Les verres opaques au cours de l’Histoire

Les verres opaques au cours de l’Histoire 

L’HISTOIRE DES VERRES OPAQUES

Les recherches archéologiques et scientifiques permettent de fixer les premiers jalons de l’histoire du verre. Son origine remonterait aux alentours du 3ème millénaire av. J.C. et il serait apparu en Egypte et au Proche-Orient. Les premiers objets en verre sont opaques et sont des perles et de minuscules amulettes. Ces objets sont produits en très petite quantité à partir d’un « verre » plus ou moins abouti, résultant de la manufacture de la faïence ou de la métallurgie. Le verre ne deviendrait un produit délibéré et plus régulier qu’à partir de 1500 av. J.C.

Le 2ème millénaire av. J.C

Les premiers objets en verre seraient apparus entre le 16ème et 15ème s. av. J.C. en Syrie et en Mésopotamie du Nord. Ce sont essentiellement de petits vases bleus opaques souvent décorés de filets de verre colorés. Ils reproduisent, dans des dimensions réduites, les principales formes de la céramique mésopotamienne de la même époque et sont destinés à une classe de privilégiés. A environ un siècle d’écart, des verres d’une qualité exceptionnelle par la variétés des formes et des couleurs sont fabriqués en Egypte, et constituent la première véritable production verrière (chap.4-II). Des objets en verre opaque sont également produits en Grèce dès le 15ème s. av. J.C. sous le régime mycénien. Ce sont essentiellement des bijoux à l’aspect caractéristique, constitués de perles ou de plaquettes rectangulaires ornées d’une grande variété de motifs décoratifs colorés. Ils étaient exportés tout autour de la méditerranée occidentale sur les voies du trafic égéen.

Le 1er millénaire av. J.C. jusqu’à la période hellénistique 

Malgré quatre siècles d’absence, les anciennes traditions verrières ont survécu et le verre réapparaît progressivement au Proche-Orient au 9ème s. av. J.C., parallèlement au renouveau de la puissance assyrienne. Les verriers du Levant continuent à fabriquer des verres opaques mais commencent à se spécialiser dans la fabrication de verres monochromes translucides. Ainsi, entre le 9ème et 7ème s. av. J.C., on assiste à la fabrication conjointe de verres monochromes quasiment transparents (coupes, cruches, amphores…) et à celle de petits récipients à parfums ou cosmétiques en verre opaque (Figure 1). Au 7ème s. av. J.C., grâce notamment à l’installation dans l’île de Rhodes d’artisans venant du Proche-Orient, cette production de verre opaque a connu un développement plus important, et ces objets, définis comme « mésopotamiens », sont exportés dans tout le bassin méditerranéen et jusqu’à la Mer Noire ou en Gaule. Cependant, le style et la qualité même du matériau sont moins bons que ceux des vases égyptiens du 2ème millénaire av. J.C. Du 5ème au 4ème s. av. J.C, de petits tubes à khôl en verre opaque continuent à être fabriqués en Mésopotamie et dans l’Iran du Nord, ainsi que des perles et pendentifs en Phénicie et à Carthage, alors qu’en Perse les verriers produisent des coupes profondes en verre décoloré.

L’époque romaine (du 4ème av. au 5ème s. apr. J.C.) 

