Les troubles de la production lexicale

Les troubles de la production lexicale, symptôme commun chez les sujets aphasiques (Siéroff, 2009) [26], renvoient à l’impossibilité de produire un mot au moment où l’on en a besoin et peuvent s’observer aussi bien en expression spontanée qu’en situation dirigée (Mazaux, Brun et Pradat, 2007) [19]. Ils se caractérisent en deux types d’atteinte : lexicophonologique ou lexico-sémantique (Mazaux et coll., 2007) [19] ; (Chomel-Guillaume, Leloup et Bernard, 2012) [8]. Ils font suite à des lésions très variables avec une prédilection pour la jonction temporo pariétale et pour les régions temporales (Siéroff, 2009) [26] ; (Baldo, Arévalo, Patterson et Dronkers, 2013).

La production lexicale est classiquement évaluée par des épreuves de dénomination et de fluences verbales catégorielles et littérales. Ces tests, bien qu’ayant fait leurs preuves lors de la mise en évidence de déficits langagiers, introduisent des facteurs extralinguistiques et cognitifs susceptibles de porter confusion sur les processus neurologiques atteints. Les fluences verbales sont en effet tributaires du contrôle exécutif, fréquemment altéré chez les sujets aphasiques (Troyer, 2000) [30] ; Purdy, 2002) [21]. De même, la dénomination sur images, qui implique diverses variables psycholinguistiques (Bonin et coll., 2003) [4] ; (Bonin, Méot, Ferrand et Roux, 2011) [5], nécessite de multiples compétences allant de la perception visuelle aux connaissances sémantiques. Chaque niveau pouvant être altéré de façon indépendante, il est donc difficile de juger de la nature du trouble (Tran, 1997) [28]. La création du test de dépistage « votre Evocation Lexicale Orale » (vELO) (WeillChounlamountry, Querry, Kadoche et Pradat-Dielh, 2014) [32] a donc eu pour objectif d’affiner l’évaluation des troubles de la production lexicale chez les personnes présentant des séquelles d’aphasie, avec la perspective d’isoler au maximum les troubles exécutifs tout en écartant l’influence perceptive d’une tâche de dénomination sur entrée visuelle. La présente étude a pour but de réaliser une nouvelle validation du vELO en ciblant une population plus représentative que celle retenue lors du précédent mémoire (Leroy et Paviot, 2015) [17], afin d’en garantir la sensibilité et la spécificité auprès de la population aphasique. Nous souhaitons, à l’issue de ce travail, proposer un outil de screening différent des épreuves de fluences classiquement utilisées (catégorielle et littérales) afin de mettre en évidence de manière fiable un manque du mot chez les patients aphasiques avec une moindre sollicitation de la sphère exécutive, celle-ci étant fréquemment sollicitée lors des fluences classiques (Troyer, 2000) [30] ; (Robinson, Shallice, Bozzali et Cipolotti, 2012) [23]. L’objectif de notre travail est de valider l’outil de screening « vELO » et d’examiner l’effet des fonctions exécutives, linguistiques et étiologiques à l’aide des performances obtenues sur une population de 52 sujets cérébrolésés.

MÉTHODE (Cyrielle BRASSART)
Nous avons réalisé une étude prospective d’une cohorte de 52 patients âgés de 20 à 79 ans répartissant les sujets en deux groupes : un groupe de sujets aphasiques (AVC gauche) et un groupe de sujets avec une lésion neurologique ne présentant pas d’aphasie, divisé en quatre sous-groupes selon leur étiologie et leur atteinte lésionnelle (traumatisme crânien, cérébrolésion droite, AVC gauche sans aphasie et anoxie).

