Les trajectoires socioprofessionnels des conducteurs de Bajajs

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L’immigration à Mahajanga

Quant à Mahajanga, cette province est, qui semble être le pôle d’attraction pour les « Indo-pakistanais », appelée, notamment en ville, malgré leur minorité, la « Ville des Karana » car ils occupent la première place dans le commerce des produits de première nécessité, appareils électroménagers, habillements, produits de luxe importés et/ou locaux, tant d’autres que patrimoine foncier approprié de façon privée. Cette couche de la population taxée de leur groupe vit, en grande partie, dans certains quartiers où leurs concentrations sont fortement importantes. Mais le quartier le plus connu se situe à Majunga-Be où ils représentent le nombre élevé parmi les habitants de ce quartier et dirigent quasiment tous les secteurs que ce soit économique, commercial comme les restaurants et les magasins ainsi que de l’hôtellerie.
En fait, le déplacement des gens de campagnes vers les villes est un phénomène-clé du développement spontané d’une économie de type industriel et parait être la conséquence inévitable de la juxtaposition d’une forme d’économie de type commercial liée à la colonisation. En outre, d’après l’INSTAT en 1997, Mahajanga fait partie des trois (3) lieux de destination, à savoir les deux (2) autres : Antananarivo et Tamatave, des migrants malgaches malgré que la population soit peu mobile. Sur ce, celle-ci quitte sa région d’origine en s’installant à Mahajanga, comme ailleurs, tantôt pour chercher une opportunité personnelle et/ou professionnelle espérée, tantôt pour vivre dans des meilleures conditions de sécurité car dans leur région d’origine, à l’exemple de la région Androy située au Sud de Madagascar, l’insécurité causée par les bandits ruraux, appelés « Dahalo » en malgache, ne cesse de s’aggraver ; ils volent leurs fortunes telles que les bœufs, en général, les maisons et le pire c’est qu’ils violent la conjointe des habitants et aussi leur fille même s’il s’agit de petites gamines. Ces motivations les poussent alors à immigrer dans des zones urbaines pour le bien-être de leur famille. C’est ainsi le cas des immigrants conduisant des Bajajs à Mahajanga. Nous pouvons donc considérer ce type d’immigration comme « migration interne ».
Néanmoins, cette migration interne ne s’effectue exclusivement pas du milieu rural en urbain puisqu’il y a également le cas des migrants qui s’installent dans la zone urbaine. A cet égard, les migrants sont ici attirés par les zones agricoles de production, comme la riziculture de Marovoay se situant à 100Km de Mahajanga ville, ou bien d’élevage avec une bonne accessibilité.

L’entrée du Bajaj à Mahajanga

Du point de vue de son histoire, le « Bajaj » vient du nom d’une entreprise d’un constructeur indien reconnu par « Bajaj Auto ».On peut l’appeler autrement « Moto-taxi », « Taxi jaune » ou bien « Tuk-tuk » dans les autres provinces mais les Majungais ont l’habitude de l’appeler à son nom d’origine. Il s’agit donc d’un engin tricycle qui transporte des passagers (normalement 3 au maximum) dans la ville et même si le conducteur n’a qu’un seul client à bord, il doit le mener à destination. Le Bajaj a donc pour stratégie de rouler plus vite afin de pouvoir faire le maximum de courses. Selon les informations acquises par le responsable du service de transport des moto-taxis à la commune, il est entré à Mahajanga en 2013 avec un nombre strictement limité à 100 au départ, et ils sont aujourd’hui environ 1300 Bajajs alors que des nouvelles importations sont en cours. La date limitée de ces importations a été fixée au mois d’Octobre dernier jusqu’à nouvel ordre.

