LES TROUBLES DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE DANS LES MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES

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Différence entre atteinte du système sémantique et atteinte de son accès

Le modèle lexical (Hillis et Caramazza, 1991), précédemment évoqué, rend compte de deux types de trouble sémantique (TS) : une atteinte centrale du stock sémantique ou un déficit de l’accès à ce système sémantique via une des modalités d’entrée. Les critères suivants permettent de repérer un TS central et d’exclure un trouble de l’accès :
– Un échec systématique aux épreuves sémantiques, quelle que soit la modalité d’entrée (visuelle, phonologique ou orthographique) (Diesfeldt, 1989),
– Un maintien des capacités de traitement des connaissances génériques mais une perte considérable des informations spécifiques (Rico Duarte et al., 2009),
– Un effet marqué de la fréquence d’usage des noms (Shallice, 1988),
– L’absence d’effet facilitateur du nom de la catégorie (Warrington et al., 1984) ou des ébauches phonémiques (Jefferies et al., 2006),
– L’inefficacité du temps accordé pour la réponse (Warrington et al., 1984).

Le trouble sémantique dans les maladies neurodégénératives

Le TS apparait essentiellement dans le cadre du variant sémantique de l’Aphasie Primaire Progressive (APP vs), syndrome qu’on retrouve dans la Dégénérescence Lobaire Fronto-Temporale (DLFT). Le trouble sémantique peut également se manifester dans la Maladie d’Alzheimer (MA).

Les Aphasies Primaires Progressives (APP)

Description des APP

Les Aphasies Primaires Progressives (APP) se caractérisent par une détérioration isolée et progressive du langage, d’installation insidieuse, évoluant sur plusieurs années et pouvant s’associer en fin d’évolution à une altération intellectuelle globale (Weintraub et al., 1990). Elles ont été décrites pour la première fois par Mesulam (Mesulam, 1982). Elles se déclinent en trois types (Gorno-Tempini et al., 2011) détaillés en annexe (Annexe 6) et schématisés par l’équipe du Dr Teichmann en 2021 (Annexe 7) :
– APP variant agrammatique ou non fluente (APP nf) ;
– APP variant logopénique (APP l) : souvent dans le cadre de la Maladie d’Alzheimer (MA) ;
– APP variant sémantique (APP vs) : souvent dans le cadre de la Dégénérescence Lobaire Fronto-Temporale (DLFT).

Le variant sémantique de l’Aphasie Primaire Progressive (APP vs)

L’APP vs est un syndrome qu’on retrouve dans la DLFT. Elle résulte d’une atrophie et d’un hypométabolisme prédominants dans la région temporale antérieure (Gorno-Tempini et al., 2011). En France, la prévalence de l’APP vs représente une centaine de cas annuels (Moreaud, 2013). Selon les critères diagnostiques en vigueur (Gorno-Tempini et al., 2011), deux symptômes doivent obligatoirement être présents pour diagnostiquer une APP vs : le manque du mot et le déficit de la compréhension des mots isolés, surtout peu fréquents. Les patients pallient le manque du mot par un emploi de termes généraux. Les deux signes principaux doivent être associés à au moins trois des quatre signes suivants, qui sont généralement d’apparition plus tardive :
– Perte de la connaissance des objets, surtout peu familiers ;
– Dyslexie ou dysorthographie de surface avec notamment une régularisation des mots irréguliers ;
– Préservation de la répétition ;
– Préservation de la grammaire et des aspects moteurs du langage.
Le TS s’observe quelle que soit la modalité de présentation des items. Il peut concerner toutes les catégories sémantiques, mais il est souvent « catégorie-spécifique ». Certains patients ont en effet plus de difficultés pour les items biologiques (animaux, végétaux) que pour les items manufacturés (objets, véhicules) (Warrington et al., 1984). En début de maladie, le déficit sémantique ne s’observe pas dans la conversation spontanée, mais seulement lorsqu’on évalue le langage avec des épreuves spécifiques. Peu à peu le langage et les connaissances générales s’appauvrissent. Les connaissances sur les objets personnels et les personnes de l’entourage sont mieux préservées que celles sur les objets n’appartenant pas au quotidien ou sur les personnes célèbres. Les patients s’appuient en effet sur leur mémoire épisodique. Certains auteurs parlent ainsi « d’égocentrisme cognitif » (Belliard et al., 2007). Les sujets de conversation deviennent ainsi rapidement limités à leur vie quotidienne. En revanche, l’autonomie dans la vie quotidienne est conservée relativement longtemps.

