Des études menées dans le cadre des activités de prélèvement des ressources forestières au Sénégal ont montré que celles-ci constituent un potentiel particulièrement important dans la vie des populations locales . Ainsi, elles leur fournissent un ensemble de produits destinés à la satisfaction des besoins alimentaires. En plus de cet aspect alimentaire, les forêts, à travers les autres produits qu’elles procurent, (feuilles, racines, écorces, piquets divers, fourrage, gibier, résines et gommes) contribuent à la satisfaction d’autres besoins notamment d‟habitation, de médicine traditionnelle… Les Produits Forestiers non Ligneux (PFNL) jouent également un rôle important dans l‟amélioration des revenus de ces populations et la création d‟emplois si leur mise en valeur est améliorée.
C‟est dans ce cadre qu‟avec les avancées de l‟internet au Sénégal qui selon Dieng M. (2008) « se sont traduites par le développement des infrastructures de téléphonie fixe, la percée du mobile, l’amélioration de la connexion Internet » dans un contexte global de mondialisation, cette mise en valeur des produits forestiers dispose d‟un nouveau levier capable de propulser cette activité vers les marchés mondiaux. Plus de la moitié de la population du Sénégal (54%) a théoriquement accès à l‟internet depuis 2015 . Pour cela, certaines zones écogéographiques du Sénégal telles que celle agro-sylvo-pastorale du Sud-est, dotées de ressources forestières importantes font l‟objet de transformations économiques importantes. Ces transformations nécessitent une analyse dans une perspective de mondialisation faisant appel à des interactions de type Centre/Périphéries. Car bien qu‟appartenant aux périphéries peu intégrées à la mondialisation, cette région du Sénégal (Kédougou) se distingue par un dynamisme économique dans le secteur minier surtout.
Cette région géographique de Kédougou qui est notre espace d‟étude dispose d‟une part d‟un potentiel minier important et d‟autre part de ressources forestières abondantes comme des fruits tels que le mad, le bouye, le tamarin, le ditakh, la gomme, les produits ligneux…, (ANSD 2013). Elle attire pour cela depuis le début des années 2000 de nombreux acteurs évoluant principalement dans le domaine de l‟extraction minière mais également d‟autres acteurs spécialisés dans la mise en valeur des produits forestiers non ligneux (PFNL).
Contexte et justification
Un contexte économique mondial mouvementé
A partir des années 2000, l‟économie mondiale, est marquée par une forte demande en matières premières et en produits miniers. Les causes de cette situation remontent à une date lointaine. Depuis la chute du mur de Berlin , l‟économie mondiale est marquée par le réveil des périphéries dites actives (Samir Amin dans Diouf, M. 2002), et particulièrement de la Chine. Ce réveil a engendré une forte croissance économique tirée par un secteur tertiaire dynamique qui a fini par exercer une forte pression sur les matières premières. Il en résulte une hausse des prix de certaines matières premières sur les marchés mondiaux. Les cours mondiaux des métaux connaissent une flambée avec 29% pour l‟or en 2010 selon l‟Agence de Promotion de l‟Investissement et des Grands Travaux (APIX ) et le fer passe à une hausse de 71.5% en 2005 .
Cette émulation provoquée par ces périphéries actives est accentuée par un contexte géopolitique marqué par une instabilité qui affecte de gros exportateurs de pétrole comme l‟Irak. Il s‟en suit une hausse du prix du pétrole à un niveau jamais atteint depuis le choc pétrolier de 1974. Pour la première fois le pétrole franchit la barre des 55 dollars le baril. Cette hausse du pétrole se répercute également sur les prix des matières premières, les ressources minières y compris. Sous un autre registre, l‟industrie technologique en plein essor au début des années 2000, manifeste un besoin en métaux rares dans la fabrication d‟appareils électroniques modernes (ordinateurs, téléphones portables). Cette demande en valorise certains qui auparavant suscitaient peu d‟intérêt et entraîne la ruée vers les territoires disposant d‟un potentiel minier important.
Dans un tel contexte global, les multinationales mobiles et flexibles, actrices incontournables de la mondialisation, manifestent un grand intérêt pour les réserves minières particulièrement aurifères du Sénégal dont les gisements les plus importants se localisent dans le territoire de Kédougou. Elles se lancent à la conquête des marchés qui offrent les meilleures opportunités dont l‟Afrique. Le terrain leur sera balisé par les Etats des pays développés à travers la signature d‟accords commerciaux tels que les Accord de Partenariat Economique (APE) entre la France et les pays africains et des caraïbes. De tels accords aboutiraient à tuer dans l‟œuf les petites entreprises africaines en gestation .
