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Etat de l’art/Cadre théorique :
Les TICE :
Autour des TICE :
« Pourquoi bavarde-t-elle, parmi le brouhaha de ses bavards camarades ? Parce que, ce savoir annoncé, tout le monde l’a déjà. En entier. A disposition. Sous la main. Accessible par Web, Wikipédia, portable, par n’importe quel portail. Expliqué, documenté, illustré, sans plus d’erreurs que dans les meilleures encyclopédies. Nul n’a plus besoin des porte-voix d’antan, sauf si l’un, original et rare, invente »2. Cette citation de Michel Serres démontre l’importance d’une mise à hauteur, d’une mise à jour de l’école sur cette nouvelle “génération connectée”, la « génération 2,0 ». La “troisième grande révolution” – celle du passage de l’imprimé au numérique – amène l’école primaire à s’équiper d’outils numériques pour ne pas se laisser dépasser par l’avancée technologique.
Une Ecole de la République :
La loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’École de la république qui vise à réduire les inégalités et à favoriser la réussite de tous les élèves, s’intéresse à plusieurs axes. Nous y trouvons par exemple : la priorité donnée au primaire, la formation des enseignants dans les ESPE3, la lutte contre le décrochage scolaire… Dans cette loi nous pouvons également voir apparaître “le numérique au service de l’École de la confiance”. Ce plan pour le Numérique promet l’introduction aux différents outils numériques dans les écoles primaires publiques françaises.
Cette loi du 8 juillet 2013 s’attache particulièrement à favoriser la réussite des élèves en leur permettant d’acquérir ces nouvelles compétences. Pour cela, des TBI4, des tablettes interactives ou tactiles, des ordinateurs portables ou encore des plates-formes d’apprentissage en ligne sont en cours de déploiement dans les écoles.
Ces plates-formes d’apprentissage permettent de partager entre pairs, des informations pédagogiques par exemple. Moodle5 est l’une des plates-formes les plus utilisées dans les universités. Elle permet aux étudiants d’échanger et de collaborer entre eux ainsi qu’avec leurs formateurs/enseignants. Dans les écoles du secondaire on peut retrouver la plate-forme e-lyco6 en Pays de la Loire par exemple. Dans les écoles primaires la plate-forme e-primo7 (académie de Nantes) peut être utilisée afin de faciliter le travail personnel des élèves. Le professeur des écoles peut ainsi partager des leçons, des résumés de cours ou encore des leçons à effectuer, avec ses élèves.
Ce sont des développeurs/chercheurs, des rectorats d’académies ou encore des collectivités qui développent ces plates-formes et applications qui sont utilisées dans l’éducation. Ce sont des outils créés afin de faciliter le partage pédagogique et les apprentissages des enseignants avec leurs élèves.
La formation aux TICE :
En plus de l’intérêt porté au développement de ces nouvelles technologies dans les écoles publiques, la formation des enseignants est prise en compte. Dans les ESPE, les futurs professeurs des écoles suivent une formation aux TICE en complément de leur préparation au concours du CRPE8. Auparavant pour devenir professeur stagiaire, le postulant devait valider le C2i2e (Certificat Informatique et Internet niveau 2 – Enseignant). Aujourd’hui il n’est plus nécessaire d’obtenir ce certificat, la formation aux TICE dans les ESPE l’introduit comme une UE (Unité d’enseignement) à valider au cours de la préparation au master. – c’est en quelque sorte une validation du niveau requis en numérique pour enseigner avec les TICE.
Cette formation au TICE dans les ESPE fait partie des Unités d’Enseignements qui servent à valider le Master MEEF9. Les futurs professeurs des écoles sont incités à utiliser des plates-formes numériques servant à partager leurs écrits sur le métier avec leurs pairs et leurs formateurs. Le Porto-Folio, par exemple, est une « collection de travaux d’un élève qui fait foi de sa compétence en gardant des traces pertinentes de ses réalisations »10. Dans cette plate-forme, l’étudiant peut écrire ses ressentis, des commentaires personnels, mais peut également ajouter des traces de ses stages (photos, travaux d’élèves…). La plate-forme Moodle11, quant à elle, permet aux enseignants de partager avec leurs étudiants des notions vues, des cours, des corrections de devoirs…
Les TICE dans les programmes de l’Education Nationale :
L’usage des TICE fait sa première apparition dans les programmes de 200212. Ainsi les TICE se doivent d’apparaître dans toutes les matières et tous les cycles à l’école. Le B2i (Brevet Informatique et Internet) fut créé et mis en place en 200013, il fait sont apparition dans les programmes en 2002. Le B2i concernait tous les élèves de l’école primaire, il attestait
« l’acquisition de connaissances, capacités et attitudes que les élèves doivent maîtriser à l’issue de l’école primaire ». Ce brevet était délivré par le directeur de l’établissement à l’issue d’un conseil des maîtres de cycle. Une « feuille de position »14 était tenue afin de valider des items sur l’acquisition des compétences des élèves (par exemple : « L’élève sait consulter des documents numériques de plusieurs types (documentation, manuel numérique, livre électronique, « podcast », etc.) » ou encore : « Il sait trouver les caractéristiques d’un message ou d’une information (auteur, sujet, date de publication, destinataire ou public visé, etc.) ».