La conquête romaine des royaumes grecs entraîne l’hellénisation d’une partie du monde oriental. Ainsi Alexandrie, capitale intellectuelle et artistique de l’époque, constitue l’un des principaux centres verriers avec Rhodes et Sidon. Le développement des communications permet aux artisans de se déplacer plus facilement et leur art, sous l’influence de cultures variées, devient plus novateur encore. Avec une parfaite maîtrise, les verriers de l’époque hellénistique (du 4ème au 1er s. av. J.C.) produisent de nouveaux modèles de vases à parfum ou en transforment d’autres, tout en poursuivant et diversifiant la production de verres translucides monochromes. Cependant, ces objets restent réservés à l’élite fortunée en raison de la complexité de la fabrication du verre. Lors de l’unification de l’Empire romain, en 27 av. J.C., sous Auguste, les grands centres verriers situés à Alexandrie et sur la côte phénicienne voient l’émergence d’une nouvelle rivale : Rome. De nombreux verriers orientaux y émigrent et exercent alors leur savoir-faire. Le développement du réseau de routes romaines et des voies maritimes favorise les transports, entraînant ainsi l’ouverture d’ateliers en Campagnie, à Rome et à Aquilée, près de Venise. A la mort d’Auguste, Tibère ordonne aux verriers égyptiens de venir exercer leur métier en Italie. Très rapidement, les ateliers de verriers orientaux naissent en Espagne, en Gaule méridionale (Vienne, Lyon) puis septentrionale (Bourgogne, Normandie, Picardie), en Belgique, en Angleterre (Colchester) et en Rhénanie (Trèves, Cologne). Mais bien que répandue géographiquement, la production d’objets en verre reste encore réservée à une élite. Ce n’est qu’avec l’invention du verre soufflé au 1er s. av. J.C., que le verre devient un matériau accessible au plus grand nombre. En effet, les verriers peuvent ainsi augmenter jusqu’à vingt fois le volume de verre produit. Cependant, malgré la prépondérance du verre soufflé dans la production romaine, celui-ci n’a pas supplanté le verre moulé. En particulier jusqu’à la première moitié du 1er s. apr. J.C., la plupart des verres romains étaient fabriqués par la technique de moulage notamment pour les premières vaisselles dont les formes et les décorations étaient d’inspiration hellénistique. Les verres opaques, utilisés en petite quantité à des fins ornementales, sont beaucoup plus rares que les verres translucides bleus ou verts des récipients. Ils sont plus compliqués à fabriquer car ils nécessitent l’utilisation d’ingrédients plus variés, parfois difficiles à obtenir, et la mise en place d’un procédé spécifique : celui de l’opacification du verre. Cependant, les tesselles de mosaïque (Figure 2), les verres mosaïqués, les perles et bracelets existent en assez grand nombre, et font des verres opaques romains l’ensemble le plus important de verres opaques anciens, en terme de productivité.

Les verres opaques du Moyen-Age à la Renaissance

Malgré le succès considérable que connaît le verre à l’époque romaine, le 4ème s. apr. J.C. est le siècle de la décadence de l’art verrier (appauvrissement des formes, baisse de la qualité du matériau et du travail des objets…). Après la chute de l’Empire romain (5ème s. apr. J.C.) et sa division en un empire d’Orient et un empire d’Occident, le verre connaît des développements inégaux entre ces deux puissances. C’est surtout en Orient que les techniques verrières, héritées du passé, se poursuivent et perpétuent la fabrication d’objets en verre de qualité. L’art de la mosaïque, notamment, connaît dès le 6ème s. apr. J.C. un essor remarquable, qui perdura en Italie jusqu’au 13ème s. apr. J.C. C’est à cette époque que sont créés de véritables chefs-d’œuvre à Constantinople, Salonique, Antioche, Rome, Milan et surtout Ravenne. La mosaïque, alors au service de l’Eglise, est élevée au rang de la « grande peinture ». En Occident, entre le 5ème et le 8ème s. apr. J.C., ceux qui ont été retrouvés montrent que les objets en verre sont principalement d’origine funéraire. Ce verre dit mérovingien, est essentiellement transparent mais peut être décoré de petits filets colorés de verre opaque (Figure 3). Au nord de la Loire, la tradition d’enterrer les défunts avec leur vaisselle personnelle se perpétue pendant plusieurs siècles, mais l’influence de l’Eglise entraînant un changement des rites d’inhumation, fait que l’on ne trouve plus d’objets en verre dans les tombes dès le 8ème s. apr. J.C.

