L’approche centrée sur les personnes
Les théories systémiques familiales mettent en évidence l’importance de comprendre chaque famille comme étant intégrée dans un contexte historique, social, ethnique et culturel (Anderson, Sabatelli, & Kosutic, 2013). Il existe une multitude de patterns de réorganisation possibles et une grande diversité des expériences vécues par les adultes et les enfants (Afonso, 2007). De nature descriptive, l’approche centrée sur les personnes permet de capturer de manière holistique la dynamique du système familial dans son ensemble (Bergman, Magnusson, & El-Khouri, 2003; Bergman & Trost, 2006; Laursen & Hoff, 2006). Le principal postulat de l’approche centrée sur les personnes est que la population est hétérogène et qu’il existe une diversité de patrons de relations entre les variables (Bergman, et al., 2003; Laursen & Hoff, 2006), de sorte que les individus sont différents les uns des autres au regard de la coparentalité et de l’implication paternelle.
Quelques études antérieures ayant pour but d’identifier des typologies classifiaient les familles en référence à la médiane sur les dimensions de conflit et de soutien entre les parents, de sorte que ces dimensions étaient considérées de façon plus ou moins dichotomiques (Maccoby & Mnookin, 1992; Waller, 2012). Cependant, les individus qui se situent près de médiane sont ainsi classifiés sur la base d’un critère arbitraire plutôt que réel, de telle sorte que cette stratégie peut avoir pour effet de déformer la signification d’un score élevé ou faible sur ces dimensions (Garcia, MacDonald, & Archer, 2015).
L’approche centrée sur les personnes est plutôt basée sur l’idée que la population est composée de sous-groupes distincts et que les paramètres agrégés sous forme de moyennes (ou de médianes) peuvent ne pas refléter cette hétérogénéité. Elle permet de dresser des portraits plus raffinés de la diversité des relations coparentales post-séparation. Ainsi, cette méthode d’analyse permet non seulement de prendre en compte l’interdépendance de plusieurs dimensions à la fois, mais aussi de situer les familles sur un continuum afin de les regrouper sur la base de leurs caractéristiques communes. Sur le plan méthodologique, l’approche centrée sur les personnes permet de classifier empiriquement des sous-groupes d’individus partageant des caractéristiques ou des attributs similaires ou encore, qui partagent la manière dont ces attributs sont en relation (Laursen & Hoff, 2006).
Les techniques d’analyse utilisées, comme l’analyse de profils ou de classes latentes ou encore, l’analyse de groupement (cluster analysis), visent à faire ressortir à la fois une faible variation intra-groupe et une grande variabilité inter-groupe (Laursen & Hoff, 2006).
Objectifs de la thèse
S’appuyant sur la perspective systémique, le but de la présente thèse est de mieux comprendre les dynamiques familiales dans la période entourant la séparation des parents, en se centrant sur les dimensions de la coparentalité et d’implication paternelle. Suivant une approche centrée sur les personnes, le chapitre 2 vise à décrire les patrons relationnels dans la période entourant la séparation des parents, sur la base d’indicateurs reliés au sous-système coparental, comme le climat relationnel entre les parents perçu par la mère, la satisfaction de la mère quant à l’implication parentale et financière du père, de même que des indicateurs reliés au soussystème père-enfant, à savoir la fréquence des contacts et le respect des contacts prévus.
Le deuxième objectif est d’examiner les caractéristiques individuelles des enfants, des parents et du contexte familial associés à ces patrons relationnels. Selon une approche centrée sur les variables, le chapitre 3 vise à examiner la force et la direction des liens entre la coparentalité post-rupture et la fréquence des contacts père-enfant en tant qu’indicateur de l’implication paternelle. Le deuxième objectif de cette étude longitudinale est d’explorer le rôle modérateur de certaines caractéristiques individuelles des enfants et du contexte familial dans la relation entre la coparentalité et la fréquence des contacts père-enfant. Cette thèse s’appuie sur les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ).