Dans les programmes de 201515, puis ceux de 201816, les TICE prennent progressivement leur place. Ces technologies numériques n’y sont pas évoquées comme une matière d’enseignement au même titre que le français, les mathématiques, l’histoire ou encore la géographie par exemple. Elles s’intègrent plus comme des outils à mettre en place ou à intégrer dans ces matières pour y apporter davantage de connaissances, de compétences et de convivialité.
Dans les programmes, le numérique est inscrit dans un domaine bien défini : “Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre”. Celui-ci apparaît comme étant un outil de recherche d’information, de partage, d’interrogations (sur l’origine et la pertinence de sources documentaires). Il fait également partie des compétences à travailler dans les différents cycles de l’école primaire.
Cycle 1 : maternelle
Au cycle 1 nous pouvons retrouver le savoir faire suivant : « Il sait utiliser les supports numériques qui, comme les autres supports, ont leur place à l’école maternelle ». Le numérique y apparaît également comme un attendu de fin de cycle : « Utiliser des objets numériques : appareil photo, tablette, ordinateur » dans le domaine d’apprentissage : Explorer le monde.
Cycle 2 et 3 : élémentaire
A partir du cycle 2, le Socle Commun apparaît. Cinq domaines y sont mis en avant, le numérique apparaît notamment dans le domaine 2 : « Les méthodes et outils pour apprendre ». C’est au cycle 2 que les élèves vont commencer à acquérir une vision des risques et des limites liés au numérique. Ils vont donc être « sensibilisés à un usage responsable du numérique » comme cité dans le domaine 3 : « La formation de la personne et du citoyen ».
Tout au long des programmes le numérique peut apparaître comme une compétence à part entière, par exemple : « Mobiliser des outils numériques : découvrir des outils numériques pour dessiner, communiquer, rechercher et restituer des informations simples ».L’utilisation du numérique permet ainsi aux élèves de prendre conscience des règles -de communication notamment- et d’en prendre conscience. Cette compétence à acquérir amène les élèves à se questionner sur leurs sources : savoir différencier des informations fiables ou de fausses informations par exemple.
Concernant le cycle 3, le numérique est de plus en plus sollicité par les programmes sans toutefois être une matière d’enseignement à part entière (comme pour le cycle 2) au même titre que les mathématiques, le français ou encore l’histoire et la géographie, par exemple. Le numérique y est intégré comme outils notamment par le domaine 2 : « Les méthodes et outils pour apprendre ». Durant ce cycle, les élèves vont développer leur esprit d’équipe, ils vont alors collaborer et partager leur travail à l’aide du numérique. Ils vont également continuer à chercher des informations et vérifier leurs sources ainsi que leur pertinence.
Pour les travaux de groupe en classe, les élèves peuvent alors travailler sur un même document chacun de son coté grâce à des outils tels que : Google docs ou Padlet où les élèves travaillent en collaboration. Comme l’explique Olivier Leguay17, les documents numériques se modifient beaucoup plus facilement que sur un document papier. Pour Eric Sanchez18 le numérique facilite le collectif. Il ajoute également que le travail collectif permet une « communauté d’apprentissages ». Cette « communauté d’apprentissages» permet d’apprendre par l’intermédiaire de ses pairs et non uniquement du professeur.
Le numérique apparaît dans toutes les matières des programmes de cycle 3, par exemple en langues vivantes : « Utiliser des supports et outils numériques (fichiers mp3, mp4, écrans…) ». Ou encore en mathématiques : « Utiliser des instruments de mesure : décamètre, pied à coulisse, visée laser (télémètre), applications numériques diverses ».
