Les troubles de l’oralité alimentaire

LES TROUBLES DE L’ORALITÉ ALIMENTAIRE 

Définition

Les TOA concernent l’« ensemble des difficultés à s’alimenter par voie orale de manière adaptée et en quantité suffisante pour assurer un bon état nutritionnel et un bon développement psychomoteur » (Leblanc, 2014). Ils peuvent s’exprimer par une absence de comportement spontané d’alimentation (« je ne sais pas »), un refus d’alimentation (« je ne veux pas ») ou une alimentation très sélective (« je ne peux pas ») (Leblanc, 2014 et Thibault, 2015). De plus, on peut également rencontrer des troubles psychomoteurs, sensoriels et relationnels (Leblanc, 2014). Les troubles apparaissent le plus souvent lors d’une phase de transition dans le développement alimentaire de l’enfant (ex. lors du passage à la cuillère ou aux morceaux). On remarque donc une « cassure » lors ce développement (Lesecq-Lambre, 2019).

Fréquence

Les TOA sont fréquents et peuvent toucher 20 à 50% des enfants tout-venants selon Bandelier (2015) ou 13 à 50% d’entre eux selon Ruffier-Bourdet (2018) et jusqu’à 80% des enfants présentant un handicap ou un trouble du développement (Bandelier, 2015 et RuffierBourdet, 2018). Cependant, la fréquence ainsi que le retentissement de ces troubles sont encore sousestimés (Thibault, 2017).

Causes

Les TOA peuvent avoir de multiples origines qui peuvent être intriquées entre elles (Abadie, 2004). Il est donc parfois difficile d’en déterminer l’origine exacte (Barbier, 2014). On peut également ajouter que plus le trouble est ancien et plus il est difficile d’en comprendre sa mise en place (Levavasseur, 2017). On retrouve des causes fonctionnelles, organiques, sensorielles et comportementales (Bourdet, 2018).

Il existe aussi des facteurs de risque pouvant mener à des TOA. On note par exemple que les enfants prématurés ainsi que ceux qui ont bénéficié d’une nutrition artificielle sont plus à risque de développer ces troubles (Leblanc, 2014).

Symptomatologie

Un TOA peut se manifester par divers symptômes (Guillerme, 2014). On repère principalement 4 catégories de signes : médicaux, gnoso-praxiques ou oro-moteurs, sensoriels et psycho-comportementaux (Bandelier, 2015 et Lecoufle citée par LesecqLambre, 2019). Face à la pluri-symptomatologie possible dans un TOA, une prise en charge interdisciplinaire montre bien son intérêt afin que les professionnels puissent croiser leurs regards et permettre ainsi une prise en soin adaptée et efficace (Guillerme, 2014).

Conséquences

Les conséquences d’un TOA sont multiples. Si un enfant rencontre des difficultés alimentaires, c’est alors « toute la sphère de la personne et de son entourage qui est touchée » (Ruffier-Bourdet, 2018). On peut observer des retentissements sur la croissance, le développement sensori-moteur, l’état de santé général, la vie familiale et sociale (Levavasseur, 2017), mais aussi sur le développement langagier, psycho-affectif par exemple (Lesecq-Lambre, 2019). Face à un enfant présentant un TOA, les parents se sentent « démunis » et « coupables » (Guillerme, 2014), ne pouvant remplir leur rôle de « nourriciers » (Levavasseur, 2017). Ils angoissent et culpabilisent lorsque leur enfant refuse de manger (Thibault, 2017).

LA PRISE EN SOIN INTERDISCIPLINAIRE

Face à toutes les difficultés engendrées par un TOA, au niveau alimentaire, social, développemental et relationnel, il est urgent de prendre en charge ces enfants de manière précoce en lien avec les autres professionnels médicaux et paramédicaux susceptibles d’intervenir (Lesecq-Lambre, 2019). Chaque professionnel met en place une prise en soin spécifique afin de réinvestir cet espace buccal (Daresse-Lapendery et al., 2018). Un partenariat entre tous ces professionnels montre donc un réel intérêt (Thibault, 2017).