Monographie de la province de Mahajanga

Histoire de Mahajanga

Etymologiquement, Mahajanga vient du mot sakalava signifiant  »qui guérit ». Mais le nom le plus retenu est « Kiswahili MjiAngaîa », ou  »ville des fleurs », de l’arabo-swahili parlé par les marchands Antalaotra d’origine arabo-comorienne, métissés à des Africains, et qui s’implantèrent sur la côte(1).
Historiquement parlant, Mahajanga a été fondé par les Antalaotra ou Antalaotsy c’est-à-dire mélange de Pré-Sakalava, d’Arabes et d’Africains. Autrement dit, l’histoire du peuplement est forgée par les Antaloatra et les Sakalavas au 18e siècle, les conquérants Merina au début du XIXe siècle, les Karanas et les Banians arrivés par boutres, les Comoriens et autres ethnies de Madagascar comme les Betsileo, Antaisaka, Tsimihety, Betsirebaka, Antandroy, etc. et enfin les Français. Les apports du swahilii sont plus marqués dans la langue pratiquée dans cette région dont l’influence de l’islam est importante. Par ailleurs, le royaume des Sakalava, littéralement  »ceux des longues vallées » est apparu au XVIe siècle dans larégion de Morondava. A la fin du XVIIe siècle, le roi meurt et laisse le royaume du Menabe à l’aîné de ses fils, Tsimanongarivo. Son frère Tsimanato révolté par la cruauté et la dureté de celui-ci quitte le royaume pour s’installer près de la baie de Boeny, au Sud-Ouest de l’actuel Mahajanga. Tsimanato, rebaptisé Andriamandisoarivo, conquiert tout le Nord-Ouest de l’île et fonde le royaume du Boina et la ville de Mahajanga. Le roi actuel se nomme AmpanjakabeAndrianirina Désiré (Doany Miarinarivo-Tsararano).
En outre, avec un sol sablo-argileux, soumise aux vents d’alizé du secteur Est de l’Ile à Sud-Est dit, « Varatraza » en malgache, en saison sèche, et sous la saison pluvieuse de Novembre à Mars, Mahajanga se trouve être le premier port et le deuxième grand port de commerce de Madagascar.

Us, coutumes et traditions de la ville de Mahajanga

Depuis sa création, la ville de Mahajanga reste, vers la fin du XVIIème siècle, le théâtre des cérémonies de Fanompoa dont les plus importants sont le Fanompoavalibolamena au DoanyBezavo à Marambitsy (Mitsinjo) et le Fanompoambe au DoanyMiarinarivo de Mahajanga. Sur ce dernier, il y a toujours lieu chaque année :
 Au mois de Juillet, le bain des reliques ;
 Au mois d’Octobre, le bain de corps, eux-mêmes conservés dans le Zomba doublement protégé par le Farombay, clôture de pieux qui délimite la partie la plus sacrée du site.

Présentation générale de Mahajanga

D’après ces deux (2) cartes, la région Boeny est située sur la partie Nord-Ouest de Madagascar. Elle est composée des six Districts dont Mahajanga I comme Chef-lieu de Région, Mahajanga II au nord, Soalala à l’extrême sud-ouest, Mitsinjo à l’ouest, Marovoay au centre–Sud et Ambato-Boeni à l’Est. A cet égard, Mahajanga est la capitale de la région Boeny (5 sous-préfectures ou fivondronana) et de la province autonome de Mahajanga (21 sous-préfectures ou fivondronana). Au plus vif du sujet, la province de Mahajanga s’étend sur, comptant 1.379.000 habitants, une superficie de 150.125km². Et celle de la ville est, située au bord de l’estuaire de Betsiboka, à 570km de la Capitale, de 53km² et compte 250.000 habitants. Celle-ci comprend vingt-six (26) quartiers répartis en sept (7) arrondissement. C’est la plus grande ville de toute la côte Ouest caractérisée par un climat sec et chaud et par des paysages de savanes, semi-désertiques à l’extrême sud. Son relief est très varié avec des plaines côtières alluvionnaires très riches, des reliefs comme celui des contreforts du massif Tsaratanana, des plateaux semi-arides. Les réserves naturelles sont nombreuses telles que le parc national Ankarafantsika, les célèbres Tsingy de Bemaraha (patrimoine mondial), les criques comme cirques rouges à la plage nommée « Grand Pavois » et les anses d’Ambondro-Ampassy et d’Anjajavy.