Continuité vers le cycle 4 : collège
Le numérique voit son statut se manifester de plus en plus au cours du cycle 4 : usage plus technique en Technologie et Éducation aux médias et à l’information. Cela ne l’empêche cependant pas d’être utilisé dans les autres matières à titre de support ou d’outil. Par exemple en mathématiques le numérique est utilisé avec Géogebra qui est un logiciel dynamique pour la géométrie en 2D ou 3D. Il permet alors la manipulation des figures, les élèves voient le résultat en direct. Cela leurs permet une représentation plus concrète de la géométrie.
Accessibilité et utilisation des TICE :
Les facteurs financiers et matériels :
Les TICE ne sont pas accessibles pour toutes les écoles primaires de France, notamment en raison de leur coût. En effet, les outils numériques ont des prix assez élevés. Il faut donc avoir suffisamment de moyens pour équiper les écoles en numérique. Ce sont les communes qui fournissent les équipements qui sont nécessaires à leur(s) école(s). Les écoles dépendent donc des communes.
Généralement les communes déterminent un « budget école » : bâtiments, rénovations, réparations, équipements… Le budget en équipements reste souvent très restreint. C’est pourquoi, des projets et des plans sont mis en place par l’Education Nationale afin de réduire les inégalités d’accès au numérique.
En 2011, le Plan « Ecole Numérique Rurale » (Plan ENR) fut mis en place. Ce plan visait à faciliter l’accès au numérique dans les petites communes (moins de 2 000 habitants) rurales. Ce plan a permis d’équiper 6 700 écoles en Tableaux Blanc Interactifs (TBI), en classe mobile (ordinateurs portables) et en imprimantes.
Récemment un nouveau projet de l’Education Nationale est apparu : « Écoles numériques innovantes et ruralité », mis en place en 2018. Ce nouveau projet a pour objectif de poursuivre l’idée du Plan ENR, c’est-à-dire : favoriser le développement du numérique dans les écoles primaires des communes rurales en apportant une aide financière. Il vise donc à réduire l’écart, toujours persistant, de moyens entre les écoles rurales et les écoles urbaines.
Concernant les moyens matériels des écoles, on trouve principalement des salles informatiques. Ce sont des salles de classe composées essentiellement d’ordinateurs. Dans de nombreuses recherches les chercheurs ont constaté que les classes informatiques sont peu utilisées pour de multiples raisons : Il faut prévoir les déplacements de la salle de classe à la salle informatique, ensuite il faut allumer les ordinateurs. Il est notable également que les élèves travaillent généralement par binômes ou trinômes suivant le nombre de postes à disposition, ils ne peuvent donc pas tous travailler.
C’est pour cela que de nouveaux outils font leur apparition dans les écoles, afin de rendre plus accessibles les outils numérique. On retrouve par exemple la tablette tactile dont l’utilisation est plus rapide et plus facile pour les élèves. La tablette a une interface d’utilisation assez simple et l’aspect tactile aide à effectuer des zooms (agrandissements et rétrécissement).
Sans ces outils numériques, les enseignants doivent utiliser des cartes sur papier ou des Mappemondes. Avec ces outils traditionnels, des agrandissements (« zooms »), comme évoqué précédemment, sont moins évidents. Par exemple pour les Mappemondes, il est impossible d’effectuer un agrandissement sur un pays puisqu’une Mappemonde est une carte du globe terrestre partagé en deux hémisphères. Pour les cartes papier il faut utiliser d’autres cartes avec l’agrandissement des zones géographiques étudiées.
Les tablettes rendent les manipulations plus malléables et les élèves ont un lien direct avec l’écran, aucune souris n’étant reliée à un curseur. L’élève n’a donc pas à réfléchir pour bouger la souris et, en même temps, regarder ou cela amène le curseur sur l’écran, ce qui peut parfois être compliqué pour les élèves. La tablette tactile peut être transportée d’une classe à une autre, ce qui en facilite l’utilisation, il n’y a pas besoin de déplacer tous les élèves d’une classe à une autre, c’est la « classe » qui vient à eux.
Cependant il faut également prendre en compte d’autres éléments quant à leur utilisation, à savoir, notamment : les soucis de synchronisation des tablettes, les mises à jour des applications, les comptes de connexion, le contrôle parental et aussi les assurances (qui ont également un coût financier) que doivent gérer les professeurs. Le tactile est aussi synonyme de motricité fine comme l’évoquent Villemonteix & Khaneboubi (2012). Afin de pouvoir utiliser au mieux les tablettes il faut acquérir de la dextérité de la part des élèves.