Côté médical 

Afin que la prise en charge soit précoce et la meilleure possible, il est important que les enfants soient orientés le plus tôt possible (Lesecq-Lambre, 2019). Il en découle que les médecins généralistes et les pédiatres ont un rôle crucial dans le repérage de ces troubles. Ils doivent, par conséquent, connaître les signes d’alerte (Daresse-Lapendery et al., 2018). Le médecin ou le pédiatre doit pouvoir écarter une pathologie organique, évaluer les conséquences nutritionnelles, respiratoires et psychiques, repérer les antécédents éventuels et la phase du développement qui a été perturbée (Abadie, 2004). Cependant, les prescripteurs (médecins et pédiatres) sont encore souvent peu formés et informés face à ces troubles (Lesecq-Lambre, 2019). Pourtant, une prise en charge précoce est nécessaire (Lesecq-Lambre, 2019).

Côté paramédical

Face à la diversité des causes, des symptômes et des conséquences pour l’enfant, de nombreux professionnels paramédicaux peuvent intervenir dans le cadre d’un TOA en coordonnant leurs savoirs : orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, psychologues, kinésithérapeutes, diététiciens (Levavasseur, 2017).

Orthophonistes :
Depuis une quinzaine d’années, les TOA sont de plus en plus reconnus et les orthophonistes davantage sollicités (Lesecq-Lambre, 2019 et Levavasseur, 2017). L’orthophoniste est un acteur primordial dans la prévention et la prise en soin précoce de ce trouble (Bandelier, 2015). Dans la majorité des cas, c’est vers ce professionnel qu’un enfant présentant un TOA est orienté (Ruffier-Bourdet, 2018).

Il est important d’expliquer aux parents le lien entre l’oralité verbale et l’oralité alimentaire afin de réduire les risques de développer des difficultés langagières (Thibault, 2012). En effet, il est fréquent qu’un trouble du langage oral soit précédé d’un trouble de l’oralité alimentaire (Thibault, 2015).

Ergothérapeutes :
Se nourrir est une activité quotidienne essentielle à la vie, c’est pourquoi, les ergothérapeutes ont un rôle incontournable auprès des enfants ayant un TOA (RuffierBourdet, 2019). L’ergothérapeute intervient dans cette prise en charge notamment pour ses compétences en intégration sensorielle, en ergonomie (ex. choix des ustensiles adaptés) et en aménagement de l’environnement (ex. posture pour manger) (Ruffier-Bourdet, 2018).

Psychomotriciens :
Le psychomotricien aide l’enfant à investir son corps dans sa globalité pour pouvoir investir sa sphère orale. Il intervient notamment pour la posture, le tonus, la stabilité lors de l’installation, le lien main-bouche, la motricité fine et l’intégration sensorielle (Veyssière, 2019).

Psychologues :
Le psychologue observe et écoute activement (ex. les non-dits, les réactions de l’enfant) (Abadie, 2004). Il prend en charge le côté psychologique associé aux troubles : anxiété lors des repas, troubles du comportement, par exemple (Daresse-Lapendery et al., 2018). Le psychologue permet d’aider à traverser cette étape difficile en donnant à chacun un espace de parole (Bandelier, 2015).

Kinésithérapeutes :
Le kinésithérapeute va travailler sur la posture pendant le repas, désensibiliser la sphère orale et renforcer les capacités motrices bucco-faciales. (Daresse Lapendery et al., 2018).

Diététiciens :
Le diététicien joue également un rôle important dans cette prise en charge. Il contrôle les apports alimentaires (en terme de quantité et de qualité), donne des conseils pour l’adaptation des repas (épaississements, alimentation artificielle par exemple) et déculpabilise les parents (Bandelier, 2015 et Daresse-Lapendery et al., 2018).

Côté familial : les parents

Parce qu’un TOA chez un enfant touche également les parents et la fratrie, la famille doit donc être intégrée à la prise en soin (Daresse-Lapendery et al., 2018). Les parents sont les partenaires de cette prise en charge qui ne peut se réaliser sans leur contribution (prise en compte des conseils, généralisation à la maison). L’acte alimentaire est pluriquotidien et familial (Lesecq-Lambre, 2019). Une guidance parentale pourra alors aider les parents à contenir leurs craintes (Daresse-Lapendery et al., 2018).

