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Lโimmigration ร Mahajanga
Quant ร Mahajanga, cette province est, qui semble รชtre le pรดle dโattraction pour les ยซ Indo-pakistanais ยป, appelรฉe, notamment en ville, malgrรฉ leur minoritรฉ, la ยซ Ville des Karana ยป car ils occupent la premiรจre place dans le commerce des produits de premiรจre nรฉcessitรฉ, appareils รฉlectromรฉnagers, habillements, produits de luxe importรฉs et/ou locaux, tant dโautres que patrimoine foncier appropriรฉ de faรงon privรฉe. Cette couche de la population taxรฉe de leur groupe vit, en grande partie, dans certains quartiers oรน leurs concentrations sont fortement importantes. Mais le quartier le plus connu se situe ร Majunga-Be oรน ils reprรฉsentent le nombre รฉlevรฉ parmi les habitants de ce quartier et dirigent quasiment tous les secteurs que ce soit รฉconomique, commercial comme les restaurants et les magasins ainsi que de lโhรดtellerie.
En fait, le dรฉplacement des gens de campagnes vers les villes est un phรฉnomรจne-clรฉ du dรฉveloppement spontanรฉ dโune รฉconomie de type industriel et parait รชtre la consรฉquence inรฉvitable de la juxtaposition dโune forme dโรฉconomie de type commercial liรฉe ร la colonisation. En outre, dโaprรจs lโINSTAT en 1997, Mahajanga fait partie des trois (3) lieux de destination, ร savoir les deux (2) autres : Antananarivo et Tamatave, des migrants malgaches malgrรฉ que la population soit peu mobile. Sur ce, celle-ci quitte sa rรฉgion dโorigine en sโinstallant ร Mahajanga, comme ailleurs, tantรดt pour chercher une opportunitรฉ personnelle et/ou professionnelle espรฉrรฉe, tantรดt pour vivre dans des meilleures conditions de sรฉcuritรฉ car dans leur rรฉgion dโorigine, ร lโexemple de la rรฉgion Androy situรฉe au Sud de Madagascar, lโinsรฉcuritรฉ causรฉe par les bandits ruraux, appelรฉs ยซ Dahalo ยป en malgache, ne cesse de sโaggraver ; ils volent leurs fortunes telles que les bลufs, en gรฉnรฉral, les maisons et le pire cโest quโils violent la conjointe des habitants et aussi leur fille mรชme sโil sโagit de petites gamines. Ces motivations les poussent alors ร immigrer dans des zones urbaines pour le bien-รชtre de leur famille. Cโest ainsi le cas des immigrants conduisant des Bajajs ร Mahajanga. Nous pouvons donc considรฉrer ce type dโimmigration comme ยซ migration interne ยป.
Nรฉanmoins, cette migration interne ne sโeffectue exclusivement pas du milieu rural en urbain puisquโil y a รฉgalement le cas des migrants qui sโinstallent dans la zone urbaine. A cet รฉgard, les migrants sont ici attirรฉs par les zones agricoles de production, comme la riziculture de Marovoay se situant ร 100Km de Mahajanga ville, ou bien dโรฉlevage avec une bonne accessibilitรฉ.
Lโentrรฉe du Bajaj ร Mahajanga
Du point de vue de son histoire, le ยซ Bajaj ยป vient du nom dโune entreprise dโun constructeur indien reconnu par ยซ Bajaj Auto ยป.On peut lโappeler autrement ยซ Moto-taxi ยป, ยซ Taxi jaune ยป ou bien ยซ Tuk-tuk ยป dans les autres provinces mais les Majungais ont lโhabitude de lโappeler ร son nom dโorigine. Il sโagit donc dโun engin tricycle qui transporte des passagers (normalement 3 au maximum) dans la ville et mรชme si le conducteur nโa quโun seul client ร bord, il doit le mener ร destination. Le Bajaj a donc pour stratรฉgie de rouler plus vite afin de pouvoir faire le maximum de courses. Selon les informations acquises par le responsable du service de transport des moto-taxis ร la commune, il est entrรฉ ร Mahajanga en 2013 avec un nombre strictement limitรฉ ร 100 au dรฉpart, et ils sont aujourdโhui environ 1300 Bajajs alors que des nouvelles importations sont en cours. La date limitรฉe de ces importations a รฉtรฉ fixรฉe au mois dโOctobre dernier jusquโร nouvel ordre.
Monographie de la province de Mahajanga
Histoire de Mahajanga
Etymologiquement, Mahajanga vient du mot sakalava signifiant ย ยปqui guรฉritย ยป. Mais le nom le plus retenu est ยซ Kiswahili MjiAngaรฎa ยป, ou ย ยปville des fleursย ยป, de l’arabo-swahili parlรฉ par les marchands Antalaotra d’origine arabo-comorienne, mรฉtissรฉs ร des Africains, et qui s’implantรจrent sur la cรดte(1).
