarche d’analyse
1.De la littérature comparée à l’imagologie
2.L’imagologie littéraire
3.L’image
3.1. L’image et la réalité
3.2. L’image et le stéréotype
4.Les trois niveaux de l’analyse imagologique
4.1. L’image en mots
4.2. L’image en thèmes
4.3. L’image en mythes
Chapitre III : Présentation de l’auteur et du corpus d’étude
1.Aperçu général sur la vie d’Assia DJEBAR
1.1. Assia Djebar, l’irréductible
Parcours et vie
Œuvre et réalisations
2.Ecriture d’Assia DJEBAR, quelques traits
2.1. L’écriture de soi dans la langue de l’Autre
2.2. Ecriture et sens d’une écriture
2.3. Le poids de l’Histoire et/ou l’Histoire comme texte
2.4. Se dire dans la langue de l’Autre
3.La Disparition de la langue française
3.1. Etude du titre
3.2. Présentation du roman  لا
3.3. Structure du roman
Résumé roman
Personnages et liens de surface
Conclusion
Deuxième partie : L’analyse de l’image de l’Autre
Introduction
Chapitre I : L’étude de l’image en mots
1.Représentation et dimension de l’Autre dans le texte
1.1. Stéréotypes et nominations ethniques
1.2. Oppositions onomastiques entre Soi et l’Autre
1.3. Marquage de lieux et topographie spatiale dans le texte
1.4. L’Altérité du Je à l’Autre
2.Représentations de la langue française, langue de l’Autre
2.1. Langue française, langue du viol
2.2. L’écriture, la solitude et l’absence de l’Autre
2.3. La langue comme lieu érotique
2.4. L’amour et l’écriture entre Soi et l’Autre
3.Dialectique de Soi et de l’Autre et structures binaires
3.1. La dynamique entre centre et périphérie
3.2. Aimer dans la langue de l’Autre
4.Fusion et/ou confusion dans l’écriture
4.1. La rencontre des langues et des corps
4.2. Etranger à Soi
4.3. La disparition-mort ou la disparition-naissance
Chapitre II : L’étude de l’image en thèmes
L’exil et/ou la nostalgie
L’ancrage dans l’errance et la recherche de l’identité
La guerre entre mémoire et réalité
L’enfermement et l’écriture
De l’écriture en langue française à la diversité des langues
L’Altérité en thème
Chapitre III : L’étude de l’image en mythes
1.Du mythe à l’oeuvre littéraire
2.De L’Odyssée d’Homère à La Disparition… de Djebar
2.1. D’Ulysse à Berkane
2.2. Du retour d’Ulysse au retour de Berkane
3.L’odyssée comme l’aventure dans l’écriture
3.1. Une odyssée au pluriel
3.2. Du retour tragique au retour du tragique
3.3. Le mythe d’Ulysse en image de Soi et de l’Autre
Chapitre IV : Entre Soi et l’Autre, perception et attitudes
La Phobie et la douleur dans la mémoire
La Manie et l’attachement éperdu à l’Autre
L’Idéologie et le caractère programmé de La Disparition
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie

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