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Epidรฉmiologie locale
A Madagascar, il y a peu dโรฉtude sur les mรฉningites ร pneumocoque. Nรฉanmoins, les rรฉsultats des รฉtudes disponibles ont montrรฉs que le pneumocoque est le premier germe responsable de mรฉningite bactรฉrienne chez lโenfant et il faut souligner la grande similitude de rรฉpartition entre nos propres rรฉsultats pour le reste de l’Afrique oรน l’ordre dรฉcroissant des sรฉrotypes s’รฉtablit ainsi: 1, 12, 25, 45, 46, 2, 5, 18 [1,2].
Les vaccinations anti-pneumococciques
Aperรงue gรฉnรฉrale
Il existe deux groupes de vaccins anti-pneumococciques : les vaccins conjuguรฉs et les vaccins non conjuguรฉs. Ces vaccins sont dรฉnommรฉs selon le nombre de sรฉrotypes quโils couvrent; cโest-ร -dire selon leur valence [25, 26] [Tableau III]. Ils sont surtout fabriquรฉs ร partir des donnรฉes รฉpidรฉmiologiques sur les principaux sรฉrotypes responsable de maladie invasive en pรฉriode prรฉ-vaccinale [Annexe 3].
Vaccin polyosidique conjuguรฉ ร une protรฉine porteuse :
Le PCV 7 ou Vaccin Conjuguรฉ anti-pneumococcique ร sept valences ยซ Pneumococcal Conjugate Vaccine 7ยป รฉtait le premier vaccin anti-pneumococcique. Il est fabriquรฉ par Pfizer, dรฉveloppรฉ pour les marchรฉs europรฉens et amรฉricains, et remplacรฉ actuellement par PCV10 et PCV13 [25]. Il protรจge contre sept sรฉrotypes pneumococciques. Il a รฉtรฉ introduit aux Etat Unis en 2000, en France en 2003[25, 26].
Le PCV 10 ou Vaccin Conjuguรฉ anti-pneumococcique ร dix valences ยซ Pneumococcal Conjugate Vaccine 10ยป [Tableau III], fabriquรฉ par GlaxoSmithKline(GSK), protรจge contre dix sรฉrotypes pneumococciques [Annexes 4, 5]. Cโest le premier vaccin anti-pneumococcique introduit dans le programme รฉlargi de vaccination (PEV) ร Madagascar (Octobre 2012) [25-27].
Le PCV 13 ou Vaccin Conjuguรฉ anti-pneumococcique ร treize valences ยซ Pneumococcal Conjugate Vaccine 13ยป est fabriquรฉ par Pfizer ร partir de leur PCV7.
Vaccin polyosidique non conjuguรฉ :
Le Pneumo 23 protรจge contre les vingt-trois sรฉrotypes suivants : 1, 2, 3, 4, 5, 6B, 7F, 8, 9N, 9V, 10A, 11A, 12F, 14, 15B, 17F, 18C, 19A, 19F, 20, 22F, 23F et 33F. Cโest le vaccin anti-pneumococcique actuellement recommandรฉ au Canada et dans certains pays industrialisรฉs.
LโOMS recommande actuellement lโinclusion de PCV dans le programme de vaccination des nourrissons dans le monde entier ; et en particulier, dans les pays ร mortalitรฉ infantile (infรฉrieure ร 5 ans) รฉlevรฉe supรฉrieure ร 50 pour mille naissances vivantes [28]. De nombreux pays ont dรฉjร introduit dans leur programme national de vaccination un vaccin conjuguรฉ anti-pneumococcique, y compris Madagascar.
PCV10 ร Madagascar
Vue la recommandation actuelle de lโOMS, la prรฉvalence et lโincidence รฉlevรฉes des infections invasives ร Pneumocoques, Madagascar a introduit son premier vaccin conjuguรฉ anti-pneumococcique en Octobre 2012 dans son programme national de vaccination (PEV), le PCV 10 [5].
Notre calendrier vaccinal suit le calendrier 3+1. Cโest-ร -dire, trois doses de primo-vaccination, plus une dose de rappel. La premiรจre dose de primo-vaccination se fait ร 6 semaines de vie pour les nourrissons eutrophiques, la seconde ร 10 semaines, la troisiรจme ร 14 semaines [Annexe 6]. Ces trois doses de primo-vaccination sont gratuites. La dose de rappel (quatriรจme dose) se fait ร , au moins 6 mois aprรจs la troisiรจme dose. Cette dose de rappel, par contre, nโest pas gratuite ร Madagascar malgrรฉ son importance selon les recommandations de la guide Canadienne [5] [Annexe 7].