Les tablettes n’étant pas reliées à une prise secteur, elles nécessitent d’être rechargées avant utilisation en raison de contraintes d’autonomie des batteries. Pour utiliser au mieux ces outils il faut rechercher en amont des applications utiles et pertinentes en lien avec l’enseignement voulu. Par exemple en géographie le travail porte sur les zones urbaines et rurales et une application intéressante est recherchée afin d’illustrer et de les comparer entre-elles, Google Earth peut, par exemple être utilisé. Cependant, chercher la bonne application peut prendre du temps pour l’enseignant.
Pour certaines applications la connexion à un réseau internet est nécessaire. Il faut donc veiller à ce qu’il n’y ait pas de problème de connexion lors de l’utilisation des machines car cela peut générer des difficultés lorsque les élèves travaillent sur une recherche en ligne et effectuent un partage entre pairs.
Dans leur recherche, Béziat & Villemonteix (2013)19 ont mis en avant quatre variables de domaines environnementaux quant à l’utilisation des TICE : l’environnement institutionnel qui concerne tout ce qui a trait aux programmes scolaires. Ensuite, l’environnement matériel et techniques où les TICE doivent être faciles d’accès et d’utilisation, puis l’environnement social où les professeurs des écoles qui utilisent des outils numériques cherchent des conseils en sachant les utiliser pour se perfectionner dans l’utilisation de ces outils et enfin, l’environnement idéologique qui démontre que le professeur n’utilisera les TICE qu’à condition que cela amène un plus dans sa pédagogie.
Ces quatre domaines seraient séparés en deux groupes environnementaux : celui où les professeurs ne peuvent pas agir directement car ils sont contraints par le matériel mis à leur disposition. Et celui où, au contraire, ils peuvent agir car ils ont un soutiens matériel et financier, et également une envie et une motivation à utiliser ces outils.
Les TICE sont des outils et des objets à « didactiser » et à maîtriser car ils fournissent un savoir et apporte une aide dans les différentes disciplines et les différents apprentissages des élèves. Pour les utiliser au mieux il faut alors que les enseignants du premier degré en aient une utilisation régulière afin d’apporter une méthode pédagogique nouvelle pour les élèves et pour eux-mêmes.
Internet à l’école :
Une étude réalisée par Normand & Souza (2000)20 sur l’Internet à l’école fut mise en place afin de rendre compte de son utilisation. Lors de cette étude menée dans une classe de CM2, les élèves avaient régulièrement des séances en classe portant principalement sur l’utilisation d’Internet dans un but de production de journal bimensuel. Les élèves ont également participé à un « projet multimédias » sur l’écocitoyenneté et ils ont également pu découvrir la correspondance (ponctuelle) par messagerie électronique avec d’autres classes.
Lors des récréations, les élèves avaient l’autorisation de travailler sur le journal ou bien de naviguer sur Internet avec la présence de leur professeur. Concernant les navigations sur Internet, les élèves pouvaient consulter des sites préenregistrés (« académie 94, météo, école La Fontaine d’Anjou »). Des ordinateurs étaient installés dans une classe dédiée à cela. Les consultations Internet pour le journal de l’école, en revanche, étaient libres sur Internet mais l’institutrice était présente pour intervenir en cas de problème ou lorsqu’une aide était nécessaire.
Cette étude a, quant à sa réalisation, comportée plusieurs étapes. La première fut l’observation des élèves durant l’utilisation des ordinateurs et d’internet. Ensuite un dessin a été demandé aux élèves afin d’avoir une idée de leurs représentations concernant Internet. Et enfin la réalisation d’un entretien était menée.
L’observation avait pour but de s’intéresser à la fréquence d’utilisation des ordinateurs par les élèves. Ensuite le dessin et l’entretien, comme dit précédemment, ont permis de prendre connaissance des représentations des élèves sur ce qu’était Internet pour eux.
Cette étude a permis de montrer que les élèves savent utiliser des programmes sur les ordinateurs mais en revanche qu’ils ne comprennent pas vraiment le « fonctionnement global d’Internet ». Les auteurs ont également constaté que les élèves « ne maîtrisent pas le vocabulaire qu’ils lui associent » (à l’Internet), ils ne possèdent pas le sens du vocabulaire employé (« abonnement, connexion, réseaux… »). Les auteurs ont conclu que les élèves savent utiliser un ordinateur ou Internet mais n’en saisissent pas le fonctionnement. La représentation qu’ils en ont, constitue cependant une base pour leur avenir.