Historiquement parlant, Mahajanga a รฉtรฉ fondรฉ par les Antalaotra ou Antalaotsy cโest-ร -dire mรฉlange de Prรฉ-Sakalava, dโArabes et dโAfricains. Autrement dit, lโhistoire du peuplement est forgรฉe par les Antaloatra et les Sakalavas au 18e siรจcle, les conquรฉrants Merina au dรฉbut du XIXe siรจcle, les Karanas et les Banians arrivรฉs par boutres, les Comoriens et autres ethnies de Madagascar comme les Betsileo, Antaisaka, Tsimihety, Betsirebaka, Antandroy, etc. et enfin les Franรงais. Les apports du swahilii sont plus marquรฉs dans la langue pratiquรฉe dans cette rรฉgion dont lโinfluence de lโislam est importante. Par ailleurs, le royaume des Sakalava, littรฉralement ย ยปceux des longues vallรฉesย ยป est apparu au XVIe siรจcle dans larรฉgion de Morondava. A la fin du XVIIe siรจcle, le roi meurt et laisse le royaume du Menabe ร l’aรฎnรฉ de ses fils, Tsimanongarivo. Son frรจre Tsimanato rรฉvoltรฉ par la cruautรฉ et la duretรฉ de celui-ci quitte le royaume pour s’installer prรจs de la baie de Boeny, au Sud-Ouest de l’actuel Mahajanga. Tsimanato, rebaptisรฉ Andriamandisoarivo, conquiert tout le Nord-Ouest de l’รฎle et fonde le royaume du Boina et la ville de Mahajanga. Le roi actuel se nomme AmpanjakabeAndrianirina Dรฉsirรฉ (Doany Miarinarivo-Tsararano).
En outre, avec un sol sablo-argileux, soumise aux vents dโalizรฉ du secteur Est de lโIle ร Sud-Est dit, ยซ Varatraza ยป en malgache, en saison sรจche, et sous la saison pluvieuse de Novembre ร Mars, Mahajanga se trouve รชtre le premier port et le deuxiรจme grand port de commerce de Madagascar.
Us, coutumes et traditions de la ville de Mahajanga
Depuis sa crรฉation, la ville de Mahajanga reste, vers la fin du XVIIรจme siรจcle, le thรฉรขtre des cรฉrรฉmonies de Fanompoa dont les plus importants sont le Fanompoavalibolamena au DoanyBezavo ร Marambitsy (Mitsinjo) et le Fanompoambe au DoanyMiarinarivo de Mahajanga. Sur ce dernier, il y a toujours lieu chaque annรฉe :
๏ผ Au mois de Juillet, le bain des reliques ;
๏ผ Au mois dโOctobre, le bain de corps, eux-mรชmes conservรฉs dans le Zomba doublement protรฉgรฉ par le Farombay, clรดture de pieux qui dรฉlimite la partie la plus sacrรฉe du site.
Prรฉsentation gรฉnรฉrale de Mahajanga
Dโaprรจs ces deux (2) cartes, la rรฉgion Boeny est situรฉe sur la partie Nord-Ouest de Madagascar. Elle est composรฉe des six Districts dont Mahajanga I comme Chef-lieu de Rรฉgion, Mahajanga II au nord, Soalala ร lโextrรชme sud-ouest, Mitsinjo ร lโouest, Marovoay au centreโSud et Ambato-Boeni ร lโEst. A cet รฉgard, Mahajanga est la capitale de la rรฉgion Boeny (5 sous-prรฉfectures ou fivondronana) et de la province autonome de Mahajanga (21 sous-prรฉfectures ou fivondronana). Au plus vif du sujet, la province de Mahajanga sโรฉtend sur, comptant 1.379.000 habitants, une superficie de 150.125kmยฒ. Et celle de la ville est, situรฉe au bord de lโestuaire de Betsiboka, ร 570km de la Capitale, de 53kmยฒ et compte 250.000 habitants. Celle-ci comprend vingt-six (26) quartiers rรฉpartis en sept (7) arrondissement. C’est la plus grande ville de toute la cรดte Ouest caractรฉrisรฉe par un climat sec et chaud et par des paysages de savanes, semi-dรฉsertiques ร lโextrรชme sud. Son relief est trรจs variรฉ avec des plaines cรดtiรจres alluvionnaires trรจs riches, des reliefs comme celui des contreforts du massif Tsaratanana, des plateaux semi-arides. Les rรฉserves naturelles sont nombreuses telles que le parc national Ankarafantsika, les cรฉlรจbres Tsingy de Bemaraha (patrimoine mondial), les criques comme cirques rouges ร la plage nommรฉe ยซ Grand Pavois ยป et les anses dโAmbondro-Ampassy et dโAnjajavy.