Prรฉvalence globale
Selon notre รฉtude, le Pneumocoque est retrouvรฉ dans 62.7% des mรฉningites bactรฉriennes [Figure 5]. Et on a constatรฉ une rรฉgression du taux dโincidence des mรฉningites ร Pneumocoque aprรจs lโintroduction du vaccin conjuguรฉ, avec un taux de 47.3% (de 36 cas ร 19 cas) [Figure 6] en quatre ans, de 2012 ร 2015. Expliquant lโefficacitรฉ de ce vaccin sur la prรฉvention des infections invasives ร Pneumocoque dont la mรฉningite.
Une รฉtude Gambienne a montrรฉ que lโintroduction dans le programme national de vaccination Gambien du vaccin conjuguรฉ a rรฉduit considรฉrablement lโincidence des infections invasives ร pneumocoque, avec un taux dโenviron 55% en six ans, de 2008 ร 2014 [34]. Le taux de rรฉduction est comparable ร notre รฉtude.
En France, la prรฉvalence est de 32.5% en 2009 occupant la deuxiรจme place aprรจs Neisseria meningitidis (53.7%). Dโaprรจs les donnรฉes Epibac en 2006 cโรฉtait 33.8% [35].
En Guyane, le Pneumocoque prรฉdomine avec une prรฉvalence de 40% des mรฉningites bactรฉriennes selon une รฉtude menรฉe de 2000 ร 2010 [36].
On a une nette diffรฉrence. La prรฉvalence est largement supรฉrieure pour notre รฉtude (62.7%), comparรฉe ร celle retrouvรฉe en France. Cela peut sโexpliquer par lโintroduction assez rรฉcente de notre vaccin conjuguรฉ par rapport ร celle de la France, expliquant ainsi une efficacitรฉ relative du vaccin conjuguรฉ.
Dans une รฉtude Brรฉsilienne, la surveillance active des hรดpitaux de base a montrรฉ un dรฉclin du taux dโincidence annuelle des mรฉningites ร pneumocoque durant la pรฉriode dโรฉtude, de 2000 ร 2007 (pรฉriode prรฉ-PCV10, effet PCV7); allant de 1.12 cas ร 0.83 cas par 100 000 personnes, tous groupes dโรขges confondus (pห0.001) soit un dรฉclin de 26% en 7 ans [37].
Cette proportion est moindre par rapport ร la nรดtre. La diffรฉrence avec nos rรฉsultats est expliquรฉe par le fait quโici, le Brรฉsil nโutilise encore que le vaccin ร 7 valences. En plus, les populations dโรฉtude sont diffรฉrentes. Et, on peut dire alors que la rรฉgression se voit essentiellement chez les enfants. Elle est fonction de la valence du vaccin conjuguรฉ.
En Israรซl, les infections invasives ร pneumocoque dรฉclinent de 48%, six ans aprรจs lโintroduction du vaccin conjuguรฉ antipneumococcique [38].
Age:
Dโaprรจs notre รฉtude, 92.8% concernent les enfants moins de 2 ans dont la mรฉdiane dโรขge est de 1 ร 11 mois que le sรฉrotype soit vaccinal ou non [Figure 8]. Lโรขge moyen est de 10 mois avec un รฉcart-type de 10.3 mois.
En France, la mรฉdiane est comprise entre quatre et six mois [35], menant ร dire que la mรฉdiane dโรขge se trouve toujours avant la premiรจre annรฉe de vie.
Une autre รฉtude franรงaise en 2005 menรฉ sur des patients รขgรฉs de 0 ร 18 ans a montrรฉ que 69,7 % des cas concernent les enfants de moins de deux ans [39].
Lโรขge moyen de survenue des mรฉningites ร pneumocoque dans cette mรชme รฉtude [39] est de 31.2 mois, ce qui est plus tardif par rapport ร notre รฉtude.
La diffรฉrence avec cette รฉtude Franรงaise [39] peut รชtre rattachรฉe ร lโextension de cette รฉtude jusquโร lโรขge de 18 ans et ร la raretรฉ des mรฉningites ร pneumocoque chez les enfants plus รขgรฉs qui a รฉtรฉ constatรฉe aussi dans notre รฉtude.