Le couronnement de Pépin le Bref sacré roi de France par les évêques francs en 751 apr. J.C., fait de l’Eglise un acteur majeur et tout-puissant de la vie politique à l’Epoque carolingienne. Elle jouera un rôle décisif dans le développement de la verrerie en Occident. Comme dans l’empire d’Orient, la mosaïque devient un élément décoratif au service de l’iconographie religieuse et du roi. Avec l’aval du pape, Charlemagne va jusqu’à faire enlever des mosaïques de Ravenne pour décorer ses églises et palais d’Aix-la-Chapelle. L’église a poussé également au développement de la fabrication du vitrail et des vitres, devenue une spécialité française, mais interdit à plusieurs reprises l’utilisation d’objets en verre consacrés au culte, car jugés trop fragiles. Jusqu’au 16ème s. apr. J.C., l’industrie verrière ne cesse de se développer et d’innover. Entre le 12ème et 13ème s. apr. J.C., l’art du vitrail connaît son heure de gloire, grâce à de grandes réalisations comme les cathédrales de Chartres et Saint-Denis, et plus tard, avec la Sainte-Chapelle. La peinture sur verre devient un art à lui tout seul. Les objets en verre produits pendant le Moyen-âge sont donc essentiellement translucides. Vaisselle, encriers, lampes, lunettes, miroirs, vases, vitres, etc, entrent petit à petit dans la vie quotidienne des gens de l’époque. Cependant, si en proportion sa représentativité a diminué, la production de verres opaques n’en reste pas moins très importante et prospère, avec notamment la fabrication de verrines, c’est-à-dire des imitations de pierres précieuses. Limoges, devenu un des principaux centres d’émaillerie en France, connaît un essor remarquable à la fin du 12ème s. et au cours du 13ème s. apr. J.C., produisant des objets d’une grande qualité qui seront exportés bien au-delà des frontières du royaume .

