Les valeurs véhiculées par l’interprétation dans les œuvres de Roald Dahl et dans les adaptations cinématographiques et théâtrales

Lequel de ces deux genres apporte-t-il le plus d’éléments ?

Suite à l’exposé des différents apports concernant le cinéma ou le théâtre, il semble nécessaire d’établir des comparaisons entre les deux genres exposés ci-dessus. Théâtre et cinéma semblent porter des avantages comme il est possible de le voir précédemment.
L’idée est de créer des images mentales, des représentations au lecteur-spectateur et ce grâce à des outils. Cependant, il est certain que le texte de théâtre permet de ressentir autrement la trame narrative. S’il faut parler du texte de théâtre, il est nécessaire de discuter de la représentation théâtrale également. A première vue, le film, le texte de théâtre et la représentation théâtrale semblent avoir le même but : expliciter le texte source, le mettre en action, en image et en mouvement face à un public. Néanmoins, il semble y avoir deux différences notables.
Premièrement, le spectateur participe en même temps que les acteurs sur scène au théâtre : on voit une certaine interaction entre le jeu des acteurs et les réactions des spectateurs et entre les spectateurs. Le spectateur au cinéma, lui, réagit faceau film mais ne peut influer sur le jeu des acteurs, les interactions se font uniquement entre les différents spectateurs.
Enfin, au théâtre, chaque représentation est différente : selon lesacteurs, leur envie d’innover après chaque représentation, chaque public est différent, chaque spectateur perçoit des éléments différemment tandis qu’au cinéma, une fois les scènes réalisées, le jeu des acteurs ne différera plus, il restera unique et figé à jamais.
C’est en cela que l’image scénique semble davantage riche que l’image cinématographique, qui, elle, ne changera jamais.
L’image est importante dans les deux genres car c’est elle qui transmet tous les codes, et c’est celle-ci qui permet aux spectateurs de reconnaître des éléments déjà perçus précédemment, des codes qu’ils ont déjà acquis en tant que lecteur-spectateur. Il serait intéressant de constater et de développer ce que les adaptations théâtrales et cinématographiques permettent d’apporter de plus que ce que véhicule le texte de source de Roald Dahl.

La culture littéraire des élèves : le conte

La culture du conte est présente dans la littérature à l’école et ce depuis la maternelle. En effet, les élèves dès leur plus jeune âge, sont confrontés aux personnagestypes, à l’univers du conte et à son merveilleux et possèdent donc quelques-uns de ses codes. L’univers du conte apparaît très concrètement dans les quatre nouvelles de Roald Dahl présentes dans le corpus et dans leurs adaptations car ce dernier fait référence à certains contes connus (cf. annexe 2, sous l’intitulé « Caractéristiques de l’univers de l’auteur, du metteur en scène ou du réalisateur ») : il y a alors intertextualité . Cela permet de développer la compétence rhétorique des élèves en tant que lecteur-spectateur. Cette compétence se développe à la lumière de codes culturels que possèdent les lecteurs spectateurs du conte. Mais cela leur est permis également grâce à la compétence encyclopédique qui se fonde sur leurs savoirs du monde et les références culturelles.

Étude des personnages types récurrents et leurs représentations dans les trois genres

Il est intéressant de voir comment les trois genres avec lesquels nous travaillons illustrent, mettent en avant les personnages-types récurrents que l’on pourrait associer à ceux des contes. Nous nous sommes donc posé quelques questions. Comment les personnages sont-ils représentés ? Pourquoi les adaptations cinématographiques et théâtrales permettent-elles de mieux comprendre la psychologie des personnages, de mieux les percevoir ainsi que de mieux comprendre le schéma narratif de la nouvelle de Roald Dahl ?