L’utilisation professionnelle :
• Les formations :
Auparavant le numérique était enseigné par des intervenants mais il a été constaté une réduction de ceux-ci pour former les élèves, par manque de moyens financiers comme ont pu le constater Villemonteix et Khaneboubi (2012). Par la suite, dans le référentiel de compétences communes à tous les professeurs et personnels d’éducation21, le numérique apparaît dans une compétence bien définie : « Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaire à l’exercice de son métier ».
Dans le Plan ENR, comme évoquer précédemment, une formation aux TICE était proposée aux enseignants, comme aujourd’hui dans les ESPE où les outils numériques sont enseignés aux futurs professeurs des écoles. Le numérique fait partie des Unités d’Enseignement évaluées dans la formation des étudiants pour valider leur cursus universitaire (Master).
Le numérique devrait alors poser moins de problèmes d’utilisation pour ces jeunes professeurs que pour les enseignants exerçants depuis plusieurs années ou arrivant en fin de carrière. Ces professeurs ayant plusieurs années d’expérience ont cependant davantage de temps pour se consacrer aux nouvelles technologies car ils ont déjà une certaine maîtrise de leurs enseignements.
Il est intéressant de constater que ces enseignants expérimentés ont également évolué dans leur pratique en même temps que l’évolution du numérique au fil des années, même s’ils n’ont – pour certains – pas été formés institutionnellement à l’utilisation du numérique. De même pour les enseignants débutants, l’utilisation de ces technologies peut paraître trop ambitieuse dans leurs nouvelles pratiques.
Les enseignants doivent donc développer leurs compétences numériques afin de pouvoir utiliser les TICE de manière aisée et intéressante pour les élèves. Il faut également que cette utilisation apporte une plus-value dans leurs comportements. De nombreux chercheurs ont cependant soulevé le manque ou le peu de formation(s) des enseignants pour les TICE. Les plus motivés par l’utilisation du numérique vont se former par eux-mêmes : « auto-formation » comme l’explique Villemonteix & Khaneboubi (2012). Les collègues du corps enseignant peuvent également apporter une aide précieuse quant à l’initiation aux outils numériques, certains maîtrisent mieux les nouvelles technologies que d’autres.
Selon Jacques Béziat et François Villemonteix il faut considérer plusieurs exigences comme le fait d’être formé ou de se former, utiliser à bon escient les outils, travailler en collaboration avec l’équipe éducative et s’entraider. Les professeurs doivent également être capables d’évoluer dans leur pratique professionnelle avec les moyens mis à leur disposition.
Parmi les moyens mis à leurs dispositions, des ordinateurs dans les salles des professeurs sont souvent présents afin qu’ils puissent faire des recherches pour leurs cours ou qu’ils puissent imprimer des photos (pour les cahiers journal en maternelle notamment) ou des fiches de cours par exemple. Ces ordinateurs sont pour la plupart reliés à une imprimante dédiée à l’école et au besoin des enseignants. Parfois un ordinateur peut également être présent dans la classe et relié à un vidéoprojecteur pour les écoles les moins bien équipés.
Dans les écoles les mieux équipées en outils numériques, on peut trouver présents dans les classes, des TBI (Tableau Blanc Interactifs), des TNI (Tableaux Numériques Interactifs), des VPI (Vidéoprojecteurs Interactifs). Des tablettes ou des ordinateurs (pour les élèves) peuvent tout aussi bien être présents au fond de la classe. Les professeurs ayant ces outils doivent donc les maîtriser afin de s’en servir au mieux et pour que cela soit instructif pour leurs élèves.
• Les motivations p rofessionnelles :
Sylvain Genevois parle d’« acceptabilité »22 pour désigner l’ensemble des représentations et des opinions des professeurs des écoles pour ce qui concerne l’utilisation des TICE. Avant d’utiliser le numérique dans leur pratique, les enseignants s’interrogent sur son lien avec les programmes, c’est l’« acceptabilité institutionnelle ». Toujours selon Genevois, il y a également l’« acceptabilité pédagogique » qui, elle, interroge les professeurs sur l’utilisation des TICE, et plus particulièrement à leur utilité dans leur enseignement et leur pédagogie.