Prรฉsentation de la population de Mahajanga-I
Nous allons montrer ร ce premier point le document que nous avons requis auprรจs de lโINSTAT sโagissant de lโรฉvolution de la population dans la zone de Mahajanga-I. Nous prรฉsenterons ainsi sous forme dโun tableau lโeffectif de cette population en le structurant par fokontany, de 2011 ร 2016.
Dans ce tableau, nous remarquerons que le taux de la population ne cesse dโaugmenter face aux nouveaux arrivants (ou plutรดt immigrants) mais aussi aux nouveaux nรฉs dans la sociรฉtรฉ. Si nous prenons en considรฉration Mahajanga ville, plus de 300 individus reprรฉsentent lโintervalle des habitants dans ce quartier chaque annรฉe tandis que celui dโAmbovoalanana est dโenviron 130. Nous pouvons en tirer que le mouvement migratoire nโa jamais pris sa limite dans la ville comme dans le quartier.
Activitรฉs รฉconomiques
Sur le plan รฉconomique, Mahajanga a รฉtรฉ le point de rencontres des grands navigateurs ร la recherche de fortune vers la route des Indes. Des comptoirs arabes ont รฉtรฉ crรฉรฉs si bien que la cรดte ouest porte lโempreinte des va-et-vient incessants des รฉtrangers de diverses nationalitรฉs. Et les principales richesses proviennent de, dโabord, la pรชche avec la SOMAPECHE et la REFRIGEPECHE. Cette pรชche occupe davantage la premiรจre place dans le dรฉveloppement รฉconomique de Mahajanga mais elle รฉtait dรฉtruise ร cause du cyclone GAFILO en 2003. Ensuite, lโรฉlevage de crevette avec lโAQUALMA, puis lโagro-alimentaire telle que la maรฏserie de PROBO, usine de production dโhuile (SEIM)ainsi quela SIB (Sociรฉtรฉ Industrielle du Boeny) et la chambre de Commerce, dโIndustrie et dโAgriculture, et le bureau du tourisme.
En outre, les autres principales unitรฉs industrielles existantes ร Mahajanga sont :
โข HASYMA (situรฉe ร Mazava Huile) ; une usine qui traite de coton ;
โข PARAKY SAMBATRA (situรฉe ร Mazava Huile) ; une usine traitant le tabac ;
โข JIRAMA ; industrie productrice dโรฉlรฉctricitรฉ ;
โข TRANS EXPORT SA (situรฉe ร Amborovy) ; usine qui fait le sรฉchage de fruits et lรฉgumes ;
โข SOMAJEX (situรฉe ร Ampasika) ; traitement des cornes de Zรฉbus (boutons et objets divers) ;
โข MUST (ex-FAMAMA, situรฉe ร Tanambao) ; entreprise de collecte, de transformation et dโexportation de noix de cajou ; etc.
Entre autres, il y a aussi ce quโon appelle ยซ lโArtisanat ยป. Il occupe une place non nรฉgligeable dans la ville de Mahajanga. La chambre des Mรฉtiers est mise en ลuvre pour prendre en charge la formation des Artisans. Les filiรจres existantes, telles que la broderie et la cordonnerie font vivre un grand nombre de mรฉnages.
Au sens du terme commercial, vu que Mahajanga soit la capitale รฉconomique de la province et second port commercial du pays, le commerce constitue de fait une des activitรฉs รฉconomiques importantes de la ville. Les principaux produits dโimportation sont les palissandres, lโacajou, les produits de mer comme les concombres de mer, les poissons, les crevettes, etc.
Sur le plan politique, la vie politique est animรฉe par des diffรฉrents mouvements comprenant les ยซ antoko ยป tels que HVM (HeryVaovao ho anโny Madagascar), TIM (Tiako I Madagascar), HBM (Herim-BahoakaMitambatra), PFDM (Partie Forte de Madagascar), AREMA, MFM (MitolonahoanโnyFampandrosoananyMadagasikara) etc. Et pour celui du social et culturel, il est animรฉ par diffรฉrents organismes. Force est de souligner donc quโil existe plusieurs ONG et organismes sociaux et รฉcologistes, par exemple, lโEcole du Monde, Croix-Rouge. De plus, celui de Clubs de services dont il sโagit du ยซ Lionโs Club ยป, ยซ Rotary ยป et bien รฉvidemment lโEnseignement, cโest-ร -dire lโUniversitรฉ de Mahajanga situant ร Ambondrona.