Lโรขge moyen est plus tardif par rapport ร notre รฉtude [39]. Nรฉanmoins, une prรฉvalence ร 69.7% dans une population de 0 ร 18 ans reconduit ร la conclusion que les mรฉningites ร pneumocoque atteignent surtout les nourrissons de moins de deux ans dont lโimmunitรฉ nโest pas encore ร son stade de maturitรฉ.
Au Brรฉsil, la mรฉningite ร pneumocoque est frรฉquente chez les enfants de moins de deux ans [40]. Ce qui rejoint notre rรฉsultat.
Aux รtats-Unis, les donnรฉes publiรฉes par Arditi et al. montraient une mรฉdiane dโรขge ร neuf mois tandis quโen Italie la mรฉdiane est de 26 mois [35, 41, 42]. Notons une petite variation par rapport ร notre rรฉsultat.
Fiona Russell et al. a dรฉcrit dans une รฉtude ร chaรฎne mondiale que parmi tous les cas de mรฉningites ร pneumocoque chez les enfants de 0 ร 59 mois, 40% des cas apparait chez les enfants de moins de 6 mois , 65% chez les enfants de moins de 12 mois, 83% chez les enfants de moins de 24 mois, 90% chez les moins de 36 mois [43]. Ce qui rejoint notre rรฉsultat.
Lโรขge mรฉdiane de survenu est de 6.6 ร 8 mois en AFR (Africa region), 6.4 ร 8.4 mois en AMR (America region), et 6.3 ร 7.5 mois en SEAR (South-East Asia region). Il nโy avait pas de pays WPR (Western Pacific Region) ni EMR (Eastern Mediterranean Region) reprรฉsentรฉs [43-45]. Ceci correspond ร notre รฉtude dont la mรฉdiane est de 1 ร 11 mois [Figure 8].
Concluant ainsi que la mรฉningite ร pneumocoque atteint essentiellement les enfants avant la deuxiรจme annรฉe de vie chez qui lโimmunitรฉ nโest pas encore ร son stade de maturitรฉ, dโoรน lโintรฉrรชt de se faire complรจtement vacciner avant cet รขge.
Genre :
Notre รฉtude montre une prรฉdominance masculine avec une sex-ratio de 1.5. Cette prรฉdominance masculine se rencontre aussi bien chez le groupe dโenfants atteints de mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal que chez le groupe ร sรฉrotype non vaccinal.
Il en est de mรชme pour le Cameroun [46], la France [39], et le Brรฉsil [47] avec une sex-ratio respective de 1.6, 1.3, 1.5.
Vaccinations
Plus de deux-tiers (62%) des mรฉningites ร Pneumocoques nโa reรงu aucune dose de PCV10 [Figure 10]. La majoritรฉ (68%) des cas ร sรฉrotypes vaccinaux nโont reรงu aucune dose du vaccin [Tableau XII] expliquant lโimportance de la vaccination par le PCV10 pour la prรฉvention de la mรฉningite ร pneumocoque ร sรฉrotypes vaccinaux.
Une รฉtude cas-tรฉmoins au Brรฉsil [48], de 2008 ร 2013, a montrรฉ quโune rรฉduction du taux des infections invasives ร pneumocoque ร 44% (95% CI 15.8-72.5) a รฉtรฉ observรฉe chez les enfants de 2 ร 23 mois (groupe vaccinรฉ), si aucun effet nโest observรฉ chez le groupe non vaccinรฉ. Ce qui implique lโefficacitรฉ du vaccin PCV10 dans la prรฉvention des infections invasives ร pneumocoque dont la mรฉningite.
Ainsi, nous recommandons aux parents de ne pas hรฉsiter ร amener leurs enfants aux centres de vaccination pour se faire vacciner contre ce flรฉau de la Santรฉ Publique Malgache. Nous suggรฉrons dโintensifier les campagnes de vaccination des enfants et de mener davantage des sรฉances dโinformation, dโรฉducation et de communications (IEC) au niveau communautaire.
Ces IEC viseront ร montrer lโintรฉrรชt de se faire vacciner. Elles porteront, par des phrases ou des images simples faciles ร comprendre, et surtout convaincante, sur les avantages de se faire vacciner et les inconvรฉnients de ne pas se faire vacciner.