L’« acceptabilité » fait partie des dimensions abordées par Tricot & al. (2003)23. Dans leur recherche, ces auteurs ont voulu montrer qu’une évaluation des outils informatiques est possible, notamment par le biais de l’évaluation par « inspection » et de l’évaluation « empirique ». La première étant concrétisée par un « expert » utilisant des critères d’évaluation et la seconde par l’interprétation des performances des utilisateurs (comportements, opinions et attitudes). Pour Ticot
& al, cette dimension se concentre principalement sur le choix d’utiliser les EIAH (Environnements Informatiques pour l’apprentissage Humain).
Afin d’évaluer cette « acceptabilité », comme l’ont recensée les auteurs de la recherche, il est intéressant de se concentrer sur la motivation, les affects, la culture et les valeurs des utilisateurs concernant l’évaluation « empirique ». Afin d’évaluer ces critères, l’évaluation est effectuée par des observations, des entretiens et également des questionnaires. L’évaluation par « inspection », quant à elle, se concentre sur l’adéquation de « l’acceptabilité » face aux besoins ou aux objectifs de l’institution, aux attentes des apprenants, et aux caractéristiques de ceux-ci. Cette évaluation s’interroge également sur l’aspect compatible de « l’acceptabilité » avec la durée (le temps) mais aussi les lieux. Il faut aussi ajouter le matériel nécessaire (présent ou non), une planification et des suivis cohérents. Enfin, les résultats doivent être visibles. Tricot & al. (2003), mentionnent l’importance et la complémentarité de « l’utilité » et de « l’utilisabilité » avec « l’acceptabilité » afin d’obtenir une évaluation concrète et possible.
Villemonteix et Khaneboubi (2012) se sont interrogés sur les aspects techniques qui peuvent décourager les enseignants à utiliser les TICE car cela les amène à gérer ces outils (charge de la batterie, mise à jour, recherche d’application…) sur leur temps personnel. C’est pourquoi les professeurs des écoles ressentent un besoin d’accompagnement dans leur démarche d’utilisation afin de réduire la charge de travail et rendre l’utilisation du numérique plus pratique.
Ce besoin d’accompagnement peut être effectué par des « personnes-ressources de proximité » par exemple. Comme l’ont constaté les auteurs, lorsqu’un matériel est nouveau, l’aide apportée par ces personnes-ressources peut se limiter « à un soutien plutôt qu’à une véritable aide technico-pédagogique ». Dans les écoles expérimentales, les correspondants de l’expérimentation ont un rôle de soutien technique puisqu’ils sont censés avoir connaissance de l’aspect informatique, ils apportent donc leur aide avec les contraintes matérielles (synchronisation, applications, comptes…).
En revanche, les enseignants qui utilisent des outils numériques dans leur école sont contraints de collaborer entre eux afin d’échanger et de s’entraider ce qui amène une cohésion d’équipe favorable car les échanges sont présents et actifs. Ils réfléchissent ensemble sur l’utilisation qu’ils font du numérique pour les différentes disciplines.
Béziat et Villemonteix (2013) ont pu relever dans leur recherche que les enseignants qui utilisent les TICE sont pour la grande majorité, des enseignants « volontaires, motivés et convaincus » de l’intérêt pédagogique que leur apportent les TICE. Ils doivent trouver un intérêt pédagogique à l’utilisation du numérique dans leurs enseignements, et ils doivent savoir quels outils utiliser selon la matière concernée, pour cela une formation peut être intéressante et nécessaire. Par exemple utiliser des logiciels mathématiques en lien avec une notion de mathématique spécifique comme la géométrie par exemple.
Hervé Daguet (2007) a écrit un article dans le site Cahier Pédagogique24 sur les différents profils professionnels. Il en a désigné quatre : les technophiles qui comprend les professeurs utilisant les TICE de façon complète dans leur pédagogie. Les consommateurs qui regroupent les enseignants utilisant les outils numériques de façon à compléter leurs leçons. Ensuite Daguet parle des découvreurs, ce sont ceux qui vont utiliser les outils numériques de façon occasionnelle. Enfin, il y a les résistants, ce sont les professeurs qui ne sont pas à l’aise avec l’idée d’utiliser les TICE, ils ne les utilisent donc pas dans leur classe.
