L’utilisation des nouveaux médias par les acteurs politiques a attiré l’attention des chercheurs. Leurs travaux démontrent que les politiciens utilisent les médias sociaux, que ce soit Facebook, Twitter, Instagram, ou tout simplement le Web, dans le but d’informer, de promouvoir, d’interagir ou encore de mobiliser la population. Twitter a notamment été au cœur de recherches qui ont abordé le contenu des gazouillis ou tweets diffusés par les partis politiques: « Ces tweets présentent de l’information, des déclarations, des attaques, des critiques et des rectificatifs sur les engagements électoraux et les politiques publiques» (Giasson, Le Bars, Bastien et Yerville, 2013, p. 145). Ces chercheurs ont aussi pu illustrer la dominante consistant en la tendance des partis politiques québécois à « faire des annonces sur les événements de la campagne» (Ibid) et à promouvoir leurs activités en invitant les membres de leur parti, ce qui permet de « stimuler la mobilisation hors ligne » (Ibid, p. 144). En plus de Twitter, les sites internet des partis politiques, observés lors d’une étude comparative France-Québec, présentent « [ … ] des fonctions de mobilisation et d’information, exploitées alors que les échanges horizontaux sont moins prisés» (Bastien et Greffet, 2009, p. 218) .
Dans son mémoire de maîtrise, Yerville (2012) a fait ressortir que les usages de Facebook et de Twitter par les partis politiques aux Québec, leurs chefs et leurs députés, servent à informer les usagers, à promouvoir le parti, à discuter avec les usagers, ainsi qu’à engendrer la mobilisation. Yerville mentionne aussi que: « [ … ] si ces partis ont fait usage de pratiques en ligne pour mobiliser l’électorat et favoriser l’interaction, celles-ci restent minimes et même embryonnaires dans certains cas » (2012, p. 99). La chercheuse note que les pratiques visant à informer les usagers sont primordiales pour en venir à une mobilisation des citoyens. De plus, selon Yerville, une mise en valeur de l’interaction réduirait le clivage entre gouvernants et gouvernés .
Dans une optique apparentée, l’analyse réalisée par Giasson, Le Bars, Bastien et Yerville (2013) concernant l’utilisation du réseau Twitter par le Parti Québécois (PQ), le Parti libéral du Québec (PLQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ) lors des élections provinciales québécoises de 2012 a révélé que la diffusion d’informations au public primait comparativement à l’échange et l’interaction avec les utilisateurs du réseau social. Notons cependant que cette tendance est propice à changer pour le PQ et la CAQ en dehors de la période électorale. Les chercheurs soulignent la tendance conservatrice dans l’usage d’Internet par la verticalisation des communications des partis politiques en période électorale. Celle-ci s’ oppose ou contraste avec l’horizontalisation des échanges engendrés par le Web 2.0 et l’explosion de la popularité des réseaux sociaux sur Internet.
Les chercheurs se sont aussi intéressés aux usages de la publicité négative par les acteurs politiques. Cette négativité s’ avère être une tendance parmi la multitude d’usages de la digital technology des partis politiques canadiens (Small, 2012). Comme pour le Puffin Gate, ou plus récemment, lors de l’élection canadienne de 2015, où les publicités « He ‘s just not ready » du Parti conservateur du Canada soulevaient l’inexpérience de Justin Trudeau, chef du Parti libéral, qui cherchait alors à devenir premier ministre du Canada. Les attaques publicitaires ont intégré les coutumes et pratiques communicationnelles de certains politiciens. L’utilisation des médias sociaux, à des fins de communication avec la population, fait maintenant partie intégrale du quotidien des politiciens. C’est ce que Rose (2012) appelle la campagne permanente. De Rose, nous retenons que le chercheur traite de la publicité négative comme étant bénéfique à la population en améliorant la qualité de la conversation politique des citoyens. Il pose comme condition que ces publicités négatives « [ … ] abordent des problématiques, fassent ressortir des évidences, montrent les différences entre les prises de positions des candidats et portent leur attention sur le fait de gouverner» (Rose, 2012, p. 163, notre traduction.
Comme les citoyens sur le Web font face en permanence à ce que leur transmettent les politiciens, certains forment leurs opmlOns, transmettent des informations et font des usages dans les nouveaux médias à l’égard de la politique. Dans les pages suivantes, nous aborderons les usages des nouveaux médias par les citoyens.
Usages politiques des nouveaux médias par les citoyens
Nous venons de jeter un coup d’œil aux usages politiques sur le Web par les politiciens, cependant qu’en est-il de l’utilisation, des usages qu’en font les citoyens? Ces derniers, comme ce fut le cas avec Obama Girl, peuvent tenir un discours à propos de la politique en utilisant Internet. Ces citoyens, depuis l’avènement du Web 2.0, réagissent aux diverses productions en ligne en bénéficiant de l’horizontalisation des communications. Selon D’Reilly (2007), comparativement à son prédécesseur, le Web 2.0 connaît une mise à profit de l’intelligence collective. À cela s’ajoute un allègement des interfaces des utilisateurs et des sites Web, et des bases de données qui récoltent des informations et croissent en fonction de la fréquentation des utilisateurs. Au sein du Web 2.0, les citoyens interagissent entre eux, commentent l’actualité politique grâce à des blogues, publient des commentaires sur les articles diffusés par les médias, produisent des vidéos et les téléchargent sur leur site Web, leur page Facebook, sur y ouTube ou sur Daily Motion. Ils produisent un contenu que nous souhaitons comprendre.
Usages citoyens: émergence de la blogosphère politique
Soulignons qu’avant même l’explosion des nouveaux médias, les blogues servaient de plateformes où les citoyens pouvaient s’exprimer, tout en pouvant répondre aux divers billets. Ces blogues sont en quelque sorte les ancêtres des nouveaux médias actuels. La blogosphère politique au Québec constituerait, d’abord et avant tout, un espace de partage d’opinions entre les internautes, un espace de délibération politique et d’échanges partisans, comme le mentionnent Giasson, Raynauld et Darisse (2008). Ces chercheurs ont abordé la question des dénonciations politiques naissant dans les blogues et reprises dans les médias traditionnels. Ces dénonciations condamnaient les partis démocrates et républicains américains. Comme l’écrivent Giasson, Darisse et Raynauld : « Leurs charges ont éventuellement attiré l’attention des médias de masse américains qui ont vérifié et repris à leur tour les accusations des blogueurs [ … ] »(2013, p. 6). Ces chercheurs constatent que le contenu en ligne, créé par des citoyens actifs sur les blogues, influence le contenu rédigé par les journalistes.
|
Table des matières
Problématique et cadre conceptuel
Les usages politiques des nouveaux médias des politiciens
Usages politiques des nouveaux médias par les citoyens
Usages citoyens: émergence de la blogosphère politique
Le mème internet comme production culturelle citoyenne
Démarche méthodologique
Définition opérationnelle du mème internet politique
Collecte des mèmes internet politiques
Méthode d’analyse
Constitution d’une grille d’analyse
Présentation des résultats
Discussion et conclusion
Télécharger le rapport complet