Les types d’exercices appropriés pour l’expression
Pour pouvoir produire un texte, il ne suffit pas d’associer et d’assembler des phrases correctes (respect des règles morphosyntaxique) les unes aux autres, mais il faut savoir les agencer de manière convenable et pertinente, afin d’avoir un texte unifié, structuré et organisé, régit par les règles de cohérence. Auparavant l’enseignement/apprentissage de la grammaire avait pour objet la phrase et ses constituants. Mais avec l’avènement de l’approche communicative vers les années 70, qui se fonde sur le principe que l’enseignement du français comme langue étrangère se fait dans le but d’amener l’élève à produire des textes (oraux, écrits) grammaticalement correcte et intelligible. L’approche communicative a le mérite d’avoir apporté un plus pour l’enseignement de la grammaire dans la mesure où le regard s’est tourné vers une grammaire qui a pour objet d’étude le texte dans sa globalité. Cette nouvelle grammaire va au-delà du cadre phrastique pour s’investir et mettre au centre de ses préoccupations le texte et les phénomènes qui lui sont associés : nous entendons par là les marques d’organisation d’un texte tels qu’ils sont présentés par Vandandorp Christian(1995) et Chartrand Suzanne(1997), il s’agit des paragraphes, des organisateurs textuels, de la reprise d’informations, de la progression de l’information, des temps verbaux …etc. Ces derniers sont des éléments qui font qu’un texte est perçu comme un tout cohérent. Tout comme la phrase, le texte en tant qu’ensemble de phrases pourrait faire l’objet d’un enseignement/apprentissage grammatical, en d’autres termes ; ses différents constituants pourraient faire l’objet d’une analyse grammaticale. Pour ce faire, nous devons recourir aux exercices qui sont des activités qui s’inscrivent dans le programme scolaire et qui visent à installer certaines compétences de formation, comme l’affirme Vigner Gérard (1984,40) .
Définition de la grammaire textuelle
Nombreuses sont les définitions qui ont été attribuées à la grammaire textuelle par plusieurs auteurs. Dans le développement suivant nous exposerons quelques unes: Selon Muller Pierre (1995,163) « La grammaire textuelle est une approche de la langue qui se développe depuis plusieurs années et qui se propose de prendre en compte un certain nombre de phénomènes, jusqu’ici mal ou insuffisamment traités dans le cadre de la phrase : il s’agit en particulier du fonctionnement des temps verbaux, des repères énonciatifs, des organisateurs textuels et des relations anaphoriques. Souvent, en effet, on ne peut expliquer la présence et la valeur d’un élément linguistique qu’en étudiant les relations qu’il établit avec d’autres éléments figurant dans les phrases qui précèdent ou qui suivent » Dans cette définition, l’auteur avance que la grammaire du texte se propose de mettre au centre de ses préoccupations les phénomènes qui ont été omis dans le cadre de la grammaire phrastique : tel que les anaphores, organisateurs textuels, les temps verbaux…etc. Soulignons aussi que cette grammaire propose des outils d’analyse de ces éléments afin de déterminer la relation qu’ils entretiennent avec d’autres qui les précédent ou les suivent et tenir compte de leurs fonctionnement au sein du texte et la situation où ils sont insérés. Quant à Puren Christian (2001,16) pour définir la grammaire textuelle, il partage les mêmes principes que l’auteur précédent ; mais il ajoute que ces phénomènes textuels sont liés aux procédés de cohésion, de cohérence et de progression. De ce point, il déclare que la grammaire textuelle «S’intéresse à tous les phénomènes qui apparaissent dans le cadre d’un ensemble de phrases orales ou écrites (un « texte »), et qui sont liées aux exigences de cohésion (les phrases doivent être reliées les unes aux autres d’une certaine manière), de progression (les phrases doivent apparaître dans un certain ordre) et de cohérence (elles doivent avoir un certain rapport avec la réalité du monde extralinguistique auquel elles se réfèrent ».