Dans ses recherches, Daguet, a pu constater que les élèves de collège utilisant des ordinateurs portables « adoptaient de nouvelles pratiques communicationnelles » et qu’en arrivant au lycée ceux-ci étaient des « utilisateurs confirmés d’ordinateurs et d’internet ».
Intérêts pour les élèves :
Nous vivons aujourd’hui dans un monde où le numérique est en croissance constante. Les élèves sont donc amenés à vivre et à grandir au milieu de toutes ces nouvelles technologies. Pour les élèves, les TICE sont des outils ludiques et originaux selon Villemonteix et Khaneboubi (2012). Ils suscitent plus d’intérêt qu’un simple tableau noir dont il faut recopier les écrits dans les cahiers. Les outils numériques semblent favoriser l’intérêt des élèves et leur curiosité, et leur donnent envie de s’investir davantage.
Grâce à ces technologies les élèves peuvent faire le lien entre plusieurs matières plus facilement. Par exemple en géographie, des cartes numériques peuvent être utilisées puis par la suite ces cartes sont utiles en mathématiques afin d’illustrer un calcul concret pour les élèves. Les élèves s’approprient plus facilement et plus rapidement certaines notions comme par exemple la symétrie (application qui permet de visualiser en direct la méthode) comme ont pu le démontrer Villemonteix et Khaneboubi (2012). Ces outils permettent donc l’apport de connaissances plus facilement comprises. Béziat et Villemonteix (2013) parlent de connaissances « structurées, organisées et opératoires ».
Aujourd’hui les enfants sont baignés dans la technologie, ils voient par exemple leurs parents utiliser des ordinateurs, des tablettes ou même leur téléphone portable pour communiquer avec autrui, alors que les adultes – enfant autrefois – voyaient leurs parents écrire des lettres, ils s’intéressaient à l’écriture manuscrite qui était un « outil » indispensable pour communiquer avant l’arrivée des nouvelles technologies.
De nos jours, l’écriture manuscrite est de moins en moins sollicitée puisqu’il est plus facile et plus rapide de taper sur un clavier pour écrire ce que l’on souhaite. L’orthographe, de même, est corrigée par des correcteurs orthographiques présents dans les machines (ordinateurs, téléphones portables…). La baisse du niveau d’orthographe des jeunes générations est arrivée en même temps que les téléphones portables avec SMS payant et nombre limité de caractères qui ont favorisé le développement de « l’écriture SMS ». Bien que les messages par téléphones portables ne soient plus payants (très souvent illimités dans les forfaits mobiles), les jeunes continuent d’utiliser « l’écriture SMS ». Cela a ainsi pour conséquence une mauvaise maîtrise de l’orthographie chez les jeunes lorsqu’ils doivent écrire sur papier où ils ne disposent pas de correcteurs, ce phénomène est aggravé par le fait qu’ils utilisent majoritairement l’orthographe SMS (avec leur camarades) plutôt que l’orthographe académique (en cours).
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Table des matières
I. Introduction
II. Etat de l’art/Cadre théorique
A. Les TICE
1. Autour des TICE
a) Une Ecole de la République
b) La formation aux TICE
2. Les TICE dans les programmes de l’Education Nationale
a) Cycle 1 : maternelle
b) Cycle 2 et 3 : élémentaire
c) Continuité vers le cycle 4 : collège
3. Accessibilité et utilisation des TICE
a) Les facteurs financiers et matériels
b) Internet à l’école
c) L’utilisation professionnelle
d) Intérêts pour les élèves
B. Qu’est-ce qu’enseigner l’Espace (didactique)
1. Définition, programmes
2. La géographie dans les programmes
3. Outils utilisés
III. Enquête sur les pratiques
A. Population et environnement
1. Localisation
2. Ancienneté
3. Niveau de classe
B. Le matériel
C. Le protocole (expérimental)
D. L’analyse des données
IV. Analyse des données de la recherche
A. L’utilisation des TICE :
1. Outils
2. Mise à disposition
3. Domaines d’apprentissages
4. Zones géographiques
B. Utilisation des TICE en géographie
1. Pourcentage d’utilisation
2. Outils utilisés :
3. Connaissances d’outils ou d’applications
C. Les enseignants n’utilisant pas les TICE en géographie
1. Raison(s)
2. Formation proposée
3. Outils numérique à disposition
4. Localisation
D. Utilité et représentations des TICE
V. Discussion
A. Rappel des résultats principaux de l’étude
B. Discussion des résultats
C. Limites
Conclusion
VI. Bibliographie
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