Les personnages types-récurrents présents dans le corpus littéraire

Les personnages présents dans les différentes nouvelles de Roald Dahl etdans leurs adaptations ont toutes les caractéristiques des personnages de contes (cf. annexe n°2 pour le détail des personnages). En effet, nous retrouvons le personnage principal commun aux contes, ici un jeune enfant. Dans Charlie et la chocolaterie, James et la grosse pêcheet Sacrées Sorcières, nous retrouvons à chaque fois un petit garçon âgé de moins de dix ans ayant des obstacles à affronter. Dans Matilda, nous avons le même type de personnage sauf que nous avons une héroïne. C’est la première fois que Roald Dahl confie le rôle principal de sa nouvelle à un personnage féminin. Ces héros sont des enfants à la vie difficile, Matilda n’est pas aimée de sa famille et se sent étrangère au sein de sa propre maison, James est orphelin et vit avec deux affreuses tantes qui le condamnent à travailler sans manger (« elles étaient là […] sans oublier une seconde de pousser le pauvre petit James à travailler plus vite, toujours plus vite » ), le héros de Sacrées Sorcières, tout comme James, est orphelin mais il a la chance de vivre avec la plus merveilleuse des grands-mères qui l’aide à vaincre les terribles « vraies » sorcières. Charlie, quant à lui, vit dans une très grande pauvreté. Toutes les qualités leur sont reconnues : ils sont aimants, courageux, passionnés mais sont malheureux et mal-aimés et de nombreux opposants les empêchent d’accéder à leur quête du bonheur.
D’autres personnages font partie des « opposants » comme on peut les rencontrer dans les contes ou dans les nouvelles. En effet, chacun des héros se voit confronté à des personnages mauvais, méchants et notamment à des adultes. Matilda doit affronter ses parents Monsieur et Madame Verdebois (« il arrive qu’on rencontre des parents qui adoptent l’attitude opposée et ne manifestent pas le moindre intérêt pour leurs enfants. […]
M. et Mme Verdebois appartenaient à cette espèce. Ils avaient un fils appelé Michael et une fille du nom de Matilda, et considéraient cette dernière comme une croûte sur une plaie. »
), son frère Michael Verdebois et sa directrice d’école Mademoiselle Legourdin. Le héros de Sacrées Sorcières doit affronter un grand nombre de sorcières et notamment la Grandissime ayant mis en place un plan afin de transformer tous les enfants du monde en souris (« Une vraie sorcière déteste les enfants d’une haine cuisante, brûlante, bouillonnante, qu’il est impossible d’imaginer. Elle passe son temps à comploter contre les enfants qui se trouvent sur son chemin. » ) James, lui, doit faire face à la cruauté de ses deux tantes, tante Éponge et tante Piquette (« méchantes, égoïstes et paresseuses et cruelles » / « ces deux horribles sorcières » ) qui l’exploitent et ne lui donnent pas assez à manger.
Charlie, lui, doit évoluer au milieu de personnes et plus précisément d’enfants capricieux et égoïstes qui lui font sans cesse rappeler sa condition précaire. Tous ces héros vont devoir lutter envers ces opposants et toutes les injustices qu’ils rencontrent, ils restent toutefois tous humbles face à la cruauté qu’on leur inflige.

La mise en avant des personnages-types dans le texte de théâtre

Dans les adaptations théâtrales des œuvres de Roald Dahl, nous percevons les mêmes personnages. Mais comment le texte met-il en scène cespersonnages ? Que nous apporte-t-il de plus sur leur physique, leur caractère ?
L’interrogation s’est portée sur ce qui fait la spécificité du textede théâtre. Il est évident que les didascalies et les répliques en sont certainement la réponse. De ce fait, il faut s’interroger sur la relation suivante : les didascalies et les répliques permettent-elles d’en apprendre davantage sur les personnages décrits, sur leurs actions ? Comment sont-ils représentés ?
Le texte de théâtre met en dialogue les différents personnages de l’intrigue et en cela il rend plus vivant le texte grâce à l’utilisation du discours direct et permet de rendre plus perceptible l’imaginaire notamment si l’on joue la pièce. Le lecteur, face aux adaptations théâtrales des œuvres de Roald Dahl peut s’approprier les personnages, développer son imaginaire et penser incarner un personnage tout en lisant. Au fil de la lecture des différentes répliques des personnages, le lecteur va se faire sa propre idée du personnage qu’il découvre même s’il est extrêmement guidé dans les adaptations théâtrales de ce corpus. L’adaptation théâtrale de Charlie et la chocolaterie renforce les traits des personnages déjà perceptibles dans la nouvelle par leurs paroles. En effet, en ce qui concerne la présentation que les jeunes enfants font d’eux-même à la scène 1, elle reflète intégralement leur personnalité. Prenons en exemple la présentation qu’Augustus Gloop fait de lui-même.