Les circuits touristiques
Dans le secteur touristique, la ville de Mahajanga est en plein expansion car en moins dโun an, de 2009 ร 2010, dix (10) nouveaux hรดtels se sont implantรฉs. En haute saison, du mois de Juillet au mois dโOctobre, les chambres dโHรดtel sont nettement insuffisantes, par contre en basse saison, le taux de remplissage des Hรดtels se situent aux alentours de 50%. La clientรจle est constituรฉe dโhommes dโaffaires et/ou de participants ร des sรฉminaires.
En ce qui concerne les circuits touristiques, les sites intรฉressants ร visiter seront prรฉsentรฉs ร lโaide des photos. (Voir annexes)
Tous ces documents iconographiques nous prรฉsentent lโensemble des sites touristiques les plus reconnus et les plus visitรฉs ร Mahajanga. A savoir, dโabord, le ยซ Baobab ยป qui reprรฉsente lโemblรจme de la province de Mahajanga et connu, dans toutes les rรฉgions de Madagascar, par le fait que cโest lui le plus grand Baobab du pays parce que son tronc fait plus de 20 mรจtres de diamรจtre. Son รขge est maintenant dโenviron unecentaine d’annรฉe, remontant selon certaines lรฉgendes ร la crรฉation du royaume du Boina. Ensuite, le haut endroit du culte Sakalava du Boina oรน sont gardรฉs les reliques des rois, dโoรน le ยซ Doany ยป situรฉ ร TsararanoAmbany. Outres, la ยซ mosquรฉe ยปde Mahabibo est la plus vieille mosquรฉe de MajungaetAmborovy constitue les plages de prรฉdilection des majungais telles que la plage tout prรจs de ยซ Zahamotel ยป, ยซ Petite Plage ยป et ยซ Grand Pavois ยป. Il y en a รฉgalement dโautres circuits situรฉs ร moins de trente kilomรจtre (30 Km) de la ville : ร savoir, le ยซ cirque rouge ยปforme, ร proximitรฉ de la plage de Grand Pavois (10 Km), une sortie de canyon au paysage lunaire ; cโest un grand cirque รฉrodรฉ qui dรฉcline toutes les teintes de terre entre l’ocre et le rouge en passant par les roses les plus variรฉs. La ville de Mahajanga offre 5Km de plage de sable alternant de rares endroits dโescarpements rocheux qui ajoutent un cachet exotique et intime. La plage continue vers Ampahazony et la baie de Narinda. Et enfin, la traversรฉe de la ยซ baie de Bombetoka ยป pour aller ร ยซย Katsepyย ยป par BAC pouvant transporter des animaux comme des vรฉhicules. Ce qui sont vรฉhiculรฉs peuvent visiter le phare oรน on a une vue panoramique de la baie et la mine cรฉlestielle unique ร Madagascar avec les galeries impressionnantes creusรฉes ร la main.
En un mot, ce chapitre nโa fait que dรฉgager les grands traits spรฉcifiques sur les รฉlรฉments contextuels nรฉcessaires pour obtenir plus de connaissance concernant lโรฉtat des lieux de notre pays sur le secteur migratoire et surtout celui de Mahajanga. Quelle sera donc la mรฉthodologie nรฉcessaire ร notre recherche face ร ce contexte ?
BALISES METHODOLOGIQUES
Tout dโabord, pour expliquer un phรฉnomรจne ร รฉtudier, la sociologie met toujours en lumiรจre des mรฉthodes qui semblent รชtre indispensables puisque, par dรฉfinition, la mรฉthode est une prรฉparation intellectuelle qui va permettre de dรฉvelopper un travail pour une connaissance valable au niveau de la sociรฉtรฉ. Ainsi, dans ce second chapitre, nous allons traiter les aspects mรฉthodologiques de notre recherche. Nous expliquerons, en premier point, les mรฉthodes de recherche, puis les techniques en dernier lieu.
Mรฉthodes de recherche
Afin de pouvoir mieux vรฉrifier les hypothรจses de notre recherche on a adoptรฉ la mรฉthode qualitative consistant ร rechercher la cause des phรฉnomรจnes en faisant intervenir bien รฉvidemment les donnรฉes quantitatives rรฉcoltรฉes sur terrain. Autrement dit, nous avons adoptรฉ plusieurs faรงons pour pouvoir rapprocher les individus concernรฉs de la recherche, ce qui nous a permis dโavoir accรจs ร des parcours migratoires diversifiรฉs. Dรจs lors, nous avons utilisรฉ le type de mรฉthode appelรฉ ยซ mixte ยป car les enquรชtรฉs ne sont pas de mรชme catรฉgories.