Vingt-neuf pour cent des cas a reรงu des doses complรจtes de PCV10 mais a encore prรฉsentรฉ une forme de pneumococcie invasive, la mรฉningite [Figure 10]. Trois hypothรจses sโimposent. La premiรจre, ces cas sont dus aux sรฉrotypes non vaccinaux. La seconde, ces cas sont dus aux sรฉrotypes vaccinaux et la vaccination fait dรฉfaut, soit il y avait erreur dans la pratique (mode dโinjection, respect des chaรฎnes de froidโฆ), soit notre รฉtude รฉtait biaisรฉe (biais dโinformation sur lโallรฉgation verbale du statut vaccinal de lโenfant lors de lโinterrogatoire entrant ainsi dans le cadre de limite de notre รฉtude). La troisiรจme, ce sont dus aux sรฉrotypes vaccinaux et le vaccin conjuguรฉ est partiellement efficace ; cโest-ร -dire, il ne protรจge pas ร 100% tous les enfants vaccinรฉs.
Aucune รฉtude ne signale cette derniรจre hypothรจse. Pour la deuxiรจme hypothรจse, nous nous recommandons de mener dโautres รฉtudes prospectives ne prenant en compte sur le statut vaccinal que si preuve รฉcrite (carnet de santรฉ) pour surmonter la possibilitรฉ du biais dโinformation. Nous suggรฉrons au Ministรจre de la Santรฉ dโorganiser des รฉtudes postuniversitaires et des sรฉances de formations des agents de santรฉ sur la bonne pratique de vaccination (conservations, injections, comment procรฉder ร une sรฉance dโIEC efficace, comment former les agents communautairesโฆ), dโรฉvaluer ou de faire sโauto รฉvaluer, pรฉriodiquement, chaque centre de vaccination.
Mais la premiรจre hypothรจse sโavรจre la plus probable. Ils sont dus aux sรฉrotypes non vaccinaux. De plus, notre รฉtude montre que parmi les 24 cas ayant reรงus des doses complรจtes du vaccin, 75% sont dus aux sรฉrotypes non vaccinaux [Tableau XIII]. Ainsi, la majoritรฉ des 29% (enfants ayant reรงu des doses complรจtes du vaccin conjuguรฉ mais ont encore prรฉsentรฉ une mรฉningite ร pneumocoque) est due aux sรฉrotypes non vaccinaux. Ce qui rรฉaffirme lโefficacitรฉ du vaccin dans la prรฉvention des mรฉningites ร sรฉrotype vaccinal.
Les rรฉsultats dโun essai clinique randomisรฉ Finlandais a montrรฉ 92% et 100% de taux dโefficacitรฉ pour PCV10 utilisant le schรฉma 2+1 et 3+1 doses, respectivement [49].
En Australie, les mรฉningites dues aux sรฉrotypes vaccinaux ont presque disparu chez les enfants รฉligibles de 3 doses du vaccin [50].
Nous nous recommandons alors de continuer notre vaccination avec le schรฉma 3+1 actuel, cโest-ร -dire trois doses pour la primo vaccination avec un rappel. Nous suggรฉrons au Ministรจre de la Santรฉ Publique dโinclure dans notre PEV (gratuit) [Annexes 1-2] ce rappel pour avoir plus dโefficacitรฉ.
Antรฉcรฉdents :
Une drรฉpanocytose homozygote a รฉtรฉ retrouvรฉe dans 1.2%, dans notre sรฉrie.
Bingen E. et al. rapportent le mรชme rรฉsultat. Ils ont montrรฉ que 1 % des cas avait prรฉsentรฉ une drรฉpanocytose et ou une asplรฉnie [39], ces deux facteurs favorisant la survenue dโune mรฉningite ร pneumocoque.
Motifs dโhospitalisation
La majoritรฉ des cas (58.3%) est admise pour des motifs dโhospitalisation neurologiques [Figure 11]. La convulsion fรฉbrile (71%), les refus de tรฉtรฉes reprรฉsentent les motifs dโhospitalisation les plus frรฉquents [Figure 12, Figure 13].
Signes cliniques
Dans notre รฉtude, on a retrouvรฉ une fiรจvre dans 95.2% des cas, une convulsion dans 66.7% [Tableau V]. Un gรฉmissement est absent dans 64.3% [Tableau V]
El Bashir H et al rapporte les mรชme rรฉsultats [51].
