Les transformations sociales liées aux politiques du logement et à la culture de l’habiter en Italie

Avant de rentrer avec davantage de précisions dans l’étude, certaines informations me sont nécessaires, comme « l’histoire du logement » en Italie ainsi que son cadre législatif ; ou encore l’évolution des modes de vie italiens. En effet, connaître l’évolution de la politique italienne en matière d’urbanisme et de logement mais également des modes de vie est utile à la compréhension de l’évolution du tissu urbain ainsi qu’à l’émergence de nouvelles priorités et aux éventuelles formes urbaines qui en auraient découlées. Toutefois, comme l’étude se focalise sur la situation actuelle de la ville de Bologne, les éléments cités ci-dessus seront en réalité étudiés à l’échelle de cette ville ou dans le cas échéant à l’échelle de la Région Emilie Romagne, et ce à partir des années soixante.

Une lecture par période de la politique urbaine et régionale en matière d’urbanisme et de logement

Cette lecture par période sera faite, comme il a été dit, principalement à partir des années soixante.

Toutefois, un rappel semble nécessaire. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le premier Piano Regolatore (assimilable au PLU français) de la ville de Bologne, qui compte alors 300 000 habitants, prévoit des constructions jusqu’à la tangentielle et ce pour un million d’habitants. Or actuellement la population n’atteint pas 400 000 habitants. Ainsi des quartiers entiers, construits lors de la période de reconstruction entre 1945 et 1960, se retrouvent isolés au sein de la périphérie.

La phase des PEEP ou Piani per l’Edilizia Economica e Popolare

L’objectif fondamental de ces plans, instaurés en 1962 par la loi nationale n°167, est de fournir aux communes un instrument concret pour programmer, sur leur territoire, des interventions dans le domaine du logement. Ceux-ci sont articulés en plans de zones, à réaliser ensuite sur des aires expropriées, destinées à « l’edilizia economica e popolare » c’est-à-dire en français au logement social. Notons, à ce propos, que pour la première fois l’expropriation est utilisée non seulement pour des terrains destinés aux services publics, mais aussi pour ceux destinés à la résidence. De plus l’indemnisation d’expropriation est inférieure à celle du marché, et fixée à la valeur que l’aire avait sur le marché deux ans avant l’adoption des plans PEEP. Ceci doit consentir aux communes d’acquérir à un coût relativement faible, des aires centrales et de les doter de tous les services : écoles, magasins, bureaux ou encore services de proximité, qui sont prévus dans le plan de zone. En Emilie Romagne, ces plans PEEP ont permis la réalisation de quartiers de bonne qualité dont les résidents prennent soin. Et en ce qui concerne Bologne, ces quartiers ont permis de compléter et de valoriser la façade urbaine entre le centre historique et les périphéries externes ; en l’absence de tissu urbain continu.

Les « Zone Integrate di Settore»

Les « Zone Integrate di Settore » ou ZIS deviennent l’instrument clé du PRG ou Piano Regolatore Generale, de Bologne daté de 1985, qui correspond en quelque sorte au PLU. Ces ZIS sont des zones comprenant des parties du territoire partiellement urbanisées, aptes à l’installation de nouvelles constructions, activités ou encore fonctions diverses. A l’aide de ces ZIS, l’idée est de remplir les interstices et d’augmenter la densité afin de compacter le tissu urbain existant. Encore une fois, des portions importantes de la périphérie sont organisées afin d’obtenir un dessin unique du tissu urbain de Bologne.

Le « Progetto-Recupero »

Le « Progetto-Recupero » littéralement projet de récupération, institué en 1989 par la loi régionale n°6, a comme objectif principal d’inverser la tendance à l’expansion pour se reconcentrer sur le centre ville au travers d’interventions spécifiques de récupération. Une des caractéristiques de cette typologie d’intervention est d’être diffusée de manière homogène sur le territoire. En Emilie Romagne, ces interventions se traduiront essentiellement sous la forme d’opérations de manutention ou de conversion de patrimoine public.