Population
L’étude a été réalisée auprès d’une cohorte de 52 individus cérébrolésés de langue maternelle française (35 hommes et 17 femmes) et âgés de 20 à 79 ans (moyenne = 52,73 ; médiane = 58 ; SD = 16,61). Les participants ont été recrutés par sollicitation directe, dans des services hospitaliers ou en cabinets d’orthophonie libéraux. L’étude reposait sur un principe de volontariat et n’incluait pas de rémunération ; il a été demandé à chaque patient de signer au préalable un consentement éclairé. Trois variables démographiques ont été prises en compte : le sexe, l’âge et le niveau socio-culturel. Cette dernière variable a fait l’objet d’une répartition des différents patients en fonction des 3 catégories socio-culturelles déterminées pour le vELO (< BAC ; BAC à BAC + 3 ; > BAC + 3). Les sujets ont ensuite été divisés en 2 groupes : un premier groupe aphasique (23 sujets, 16 hommes et 7 femmes) dont les résultats ont été comparés à ceux d’un second groupe non-aphasique (29 sujets, 19 hommes et 10 femmes). Le groupe non-aphasique a lui-même été composé de quatre sousgroupes : de patients traumatisés crâniens (hors amnésie post-traumatique ; 13 sujets, 7 hommes et 6 femmes), de patients avec anoxie cérébrale (1 sujet masculin), de patients cérébrolésés droits (10 sujets, 9 hommes et 1 femme) et de patients ayant subi un accident vasculaire gauche sans aphasie (5 sujets, 2 hommes et 3 femmes). Les participants devaient se situer en phase chronique (distance ≥ à 6 mois) et ne devaient avoir subi qu’une seule et unique lésion neurologique. Les sujets du groupe aphasique devaient avoir un score de gravité de l’aphasie ASRS ≥ à 3 afin de garantir un minimum de compréhension et d’expression orale, nécessaires pour chacune des épreuves proposées dans le protocole. Ont été exclus les participants présentant des antécédents neurologiques antérieurs, les individus hors d’état de comprendre l’étude et les consignes des différents tests, ainsi que ceux ayant un trouble de la reconnaissance visuelle majeur (de type agnosie visuelle).

Procédure / Modalités de passation 

Un bilan des capacités langagières et des fonctions exécutives a été proposé à chaque participant. 52 passations complètes ont été réalisées sur une période de 7 mois par deux examinatrices, étudiantes. Les passations se sont déroulées dans une pièce calme, soit sur le lieu de prise en charge (en cabinet libéral ou en services hospitaliers) soit au domicile des patients. Chaque passation est individuelle et dure entre 45 minutes et 1h30, selon les capacités et la fatigabilité des participants. Seuls deux patients (M17 et M19) ont été vus en deux temps, du fait d’une importante fatigabilité ou d’une incompatibilité d’horaires. Dans un premier temps, les participants ont rempli un formulaire de consentement éclairé. Ensuite, divers tests (dont l’ordre de passation était fixe) ont été proposés lors de l’entretien :

1. Fluences verbales (catégorielles et littérales)
2. DO 80
3. TMT A et B
4. vELO
5. BIMM
6. Epreuves d’imagerie mentale de la BIP.

Toutes les épreuves ont été chronométrées.

Matériel

Les fluences verbales ont été proposées à chaque participant afin d’évaluer l’évocation lexicale. Pour cela, nous nous sommes reportées aux normes du GREFEX (Godefroy, 2008) [12] qui proposent une épreuve de fluences en 2 minutes; catégorielle, où le sujet doit évoquer le plus de noms d’animaux possible et une épreuve de fluence littérale, où le sujet doit évoquer le maximum de mots commençant par la lettre « P ». La DO80 (Deloche et Hannequin., 1997) [9] est un test de dénomination orale sur images qui se compose de 80 dessins au trait noir. Les normes utilisées sont celles du réétalonnage de 2014 réalisé par Gatignol et Rousset (Rousset et Gatignol, 2014) [24]. Elles prennent en compte les critères de précisions des réponses et de temps de réalisation. L’intégration de ce test dans notre étude vise à comparer ces résultats avec ceux du vELO et de démontrer que le vELO est plus sensible que la DO 80 pour détecter les troubles d’évocation lexicale. Le Trail Making Test (TMT) (Army Individual Test Battery, 1944) [1] est une épreuve de référence utilisée pour évaluer de façon simple et rapide les capacités de flexibilité mentale. Elle est constituée de 2 parties. Dans la première partie (partie A), le sujet doit relier le plus rapidement possible par un trait au crayon des nombres disposés aléatoirement sur toute une page par ordre croissant. Dans la deuxième partie (partie B), le sujet doit relier alternativement les chiffres dans l’ordre croissant et les lettres dans l’ordre alphabétique, le plus rapidement possible, de la même façon que pour la partie A. Les normes utilisées sont celles du GREFEX qui donne un indicateur de flexibilité mentale grâce au différentiel de temps (en secondes) entre les parties A et B. Pour cette étude, nous n’avons réalisé qu’une analyse quantitative dans le but de démontrer que le vELO est un test faisant peu intervenir les fonctions exécutives, l’analyse des différentes erreurs n’étant pas pertinente dans la validation de notre hypothèse.

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Table des matières

I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION  
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME

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