Type dโanalyse
En ce qui concerne le type dโanalyse, nous avons rรฉdigรฉ un bref rapport contenant nos remarques et nos premiรจres observations qui sont ressorties lors de notre enquรชte. Aprรจs avoir retranscrit chaque entretien, il nous a fallu de familiariser le contenu et de cerner le sens global de chaque parcours, de chaque trajectoire pendant la premiรจre lecture. Notre type dโanalyse sโintรฉresse plus particuliรจrement au dรฉroulement des trajectoires en fonction des trois approches identifiรฉes auparavant (objective, subjective). A cet effet, nous avons choisi de mener notre recherche ร un type dโanalyse tantรดt quantitative ou objective que les travailleurs immigrants, dโaprรจs eux, construisent leur expรฉrience dโintรฉgration qui nous a permis de prรฉsenter des tableaux statistiques, tantรดt qualitative ou subjective, cโest-ร -dire celle du sens quโils attribuent ร leur expรฉrience, des rรฉactions quโils manifestent face aux diverses situations et des interactions vรฉcues.
Lโanalyse en terme de trajectoire avait pour avantage de pouvoir prendre en considรฉration la complexitรฉ du phรฉnomรจne ร lโรฉtude qui met le doigt sur le travail que les immigrants qui conduisent les Bajajs effectuent pour faire face aux changements provoquรฉs par lโimmigration et rรฉtablir un sentiment de continuitรฉ dans leur trajectoire de vie. Notre analyse revรชt un caractรจre diachronique dans la mesure oรน elle suit les sujets dans le temps, depuis leur situation avant le dรฉpart de la rรฉgion dโorigine ou du dernier lieu de rรฉsidence jusquโau moment actuelร travers leur trajectoire ร Mahajanga.
Et enfin, le type dโanalyse dynamique des variables. Ce dernier type nรฉcessite une comparaison des donnรฉes obtenues pour chaque variable, par exemple, de lโannรฉe 2015 ร 2017, pour le volet socio-รฉconomique, le nombre de Bajaj a fortement doublรฉ pendant ces deux derniรจres annรฉes. Ce qui explique รฉgalement lโaugmentation du taux des conducteurs de Bajaj sโagissant tous les immigrants malgaches.
Revue de la littรฉrature
Notre regard se met sur les divers aspects รฉconomiques en rapport avec le profil sociodรฉmographique de ces immigrants, tels les effets de la situation รฉconomique sur lโinsertion en emploi, les caractรฉristiques du marchรฉ du travail et ses opportunitรฉs dโemploi. Avant mรชme dโรฉtudier la conjoncture รฉconomique dans lโintรฉgration des travailleurs immigrants ร Mahajanga, il semble pertinent dโaborder la question : ยซ est-ce quโil y avait des transformations รฉconomiques et sociales qui sont survenues et qui se poursuivent dans la sociรฉtรฉ ? ยป La rรฉponse est oui, et ces transformations ont produit et produisent mรชme des effets sur lโaccรจs ร lโemploi des travailleurs, y compris des travailleurs immigrants, notamment les conducteurs de Bajaj. A cet effet, les recherches dโimpact des cycles รฉconomiques sur le marchรฉ du travail mettent en lumiรจre la dรฉpendance entre lโactivitรฉ des immigrants sur le marchรฉ du travail et ces cycles (RENAUD, 2006). Nous le voyons mรชme dans le cas de Mahajanga que cette dรฉpendance est visible dรฉjร au moment oรน le travailleur immigrant sโinsรจre, dโaprรจs lโenquรชte, dans un premier emploi mais son effet est encore plus significatif au moment de la recherche dโun deuxiรจme emploi. Les cycles รฉconomiques influencent รฉgalement les sorties dโemploi dรฉcidรฉes par les rรฉpondants (la situation nโest pas la mรชme dans le cas des sorties dโemploi dรฉcidรฉes par les employeurs).