Dโaprรจs notre รฉtude, une toux a รฉtรฉ identifiรฉe dans 60.7% des cas, une AEG dans 54.8%, et lโirritabilitรฉ nโest retrouvรฉe que dans 27.4% des cas ; aucun cas nโa prรฉsentรฉ une cรฉphalรฉe [Tableau V].
Ce qui nโest pas le cas pour El Bashir et al. [51]. Ceci peut รชtre liรฉ ร lโassociation frรฉquente de la mรฉningite ร pneumocoque ร une pneumopathie et ร la raretรฉ des signes dโhypertension intracrรขnienne chez les enfants plus jeunes mais aussi ร la mรฉthodologie choisie, propre ร chaque รฉtude.
Selon notre รฉtude, les signes dโexamen neurologique sont rarement retrouvรฉs, tout comme les autres signes physiques non neurologiques. Les signes dโexamen les plus frรฉquents sont : une fontanelle bombรฉe, un trouble de la conscience, une nuque raide [Tableau VI].
Ce qui correspond ร ce que El Bashir H et al. a dรฉcrit [51]. On y ajoute des rรขles crรฉpitants localisรฉs [Tableau VI]. Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et malnutrition aiguรซ (p-value=0.3 IC 95%) [Tableau XV].
Les signes de Kernig et de Brudzinski ne sont retrouvรฉs que dans 7.1% et 8.3% respectivement [Tableau VI] correspondant encore ร ce que rapportait El Bashir [51].
Lโhypotonie nโest retrouvรฉe que seulement dans 4.8% [Tableau VI], contrairement ร la prรฉcรฉdente รฉtude [51].
La probabilitรฉ de mรฉningite bactรฉrienne รฉtait plus รฉlevรฉe en cas dโรฉtat de mal convulsif fรฉbrile quโen cas de crise convulsive hyperthermique simple (17% versus 1.2%), selon Chin RF et al. [52].
Une otite ou un traumatisme crรขnien prรฉalable (avec ou sans fracture du crรขne) ont รฉtรฉ frรฉquemment retrouvรฉs en cas de mรฉningite ร pneumocoque [52].
Notre รฉtude montre que 66.7% des cas ont prรฉsentรฉ des convulsions avant le dรฉbut du traitement [Tableau V], si 22.4% selon Bingen E. et al. [39]. On constate une trรจs grande diffรฉrence qui peut รชtre rattachรฉe ร la raretรฉ des convulsions chez les enfants un peu plus รขgรฉs (lโรฉtude de Bingen E et al sโรฉtend jusquโร 18 ans) chez qui la mรฉningite ร pneumocoque se manifeste plutรดt par des signes dโhypertension intracrรขnienne tels que cรฉphalรฉe et vomissements [39].
Dโaprรจs El Bashir et al., les signes dโalerte chez les nourrissons sont la survenue, dans un contexte le plus souvent fรฉbrile, dโune irritabilitรฉ, dโune mauvaise prise des biberons, des vomissements, dโune hypotonie, dโune anomalie des pleurs ou des cris, des troubles de la conscience, des convulsions. Lโexamen peut retrouver une fontanelle bombรฉe, une irritabilitรฉ ร la mobilisation, une hypotonie, un coma. Les classiques raideurs de la nuque et signes de Kernig ou de Brudzinski sont rarement prรฉsents ร cet รขge [51].
La frรฉquence des convulsions fรฉbriles, la faible sensibilitรฉ des signes physiques tels que les signes de Kernig et de Brudzinski rejoignent nos rรฉsultats. Les autres signes sont discordants, liรฉs ร la petitesse de notre รฉchantillon, au caractรจre monocentrique de notre รฉtude.
El Bashir et al. rapportent que les signes chez lโenfant plus grand sont comparables ร ceux de lโadulte, commenรงant par de la fiรจvre, des frissons, des vomissements, dโune photophobie et des cรฉphalรฉes. Le tableau clinique peut dรฉbuter occasionnellement par des convulsions rรฉcidivantes dans un contexte fรฉbrile, des troubles de la conscience, dโun coma. Lโexamen clinique retrouve les classiques prostrations ou ยซ raideur de nuque ยป, les signes de Kernig et de Brudzinski รฉtant peu sensibles [51].
