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Réglementation Thermique
Three Mile Island (1979) et Tchernobyl (1986) ainsi que l’accident de l’usine chimique à Seveso (1976) en Italie, catastrophe qui donnera par la suite son nom à la classification de sites industriels dangereux. Alors certes il ne s’agit pas d’accidents réellement impactant sur le plan du réchauffement climatique ou sur la biodiversité mondiale puisqu’il s’agit d’évènements relativement localisés, mais ils se sont avérés marquants dans le sens où ils ont démontré notre capacité potentielle à détruire notre environnement. Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est que cette fois le monde entier y a assisté ! Il ne s’agit pas d’un article scientifique sur une dégradation progressive d’un espace observable sur dix ans publié dans une revue scientifique –et donc qui passerait inaperçu aux yeux de la population- mais bien de crises ayant un impact immédiat sur la population. Dès lors, on peut raisonnablement penser que ce sont ces événements en lien avec les publications de la même période qui ont poussé (forcé ?) les politiques à agir, en témoigne la création de la RT en France et les réactions de l’ONU en 1983, 1987 et 1988, 1983 marquant la fondation de la commission mondiale sur l’environnement et le développement. Gro Harlem Brundtland, ancienne ministre de l’écologie et première ministre de Norvège, est alors nommée à sa tête. Cette commission est chargée de penser « Un programme global de changement »10* d’après les mots de sa présidente dans la préface du rapport Brundtland. Celle-ci doit proposer des stratégies sur la durée et des objectifs à atteindre sur les questions environnementales, avec toujours en toile de fond la problématique de la coopération internationale, qui n’aura pas été le point fort du siècle.
Initialement nommé Our Common Future (notre avenir à tous), il s’agit sans aucun doute de l’un des ouvrages majeurs de notre époque et peut être bien l’un des textes ayant eu l’impact le plus concret sur notre société. On le connaît en particulier pour avoir défini le terme de développement soutenable (durable en France).
Ce qui est particulièrement intéressant c’est qu’en partant d’une problématique strictement environnementale, on va arriver à un principe englobant également les notions d’équilibres socioéconomiques (ou déséquilibres). Pour rappel le développement soutenable se structure selon trois axes que sont les enjeux sociaux, environnementaux et économiques. Cette approche qui n’est finalement pas si évidente, le rapport aurait tout à fait pu ne s’attacher qu’aux problématiques environnementales, émane entre autre du fait que Gro Harlem Brundtland s’appuie sur deux commissions préexistantes, la commission Brandt sur les problématiques Nord Sud et la commission Palme sur celles de désarmement et sécurité. On pourrait également y voir une autre raison. Cette approche « multifacettes » n’est pas totalement nouvelle et a déjà commencé à être théorisée sans nécessairement avoir retenue l’attention voulue. Il s’agit en effet d’une poursuite des réflexions sur l’éco-développement, réflexions lancées entre autre par le rapport Meadows* et formule utilisée la première fois par Maurice Strong en 1972 qui préside alors le sommet de Stockholm sur l’environnement (sommet qui sera à l’origine de l’UNEP). Il pourrait encore s’agir d’une mise à jour plus politique du raisonnement d’Arne Naess. Toujours est-il que ce travail ne nait pas de nulle part mais s’inscrit dans une démarche en cours.
« Ce qu’on appelle développement durable s’inscrit dans la continuation des débats autour de l’éco-développement. Ceux qui opposent ces deux concepts s’attachent à des nuances qui n’ont guère d’intérêt »
Ignacy Sachs, 1999.*
Il y a tout de même une différence notable. Le développement soutenable ne nie pas la possibilité de croissance, bien au contraire. Elle est même parfois amenée comme l’élément qui nous permettra de résoudre certaines problématiques telles que les déséquilibres économiques (et de ressources) et comme le moteur du progrès qui répondra aux enjeux auxquels nous faisons face. Cet ouvrage pourrait donc être perçu comme profondément humaniste, dans le sens où il défend les capacités de l’Homme à réussir à contrôler son environnement (ce qui est parfois un peu paradoxal avec le constat qu’il dresse). On peut cependant se demander si ce positionnement n’est pas avant tout politique. Il est à peu près sûr que si le rapport avait annoncé l’impossibilité pour les différents pays de poursuivre leur croissance il aurait été nettement moins bien reçu. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit du premier travail de ce genre et que l’objectif est alors surtout de sensibiliser les différents pays et donc qu’il est plus politiquement correct de ne pas remettre en question le fondement même de leur économie pour un problème qui n’est pas encore tout à fait reconnu.