Présentation de la population de Mahajanga-I

Nous allons montrer à ce premier point le document que nous avons requis auprès de l’INSTAT s’agissant de l’évolution de la population dans la zone de Mahajanga-I. Nous présenterons ainsi sous forme d’un tableau l’effectif de cette population en le structurant par fokontany, de 2011 à 2016.
Dans ce tableau, nous remarquerons que le taux de la population ne cesse d’augmenter face aux nouveaux arrivants (ou plutôt immigrants) mais aussi aux nouveaux nés dans la société. Si nous prenons en considération Mahajanga ville, plus de 300 individus représentent l’intervalle des habitants dans ce quartier chaque année tandis que celui d’Ambovoalanana est d’environ 130. Nous pouvons en tirer que le mouvement migratoire n’a jamais pris sa limite dans la ville comme dans le quartier.

Activités économiques

Sur le plan économique, Mahajanga a été le point de rencontres des grands navigateurs à la recherche de fortune vers la route des Indes. Des comptoirs arabes ont été créés si bien que la côte ouest porte l’empreinte des va-et-vient incessants des étrangers de diverses nationalités. Et les principales richesses proviennent de, d’abord, la pêche avec la SOMAPECHE et la REFRIGEPECHE. Cette pêche occupe davantage la première place dans le développement économique de Mahajanga mais elle était détruise à cause du cyclone GAFILO en 2003. Ensuite, l’élevage de crevette avec l’AQUALMA, puis l’agro-alimentaire telle que la maïserie de PROBO, usine de production d’huile (SEIM)ainsi quela SIB (Société Industrielle du Boeny) et la chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture, et le bureau du tourisme.
En outre, les autres principales unités industrielles existantes à Mahajanga sont :
• HASYMA (située à Mazava Huile) ; une usine qui traite de coton ;
• PARAKY SAMBATRA (située à Mazava Huile) ; une usine traitant le tabac ;
• JIRAMA ; industrie productrice d’éléctricité ;
• TRANS EXPORT SA (située à Amborovy) ; usine qui fait le séchage de fruits et légumes ;
• SOMAJEX (située à Ampasika) ; traitement des cornes de Zébus (boutons et objets divers) ;
• MUST (ex-FAMAMA, située à Tanambao) ; entreprise de collecte, de transformation et d’exportation de noix de cajou ; etc.
Entre autres, il y a aussi ce qu’on appelle « l’Artisanat ». Il occupe une place non négligeable dans la ville de Mahajanga. La chambre des Métiers est mise en œuvre pour prendre en charge la formation des Artisans. Les filières existantes, telles que la broderie et la cordonnerie font vivre un grand nombre de ménages.
Au sens du terme commercial, vu que Mahajanga soit la capitale économique de la province et second port commercial du pays, le commerce constitue de fait une des activités économiques importantes de la ville. Les principaux produits d’importation sont les palissandres, l’acajou, les produits de mer comme les concombres de mer, les poissons, les crevettes, etc.
Sur le plan politique, la vie politique est animée par des différents mouvements comprenant les « antoko » tels que HVM (HeryVaovao ho an’ny Madagascar), TIM (Tiako I Madagascar), HBM (Herim-BahoakaMitambatra), PFDM (Partie Forte de Madagascar), AREMA, MFM (Mitolonahoan’nyFampandrosoananyMadagasikara) etc. Et pour celui du social et culturel, il est animé par différents organismes. Force est de souligner donc qu’il existe plusieurs ONG et organismes sociaux et écologistes, par exemple, l’Ecole du Monde, Croix-Rouge. De plus, celui de Clubs de services dont il s’agit du « Lion’s Club », « Rotary » et bien évidemment l’Enseignement, c’est-à-dire l’Université de Mahajanga situant à Ambondrona.