La Dégénérescence Lobaire Fronto-Temporale (DLFT)

La DLFT est une entité neuropathologique regroupant plusieurs syndromes :
– Le variant comportemental de la Démence Fronto-Temporale (DFT vc) se caractérise par plusieurs de ces manifestations : désinhibition, apathie, perte d’empathie, changements alimentaires, déficit des fonctions exécutives, stéréotypies (Rascovsky et al., 2011) ;
– Le variant sémantique de l’Aphasie Primaire Progressive (APP vs) ;
– Le Syndrome Corticobasal (SCB) est caractérisé par des troubles praxiques et moteurs (Armstrong et al., 2013) ;
– La Paralysie Supranucléaire Progressive (PSP) se manifeste par des troubles moteurs, cognitifs et comportementaux (Hoglinger et al., 2017).

La Maladie d’Alzheimer (MA)

Description de la MA

Les critères de diagnostic clinico-biologique de la MA permettent de distinguer les MA probables des MA possibles, en fonction de la présence ou non de biomarqueurs (McKhann et al., 2011). Il existe plusieurs phénotypes de la MA :
– Un phénotype typique caractérisé par une atteinte mnésique et progressant selon trois stades de sévérité. Le stade cognitif léger correspond à une amnésie hippocampique touchant la mémoire épisodique. Lors du stade cognitif modéré, les fonctions instrumentales sont atteintes, ce qui peut aboutir à une aphasie, une apraxie et une agnosie. Le stade sévère provoque une dépendance totale (Amieva et al., 2008).
– Trois phénotypes atypiques : variantes langagière, neurovisuelle et comportementale. La variante langagière correspond le plus souvent à une Aphasie Primaire Progressive versant logopénique (APP l). Elle est caractérisée par un manque du mot, un ralentissement du débit et un trouble de la répétition (Gorno-Tempini et al., 2011).

Le trouble sémantique dans la MA

Dans la MA typique, on retrouve essentiellement un déficit de la mémoire épisodique mais il peut aussi exister un trouble de la mémoire sémantique (Chételat et al., 2005). L’atteinte sémantique concerne d’abord l’accès au stock sémantique, puis le stock en lui-même (Cardebat et al., 1990). Les traits distinctifs sont d’abord perdus puisqu’ils sont les moins partagés entre concepts et donc moins résistants. Les traits non-distinctifs, davantage partagés entre concepts, sont perdus dans un second temps. Cette perte progressive est appelée phénomène de « bottom-up » (Rico Duarte et al., 2009). Les patients finissent ainsi par perdre définitivement certains concepts sémantiques.

L’ÉVALUATION CLINIQUE DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE

Les précautions à prendre avant l’évaluation

Avant toute évaluation de la mémoire sémantique, il est important de s’assurer que le sujet n’a pas de trouble perceptif qui pourrait impacter les performances sans qu’il y ait une atteinte sémantique en elle-même (Merck et al., 2011).
Il convient également de soumettre des items dans des formats différents (images, mots, sons) afin de rendre compte d’éventuelles dissociations entre les modalités d’entrée du système sémantique. Cette précaution permet de différencier un TS d’un trouble de l’accès. Une mesure du temps de réponse est aussi utile dans cet objectif puisqu’un allongement du temps de réponse est le signe d’un trouble de l’accès (Warrington et al., 1984). Il est aussi important d’évaluer à la fois la compréhension et la production afin de distinguer un trouble lexico-phonologique d’un trouble lexico-sémantique (Hillis et al., 1991). L’évaluation doit également compter à la fois des items biologiques et manufacturés afin de mettre en évidence un éventuel effet « catégorie-spécifique » (Warrington et al., 1984).