Le passage progressif aux « programmi integrati » puis aux « programmi di riqualificazione urbana »

A partir de 1991 avec la loi nationale n°203, est introduit la possibilité pour les Régions de transformer les interventions en « programmi integrati » littéralement programmes complets c’est-à-dire qu’ils sont caractérisés par une pluralité de fonctions, d’opérateurs, de typologies afin de dépasser la sectorisation des financements et réaliser un « effet urbain » ou encore effet de quartier. Les réalisations qui découlent de ces programmes constituent en Emilie Romagne un premier pas vers la requalification urbaine et les « programmi di riqualificazione urbaine » littéralement programmes de requalification urbaine. Mais elles font face à des limites ; d’un côté la difficulté des opérateurs à réaliser des projets de plus grande ampleur voués non plus uniquement à la construction d’immeubles mais à la réalisation d’un produit de qualité urbaine; et de l’autre le manque d’instruments efficaces aux mains des communes pour repérer les aires à soumettre aux interventions.

Les «Programmi complessi di recupero»

Après les « programmi integrati », viennent avec la loi nationale n°493 en 1993, les «programmi di recupero urbano », les « programmi di riqualificazione urbana » et les «contratti di quartiere » respectivement les programmes de récupération urbaine, les programmes de requalification urbaine et les contrats de quartiers. L’objectif de ces divers nouveaux programmes est maintenant tourné vers la ville construite, principalement vers les zones dégradées de celle-ci soit pour des raisons liées à la construction, soit pour des questions d’ordre social ou économique.

La Région Emilie Romagne se dote alors d’un instrument législatif propre en 1998 : la loi régionale n°19 pour la requalification urbaine. L’intervention de construction des logements s’intègre alors de manière encore plus étroite avec les finalités urbanistiques. En outre, la Région porte une attention toute particulière à définir les objectifs de qualité auxquels les interventions doivent répondre. Ainsi la qualité architecturale a fait un pas de plus dans la récente législation régionale avec la loi d’urbanisme n°20 en 2000, la loi sur la construction de logements n°24 en 2001 ou encore la loi n°16 de 2002 sur la qualité architecturale et paysagère du territoire.

A l’aide de cette lecture par période, il est permit de constater que la législation concernant la ville de Bologne est orientée d’un part sur la formation d’un tissu urbain continu sans interstice et d’autre part sur la récupération et la requalification des centres et des périphéries anciennes. Ces deux tendances à l’œuvre n’ont donc pas permis l’émergence de nouvelles formes urbaines mais plutôt la réinterprétation et la transformation des anciennes. Toutefois à l’heure actuelle, le développement durable, la flexibilité typologique, l’intégration des interventions sur le territoire, le recours à la concertation public privé, et la participation, sont parmi les objectifs d’importance. Ce ne sont évidemment pas des problématiques récentes, mais elles font aujourd’hui encore face à des limites que la législation italienne tente de résorber.

Les transformations sociales liées aux politiques du logement et à la culture de l’habiter en Italie

La politique d’« une maison pour une famille »

Les politiques du logement développées en Italie à partir du lendemain de la seconde guerre mondiale ont été centrées sur trois principaux objectifs :
▶ La promotion de l’accession à la propriété par les familles,
▶ La réalisation de logements destinés à la location par l’intermédiaire des administrations publiques locales et des IACP ou « Istituti Autonomi per le Case Popolari » littéralement Instituts Autonomes pour le Logement social,
▶ La réalisation de logements destinés à la location par l’intermédiaire des coopératives à propriétés indivisées.

Toutefois, à l’image des autres pays d’Europe, la majorité des financements a été destinée à la « propriété » ; et ce d’autant plus qu’à partir de la fin des années soixante le logement fut revendiqué par tous les citoyens italiens comme un droit. Dans cette situation politico-sociale, la Région Emilie Romagne a alors concouru à la réalisation d’un objectif, celui de « donner un logement à toutes les familles ».