Les circuits touristiques

Dans le secteur touristique, la ville de Mahajanga est en plein expansion car en moins d’un an, de 2009 à 2010, dix (10) nouveaux hôtels se sont implantés. En haute saison, du mois de Juillet au mois d’Octobre, les chambres d’Hôtel sont nettement insuffisantes, par contre en basse saison, le taux de remplissage des Hôtels se situent aux alentours de 50%. La clientèle est constituée d’hommes d’affaires et/ou de participants à des séminaires.
En ce qui concerne les circuits touristiques, les sites intéressants à visiter seront présentés à l’aide des photos. (Voir annexes)
Tous ces documents iconographiques nous présentent l’ensemble des sites touristiques les plus reconnus et les plus visités à Mahajanga. A savoir, d’abord, le « Baobab » qui représente l’emblème de la province de Mahajanga et connu, dans toutes les régions de Madagascar, par le fait que c’est lui le plus grand Baobab du pays parce que son tronc fait plus de 20 mètres de diamètre. Son âge est maintenant d’environ unecentaine d’année, remontant selon certaines légendes à la création du royaume du Boina. Ensuite, le haut endroit du culte Sakalava du Boina où sont gardés les reliques des rois, d’où le « Doany » situé à TsararanoAmbany. Outres, la « mosquée »de Mahabibo est la plus vieille mosquée de MajungaetAmborovy constitue les plages de prédilection des majungais telles que la plage tout près de « Zahamotel », « Petite Plage » et « Grand Pavois ». Il y en a également d’autres circuits situés à moins de trente kilomètre (30 Km) de la ville : à savoir, le « cirque rouge »forme, à proximité de la plage de Grand Pavois (10 Km), une sortie de canyon au paysage lunaire ; c’est un grand cirque érodé qui décline toutes les teintes de terre entre l’ocre et le rouge en passant par les roses les plus variés. La ville de Mahajanga offre 5Km de plage de sable alternant de rares endroits d’escarpements rocheux qui ajoutent un cachet exotique et intime. La plage continue vers Ampahazony et la baie de Narinda. Et enfin, la traversée de la « baie de Bombetoka » pour aller à « Katsepy » par BAC pouvant transporter des animaux comme des véhicules. Ce qui sont véhiculés peuvent visiter le phare où on a une vue panoramique de la baie et la mine célestielle unique à Madagascar avec les galeries impressionnantes creusées à la main.
En un mot, ce chapitre n’a fait que dégager les grands traits spécifiques sur les éléments contextuels nécessaires pour obtenir plus de connaissance concernant l’état des lieux de notre pays sur le secteur migratoire et surtout celui de Mahajanga. Quelle sera donc la méthodologie nécessaire à notre recherche face à ce contexte ?

BALISES METHODOLOGIQUES

Tout d’abord, pour expliquer un phénomène à étudier, la sociologie met toujours en lumière des méthodes qui semblent être indispensables puisque, par définition, la méthode est une préparation intellectuelle qui va permettre de développer un travail pour une connaissance valable au niveau de la société. Ainsi, dans ce second chapitre, nous allons traiter les aspects méthodologiques de notre recherche. Nous expliquerons, en premier point, les méthodes de recherche, puis les techniques en dernier lieu.

Méthodes de recherche

Afin de pouvoir mieux vérifier les hypothèses de notre recherche on a adopté la méthode qualitative consistant à rechercher la cause des phénomènes en faisant intervenir bien évidemment les données quantitatives récoltées sur terrain. Autrement dit, nous avons adopté plusieurs façons pour pouvoir rapprocher les individus concernés de la recherche, ce qui nous a permis d’avoir accès à des parcours migratoires diversifiés. Dès lors, nous avons utilisé le type de méthode appelé « mixte » car les enquêtés ne sont pas de même catégories.