La mise en avant des personnages-types au cinéma

Les personnages de la nouvelle sont repris dans les adaptations cinématographiques même s’il peut y avoir quelques petits changements à savoir la suppression ou l’ajout de personnages, ou encore le changement de nomination des personnages (cf. annexe n°2) mais cela n’affecte en aucun cas leur rôle dans l’intrigue. Il est nécessaire de s’interroger sur la notion suivante : Comment sont représentés les personnages ? Qu’est-ce que l’image cinématographique permet d’apprendre de plus ?
Il faut prendre en considération le facteur caractéristique essentiel du cinéma : l’image en mouvement. L’image est quelque chose de très visuel et accessible en instantané, elle en est donc obligatoirement plus évocatrice et ce notamment pour les jeunes enfants. Le lecteur se fait une idée des personnages de par la description physique et psychologique qu’il en comprend, même s’il peut ne pas tout cerner. Le film est donc un moyen de vérifier, de se rassurer, de combler des blancs en ce qui concerne la compréhension.
Les personnages de l’intrigue sont représentés dans les adaptations cinématographiques d’une façon à les visualiser davantage mais également à les comprendre. Les héros reflètent la jeunesse, ils semblent courageux, aimants et vaillants.
Ils sourient à la vie malgré les problèmes qui les envahissent, leur regard reflètent l’espoir.
D’autres personnages, comme les vraies sorcières présentes dans le film de Nicolas Roeg sont admirablement bien représentées, en effet, elle ne sont pas caricaturées telles qu’on peut les trouver nombreuses dans les films ou films d’animation (nez crochu, verrue, balai, cheveux ébouriffés, …) elles correspondent véritablement à la description qu’a faite Roald Dahl. Elles sont considérablement effrayantes, mais les voir àl’écran renforce leur cruauté et rend plus horrible le fait que des sorcières se cachent sous le corps de jeunes femmes resplendissantes. L’image et les cadrages permettent d’intensifier les actions et l’importance des personnages et de ce fait, de donner du sens, d’aider à interpréter. En effet, dans le film The Witches, lors de la réunion des sorcières dans l’hôtel, à la vingt-neuvième minute, la Grandissime dévoile son vrai visage, enlève son masque. Ce passage est accentué par l’intervention de gros plans sur la tête de ce personnage. La caméra jusque là prenait des plans d’ensemble de la salle de réunion et des différentes sorcières. Puis, l’attention est portée sur la Grandissime et cela est visible par les gros plans rapprochés et la musique trépidante. Les personnages opposants sont souvent très expressifs dans le passage à l’image, les réalisateurs forcent souvent les traits des personnages pour renforcer leur caractère, c’est ce que l’on peut percevoir avec la représentation des tantes de James dans le film de Henry Selick , elles sont représentées avec des mines sévères, cruelles et pourraient s’apparenter à des sorcières, ici encore nous retrouvons des gros plans sur ces personnages. Le réalisateur prend également le parti d’installer une atmosphère lugubre, le ciel est violet, sombre où la vie semble si triste et si lugubre que l’on éprouve de la pitié pour le jeune James. Les parents de Matilda dans le film de DannyDe Vito paraissent encore plus ignobles et plus ridicules que dans la nouvelle de Roald Dahl, le réalisateur les représentent comme des personnes de classe moyenne ridicules, très superficielles ne jurant que par les émissions télévisées. Danny De Vito renforce les différences qu’il peut y avoir entre Matilda, intelligente, futée, douce, et aimante et les membres de sa famille, grossiers, intolérants et méchants.
L’image filmique permet de comprendre les caractères, d’établir des liens entre les différents personnages. Les adaptations cinématographiques tentent de présenter véritablement les personnages comme ils peuvent paraître dans les contes.
Adaptations théâtrales et cinématographiques permettent d’approfondir la représentation des traits physiques et psychologiques des personnages. Elles seraient une aide pour le lecteur-spectateur débutant. Cependant, l’image filmique semble apporter davantage d’éléments et permet de créer une atmosphère propice à la compréhension et à l’interprétation par les élèves.

Étude de la présence de la magie des contes

La magie présente dans les contes comme tout à chacun la connaît est perceptible dans les œuvres de Roald Dahl mais également dans leurs adaptations théâtrales et cinématographiques. La présence de personnages hors du commun tels les sorcières, de pouvoirs magiques, les transformations inconcevables permet d’établir des liens avec la magie que l’on peut percevoir dans les contes. Le merveilleux s’introduit et permet au lecteur-spectateur de rêver, d’imaginer.