La prise en charge selon les difficultés rencontrées

Tout d’abord, il est important que l’enfant soit acteur dans son alimentation. Il faut donc l’accompagner et lui proposer des expériences positives afin de réinvestir cette sphère orale et retrouver le plaisir, le confort et la sécurité, tout en veillant à ne pas dépasser son seuil de tolérance. L’investissement des parents est également primordial (Bandelier, 2015). Ils doivent impliquer leur enfant au maximum dans les différentes étapes de l’alimentation (ex. faire les courses, participer à la préparation, sentir les préparations…). Stimuler l’intégralité des sens paraît essentiel (Bandelier, 2015).

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 :CONTEXTE THÉORIQUE
1 . 1 – L’ORALITÉ
1 . 1 . 1 – Définition de l’oralité
1 . 1 . 2 – Le développement de l’oralité alimentaire
L’oralité primaire
L’oralité secondaire
1 . 2 – LES TROUBLES DE L’ORALITÉ ALIMENTAIRE
1 . 2 . 1 – Définition
1 . 2 . 2 – Fréquence
1 . 2 . 3 – Causes
1 . 2 . 4 – Symptomatologie
1 . 2 . 5 – Conséquences
1 . 3 – LA PRISE EN SOIN INTERDISCIPLINAIRE
1 . 3 . 1 – Côté médical
1 . 3 . 2 – Côté paramédical
Orthophonistes
Ergothérapeutes
Psychomotriciens
Psychologues
Kinésithérapeutes
Diététiciens
1 . 3 . 3 – Côté familial : les parents
1 . 3 . 4 – La prise en charge selon les difficultés rencontrées
Difficultés d’ordre gnoso-praxique ou oro-moteur
Difficultés d’ordre sensoriel
Difficultés d’ordre comportemental
1 . 4 – LA FORMATION, L’INFORMATION ET LES DEMANDES À L’HEURE ACTUELLE
1 . 4 . 1 – Les études paramédicales
1 . 4 . 2 – Les études médicales
CHAPITRE 2 :PROBLÉMATIQUE ET HYPOTHÈSES
2 . 1 – HYPOTHÈSES
CHAPITRE 3 :MÉTHODOLOGIE EXPÉRIMENTALE
3 . 1 – POPULATION
3 . 2 – MATÉRIEL
3 . 3 – PROCÉDURE
3 . 4 – MODE DE TRAITEMENT DES DONNÉES RECUEILLIES
CHAPITRE 4 :RÉSULTATS
4 . 1 – HYPOTHÈSE 1
4 . 1 . 1 – Comparaison variable « Temps »
4 . 1 . 2 – Comparaison variable « Obtention du diplôme »
4 . 1 . 3 – Apports qualitatifs supplémentaires
Concernant l’information des professionnels
Concernant la formation des professionnels
4 . 2 – HYPOTHÈSE 2
4 . 2 . 1 – Concernant l’intérêt des professionnels de santé pour ce trouble
4 . 2 . 2 – Concernant la capacité des professionnels médicaux à orienter
4 . 2 . 3 – Concernant la capacité des professionnels paramédicaux à recevoir
4 . 2 . 4 – Apports qualitatifs supplémentaires
Concernant la capacité à orienter des professionnels médicaux
Concernant la capacité à recevoir des professionnels paramédicaux
4 . 3 – HYPOTHÈSE 3
4 . 3 . 1 – Concernant les demandes de prise en soin d’un TOA
4 . 3 . 2 – Apports qualitatifs supplémentaires
CHAPITRE 5 :DISCUSSION
5 . 1 – INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
5 . 1 . 1 – Hypothèse 1
Concernant l’information
Concernant la formation
5 . 1 . 2 – Hypothèse 2
Concernant l’intérêt
Concernant la capacité des professionnels médicaux à orienter
Concernant la capacité des professionnels paramédicaux à recevoir
5 . 1 . 3 – Hypothèse 3
5 . 2 – LIMITES DE L’ÉTUDE
5 . 2 . 1 – Limites de la population d’étude
5 . 2 . 2 – Limites de notre questionnaire
5 . 2 . 3 – Limites du site internet
5 . 3 – INTÉRÊT DE L’ÉTUDE ET PERSPECTIVES
5 . 3 . 1 – Intérêt de l’étude
5 . 3 . 2 – Perspectives
CHAPITRE 6 :CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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