Le 13ème s. apr. J.C. voit également l’émergence d’un grand centre verrier qui dominera toute la production occidentale jusqu’aux Temps modernes : Venise. Au carrefour de l’Orient et de l’Occident et située à proximité d’Aquilée, l’un des grands centres verriers de l’Empire romain, la République de Venise est à la fois l’héritière naturelle de la grande tradition verrière romaine et le lieu d’un florissant commerce maritime avec le Levant. Avec le 15ème s. apr. J.C, on assiste à l’éclosion d’une exceptionnelle production marquée notamment par l’invention du cristal qui assurera pendant deux siècles, la suprématie vénitienne sur tous les autres centres verriers européens. Durant la Renaissance, les talentueux verriers vénitiens, isolés sur l’île de Murano, produisent la plupart de la verrerie de luxe et exportent leurs chefs d’œuvre dans toute l’Europe et dans les pays musulmans de l’Est. Après avoir imiter le cristal de roche, ils s’attaquent à la fabrication de verres opaques mimant la calcédoine, l’opale, et la porcelaine de Chine.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I LES VERRES OPAQUES
Chapitre 1 Les verres opaques au cours de l’Histoire
I. L’Histoire des verres opaques
I.1 Le 2ème millénaire av. J.C.
I.2 Le 1er millénaire av. J.C. jusqu’à la période hellénistique
I.3 L’époque romaine (du 4ème av. au 5ème s. apr. J.C.)
I.4 Les verres opaques du Moyen-Age à la Renaissance
I.5 Les Temps Modernes
II. L’organisation des productions verrières
II.1 L’Egypte ancienne
II.2 L’Epoque romaine
II.3 Du Moyen Age aux Temps modernes
Chapitre 2 La fabrication des verres opaques
I. Les éléments constitutifs des verres opaques
II. La fusion des matières premières
Chapitre 3 Les opacifiants
I. L’emploi et la nature des opacifiants au cours de l’histoire
II. Les procédes d’opacification des verres
II.1 L’ajout de cristaux
II.2 La cristallisation in situ
II.3 Le mélange de « corpo » avec un verre translucide
Chapitre 4 Les productions de verre opaque étudiées
I. La production de référence : les verres contemporains de la compagnie Orsoni
II. Les verres Egyptiens de la XVIIIème dynastie (1570-1292 av. J.C)
III. Les tesselles de mosaïque romaines d’Aquilée et de Rome (1er s. av- 6ème s. apr. J.C.)
IV. Les verres filés dits « de Nevers » du 18ème siècle
PARTIE II LES METHODES ANALYTIQUES EMPLOYEES
Chapitre 5 Les méthodes analytiques employées
I. L’étude de la composition chimique
I.1 La spectrométrie de rayons X dispersive en énergie (EDX)
I.2 Les autres méthodes utilisées
II. L’étude de la microstructure
II.1 La microscopie optique
II.2 La microscopie électronique à balayage (MEB) par électrons rétro-diffusés (BSE : backscattering electrons)
II.3 La microscopie électronique à transmission (MET)
III. L’étude des phases cristallines par diffraction des rayons-X (DRX) et d’autres methodes
III.1 La diffraction des rayons X (DRX) et affinement Rietveld
III.2 Les autres méthodes utilisées
IV. L’étude du degré d’oxydation de l’antimoine par spectroscopie d’absorption X (XANES)
IV.1 L’objectif de ces mesures
IV.2 Le choix de la méthode d’analyse pour la mesure du degré d’oxydation de l’antimoine
IV.3 Les différents seuils
IV.4 Les conditions expérimentales
IV.5 Les échantillons étudiés
PARTIE III DETERMINATION DE CRITERES D’IDENTIFICATION DES PROCEDES D’OPACIFICATION
Chapitre 6 Les sources d’antimoine
I. Etat des connaissances
I.1 La stibine Sb2S3
I.2 Les oxydes d’antimoine
I.3 L’antimoniate de potassium
II. Notre étude expérimentale sur les sources d’antimoine
II.1 Le « grillage » de la stibine Sb2S3
II.2 Le chauffage du trioxyde d’antimoine Sb2O3 et du tétroxyde d’antimoine Sb2O4
II.3 Le chauffage du pentoxyde d’antimoine Sb2O5
III. La synthèse du chapitre
Chapitre 7 Elaboration des cristaux d’antimoniates de calcium
I. Etat des connaissances sur les antimoniates de calcium
I.1 Les méthodes de préparation des cristaux Ca2Sb2O7
I.2 Les méthodes de préparation des cristaux CaSb2O6
II. Notre étude expérimentale sur l’élaboration des antimoniates de calcium
II.1 Les propriétés des antimoniates de calcium obtenus
II.2 Les conditions d’élaboration des opacifiants Ca2Sb2O7 et CaSb2O6
II.3 Les réactions de formation des antimoniates de calcium
III. Synthèse du chapitre
Chapitre 8 Les verres synthétiques opacifiés par ajout de cristaux
I. Le protocole d’élaboration des verres opacifies par ajout de cristaux
I.1 L’élaboration d’un verre de base de type romain (SGR)
I.2 Le protocole d’opacification du verre : l’ajout de cristaux
II. Résultats et discussion
II.1 Les propriétés des antimoniates de calcium dans le verre
II.2 Les caractéristiques physico-chimiques des verres opacifiés par ajout de cristaux
III. Synthèse du chapitre
Chapitre 9 Les verres synthétiques opacifiés par cristallisation in situ
I. Etat des connaissances
I.1 La reproduction de verres opaques égyptiens par Shortland (2002)
I.2 La reproduction de verres opaques romains par Foster et Jackson (2005)
II. Le Protocole d’élaboration des verres
II.1 L’étape de fusion
II.2 L’étape de traitement thermique
III. Résultats et discussion concernant l’étape de fusion
III.1 Effet de la source d’antimoine utilisée
III.2 Effet de la concentration en antimoine, de la vitesse de refroidissement et de la température de fusion
sur les verres synthétisés à partir de Sb2O3
III.3 Effet de la concentration en antimoine, de la vitesse de refroidissement et de la température de fusion
sur les verres synthétisés à partir de Sb2O5
IV. Résultats et discussion concernant les traitements thermiques
IV.1 Les verres synthétisés à partir de Sb2O3
IV.2 Les verres synthétisés à partir de Sb2O5 ou Sb2O4
V. Synthèse du chapitre
Chapitre 10 Les verres opacifiés par ajout de « corpo » dans un verre translucide : les verres
contemporains Orsoni
I. Etat des connaissances sur la fabrication d’un « corpo »
I.1 Les recettes écrites de « corpo » connues
I.2 Les synthèses de « corpo » en laboratoire réalisées à partir des recettes du 19ème et 20ème s
II. Notre étude des verres opaques de la fabrique orsoni
II.1 Le « corpo » de la fabrique Orsoni
II.2 Les tesselles de mosaïque de la fabrique Orsoni
III. Synthèse du chapitre
Synthèse de la partie III Les critères permettant d’identifier les procédés d’opacification des verres
CONCLUSION

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