Les nouvelles de Roald Dahl : de la magie des contes vers le « nonsense »

La magie des contes est présente dans l’univers des nouvelles de Roald Dahl, il s’en inspire afin de créer un climat propice à la lecture des jeunes enfants. Cet auteur fait référence à cette caractéristique du conte pour créer des situations insensées voir surréalistes propres au « nonsense ». Cela est très visible dans ses nouvelles. En effet, il décide d’utiliser les personnages de sorcières et la potion magique afin de transformer des enfants en souris dans Sacrées Sorcières, les parents de James meurent écrasés par un rhinocéros géant, les enfants désobéissants et arrogants dans Charlie et la chocolateriese transforment et ne retrouvent plus jamais leur apparence d’origine, Violette Beauregard se transforme en myrtille et Mike Teavee, rétréci dans un premier temps est étiré dans un appareil à vérifier l’élasticité des chewing-gum et mesure désormais au moins deux mètres.
Tout est dans la démesure et ce grâce notamment aux éléments magiques ou hors du commun présent dans ces nouvelles. Matilda réussit à bannir sa directrice Mademoiselle Legourdin en usant de ses pouvoirs et James devient pilote d’une pêche géante suite à l’action des vers magiques.
Cet humour attire les lecteurs et fait référence à des notions du conte qu’ils connaissent, à savoir les péripéties liées à des évènements incroyables et causés / résolus par l’action de la magie. Il est donc essentiel de s’interroger sur le traitement de la magie au sein des adaptations théâtrales et cinématographiques.

La magie présente dans les adaptations théâtrales du corpus

La magie et le « nonsense » sont énormément présents dans les nouvelles de Roald Dahl. C’est un élément qu’il faut absolument exploiter en classe avec les élèves. Mais comment ces deux éléments sont-ils représentés au théâtre ? Qu’apporte la représentation de ces éléments à l’élève lecteur-spectateur dans sa compréhension de l’œuvre ?
Au théâtre, de nombreux effets peuvent être produits à la fois par les mots comme par les outils scéniques. En effet, notamment quand on rapproche les indications scéniques du texte de théâtre aux réalisations dans des représentations théâtrales, il est évident que le jeu des lumières, les effets sonores permettent de mettre en avant cette magie et ce « nonsense ». Si l’on considère les indications données dans l’adaptation cinématographique de Sacrées Sorcières de Roald Dahl , le texte de théâtre et sa ou ses représentation(s) théâtrale(s) peuvent permettre l’expression de la magie. Dans l’œuvre, les sorcières sont réunies dans une salle de réunion, on y découvre la Grandissime (la chef de toutes les « vraies » sorcières) et le lecteur-spectateur découvre leur véritablenature sous leur masque
Les valeurs véhiculées par l’interprétation dans les œuvresde Roald Dahl et dans les adaptations cinématographiques et théâtrales.
La compétence idéologique de la lecture littéraire « est essentielle car elle met en jeu les valeurs et construit une vision du monde. »
Cette dernière renvoie à ce que les élèves connaissent déjà du texte avant de ne l’avoir lu. Quand une œuvre est adaptée, de nouvelles thématiques, un autre engagement ou d’autres valeurs sur le monde peuvent surgir par rapport au texte source ou alors respecter ce dernier. Ainsi travailler sur le texte d’origine et son/ses adaptation(s) permet de mieux percevoir les valeurs du texte source mais aussi les valeurs transmises par la réécriture. Le but étant de permettre aux élèves de porter une réflexion à propos de ce qui est dit dans le texte source et dans ses adaptations après avoir saisi le sens global de l’œuvre. Ainsi, toutes les compétences de la lecture littéraire s’entrecroisent afin de permettre à l’élève une meilleure compréhension et interprétation des œuvres littéraires. Catherine Tauveron affirme que la compréhension est « le décryptage du texte au niveau littéral » et l’interprétation est « lapratique constante à greffer d’autres sens sur ce sens originel » qui a été donné par la compréhension du texte.

Comment se réalisent-elles à travers les adaptations ?

