Les troubles digestifs graves induits par les antipsychotiques

Tรฉlรฉcharger le fichier pdf d’un mรฉmoire de fin d’รฉtudes

La rรฉgulation de la motricitรฉ par le systรจme nerveux

Le tube digestif est innervรฉ par le systรจme nerveux autonome, les systรจmes nerveux sympathiques et parasympathiques font relais au niveau de neurones dans la paroi du tube digestif ce qui permet la rรฉgulation de la motricitรฉ digestive dโ€™une part et des phรฉnomรจnes de sรฉcrรฉtions dโ€™autre part. La figure 3 schรฉmatise le reflexe pรฉristaltique. Le point de dรฉpart est la stimulation dโ€™un mรฉcanorรฉcepteur de la paroi par le passage dโ€™un bol alimentaire. Les neurones sensoriels font synapse avec les interneurones qui vont assurer en aval la contraction de la couche longitudinale et le relรขchement de la couche circulaire avec comme consรฉquence un raccourcissement du segment digestif et une diminution de pression et en amont une contraction de la couche circulaire avec un relรขchement de la couche longitudinale qui entraine un rรฉtrรฉcissement de la lumiรจre digestive et une augmentation de la pression.
Il se forme ainsi un segment dโ€™amont propulsif et un segment dโ€™aval rรฉceptif. Ce phรฉnomรจne permet la progression du bol alimentaire.
Le systรจme nerveux extrinsรจque module lโ€™activitรฉ du systรจme nerveux entรฉrique. Lโ€™innervation extrinsรจque est double avec le systรจme nerveux Parasympathique (PS) et sympathique (S).
– Le systรจme nerveux sympathique : la plupart des fibres post ganglionnaires proviennent des ganglions cล“liaques et mรฉsentรฉriques. Ces fibres inhibent le systรจme nerveux entรฉrique, entrainant une diminution des contractions et du tonus. Elles sont aussi impliquรฉes dans des rรฉflexes dโ€™inhibition ร  point de dรฉpart digestif (ilรฉus paralytique). Le Sympathique a une action contraire au niveau des sphincters, ils entrainent leur contraction, il est aussi responsable de lโ€™innervation sensitive du systรจme digestif.
– Le systรจme nerveux parasympathique : lโ€™innervation est faite principalement par le nerf vague et pelvien entrainant une augmentation de la motricitรฉ et des secrรฉtions.

La constipation et les troubles digestifs graves en psychiatrie.

Une problรฉmatique peu reconnue pourtant grave.

La schizophrรฉnie est une pathologie chronique frรฉquente et fait partie des troubles psychiatriques associรฉs au plus haut risque de dรฉcรจs prรฉmaturรฉs (9). De nombreuses รฉtudes internationales ont montrรฉ une surmortalitรฉ deux ร  trois fois plus importante chez le schizophrรจne par rapport ร  la population gรฉnรฉrale (10). Une revue de la littรฉrature insiste sur la surmortalitรฉ prรฉcoce dโ€™origine somatique chez les patients atteints de troubles bipolaires par rapport ร  la population gรฉnรฉrale (odds ratio de 2,1 chez les femmes et 1,9 chez les hommes) (11). Cette augmentation est attribuable dโ€™une part, ร  une augmentation du taux de suicide et la survenue dโ€™accidents mais aussi au risque majeur de dรฉvelopper des comorbiditรฉs somatiques graves. Si les troubles cardiovasculaires, mรฉtaboliques et neurologiques induits par les neuroleptiques sont bien identifiรฉs, les troubles digestifs graves sont eux souvent sous-estimรฉs et banalisรฉs. Pourtant il est estimรฉ quโ€™environ 40% des patients schizophrรจnes souffriraient de constipation pouvant รชtre ร  lโ€™origine de complications somatiques urgentes avec mise en jeu du pronostic vital (12). En effet 38 cas de colites ischรฉmiques ont รฉtรฉ recensรฉs dans une รฉtude franรงaise de pharmacovigilance dont 14 dรฉcรจs. Dans une รฉtude rรฉtrospective rรฉalisรฉe ร  partir dโ€™un registre danois des maladies psychiatriques, 123 cas dโ€™ilรฉus ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs chez 26 760 patients schizophrรจnes. La littรฉrature fait รฉgalement รฉtat de nombreux ยซ cases report ยป concernant les cas dโ€™ilรฉus paralytiques ou dโ€™occlusion pouvant รฉvoluer de maniรจre fatale (4)(5)(6).

