Les troubles alimentaires de type boulimique

Epidémiologie

L’insatisfaction corporelle comme cause de la restriction alimentaire Selon l’OFSTAT, en 2002, 35 % de la population suisse, soit près de deux millions de personnes, sont insatisfaites de leur poids (62). Autrement dit, seules 65 % des personnes étaient satisfaites de leur poids corporel dont 60 % de femmes et 70 % d’hommes. Les personnes très insatisfaites étaient principalement des femmes (72 % des 35 % de personnes insatisfaites) (62). Bien que l’insatisfaction corporelle soit plus accentuée chez les femmes (62), elle a augmenté chez les hommes passant de 15 %, en 1972 à 43 %, en 1997 (3). En Suisse, les résultats de l’étude Swiss Multicenter Adolescent Survey on Health (SMASH) de 2002 ont révélé que sur 7’420 adolescents et jeunes adultes âgés entre 16 et 20 ans, plus de la moitié des filles de poids normal se trouvaient grosses (63). Elles étaient 70 % à vouloir maigrir (63). Ces chiffres sont plus élevés que ceux de l’étude réalisée dix ans auparavant. Cela montre que les difficultés liées à l’alimentation augmentent, notamment en raison de la restriction (26) à laquelle les filles se contraignent “dans le but de correspondre aux canons de la beauté en vogue dans la société” (64). De plus, l’étude SMASH a montré que 20 % des filles disaient être préoccupées en permanence par l’idée de maigrir et un quart des garçons désiraient perdre du poids. Ainsi, 30,6 % des filles et 20 % des garçons avaient déjà suivi un régime amaigrissant (63).

En 2007, les résultats d’une enquête suisse sur la santé démontraient que 88 % des femmes et 71 % des hommes désiraient perdre du poids (65). Pourtant, seuls 37 % d’entre eux souffraient de surpoids et 8 % d’obésité (65). En 2012, 41 % de la population souffre d’obésité ou de surcharge pondérale, soit 51 % d’hommes et 32 % de femmes (17). « En 20 ans, la proportion des personnes obèses a quasiment doublé, passant de 6 % à 11 % chez les hommes et de 5 % à 9 % chez les femmes. » (17). Le problème de surcharge pondérale s’aggrave donc avec le temps et avec lui, l’insatisfaction corporelle. En 2000, les adolescents français qui déclaraient être en restriction alimentaire représentent 25 % de cette population (66). Cette dernière touche surtout les filles mais augmente également chez les garçons (66). Nombreuses sont les raisons de pratiquer un régime. Parmi elles, on citera la période consécutive à des excès alimentaires ou en réponse à une prise de poids physiologique (croissance, grossesse) (67). De plus, au moins une fois dans leur vie, 82,6 % des femmes françaises ont suivi un régime en raison d’une insatisfaction corporelle, du poids sur la balance jugé inacceptable ou de problèmes liés à leur garderobe (67). La restriction alimentaire en vue de l’été ou des vacances concerne un quart des femmes (67). Seules 7 % des femmes se mettent au régime en raison d’un malêtre physique (maux de dos, essoufflement ou fatigue) et 2,8 % à la suite de remarques de leur entourage (67). Pour toutes ces raisons ainsi qu’à cause de l’insatisfaction corporelle croissante, un nombre important d’individus vont restreindre leur alimentation, conduisant à une diminution des apports énergétiques totaux (AET) dans le but de perdre du poids (2) (13). Les publicitaires l’ont d’ailleurs bien compris et médiatisent de multiples régimes, en particulier au printemps, ce qui renforce la décision des individus à tendre vers la restriction (67).

La restriction cognitive 

En 1975, la restriction cognitive se définissait par un : « […] comportement alimentaire contrôlé par des règles rigides et des croyances envers les aliments et les quantités permis, afin de contrôler le poids ; ces comportements prennent le pas sur les mécanismes de régulation physiologique ; quand la limite est transgressée, l’individu perd le contrôle de son comportement alimentaire et mange jusqu’à se sentir mal » (68) (69). La restriction cognitive peut également se définir par l’attitude d’une personne limitant intentionnellement sa consommation alimentaire afin de perdre ou de maintenir son poids (70) (71). En d’autres termes, elle représente une décision volontaire, consciente et raisonnée de contrôler l’alimentation qui se traduit sous forme de pensée : « je dois … » (72). Le médecin nutritionniste JP. Zermati a continué à développer le concept de la restriction cognitive, sur la base de ses observations cliniques. En 2004, il mentionne que les personnes en restriction cognitive ont de plus en plus de mal à distinguer les sensations alimentaires de faim et satiété (73). Puis, après quelque temps, ces sensations viennent même à disparaître (73). Les cognitions (ou pensées/règles) deviennent alors les uniques repères lors de consommation alimentaire (73). Comparables à des « stresseurs », elles généreraient une peur de manquer, de la frustration et de la culpabilité ainsi qu’un trouble du réconfort (73). Il fit alors le lien entre la présence de ces cognitions et l’augmentation de la prise alimentaire (73). En 2009, le docteur Zermati décrit la restriction cognitive comme « une intention de contrôle et non comme un contrôle effectif du comportement alimentaire ou du poids » (74). Un an après, Zermati et al. (75) ont complété la définition de la restriction cognitive : « […] c’est le glissement d’une tentative de contrôle mental vers un contrôle de plus en plus émotionnel du comportement alimentaire […] ». Deux types de restriction cognitive ont été décrites dans la littérature :

1. La restriction cognitive souple : elle est fréquente dans la population générale (76). Cette cognition est flexible et décrite comme plus clémente que la restriction cognitive du deuxième type (restriction cognitive rigide) (76). Les personnes la pratiquant s’autorisent des aliments gras en quantité limitée, permettant un régime moins strict et donc tenu sur une plus longue période (4) (77). En effet, les individus ayant une restriction cognitive flexible perdent plus de poids et se sentent mieux psychologiquement que les personnes en restriction cognitive rigide (77).