Type d’analyse

En ce qui concerne le type d’analyse, nous avons rédigé un bref rapport contenant nos remarques et nos premières observations qui sont ressorties lors de notre enquête. Après avoir retranscrit chaque entretien, il nous a fallu de familiariser le contenu et de cerner le sens global de chaque parcours, de chaque trajectoire pendant la première lecture. Notre type d’analyse s’intéresse plus particulièrement au déroulement des trajectoires en fonction des trois approches identifiées auparavant (objective, subjective). A cet effet, nous avons choisi de mener notre recherche à un type d’analyse tantôt quantitative ou objective que les travailleurs immigrants, d’après eux, construisent leur expérience d’intégration qui nous a permis de présenter des tableaux statistiques, tantôt qualitative ou subjective, c’est-à-dire celle du sens qu’ils attribuent à leur expérience, des réactions qu’ils manifestent face aux diverses situations et des interactions vécues.
L’analyse en terme de trajectoire avait pour avantage de pouvoir prendre en considération la complexité du phénomène à l’étude qui met le doigt sur le travail que les immigrants qui conduisent les Bajajs effectuent pour faire face aux changements provoqués par l’immigration et rétablir un sentiment de continuité dans leur trajectoire de vie. Notre analyse revêt un caractère diachronique dans la mesure où elle suit les sujets dans le temps, depuis leur situation avant le départ de la région d’origine ou du dernier lieu de résidence jusqu’au moment actuelà travers leur trajectoire à Mahajanga.
Et enfin, le type d’analyse dynamique des variables. Ce dernier type nécessite une comparaison des données obtenues pour chaque variable, par exemple, de l’année 2015 à 2017, pour le volet socio-économique, le nombre de Bajaj a fortement doublé pendant ces deux dernières années. Ce qui explique également l’augmentation du taux des conducteurs de Bajaj s’agissant tous les immigrants malgaches.