Contrairement aux deux définitions précédentes qui s’intéressent à tous les phénomènes qui apparaissent dans le cadre textuel, la linguistique de Soutet Olivier (cité par Jean Michel Adam, (2011, 11) met en avant que : la grammaire textuelle est un ensemble de règles d’interprétation de texte, en annonçant qu’elle : « Est définit comme l’ensemble des règles permettant la prévision d’interprétation des textes et il lui assigne un double objectif: fixer les règles d’interprétation dépendante du Co(n) texte linguistique («composante locutoire du texte») et «fixer les règles d’interprétation liée au contexte énonciatif (composante illocutoire du texte)». Quant à Adam Jean Michel (1999,38), il attribue une autre dénomination à cette grammaire, linguistique textuelle qui vise à théoriser l’ensemble des propositions qui s’unissent pour former ce que nous appelons un texte: « La linguistique textuelle a pour objet la théorisation des agencements de propositions et de paquets de propositions au sein de l’unité de haute complexité que constitue un texte ». Pour notre part, nous définissons la grammaire textuelle comme un domaine qui a pour objet le texte dans sa globalité, autrement dit ; les phénomènes textuels qui contribuent à l’organisation d’un texte.
Le texte comme structure de base de la grammaire textuelle
Avant d’entamer l’exposition et l’explication des éléments de notre objet d’étude « la grammaire textuelle », nous devons d’abord passer par la définition du texte qui est l’élément majeur sur lequel se fonde cette dernière. Le texte est définit d’après Adam J.M selon deux point de vues différents : il se présente comme un objet abstrait d’une théorie à travers laquelle s’unissent les unités de base pour former un texte, il est aussi définit comme moyen concret qui résulte d’un acte individuel qui favorise l’échange verbal ou écrit entre les individus, comme l’affirme Adam J.M (1999 ,40) : «Le texte comme objet abstrait est l’objet d’une théorie générale des agencements d’unités (ce qu’on appellera la texture pour designer les faits microlinguistiques et la structures pour les faits macrolinguistiques) au sein d’un tout de rang de complexité linguistique plus ou moins élevé. Cet objet abstrait était celui des « grammaires de textes », il reste, dans une autre configuration épistémologique, l’objet théorique de la linguistique textuelle. Un objet concret, matériel, empirique. Chaque texte se présente comme un énoncé complet ; le résultat toujours singulier d’un acte d’énonciation. C’est par excellence ; l’unité de l’interaction humaine. Chaque texte étudié sera pour nous l’objet d’une analyse textuelle».
Les titre
Les titres des textes : nous retenons d’Emberto Eco (repris par Adam Jean Michel (2005 : 189) que les titres sont considérés comme des éléments révélateurs de la macro-structure sémantique du texte car ils comportent des indications sur ce qui va être abordé dans le contenu du texte c’est-à-dire à partir du titre nous saurons de quoi traite le texte.
Les éléments fondamentaux de la grammaire du texte
Comme le texte est l’objet crucial de la grammaire textuelle, alors ce dernier présente des éléments qui permettent au lecteur de déterminer le type et même le genre auquel il appartient. Nombreux sont les indices relevant de la disposition du texte c’est-à-dire des aspects graphiques comme la répartition de texte en paragraphe, et l’emploi de quelques procédés typographiques et d’illustration puisque chaque genre littéraire possède des ressources graphiques et typographique qui le différencie des autres.
La cohérence textuelle
Nous reformulons de Vandandorp Christian (1995 ,3) que la cohérence textuelle se fait par inférence. Cela dit que le lecteur doit avoir les mêmes connaissances du monde que celles du scripteur pour qu’il puisse comprendre ces énoncés et les interpréter sans que cela ne provoque aucune ambiguïté.
Selon Lita Lindquist (1980 ,20) la cohérence est une partie des connaissances linguistiques dans la mesure où elle permet aux locuteurs de produire des textes et pouvoir décider si cette suite de phrase est cohérente ou non et si elles forment un texte ou pas. Pour qu’un texte soit cohérent, il faudrait qu’il obéisse aux quatre règles qui régissent la cohérence d’un texte, à savoir la continuité thématique, les connecteurs, la transition et les paragraphes, la progression thématique, la gestion adéquate du temps .