En sciences sociales, deux perspectives fondamentales sโopposent dans le dรฉbat sur lโintรฉgration : la premiรจre, centrรฉe sur la sociรฉtรฉ, traditionnellement inscrite dans un รtat national, dont la premiรจre prรฉoccupation est lโunitรฉ de cette sociรฉtรฉ. Dans ce cas lโintรฉgration va de pair avec la socialisation des individus, y compris les immigrants, dans le but de leur permettre de trouver leur place dans la sociรฉtรฉ. Et la deuxiรจme, qui, ร lโopposรฉ des approches dites โholistesโ, propose de penser lโintรฉgration ร partir des actions des individus ou des interactions entre les individus (WIEVIORKA, 2008). Cโest cette derniรจre perspective qui est la plus proche de nous. Ainsi pour Wieviorka, penser lโintรฉgration permet de reconnaรฎtre les immigrants comme, les conducteurs de Bajaj ร Mahajanga, des acteurs ร part entiรจre de leur existence qui sont aptes ร confรฉrer eux-mรชmes un sens ร leurs actes, ร apprรฉhender leur univers, ร agir. Cette perspective est adoptรฉe dans la thรฉorie de lโindividualiste mรฉthodologique de Boudon en 1982 ou de lโinteractionnisme de lโรฉcole de Chicago de Coulon en 2002, les deux largement distanciรฉs de lโidรฉe de dรฉterminisme social Wieviorka en 2008.
La sociรฉtรฉ dโaccueil ne peut pas dโailleurs รชtre dรฉfinie en termes dโune majoritรฉ homogรจne du point de vue de sa constitution ethnoculturelle, de sa position dominante au sein de la sociรฉtรฉ ou encore de ses opinions. Dubet souligne que la sociรฉtรฉ actuelle ne peut plus รชtre considรฉrรฉe comme la sociรฉtรฉ au sens classique du terme mais doit รชtre vue comme lโarticulation de divers sous-systรจmes (DUBET, 2009). Nous pouvons donc inciter ici, dโune part, la thรฉorie du pluralisme car notre sujet reprรฉsente des diverses opinions de lโindividu et aussi la diversitรฉ des conduites que se soient politiques, รฉconomiques, religieuses ou sociales. La thรฉorie de pluralisme ethnique et culturel rรฉclame le droit ร la rรฉtention des identitรฉs et des cultures dโorigines. En dโautres sens, nous pouvons affirmer que la vie culturelle et communautaire de ces immigrants qui conduisent les Bajaj est prรฉservรฉe dans un contexte de citoyennetรฉ et dโintรฉgration รฉconomique et politique ร la sociรฉtรฉ majungaise. Dโautre part, la thรฉorie dโinterculturalitรฉ, pourvu quโil sโagisse de Malgaches ayant dรฉcidรฉ de quitter son pays pour sโinstaller ร Mahajanga, nous remarquons alors la prรฉsence des diverses cultures. Ils ont sans doute ร chacun leurs arts, leurs idรฉes ainsi que leurs coutumes et leurs croyances. En effet, ces cultures diverses se mรฉlangent et ils se respectent les uns aux autres. En outre, le vent apportรฉ par les รฉtrangers a, depuis lโentrรฉe des indo-pakistanais, les africains et les franรงais, bouleversement changรฉ la vie des sociรฉtรฉs malgaches et particuliรจrement celle de Mahajanga, tant bien sur la vie politique, socio-รฉconomique mais รฉgalement culturelle. A cet รฉgard, pour les Karanas et les africains, ils ont implantรฉ, aprรจs quelques moments de leur intรฉgration, leur tradition religieuse en construisant les mosquรฉes. Force est de souligner quโil sโagit des deux mosquรฉes diffรฉrentes car celle des musulmans africains comme comoriens ne se mรฉlange surtout pas ร celle des Karanas et mรชme au sein de la communautรฉ Karana, ils occupent ร chacun leur place puisquโil y a ce quโon appelle ยซ Karana du Gujarat ยป et ยซ Karana de Bohra ยป. Tout cela nous renvoie ร lโouvrage de MALINOWSKI B., publiรฉ par PhyllisKaberry M., intitulรฉ ยซ Les dynamiques de lโรฉvolution culturelle ยป, Paris, 238 pages,1970.
Le fait de mettre en relation lโintรฉgration sociale et lโintรฉgration professionnelle se justifie dโemblรฉe par le rรดle que le travail joue dans le dรฉveloppement des liens de sociabilitรฉ de lโimmigrant. Autrement dit, le fait de traiter lโintรฉgration socioprofessionnelle nous permet dโinterroger plus gรฉnรฉralement les divers rรดles du travail au-delร de sa fonction rรฉmunรฉratrice. De ce fait, le travail comme conducteur de Bajaj estcentral dans le processus dโintรฉgration de ces immigrants ; quโil constitue le vecteur de la participation ร la vie sociale et, par lร mรชme, de la reconstruction du sentiment dโappartenance sociale. Mรชme LALLEMENTle confirma en disant : ยซ Si le travail permet dโexister socialement, cโest notamment parce quโil assure ร lโindividu la reconnaissance sociale ยป (2007). Il souligne que cette reconnaissance vรฉhiculรฉe par le travail nโest pas mรฉcanique et quโil convient de sโinterroger sur les รฉlรฉments dรฉterminants pour quโune profession ou un mรฉtier puissent assurer le prestige social.