Les épreuves sémantiques

Les épreuves sémantiques se divisent en épreuves verbales et non-verbales. Les plus couramment utilisées sont détaillées en annexe (Annexe 8).

Les épreuves verbales

les épreuves verbales en réception

La désignation d’images à partir d’un mot-cible oral ou écrit est souvent proposée, comme dans la batterie d’évaluation Lexis (De Partz et al., 2012). L’image cible est placée parmi des distracteurs phonologiques et sémantiques, afin d’orienter le diagnostic vers un trouble phonologique ou sémantique.
Des questionnaires sémantiques peuvent également être soumis comme dans la Batterie d’Évaluation des Connaissances Sémantiques (BECS) (Merck et al., 2011). Les questions sont de différents types : fonctionnelles, contextuelles, perceptives ou associatives.

Les épreuves verbales en production

La dénomination peut concerner des images, des photos ou des objets. Elle peut être orale ou écrite. La Batterie d’Evaluation des Troubles Lexicaux (BETL) inclut par exemple une épreuve de dénomination orale d’images (Tran et Godefroy, 2011). Un TS peut s’observer par un manque du mot ou par des paraphasies verbales. (Laisney et al., 2009).
Les tâches de fluence verbale sont aussi souvent proposées afin de tester la disponibilité lexicale. Le sujet doit évoquer le plus de mots en fonction d’un critère et durant un temps imparti. Le critère peut être catégoriel (ex : animaux) ou formel (ex : mots commençant par la lettre P). Le test de fluence de Cardebat (Cardebat et al., 1990) en est un exemple.
Certaines tâches sollicitent la production verbale a minima comme l’épreuve de vérification mot oral/image et mot écrit/image dans la batterie GréMots (Bézy et al., 2016). Dans cette épreuve, une image est associée à un mot oral ou écrit et le patient doit déterminer si le mot correspond à l’image en répondant « oui » ou « non ».

Les épreuves verbales spécifiques : évaluation de la mémoire collective

La plupart des épreuves sémantiques évaluent les items biologiques et manufacturés. Certaines évaluent quant à elles la mémoire collective, c’est-à-dire la mémoire des évènements publics et des célébrités. Elles permettent de diagnostiquer des TS débutants puisqu’elles évaluent des connaissances sémantiques fines (Thomas-Antérion et al., 2009). Elles peuvent tester la connaissance des évènements publics comme l’EVE 30 (Thomas-Antérion et al, 2006) ou les connaissances sur les personnes célèbres. Le SemPer (Laisney et al., 2009) en est un exemple. Le GréMots propose quant à lui une épreuve de dénomination de visages célèbres (Bézy et al., 2016).

Les épreuves non-verbales

Les épreuves non-verbales classiques

Dans l’épreuve d’appariement sémantique d’images, le patient doit associer une image cible à une image lui étant sémantiquement reliée, parmi plusieurs distracteurs. Le lien entre les distracteurs et l’image-cible peut être perceptif, fonctionnel, contextuel ou catégoriel. Le test d’appariement d’images le plus connu est le Pyramids and Palm Trees Test (PPTT) (Howard et al., 1992).
La catégorisation sémantique implique que le patient associe des images entretenant un lien sémantique. Elle présente l’avantage d’évaluer plusieurs niveaux sémantiques, du superordonné au subordonné, comme dans la BETL (Tran et Godefroy, 2011) ou la BECS (Merck et al., 2011). La catégorisation peut être libre ou indicée.