Dans une autre รฉtude menรฉe par Oostenbrink R et al., une mรฉningite bactรฉrienne nโรฉtait prรฉsente que chez environ un tiers des enfants ayant des signes cliniques dโirritation mรฉningรฉe [53].
Les signes fonctionnels ne sont pas spรฉcifiques. Les signes physiques sont peu sensibles. Toutefois, communรฉment ร la littรฉrature, penser ร une mรฉningite bactรฉrienne devant les signes suivants : convulsion fรฉbrile, refus de tรฉtรฉes, fontanelle bombรฉe, trouble de la conscience. Ces signes sont associรฉs aux signes dโhypertension intracrรขnienne et ร la nuque raide chez les enfants plus grands.
Dโune faรงon gรฉnรฉrale, les signes cliniques dโune mรฉningite ร pneumocoque sont dominรฉs par lโassociation de deux tableaux : neurologique et respiratoire que le sรฉrotype soit vaccinal ou non. Ce qui implique de pratiquer une PL devant toute convulsion fรฉbrile sans attendre que les signes dโexamen physique soient complets. La PL a un immense intรฉrรชt, aussi bien pour le diagnostic positif que pour le diagnostic รฉtiologique. Elle est la clรฉ du diagnostic. Elle doit se faire en extrรชme urgence vue la gravitรฉ de la pathologie dans lโoptique de ne pas retarder lโantibiothรฉrapie bactรฉricide efficace.
Signes paracliniques
NFS
Presque la moitiรฉ des mรฉningites ร pneumocoque (45.3%) prรฉsente une numรฉration leucocytaire sanguine normale [Figure 14, Figure 15].
Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre hyperleucocytose ร PNN et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal ; entre leucopรฉnie et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal [Tableau XVI].
Ce qui nโest pas le cas pour la littรฉrature. Une mรฉningite ร pneumocoque se prรฉsente dans la majoritรฉ des cas soit avec une hyperleucocytose ร PNN, soit avec une leucopรฉnie [39].
Une anรฉmie est retrouvรฉe chez 73.6% des cas, selon notre รฉtude. Tous les nouveau-nรฉs et nourrissons moins de 3 mois prรฉsentent tous une anรฉmie [Tableau VII].
Il nโy a pas dโassociation significative entre anรฉmie et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal (p-value=4.81 IC 95%) [Tableau XVII].
La majoritรฉ des cas (59%) prรฉsente une numรฉration des plaquettes normale [Figure 16]. Il nโy a pas dโassociation significative ni entre thrombocytose et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal, ni entre thrombopรฉnie et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal [Tableau XVII].
Nous nous recommandons de ne pas attendre une anomalie de lโhรฉmogramme pour faire la PL et entamer lโantibiothรฉrapie.
CRP:
Dans notre รฉtude, une CRP normale se rencontre dans 29.4% des cas [Figure 17], augmentation dans 70% des cas. Et il nโy a pas dโassociation significative entre CRP รฉlevรฉe et mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal [Tableau XVIII].
La littรฉrature rapporte une รฉlรฉvation des marqueurs de lโinflammation aigue dans la majoritรฉ des cas mais avec un intรฉrรชt supรฉrieur du dosage de la procalcitonine sรฉrique par rapport ร la CRP sanguine, par rapport au taux sanguin des leucocytes et ร dโautres marqueurs de lโinflammation aigue pour le diagnostic dโune mรฉningite bactรฉrienne [54-61].
Une CRP รฉlevรฉe est en faveur du diagnostic mais, il ne faut pas lโattendre pour pratiquer une PL et lancer le traitement antibiotique.
Nous nous recommandons de mener une รฉtude prospective, comparant la spรฉcificitรฉ et la sensibilitรฉ de la CRP et de la PCT sรฉriques dans le diagnostic de mรฉningite bactรฉrienne, dont ร Pneumocoque.
Ionogramme sanguin
Dโaprรจs notre รฉtude, lโhyponatrรฉmie constitue lโanomalie ionique la plus frรฉquente (52%) [Figure 18].
La littรฉrature rapporte le mรชme rรฉsultat (50%) [62].