Profil multifactoriel des causes de troubles digestifs graves en psychiatrie

La survenue de ces cas chez le patient psychiatrique est souvent multifactorielle (Figure 4). Lโ€™un des facteurs est la maladie psychiatrique en elle-mรชme. En effet cette pathologie induit une sรฉdentaritรฉ, surtout chez les patients institutionnalisรฉs et un dรฉsintรฉrรชt pouvant รชtre ร  lโ€™origine dโ€™une dรฉshydratation et dโ€™une alimentation pauvreย  en fibres. Une difficultรฉ de communication mais aussi une diminution de la sensibilitรฉ ร  la douleur sont รฉgalement des facteurs de troubles digestifs graves en psychiatrie (13). Dans une รฉtude rรฉcente destinรฉe ร  รฉtudier lโ€™association entre le diagnostic psychiatrique et la constipation chez les patients hospitalisรฉs en psychiatrie, la schizophrรฉnie a รฉtรฉ un des diagnostics le plus associรฉ ร  la constipation, notamment chez la personne รขgรฉe de plus de 60 ans (14). Ces facteurs associรฉs ร  la banalisation de la constipation et ร  la sous-estimation de ces effets indรฉsirables par rapport aux autres effets des neuroleptiques (agranulocytose, troubles mรฉtaboliques, troubles cardiaquesโ€ฆ) contribuent au dรฉveloppement de complications digestives graves notamment du fait dโ€™une difficultรฉ de dรฉpistage par lโ€™รฉquipe mรฉdicale. Une รฉtude japonaise sur les patients atteints de pathologies psychiatriques hospitalisรฉs illustre ce propos : sur les 503 patients schizophrรจnes de lโ€™รฉtude, 184 sont diagnostiquรฉs constipรฉs, 103 sont conscients quโ€™ils le sont et seulement 34 lโ€™ont rapportรฉ ร  leurs mรฉdecins (15). Ces faits sont dโ€™autant plus importants que la survenue des troubles digestifs graves est frรฉquemment rencontrรฉe dans un contexte dโ€™aggravation brutale de symptรดmes peu spรฉcifiques ne prรฉsageant pas nรฉcessairement dโ€™une รฉvolution grave. Le traitement mรฉdicamenteux est รฉgalement un facteur favorisant lโ€™apparition de troubles digestifs graves. En effet selon les recommandations de la sociรฉtรฉ franรงaise dโ€™hรฉpato-gastro-entรฉrologie, une cause mรฉdicamenteuse ou toxique doit systรฉmatiquement รชtre recherchรฉe lorsquโ€™un patient se plaint de constipation (3). Les neuroleptiques dont les propriรฉtรฉs pharmacologiques contribuent ร  la survenue de TDG prennent une place importante dans la survenue de ces troubles. Lโ€™activitรฉ anticholinergique, antisรฉrotoninergique et antihistaminique des neuroleptiques pourrait expliquer lโ€™origine de la constipation et de ses complications. Lโ€™utilisation de ces mรฉdicaments est associรฉe ร  une problรฉmatique de polypharmacie, notamment de neuroleptiques, chez le patient atteint de pathologie psychiatrique.