Les épreuves non-verbales originales

La plupart des épreuves sémantiques non-verbales sont en modalité visuelle. D’autres épreuves, plus rares, incluent la modalité auditive. Le Protocole Montréal-Toulouse d’Évaluation des Gnosies Auditives (PEGA) (Agniel et al., 2001) comporte par exemple une tâche d’association son-image. Plus récemment, la nouvelle batterie d’Évaluation Courte des Connaissances Sémantiques (ECCS) évalue la mémoire sémantique à travers les modalités verbale, auditive, tactile, olfactive et gustative (Basaglia Pappas et al., 2021).
Peu d’épreuves évaluent les connaissances relatives à l’utilisation des objets, qui peuvent pourtant être altérées. La batterie expérimentale Object Use Battery (Bozeat et al., 2002) propose plusieurs tâches évaluant les connaissances sur l’utilisation de 36 objets ménagers. Elle sollicite la modalité visuelle mais aussi auditive et gestuelle.

Études diagnostiques des tests sémantiques

Les études diagnostiques

Comme pour tous tests orthophoniques ou neuropsychologiques, il est nécessaire de vérifier la précision diagnostique des tests sémantiques (Chassé et Fergusson, 2019). Une étude diagnostique est alors réalisée afin d’évaluer la capacité du test à correctement déterminer si un individu présente bien l’état ciblé, en l’occurrence un TS. Le principe des études diagnostiques est de comparer le nouveau test à un test de référence, aussi appelé gold standard. Le gold standard est la meilleure méthode disponible permettant de déterminer l’absence ou la présence de l’état recherché (Bossuyt, 2008). Plusieurs conditions doivent être réunies afin de limiter au maximum le risque de biais méthodologiques (Leeflang, 2014).

La sélection des participants

L’échantillon des participants doit être représentatif de la population susceptible d’être évaluée par le test en pratique clinique. Dans le cas des tests sémantiques il faut donc recruter des patients consultant un médecin pour des difficultés de langage et de mémoire, évoquant un tableau de TS comme un manque du mot ou des paraphasies sémantiques (Gorno-Tempini et al., 2011). Ce mode de sélection correspond aux critères d’une étude de cohorte. Il s’agit du type d’étude diagnostique présentant le plus faible risque de biais méthodologique. La Figure 3 illustre l’organisation des études de cohorte (Chassé et Fergusson, 2019).
A l’inverse, les études de cas contrôles sélectionnent artificiellement les participants, en recrutant un groupe sain et un groupe atteint du trouble étudié. D’une part, ce mode de sélection inclut des sujets sains qui ne sont pas représentatifs de la population cible. D’autre part, il exclut d’emblée les patients se trouvant à la limite des critères diagnostiques recherchés. Le test ne peut donc pas être utilisé de manière fiable chez les patients présentant des signes cliniques légers. De surcroît, le groupe de malades s’éloigne de la véritable prévalence du trouble dans la population générale puisqu’il est créé artificiellement. La précision diagnostique du test est donc surestimée. La Figure 4 illustre l’organisation des études diagnostiques de cas contrôles (Chassé et Fergusson, 2019). La plupart des études évaluant la capacité discriminante des tests sémantiques sont des études de cas contrôles. Les échantillons sont soit composés uniquement de sujets sains, comme pour la BETL (Tran et Godefroy, 2011), soit d’un groupe de malades et de sujets sains comme pour la BECS (Merck et al., 2011).

Le test évalué

Les évaluateurs ne doivent pas connaître le diagnostic mis en évidence par le test de référence lorsqu’ils administrent le test évalué. Cette connaissance pourrait en effet biaiser la passation en influençant leur jugement. Une fois tous les participants sélectionnés, aucun des résultats obtenu aux tests ne peut être exclu de l’étude, même s’il semble ininterprétable ou s’il se situe au seuil pathologique. Une exclusion de données pourrait en effet biaiser l’estimation de précision du test (Leeflang, 2014).