Dans ses grandes lignes le rapport Brundtland reprend donc une partie de l’approche de la Deep ecology, mais sa principale ligne de conduite est de « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
Concrètement le rapport tire dans un premier temps un constat de l’état de notre société et de ses dysfonctionnements (réels ou potentiels), accroissement de la pauvreté, démographie en hausse constante dans les zones n’ayant pas nécessairement les ressources, surexploitations de certaines zones pour des logiques économiques mais sans raison matérielle réelle, tous ces points étant liés. On pourrait évidemment nuancer ce constat qui situe de temps en temps dans une logique moralisatrice et parfois insuffisamment fondée. Comment savoir que la pauvreté dans le monde a augmenté alors qu’on ne fait pas d’étude à ce sujet depuis plus d’une vingtaine d‘année (au moment de la rédaction du rapport) et qu’une bonne partie du monde est inaccessible à ce genre d’étude en raison du bloc de l’Est ? Toujours est-il que même si la réalité est peut être moindre, ces problèmes existent bel et bien et Our Common Future tente de les dénombrer et d’en analyser les causes.
Dans un second temps le rapport développe des séries de recommandations et d’objectifs à atteindre, précisant les intrications dans les différents domaines, comme par exemple les relations entre planning familial et déforestation de certaines zones au profit d’une agriculture peu efficiente, etc… . Je ne m’attarderai pas plus sur la description de ce travail (particulièrement long et complexe), mais il faut en retenir les idées fortes qui sont de parvenir à limiter les dégâts environnementaux sans pour autant interrompre la croissance (ce qui peut paraître paradoxal), et de nous obliger à bien réfléchir aux tenants et aboutissants de chaque direction de développement vis-à-vis de notre du RappoRt bRundtland à 2007, pRise de conscience généRalisée ?
Our Common Future* paru, on va alors assister à une évolution majeure du développement de la pensée écologique. Auparavant cantonnée au domaine de quelques scientifiques et intellectuels et d’une poignée de politiques, elle va commencer à se répandre rapidement, sur une quinzaine d’année, au point de prendre une place centrale dans de nombreux milieux, politique internationale, certaines « élites » intellectuelles, industriels du bâtiment. Il faut toutefois être objectif, le rapport Brundtland n’est pas l’unique déclencheur de cette évolution mais plutôt sa pierre d’angle, il marque un réel tournant ou, devrait-on dire plutôt, une accélération.
Immédiatement après la publication du rapport est mis en place le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), première réelle action de l’UNEP. Pour la première fois de l’histoire un groupe international va être chargé de surveiller tous les domaines environnementaux (climat, biodiversité, etc…), surveillance jusqu’alors exercée de manière indépendante par les quelques scientifiques attachés à la question. La prise en compte dans la politique internationale de la problématique environnementale sera réellement actée quatre ans plus tard avec le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 qui aboutira à la signature d’une déclaration (Déclaration de Rio) sensée responsabiliser chaque état vis-à-vis de la question environnementale. Cet accord n’est cependant pas contraignant et donc n’aura pas de réelles répercussions, mais il marque toutefois l’un des premiers engagements internationaux sur cette thématique, engagement qui se sera confirmé en 1997 lors de la ratification (ou non) du protocole de Kyoto visant à engager une réduction de l’émission de gaz à effets de serre.
Ce qui nous intéresse plus particulièrement c’est ce qui va se passer durant la même période dans les champs extérieurs à la politique internationale. Je prendrai là principalement l’exemple des milieux du bâtiment, de l’architecture et de l’urbanisme qui sont, je pense, assez représentatif du mouvement.
Penchons-nous d’abord sur une étude menée par Chuan Wang** sur l’usage du terme éco-city des années 1980 à 2014 et sur l’évolution de son sens. Il y questionne la signification de ce terme qui semble désigner une nouvelle approche de la ville et qui gagne peu à peu de la place dans les publications d’architecture et d’urbanisme.