Un texte littéraire est polysémique et peut donc amener à différentes interprétations,mener le lecteur à déceler différentes valeurs diffusées par le texte source. Comme le souligne Jean-Louis Dufays, le texte littéraire est un objet symbolique qui fait écho à d’autres textes comme on a pu le voir précédemment, mais il fait référence également au réel . Les adaptations des œuvres de Roald Dahl reprennent ces valeurs et les illustrent de par différents procédés. Il est donc nécessaire de travailler avec lesélèves sur les valeurs que diffusent ces textes et adaptations pour inclure ces lecteurs dans « des démarches interprétatives » , afin qu’ils dépassent leur première impression de lecture. Il s’agit, après avoir travaillé la participation grâce aux compétences encyclopédique, rhétorique, et logiques, de travailler la distanciation, le regard critique à travers la compétence idéologique.

La quête du bonheur, de l’amour et de l’amitié

Dans les œuvres de Roald Dahl, on a tendance à voir se confronter deux perceptions : la représentation des bons d’une part et les mauvais d’autre part. Les héros, outre leurs qualités décrites précédemment, sont en quête du bonheur, de l’amour et de l’amitié dont on les a injustement privés. Roald Dahl a la volonté de mettre en avant les bons comportements en vue de dénoncer les mauvais. Les adaptations théâtrales et cinématographiques reprennent ce cheminement et, grâce à de nombreux procédés, les mettent davantage en avant et permettent ainsi aux lecteurs-spectateurs de mieux déceler les valeurs transmises. La quête de ce bonheur, de cet amour et de cette amitié se perçoivent concrètement à la fin des œuvres et est soulignée notammentpar le narrateur et ce dans la nouvelle, au théâtre et au cinéma (cf. annexes 1 et 2). C’est le narrateur qui a présenté le contexte au début et qui souligne la réussite des héros dans leur quête.

Au cinéma

Au cinéma, c’est avant tout l’image qui permet d’illustrer la réalisation de la quête des personnages héros. Le texte est présent et interprété par les acteurs. Cependant l’adaptation cinématographique permet d’aller plus loin dans l’interprétation de l’œuvre et donne à voir une issue propre au discours du réalisateur. L’image cinématographique permet de montrer une certaine harmonie, une douce atmosphère propice à la concrétisation du bonheur comme on peut le ressentir dans les cinq adaptations cinématographiques. Tout n’est pas dit et exprimé comme dans les textes des adaptations théâtrales de ce corpus, les éléments sont suggérés par les effets cinématographiques. En effet, la musique, les accolades, les sourires radieux sur les visages montrent à voir cette réussite de la quête du bonheur. Le narrateur est présent également dans ces adaptations et clôturent, comme au théâtre, le film en affirmant la réussite des héros dans leur quête, en voici quelques exemples retranscrits :
– dans James et la pêche géante , le narrateur apparaît à la fin, c’est le personnage qui a donné les vers à James : « Et James Henry Trotter, qui était autrefois le petit garçon le plus triste et le plus seul au monde avait à présent une nouvelle famille unie, et tous les amis de la Terre. » – dans Charlie and the Chocolate Factory , le narrateur se révèle être l’un des OompasLoompas présent dans la chocolaterie : « Finalement, Charlie Bucket avait gagné une chocolaterie … mais Willy Wonka avait trouvé quelque chose de bien plus précieux … une famille… Et une chose était absolumentcertaine : la vie n’avait jamais été si douce. »
Trois des adaptations cinématographiques tentent d’exprimer davantage d’éléments que le texte source voire même le texte de théâtre et ce de par les choix interprétatifs que s’est fixé le réalisateur. En effet, dans les deux adaptations de Charlie et la chocolaterie, Willy Wonka et Charlie deviennent partenaires. Cependant, dans l’adaptation cinématographique de 2005 , Tim Burton inclut une autre dimension dans la psychologie du personnage de Willy Wonka. En effet, ce dernier semble être un personnage peureux de la relation à l’autre et cela serait dû à la relation catastrophique qu’il a entretenu avec son père étant jeune enfant : Charlie l’aide à renouer les liens avec son père. Les deux personnages en ressortent heureux : Charlie s’est fait un ami et Willy Wonka s’est trouvé une famille.
Dans Matilda , cette dernière se fait adopter par Mademoiselle Candy : les parents de l’héroïne signe avec hâte les documents, de peur d’être poursuivis par lapolice, et l’on voit à ce moment là Mademoiselle Candy devenir la nouvelle mère de Matilda : la petite fille a trouvé l’amour d’une mère et Mademoiselle Candy l’amour d’une jeune enfant.
Dans The Witches , le héros et sa grand-mère ont vaincu la Grandissime. Mais le héros reste un souriceau et se questionne quant à sa longévité. Soudain, une sorcière qui avait été chassée par la Grandissime, utilise ses pouvoirs à bon escient et rend son apparence de petit garçon au personnage : Boy et sa grand-mère sont bien tentés d’éliminer toutes les sorcières du monde entier.