Le test de référence

Les évaluateurs ne doivent pas non plus administrer le test de référence en ayant connaissance des résultats obtenus au test évalué. Le test de référence doit lui-même repérer les patients malades de manière fiable. Le seuil pathologique du test de référence doit être utilisé et explicité dans le rapport écrit de l’étude diagnostique (Chassé et Fergusson, 2019).

L’intervalle de temps entre les passations des deux tests

L’intervalle de temps entre la passation des deux tests doit être le plus court possible afin de limiter au maximum une éventuelle évolution de la maladie étudiée pendant ce temps (Chassé et Fergusson, 2019)

Variables statistiques explorées dans les études diagnostiques

Les études diagnostiques mesurent les variables suivantes :
– La sensibilité : probabilité que le test soit positif si le sujet est atteint de la maladie étudiée. Il s’agit de la capacité du test à détecter les malades (Bossuyt, 2008);
– La spécificité : probabilité que le test soit négatif si le sujet n’est pas atteint de la maladie. C’est la capacité du test à détecter les non-malades (Bossuyt, 2008). Comme la sensibilité, la spécificité est très souvent recherchée dans les études portant sur les tests sémantiques, comme pour la BECS (Merck et al., 2011) ;
– La valeur seuil : valeur qui permet de distinguer les sujets pathologiques des sujets sains. Cette valeur peut correspondre à des taux de sensibilité et de spécificité égaux ou à une maximisation de l’un de ces deux paramètres. Elle peut être déterminée grâce à une courbe ROC (Receiver Operating Characteristic) qui représente la sensibilité en fonction de 1 – la spécificité pour toutes les valeurs seuils possibles du test étudié (Delacour et al., 2005). C’est le cas de la Batterie Rapide de la Dénomination (BARD) ;
– La Valeur Prédictive Positive (VPP) : probabilité qu’un sujet soit atteint de la maladie si le test est positif. Elle influence le nombre de vrais positifs (VP) et de faux positifs (FP). Les VP sont les résultats positifs chez les sujets porteurs de la maladie. Les FP sont les résultats positifs chez les sujets indemnes de la maladie (Delacour et al., 2005) ;
– La Valeur Prédictive Négative (VPN) : probabilité qu’un sujet ne soit pas atteint de la maladie si le test est négatif. Elle influence le nombre de vrais négatifs (VN) et de faux négatifs (FN). Les VN sont les résultats négatifs chez les sujets non malades et les FN correspondent aux résultats négatifs chez les sujets malades (Delacour et al., 2005) ;
– La concordance inter-juges : mesure de l’homogénéité des jugements formulés par plusieurs évaluateurs. La concordance inter-juges a par exemple été calculée pour une épreuve expérimentale de dessin de mémoire destinée au diagnostic différentiel de l’APP vs en 2019 (Pozueta et al., 2019).

Limites des épreuves sémantiques et alternatives

L’inconvénient des épreuves sémantiques est qu’elles sollicitent des processus cognitifs pouvant aussi être affectés dans les maladies neurodégénératives (Mickael Laisney et al., 2010). Elles mobilisent notamment le langage.
L’amorçage sémantique peut constituer une alternative en minimisant les processus autres que sémantiques (Giffard et al., 2005). L’amorçage n’est pas une épreuve à part entière mais permet d’étudier la qualité du traitement sémantique à travers d’autres types d’épreuves, notamment la décision lexicale. Le sujet doit décider le plus rapidement possible si un item donné constitue un mot qui existe ou non. L’effet d’amorçage se perçoit à travers un temps de décision plus court pour les mots cibles liés sémantiquement aux amorces (tigre-lion) que pour les mots contrôles ne partageant pas de lien (tigre-jupe).
Néanmoins, l’amorçage sémantique implique toujours un traitement langagier, ce qui peut biaiser l’évaluation. Un autre type de tâche sémantique a été exploré afin de minimiser en particulier l’impact du langage : le dessin.