La population visée par l’ÉLDEQ est un échantillon représentatif de la population québécoise, composée de 2120 enfants nés de mères vivant au Québec en 1997-1998, à l’exception des régions socio-sanitaires Nord-du-Québec, Nunavik et Terres-Cries-de-la-Baie-James. Les enfants ont fait l’objet d’un suivi annuel de l’âge de cinq mois jusqu’à huit ans, et d’un suivi bisannuel jusqu’à l’âge de 18 ans. La présente thèse cible un sous-échantillon d’enfants dont les parents se sont séparés lorsque l’enfant-cible était âgé entre quatre et huit ans.
Conceptual framework
In recent years, research has paid increased attention to paternal involvement after a separation. This tendency has been notably observed in the analysis of a databank of 2,000 court orders for child support in the Province of Québec in 2008 that was compared with another sample of court orders handed down in 1997-1998, showing that joint custody went from 8.1% to 19.7%, sole maternal custody, from 79% to 60.5%, and sole paternal custody, from 5.4% to 13.5% (Biland & Schütz, 2013). Most researchers acknowledge the importance of the father figure in children’s lives, whether it be in intact two-parent families (Dubeau, Clément, & Chamberland, 2006) or in separated families. In the latter, several dimensions are regularly studied, namely: financial support, parental practices, quality of relationships, and the frequency of contact (Cheadle, Amato, & King, 2010; Elam, Sandler, Wolchik, & Tein, 2016; Whiteside & Becker, 2000). Even though the studies first looked at the processes at play in the dyadic mother-child and fatherchild relationships, the researchers progressively enlarged their analysis to coparenting (Robin & Bergonnier-Dupuy, 2007).
This subsystem plays a key role given that the instrumental and emotional support that parental figures mutually provide each other with in their parenting roles helps to regulate family interactions and overcome the challenges of daily life (Drapeau, Tremblay, Cyr, Godbout, & Gagné, 2008; Feinberg, 2003; McHale & Irace, 2011). Contrary to the conjugal relationship, which is dyadic, coparenting can be considered as a triadic concept, given that it includes the child, whether the latter is present or not (Drapeau et al., 2008; McHale & Irace, 2011). There is consensus that there are several positive and negative dimensions involved in coparenting, such as the emotional bond that joins the two parents, their mutual support, the belittling and undermining of the other partner’s parenting style, satisfaction concerning the division of tasks and responsibilities, agreement as to the raising of the children, and management of family interactions (Drapeau et al., 2008; Feinberg, 2003). However, researchers do not agree on a model that would account for all of the dimensions of this concept (Drapeau et al., 2008; Favez & Frascarolo, 2013).
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Table des matières
Chapitre I : Introduction générale
Les théories systémiques familiales
La relation entre les parents séparés
Le concept de coparentalité
Les dimensions de la coparentalité
Typologies de coparentalité post-rupture
La relation parent-enfant
L’implication paternelle post-rupture
La diversité et l’interdépendance des processus familiaux post-rupture
L’approche centrée sur les personnes
L’approche centrée sur les variables
Objectifs de la thèse
Chapitre II: Coparental and father involvement patterns in the period following the separation:
Mothers’ perspective (article 1)
Résumé
Abstract
Conceptual framework
The current study
Method
Sample
Population
Socio-demographic characteristics
Dependent variables
Coparenting
Paternal involvement
Variables associated to relationship patterns
Data analysis
Results
Descriptive statistics
Latent class analysis
Variables associated to relationship patterns
Discussion
Conclusion
References
Chapitre III : Coparenting and father involvement after separation or divorce : A bidirectional study (article 2)
Résumé
Abstract
Conceptual framework
The current study
Method
Sample
Population
Socio-demographic characteristics
Variables
Coparenting
Frequency of father-child contact.
Moderating variables
Data analysis
Results
Preliminary analysis
Descriptive statistics
Cross-lagged panel model
Moderators of the relations between coparenting and the frequency of father-child contact
Discussion
References
Chapitre IV : Conclusion générale
Les sous-systèmes de la structure familiale : distincts et en étroite relation
La relation coparentale comme sous-système exécutif de la famille
Forces et limites de la thèse
Pistes de recherches futures
Implications cliniques
Bibliographie (introduction et conclusion générales)
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