Les troubles digestifs graves induits par les antipsychotiques

Les neuroleptiques :

Les neuroleptiques dรฉsignent une classe de mรฉdicaments actifs dans le traitement des psychoses, bien quโ€™ils ne guรฉrissent pas le malade, ils attรฉnuent considรฉrablement les symptรดmes cliniques de la maladie et amรฉliorent donc le quotidien des patients traitรฉs. Cette classe mรฉdicamenteuse comporte plus dโ€™une trentaine de molรฉcules diffรฉrentes ; liรฉes cependant par un mรฉcanisme dโ€™action majoritaire : lโ€™antagonisme dopaminergique central.
Les neuroleptiques sont classรฉs en deux grandes classes : les neuroleptiques classiques, de premiรจre gรฉnรฉration dit neuroleptiques typiques et les neuroleptiques de seconde gรฉnรฉration dit neuroleptiques atypiques.
Plusieurs familles chimiques constituent la classe des neuroleptiques de premiรจre gรฉnรฉration (16)
– Phรฉnothiazines.
– Butyrophรฉnones.
– Tioxanthรจnes.
– Benzamides.
– Diphรฉnylpipรฉrines.
– Oxazepines.
En plus du blocage des rรฉcepteurs D2 au niveau de lโ€™ensemble des voies dopaminergiques, les neuroleptiques classiques possรจdent dโ€™autres propriรฉtรฉs pharmacologiques. Ils sont capables notamment de bloquer les rรฉcepteurs cholinergiques muscariniques, les rรฉcepteurs histaminiques H1, les rรฉcepteurs ฮฑ1 adrรฉnergiques et les rรฉcepteurs sรฉrotoninergiques. La multitude des liaisons possibles entre les rรฉcepteurs et les neuroleptiques est illustrรฉe par Stahl (17).
Ces propriรฉtรฉs seront responsables de nombreux effets indรฉsirables comme notamment la vision trouble, la somnolence, la constipation, la prise de poids, le syndrome extrapyramidal et lโ€™hypotension orthostatique.
Les neuroleptiques atypiques sont reprรฉsentรฉs par :
– clozapine.
– rispรฉridone.
– olanzapine.
– quetiapine.
– aripiprazole.
– palipรฉridone.
Dโ€™un point de vu clinique, les neuroleptiques atypiques sont dรฉfinis par une action antipsychotique รฉquivalente sur les symptรดmes positifs mais gรฉnรฉrant moins de symptรดmes extrapyramidaux. Dโ€™un point de vu pharmacologique, les neuroleptiques atypiques sont dรฉfinis comme รฉtant des antagonistes sรฉrotonine-dopamine, ce qui signifie quโ€™ils possรจdent simultanรฉment un antagonisme des rรฉcepteurs sรฉrotoninergiques 5HT2A associรฉ ร  un antagonisme D2 sauf lโ€™aripiprazole qui est la seule molรฉcule agoniste partiel des rรฉcepteurs dopaminergiques.
Dโ€™autres actions pharmacologiques peuvent รชtre associรฉes, elles dรฉpendent de lโ€™affinitรฉ avec les diffรฉrents rรฉcepteurs cรฉrรฉbraux (tableau 1).

Prรฉvalence de la prescription des neuroleptiques en France et dans le monde

Lโ€™augmentation de la frรฉquence des prescriptions dโ€™antipsychotiques dans la population gรฉnรฉrale est quasi constante dans les diffรฉrentes รฉtudes.
Aux USA la prescription de neuroleptiques est passรฉe de 3,3% entre 1993 et 1998 ร  6,2% entre 2005 et 2009 (19). Selon une รฉtude franรงaise la proportion de personnes traitรฉes par des neuroleptiques a augmentรฉ de 7,5% de 2006 ร  2009 (20).
Ainsi en 2013, la frรฉquence dโ€™utilisation des antipsychotiques รฉtait estimรฉe ร  20,5 โ€ฐ, soit 1,2 millions dโ€™utilisateurs (21).
Cette augmentation est due en partie ร  lโ€™arrivรฉe sur le marchรฉ de nouvelles molรฉcules induisant moins dโ€™EI, mais aussi par lโ€™รฉlargissement des indications notamment chez la personne รขgรฉe (22). Avec le vieillissement de la population, cette tendance sโ€™accentue.