L’ÉVALUATION DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE PAR LE DESSIN

Définition du dessin

Le dessin est une activité grapho-motrice qui permet notamment de représenter graphiquement des concepts sémantiques (Picard, 2013). C’est un langage non-verbal appris basé sur des signifiants graphiques polysémiques et conventionnels (Cohn, 2012). Il peut être étudié selon trois niveaux interdépendants. Le niveau sémantique correspond au « quoi » du dessin. Le niveau syntaxique est associé au « comment » du dessin et permet de décrire l’organisation du geste grapho-moteur au niveau global ou local. Le niveau cinématique correspond aux caractéristiques motrices de l’activité.
Les dessins peuvent être exécutés en copie immédiate et différée, ou de mémoire. Le dessin de mémoire mobilise notamment la mémoire sémantique et son accès (Giovagnoli et al., 2011). Un parallèle est souvent dressé entre le dessin et le langage. Le dessin nécessite de stocker des modèles mentaux en mémoire à long terme, qui se combinent pour créer des représentations graphiques. Le langage fonctionne de manière similaire : différents éléments lexicaux sont stockés et combinés pour générer des productions nouvelles et infinies (Cohn, 2012).

Les modèles cognitifs des habiletés de dessin

Le modèle cognitif global (Van Sommers, 1989)