Continuité thématique
Tout texte est un tout cohérent qui développe un thème particulier, celui ci doit tenir compte de l’enchainement d’idées développées. Ces idées doivent véhiculées des éléments qui doivent se répéter d’une phrase à l’autre ou d’un passage à l’autre étant le fil conducteur qui assure la continuité thématique mais sans que cela tourne au-tour du même point. Certes ces dernières sont variées en rapportant des faits différents mais elles doivent se rapporter à l’idée maitresse ou globale.
Progression thématique
La progression c’est la liaison et l’organisation des thèmes au sein d’un texte. Shirley Carter Thomas (2000,89) avance que : « Le terme de progression thématique désigne l’ensemble des relations thématique dans le texte : la concaténation et la connexion des thèmes, leur ordre et la hiérarchie qui les unit, dans leurs relations aux paragraphes et à l’ensemble du texte ainsi qu’à la situation de communication ».
Chaque paragraphe faisant partie d’un texte cohérent doit apporter des informations nouvelles, qui seront en étroite relation avec les informations qui précèdent c’est-à-dire qu’il ya une connexion entre ces connaissances. Les nouvelles informations seront organisées et réunies de façon claire et pertinente pour que le texte soit informatif et progressif pour le lecteur car un texte qui ne fait qu’assurer l’information sans sa progression c’est à dire qu’il tourne autour de la même chose est susceptible de s’immobiliser. Chaque phrase faisant partie d’un texte comporte deux parties : thème et propos. Le thème est le sujet dont nous parlons, quant au propos c’est ce que nous disons de ce thème (sujet) qui apporte la nouvelle information. Nous pourrons reconnaitre trois types de progression :
Progression à thème linéaire
Dans cette progression, le propos de la première phrase devient le thème de la deuxième comme dans, l’exemple suivant : Pour communiquer avec une personne à distance (thème1) on utilise la téléphone portable (propos1), ce téléphone (thème2=propos1) doit être lié à un réseau téléphonique (propos2).
Progression à thème constant
D’après Chartrand Suzanne (1997, 44) ce type de progression, consiste à reprendre un seul thème d’une phrase à l’autre comme dans, l’exemple suivant : Les étudiants (thème1) d’aujourd’hui ne lisent plus (propos1). Ils (thème2=thème1) ne savent pas l’importance de la lecture (propos2) .Ils (thème3=thème1et2) perdent leur temps à se balader (propos3).
Progression à thème dérivé ou éclaté
La progression à thème éclaté à partir du thème initial ou commun appelé hyperthème, dérivent des thèmes secondaires ou sous thèmes comme dans l’exemple suivant : La société des abeilles comprend : la reine qui est la plus important car c’est elle qui favorise la reproduction des ouvriers qui se devisent en deux catégories : les ouvriers qui sont devisées en cirières, les ventileuses, les nettoyeuses… .
Les connecteurs ou marqueur de relation
Selon Vandandorp Christian(1995,5) se sont « des éléments qui servent à établir des relations entre deux phrases ou deux propositions ». Ces mots peuvent être : Des adverbes tels que : ainsi, plutôt, ensuite, néanmoins, alors, en somme, etc. Des conjonctions ou locutions conjonctives : car, mais, or, dès que, parce que, afin que, etc. Ou encore des prépositions ou des locutions prépositionnelles : depuis, durant, pour, à cause de, en dépit de, etc.
Ces connecteurs ou marqueurs de relation permettent non seulement de produire un texte structuré, organisé, cohérent et intelligible en homogénéisant ces éléments, mais aussi ils établissent des relations à l’intérieur d’une séquence textuelle; en d’autre terme ils explicitent les différents liens sémantiques(les rapports logiques exprimés) qu’existent entre les propositions qui peuvent être soit : cause, conséquence, opposition, concession, but, addition .