Hypothรจse iatrogรจne des troubles digestifs graves impliquant les neuroleptiques

Les neuroleptiques possรจdent une grande hรฉtรฉrogรฉnรฉitรฉ dโ€™affinitรฉ sur les rรฉcepteurs ce qui leur confรจrent un profil pharmacologique diffรฉrent entrainant ainsi des effets indรฉsirables variรฉs. Lโ€™hypomotilitรฉ intestinale iatrogรจne est en grande partie due ร  lโ€™activitรฉ anticholinergique des neuroleptiques, mais en plus de cette activitรฉ dโ€™autres mรฉcanismes (surtout sโ€™ils sont associรฉs dans une mรชme molรฉcule) peuvent รชtre impliquรฉs dans la survenue de TDG.

Implication du profil rรฉceptologique des neuroleptiques.

Implication de lโ€™activitรฉ anticholinergique :

Lโ€™acรฉtylcholine est un neurotransmetteur pouvant se fixer sur des rรฉcepteurs nicotiniques et plus majoritairement les rรฉcepteurs muscariniques.
Les rรฉcepteurs muscariniques sont divisรฉs en cinq classes (de M1 ร  M5). Ce sont les rรฉcepteurs M1, M3 (rรฉcepteur le plus reprรฉsentรฉ dans la paroi intestinale) et M5 dit excitateurs, qui en activant une phospholipase C induiront la contraction musculaire. Les rรฉcepteurs M2 et M4 sont dits inhibiteurs de par leur action sur la protรฉine G. Lโ€™acรฉtylcholine est donc le neurotransmetteur excitateur de l’intestin sur les muscles lisses et stimule les cellules Cajals, cellules qui sont ร  lโ€™origine de lโ€™automatisme des fibres lisses du tube digestif.
Tous les neuroleptiques, comme lโ€™illustre le tableau 2, disposent dโ€™une activitรฉ anticholinergique, plus ou moins marquรฉe en fonction de la molรฉcule, pouvant รชtre ร  lโ€™origine dโ€™un syndrome atropinique.
Le tableau clinique du syndrome atropinique associe mydriase, vision trouble, bouche sรจche, nausรฉes, difficultรฉ ร  uriner, tachycardie et constipation. Au niveau du systรจme digestif, cet effet est responsable dโ€™une diminution des sรฉcrรฉtions digestives et dโ€™une diminution du pรฉristaltisme pouvant รฉvoluer vers une distension colique due ร  une stase sectorale (24) (25). Lโ€™association de plusieurs mรฉdicaments ร  propriรฉtรฉs atropiniques entraine une addition dโ€™effets atropiniques, on parle alors de charge atropinique. Ce concept est basรฉ sur :
– La puissance de lโ€™effet atropinique qui varie entre les diffรฉrentes molรฉcules ayant une activitรฉ antimuscarinique.
– Lโ€™association de plusieurs molรฉcules ayant des effets atropiniques ce qui entraine une addition de ces effets.
Il existe plusieurs รฉchelles dโ€™รฉvaluation de la charge atropinique (26). Lโ€™รฉchelle des mรฉdicaments anticholinergique (ADS) (Annexe 1) (27) semble la plus exhaustive.

Implication de lโ€™activitรฉ antisรฉrotoninergique :