En analysant les situations prรฉ-migratoires, les attentes face ร lโimmigration et le choix de Mahajanga comme destination, nous cherchons ร รฉtablir une continuitรฉ entre la vie dโavant lโimmigration et la trajectoire migratoire dans ce pays. Ces deux รฉtapes de lโimmigration font partie dโune mรชme destinรฉe. Tel que dit FORTIN, รฉtudier les migrations nรฉcessite de : ยซ โฆsโinterroger sur les conditions de dรฉpart, lโรฉlaboration des projets migratoires et la poursuite de projets de vieยป (Fortin, 2002). Lโimmigration commence bien avant le moment de lโarrivรฉe dans le pays dโaccueil, lโรฉmigration et lโimmigration รฉtant liรฉes et ce, non seulement par la mise en place dโun projet concret de dรฉpart/arrivรฉe, mais aussi parce quโil sโagit des deux faces indissociables de la mรชme rรฉalitรฉ qui ne peuvent sโexpliquer lโune sans lโautre.
Type dโapproche
Comme type dโapproche, nous avons utilisรฉ celui destructuralisme parce que le sujet ร รฉtudier concerne ici des migrants venant des diffรฉrents pays mais ayant le mรชme emploi et probablement le mรชme motif dโimmigration.
Nous avons รฉgalement appliquรฉ lโapproche interactionnistecentrรฉe sur le rapport aux autres et ร soi et aux interactions sociales et interpersonnelles. La perspective interactionniste de CORBIN et de STRAUSS complรจte la perspective objective et subjective. La dรฉfinition de la trajectoire apportรฉe par Corbin attire notre attention sur les actions multiples liรฉes ร la trajectoire de ces immigrants et celle de Lรฉvi-Strauss se repose sur la prรฉsence de nombreux acteurs qui y participent et adoptent des positions diverses face ร lโaction.
Et derniรจrement, lโapprochetransnationaliste, qui jette un regard sur le processus dโintรฉgration et dโimmigration des immigrants, remet en question une vision dรฉfinitive et unidirectionnelle, linรฉaire ร la trajectoire migratoire de ces conducteurs, en incorporant le caractรจre dynamique et interactif des processus migratoires et explore les divers types de liens transnationaux possibles, tels que : รฉconomiques, religieux, culturels, sociaux en plus des liens familiaux ou amicaux.
Cโest ร partir de ces approches que nous nous sommes orientรฉs vers la population immigrante de Mahajanga, celle qui a accรจs aux fonctions socioรฉconomiques valorisantes et de recueillir leurs perceptions de rรฉussite. Ces perceptions nous ont permis d’observer leur trajectoire socioprofessionnelle et dโobtenir des outils qui devraient permettre aux diffรฉrents intervenants de toucher du doigt les problรจmes dโintรฉgration en emploi de ces immigrants.
Techniques
En ce qui concerne les techniques de cette recherche, il serait important de souligner, dโabord, la techniquedocumentaire, nous avons lu des documents, des revues, des ouvrages, et aussi des articles sur les sites internet pour enrichir notre connaissance sociologique et pour rรฉcolter plus dโinformations. Ensuite pour la technique vivante, nous avons dรฉjร effectuรฉ des prรฉ-enquรชtes, lors de notre passage ร Mahajanga pendant la pรฉriode de lโavancement de ce projet (mois de Dรฉcembre2016-Janvier 2017), auprรจs de quelques individus concernรฉs comme les clients et le responsable du service de transport de Bajajainsi que les propriรฉtaires et les conducteurs des Bajaj, pour en savoir plus sur le sujet dโimmigration. Pour la suite, nous avons accompli lโenquรชte par questionnaire et des entretiens individuels ร ces individus le mois dโAoรปt/Septembre 2017.
Pour finir, afin de mieux approcher les conducteurs du Bajaj, notamment les immigrants, nous avons adoptรฉ lโobservation participative en montant sur leur Bajaj et en invitant certains dโeux ร manger de la soupe et/ou ร boire du Jus juste pour 20 ร 30minutes de leur temps de pause afin de sโintรฉgrer dans le milieu ร รฉtudier de maniรจre ร รฉviter les diffรฉrences et les mรฉfiances.
Lโรฉchantillonnage
Dans une recherche, la qualitรฉ de donnรฉes dรฉpend de la qualitรฉ de lโรฉchantillonnage. Il serait possible que nous puissions avoir un enjeu sur la reprรฉsentativitรฉ car nous observons lโรฉchantillon de la population pour analyser aprรจs lโensemble de la population.