Une économie nationale en quête de repères
L‟Etat du Sénégal, s‟inscrivant dans ce contexte mondial favorable à l‟extraction minière, a lancé des réformes. Sur le plan juridique, on note qu‟en 2003, le Sénégal a adopté la charte des Petites et Moyennes Entreprises (PME) qui définit les règles et principes consensuels qui leur permettent de jouer pleinement leur rôle. En 2008, il est promulgué la loi d‟orientation relative à la promotion des PME, avec la loi n° 2008-29 du 28 juillet 2008 qui découle de la charte de 2003 et qui fixe les avantages accordés aux PME ainsi que leurs obligations. En 2010, une Lettre de politique sectorielle/ PME est mise en œuvre pour accompagner la stratégie de croissance accélérée (SCA) de janvier 2008 qui s‟inscrivant dans les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visait à atteindre la réduction de la pauvreté de moitié en 2015 (loi n° 2008‐03 du 08 janvier 2008). Le Sénégal accorde, dans ses différents programmes de développement, à la région de Kédougou une place importante. Ce choix se matérialise par un nouveau découpage administratif en 2008, et par les plans stratégiques de croissance économique du Sénégal notamment le Plan Sénégal Emergent (PSE) comme document de planification qui promeut la diversité de la production économique.
L‟agriculture sénégalaise, frappée par une série d‟années sèches à partir des années 1970, a connu des campagnes hivernales décevantes . L‟arachide, principale culture d‟exportation, enregistre non seulement des baisses de production notoires causées par les déficits pluviométriques mais cette culture est fortement concurrencée par d‟autres oléagineux tels que le soja sur les marchés mondiaux. La contribution de l’agriculture au PIB qui était de 18,75% sur la période 1960-1966 est tombée à 10% aujourd’hui (2015) .
Ce contexte défavorable à l‟économie sénégalaise essentiellement basée sur la culture de l‟arachide a entraîné une réorientation dans les options économiques. La diversification des secteurs économiques s‟imposait. Pour cela, le Sénégal a adopté une politique minière très incitative. Les multinationales sont alors accueillies à bras ouverts par l‟Etat du Sénégal qui met en place un ensemble de mesures concrètes pour une compétitivité plus marquée dans le secteur minier. Sur le plan juridique et réglementaire, le Sénégal a adopté un nouveau code minier en 2003 avec la loi n° 2003-36 du 24 novembre 2003 qui se singularise par des mesures incitatives telles que les exonérations. Ces mesures sont renforcées par une bonne promotion médiatique à travers le salon international des mines. Avec toutes ces mesures, en 2013 l‟Etat du Sénégal a délivré 68 permis de recherche à 41 sociétés évoluant dans l‟exploitation de l‟or, des métaux de base (cuivre nickel chrome…) de l‟étain, de l‟uranium, de la dolérite (APIX, 2013). La région de Kédougou, se caractérisant par son sous sol riche en minerais variés est donc devenue une « région minière » principale du Sénégal et le centre de l‟extraction minière.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I – PROBLEMATIQUE
A- Contexte et justification
B- Etat de l’art
C- Cadre théorique et opératoire
II- METHODOLOGIE DE RECHERCHE
A- Les sources écrites
B- Le travail de terrain
C- Le traitement des données
D- Analyse
PARTIE I : LA REGION DE KEDOUGOU : UNE PERIPHERIE GEOGRAPHIQUE DU SENEGAL
CHAPITRE 1 : LA REGION DE KEDOUGOU : situation et caractéristiques physiques
I -Localisation et cadre administratif
II Cadre physique
CHAPITRE II : LES HOMMES ET LES ACTIVITES
I- Les hommes
II- Les secteurs d’activité de la région de Kédougou
PARTIE II: LA REGION DE KEDOUGOU : UNE PERIPHERIE NUMERIQUE
CHAPITRE I L’internet au Sénégal
I- Historique
II: les avancées dans l’usage de l’internet
A- L’évolution de la pénétration
B- La technologie utilisée
C- Les parts de marché des opérateurs de 2010 à 2015
D- Les usages du téléphone et de l’internet au Sénégal
CHAPITRE II – L’internet dans la région de Kédougou
A- L’accès au réseau internet
B- La qualité de la couverture de l’internet
C- Les couts d’accès à l’internet
PARTIE III : LES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX DE KEDOUGOU
CHAPITRE 1 : GENERALITS SUR LES PRODUITS FORESTIERS NON LIGNEUX
I- Présentation de quelques produits
II- La collecte des produits
CHAPITRE 2: LES CARACTERISTIQUES DE LA MISE EN VALEUR DES PFNL
I- Les enjeux autour de la mise en valeur des pfnl
II- Le rôle central des pme dans la mise en valeur
III Les structures dans l’espace de la ville de Kédougou
PARTIE IV : LES ACTEURS DE LA MISE EN VALEUR : usages et apports de l’internet
CHAPITRE 1 : L’ARTICULATION DES ACTEURS DE LA MISE EN VALEUR
I -Les acteurs en amont
II – Les acteurs en aval
CHAPITRE 2 LA COMPOSITION DES ACTEURS
II- Un niveau d’études bas
III- Un manque de spécialisation
IV – Une gestion informelle
v- Une occupation particulière de l’espace
CHAPITRE 3 : LES USAGES ET LES APPORTS DE L’INTERNET
I LES USAGES DE L’INTERNET DANS LA MISE EN VALEUR
II LES APPORTS DE L’INTERNET DANS LA MISE EN VALEUR
CONCLUSION GENERALE