La pharmacologie de la sรฉrotonine (5-HT) au niveau du tractus gastro intestinal a รฉtรฉ au centre de nombreuses recherches pendant plusieurs annรฉes depuis que Vialli et Erpamer ont montrรฉ que lโ€™intestin รฉtait une importante source de sรฉrotonine. Celle-ci semble รชtre impliquรฉe dans la physiopathologie de survenue de certains troubles digestifs graves (28).
Dans le tube digestif, les cellules entรฉrochromaffines agissent comme des transmetteurs sensoriels rรฉpondant ร  la pression mรฉcanique en secrรฉtant de la 5-HT directement dans la paroi intestinale et initient ainsi le pรฉristaltisme et les secrรฉtions reflexes (29). La 5-HT libรฉrรฉe affecte les neurones entรฉriques et les cellules effectrices (muscles lisses et entรฉrocytes) grรขce ร  la prรฉsence de nombreux rรฉcepteurs. Les rรฉcepteurs ร  la sรฉrotonine jouant sur la fonction motrice de lโ€™intestin sont les rรฉcepteurs 5-HT1, 5-HT2, 5-HT3, 5-HT4 et 5-HT7 (30). Leur distribution et leur rรฉponse ร  la stimulation sont rรฉsumรฉes dans le tableau 3

Implication de lโ€™activitรฉ anti dopaminergique :

Le blocage de la dopamine en plus dโ€™รชtre la principale cause responsable de lโ€™activitรฉ des neuroleptiques joue รฉgalement un rรดle dans la diminution du pรฉristaltisme. En effet la dopamine amรฉliore la perfusion mรฉsentรฉrique car ร  faible dose elle a un effet vasodilatateur via les rรฉcepteurs DA1 (36). Lโ€™inhibition de la vasodilatation mรฉsentรฉrique peut ainsi jouer un rรดle supplรฉmentaire dans lโ€™ischรฉmie digestive.

Implication de lโ€™activitรฉ antihistaminique

Certains neuroleptiques possรจdent une activitรฉ antihistaminique, ce qui pourrait accentuer lโ€™hypomotilitรฉ digestive en induisant une sรฉdation et une vie sรฉdentaire avec diminution de lโ€™activitรฉ physique. La clozapine est le neuroleptique qui possรจde la plus grande affinitรฉ pour les rรฉcepteurs H1 suivi de lโ€™olanzapine et de la quetiapine (37) (17).