Revue de la littérature

Notre regard se met sur les divers aspects économiques en rapport avec le profil sociodémographique de ces immigrants, tels les effets de la situation économique sur l’insertion en emploi, les caractéristiques du marché du travail et ses opportunités d’emploi. Avant même d’étudier la conjoncture économique dans l’intégration des travailleurs immigrants à Mahajanga, il semble pertinent d’aborder la question : « est-ce qu’il y avait des transformations économiques et sociales qui sont survenues et qui se poursuivent dans la société ? » La réponse est oui, et ces transformations ont produit et produisent même des effets sur l’accès à l’emploi des travailleurs, y compris des travailleurs immigrants, notamment les conducteurs de Bajaj. A cet effet, les recherches d’impact des cycles économiques sur le marché du travail mettent en lumière la dépendance entre l’activité des immigrants sur le marché du travail et ces cycles (RENAUD, 2006). Nous le voyons même dans le cas de Mahajanga que cette dépendance est visible déjà au moment où le travailleur immigrant s’insère, d’après l’enquête, dans un premier emploi mais son effet est encore plus significatif au moment de la recherche d’un deuxième emploi. Les cycles économiques influencent également les sorties d’emploi décidées par les répondants (la situation n’est pas la même dans le cas des sorties d’emploi décidées par les employeurs).
En sciences sociales, deux perspectives fondamentales s’opposent dans le débat sur l’intégration : la première, centrée sur la société, traditionnellement inscrite dans un État national, dont la première préoccupation est l’unité de cette société. Dans ce cas l’intégration va de pair avec la socialisation des individus, y compris les immigrants, dans le but de leur permettre de trouver leur place dans la société. Et la deuxième, qui, à l’opposé des approches dites ‘holistes’, propose de penser l’intégration à partir des actions des individus ou des interactions entre les individus (WIEVIORKA, 2008). C’est cette dernière perspective qui est la plus proche de nous. Ainsi pour Wieviorka, penser l’intégration permet de reconnaître les immigrants comme, les conducteurs de Bajaj à Mahajanga, des acteurs à part entière de leur existence qui sont aptes à conférer eux-mêmes un sens à leurs actes, à appréhender leur univers, à agir. Cette perspective est adoptée dans la théorie de l’individualiste méthodologique de Boudon en 1982 ou de l’interactionnisme de l’école de Chicago de Coulon en 2002, les deux largement distanciés de l’idée de déterminisme social Wieviorka en 2008.
La société d’accueil ne peut pas d’ailleurs être définie en termes d’une majorité homogène du point de vue de sa constitution ethnoculturelle, de sa position dominante au sein de la société ou encore de ses opinions. Dubet souligne que la société actuelle ne peut plus être considérée comme la société au sens classique du terme mais doit être vue comme l’articulation de divers sous-systèmes (DUBET, 2009). Nous pouvons donc inciter ici, d’une part, la théorie du pluralisme car notre sujet représente des diverses opinions de l’individu et aussi la diversité des conduites que se soient politiques, économiques, religieuses ou sociales. La théorie de pluralisme ethnique et culturel réclame le droit à la rétention des identités et des cultures d’origines. En d’autres sens, nous pouvons affirmer que la vie culturelle et communautaire de ces immigrants qui conduisent les Bajaj est préservée dans un contexte de citoyenneté et d’intégration économique et politique à la société majungaise. D’autre part, la théorie d’interculturalité, pourvu qu’il s’agisse de Malgaches ayant décidé de quitter son pays pour s’installer à Mahajanga, nous remarquons alors la présence des diverses cultures. Ils ont sans doute à chacun leurs arts, leurs idées ainsi que leurs coutumes et leurs croyances. En effet, ces cultures diverses se mélangent et ils se respectent les uns aux autres. En outre, le vent apporté par les étrangers a, depuis l’entrée des indo-pakistanais, les africains et les français, bouleversement changé la vie des sociétés malgaches et particulièrement celle de Mahajanga, tant bien sur la vie politique, socio-économique mais également culturelle. A cet égard, pour les Karanas et les africains, ils ont implanté, après quelques moments de leur intégration, leur tradition religieuse en construisant les mosquées. Force est de souligner qu’il s’agit des deux mosquées différentes car celle des musulmans africains comme comoriens ne se mélange surtout pas à celle des Karanas et même au sein de la communauté Karana, ils occupent à chacun leur place puisqu’il y a ce qu’on appelle « Karana du Gujarat » et « Karana de Bohra ». Tout cela nous renvoie à l’ouvrage de MALINOWSKI B., publié par PhyllisKaberry M., intitulé « Les dynamiques de l’évolution culturelle », Paris, 238 pages,1970.
Le fait de mettre en relation l’intégration sociale et l’intégration professionnelle se justifie d’emblée par le rôle que le travail joue dans le développement des liens de sociabilité de l’immigrant. Autrement dit, le fait de traiter l’intégration socioprofessionnelle nous permet d’interroger plus généralement les divers rôles du travail au-delà de sa fonction rémunératrice. De ce fait, le travail comme conducteur de Bajaj estcentral dans le processus d’intégration de ces immigrants ; qu’il constitue le vecteur de la participation à la vie sociale et, par là même, de la reconstruction du sentiment d’appartenance sociale. Même LALLEMENTle confirma en disant : « Si le travail permet d’exister socialement, c’est notamment parce qu’il assure à l’individu la reconnaissance sociale » (2007). Il souligne que cette reconnaissance véhiculée par le travail n’est pas mécanique et qu’il convient de s’interroger sur les éléments déterminants pour qu’une profession ou un métier puissent assurer le prestige social.
En analysant les situations pré-migratoires, les attentes face à l’immigration et le choix de Mahajanga comme destination, nous cherchons à établir une continuité entre la vie d’avant l’immigration et la trajectoire migratoire dans ce pays. Ces deux étapes de l’immigration font partie d’une même destinée. Tel que dit FORTIN, étudier les migrations nécessite de : « …s’interroger sur les conditions de départ, l’élaboration des projets migratoires et la poursuite de projets de vie» (Fortin, 2002). L’immigration commence bien avant le moment de l’arrivée dans le pays d’accueil, l’émigration et l’immigration étant liées et ce, non seulement par la mise en place d’un projet concret de départ/arrivée, mais aussi parce qu’il s’agit des deux faces indissociables de la même réalité qui ne peuvent s’expliquer l’une sans l’autre.