La SIADH, constitue lโune des principales causes. Il sโagit dโune hyponatrรฉmie de dilution. Son diagnostic se pose devant le critรจre de Bartter-Schwartz [Annexe 8] et est confirmรฉ par les examens biologiques spรฉcialisรฉs (test de surcharge hydrique, test de surcharge sodรฉe, test de restriction hydrique, test de restriction sodรฉe). Le traitement est essentiellement la restriction hydrique. Une perfusion en intra-veineuse de solution salรฉe hypertonique est parfois nรฉcessaire en cas dโhyponatrรฉmie sรฉvรจre pour prรฉvenir la formation dโลdรจme cรฉrรฉbral. Des รฉtudes plus rรฉcentes montrent lโefficacitรฉ des antagonistes des rรฉcepteurs de la Vasopressine (ADH) [63].
Selon von Vigier RO et al., lโhyponatrรฉmie nโest pas exclusivement liรฉe ร la rรฉtention hydrique (SIADH) [64]. Ainsi, aux รฉtiologies sโajoutent les vomissements. Il sโagit ici dโune hyponatrรฉmie de dรฉperdition. Il y a aussi le syndrome de perte de sel dโorigine cรฉrรฉbrale dont le traitement, contrairement ร SIADH, consiste essentiellement ร lโadministration de sel [65].
Il y a des associations statistiquement significatives entre mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et hyponatrรฉmie, mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et hypernatrรฉmie, mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et hyperkaliรฉmie [Tableau XIX].
Donc, penser ร un sรฉrotype vaccinal devant lโune de ces anomalies.
A lโinverse, lโionogramme sanguin est revenu normal dans 36% [Figure 18]. Donc, ne pas รฉcarter une mรฉningite ร pneumocoque mรชme si lโionogramme
revient normal. Ce qui implique toujours lโintรฉrรชt de la PL pour confirmer le diagnostic sans retarder le dรฉbut du traitement antibiotique.
LCR
Macroscopie
Dโaprรจs notre รฉtude, un LCR purulent est observรฉ dans 46.4% [Figure 19]. Pour lโรฉtude de Pusponegoro et al. sur les 11 cas de mรฉningites bactรฉriennes
prouvรฉes, huit LCR ont un aspect purulent, soit 72.7% [66].
Un LCR purulent est en faveur du diagnostic. La diffรฉrence sโexplique par la taille de nos รฉchantillons.
Lโaspect purulent ou trouble du LCR est directement liรฉ ร lโhyperleucocytose prรฉsente dans le LCR, ce trouble apparait dรจs la prรฉsence de 200 globules blancs par millimรจtre cube dโaprรจs Seehusen DA et al. [67].
Il y a une association statistiquement significative entre un LCR purulent et une mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal [Tableau XX].
A lโautre extrรชme, dโaprรจs notre รฉtude, le LCR est clair dans 35.7% des cas [Figure 19].
La littรฉrature dรฉcrit quโun LCR peut รชtre initialement clair en cas de mรฉningite bactรฉrienne [68]. Les LCR clairs ne sont pas liรฉs ร la prise dโantibiotique avant la PL [Tableau VIII].
Ainsi, les PL de ces 35.7% cas auraient รฉtรฉ effectuรฉes au stade initial de la maladie.
Un LCR clair nโรฉlimine pas le diagnostic de mรฉningite ร Pneumocoque. Un LCR clair ne veut pas dire antibiothรฉrapie inutile. Ne pas sโattendre ร voir une purulence pour penser ร une mรฉningite et par dรฉduction pour penser au Pneumocoque, que lโenfant a reรงu ou non un antibiotique avant la PL. Dรฉbuter immรฉdiatement lโantibiothรฉrapie dรจs que la PL soit fait, sans attendre le rรฉsultat, quel que soit lโaspect macroscopique du LCR. Cette antibiothรฉrapie doit รชtre bactรฉricide, ร forte dose, avec une bonne diffusion mรฉningรฉe, impรฉrativement active sur le Pneumocoque (argument de frรฉquence) et secondairement adaptรฉe au rรฉsultat de lโantibiogramme.
Biochimie
Selon notre รฉtude, une hyperprotรฉinorachie est retrouvรฉe dans 68% des cas [Figure 21]. Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre la prise dโantibiotique avant la PL et lโabsence dโhyperprotรฉinorachie (p-value=1 IC 95%).
Une hypoglycorachie est retrouvรฉe dans 65.3% des cas [Figure 22]. Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre la prise dโantibiotique avant la PL et lโabsence dโhypoglycorachie (p-value=1 IC 95%).