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Table des matiรจres
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1) Gรฉnรฉralitรฉs
2) Motifs du choix du thรจme et du terrain
3)Question de dรฉpart
4) Objectifs
a) Objectif gรฉnรฉra
b) Objectifs spรฉcifique
5) Hypothรจses
6) Aperรงu mรฉthodologique
7)Plan
PARTIE I : Elements contextuels et methodologie de la recherche.
Chapitre I. La notion dโimmigration dans toutes ses dimensions
Section 1: Lโimmigration ร Madagascar
1) Contexte
2) L’immigration ร Mahajanga
3) L’entrรฉe du Bajaj ร Mahajanga
Section 2 : Monographie de la province de Mahajanga ..
1) Histoire de Mahajanga.
2) Us, coutumes et traditions de la ville de Mahajanga
3) Prรฉsentation dรฉnรฉrale de Mahajanga
3.1) Prรฉsentation da la population de Mahajanga-I
3.2) La ville de Mahajanga
3.3) Activitรฉs รฉconomiques
3.4) Les circuits touristiques
Chapitre II.
Section 1: Mรฉthodes de recherche
1) Type d’analyse
2) Revue de la littรฉrature
3) Type d’approche
Section 2 : Techniques
1) L’รฉchantillonnage
1.1) Type de l’รฉchantillonnage
1.2) Techniques d’รฉchantillonnage
2) Questionnaire
3) L’entretien
4) Dรฉroulement de l’enquรชte
PARTIE II : Trajectoires socioprofessionnelles des immigrants
Chapitre III : Les trajectoires socioprofessionnels des conducteurs de Bajajs
Section I : Situation prรฉ-migratoire
1) La rรฉgion dโorigine
2) Dรฉcision dโรฉmigrer
3) Catรฉgorie socioprofessionnelle avant lโimmigration
Section 2 : Le dรฉbut de lโimmigration, le parcours
1) Lโintรฉgration sociale
2) Sโinsรฉrer sur le plan professionnel
Section 3 : La situation actuelle
1) Situation professionnelle actuelle
1.1) Avis des immigrants sur leur emploi actuel par rapport ร celui auparavant
1.2) Les rรฉponses sur lโemploi actuel correspondant ร lโobjectif de carriรจre.
2) Les relations avec la rรฉgion d’origine
2.1) Communication avec la famille/amis dans la rรฉgion d’origine
2.2) Visite du pays d’origine
2.3) L’aide financiรจre donnรฉe ร la famille de rรฉgion
Chapitre IV : La journรฉe du conducteur de Bajaj ร Mahajanga
Section 1 : Le metier de conducteur de Bajaj
1) Les rรจglements
2) Les conditions ร remplir pour conduire un Bajaj
3) Concernant les propriรฉtaires
3.1) Caractรฉristiques
3.2) Le contrat de travail
3.2.1) Heures de travail
3.2.2) Versement par jour
3.3) Le nombre de Bajaj de chaque propriรฉtaire
3.4) Les recettes journaliรจres
4) Concernant les conducteurs immigrants
4.1) Les bรฉnรฉfices obtenus
4.2) Projets d’avenir
Section 2 : La situation des Bajajs vis-ร -vis des Taxis, Taxi-be et Posiposy ร Mahajanga
1) Vis-ร -vis de Taxis
2) Par rapport aux Posiposy
3) A lโรฉgard des Taxi-be
4) Le regard des passagers
Section 3 : Vรฉrification des hypothรจses
1) L’intรฉgration des immigrants sur le plan professionnel sโapplique tant ร un processus quโร un rapport entre lโindividu et le systรจme social
2) L’immigration est liรฉe ร lโespรฉrance dโune amรฉlioration de leur situation รฉconomique
3) Ces conducteurs de Bajajs ont une bonne volontรฉ et une dรฉbrouillardise pour une immigration rรฉussie
4) Placer les responsabilitรฉs individuelles au dรฉtriment de la responsabilitรฉ collective
PARTIE III: Discussions et recommandations
Chapitre V : Pistes de rรฉflexion sur l’immigration
Section 1 : Discussions sur lโintรฉgration socioprofessionnelle
1) Insertion professionnelle et sociale
2) Les contraintes
a) Les problรจmes rencontrรฉs par les immigrants
b) Les cรดtรฉs nรฉgatifs des Bajajs
Section 2 : Les limites de la mรฉthode des cueillettes des donnรฉes..
Chapitre VI : Vers une immigration rรฉussie
Section 1 : Propositions pour les immigrants
Section 2 : Suggestions
1) Pour tous les conducteurs de Bajajs
2) Pour le service du transport de Bajajs
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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