Type d’approche

Comme type d’approche, nous avons utilisé celui destructuralisme parce que le sujet à étudier concerne ici des migrants venant des différents pays mais ayant le même emploi et probablement le même motif d’immigration.
Nous avons également appliqué l’approche interactionnistecentrée sur le rapport aux autres et à soi et aux interactions sociales et interpersonnelles. La perspective interactionniste de CORBIN et de STRAUSS complète la perspective objective et subjective. La définition de la trajectoire apportée par Corbin attire notre attention sur les actions multiples liées à la trajectoire de ces immigrants et celle de Lévi-Strauss se repose sur la présence de nombreux acteurs qui y participent et adoptent des positions diverses face à l’action.
Et dernièrement, l’approchetransnationaliste, qui jette un regard sur le processus d’intégration et d’immigration des immigrants, remet en question une vision définitive et unidirectionnelle, linéaire à la trajectoire migratoire de ces conducteurs, en incorporant le caractère dynamique et interactif des processus migratoires et explore les divers types de liens transnationaux possibles, tels que : économiques, religieux, culturels, sociaux en plus des liens familiaux ou amicaux.
C’est à partir de ces approches que nous nous sommes orientés vers la population immigrante de Mahajanga, celle qui a accès aux fonctions socioéconomiques valorisantes et de recueillir leurs perceptions de réussite. Ces perceptions nous ont permis d’observer leur trajectoire socioprofessionnelle et d’obtenir des outils qui devraient permettre aux différents intervenants de toucher du doigt les problèmes d’intégration en emploi de ces immigrants.

Techniques

En ce qui concerne les techniques de cette recherche, il serait important de souligner, d’abord, la techniquedocumentaire, nous avons lu des documents, des revues, des ouvrages, et aussi des articles sur les sites internet pour enrichir notre connaissance sociologique et pour récolter plus d’informations. Ensuite pour la technique vivante, nous avons déjà effectué des pré-enquêtes, lors de notre passage à Mahajanga pendant la période de l’avancement de ce projet (mois de Décembre2016-Janvier 2017), auprès de quelques individus concernés comme les clients et le responsable du service de transport de Bajajainsi que les propriétaires et les conducteurs des Bajaj, pour en savoir plus sur le sujet d’immigration. Pour la suite, nous avons accompli l’enquête par questionnaire et des entretiens individuels à ces individus le mois d’Août/Septembre 2017.
Pour finir, afin de mieux approcher les conducteurs du Bajaj, notamment les immigrants, nous avons adopté l’observation participative en montant sur leur Bajaj et en invitant certains d’eux à manger de la soupe et/ou à boire du Jus juste pour 20 à 30minutes de leur temps de pause afin de s’intégrer dans le milieu à étudier de manière à éviter les différences et les méfiances.

L’échantillonnage

Dans une recherche, la qualité de données dépend de la qualité de l’échantillonnage. Il serait possible que nous puissions avoir un enjeu sur la représentativité car nous observons l’échantillon de la population pour analyser après l’ensemble de la population.