Il rentre dans le cœur du sujet au travers de la morphologie de ce terme et en particulier de la racine « éco » qui jusque dans les années 90 n’était qu’un préfixe mais va prendre à partir de cette période une indépendance dans le langage. Le terme « éco » devient peu à peu une abréviation d’écologie et « environmental friendly » (environnementalement amical). Synonyme de prise d’importance du phénomène écologique ? Toujours est-il qu’au-delà de cet aspect linguistique, on assiste au développement d’un terme le plus souvent associé à de nouvelles pratiques de conceptions urbaines et à de nombreuses réflexions sur les questions de résilience, de qualité de vie et d’environnement. L’écologie et le développement soutenable seraient-ils en train de gagner le terrain de l’urbanisme ? Il semblerait. En particulier lorsque l’on regarde l’évolution de l’usage des termes « éco » dans les publications liées à l’urbanisme et à l’architecture, usage de plus en plus fréquent et qui explose entre 2007 et 2010.
Cette étude n’est pas le seul élément indicateur de la prise d’importance du courant écologique moderne.
Je me suis personnellement penché sur la question en m’attachant à l’analyse des revue d’A (D’Architectures) et AA (L’Architecture d’aujourd’hui) depuis le début des années 1990 jusqu’en 2015 et je suis tombé à peu de chose près sur les mêmes conclusions, dans un premier temps avec le basculement de la vision environnementale, qui s’opère au début des années 2000 de manière analogue au basculement sémantique du terme « éco », et dans un second temps avec la montée du phénomène écologique.
Durant la première moitié des années 1990, dans le peu d’articles traitant de la question de l’environnement, on perçoit de la part des auteurs une vision assez archaïque de l’écologie teintée parfois d’un certain mépris. On parle alors beaucoup de « végétation dans la ville », de « végétalisation d’espaces publics » termes pas nécessairement utilisés comme faisant partie d’une logique écologique. L’objectif avancé est plutôt de ramener un peu de campagne en ville, de nature, plus que de lutter contre des évolutions climatiques. On sent cependant un profond scepticisme vis à vis de ces sujets et des qui pèsent quant à la place de l’architecture –au sens de la conception architecturale- dans le phénomène écologique.
Eco-quartier de la Vecquerie à St Nazaire, Atelier Philippe Madec, 2009
« Rien de tel que la nature, la verdure pour changer d’air. Une charte d’écologie urbaine de 1992 prévoyait la sauvegarde et le développement de son patrimoine naturel. Lyon suivait en cela les remontrances du CAUE du Rhône. Depuis le tissu vert dense et assez bien préservé de Lyon est devenu une trame verte. On ne cite plus les jardins et les parcs […] Lyon respire. Cette verdure peut être assez suspecte »*. C’est avec le basculement dont je parlais précédemment, qui se déroule sur un temps assez court de la fin des années 1990 au début des années 2000, que semble émerger une vision différente des rapports architecture/urbanisme/écologie, prenant en considération l’importance de la conception urbaine et architecturale dans le cadre d’économie de ressources et de « meilleures performances » des bâtiments, mais également dans la capacité de ces projets à « communiquer l’écologisme ».
En quelque sorte, comme dans le cadre de la sphère politique internationale, la concrétisation de la démarche mise en route par le rapport Brundtland dans le champ architectural se fait sentir à la fin des années 1990. Est-ce le laps de temps nécessaire à la formalisation de normes, RT, labels et certifications, ou celui de la prise de conscience des acteurs de l’architecture ? Un peu des deux sans doute…
Ainsi avec l’approche du nouveau millénaire, des articles traitant de constructions bio-climatiques et d’éco-architectures commencent à apparaître, présentant divers projets « avant-gardistes » dans ce domaine, cherchant à diminuer au maximum les consommations d’énergies et certains imaginant de « nouveaux » concepts de jardins verticaux, de bâtiments parcs*, etc. Préludes aux utopies vertes ? En tout cas ces articles semblent maintenant prendre très au sérieux ces questions, au point d’en faire le sujet de quelques dossiers. On peut s’avancer à dire qu’il y a là un impact assez clair du protocole de Kyoto et de la médiatisation qu’il engendre, ainsi qu’un lien avec à la création de labels et certifications de qualité environnementale de projets architecturaux. On assiste en parallèle de l’écriture du protocole et depuis la parution de Our Common Future à la naissance de trois d’entre eux. La certification BREEAM créée en 1990 au Royaume Uni, le label HQE, français, créé en 1996 qui deviendra en 2005 une certification et enfin la certification LEED, créée en 1998 aux Etats Unis. Trois certifications architecturales, associées au développement de nouvelles normes environnementales, conduiront à un développement spécifique de l’architecture en faisant rentrer de nouvelles considérations durant les phases de conception et de réalisation et engendrant assez directement le développement de nouvelles technologies du bâtiment (à moins que ce ne soit le contraire…). François Grether parlera de «style zéro émission». On assiste à ce moment-là à une transformation radicale de l’architecture dans le champ environnemental, plus normative, et qui nous amènera d’ici trois ans –RT 2020- à devoir concevoir une architecture produisant de l’énergie.