Le modèle de Van Sommers a été mis au point afin d’étudier les déficits sous-jacents dans l’apraxie visuo-constructive (Figure 5). Il se compose de deux systèmes : le système de perception visuelle et le système de production graphique. Le premier système est sollicité en cas de copie d’objet ou de dessin. Le deuxième système permet de programmer et d’exécuter le dessin. La production graphique exige une planification, soit contingente quand le dessin à produire est inconnu, soit « de routine » dans le cas des dessins connus. Van Sommers introduit également dans son modèle un système sémantique, nécessaire à la production des dessins de mémoire.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THÉORIQUE
CHAPITRE I : LA MEMOIRE SEMANTIQUE
1. Définition de la mémoire sémantique
2. Les relations entre la mémoire sémantique et la mémoire épisodique
3. Les approches abstractive et non-abstractive
4. Les modèles d’organisation de la mémoire sémantique
4.1. Les modèles hiérarchiques
4.2. Le modèle de la comparaison des traits (Smith et al., 1974)
4.3. Le modèle de l’activation (Collins et Loftus, 1975)
4.4. Les modèles connexionnistes
4.5. Le modèle lexical (Hillis et Caramazza, 1991)
CHAPITRE II : LES TROUBLES DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE DANS LES MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES
1. La mémoire sémantique dans le vieillissement normal
2. Différence entre atteinte du système sémantique et atteinte de son accès
3. Le trouble sémantique dans les maladies neurodégénératives
3.1. Les Aphasies Primaires Progressives (APP)
3.1.1. Description des APP
3.1.2. Le variant sémantique de l’Aphasie Primaire progressive (APP vs)
3.2. La Dégénérescence Lobaire Fronto-Temporale (DLFT)
3.3. La Maladie d’Alzheimer
3.3.1. Description de la MA
3.3.2. Le trouble sémantique dans la MA
CHAPITRE III : L’ÉVALUATION CLINIQUE DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE
1. Les précautions à prendre avant l’évaluation
2. Les épreuves sémantiques
2.1. Les épreuves verbales
2.1.1. Les épreuves verbales en réception
2.1.2. Les épreuves verbales en production
2.1.3. Les épreuves verbales spécifiques : évaluation de la mémoire collective
2.2. Les épreuves non verbales
2.2.1. Les épreuves non-verbales classiques
2.2.2. Les épreuves non-verbales originales
3. Études diagnostiques des tests sémantiques
3.1. Les études diagnostiques
3.1.1. La sélection des participants
3.1.2. Le test évalué
3.1.3. Le test de référence
3.1.4. L’intervalle de temps entre les passations des deux tests
3.2. Variables statistiques explorées dans les études diagnostiques
4. Limites des épreuves sémantiques et alternatives
CHAPITRE IV : L’ÉVALUATION DE LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE PAR LE DESSIN26
1. Définition du dessin
2. Les modèles cognitifs des habiletés de dessin
2.1. Le modèle cognitif global (Van Sommers, 1989)
2.2. Le modèle de Kosslyn et Koening (Kosslyn et al., 1993)
2.3. Le modèle de Farah (Farah, 1984)
3. L’évaluation de la mémoire sémantique grâce au dessin : intérêts et limites
4. Les épreuves sémantiques utilisant le dessin
4.1. Protocole de dessins de mémoire et intérêt pour l’évaluation sémantique (Rodriguez et al., 1998)
4.2. Étude de la structure des connaissances sémantiques à travers le dessin chez des patients APP vs (Bozeat et al., 2003)
4.3. Brève épreuve de dessin pour le diagnostic différentiel de l’APP vs : la théorie de la rétrogénèse (Pozueta et al., 2019)
4.4. Acquisition et perte des concepts sémantiques chez des enfants et des patients APP
vs à travers l’analyse de dessins (Pozueta et al., 2020)
5. Les erreurs sémantiques observées dans les tâches de dessin
5.1. Absence de production
5.2. Omission de traits sémantiques
5.3. Intrusion de traits sémantiques
5.4. Confusion sémantique
PARTIE PRATIQUE PROBLÉMATIQUE
OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES
1. Objectifs
2. Hypothèses
SUJETS, MATÉRIELS ET MÉTHODE
1. Population d’étude
1.1. Recrutement
1.2. Critères d’inclusion et d’exclusion des patients
1.2.1. Critères propres au protocole CORAC
1.2.2. Critères spécifiques à l’étude
1.3. Échantillon
2. Matériels utilisés
2.1. Le Mini-Mental State Examination (MMSE) (Folstein et al., 1975)
2.2. Copie de la Figure Complexe de Rey (Rey, 1959)
2.3. Évaluation sémantique
2.3.1. Vérification mots écrits/photos du GréMots (Bézy et al., 2016)
2.3.2. Dénomination orale de noms propres du GréMots (Bézy et al., 2016)
2.3.3. Pyramids and Palm Trees Test (Howard et Patterson, 1992)
2.4. Questionnaire (Annexe 11)
2.5. Test de dessin d’items de mémoire (Annexe 12)
3. Procédure
4. Analyse statistique
RÉSULTATS
1. Analyse qualitative des passations
2. Analyse quantitative générale des résultats
3. Capacité du test de dessin à distinguer les patients avec et sans trouble sémantique
4. Valeurs prédictives positive et négative du test de dessin
4.1. Calcul des valeurs prédictives positive et négative
4.2. Analyse des résultats des patients faux positifs (FP)
5. Concordance inter-juges
5.1. Corrélation entre les cotations des juges
5.2. Analyse des disparités dans la cotation
6. Résumé des caractéristiques psychométriques du test de dessin
DISCUSSION
1. Justification de la méthodologie statistique
1.1. Population recrutée
1.2. Administration du test sémantique de référence et du test de dessin à la suite
1.3. Passation du test en aveugle
1.4. Optimisation de la sensibilité
1.5. Cotation du test par plusieurs cotateurs
2. Réponses aux hypothèses opérationnelles
2.1. Distinction entre patients TS et patients non-TS
2.2. Valeurs prédictives positive et négative optimisant la sensibilité
2.2.1. Valeurs prédictives positive et négative
2.2.2. Le cas des patients faux positifs (FP)
2.3. Influence des cotateurs sur le diagnostic de trouble sémantique
2.3.1. Analyse quantitative
2.3.2. Analyse qualitative
3. Limites et perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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