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Table des matières

REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1) Généralités
2) Motifs du choix du thème et du terrain
3)Question de départ
4) Objectifs
a) Objectif généra
b) Objectifs spécifique
5) Hypothèses
6) Aperçu méthodologique
7)Plan
PARTIE I : Elements contextuels et methodologie de la recherche.
Chapitre I. La notion d’immigration dans toutes ses dimensions
Section 1: L’immigration à Madagascar
1) Contexte
2) L’immigration à Mahajanga
3) L’entrée du Bajaj à Mahajanga
Section 2 : Monographie de la province de Mahajanga ..
1) Histoire de Mahajanga.
2) Us, coutumes et traditions de la ville de Mahajanga
3) Présentation dénérale de Mahajanga
3.1) Présentation da la population de Mahajanga-I
3.2) La ville de Mahajanga
3.3) Activités économiques
3.4) Les circuits touristiques
Chapitre II.
Section 1: Méthodes de recherche
1) Type d’analyse
2) Revue de la littérature
3) Type d’approche
Section 2 : Techniques
1) L’échantillonnage
1.1) Type de l’échantillonnage
1.2) Techniques d’échantillonnage
2) Questionnaire
3) L’entretien
4) Déroulement de l’enquête
PARTIE II : Trajectoires socioprofessionnelles des immigrants
Chapitre III : Les trajectoires socioprofessionnels des conducteurs de Bajajs
Section I : Situation pré-migratoire
1) La région d’origine
2) Décision d’émigrer
3) Catégorie socioprofessionnelle avant l’immigration
Section 2 : Le début de l’immigration, le parcours
1) L’intégration sociale
2) S’insérer sur le plan professionnel
Section 3 : La situation actuelle
1) Situation professionnelle actuelle
1.1) Avis des immigrants sur leur emploi actuel par rapport à celui auparavant
1.2) Les réponses sur l’emploi actuel correspondant à l’objectif de carrière.
2) Les relations avec la région d’origine
2.1) Communication avec la famille/amis dans la région d’origine
2.2) Visite du pays d’origine
2.3) L’aide financière donnée à la famille de région
Chapitre IV : La journée du conducteur de Bajaj à Mahajanga
Section 1 : Le metier de conducteur de Bajaj
1) Les règlements
2) Les conditions à remplir pour conduire un Bajaj
3) Concernant les propriétaires
3.1) Caractéristiques
3.2) Le contrat de travail
3.2.1) Heures de travail
3.2.2) Versement par jour
3.3) Le nombre de Bajaj de chaque propriétaire
3.4) Les recettes journalières
4) Concernant les conducteurs immigrants
4.1) Les bénéfices obtenus
4.2) Projets d’avenir
Section 2 : La situation des Bajajs vis-à-vis des Taxis, Taxi-be et Posiposy à Mahajanga
1) Vis-à-vis de Taxis
2) Par rapport aux Posiposy
3) A l’égard des Taxi-be
4) Le regard des passagers
Section 3 : Vérification des hypothèses
1) L’intégration des immigrants sur le plan professionnel s’applique tant à un processus qu’à un rapport entre l’individu et le système social
2) L’immigration est liée à l’espérance d’une amélioration de leur situation économique
3) Ces conducteurs de Bajajs ont une bonne volonté et une débrouillardise pour une immigration réussie
4) Placer les responsabilités individuelles au détriment de la responsabilité collective
PARTIE III: Discussions et recommandations
Chapitre V : Pistes de réflexion sur l’immigration
Section 1 : Discussions sur l’intégration socioprofessionnelle
1) Insertion professionnelle et sociale
2) Les contraintes
a) Les problèmes rencontrés par les immigrants
b) Les côtés négatifs des Bajajs
Section 2 : Les limites de la méthode des cueillettes des données..
Chapitre VI : Vers une immigration réussie
Section 1 : Propositions pour les immigrants
Section 2 : Suggestions
1) Pour tous les conducteurs de Bajajs
2) Pour le service du transport de Bajajs
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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