Impact de lโ€™association de molรฉcules

โ€ข Association de neuroleptiques :
La polypharmacie de neuroleptiques semble รชtre une pratique clinique courante consistant ร  prescrire simultanรฉment plusieurs neuroleptiques (38)(39)(40).
Elle serait un facteur de risque de survenue de troubles digestifs graves. En effet dans une รฉtude franรงaise menรฉe sur la base nationale de pharmacovigilance, 51,4% des patients ayant une colite ischรฉmique รฉtaient traitรฉs par une polythรฉrapie de neuroleptiques. De plus, il a รฉtรฉ rapportรฉ que dans les cas dโ€™ilรฉus fatal, 55,6% des patients รฉtaient รฉgalement exposรฉs ร  une association de neuroleptiques (41). Dans leur รฉtude, Brooks et al constatent des taux de constipation significativement plus รฉlevรฉs chez 10% des patients traitรฉs par polythรฉrapie de neuroleptiques versus monothรฉrapie (42). Le rรฉsultat de ces รฉtudes sโ€™explique probablement par lโ€™accumulation dโ€™effets anticholinergiques, anti sรฉrotoninergiques, anti dopaminergiques retrouvรฉs chez ces patients traitรฉs par plusieurs neuroleptiques.
Cependant deux รฉtudes dรฉmontrent le contraire ; lโ€™รฉtude dโ€™E. Palmer รฉtudiant lโ€™apparition de troubles digestifs chez des patients traitรฉs par clozapine, ne montre pas de diffรฉrences entre les patients traitรฉs par la clozapine en monothรฉrapie et ceux recevant de la clozapine et dโ€™autres neuroleptiques (43). De mรชme dans lโ€™รฉtude de T. Koizumi et al., il nโ€™y a pas de diffรฉrence significative entre les patients recevant une polypharmacie de neuroleptiques (39.6%) et ceux en monothรฉrapie (32,2%)(44). Nรฉanmoins, les rรฉsultats de ces รฉtudes sont ร  interprรฉter avec prรฉcaution du fait du nombre restreint de patients
โ€ข Association de neuroleptiques ร  dโ€™autres psychotropes :
Les neuroleptiques sont amenรฉs ร  รชtre prescrit en association avec dโ€™autres molรฉcules psychotropes, notamment les antidรฉpresseurs et les anxiolytiques. En effet, lโ€™efficacitรฉ insuffisante des antidรฉpresseurs chez presque deux tiers des patients dรฉpressifs incite de plus en plus de psychiatres ร  prescrire des neuroleptiques en complรฉment des antidรฉpresseurs. Mรชme si en France peu de molรฉcules sont autorisรฉes ร  ces fins (quetiapine, cyamรฉmazine) certains nโ€™hรฉsitent pas ร  sโ€™inspirer de ce qui se fait aux Etats-Unis. Une rรฉcente รฉtude montre que lโ€™association de neuroleptiques amรฉliore la rรฉponse aux antidรฉpresseurs mais que la qualitรฉ de vie des patients nโ€™est pas amรฉliorรฉe du fait de la survenue dโ€™effets indรฉsirables (45). Les neuroleptiques sont aussi largement utilisรฉs dans les รฉtats dโ€™agitation du sujet dรฉment, les รฉtats confusionnels ou chez les patients anxieux non dรฉlirants et ainsi associรฉs aux anxiolytiques (46). Pourtant la sur prescription de ces molรฉcules est dรฉlรฉtรจre pour le patient et plus particuliรจrement chez la personne รขgรฉe. Cโ€™est pourquoi, lโ€™utilisation des psychotropes chez les personnes รขgรฉes a fait lโ€™objet dโ€™un rapport par la HAS visant ร  amรฉliorer la prescription de ces molรฉcules chez les personnes รขgรฉes (47).
โ€ข Association de neuroleptiques ร  dโ€™autres molรฉcules
Les neuroleptiques peuvent รชtre associรฉs ร  une polypharmacie de mรฉdicaments non neuroleptiques. En effet pour faire face aux effets parkinsoniens induits par les neuroleptiques, des molรฉcules dites correctrices de ces effets sont adjointes au traitement de base. La tropatรฉpine ou le trihexyphenidyle sont ainsi retrouvรฉs chez de nombreux patients. La prescription de ces molรฉcules, conformรฉment aux recommandations, est justifiรฉe quand :
– Un signe clinique apparaรฎt ;
– Un antipsychotique est connu pour entraรฎner des effets neurologiques (48).
La correction des effets indรฉsirables due aux neuroleptiques est fondamentale, car elle conditionne lโ€™adhรฉsion du patient au traitement et favorise lโ€™observance. Nรฉanmoins, les mรฉdicaments correcteurs ne sont pas dรฉnuรฉs dโ€™effets indรฉsirables. Ils peuvent induire, de par leur activitรฉ anti cholinergique, une charge atropinique importante pour le patient, provoquant des effets indรฉsirables de type atropinique et favorisant le dรฉveloppement de TDG (49).
Il a รฉtรฉ montrรฉ que la proportion des patients sous correcteurs est plus importante que celle estimรฉe par les recommandations (10 ร  20% selon la confรฉrence de consensu franรงaise de 1994) (48)(50). Cela pourrait รชtre expliquรฉ dโ€™une part par une dรฉrive dans les habitudes de prescription, avec une frรฉquence dโ€™utilisation des anticholinergiques liรฉe au nombre de neuroleptiques prescrits (22), et dโ€™autre part par lโ€™abus de ces molรฉcules. En effet des cas dโ€™abus ont รฉtรฉ dรฉcrits en Grande Bretagne chez les patients psychotiques recherchant les propriรฉtรฉs stimulantes et euphorisantes (51).
Dans lโ€™รฉtude de Peyriรจre & al, 68,4% des patients ayant une nรฉcrose intestinale ont un mรฉdicament ayant une activitรฉ anticholinergique en plus de leur traitement neuroleptique (31). Les principaux facteurs de risque dโ€™ilรฉus dรฉmontrรฉs dans lโ€™รฉtude de Nielsen & al sont dans lโ€™ordre les antidรฉpresseurs tricycliques, les opioรฏdes, la clozapine, les neuroleptiques de premiรจre gรฉnรฉration, le sexe fรฉminin, puis viennent ensuite les traitements par des anticholinergiques (37) .
Dโ€™autres mรฉcanismes tels que lโ€™action anti histaminique ou anti sรฉrotoninergique sont aussi responsables aussi de complications gastro intestinales (31). Leurs associations aux neuroleptiques chez une population plus ร  risque de troubles intestinaux est un facteur supplรฉmentaire dโ€™apparition de TDG.
Actuellement environ 30 ร  50% des patients admis en psychiatrie rencontrent des troubles liรฉ ร  lโ€™abus de substance ( alcool, cannabis, opiacรฉs) (52). Lโ€™association entre le traitement substitutif et les neuroleptiques nโ€™est donc pas rare. Une interaction mรฉdicamenteuse dโ€™ordre pharmacodynamique est ร  prรฉvoir, les opiacรฉs de par leur mode dโ€™action sur les rรฉcepteurs๏€ ๏‚ต diminuent le tonus et le pรฉristaltisme. Cet effet sโ€™additionne ร  ceux provoquรฉs par les neuroleptiques et majore donc le risque dโ€™apparition de TDG. Il est ร  noter cependant que cette interaction nโ€™est pas notifiรฉe dans les bases de donnรฉes mรฉdicales telle que Theriaque ou Vidal.