La condamnation du vice

Les vices, chez Roald Dahl, sont dénoncés de façon ostentatoire et sont sujets à une sanction, à une punition infligées par le destin. De nombreux vices et défauts sont présents dans ces œuvres et font office de réflexion de la part du lecteur : la gourmandise (dans Charlie et la Chocolaterie), la compétitivité (dans Charlie et la Chocolaterie), l’arrogance (dans Charlie et la Chocolaterie), la désobéissance (dans Charlie et la Chocolaterie), la méchanceté (dans James et la grosse pêche, Sacrées Sorcières et Matilda), la vénalité (dans James et la grosse pêche, Matilda), la naïveté (dans Sacrées Sorcières). On notera que ces valeurs morales sont également dénoncées dans les adaptations cinématographiques et théâtrales des œuvres sources grâce à l’introduction de chansons présentes dans les trois genres (récit, théâtre et cinéma).

Au théâtre

Dans les adaptations théâtrales, les vices et défauts sont exprimés par le choix de la mise en scène lors des représentations mais leur expression est présente et très explicite dans les textes de théâtre de ce corpus. En effet, les didascalies sont très explicites et permettent de créer un imaginaire de la scène. Ces indications sont précieuses notamment quand l’on souhaite faire jouer la pièce de théâtre à des élèves.
Dans Sacrées Sorcières , la Grandissime et les autres sorcières ont transformé le héros en souriceau. Ce dernier, avec sa  grand-mère, a décidé de trouver une solution afin de les empêcher de nuire aux enfants de toute l’Angleterre. Il va, à son tour, transformer les sorcières en souris grâce à leur potion :
« Il se dirige vers la table de la Grandissime Sorcière quand retentit une sonnerie stridente.
La lumière se braque sur la table des Sorcières. L’atmosphère doit être inquiétante. Il est conseiller de jouer l’action qui va suivre « au ralenti » sur fond de bruits déformés d’horloges 74 Ibid. et de cloches.
La Grandissime Sorcière bondit en l’air, elle saute sur sa chaise et la voici sur la table ! Elle se saisit la gorge, comprenant qu’elle a été empoisonnée. De la fumée s’élève autour de la table des Sorcières … »
L’imaginaire de la scène se crée par l’action du lecteur. Ce type de scène se doit, par la représentation théâtrale, montrer une leçon de vie telle que « tel est pris qui croyait prendre » et provoque également le rire chez le lecteur-spectateur.

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Table des matières
Introduction
I – Les procédés spécifiques pour assurer le guidage des élèves dans leurs compétences de lecteur-spectateur notamment à travers les adaptations cinématographiques et théâtrales
1) Les apports de l’image au cinéma
a) Le rapport entre le texte source et l’image
b) Différentes méthodes pour mettre en relation le texte source et son adaptation cinématographique
2) Les apports du texte de théâtre et de la représentation théâtrale
a) Les caractéristiques et les apports du texte de théâtre
b) Jouer le texte de théâtre : pourquoi ?
c) Les apports de la représentation théâtrale
3) Lequel de ces deux genres apporte-t-il le plus d’éléments ?
II – La culture littéraire des élèves : le conte
1) Étude des personnages types récurrents et leurs représentations dans les trois genres
b) La mise en avant des personnages-types dans la nouvelle
c) La mise en avant des personnages-types dans le texte de théâtre
d) La mise en avant des personnages-types au cinéma
2) Étude de la présence de la magie des contes
a) Les nouvelles de Roald Dahl : de la magie des contes vers le « nonsense »
b) La magie présente dans les adaptations théâtrales du corpus
c) La magie présente dans les adaptations cinématographiques du corpus
III – Les valeurs véhiculées par l’interprétation dans les œuvres de Roald Dahl et dans les adaptations cinématographiques et théâtrales
1) La quête du bonheur, de l’amour et de l’amitié
a) Au théâtre
b) Au cinéma
2) La condamnation du vice
a) Au théâtre
b) Au cinéma
3) La dénonciation des comportements de notre société
a) Au théâtre
b) Au cinéma
Conclusion

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