L’administration nationale à travers la promulgation de diverses lois et la distribution de financements a cherché essentiellement à promouvoir le logement social. Tandis que l’administration régionale a joué un rôle important à travers le lancement et la gestion d’appels d’offre. Enfin les administrations communales ont fait un effort en programmant le développement de leur territoire au travers des PRG ou Piano Regolatore Generale et en le dotant d’instruments adéquats tels les « Piani PEEP ».

Toutes ces activités combinées pour répondre à l’objectif de « donner un logement à toutes les familles » ont donné vie dans un premier temps à l’importante phase des quartiers PEEP. Ces quartiers ont représenté la première occasion de programmation urbaine à vaste échelle et ce par l’administration publique. D’autre part ils ont constitué le point de départ d’années de forte construction résidentielle, soutenues par une ferme volonté de réaliser des logements à bas coûts pour permettre à toutes les familles d’avoir un toit. La majeure partie des logements construits dans ce cadre a été vendue ensuite aux locataires à des prix « agevolati » littéralement facilités. Ceci participe à expliquer qu’actuellement 80% des familles en Emilie Romagne soient propriétaires de leur logement. Aujourd’hui le problème du logement se pose plutôt en terme d’ « amélioration » ; en effet il n’est pas aisé de convaincre des propriétaires de la nécessité de mettre aux normes, principalement du point de vue énergétique, leurs logements.

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Table des matières

Introduction
I. L’évolution des modes de vie italiens en parallèle de celle du cadre législatif en matière de logement et d’urbanisme
I.1. Une lecture par période de la politique urbaine et régionale en matière d’urbanisme et de logement
I.1.1. La phase des PEEP ou Piani per l’Edilizia Economica e Popolare
I.1.2. Les « Zone Integrate di Settore»
I.1.3. Le « Progetto-Recupero »
I.1.4. Le passage progressif aux « programmi integrati » puis aux « programmi di riqualificazione urbana »
I.1.5. Les «Programmi complessi di recupero»
I.2. Les transformations sociales liées aux politiques du logement et à la culture de l’habiter en Italie
I.2.1. La politique d’« une maison pour une famille »
I.2.2. La transformation du modèle familial et de la société
II. Problématique et méthode pour y répondre
II.1. Problématique de l’étude
II.1.1. Une étude relevant de la psychologie environnementale
II.1.2. Formulation et explication de la problématique
II.1.3. Finalité de la recherche
II.2. Démarche de travail
II.2.1. Sélection des terrains d’étude
II.2.2. Observation des quartiers
II.2.3. Réalisation d’entretiens
II.3. Présentation complète des terrains d’étude
II.3.1. Présentation du site d’étude n°1 : le quartier de la Fiera
II.3.2. Présentation du site d’étude n°2 : le « Progetto Hygeia »
II.4. Similitudes des terrains d’étude
II.4.1. Une même situation géographique
II.4.2. Des principes semblables de composition urbaine
II.4.3. Des types de logements similaires
II.4.4. Des espaces publics simples
II.4.5. Un objectif social
II.5. Hypothèses précisées au regard des terrains d’étude
III. Résultats de l’étude
III.1. Présentation de la population enquêtée
III.2. Analyse des résultats de l’étude
III.2.1. Résultats de l’étude relevant des espaces privés
1 Une intimité réduite par la proximité physique et visuelle de ces espaces….
2 …mais une situation difficilement évitable du fait de l’environnement urbain
3 Un manque d’intimité qui contraint les résidents à ne pas gêner leurs voisins
III.2.2. Résultats de l’étude relevant des espaces semi privés
1 Des espaces semi privés peu fréquentés mais personnalisés par les résidents
2 …dans lesquels le respect entre voisins est essentiel pour le bien vivre ensemble
3 …toutefois ces relations de voisinage s’approfondissent grâce à l’influence positive des LCR.
III.2.3. Résultats de l’étude relevant des espaces publics
1 Des espaces publics calmes et sécurisés que les résidents utilisent principalement comme lieux de passage
2 …et dans lesquels il est permis de différencier les relations à l’échelle du quartier et à l’échelle de l’immeuble.
III.2.4. Les particularités du Quartier Hygeia, en lien avec les LCR
III.3. Confrontation des résultats aux hypothèses
Conclusion

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