Il nโy a aucune association statistiquement significative ni entre sรฉrotype vaccinal et hyperprotรฉinorachie, ni entre sรฉrotype vaccinal et hypoglycorachie.
Selon notre รฉtude, la protรฉinorachie est normale dans 32% des cas [Figure 21].
La glycorachie est normale dans 34.7% des cas [Figure 22].
Selon Lin WL, une protรฉinorachie est revenue normale dans 24.5%. Une glycorachie est normale dans 29.5% [69]. Ces rรฉsultats concordent avec les nรดtres.
Une hyperprotรฉinorachie et une hypoglycorachie sont en faveur du diagnostic mais nโรฉliminent pas le diagnostic, si normales. Lโhyperprotรฉinorachie constitue un facteur de mauvais pronostic [69].
Cytologie
Notre รฉtude a montrรฉ que trois-quarts des cas (75.6%) prรฉsentent une hyperleucorachie ; cโest-ร -dire une leucorachie supรฉrieure ou รฉgale ร dix รฉlรฉments par mm3 [Figure 23]. Malgrรฉ la prรฉvalence de la prescription importante dโantibiothรฉrapie en prรฉ-PL (51.2%), il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre la prise dโantibiotique avant la PL et lโabsence dโhypercellularitรฉ (p-value=0.43 IC 95%).
Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre une mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et une hypercellularitรฉ dans le LCR [Tableau XXII].
Il nโy a pas dโassociation statistiquement significative entre une mรฉningite ร sรฉrotype vaccinal et une prรฉdominance PNN dans le LCR [Tableau XXIII].
Une plรฉรฏocytose est frรฉquente. Elle ne permet pas de distinguer un sรฉrotype vaccinal dโun sรฉrotype non vaccinal.
La leucorachie est normale dans 24.4% des cas, selon notre รฉtude [Figure 23]. Elle est normale dans 16.2% selon Lin WL, et al. Une cytologie normale nโรฉlimine pas le diagnostic. Un taux normal de leucorachie est un facteur de mauvais pronostic [69].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. DEFINITION
I.1. La vaccination
I.2. PCV
I.3. Une mรฉningite bactรฉrienne
II. GENERALITES SUR LA VACCINATION
III. RAPPELS SUR LES MENINGITES BACTERIENNES
III.1. Signes cliniques dโune mรฉningite
III.2. Signes paracliniques dโune mรฉningite
IV. LE GERME ยซ Streptococcus pneumoniae ยป
IV.1. Bactรฉriologie
IV.2. Epidรฉmiologie
V. LES VACCINATIONS ANTI-PNEUMOCOCCIQUES
V.1. Aperรงue gรฉnรฉrale
V.2. PCV10 ร Madagascar
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1. Cadre dโรฉtude
I.2. Type dโรฉtude
I.3. Pรฉriode dโรฉtude
I.4. Population dโรฉtude
I.5. Echantillonnage et taille de lโรฉchantillon
I.6. Collecte des donnรฉes
I.7. Variables รฉtudiรฉes
I.8. Analyse et traitement des donnรฉes
I.9. Considรฉrations รฉthiques
I.10. Limites de lโรฉtude
II.1. Rรฉpartition globale des mรฉningites ร Pneumocoque
II.1.1. Proportion des mรฉningites ร pneumocoque de 2012 ร 2015
II.1.2. Rรฉpartition des cas en fonction des variables cliniques
II.1.3. Examens paracliniques
II.1.4. Aspect thรฉrapeutique
II.1.5. Aspect รฉvolutif
II.2. Rรฉpartition comparative entre sรฉrotypes vaccinaux et non vaccinaux
II.3. Tendance des diffรฉrents sรฉrotypes
II.3.1. Tendance des sรฉrotypes vaccinaux
II.3.2. Tendance des sรฉrotypes non vaccinaux
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
III. 1. Prรฉvalence globale
III. 2. Age
III. 3. Genre
III. 4. Vaccinations
III. 5. Antรฉcรฉdents
III. 6. Motifs dโhospitalisation
III. 7. Signes cliniques
III. 8. Signes paracliniques
III. 9. Traitement
III. 10. Lรฉtalitรฉ
III. 11. Complications
III. 12. Durรฉe dโhospitalisation
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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