Toujours est-il que l’on note une médiatisation croissante de projets de ce type dans les revues spécialisées, que l’on peut voir d’une part comme la résultante d’une prise d’importance de l’écologie dans la conception architecturale et urbaine, et d’autre part comme une évolution
L e déroulement de la campagne présidentielle française de 2007 sera sans précédent, peut-être même au niveau mondial. Pour la première fois la question de l’écologie va réellement percer au sein de débats politiques, au-delà de la question des engagements internationaux déjà existants, jusqu’à prendre une place centrale dans les discussions. Ce mouvement part initialement de la candidature, ou plus exactement de la menace de candidature, de Nicolas Hulot à la présidence, particulièrement inattendue, qui va alors bouleverser les équilibres en place, avec pour but de propulser l’écologie de l’autre côté du rideau politique.
La notion d’écologie est déjà bien ancrée dans la conscience collective. Les problèmes posés par le réchauffement climatique, la destruction d’écosystèmes, le trou dans la couche d’ozone sont compris par la majorité de la population. Le tri sélectif et le recyclage existent depuis quelques années. On peut dire en quelque sorte que l’écologie a déjà impacté le monde civil. La fondation Hulot obtient 750 000 signatures pour son pacte écologique, liste d’objectifs à poursuivre (étonnamment pragmatiques) et prenant en compte les notions économiques et sociales. Toutes les conditions semblent réunies pour que l’écologie devienne un vrai sujet de politique nationale.
« A cette époque, les recherches sur le climat se précisent. Le film d’Al Gore fait un carton. L’opinion est de plus en plus réceptive et le fameux «Pacte écologique» de Hulot recueille 750.000 signatures de soutien. »*.
–le cas hulot–
Mais pourtant personne en-dehors des quelques partis écologistes n’aborde la question dans la sphère politique… jusqu’à l’intervention de cette candidature potentielle. Il faut rappeler que certains sondages le donnaient alors crédité d’environ 10% des voix au premier tour alors que Dominique Voynet, candidate officielle du parti écologiste, recueillait moins de 2% des voix**. On comprend alors l’impact qu’une telle candidature aurait pu avoir. Nicolas Hulot finit par se retirer mais son objectif est atteint. Il a réussi à faire peser l’écologie dans la campagne, et oblige la sphère politique à se pencher sur la question. Profitant de l’intérêt que l’opinion publique porte sur les questions écologiques, intérêt révélé par sa candidature et son score dans les sondages, il va alors proposer aux différents candidats à l’élection de signer son Pacte Ecologique à l’issu d’un « grand oral » où chacun va présenter le volet écologique de son programme (développé spécialement pour l’occasion pour la majorité des candidats), sorte de labellisation de leurs programmes en matière d’environnement.
Nicolas Sarkozy alors élu président va, dans le cadre des engagements qu’il a pris dans ce domaine, lancer le Grenelle Environnement qui aboutira à une série de décisions plus ou moins satisfaisantes. Mais ce n’est pas le sujet qui nous intéresse ici. Ce qu’il faut retenir c’est que l’écologie acte son entrée dans la politique publique, et il s’agit là à mes yeux du véritable point de départ de ce que j’appellerai les utopies vertes.
On ne peut réduire la naissance du concept d’utopies vertes, qui se développera à l’international, à ces événements français que sont le Pacte Ecologique et le Grenelle Environnement. Mais ils sont assurément à une échelle « locale » symptomatique du phénomène plus global qu’est la prise en compte de l’écologie par les « élites » au sein des politiques publiques, politiques qui donneront par la suite naissance aux utopies vertes.
Avec la volonté affichée de mettre en place une démarche environnementale au cœur même de la politique publique et compte tenu de l’importance que celle-ci semble alors occuper dans l’opinion, on peut assez aisément comprendre le besoin de donner une certaine visibilité aux actions menées, à leur donner un visage. Il s’agit en quelque sorte de montrer que l’action est bien menée, qu’elle possède une dynamique constructive au sens où elle serait génératrice de progrès, et qu’elle ne consiste pas exclusivement en une accumulation d’entraves (lois, normes). On retrouve d’une certaine manière ce rapport historique entre architecture et pouvoir que l’on a évoqué précédemment, notamment en tant qu’expression (symbolisation) concrète d’une volonté ou pensée politique. Il ne faut pas oublier que l’architecture possède une dimension fortement symbolique. François Mitterrand l’avait bien compris comme d’autres avant lui*, et ce nouveau mouvement que représente le développement durable a alors besoin de symboles auxquels se rattacher.