Le rapport de stage ou le pfe est un document dโ€™analyse, de synthรจse et dโ€™รฉvaluation de votre apprentissage, cโ€™est pour cela chatpfe.com propose le tรฉlรฉchargement des modรจles complet de projet de fin dโ€™รฉtude, rapport de stage, mรฉmoire, pfe, thรจse, pour connaรฎtre la mรฉthodologie ร  avoir et savoir comment construire les parties dโ€™un projet de fin dโ€™รฉtude.

Table des matiรจres

1. Introduction
2. Physiologie du systรจme digestifย 
2.1 Physiologie
2.2 La rรฉgulation de la motricitรฉ par le systรจme nerveux.
3 Les troubles digestifs graves
3.1 Dรฉfinitions :
3.2. La constipation et les troubles digestifs graves en psychiatrie.
3.2.1 Une problรฉmatique peu reconnue pourtant grave.
3.2.2 Profil multifactoriel des causes de troubles digestifs graves en psychiatrie
4. Les troubles digestifs graves induits par les antipsychotiques
4.1 Les neuroleptiques :
4.2 Prรฉvalence de la prescription des neuroleptiques en France et dans le monde
4.3 Hypothรจse iatrogรจne des troubles digestifs graves impliquant les neuroleptiques
4.3.1 Implication du profil rรฉceptologique des neuroleptiques.
a. Implication de lโ€™activitรฉ anticholinergique :
b. Implication de lโ€™activitรฉ antisรฉrotoninergique :
c. Implication de lโ€™activitรฉ anti dopaminergique :
d. Implication de lโ€™activitรฉ antihistaminique
4.2.2 Impact de lโ€™association de molรฉcules
4.3 Etat des lieux des troubles digestifs graves induits par les neuroleptiques
4.4 Matรฉriel et Mรฉthode
4.5. Rรฉsultats
4.5.1 Caractรฉristique gรฉnรฉrales :
4.5.2 Typologie des effets rapportรฉs.
4.5.3 Les mรฉdicaments impliquรฉs
a. Implication des neuroleptiques
b. Implication des mรฉdicaments non neuroleptiques :
4.5.4 Prise en charge et prรฉvention :
a. Prise en charge
b. Prรฉvention
4.6 Discussion

Tรฉlรฉcharger le rapport complet

Tรฉlรฉcharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiรฉe. Les champs obligatoires sont indiquรฉs avec *