2. La restriction cognitive rigide : elle se caractérise par une approche dichotomique (tout ou rien) (78) ou excessivement disciplinée, se traduisant par une alternance de périodes de restrictions alimentaires strictes et de périodes où les aliments gras sont consommés sans modération et sans aucun contrôle du poids. Ils se traduisent par des grignotages, des compulsions ou de l’hyperphagie (les définitions sont détaillées à l’annexe I) (4) (76) (77). Elle est liée à une moins bonne gestion du poids à long terme et prédirait une diminution du bienêtre des individus (77). La restriction cognitive rigide est positivement associée à la désinhibition (4). En effet, une importante désinhibition a été associée à un apport alimentaire augmenté en présence de restriction cognitive rigide (4). De plus, le sujet se conditionne d’une manière si stricte qu’il s’expose à des conduites de frustration (72). Par conséquent, une augmentation de la restriction cognitive rigide peut augmenter le risque de surconsommation au fil du temps des individus vulnérables (76).

Caractéristiques des études

Parmi les dix études incluses, sept sont des essais contrôlés randomisés (27) (34) (51) (53) (54) (57) (58), deux sont des interventions prospectives (11) (61) et une étude constitue une enquête (56). La moitié des études ont été menées aux EtatsUnis, les autres au Canada, en Angleterre, en Espagne et au Japon. Une seule étude ne mentionnait pas le lieu. La plupart des participants étaient des « blancs d’Amérique »14. Les autres individus étudiés étaient des afroaméricains, des anglais et des japonais. Cinq études ne mentionnaient pas l’origine des participants. La population de nos études était composée principalement de personnes en surpoids (IMC entre 26,1 et 29,4 kg/m2) et d’obèses (IMC entre 33 et 41,1 kg/m2). Nous retrouvions moins fréquemment des personnes ayant un poids dans la norme (IMC entre 20,9 et 22,4 kg/m2). Au sein des études incluses, la taille des échantillons étudiés variait entre 32 et 645 participants. La moitié des études fut réalisée avec des hommes et des femmes, l’autre moitié incluait seulement des femmes.

Les participants étaient âgés de 18 à 70 ans. De toutes les études incluses, la moyenne d’âge des participants était de 34,7 ans. Les durées d’intervention variaient d’un jour jusqu’à une période de deux ans. Dans cinq études, l’intervention pratiquée se basait sur des régimes spécifiques limitant la consommation d’un aliment ou d’un groupe d’aliments. Deux études se sont intéressées aux régimes avec une restriction uniquement calorique et l’intervention de trois études mêlait une restriction calorique et spécifique (mixte). Les études ont évalué deux types de food cravings : soit généraux (augmentation ou baisse des food cravings pour tous les aliments), soit spécifiques à un seul aliment ou à un groupe d’aliments. Les études mesurent parfois l’un ou l’autre type, parfois les deux. Trois études ont quantifié des food cravings spécifiques à un aliment (chocolat, riz, pain ou autre) ou à un groupe d’aliments (hydrates de carbones, graisses, protéines). Deux études ont évalué les food cravings généraux uniquement et cinq articles les deux types de food cravings.

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Table des matières

1. RÉSUMÉ
1.1 INTRODUCTION
1.2 BUT
1.3 MÉTHODES
2. INTRODUCTION
2.1 LA RESTRICTION ALIMENTAIRE
2.2 LE FOOD CRAVING
2.2.1 Les conséquences du food craving
2.3 LES TROUBLES ALIMENTAIRES DE TYPE BOULIMIQUE
2.3.1 Définitions selon le DSM-V (37)
2.3.2 Prévalence
2.3.3 Conséquences
2.3.4 Impact sur la question de recherche
2.4 LA RESTRICTION COGNITIVE
2.5 SCHÉMA DE NOTRE QUESTION DE RECHERCHE
2.6 PROBLÉMATIQUE
2.7 BUT
2.8 OBJECTIF
3. QUESTION DE RECHERCHE
4. MÉTHODES
4.1 INTRODUCTION
4.1.1 Design (type) d’étude
4.2 DÉROULEMENT
4.2.1 Stratégie de recherche documentaire
4.3 SÉLECTION DES ÉTUDES
4.4 POPULATION/ARTICLES
4.4.1 Echantillon : taille, choix
4.4.2 Critères d’inclusion et d’exclusion
4.5 EVALUATION DE LA QUALITÉ DES ÉTUDES
4.6 MESURES
4.6.1 Variables
4.6.2 Outils de collecte de données
4.7 EXTRACTION ET ANALYSES DES DONNÉES
5. CALENDRIER
6. BÉNÉFICES ET RISQUES
7. BUDGET
8. RESSOURCES
8.1 INSTITUTIONNELLES
8.2 PERSONNELLES
9. LISTE DES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
10. ANNEXE
I. GANTT (EXCEL)

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