* Je fais ici référence aux Grands Travaux que le président François Mitterrand lancera dans le cadre de sa politique culturelle, notamment le Grand Louvre et la Bibliothèque Nationale, projets portant une symbolique particulière à ce regard.
D’une part l’idée est de fournir un cadre, un écrin dans lequel développer cette nouvelle vision de la société car c’est bien ce dont il s’agit. Tout comme le phalanstère de Fourrier** a pu servir d’écrin au développement de la vision socialiste/communiste, le développement durable a besoin de s’appuyer sur une forme concrète pour permettre le développement complet de sa pensée. Il s’agit d’une certaine manière de mettre en place un canevas sur lequel va pouvoir venir se développer le système de pensée.
D’autre part pour une raison beaucoup plus électorale le développement durable semble devenir une « mode » politique, les acteurs de la politique publique doivent donc montrer aux citoyens qu’ils sont attachés à ce sujet, en quelque sorte faire du marketing électoral. Comme je l’ai déjà dit et le répèterai sûrement, rien de tel qu’une image pour communiquer, sans oublier que cela permet de montrer une vision moins rebutante et dépassant les restrictions que le développement durable amène.
« Honni soit celui qui, s’engageant en politique, n’aura rien à dire sur le sujet, car il sera ignoré des médias comme du grand public, et, rapidement, des électeurs »
Hugo Bellagamba. Les Utopies Vertes. Revue 303
C’est dans ce cadre et dans cette optique que les architectes et/ou urbanistes vont faire leur entrée, représentant et imaginant ce que pourrait être la ville, l’habitat, d’une certaine manière le cadre de vie, de la société de demain dans la continuité de la pensée écologiste du moment.
Eco-quartier de la Vecquerie à St Nazaire, Lacaton & Vassal, 2009
Comment cette entrée se fait-elle ? On l’a dit, la politique environnementale officiellement lancée en 2007 a besoin de représentations concrètes, de symboles. Il est cependant assez difficile de définir si ce sont les architectes et urbanistes -que l’on appellera par la suite utopistes- qui ont intégré le mouvement général y voyant un créneau intéressant en termes de marché, de possibilité d’apporter leur pierre à l’édifice et d’entrée dans les sphères intellectuelles (dont les architectes sont habituellement assez exclus) ou si, au contraire, ce sont les commanditaires publics qui sont allés chercher leurs services dans un premier temps. Il y a sans doute un peu des deux. Toujours estil que ces acteurs vont finir par travailler ensemble, imaginant la ville du futur, dans le cadre de réflexions sur le long terme. Il s’agit surtout de démarches prospectives plus que de véritables projets destinés à être réalisés, même si certains se voudront réalisables. On retrouvera notamment des études pour les villes de Paris, Strasbourg, Monaco, Sao Paulo menées en collaboration avec différents acteurs publics, mais également quelques projets plus libres, sorte de manifestes que les utopistes développeront en parallèle afin d’approfondir leurs réflexions.
Ces projets se veulent donc « verts », couleur chlorophylle. Ce terme, tout comme le préfixe « éco »*, est devenu en parallèle de l’avènement du développement durable intimement lié à la question de l’écologie, de l’environnement, de la nature. Le vert devient la bannière du mouvement écologiste moderne qui remet en question notre modèle de société, déconnecté de la capacité de notre milieu à le soutenir et par conséquent entrain de l’endommager de manière irréversible. Cette
* WANG Chuan, Ecocity : a new creative ambiguity or an adopted fashion ?
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Table des matières
1. introduction
1962-1987
Le rapport Brundtland
Du rapport Brundtland à 2007, une prise de conscience généralisée ?
Le cas Hulot
Utopies Vertes
2. naissance des utopies vertes
3. les utopistes : vincent callebaut face à luc schuiten
Introduction
Schuiten le rêveur…
…face à Callebaut le réaliste
Deux visions du «vert»
Callebaut Technicien
Schuiten et l’Archiborescence
Archibiotic face à Archiborescence
Sociétés vertes ?
Exemplum et critique
conclusion
bibliographie
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