Transition et découpage du texte en paragraphes
La transition est la liaison entre deux éléments au sein d’un texte. Vandandorp C (1995 ,7) affirme que la transition : est « une phrase ou un élément de phrase qui a pour fonction d’établir un lien entre ce qui vient d’être dit et ce qui va l’être ». Cette technique permet au lecteur d’éviter les erreurs d’interprétation qui viennent des changements thématiques brusques. Les transitions servent à introduire de nouvelles informations (progression nouvelle), résumer un point ou une idée avant de passer à d’autres, et parfois pour passer d’une idée à l’autre la transition pourra prendre la forme d’un paragraphe c’est-à-dire s’étaler sur tout un paragraphe.
Propositions didactiques
Pour travailler la grammaire textuelle dans le cadre du fait divers
Vu le manque constaté dans la typologie des exercices ciblant les caractéristiques textuelles du fait divers, nous allons faire quelques propositions des exercices plus appropriés aux objectifs de la séquence du fait divers ainsi que ses caractéristiques textuels à savoir la progression à thème constant, les connecteurs et la séquence textuelle . Les faits divers que nous proposons pour les exercices ci-dessous sont des faits divers extraits de sites internet à l’exception du premier exercice qui est un fait divers extrait du journal de Liberté (2015, 40).
Conclusion
Notre partie pratique consistait donc à analyser les activités proposées dans chacune des deux séquences du projet trois du manuel scolaire de première année secondaire, portant respectivement sur le fait divers et la nouvelle afin d’apporter des éléments de réponse pour notre problématique de recherche qui porte sur la manière ou la façon d’évaluer les exercices de grammaire textuelle proposés dans le projet 3 du manuel scolaire de français de première année secondaire et vérifier d’une part le nombre de ces exercices ; en d’autre termes ; vérifier si ces exercices seraient en grand nombre, et vérifier ainsi la pertinence de ces exercices de grammaire textuelle c’est-à-dire ces exercices proposés dans le manuel travailleraient la grammaire du texte dans la mesure où ils cibleraient les caractéristiques du genre visé dans chaque séquence, d’autre part, nous allons vérifier la variation typologique des exercices de grammaire textuelle proposés autrement dit ; savoir si ces exercices sont variés ou non.
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1
1. Définition de la grammaire textuelle
1.1. Le texte comme structure de base de la grammaire textuelle
1.1.1. Les titres
1.2. Les éléments de la grammaire du texte
1.2.1. La cohérence
1.2.1.1. La continuité thématique
1.2.1.2. La progression thématique
1.2.2. La cohésion
1.2.2.1. Reprise de l’information
1.2.2.1.1. Reprise par pronom
1.3. Les séquences textuelles
1.3.1. La structuration séquentielle
1.3.2. La combinaison des séquences
1.3.3. Structure de différentes séquences textuelles
1.2.3.3.1. Structure de la séquence narrative
1.2.3.3.2. Structure de la séquence descriptive
1.4. Caractéristiques des genres textuels visés dans le projet 3
1.4.1. Le fait divers et ses caractéristiques textuelles
1.2.4.1.1. La progression à thème constant
1.2.4.1.2. Les connecteurs
1.4.2. La nouvelle et ses caractéristiques textuelles
1.2.4.2.1. La progression à thème constant
1.2.4.2.2. Les connecteurs
2. Le concept d’exercice
2.2. Typologie d’exercices
2.2.2 Les types d’exercices appropriés à la compréhension
2.2.2.1. Les questionnaires
2.2.2.1.2. Les questionnaires à réponses ouvertes
2.2.3. Les types d’exercices appropriés pour l’expression
2.2.3.1. Les exercices d’écriture
2.2.3.1.2. Les exercices de réparation de texte
Chapitre 2
1. Présentation du corpus
2. Analyse des exercices de grammaire textuelle proposés dans le projet 3 du
manuel scolaire de 1ère AS
2.1. Analyse des exercices de grammaire textuelle de la séquence 1 : le fait
divers
2.2. Analyse des exercices de grammaire textuelle de la séquence 2 : la nouvelle
1. Propositions didactiques
Conclusion
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